- Apparence de Zahria:
Sa soeur. Calia est sa soeur. Voilà donc la pièce manquante à ce puzzle étrange. Naë est Reyan, le frère pas si décédé que ça de Calia Dewig. Luz était-elle au courant ? Lui a-t-elle caché cette information ? Certainement, oui. Il faudra qu'ils aient une petite discussion, tous les trois. En attendant, elle referme la porte sur un Naë - Reyan ? - qu'elle n'avait jamais vu ainsi, pas même lorsqu'ils ont fait leur première enquête sur la disparition de Calia. Elle sort derrière lui, et le confie à une Luz qui remontait en vitesse les escaliers. Si l'inquiétude est lisible dans le regard de la rousse, dans celui de Zahria il y a une résolution nouvelle, et des reproches. Elles ne parlent pas, mais Zahria leur indique une pièce où se réfugier pour qu'elle puisse soigner et calmer Naë.
Puis à son tour, elle se réfugie dans le bureau du Capitaine, à qui elle explique ce qu'elle s'apprête à faire. La haine de Naë a dissipé la sienne. Ses idées se sont calmées, elle arrive à réfléchir à nouveau. Elle active le médaillon d'Ovide, et prend à nouveau l'apparence du maître-espion. Elle prend de longues inspirations pendant une minute, puis retourne dans la pièce d'interrogatoire, sous le regard surpris des gardes. Le Capitaine sort derrière elle, et leur demande de se remettre au travail. Voilà qui est mieux.
Une fois à l'intérieur, elle ferme délicatement la porte et soupire, longuement, puis se tourne vers la jeune femme. Lentement, elle avance vers le banc, retourné et fendu, et le remet dans le bon sens, passant sa main sur la fêlure du bois. Puis elle vient caresser du bout des doigts le trou dans les murs, là où se trouvait l'inconnue quelques minutes plus tôt. Elle exige des explications. Zahria soupire, à nouveau. Puis plonge ses yeux clairs dans le regard ambré de la jeune femme.
« Je prends la suite de l'interrogatoire, étant donné l'importance que pourrait avoir votre identité. Désolée de mon retard, le trajet depuis la Capitale a été un peu compliqué. »
Calia Dewig, Haru du Lys, ou qui que ce soit d'autre de la Cabale, autant qu'ils aient le maître-espion en face plutôt que Zahria Ahlysh, sergent de la Garde. Ça refroidira la conversation, dans tous les cas, et sous cette apparence, elle commence à acquérir le calme impérial qu'elle requiert. Elle comprend mieux comment faisait l'ancien maître, maintenant.
« Avez-vous déjà été dans ces petits villages pêcheurs, au sud du Temple ? Avez-vous eu l'occasion, parfois, d'observer leurs méthodes ? Ils tissent de grands filets, qu'ils accrochent à leurs bateaux, et dont ils lestent un extrémité avec des appâts. Les poissons arrivent, s'approchent de l'appât en grand nombre, et les pêcheurs remontent le filet. Leur bateau est vite rempli de poissons en tout genre, de toutes tailles, de toutes les couleurs. Et là, toujours sur leur barque, toujours en pleine mer, ils font le tri. C'est la partie la plus longue, la plus fastidieuse, la plus fatigante. Dès leur plus jeune âge, on apprend aux enfants à reconnaître les poissons toxiques, ceux au goût infâme, ceux au contraire que l'on vendra une fortune au marché, ceux que l'on gardera pour leurs écailles brillantes. »
Elle rapproche la chaise de la table, invite la jeune femme à s'asseoir, avec douceur. Puis retourne chercher le banc, et le place en face de la table, et s'assoit dessus, fatiguée, en prenant soin de ne pas trop s'appuyer sur la partie fendue.
« Une fois, de temps en temps, les pêcheurs remontent un requin. Ceux-là, ils se dépêchent de les harponner quand ils sont encore dans le filet, parce que même hors de l'eau, le requin est redoutable, et capable d'arracher un bras à un homme costaud comme il y en a là-bas. Ils le découpent ensuite à même le bateau, et offrent sa queue en offrande au Temple. C'est un grand prestige, que de ramener une queue de requin, là-bas, et c'est l'occasion d'une fête dans le village. »
Zahria dépose un sourire triste sur ses lèvres, tout en restant calme et résignée, approchant de la fin de sa parabole.
