J’étais de passage à la Capitale et comme toujours, je me trimbalais avec mon gros sac de voyageurs à la main histoire d’emporter avec moi les quelques peaux que j’avais à vendre. Il faut dire qu’en ce moment ma bourse me semblait légère. J’avais vraiment besoin de cristaux. Bon vous allez m’dire que je n’en ai pas réellement besoin puisque je suis autosuffisante, mais vous savez, bien que je sois nomade, cela ne m’empêche pas de venir en ville et qu’ici je ne peux pas toujours troquer ma marchandise contre d’autres services. Je dois payer comme tout le monde aussi.

Bref, me voilà donc dans la merveilleuse capitale, vêtue de mon armure habituelle ainsi qu’une longue chemise cachant la couleur de ma peau. Un capuchon recouvre ma tête cachant en même temps mes oreilles anormalement pointues ne laissant luire que mes iris rougeoyants. Je me dirige, dans un tout premier temps, vers les travailleurs de cuir qui avait pour habitude de prendre mes prises. J’arrivai alors à l’échoppe d’un déposant mon lourd sac sol afin d’y récupérer les quelques peaux qu’il me restait. Je les étalai une par une sur le comptoir et celui-ci essuya ses mains contre son tablier et s’approcha alors du comptoir.

- Tien ça faisait longtemps qu’on t’avait pas vu dans le coin, Sa…Sa..
- Saryna.
- Oui, pardon. Voilà! Saryna! Je ne devrais pourtant pas oublier une si… jolie demoiselle.
- Ts, sans rancune. Alors combien tu m’donnes pour tout ça.

Je ne fis pas de remarque inutile sur son « compliment » alors que je sais pertinemment qu’il ne le pense pas.

- Hmmm, et bien, les peaux sont belles comme d’habitude, elles sont bien traitées et semble sans bavure. D’ailleurs faudrait que tu me donnes ton secret pour ne laisser aucune trace…
- Ce ne serait plus un secret si je te le disais. Alors combien?

Enfin, je vais vous épargné les négociations, mais quand je suis ressortie de là, j’avais de quoi profiter de quelques nuits dans une auberge et de m’acheter d’autres biens. Maintenant que mon sac était plus léger, mais ma bourse plus lourde, je me devais donc de me diriger vers mon second centre d’intérêt. Le panneau d’affichage. Les gens y mettaient souvent des annonces et parfois, pas besoin d’être aventurier pour accomplir certaines tâches. D’ailleurs l’une des annonces attira mon attention. La garde chercherait un quelqu’un qui connaissait bien la forêt. Un large sourire s’afficha alors sur mon visage et j’arrachai le bout de papier histoire d’avoir la demande sous la main et je me dirigeai alors vers l’un des baraquements de la garde. J’imagine que c’est là que je devais annoncer mon envie de participer à cette quête et puis il devait sûrement se tenir au courant entre eux non? Enfin, bien sûr, on m’arrêta une fois là-bas, après tout, une femme qui ne se dévoile pas avec une allure aussi louche que la mienne. Je lève donc les bras, en laissant tomber mon sac, et je leur montre mon papier que je tenais dans ma seconde main.

« J’suis là pour votre demande. Je connais bien la forêt, même très bien, alors j’suis la femme qu’il vous faut! Je m’appelle Saryna Delarosa. »

On me mentionna d’attendre ici, puis le garde revint alors avec un papier en main. Il y avait une date, une heure et un lieu. Sûrement un rendez-vous. Le papier mit en poche je m’en retournai alors à mes occupations. Je me louai une chambre à l’auberge histoire de pouvoir y mettre mes biens et je payai pour quelques jours afin d’être large.

Le jour convenu, je m’assurai d’amener tous mes biens qui pourrait m’être utile, arc, carquois, flèches, couteau, dagues, ma sacoche à fiole attachée à ma ceinture et ma cape chaude. Je pense avoir tout. Me voilà prête. Je quitte donc ma chambre que je referme à clé que je dépose dans ma sacoche et je pars donc à la destination qui avait été convenue. D’ailleurs, c’est pour quel genre de boulot tout ça? Je suis la première sur les lieux du rendez-vous qui se trouve à l’une des sorties au nord de la capitale. J'y pense soudainement, j’espère que le voyage se fera à pied enfin, pas que je ne veux pas le faire à cheval, mais disons que ces grandes bêtes ne sont pas très friandes de ma personnalité. On dirait qu’ils le sentent que quelque chose cloche chez moi…

