Après avoir réalisé sa dernière attaque, l’aventurier n’avait pas eu le temps de rouler sur le côté. De toute son imposante stature, la créature vient écraser une bonne partie du corps de l’aventurier. Ne laissant que la tête, un bras et une partie de la poitrine à la surface. Quant à l’aventurier, il était presque à bout de force. Il vient regarder la canopée chatouillant, il s’autorisa même à fermer les yeux à se reposer quelques instants. Ce furent les cris qui résonnèrent dans sa tête et d’un coup, il se mit à pleuvoir, l’eau s’infiltra dans les interstices osseuses de son casque, cassés au niveau de la joue droite. Levant un regard contenue par les orifices de son casque, il vit la petite noble paniquer. Il vient soupirer tout en lui disant.

-Tu peux crier moins fort, je ne suis pas mort.

Commençant à enlever les os de sa tête, il essaya de se tordre pour s’extirper de cette créature. Son bras lui faisait atrocement mal. L’effet de l’adrénaline venait de s’estomper et avec elle, la douleur revenait. Enlevant enfin la grosse masse poilue de son corps, il vient se mettre à genoux, essyant de reprendre son souffle. D’un coup d’œil à son bras tandis que son arme revenait dans son corps, il comprit que ce n’était pas grave mais des points de suture serait nécessaire.

-Tu peux aller me chercher mon sac s’il te plait, j’ai besoin de me recoudre

Les crocs avaient entaillé la chair sur deux bons centimètres, perforant et pointue. Des perles de sang se formèrent mais c’était plus sanglante que c’était grave. Sa tête avait aussi plusieurs hématomes, et n’en parlons pas de son dos. Lorsqu’elle parla des autres prédateurs, Nivix vient montrer sa négation.

-L’odeur du sang met du temps à voyager et qui plus est, aucun autre prédateur ne viendrait dans un territoire, surtout celui d’un Coeurl. On a environ deux petites heures avant que le sang voyage au de là de son territoire.

Essayant de se remettre en place les pensées, il vient prendre sa gourde, buvant allègrement sans aucune once de modération. Cela faisait du bien, et surtout, il sortit son matériel de couture.

-Va chercher quelques lézards en plus, je m’occupe de mon bras, cela devrait prendre quelques minutes vu mon état.

Aussi bien physiquement que moralement, Nivix n’allait guère bien. Le combat l’avait poussé dans ses retranchements. Son esprit était embrouillé, son corps couvert d’ecchymose et de coupure diverses. Et ne parlons pas de son bras. L’aventurier vient se mordre le cuir de son armure pour ne pas crier de douleur.

Admirant ou plutôt contemplant l’étendue de ses blessures au niveau du bras, l’aventurier siffla de douleur à chaque fois qu’il bougeait le bras. De belles morsures, il n’en avait pas eut depuis quelques années. Cela dit, il commença ses premiers soins lui-même. Attrapant un bout de cuir de son armure, il mordit férocement dedans et posa un coup d’eau sur sa plaie pour la nettoyer puis de l’alcool. Des râles de souffrance prirent place dans la canopée à défaut du chants des oiseaux. Depuis le combat, il s’était fait discret, et c’était surtout pour leur survie.

Attrapant ses fils et aiguilles, il parvient à se recoudre dans un grand mal. C’était histoire que cela ne saigne plus et il allait devoir aller voir un guérisseur une fois rentré. Admirant son boulot, il vient se relever, la tête un peu sonné. Regardant ses créatures mortes, il vient soupirer. C’était bien dommage, de si beaux spécimens. Mais c’était la loi du plus fort, Nivix avait démontré qu’il était plus puissant dans ce cas là. Leur rendant un dernier hommage, il vient s’arrêter devant leur corps. Mais il devait prendre la preuve de son travail. Attrapant son glaive, il vient couper leur tête et les accrocher à sa besace. Il aurait au moins un atout de choix face à ses têtes de puissantes créatures. D’ordinaire, il n’aime pas trop cela, mais il le devait pour sa crédibilité. Ce fut à ce moment qu’Onélie rejoint l’aventurier.