« Mais dans la mer, il y a un animal, un poisson plutôt inoffensif, qui en cas de danger, se grossit et prend une apparence très similaire au requin. Son sang est un poison qui donne des maux de ventre à quiconque en consomme. Et évidemment, vous l'avez compris, souvent, les pêcheurs croient avoir remonté un requin, et harponnent le poisson. Quand ils déposent le filet sur le bateau, son sang s'écoule, et toute la récolte de la journée est perdue. »
Elle se passe la main dans les cheveux et penche sa tête sur le côté, son sourire toujours sur les lèvres.
« Et vous ? Etes-vous un requin, un poisson qui a pris son apparence, et qui m'a fait rater ma pêche de la journée ? Si vous êtes bien celle que vous dites être, vous êtes sous l'effet d'une potion de transformation. Si vous êtes bien celle que je recherche, vous êtes certainement sous l'effet d'une magie de confusion. Et dans les deux cas, j'ai un moyen très simple de dissiper la magie. »
Zahria pose ses menottes anti-magie sur la table.
« Avec tout le respect que je vous dois, puis-je vous passer ces menottes ? Si vous êtes Haru du Lys, je vous promets de vous les enlever à la seconde même où les effets de votre potion seront dissipés. Si vous êtes Calia Dewig, on passera à la partie suivante de l'interrogatoire. Qu'en pensez-vous ? »
Et si c'est encore une autre personne, quelqu'un de la Cabale, sous l'apparence de Calia, elle tiendra quand même un requin, même si ce n'est pas celui qu'elle cherchait à la base. Si elle refuse de mettre les menottes, ce sera un bon aveu en soit qu'elle n'est une personne n'ayant rien à se reprocher. Dans tous les cas, le quiproquo a assez duré, il est temps de lever les doutes de tout le monde... Peut-être aurait-elle pu commencer par là, si la situation n'avait pas été aussi compliquée. Elle n'avait pas été obnubilée par sa vengeance.
Peut-être que j’aurai pu être à la place de ce banc. La colère du brun ne se mesure plus, j’avais pris sans le vouloir l’apparence de sa soeur, bon dans tout ce malheur, il faut dire qu’elle était plutôt jolie et mon oeil a retenu cette apparence quelques lunes plus tôt. Enfin j’ai cru que j’allais échapper à toute violence mais quand celui-ci me plaque contre le mur, j’ai cru que son poing allait se poser direct dans mon nez mais non. Il pose encore et encore cette question, qu’est-ce que je pouvais lui dire ? J’avais envie de batifoler seule avec mon amant loin du palais, loin de Nyx pour me libérer donc j’ai pris l’apparence de la première femme jolie qui me plaisait mais aussi un peu pour Jin.
- Je ne connais pas cette Calia…
Puis voilà qu’on le tire pour éviter qu’il commette l’irréparable mais rien ne l’arrête. Je bouge la tête de quelques centimètres quand je vois son poing s’écraser contre le mur. Je n’ose pas imaginer combien d’os de la main il vient de se casser. Il est fou de rage, il aurait pu me tuer avec cette force. Je reste tétanisée, je n’ai pas l’habitude à pareille chamboulement. Lancelot aurait fait le nécessaire en quelques secondes, je le connais bien, il ferait même qu’une bouché de Jin.
On finit de sortir le “ frère “ de la salle, pendant que moi j’essaye de reprendre mon souffle. Je n’ose imaginer la douleur que ça aurait fait si il m’aurait frappé mais quand je vois son poing en sang, je me dis que j’ai bien de la chance. Il finit par partir avec les autres gardes, je me sentais mal, mes actions purement égoïstes ont fini par blesser quelqu’un. Je lui ai donné l’espoir de retrouver quelqu’un qui lui tenait cher, j’étais la raison de la colère de la garde metisse. J’étais la solution à tous ces gens mais finalement je n’étais qu’un faux espoir et … je ne comprenais pas pourquoi je vivais mal cette situation.