Skaemp

Cela ne faisait que quelques minutes que je me trouvasse sur les lieux de notre rendez-vous qu’une dame chevauchant son cheval s’approche de moi. Au vu de son accoutrement, je pense qu’il s’agit de mon contact de la garde. Je la laisse s’approcher silencieusement et sans poser le moindre geste, car je remarque le regard de la bête qu’elle monte et celle-ci, comme je le pensais, commençait déjà à faire des siennes. Ah, les chevaux, beaucoup trop sensibles et intelligents comme bestiaux. Enfin, je ne pouvais pas lui en vouloir, après tout je devais être la seule dans mon genre. Certaines avaient comme apparence de belle créature duveteuse ou poilue, mais moi j’avais une tête à faire crier les dames. La femme met pied à terre avant de calmer sa monture et elle la calme avant de l’attacher au mur. Je remarque quelque chose qui s’agite dans sa sacoche avant de n’en sortir. C’était un adorable petit catosorus qui me toisait de son regard perçant, mais je l’ignore. Peut-être qu’il le savait au fond que j’étais une chasseresse, que je tuais d’autres créatures. Leur odorat était beaucoup plus développé que nous. Enfin, je m’avance finalement vers la garde qui me tend la main en se présentant. Je la saisi sans hésitation celle-ci de ma main gantée. Elle pouvait voir qu’au bout de mes longs doigts se trouvaient des griffes noires, rien de très humain.

« Une lieutenante en chair et en os. Dis donc, on me gâte ces derniers jours. Un officier supérieur et maintenant vous. J’suis bien Saryna, Lieutenant. »

J’étais quand même polie, après tout c’était elle, qui en fin de compte, allait me fournir mon salaire. Je devais donc bien m’entendre avec cette dernière. Bref, je l’écoute attentivement et elle me parle de rumeur rapportée par les villageois. Déjà deux choses, il nous fallait aller vers l’ouest et dans la forêt profonde…là où j’avais quelques souvenirs en tête plutôt amusants dont je ne devais surtout pas parler avec cette dernière. Puis deuxièmement;

« Des histoires de monstre? Vous êtes sûr que ce n’est pas de moi qu’on parle. Bon je m’excuse, l’habitude d’être ciblé par les rumeurs, toussa toussa… Enfin, et pour vous répondre, oui, il est préférable d’y aller à pied. Premièrement votre monture ne nous sera plus d’utilité lorsque nous nous enfoncerons dans les profondeurs de la forêt. Puis, deuxièmement, il est préférable de le laisser en terrain connu et troisièmement, aucun cheval ne m’apprécie. »

Je la regardai légèrement de la tête au pied. Attention, je ne la jugeais point, mais je voulais m’assurer qu’elle était au moins équipé de façon convenable parce que la forêt ce n’était pas toujours une partie de plaisir où des petits cerfs gambadaient ici et par là. Non, il y avait des monstres et des créatures pouvant vous tuer d’un coup de patte.

« Vous avez tout? Oui? Parfait.»

Sans en dire plus, je me retourne observant ce grand étendu d’arbre qui nous surplombe de leur présence puis je me dirige alors vers l’orée de la forêt où notre aventure allait commencer. J’avais pour habitude de service de guide, mais ce que je trouvais des plus compliqué était de m’adapter souvent au rythme de mes compagnons de voyage. Enfin nous avons une heure de marche devant nous si tout vas bien alors autant taper un peu la discussion afin cerner un peu le personnage qui se tenait à mes côtés. Et puis elle devait sûrement avoir des questions aussi qui lui titillaient la langue. Après tout, mon regard rougeoyant n’aidait pas à la cause.

« Alors lieutenant Alnil…Bridget, vous permettez que je vous appelle par votre prénom? Bref, dites-moi ce que fait une lieutenante comme vous ici. C’est la première fois que vous venez en forêt, c’est pour ça que vous avez besoin de mes compétences? »

Je me déplace agilement et naturellement entre les arbres comme si je n’avais pas besoin de regarder constamment le plancher de la forêt. C’était devenu inné chez moi alors lorsque je voyais quelque chose qui ne se percevait pas facilement, j’avisais ma collègue histoire qu’elle ne se blesse pas une cheville inutilement.

Skaemp

Bridget avait donc confirmé mes dires en me signalant que je pouvais l’appeler par son prénom. Ce qui allait être bien plus facile, parce qu’en vrai, j’avais parfois du mal avec les noms et j’étais du genre à me soucier des titres que certains pouvaient porter. Si je m’étais écartée de la société c’était, avant tout, pour éviter de subir de l’intimidation des autres enfants de mon âge à l’époque et aujourd’hui pour m’éviter d’avoir à me soucier des codes sociaux que je trouvais très…voilà. Je vais éviter de donner mon véritable avis histoire de ne pas choquer qui que ce soit.