-Très bien, mettons nous en route.

Il marchait assez maladroitement, l’effort soudain l’avait privé d’une bonne partie de ses réserves calciques. Ce n’était pas la première fois, il allait pouvoir survivre. Se posant contre le tronc rugueux d’un arbre exotique, il s’arrêta quelques instants.

-Il faut que tu sois à l’heure à ton… repas de famille. Ne…trainons pas.

Il arracha un bout de branche de l’arbre puis s’en serva comme canne. Correction, il avait extrêmement poussé ses réserves. Mais il n’allait pas flancher. Il vient en plus porter les cages sur son dos pour éviter que la jeune femme se fatigue trop. Il avait un sac de cristaux à récupérer, coute que coute. Mais ce fut lui qui décréta une pause à partir d’un moment.

-Trente secondes, j’ai du mal à respirer… J’avoue, j’ai un peu poussé la machine… un peu…

La douleur faisait parfois lancer le jeune homme, la manquant de le faire trébucher à la moindre élévation du terrain. Par moment, sa vision se brouilla, un manque de sang en doit être la cause. La lumière par moment, tel des rayons, le faisait secouer la tête. Battant frénétiquement des yeux pour essayer d’y voir clair, le jeune homme continua d’avancer, même si son corps tout entier lui criait de s’arrêter. Mais il se devait de continuer à avancer, coûte que coûte. L’appât de gain dirait vous ? En réalité, il y a de ça, il a certes besoin d’argents mais c’était son égo, mais surtout sa réputation qui était en jeu. Il avançait un pas après l’autre, un à un. Mais son mental le lâcha finalement quand il posa sa main contre l’arbre.

Lorsqu’elle lui proposa de l’aider à le décharger, il la repoussa gentiment. Il voulait le faire seul, il ne voulait pas se montrer faible et incapacitant envers cette noble. Son regards était d’un noir profond mais son visage était plus livide qu’il ne l’était avant. Sa main était crispée par des tensions. Il vient accepter l’eau que lui proposait sa protégée, et en but plusieurs gorgées. Posant ses forts bras sur ses genoux, il souffla de longues minutes dans un silence de jungle, cela va sans dire qu’il y avait toujours un bruit, mais rien d’origine humaine. Mais ce fut Onélie qui le brisa, le questionnant, se mordant la lèvre inférieure, il ne pouvait pas lui parler de sa vie, il ne la connaissait pas.

-Car j’ai une personne à qui je tiens qui a besoin de cette argent.

Buvant une autre gorgée, il pensa à sa mère. Sa chère mère, qui encore aujourd’hui, est dans ce coma dont on ne sait si elle réchappera. Non en fait, elle n’en réchappera, mais c’était comme toujours la tentative vaine et désespérée que l’albinos se rattachait. C’était une branche si fragile que le moindre souffle pourrait la casser.

-Mais oui, ta question était indiscrète, mais légitime. J’ai déjà subi pire… Allez on se remet en route.

Des perles de sueurs se firent à tomber depuis son front. Ses épaules roulèrent, essayant de remettre son sac sur ses épaules, faisant danser les têtes. Cette fois-ci, il accepta l’aide d’Onélie, lui offrant un faible sourire. Il avait encore de la marche, beaucoup de marche. Il était déjà presque à ses limites, il n’allait que devoir les repousser se disait-il. Plus facile à dire qu’à faire. La marche était un calvaire, un chemin de croix même, mais finalement, la civilisation se présenta devant eux. Un soupir s’échappa des lèvres de l’aventurier, il vient arrêter sa marche devant la première habitation. Un sourire s’échappa de son visage, un petit bruit, semblable à un râle de victoire.

-Enf...

Puis sa vision s’assombrit de plus en plus. Il ne sentit pas son corps perdre soudainement de sa force. De la vue de la noble, il s’était arrêtait, stoïque, mais lentement son corps penchait vers la gauche, lentement, puis rapidement. Le choc avec le sol fut sonore, faisant agiter ses outils et ses bagages. Il avait certes puisé dans toutes ses forces, mais ses plaies n’étaient pas soignées, le saignement n’avait alors qu’à reprendre son cours.