Je reste peut-être quelques minutes seule, pensant comment je pouvais corriger cette erreur. Est-ce que je devais m’excuser d’avoir pris cette apparence ou je devais m’offusquer du traitement que j’ai eu après avoir repris mon apparence. Sous la colère, je me rappelle d’avoir dit que je leur ferais payer leur affront, surtout à cette femme garde, c’était elle qui avait détruit mon escapade romantique. Jin va avoir des problèmes et je n’ose imaginer que cette affaire ne va pas rester secrète. Nyx avec le bras long sur certaines choses et je doute que toutes les choses qui me concernent finissent toujours sur son bureau… Cette semaine va être un désastre…
Un homme finit par rentrer, je reconnaissais cette apparence, c’était le fameux maître espion ! Il était calme comme l’homme que j’ai l’habitude de voir. Soit il essaye de contrôler ses émotions car il ne néglige pas que j’étais effectivement la Première Ministre. Il fait du ménage dans la pièce et m’invite à l’écouter. Je ne le pensais pas d’un naturel à être bavard enfin si le nouveau l’était mais nous avions parlé de choses personnelles, là c’était autre chose. J’essaye de comprendre le message caché là-dessous. Je finis par m’asseoir comme il me l’a proposé et continue d’observer ses gestes, ses paroles… On voyait que c’était quelqu’un d’expérience, il essaye de me mettre en confiance pas comme l’autre brute de femme. C’était deux façons de faire différente et tant mieux.
Il finit par déposer les menottes anti-magie sur le bureau. Je n’avais jamais eu l’occasion de les mettre à mes poignets moi qui a toujours eu le tatouage royal, je ne connais pas forcément la sensation de “ perdre “ ses pouvoirs. Je me sentirai mise à nue et celui-ci était une partie de moi car ça me permettait de comprendre les gens, de mieux les cerner et de deviner ce qu’ils me cachent.
J’aurai pu faire un peu d’humour, lui dire les quelques mots qu’on a pu se partager ensemble il y a quelques temps, fanfaronner devant lui mais je préfère la solution visuelle, là il n’y aura plus aucun doute. Alors que je tends les bras pour qu’il me passe les anneaux, j’entends le premier clic qu indique que le premier anneau est fermé.
- Je souhaite m’excuser d’avance pour l’homme qui cherche sa soeur…
Puis le second s’enclenche. La magie opère aussitôt, par chance, j’avais pris une apparence où le physique de la silhouette ne change pas trop car mes vêtements sont encore adaptés à ma silhouette. Mon visage prends ses traits ainsi que mes cheveux. Je sens également mon pouvoir s’envoler perdant ainsi la couleur de mes yeux a dû revenir à leur couleur naturelle.
- Je crois que vous avez malheureusement votre réponse, Maître.
Je sais que je n’étais pas la personne attendue, que je viens de faire perdre un temps précieux à tout le monde mais que voulez-vous..
- Vous allez me demander pourquoi j’ai fais ça non ?
Je souriais nerveusement, je n’étais pas à l’aise et sans mon pouvoir, impossible de connaître ce qu’il pense, lui qui était toujours de marbre.
- J’ai voulu suivre en quelque sorte votre conseil. Profitez un peu, fuir mes responsabilités et aussi… profiter de lui.
Peut-être qu’il ne savait pas le nom de l’homme que je fréquentais, il n’avait peut-être eu vent que je voyais un chasseur de prime mais n’était pas allé plus loin.
- Comme vous avez pu le voir, suivre son coeur et sortir hors des chemins battus, n’est pas du tout mon point fort. Puis je suis bien contente que ce soit vous qui m’a “ délivré “ de cette apparence car si c’était l’autre femme, je pense que toute ma colère que je garde en moi depuis une heure aurait jailli.
Je lui avait promis de lui faire baver de cet affront, j’aurai remué ciel et terre pour la faire suspendre, demandant dommages et intérêts pour le mal qu’elle a pu faire à Jin et j’en passe.
- Donc pouvez-vous faire en sorte que je ne croise pas sa route, je pense que nous sommes toutes les deux perdantes. J’étais la représentation de sa colère et la suspendre lui fera ni chaud ni froid, elle aurait tant voulu que je sois cette Calia Dewig… Enfin, on en fait des choses irréfléchies par amour, n’est-ce pas Maître ?
Totalement débile même mais il continuait de rien dire… j’avais gardé mes bras près de mon torse, c’était la seule chose qui supprimait mon apparence pendant cet entretien, je ne sais pas si la potion fonctionnera encore si on me les enlève mais je finis par reposer les avant-bras sur la table.