Certaines créatures étaient très dociles voir inoffensives et fuyaient l’homme à vue, mais je peux vous dire que j’ai eu pas mal de fil à retorde avec certaines d’entres elles. J’ai failli y laisser ma peau plus d’une fois. Puis vint finalement la fameuse question à laquelle je m’attendais. Qu’avais-je comme capacité et si mes yeux m’apportaient quelques choses de spéciales… Elle allait être déçue si c’est vraiment ce qu’elle croyait.

Je glisse mes doigts sur mon capuchon que je descends légèrement avant de lui laisser voir un visage à la peau grisâtre et sombre marqué par des traits noirs sous les yeux. Je ne lui montre, cependant, pas mes oreilles. Mon visage convenait et je lui offris un léger sourire; canines toutes sorties. Puis lorsqu’elle en avait assez vu, je rabattis mon capuchon sur ma tête retournant dans l’ombre.

Oui, bon c’était vague, mais je ne pense pas avoir à résumer les compétences que ces deux spécialisations m’apportaient. Elle devait bien s’en douter. D’ailleurs pendant que je lui parlais, j’avais vu passer quelques feux follets qui se faisaient poursuivre par le matou de la garde. S’il y avait des feux follets dans les parages, c’est que cela pouvait dire quelques trucs. Un, ils étaient là qu’en simple éclaireur espionnant au compte de leur maîtresse ou deux, nous approchions du territoire d’une dryade ce qui n’était pas très bon signe.

C’était cela pour mes conseils, d’ailleurs plus on avançait et plus l’odeur ambiante me semblait étrange. J’avais ralenti le pas et prit mon arc en main préparant une flèche afin d’être prête à la décocher aux moindres soucis. Prudence, mon amie, prudence…

Skaemp

C’est vrai que parfois je parle sans vraiment réfléchir et comme si c’était un fait évident alors que pour d’autres c’est comme si je parlais dans une autre langue des plus étranges. Du coup, mon amie ici présente ne semble connaître qu’une partie sur la dryade. Enfin, nous en savons si peu, mais il m’est déjà arrivé d’en croiser à de rares occasions.

D’ailleurs, j’espérais que son hypothèse ne soit pas véridique, car si quelqu’un s’amusait avec le cycle de la vie des dryades, cela pourrait faire du tort à la forêt et bien plus. Cette créature influençait la végétation et la nature en elle-même. Les animaux de la forêt chercheraient un autre endroit où vivre, ce qui influencerait la faune… Si quelqu’un avait pour plan de nuire aux agriculteurs et à l’économie locale…on serait vraiment dans la merde. Même moi, pour une fois!

« Hey bien, j’espère que non! T’imagine même pas le bordel que cela pourrait faire sur le pays si jamais quelqu’un faisait cela. Mais, même si j’aimerais bien que ce ne soit pas le cas, on ne peut pas nier cette possibilité. Mais je ne vois pas le lien entre les esprits hantés et les évènements mystiques que les gens auraient pu voir… Quoiqu’ils ne sont pas tous conscients des créatures présentes ici. »

Mon apparence ne me dérange pas, mais je préfère éviter tout de même de le montrer à tous. Je pense à eux parfois. Certains s’en fichent, comme cet officier supérieur qui m’a décrite comme une créature magnifique, mais c’était quoi…le seul? Bref, tous les goûts sont dans la nature, malheureusement, l’homme n’est pas fait pour être attiré par une femme au trait d’araignée. Enfin, elle veut que je lui parle des feux follets alors je lui dis ce que je sais.

« Ces p’tits machins ont l’air tout inoffensif au premier regard, mais quand ils sont nombreux ça te fait disparaître des trucs en moins de deux!  Ça m’a filé la chair de poule et j’dois te dire que j’essaie de m’en tenir loin. »

Pendant qu’on parlait, on n’avait pas vraiment réalisé que le petit félin, Lucy, s’était aventuré un peu plus loin et la voilà nez à nez avec un p’tit loupain… Sauf que normalement, ça ne vit pas seul et comme de fait, le reste de la meute s’approche derrière. Merde! Bon, on reste calme, déjà, je ne suis pas seule, alors on oublie la fuite en arbre. Mon but c’est que mon employeur ressorte d’ici vivante, ainsi que son catosorus. J’inspire et je me mets aussi droite. J’essaie de me rappeler les enseignements de mon paternel dans ce genre de situation. Parfois, on ne l’a pas nécessairement vécu, mais je l’ai appris, en théorie alors tout ce que je peux dire c’est : ça passe ou sa casse.