Le sol, du moins, la vision de ce dernier, voilà ce dont Nivix se souvient avant de voir son horizon s’assombrir. Lentement, il plongea dans les ténèbres de l’inconscience, sans se douter que ses troubles provenaient du manque de sang dans ses veines et artères. Ainsi, le corps de l’aventurier était moue, sa respiration faible mais toujours présente. Seul son cœur battait deux fois plus vite pour permettre au sang restant d’irriguer ses organes encore utiles. Il ne pouvait pour le moment rien entendre, rien voir, ni ressentir, il est dans les limbes de l’inconscience.

Pendant ce temps, du côté de la jeune noble, la première porte ne fut pas une réussite. Le gamin, ne comprenait rien à l’instant, mais les phrases de sa mère dans son esprit le poussa à refermer la porte. « Il ne faut pas ouvrir aux personnes que tu ne connais pas, tu as compris mon garçon ». La deuxième porte s’ouvrit sur une dame, assez âgée, elle semble avoir connue des vertes et des pas mures. Mais elle n’écouta qu’à moitié la voix de la jeune fille en face d’elle. Le sang sur ses mains l’intrigua. Elle posa sa main sur sa ceinture, analysant la jeune femme en armure. Elle était méfiante, mais d’un coup d’œil dehors, elle vit Nivix par terre, le visage blanchâtre.

-Sainte Lucy

Elle repartit dans sa main, attrapant un gibecière et partit en direction du jeune homme. Toute méfiance envers la jeune femme s’estompa peu à peu, elle vient analyser les blessures du jeune homme et comprit que les points avaient sauté. C’était à son torse, la grande balafre avait une partie de détachée.

-Aide moi s’il te plait, on va enlever tous ce qu’il a sur le dos.

Ses yeux étaient stressés, agitant son regard de droite à gauche. Mais ses mains ne trembla pas, elle vient commencer à lentement enlever le pourpoint en cuir et la chemise maculée de sang du jeune homme. Aidée par la jeune femme, elle commença à recoudre tout cela. Il avait perdu assez de sang, mais de cela, elle pouvait rien faire d’amples mesures.

-Tu as de la chance, je suis la botaniste du village. Je sais soigner ce genre de blessures. Attend moi ici.

Repartant vers sa maison, elle alla chercher une grosse bobine de tissue et des plantes ainsi qu’un matériel à broyer. Mélangeant eaux et plantes, elle obtient une pate qu’elle tartina sur la torse du jeune homme. Puis, avec de l’aide, elle pansa le jeune homme. Terminant son office, elle vient se lever, se séchant le main sur son tablier.

-Tu avais dis qu’il avait combattu des Coeurls ? Il aurait dû subir des blessures encore pire, mais ce qui lui aurait été fatale ce sont ses points, ils sont mal faits, comme s’il les avait fait lui-même.

Sur ses mots, elle laissa Onélie toute seule, remerciant les remercîments et n’acceptant rien en retour. Aider les gens, c’est cela qui l’anime après tout. Le temps passa, et progressivement, les yeux de Nivix commencèrent à lentement se mettre à frémir, signifiant que la Belle au Bois Dormant commencer son réveil.

Les rêves sont comme un rivière, il se peut qu’il se tarisse sans raison apparente, ou alors à cause d’un barrage. Dans le cas de Nivix, le barrage est dû à son hémorragie. Un comble pour que cela soit par manque d’un liquide. Le sommeil, lui, n’était pas réparateur, bien au contraire. Il semblait long, sinueux et angoissant. C’était comme plonger tel la première dans un bassin de goudron, c’était difficile d’en sortir et fatiguant.