- Pouvez-vous juste me confirmer que Jin, l’autre prisonnier, que rien le lui arrivera, que cette histoire sera effacé de son dossier s’il vous plaît. Rien ne le concerne, je sais que ça pourrait détruire sa carrière et je ne veux pas de ça… Je ferai ce que vous voulez pour cela...
Être catalogué criminel ne me fera aussi du tort si cette relation devient publique, nous avons tout intérêt de mettre les choses au clair dès maintenant…
- Apparence de Zahria:
Et voilà. Haru du Lys. Mais fout-elle là ? Zahria garde son calme, même si au fond, elle voudrait exploser, lui expliquer qu'elle n'a pas à se mettre en danger, et qu'elle n'a pas à faire de choses aussi inconsidérées, qu'elle a pris l'apparence d'une personne au premier plan dans une enquête importante, qu'elle lui a fait perdre du temps, ainsi qu'à Luz et Naë... Mais elle n'en fait rien. Elle laisse juste apparaître un petit sourire mystérieux sur son visage, alors qu'elle comprend, petit à petit, pourquoi elle a fait ça. Et finalement, c'est un peu sa faute, donc elle ne peut pas vraiment s'en prendre à la Première Ministre. Jamais elle n'aurait imaginé que son bel amant fusse Flammèche, par contre.
Quand Haru parle de "l'autre femme", le sourire de Zahria reste inchangé. Aucun doute que si elle avait gardé sa véritable apparence, les choses se seraient passées différemment, et que des mots durs auraient pu être échangés. Mais par respect pour celle qui l'a remise d'aplomb après la mort de Ruth, ainsi que pour son poste, Zahria se tait, et enfouit ses sentiments profondément, car elle sait qu'en lui enlevant les menottes, comme elle est sur le point de faire, Haru sera de nouveau capable de lire ses émotions.
« Je vais vous les enlever, je pense que ça ne fait passez longtemps pour que la magie de votre potion se soit dissipée. Vous reprendrez l'apparence de Calia Dewig, et je vous laisserai sortir, ainsi que votre ami, et il ne sera aucunement fait mention de cet événement dans nos dossiers. Quand au Sergent, ne vous en faites pas, je lui parlerai personnellement. Pardonnez son zèle, néanmoins, la jeune femme que nous cherchions était un élément décisif sur une enquête très importante. Et elle est comme un poisson dans l'eau en situation de crise, c'était une bonne chose de l'envoyer elle, il n'est pas rare que les suspects que l'on arrête disent être le prince, le roi, la princesse souvent, sous l'effet d'une potion, juste pour mieux s'en sortir. Ne lui en prenez pas ombrage, elle a fait ce qui était en son pouvoir pour que vous et votre ami soyez bien traités, malgré l'incapacité des soldats de cette caserne. Je me porte garant pour elle. »
Zahria débloque les anneaux aux poignets de la jeune femme, qui reprend l'apparence de Calia. Toujours avec son sourire, elle lui tend la main pour l'aider à se relever.
« La prochaine fois que vous avez une idée comme ça, n'hésitez pas à me consulter, avant de choisir votre apparence. Ou au moins, pour me mettre au courant, je sais que vous espériez avoir un peu de discrétion, mais votre poste mérite qu'une personne... de confiance... sache où vous êtes, à tout moment. Autre que Lancelot, si son regard acéré vous dérange. »
La guidant vers la sortie, Zahria ouvre la porte. Dehors, les gardes jettent des oeillades curieuses, mais précédemment réprimandés par leur Capitaine, se désintéressent rapidement du maître sortant de la pièce avec son suspect qui n'en est plus un. Zahria accompagne Haru jusqu'aux gêoles, où elle demande à ce que l'on sorte Flammèche de sa cellule. Puis toujours en silence, elle les guide jusqu'à la sortie, où elle leur donne enfin leur dernière recommandation.
« J'espère ne pas avoir à vous revoir avant notre prochaine entrevue, ma Dame, même si c'est toujours un plaisir de vous croiser. Monsieur, prenez soin d'elle. Et ramenez-la chez elle, surtout, votre escapade a causé suffisamment de soucis comme ça, et sa potion ne risque pas de durer encore longtemps. »
Puis elle tourne le dos, sa cape claquant derrière elle alors qu'elle rentre à nouveau dans la caserne. Elle fait un premier arrêt, chez le Capitaine, pour faire effacer de ses dossiers toute mention à Calia Dewig, Haru du Lys et Jin Hidoru... Jin Hidoru... Encore une pièce qui vient se positionner dans le grand puzzle de Zahria. Flammèche est le chasseur de primes dont Vaelin a fait un rapport il y a plusieurs lunes de ça. Et l'amant d'Haru du Lys. Le monde est si petit... Après avoir résolu ce problème, elle reprend son apparence et retrouve Luz et Naë. Son ton est froid, quand elle leur dit qu'ils rentrent, et qu'ils ont des choses à se dire.