« OK, déjà, rester calme et le dos droit. Ne leur tournez pas le dos et ne fuyez pas en courant. Ça ne fera que les excités. Reculer calmement, mais montrez-leur que vous êtes plus grande et plus effrayante qu’eux. Alors, n’hésitez pas à faire du bruit, mais ne leur montrez pas votre peur. Si vous avez quelque chose qui peut briller ou flasher, ça pourra t’aider. J’vais tenter un truc pour sauver votre matou.»

Pour ma part, je devais éviter que le chat se fasse dévorer par la marée de loupain qui venait d’arriver. Bon ils ne sont pas non plus une centaine, mais je ne pense pas que la petite Lucy  soit capable de s’en sortir sans blessure et c’est ce que je ne veux pas. Je range mon arc afin de me faciliter les choses. Bref, je donne le GO à ma collègue et pour ma part je grimpe dans le premier arbre qui se trouve près de moi, j’enfonce mes griffes dans l’écorce et monte agilement et adroitement dans ce dernier jusqu’à arriver à une grosse branche capable de me soutenir. Je me lève sur cette dernière changeant de branche jusqu’à arriver en haut du dit félin. Je crache donc un long fil de ma bouche l’attachant à la branche avant de ne me laisser glisser sur ce même fil qui me servait de corde. J’entoure ma jambe autour de cette dernière et je me retrouve rapidement la tête vers le bas telle une araignée… Mes mains sont libres, je prends une fiole dans ma pochette de cuir et je me laisse finalement tomber jusqu’à la hauteur du matou. Je l’intercepte d’un bras, et je lance ma fiole au sol ce qui dégage une forte odeur pour les loupains présents. Je remonte bien vite, enfin j’essaie parce que le chat se débat dans mes bras alors que je ne dois utiliser que la force d’un bras. Enfin, l’avantage c’est que les loupains hésitent à avancer puisque je viens de lancer une fiole de mon venin, devant eux. Ils sentent que le produit est dangereux et s’il le faut je n’hésiterai pas à lancer ma seconde sur eux.

Skaemp

Je tente tant que bien que mal de monter à une distance convenable du sol pour éviter de me faire mordre un pied par ces petits loupains. Ils étaient peut-être nains, mais ils avaient du mordant tout de même. Pendant ce temps, j’ai le matou qui se débat entre mon bras et mon armure et heureusement que la portait, car adieu ma si jolie peau…Ok ok, elle n’était pas si jolie. Mais enfin, je me démène pour pas que la p’tite Lucy tombe alors que je tourne sur mon fin fil qui me serre de corde. J’vois alors l’ange déployé ses ailes en frappant le vide se son épée. Elle était éclatante. Et j’dois quand même vous dire que ce moment était très épique. Elle avait la classe, que dis-je, elle était trop COOL! La meute s’enfuit alors en glapissant de peur face à l’épicness de ma consœur et je me laisse finalement tomber au sol, alors que la bestiole  regarde vers sa maîtresse. Je ne sais pas l’échange qu’elles ont comme échange, mais au moins ça a l’effet de la calmer. Je lui offre avec plaisir son catosorus alors que je regarde l’état de mon gras. Quelques griffures et pas mal de poil collé à mon armure, mais rien de bien grave. Je me secoue brièvement en regardant ce que je fais.

« C’est pas vraiment un fil magique, juste que, justement, j’suis en partie veuve noire, alors oui, j’suis une araignée en quelque sorte et non, j’suis pas un insecte. D’ailleurs, c’est l’effet que je fais aux animaux. Ils ne m’aiment pas et je les chasse en plus, alors ça va de soi. »

Je rejoins donc la garde qui avait décidé de prendre la tête de notre duo. Elle semble se questionner sur nos futures et possibles rencontres.

« Et bien, y’a pas de possibilité, mais je pense que si nous ne sommes pas trop bruyantes et qu’on évite les territoires des bêtes plus dangereuses on devrait pouvoir continuer notre route sans accroc. »

Ça s’était à condition que le félin ne fasse pas de nouveau des siennes. Et puis quelle idée d’amener un jeune catosorus en mission aussi!? Ce ne sont que des bestioles inutiles et surtout à cet âge-là! Je relève la tête légèrement après avoir observé de mes yeux rougeoyants la bestiole qui suivait sa maîtresse au pas. Elle s’est retournée avec un petit sourire après avoir rigolé à mon insu. Non madame! Je n’ai pas peur, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ici. Il faut rester à l’affût.

« Exactement, il faut garder nos sens en alerte, même quand on discute. J’dois dire que quand je sers de guide, je m’attends à une longue nuit de sommeil après. Parfois, il ne se passe rien et parfois on tombe sur des créatures qui nous font jouer de l’arc… »

Un coup de vent, un bruit d’une branche qui craque, mon amie qui regarde dans la même direction. Cela me fait sourire, car elle commence à comprendre ce qu’était de se retrouver en forêt. Tout pouvait servir de cachette.