Progressivement, sa vision, bâchée par ses paupières, perçut les fins rayons d’un soleil commençant à descendre. IL vient frénétiquement froncer les sourcils, essayant de faire disparaitre cette gêne qui lui dévorait les yeux. Mais rien, ni faisait, il se sentit même se redresser. Cela lui donna quelques temps le tournis, comme si sa tête était sur les flots d’une mer déchainée. Un son commença à arriver aux oreilles du jeune homme. Un son, non, plutôt une voix, on l’appelait.

Après quelques instant, ses prunelles s’ouvrirent, mettant quelques instant à s’habituer à la luminosité ambiante. Mais finalement, elles s’ouvrirent lentement, sur le visage assez flou d’une personne. Lentement, son corps, tout engourdis, commença à reprendre son office. Il vient essayer de ses relever mais difficilement. Sa vision, quant à elle, commença à redessiner les traits fins d’une noble connaissance. Elle était là, penchée sur lui, sa voix résonnait un peu dans son crâne.

-On…Onélie, je… Je crois que j’ai du m’assoupir… Non, c’était moins confortable qu’un somme. Mais, là, je me sens bien.

L’aventurier était complètement embrouillé, il ne se doutait pas où il se trouvait. Il essaya de se redresser lentement. Mais préféra rien faire, il avait les sens encore anesthésiés par son léger coma. Sa mémoire n’arrivait pas à faire du sens pour l’instant.

-J’ai… perdu du sang… Je…Je vois, je te dois la vie… Drôle de situation pour quelqu’un sensé te protéger.

Puisant dans ses retranchements, il vient se redresser doucement pour éviter les soucis au niveau de son flux sanguin. Il se retourna et vit qu’il avait eu sa tête posée contre ses genoux. Cela ne le troubla pas, peut être est-ce parce qu’il est dans une léthargie ambiante ? Il ne saurait répondre positivement ou négativement à la question. Il remarqua aussi qu’il était torse nu avec une bonne couche de bandage sur le corps. Toujours assis, il ne pouvait que se regarder impuissant. Son esprit combatif le força à avancer.

-Il faut qu’on avance… Je… Je crois que le bateau va bientôt arriver... Je t'en dois une.

L’air marin se fit de plus en plus présent lorsque les deux compères commencèrent à se rapprocher du port. Un vent iodé s’engouffra dans les bronches du jeune homme ce qui le fit tousser de plus belle. Elle ne s’arrêta qu’après quelques mètres, provoquant un léger essoufflement au niveau de la respiration de l’aventurier. A voir, le Coeurl l’avait aussi bien amoché au niveau des poumons, saletés, ça le saoulait aussi d’avoir du les tuer ses bêtes. La voix derrière lui le força à arrêter sa marche lente et douloureuse. Elle lui présenta ce qui ressemblait à une orange. Il soupira légèrement et attrapa le fruit. Il arracha de son étau le poignard qu’il portait dans son dos et découpa et éplucha le fruit juteux. Il en proposa même à Onélie.

-Merci Onélie, j’avais quelques morceaux de bœuf séchés, mais je ne dirais pas non à un fruit. Et c’est ainsi avec moi, un service pour un service, mais si tu dis que je me le suis déjà acquitté. De tout manière, vu ta tête, que la décision est irrévocable aha.

Même les blagues sonnaient assez faux avec sa fatigue, bordel et dire qu’il a survécu à la Citadelle, ce n’est pas pour trainer la patte après un combat contre deux coeurls… Bon sang, qu’est-ce qu’il déteste être en situation de faiblesses. Il va devoir entrainer sa force en rentrant au bercail, et surtout sa vigilance. Il se doit de pouvoir être l’égide sous lequel on peut s’abriter.