Le dîner risque d'être tendu, ce soir.
Luz s'en va, et me laisse à mes tourments. Elle va bien. Haru va bien, c'est le plus important. Je me blinde avec ces trois mots pour faire barrage à toutes les spéculations et histoires que j'me suis faite depuis que je suis enfermé. Elles finissent toutes mal. Mais elle va bien... Elle va bien. Je souris, soulagé, en oubliant presque ma condition actuelle. Mais y a autre chose. Elle a parlé d'une "amie". Y'a pas quinze nanas qui pourraient correspondre, sachant que Luz ne serait pas venue si on ne l'avait pas prévenue. Luciole. Quand je commence à réaliser je me précipite vers les barreaux pour prévenir Luz qu'elle s'est faite elle aussi rouler dans la farine, mais en vain. Elle était déjà partie. Décidément, entre le tripot et maintenant ça... Peut-être que quelqu'un où les événements jouent avec Luciole, ou bien qu'elle est habitée par des sentiments qui l'empêchent de travailler correctement. Ou peut-être tout ça à la fois. Les mots de mon mentor viennent de me revenir en mémoire, lorsque moi aussi, ma colère m'aveuglait. De l'injustice, de la vengeance et de la haine entre autres. Combien de feux de forêts ont put être évités grâce à Elle : "cette colère, tu peux te perdre en elle. La route est longue et difficile, et tu vas avoir besoin, de cette colère. Quand elle est maîtrisée, elle devient une arme dévastatrice." Avant de rajouter son éternel "mais tu n'es pas encore prêt, Jin Hidoru." Avec sa voix hautaine tout en me giflant l'arrière du crâne. Va savoir si je le suis devenu, aujourd'hui. Peut-être juste assez pour qu'on se sépare, sans doute.
Finalement, être enfermé ici m'a ramené à penser aux choses essentielles. Mes émotions grâce à mon mentor, à ma vie grâce à ma mère, et à mon cœur... Grâce à Haru. J'remercierai pas Luciole pour autant, l'avoir en face de moi me donnerait une bonne raison de rester en taule quand je l'aurai carbonisée jusqu'aux os. Je touche désormais mon nez et ma lèvre inférieure, plus rien. La magie de Luz est vraiment étonnante. Elle n'est pas que jolie et délicieuse à regarder, c'est aussi un élément important pour le royaume et apparemment pour les cas comme celui-là. Le garde l'a encore mauvais qu'il a dû donner de sa personne par je ne sais quel phénomène mais il a dû le faire. Pas besoin de bousculer la roue, parfois elle tourne toute seule. Elle signe un cessez-le-feu général et ces débiles arrêtent de me calculer. Sans doute la meilleure chose à faire. Maintenant, il faut tuer le temps. Je m'allonge sur le banc en m'excusant d'avance auprès de mes futures vertèbres déplacées, et j'essaie de piquer un roupillon. C'est mal barré, mais j'ai déjà dormi sur pas mal d'endroits barrés comme celui-là. Y'avait juste... Plus d'espace quoi, et ça puait moins, et pis c'était dehors surtout.
- Sortez-le de sa cellule !
- ...Pardon capitaine ?
- EXÉCUTION !
- J'y cours !!
J'suis pas sourd?... Je me relève assez vite et me rapproche des barreaux tandis que j'entends un trousseau de clés s'approcher aussi. C'est le garde qui m'a cogné qui m'ouvre. Et il n'est pas seul. Il est accompagné d'un mec que je n'ai jamais vu encore qui escorte Haru. Mes yeux restent fixés sur elle. Elle ne sent pas bien. J'aimerais la prendre dans mes bras, lui dire que ça va mieux maintenant. Mais en l'état elle n'a pas l'air de vouloir ce réconfort. La porte s'ouvre et j'ai l'impression déjà de mieux respirer. Il détache mes menottes et toute cette chaleur que j'ai perdue reprend sa place dans mon corps, j'me sens revivre. Il tend sa main vers moi, bonne pomme je présume.