« Et bien, dans la partie sombre de la forêt se trouve le maître de celle-ci. J’espère qu’on n’en croisera pas, mais ce sont des belles bêtes et très majestueuses. Ce sont des loups d’ombre, normalement on peut voir leurs yeux bleutés luire dans la noirceur des arbres. Et y’a bien des créatures, mais on va essayer de se dépêcher et de retrouver le lieu que vos civils auraient vu. D’ailleurs, ils se sont aventurés vachement loin! »

J’accélère le pas reprenant la tête, mais cela ne prend que quelques centaines de mètres avant que je ne sente une odeur quelque peut nauséabonde. Cela ressemblait à un mélange de feuilles croupies dans l’eau, couplé à un marais. Bref, l’odeur était forte et à ça s’ajoutait les myriades d’insectes qui s’était mis à tournée autour de nous. Bon, il faut dire que j’étais assez répulsive en soi et qu’ils me fichaient tout de même la paix.

« J’savais pas qu’il y avait un marécage dans les parages. Enfin, à moins qu’il soit nouveau. En tout cas, cette histoire pue à plein nez! »

Skaemp

J’étais aussi perdue qu’elle le semblait l’être. Moi-même j’avais du mal à accepter les mots que je venais de prononcer. Il n’y avait ni cours d’eau ni eu de pluie, mais mon nez ne me jouait pas de tour pourtant. Je me sentais comme si nous en approchions d’un. L’odeur de pourriture et de putréfaction était bien présente signe qu’il se passait quelque chose.

« P’t’être que c’est de ça que parlait vos civils, après tout, si ça se trouve y’a rien de naturel dans tout ça. »

Enfin, nous marchions vers notre objectif, sans un bruit, histoire de ne pas nous faire repérer. Je me suis légèrement accroupie marchant les jambes fléchis et plus nos pas nous menaient vers l’avant plus le décor autour de nous changeait. La forêt luxuriante avait laissé place à un sol spongieux recouvert de végétation en décomposition. Les arbres pleuraient leur feuillage démontrant ainsi leur douleur et leur détresse face à la mort de leur confrère sachant que leur tour arriverait bientôt…  Putain, mais qu’est-ce que c’est beau ce que je pense! Je vais me mettre à chialer!  Je viens de me découvrir une âme de poète! Enfin, bref de bavardage, où est-ce qu’on en était déjà? Ah oui…

Nous nous arrêtions qu’au moment où un nuage d’insecte se mis à bourdonner de façon assourdissante près de nous, puis non loin, quelque chose sort de l’eau. Ce quelque chose, je peux le reconnaître à des kilomètres d’ici. Parce que pour une raison qui  ne m’échappe, je finis toujours par en croiser un. J’étouffe un juron en serrant les dents. Bon heureusement, ce crapaureau était jeune, mais n’empêche.

« Je hais les crapaureaux! Si on est mal? Ça dépend, il ne devrait pas être là alors ça veut dire que quelqu’un l’y a amené jusqu’ici soit en œuf, soit plus petit que maintenant. Qu’est-ce que cela apporterait à cette personne? Je n’en ai fichtrement aucune idée. Enfin, à moins qu’il ne pense à la créature comme un garde afin d’empêcher les curieux de s’approcher. Mais ce n’est qu’une supposition. Bien que je vois très mal un de ces machins voyager jusqu’ici seul…  »

D’ailleurs la bestiole regardait toujours dans notre direction mangeant la nuée d’insectes qu’il venait de gober dans sa gueule. Son regard était fixé sur nous comme s’il nous défiait de faire un pas de plus, mais ce n’était pas le pire. Non loin se tenait l’une des plus belles créatures de la forêt allongée sur le sol, gémissante et agonisante… Je sentis mon estomac se nouer.

« Je ne sais pas, mais on doit se débarrasser du crapaureau... » D’ailleurs ce dernier avait commencé à avancer en notre direction, léchant ses yeux globuleux de sa langue. Je prends alors mon arc en main, avec une première flèche que j’encoche. « Cette créature ne fait pas partie de cet écosystème et ne mérite pas de vivre. »

J’inspire profondément levant mon arc afin de viser vers l’œil. Pourquoi l’œil? Parce que l’épaisseur de sa peau même a cet âge, était assez solide pour faire ricocher ma flèche. Alors il me fallait viser un point vulnérable et l’œil était toujours gagnant. Je retiens mon souffle, observe la cible puis je laisse partir ma flèche dans un sifflement strident. Cette dernière se plante dans le globe oculaire de la pauvre créature qui pousse un croassement de douleur. Il commence à s’agiter cherchant à retirer l’objet et il finit par réaliser qu’elle ne s’en irait pas aussi facilement. La bestiole se tourne alors vers nous, gonflant ses joues d’un liquide visqueux qu’il cracha vers nous. La substance brûla tout sur son sillage. Pour ma part, je bondis sur le côté, m’étalant sur le ventre bien que je me réceptionne de mes bras, et je me remets bien vite sur pied en reprenant en main mon arme qui m’avait échappée.  

