Si vous voulez connaître la bonne action d'Ahia, il va falloir remonter quelques jours plus tôt. Ain était de retour de l'archipel, elle avait dû y aller pour une quête lambda, une histoire sans importance. Mais la jeune femme avait le mal de mer et les voyages en bateau étaient toujours une torture pour elle... Pourtant, il n'y avait pas dix milles manières de se rendre sur les îles : en bateau ou à la nage. La première solution étant certainement la plus sage. C'était donc sur le chemin du retour que l'aventurière croisa le chemin de la garde : la première était roulée en boule dans un coin du bateau, le teint verdâtre et prête à se lever en catastrophe pour rendre ses tripes par dessus bord, la seconde n'était pas victime de ce mal et, par pitié ou gentillesse, elle avait donné une potion contre le mal de mer à l'aventurière. Rien de plus, rien de moins. Une histoire banale mais un geste pour lequel Ain était énormément reconnaissante.
C'était ainsi que les deux jeunes femmes s'étaient rencontrées. Puis, elles s'étaient dit au revoir sur les quais du grand port et chacune était repartie à ses occupations. Ain était retourné à l'auberge où elle logeait et s'apprêtait à enchainer une autre mission pour la guilde proche des côtes. Elle était donc resté dans le coin quelques jours supplémentaires et son chemin avait recroisé celui d'Ahia. Les retrouvailles furent brèves, mais la garde demanda à Ain si elle pouvait lui rendre un petit service. Se sentant redevable, Ain avait alors accepté sans connaître la nature de la requête et les deux femmes s'étaient données rendez vous le lendemain matin.
Ain se présenta donc à l'heure au point de rendez vous et attendit la garde, curieuse de connaître la nature de cette requête. Peut-être n'aurait-elle pas dû l'accepter sans savoir ce qu'elle allait lui demander ? Mais l'aventurière n'avait qu'une parole : elle devait un service à Ahia et comptait bien payer sa dette.
Petit Solnar abandonné
Ahia était récemment devenue Valkyrie. C’était quelque chose, de pouvoir se vanter de faire partie d’une unité d’élite! Elle était la plus jeune du groupe, du haut de ses vingt-et-un ans. Comme si ça ne suffisait pas, une bonne partie des membres étaient des femmes plutôt grandes en taille: avec son mètre soixante et des poussières, Ahia se retrouvait encore en bas de l’échelle. Mais rien d’inhabituel ni de bien contraignant pour elle, au contraire, elle était bien placée pour connaître les avantages de la petite taille. Au pire, ceux qui avaient le malheur de la tailler sur le sujet avaient toujours quelques dents à faire voler.
Pour célébrer son arrivée dans l’unité, elle avait rapidement été jetée dans une assignation avec ses collègues. L’occasion de faire connaissance, et de s’habituer au travail d’équipe. Elle devait s’attendre à faire bon nombre de missions avec les même personnes, alors la synergie était importante. Rien de particulier pendant l’assignation, si ce n’est le solnar blessé qu’elle avait trouvé dans la forêt au retour. Incapable de le laisser mourir sur place après l’avoir vu, elle avait entrepris de le ramener à la ville pour le faire soigner. C’était maintenant chose faite, mais il restait encore à le ramener en forêt… L’animal était peureux et la garde ne souhaitait pas le garder captif trop longtemps, ni risquer qu’il s’échappe en ville. Malheureusement, elle n’avait pas le temps pour retourner jusqu’à la forêt pour l’y déposer: ses semaines étaient plutôt chargées en ce moment, il lui était déjà difficile de se trouver des pauses.
La veille, Ahia avait recroisé la route de Ain, une aventurière croisée quelques jours auparavant sur le bateau qui les avaient ramenés à Grand Port depuis l’archipel. La petite blonde l’avait aidée à se débarrasser d’un violent mal de mer et avait vaguement fait connaissance. L'aventurière était sur le point de refiler du prédigéré aux poissons. Lorsqu’elles se sont recroisées, Ahia étant en fonction, elles s’étaient simplement arrangées pour se revoir le lendemain sans avoir le temps d’expliquer la situation. La garde se disait qu’une aventurière voyageait beaucoup et aurait certainement le temps de ramener un animal en forêt au détour de ses trajets - Ain accepterait peut-être de lui rendre ce service.
Ce jour là, le zénith approchait lorsque les deux jeunes femmes se retrouvèrent devant la caserne. Alors que l’aventurière attendait sagement, Ahia débarqua avec la bête entre les bras, toute souriante. Dans une tenue des plus légères, l’épée à la ceinture, elle fit remarquer son approche d’un simple appel.
- Ain! Salut!
Sous sa tignasse sombre, l’aventurière pouvait facilement être prise pour un homme. Elle avait la carrure imposante, dépassant Ahia d’une vingtaine de centimètres. Habituellement, la jeune garde évitait les aventuriers, leur vouant une antipathie systématique. La blonde n’avait eu que de mauvaise expériences avec ces gens-là. Heureusement, Ain n’avait pas l’air mauvaise du tout. Elle était silencieuse, un peu dans sa bulle, et Ahia préférait largement ça aux aventuriers présomptueux qu’elle croisait plus souvent. Elle lui avait apporté de l’aide sans savoir qu’elle était de la guilde, et cela lui avait permis de se rendre compte après coup que certains aventuriers n’étaient pas forcément des mauvaises herbes. Sa requête du jour lui servait aussi de test, à vrai dire: ce qu’elle avait toujours reproché à ces gens était un manque de considération cruel envers la nature. Si Ain acceptait de prendre soin du Solnar, Ahia pourrait peut-être se montrer un peu plus amicale avec la guilde. Si, au contraire, elle jugeait qu’elle n’avait pas de temps à perdre pour un bête animal, ça ne ferait que confirmer à la blonde ce qu’elle avait toujours pensé.