- Désolé, pour le nez.
J'regarde sa main. Ma décision était déjà prise avant qu'il fasse son soldat modèle.
- Paluches-toi avec.
Je me rapproche du groupe, l'homme aux côtés d'Haru me fait un signe de tête, que je réponds de la même manière. On sort des geôles en silence et mes yeux n'ont toujours pas quitté mon amie. Comme moi, elle doit se sentir bête. Bête qu'une telle expédition prenne autant d'ampleur. À l'extérieur de la caserne désormais, le bonhomme nous dit les dernières instructions qui vont clôturer notre rencard pour de bon. Je suis dégoûté, évidemment. On répond silencieusement de la tête et le gars s'en va. Ils se connaissaient? Il connaît Luciole? Bref, le plus important c'est sortir Haru de ce merdier et l'amener toute de suite pour qu'elle puisse prendre un bain qui lui fera oublier tout ce cauchemar. Nos mains se rejoignent naturellement et nous partons sans demander notre reste.
Pour rester courtois, je décide de prendre la longe de son cheval et de lui emmener. Elle monte, sans mon aide. On voit bien que l'heure n'est plus de courtiser. Le retour vers la structure où nous nous sommes retrouvés se fait dans le silence. Moi qui voulais parler de Diana Jones, de son périple. Parce que cette nana en avait dans le ventre, et dans la tête surtout. J'voulais parler des étoiles, de la constellation du Phoenix et de son étoile brillante, comme mes yeux lorsqu'ils se posent sur elle. J'voulais lui dire à quel point cette sortie était importante pour moi. Lui dire que je tenais à elle. Lui dire tout ça quoi.
Pis on arrive. Ça y est. On va devoir se séparer et attendre la prochaine fois. Si prochaine fois il y aura. Pourquoi j'ai mal dans ma poitrine? Ça pique, et j'ai la gorge nouée. Bref, je l'aide à descendre puis nous nous retrouvons face à face. La mâchoire serrée je tente de parler. Mes premiers mots après tout ce bordel.
- Je suis sincèrement désolé, Haru.
Je ne savais pas quoi dire d'autre. Peut-être qu'il n'y avait rien d'autre à dire. Putain, elle aurai du me passer un livre sur les mecs qui pigent rien aux relations hommes femmes en plus de celui de l'Astronomie. Quoi que je doute que c'que nous sommes entrain de vivre soit écrit dans une notice.
Je me sentais comme une enfant qui venait de se faire réprimander pour sa bêtise. Voilà comment je me sentais. Mon égoïsme avait dérangé le Maître-Espion en personne et j’en passe. Puis il a fallu que je prenne l’apparence d’une personne recherché. Je n’ose imaginer si j’étais quelqu’un de vraiment dangereux avec ordre de m’abattre pour certains chasseurs de prime ou à l’inverse des criminels qui veulent ma mort. Je devais maintenant chercher une apparence qui ne craint plus rien, voir même trouver une personne à la Capitale qui m’autorise à prendre son apparence au cas où. Peut-être que je présenterai cela au Maître la prochaine fois.
- Je comprends cela Maître. Veuillez m’excuser aussi de mes dires, sous la colère on peut dire tellement de choses mais ce n’était pas mon objectif de troubler son enquête, loin de là.
Baissant simplement la tête, je regarde ces menottes qui m’ont permises de me libérer de cet enchantement, je vais demander à ce qu’on fabrique une potion pour défaire les effets de la potion d’apparence, ça évitera ce genre de soucis à l’avenir. L’homme m’enlève les menottes, retrouvant aussitôt l’apparence de Calia et il me conduit dans le couloir où je sens le regard de ses gardes. Je peux les comprendre, la métisse a fait un tel scandale pour avoir capturé cette Calia, je peux bien comprendre leur incompréhension. On finit devant les cellules et je vois enfin Jin, il n’avait rien à première vue. J’étais rassurée mais je n’arrive pas encore à tenir son regard surtout après la recommandation du Maître qu’on me raccompagne. Le message était assez clair, fini le séjour romantique, retour à la maison.