Un bateau se dessina au loin, sur le ponton, enfin, leur moyen de transport. Il vint même accélérer quelques temps la marche. Son équipement cliquetait, les têtes de coeurl pendaient et se balançaient au gré de ses pas. Il avait un visage fermé, et surtout dur, surement la douleur qui lui donne cette aspect si singulier. Sa main droite semblait pendre un peu, un contrecoup de l’usage massif de son bouclier. La planche servant d’entrée au navire s’abaissait à leur venu, le capitaine se présenta à eux avec un grand sourire. Mais face au regard et à l’apparence de Nivix, ce dernier le perdit assez vite. Une à une, il arriva sur le navire un brin essoufflé. Il posa sa main sur l’épaule du capitaine en la tapotant. Il déclina l’offre du capitaine, ne voulant pas trop être aider

-Tu n’as pas idée Alderich, oui, j’ai une bonne mémoire, à défaut de savoir bien écrire et lire… Et désolé, j’ai pris un sacré coup, je peux me poser sur le pont ?

Il déclipa lourdement les sangles de son sac qui tomba comme un boum sur le pont. Ce qui provoqua le même son, c’était le corps de Nivix. Il s’était volontairement laissé tomber. Il passa au grible ses blessures ensuite. Enlevant son plastron déchiré ainsi que sa chemise, il dévoila une imposante musculature, plus décidé que n’importe que marin à bord. Son corps avait été taillé pour le combat et l’aventure. Il était couvert de cicatrice et voyait les bandages sur son torse. Il regarda Onélie un brin intrigué.

-C’est toi qui a fait ça ? C’est du bon boulot en tout cas. Bon, il est quelle heure, enfin, où est le soleil ?

Au milieu des cordages et des nœuds, le jeune aventurier se reposait, il avait limite envie de se coucher mais il y a encore quelque chose à faire. Il devait raccompagner la jeune noble chez elle et surtout prendre la prime qui lui est du. Lui, avare et serviable qu’avec de l’argent, non, juste quand on lui promettait, il aimerait qu’on respecte parole. Il peut se rendre utilise ou encore bénévole, mais autant faudrait il le préciser à l’avance. Il pressa ses mains sur ses jambières, examinant s’il n’avait pas trop de blessures à cette endroit. Mais à voir non, quelques griffures ou de légers crocs. Il se fit violement et s’étira pour attraper sa besace et fouilla dedans. C’est pendant qu’il cherchait dedans qu’Onélie revint et qu’il lui posa sa question. Ainsi c’est un botaniste, bon au moins, la pommade, elle s’y connait, il se demande juste pour les points. Il souffla dans son nez, rigolant presque.

-Ce n’est pas grave, je repartirai sur le port et je trouverai bien un médecin pour bien faire les points. Ou au pire, je laisse comme cela et j’examine la blessure voir si elle cicatrise bien… Des séquelles, ne parle pas de ce mot, plus on en parle, plus il arrive comme on dit à la Guilde.

Il trouva enfin ce dont il cherchait dans son sac. Une bouteille d’alcool pur, il la débouchonna dans son bruit typique. L’odeur agressif se mit à flotter dans l’air, qui fit siffler l’aventurier. Il passa ensuite un petit filet sur les petites blessures histoire de les désinfecter. Il se retint de crier à tout poumons face à la douleur que cela lui infligeait. Après cela, il reprit son souffle, laissant la jeune femme lui indiquait la position du soleil. Bien, fin d’après-midi, cela allait pouvoir couleur comme de l’eau pour le temps. Du moins, il l’espérait, juste par pitié, pas de tempête.

-Bien, d’ailleurs, c’est bien du Nacrium. C’est étrangement incompréhensif pour moi.

Nivix prit la pierre entre ses doigts tremblant, l’examinant sous divers plans. Il essaya de voir ce dont les nobles trouvaient de si intéressant à concevoir ce genre d’éléments. Il est vrai que cela ressemblait vraiment à un beau joyaux, mais de là à en faire des colliers. Bah, ce n’est pas le truc qui intéresse le jeune homme. Lui, ce qu’il aimerait bien, c’est que quelques choses soient utiles. Par exemple, un nouvel alliage serait bénéfique.

-C’est… pas vraiment mon truc les cailloux brillants. Je ne comprendrais jamais pourquoi les nobles trouvent cela magnifiques. Un métal serait bien plus utile à mon sens. Mais en même temps, je suis aventurier, les bijoux par beauté ne m’ont jamais vraiment intéressé… Décidément, je n’ai vraiment pas son sang…

La fatigue ne l’avait pas épargné, et il ne s’était pas du tout rendu compte qu’il parlait allègrement de son père. Mais il avait la tête qui se posait contre le mat du navire en baillant. Il continua de regarder son interlocutrice.