Skaemp

À peine sur pied, que la bestiole se tourne dans ma direction. Assez logique de chercher à sa vengé de la personne qui venait de lui mettre une flèche dans l’œil. Et puis nous étions instinctivement ennemis. À ses yeux, je ne devais être qu’un simple insecte. Je recherche alors du regard ma partenaire et je la vois à l’opposé de moi comme si elle attendait le bon moment pour agir. Je dois donc faire diversion afin que cette dernière puisse agir.

J’agite donc les bras devant lui en claquant de la langue comme s’il s’agissait d’un simple animal de compagnie, mais je sens à son regard qu’il n’est pas du tout content de ma provocation. Il fait un grand bond en ma direction se rapprochant toujours plus de moi. Je recule, bien que cela ne mette pas la même distance entre nous. Mais lui semble se dire qu’il l’est. Alors il gonfle les joues préparant de nouveau une nouvelle attaque. Croyant que ce dernier allait de nouveau cracher sa bouillasse sur moi, je me fais surprendre par sa langue visqueuse et fumante. Je saute sur l’arbre qui se trouvait derrière moi et de justesse, mais je laisse tomber mon arc que je ne peux pas récupérer pour le moment. Je n’ai donc pas le choix, une fois au sol, de sortir mes dagues et d’opter pour une attaque au corps à corps.  

Je cours donc vers le crapaureau qui se trouve maintenant sur le sol recouvert de feuille qui pense pouvoir me faire tomber d’un simple bon, mais pour ma part, je profite de ce moment pour me laisser glisser à genoux sur les feuilles et sous lui, frappant une première fois de mes dagues chacune de ses pattes avant, puis je refais la même chose avec celle de derrière. Je m’arrête un peu derrière lui et le regarde s’écraser au sol.

C’était le moment pour mon amie d’agir vite et d’achever d’un bon coup de sa lame à deux mains notre future victime. Enfin, à moins que ce dernier ne récupère plus vite que prévu.


Skaemp

Je me relève derrière la bestiole et je vois la garde foncer sur notre très chère proie qui ne semble pas du tout contente de s’être fait prendre de cette façon. Il avait du mal à se déplacer alors il opta finalement pour attaque avec ce qu’il maniait le mieux, sa langue visqueuse telle un fouet, mais l’agilité de la femme surpasse la bête et elle lui tranche, d’un coup net, la langue. Le crapaud pousse un gargouillement alors que du sang jaillit de sa gueule immense. Bridget me regarde et d’un simple coup d’œil on s’accorde pour l’achever. Mes dagues toujours en main, je bondis sur le dos de la créature afin de lui planter à la nuque jusqu’à entendre le « Crunch » décisif bien que l’épée dans la poitrine allait très certainement l’achever. Je retire mes dagues et saute en bas de la carcasse. D’un geste vif et sec, je retire le sang qui se trouvait sur mes lames et les remets à leur place, soit sur mes cuisses. La remarque de la demoiselle me fait rire, mais je ne peux pas le nier.

« En effet, un plus gros, il faut avoir plus de préparation… » Je la regarde donc entreprendre de ramasser de quoi faire un feu et le mettre autour de la bête. À ce moment, je vois des possibles cristaux s’envoler… J’imagine l’âme du crapaureau quitté sa peau en me faisant des doigts d’honneur signe que je n’aurai jamais sa peau. Enfin, tant pis, que voulez-vous que j’y passe, et puis en même temps, je n’étais pas pour traîner des morceaux de cadavres de batracien sur moi, non? Ça aurait fini par pué la charogne et on aurait attiré bien pire que cela. Bref, je me dirige donc vers la dryade qui est en train de mourir. Je m’accroupis près d’elle. Je ne comprends pas ce qu’elle dit, car elle doit parler un langage de la forêt, mais son corps est différent du nôtre alors impossible de la guérir.