Je le laisse filer, cape au vent. Maintenant, il nous restait à filer loin d’ici avant que la potion disparaisse définitivement. Je quitte la caserne sans dire un mot, je n’avais pas envie de parler et je grimpe sur le cheval sans aucune aide. Le voyage a été plus que silencieux me laissant dans mes sombres pensées. La première fut de penser que c’était un message de Lucy, un avertissement que j’allais droit dans le mur à continuer ainsi avec lui. Mais je ne voulais pas que ça s’arrête et je sais que je vais devoir m’expliquer avec Nyx mais comment lui dire ? Comment lui dire que je ne crois pas un nous ou juste que j’ai un faible pour cet homme et que c’est passager. Ca peut arriver à tout le monde non ? Etre bien dans une relation puis croiser la personne qui avait tout pour lui, détruit tout sur son passage, on rigole bien puis s’en va pour quelqu’un de plus jeune ou moins compliqué. Elle va me rire au nez oui. Je l’imagine bien me dire toutes mes vérités et s’enfuir comme le Maître, cape au vent, menton levé, fière d’elle et … en pleurs. Non… il ne se passera rien du tout, ça restera que entre Jin et moi, notre petit secret. Je déciderais de la suite des opérations après pour l’instant je ne veux pas y penser.
On est arrivé de nouveau au Village Perché, c’était la fin du voyage et c’est Jin qui brise le silence le premier. Mon pouvoir me permettait de voir toutes ses émotions et si il avait la possibilité de voir les miennes, il verrait que moi également c’était difficile. Peur, angoisse, peur de décevoir, peur de plus le revoir, peur qu’il ne m’apprécie plus, toutes ses émotions s’agitent en moi. Mais lui aussi avait besoin de se faire réconforter, ce n’était pas mon rôle d’ailleurs ? J’étais celle qui avait forcé le destin à ce qu’on se revoit alors qu’il aurait pu continuer sa vie avec une jeune aventurière dans la taverne du coin mais non je l’avais rappelé à moi. Je devais assumer cette décision, je lui devais pour tout ce qu’il espérait même si il a beau dire que je le laissais en plan aujourd’hui, il tournera la page. Non… je ne le pouvais pas pour lui mais aussi pour moi car je ne me l’explique pas. Ma main finit par se glisser sur sa joue, son regard de braise me fait toujours autant chavirer comme cette petite marque sur le visage.
- Ce n’est pas de ta faute… tu le sais bien !
Puis déplaçant ma main sur son bras, je finis enfin par me dérider un peu, un léger sourire ose se pointer.
- J’ai voulu profiter pour une fois et…. Je n’ai pas réussi mais je te promets que je trouverai un autre moyen n’appliquant pas un passage en prison !
Finissant par lâcher son bras, j’attrape la longe de mon étalon.
- Malheureusement, je ne pense pas qu’on pourrait tenter de nouveau notre chance. Je ne voudrais pas avoir plus de soucis que je n’ai déjà, je vais retourner à la demeure du Gouverneur et rentrer à la Capitale.
J’avais tellement des attentes de cette sortie depuis des jours que le fait qu’elle se finisse maintenant que j’ai envie de rentrer plus tôt chez moi. J’avais encore quelques jours de “ vacances “ mais ce n’est plus la peine…
-Tu sais Jin, le début de cette escapade était grandiose, je voudrais tant tout recommencer mais ce n’est possible.
D’ailleurs je ne pouvais pas partir comme ça, c’était inconcevable et je sais que j’étais encore Calia donc je pouvais me permettre ce que je voulais en public. M’approchant de lui, la longe encore dans la main, je finis par l’embrasser tendrement, comme une promesse.
- J'essaierai de trouver un moment pour passer au chantier de ta boutique. Lancelot laissera un message au pire des cas à ta mère, je crois qu’elle va finir par l’apprécier lui aussi.
Puis m’éloignant peu à peu de l’homme qui faisait battre un peu mon coeur.
- Je te le promets Jin, on se reverra. Laisse moi juste le temps d’arranger tout ça s’il te plaît.
Je devais partir mais je n’y arrivais pas, c’était trop difficile. Me donnant du courage à moi-même, je lui adresse encore quelques mots avant de vouloir partir.
- Puis je dois récupérer mon livre et t’en donner un autre ! L’histoire n’aura plus aucun secret pour toi !
Puis un sourire complice s'affiche sur son visage, telle une promesse ... Je lui souri et lui adresse un baiser de loin d'un sourire charmeur. Tirant ma monture dans ma direction, nous quittons l'entrée de la ville...
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