-Donc ton cailloux, c’est minéral, végétal ou animal ?

Après que ses blessures furent complètement désinfectées, il jugea bon de ne pas les refermer. Il n’y avait plus de risque que cela s’ouvre et s’infecte avec des fils. Là, il n’y avait peu de chance qu’une nécrose ou une infection gagnent la plaie tellement elle est imbibée de cette alcool, couplé avec des huiles de thym pour plus d’efficacité. Lentement, il leva son regard vers la jeune femme qui lui expliqué ce dont le Nacrium est composé. Il leva un sourcil face à tant d’interrogation. Ainsi, les scientifiques n’étaient pas foutu de se mettre d’accord sur ce point. Dans un sens, cela ne l’étonnait guère.

-Peut être que vous avez raison, même si je préfère un bon vieux lingot d’acier. Avec cela, on peut forger armes, armures, outils de travail, objet magique. La simplicité avant le luxe, voilà mon crédo.

Il resta quelque peu silencieux, cherchant à recouvrir ses forces. La brise passa entre sa chevelure, ondulant sous les alizés puissants. Le soleil commençait à légèrement décliner, tombant inexorablement dans l’immensité bleu. Les marins passèrent ici et là, s’occupant des cordages. La voile portait fièrement le navire vers la direction souhaitée. Le capitaine chantonnait, offrant aux deux compères la version puissante d’un chant de marins. Ce dernier parlait de tempêtes, de mer et de bières, surtout de bière. Petit à petit, l’aventurier se prit au jeu, et dans un moment calme il souffla un grand coup et se mit à conter d’une voix mélancolique voir dramatique.

-Nuit enflammée, bras ensanglanté, vaine prière
Voici le dur destin des bons et des braves.
Nous sommes que les explorateurs, sans grand havre,
Mais la lame dressée devant les ténèbres,
Ouvrira la voie à de futurs lumière.
Ce cycle infernal est notre destin depuis hier
Nous mourrons mais nous vaincrons sans relâche,
L’inconnu de notre monde, notre longue tâche

Les paroles furent comme espoir et mélancolie, les deux sentiments des aventuriers d’aujourd’hui. Mais finalement, le port se dessina au loin, tandis que le soleil déclinait petit à petit. L’ouest commença même à se teindre d’une peau orange, pas encore de rouge pour l’instant. Le bateau jeta l’ancre et s’harnacha au ponton. Il était l’heure de ramener cette dame à bon port. Lentement, il se leva faisant craquer ses os. Il remit difficilement son sac sur ses épaules meurtries et prit la direction de la cariole. Il laissa Onélie montée dedans et préféra se positionner derrière avec les baguages. Il avait besoin de prendre l’air et au moins, il avait une assez grande place pour ses jambes. Le chemin était quelque peu pavé, donnant du relief à la route et des bosses au popotin de l’aventurier.

Finalement, le carrosse s’arrêta devant l’imposante bâtisse de la famille de la noble. Le terrain était toujours aussi bien dégagé, et lorsqu’une feuille vint délicatement se poser sur la pelouse, le paysagiste accoure pour venir la retirer. Il fit descendre la jeune femme en lui présentant son bras. En armure dans ce genre de véhicule, cela ne doit pas être très pratique.

-Te voilà à bon port, assez de lézards ?

-Si j’y arrive, cela n’est pas dit que j’arrive à ce poste. J’ai encore du chemin à parcourir et je suis encore assez jeune

Finalement, les deux explorateurs d’un jour pour une, descendirent du pont par la nacelle. Le chemin du retour allait être quelque peu mouvementé. L’aventurier s’était préparé à la rencontrer avec la matrone qui n’allait pas s’annoncer des plus simple. Et pour cause, elle était celle qui tenait les rênes de la maison et de la famille à voir.