« Je crois qu’on est mieux de mettre fin à ses jours et replanter son noyau. Je ne sais pas, mais j’ai un vague sentiment qu’elle souffre. »

Je dépose ma main contre le front de la créature et les feux follets qui se trouvaient autour s’agitent légèrement. Je tente de les apaiser en caressant légèrement le front de la dryade et je prends sa main délicatement comme s’il s’agissait de la chose la plus précieuse au monde. La dryade était maîtresse de la forêt et je lui devais tout mon respect. Bref, à me voir de loin, on pourrait croire que je pleure la mort d’un être proche. Enfin, j’observe doucement son corps mutilé et remarque quelques traces précises comme si on l’avait entaillé. De là s’écoulait une substance visqueuse et purulente comme si on l’empoisonnait lentement. Est-ce que quelqu’un tentait de faire mourir la dryade lentement pour faire le plus de dégât possible?

« Elle a des marques de coups de lames. Je pense que la lame était aussi recouverte d’une substance qui tue à petit feu la pauvre… Cela expliquerait l’état lamentable de cette section de la forêt. »

Je n’avais jamais tué de dryade auparavant et je ne sais pas de quelle façon m’y prendre. À vrai dire, avait-elle simplement des points vitaux comme nous ou se rapprochait plus de la plante. Fallait-il l’incinérer comme la crapaureau pour que cela soit efficace? Mais en faisant cela, nous risquions de perdre le noyau.



Skaemp

Comme je le pensais, on ne pouvait pas laisser la dryade dans cet état et la lieutenante était en accord avec mes pensées. De plus, elle dit tout haut ce que j’avais pensé. C’était bien le travail d’un homme et maintenant manquait plus qu’à découvrir où, pourquoi et comment. La présence du crapaureau était bien pour garder les curieux de s’approcher de sa tanière et que savions-nous de ce qui nous attendait par la suite?  Enfin, Bridget finit par s’accroupir à nos côtés et questionne la créature sur la façon de l’aider. Je sens de l’agitation autour de nous. Je jette quelques coups d’œil et remarque les petits feux follets qui tentent de nous barrer la route. Mais ils ne s’avancent pas plus vers nous, comme s’ils cherchaient à nous garder ici. Nous avions une dernière tâche à accomplir avant de ne poursuivre notre route et cette tâche m’appartenait.

La main de la dryade s’agrippa à la mienne faiblement. Elle devait utiliser le peu de force qui lui restait pour me guider vers la cavité qu’elle venait de nous montrer… Elle y déposa ma main, me suppliant de son regard souffrant d’abréger le mal qui la rongeait. Je sens la cavité recouverte d’écorces s’ouvrir sous ma main révélant ainsi un noyau sombre comme s’il avait été corrompu… Il lui faiblement, mais je n’ai pas le choix. J’y glissai alors une main tremblante touchant le cœur de la créature qui hoqueta. Surprise, je retire ma main la regardant dans les yeux.

« N’y a-t-il aucun moyen!? »

La dryade reprend ma main et l’approche de nouveau de son cœur. Un soupir s’échappe d’entre mes lèvres alors que je referme finalement ma main sur le cœur de la créature. Je m’appuie sur son corps et je tire doucement. Je sens qu’il me résiste, mais je continue tirant de plus en plus fort. Le noyau me suit alors que les racines qui lui étaient reliées s’arrachent une à une. L’être pousse une lamentation mêlée d’un cri, alors que je mets fin à ses jours. La dernière racine me donne plus de mal, m’obligeant ainsi à sortir l’une de mes dagues. Je la prends, la met en place et je la regarde un dernier.

« Merci…et adieu »

Je tranche donc son dernier lien. La créature s’éteint aussitôt dans un dernier souffle. La forêt semble s’animer, les deux femmes furent frappées d’un vent alors que les feux follets furent soufflés un peu plus loin. La créature se mit alors à une vitesse hors norme. Je commençai alors à sentir des picotements dans ma main qui tenait le noyau, puis lorsque je regardai, j’avais l’impression de me sentir faiblir. Une forte douleur m’assaillit soudainement au bras m’arrachant un cri de douleur. P’tain, je venais de mettre fin à ses jours pour l’aider, mais j’avais l’impression d’être châtié pour ce que je venais de faire. Je lâche donc l’objet en question sur le sol et tout ce qui se trouve autour commence à mourir. Un peu plus et je perdais une main! D’ailleurs, j’ai du mal à bouger mes doigts, mais je pense que c’est sur le moment. Enfin, je l’espérais, parce que je ne voulais pas me retrouver inutile…

« On doit la replanter, là où y’a de la terre meuble… Une nouvelle dryade renaîtra éventuellement. »

Je me mets dos à Bridget et laisse sortir de ma bouche un fil de soie que je façonne afin de pouvoir transporter le noyau sans que l’un de nous deux ne finisse pas mourir. Ma toile n’étant pas un objet vivant ne risquait rien pour le moment. Quand j’eus terminé, je me penchai tout en me tournant pour récupérer l’objet en prenant bien soin de ne pas y toucher directement avec ma main. Pour la suite, je trouvai un petit endroit pour l’y enterrai. Un jour, une nouvelle dryade reprendra le dessus sur ces terres, mais cela prendrait encore un moment.