-Pour l’heure, j’ai de nombreuses quêtes en prévision, surement quand je m’accorderai des vacances

L’entrée dans la maison se fit dans un silence presque religieux. Comme le calme avant la tempête, même les domestiques semblaient avoir quitter le bercail sans dire un mot. Alors que les deux personnes commençaient à avancer vers le vestibule quand la maitresse de maison fit son apparition. Croisant les bras sur son torse, essayant de lutter face à sa fatigue, il la regarda discuter avec sa fille, sans s’intéresser à l’état de l’aventurier. Et de quelconque manière, il ne voudrait pas être pris en pitié pour autant. La dame se tourna finalement après avoir donné des directives à sa fille vers l’homme qui l’avait protégé. Ils se dévisagèrent. Ce fut l’aventurier qui brisa le silence.

-Ma paye non ?

-Directement l’argent… Bien, voilà les bourses.

Elle claqua des mains, deux servants arrivèrent avec un petit plateau argenté, contenant dessus les trois bourses. Que les trois bourses. Cela fit grogner l’albinos de plus belle. Il regarda les bourses approcher et il rugit quelque peu avant d’entamer la suite de la discussion.

-Le jour n’est pas couché, vous avez dit quatre bourses dans ce cas. Ah moins que vous ne tiennez pas paroles, mais bon, j’en doute n’est pas.

-J’avais dis avant que nos invitées arrivent, et ils sont déjà dans le salon en attendant ma fille.

-Bien, dans ce cas, vous permettez.

Il attrapa le filet qui pendait à sa ceinture et jeta les têtes quasiment au pied de la propriétaire de la maison. Un sourire mauvais se dessina sur son regard. Il se força à ne pas crier d’en faire des trophées. Les servants, eurent la mine effrayée par tant de vision macabre. La balle était dans le camp de celle qui gouvernait la maison.

Les bras croisés sur sa poitrine, l’aventurier continuait de dévisager la matrone qui se trouvait devant lui. C’était un combat, de verbes et de lames qu’était la langue. Nivix avait dégainer une carte maitresse. Se montrer plus impressionnant que son adversaire, voilà une forme de cran qui plaisait souvent aux marchands en tout genre. Il avait scruté les prunelles des yeux de la femme devant lui, oubliant presque l’ensemble des paramètres aux alentours. Baisser les yeux, trop peu pour lui, il était un être fier même si la douleur continuait de lui tirailler le corps.

Ce fut cette dernière qui fit le premier pas et le tacla sur son geste, cela fit rire l’aventurier. En voilà une parole de noble, il s’étira sans aucune forme de courtoisie.

-Non, c’est trop peu pour moi, je ne suis qu’un vulgaire roturier je présume. Si ses trophées ne vous impressionnent pas, et bien, vous voyez, je m’en doutais. C’était une marque de … Respect typique des commanditaires de leur service. Le cran est celui qui différencie du bon au mauvais marchand.

Il la laissa jouer au foot avec les têtes même s’il n’aimait pas cela. Mais ce fut une bourse qui attira son attention qui émergea vers lui. Il l’attrapa au vol et la pesa en la faisant sauter dans sa main. Un sourire s’afficha sur son visage. Il attrapa les autres bourses sur le plateau et se baissa présentant son popotin à la femme pour ramasser les têtes.

-Certainement pas, my lady

Ses paroles sonnaient comme ceux de multiples serpents dans sa bouche. Il se tourna ensuite vers Onélie et afficha un autre visage.

-Pas de quoi Onélie, un conseil, deviens Marchande, apprend cet art et devient une meilleure dragonne que ta mère. Elle est si facilement marchandable héhé.

Des paroles qu’il avait choisies, il repartit vers la sortie. Le temps commença à se rafraichir, avant d’aller vers une taverne et une guérisseuse, il alla sortir du village, s’avançant dans les champs. Il fit une petite fosse et il enterra les têtes, les remerciant pour leur sacrifice. Cette journée avait été riche en émotion, une petite bière allait la faire remonter.