« Bon, prête partenaire à trouver cet enfoiré et qu’on lui règle son compte?! »


Skaemp

Bridget cru bon de me rappeler que je ne pouvais pas tuer l’auteur de ce crime odieux et que nous devions l’arrêter. Seulement, moi tuer? Mais noooon, pour qui me prenait-elle? Tuer s’était pour les gens méchants ou ayant un sens de la moralité altéré un peu comme ceux qui courait souvent après les cristaux quand leur bourse était presque à sec... Oh, ah, bas oui, ça me correspond en fait! Il faut dire que j’accorde bien plus de respect aux créatures de la forêt qu’à un simple humain, mais ma mission, ici présente, était de trouver l’origine du problème, aider la lieutenante et s’assurer que personne ne meurt. Tuer ce connard reviendrait à m’enlever ma paie et pas seulement cela. Je n’avais pas le droit de faire ma propre justice alors je serais passible de prison et ça c’était moche.

« T’inquiète pas Bridget, je vais pas le tuer, mais il ne se reconnaîtra peut-être plus dans un miroir une fois qu’on en aura fini avec lui… »

Oui, j’étais pas une menteuse, mais elle m’avait dit de ne pas le tuer, alors lui refaire le portrait pouvait être acceptable non? Bon, elle appelle son matou qui revient vers nous avec le sac qu’elle portait dedans comme un bon petit chien, puis on se remet en route essayant d’éviter le plus possible de s’embourber puis on trouve un petit chemin comme s’il avait été mis là exprès. Bref logique s’il voulait parcourir ces terres aisément. Elle me pose alors une question et malheureusement je n’ai pas réponse à tout, mais je peux le déduire avec l’expérience et la logique.

« Et bien, si je peux en croire ce qu’on la vue jusqu’à maintenant, je te dirais que non, parce qu’un chasseur respecte, normalement, la nature. Détruire la forêt n’a rien d’une technique de chasse. Cela fait fuir les animaux qui cherchent un nouvel endroit où vivre. »

Enfin, je la suis de près, car je ne voudrais pas qu’elle tombe sur un piège quelconque qui pourrait alarmer notre ennemi, mais notre avancé sembla bien plus facile que les dernières heures. Nous arrivâmes donc tout près d’un chalet où se dégageait de la fumée. Cela voulait ainsi dire que quelqu’un y vivait et était donc présent en ce moment même. Je la prends par le bras et nous cache derrière un buisson. Je baisse d’un ton et je m’approche d’elle afin de poursuivre la discussion sans pour autant quitter des yeux nos objectifs.

« Non cela semble récent… »

En effet, il ne semblait pas y avoir de végétation autour de la demeure. D’ailleurs en regardant bien, on pouvait voir que les fenêtres semblaient condamnées de l’intérieur par un matériau foncé, sûrement un drap noir… Impossible de distinguer quoi que ce soit. Enfin, toujours accroupis, je cherche à changer de point de vue, me déplaçant entre les arbres et buissons et derrières la demeure semble se cacher un autre abri, mais qui ressemble plus à une serre qu’à un cabanon… Je m’approche un peu plus, jusqu’à m’approcher de la serre en question en restant le plus discrète possible. La serre est d’une bonne hauteur et semble pouvoir accueillir un bon paquet de plantes. D’ailleurs je lève le nez histoire de voir par une fenêtre et ce que je vois me laisse sur le cul! Alors, soi il fait dans la contrebande, soi...en fait non. C’est clairement pas légal son truc. J’y vois de gros champignons, sûrement des globlue, mais ce qui me choque le plus ce sont les quelques arbres plus loin. Ils sont encore petits, mais on y voit bien leurs petites fleurs qui ressemblent à des têtes de mort… Bref, je retourne auprès de ma collègue qui ne m’avait pas suivie, car cela aurait été une bien mauvaise idée et risqué.


« Ce qui pousse là-dedans se sont des ingrédients utiles à certaines potions et drogues. Alors je comprends pourquoi il ne veut pas qu’on s’en approche, mais je suis en train de me dire qu’on se met les pieds dans quelques choses qu’on n’aurait jamais dû voir… »

Oui, je le savais que trop bien que de fourrer son nez dans ce genre de truc, ça amenait toujours des problèmes, surtout si c’était pour causer du tort à quelqu’un plus loin… Ça puait les problèmes à plein nez, mais que voulez-vous?! C’est la vie, hein?


Skaemp