- Bonjour
Elle observa silencieusement la garde. Elle avait l'air joyeuse et en pleine forme, mais ce n'était pas le cas du renard qu'elle avait avec elle. Peureux, il cachait sa tête sous l'aisselle de la jeune femme et essayait de se cacher sous ses multiples queues... C'est à ce moment qu'Ain remarqua qu'il ne s'agissait certainement pas d'un simple renard mais d'un Solnar. Il avait huit queues et les remuaient anxieusement.
Est-ce que l'objet de ce service concernait cet animal ? Certainement sinon Ahia ne l'aurait certainement pas amené avec elle. Il n'était pas grand, mais on ne pouvait pas non plus le qualifier de petit. Roulé en boule, on l'avait l'impression d'une grosse masse de poils roux mais adulte, ces créatures pouvaient facilement mesurer un mètre au garrot à taille adulte. Celui-ci était encore jeune, mais ce n'était plus un bébé.
- Du coup, dis moi, qu'est ce que je peux faire pour toi ?
Ain était une fille direct. Elle ne passait pas par quatre chemin et filait tout droit. Elle n'était pas pressé par le temps non plus mais elle n'aimait pas en perdre inutilement...
Petit Solnar abandonné
Ahia pouvait rapidement constater que l’aventurière était toujours la femme silencieuse et réservée qu’elle avait rencontré. En arrivant à portée de bras, la garde s’arrêta pour déposer l’animal au sol, qui se colla aussitôt contre ses jambes en regardant l’inconnue. Il semblait avoir rapidement compris que la blonde était bienveillante, mais restait très méfiant du reste. Ain n’attendit pas plus pour demander de quoi la requête retournait, sans doute avec déjà une idée en tête. En effet, pas besoin d’être un génie pour comprendre que la demande concernerait le solnar. Les pommettes de la valkyrie prenaient un teint lorsqu’elle se mit à expliquer la situation, se grattant l’arrière du crâne nerveusement.
- Je l’ai trouvé blessé à la lisière de la forêt à l’est de Grand Port, en revenant d’assignation… Il est soigné, maintenant, mais je n’arrive pas à trouver le temps d’aller le ramener chez lui. Vu que tu es aventurière, j’ai pensé que tu voyageais pas mal et que tu pourrais peut-être t’en occuper si tu quittais la ville…
Elle marqua une pause pour observer la réaction de l’aventurière. S’occuper d’un animal pouvait être contraignant, mais l’affaire pouvait être réglée rapidement puisqu'il suffisait de le ramener en forêt. Le solnar n’était pas bien difficile, de toute façon. Il avait trop peur pour bouger, et était encore assez jeune pour être porté sans trop de difficulté.
- Il est timide, ne t’inquiète pas, il n’est pas difficile à gérer… Je pense qu’il te suivra volontiers quand il aura compris que tu es gentille! Tu ne risques pas de le perdre même en étant aussi distante, héhé… Et puis, il est tout doux…
La petite blonde regardait l’aventurière, les yeux pétillants, espérant de tout coeur qu’elle accepterait. Elle n’avait pas vraiment d’autres solutions pour faire en sorte que l’animal rentre chez lui.
Lorsqu'Ahia lui expliqua la situation et lui présenta sa requête, les yeux d'Ain se posèrent sur le petit Solnar. Ce dernier sans doute effrayé de voir une si grande dame avec un regard aussi froid, se blotti davantage contre la jambe d'Ahia.
S'occuper d'un animal ? Elle aurait sans doute refuser, elle n'avait aucune idée de comment on s'occupait de quelqu'un -animal ou pas- Vif avait lui même décidé de la suivre et l'aventurière n'avait pas à s'en occuper, juste à le supporter et c'était déjà énorme. Après s'il ne s'agissait que de le ramener dans la forêt, cela ne devrait pas poser de problème... La jeune fille avait terminé sa mission au grand port et n'était pas spécialement pressée de rentrer à la capitale. Un petit détour ne lui couterait pas grand chose.
- Oui, je pourrais le déposer là bas sur le retour.
Elle regarda le petit Solnar tout craintif.
- Enfin, s'il veut bien me suivre.
Ain n'avait aucune idée de comment apprivoiser un petit animal. Elle n'avait aucune idée de ce à quoi ils pensaient -à par Vif qui chantait tout le temps dans sa tête- et ne savait pas comment faire en sorte que le petit Solnar veuille pas l'accompagner. Elle le raccompagnerait volontiers à la forêt, mais elle n'avait aucune envie de l'amener contre son gré.
Petit Solnar abandonné
Le sourire d’Ahia s’agrandit dès qu’elle entendit la réponse d’Ain. Elle n’avait pas l’air particulièrement enjouée à l’idée de filer le coup de main, mais c’était peut-être juste son indifférence habituelle. La garde s’accroupit pour caresser la tête du solnar avant de le pousser vers l’aventurière.
- Aller mon gros, il est temps de rentrer chez toi! T’inquiète pas, elle est gentille… Tu veux bien la suivre?
L’animal se laissait pousser, mais ne semblait pas vouloir avancer plus et retournerait certainement se cacher dans les jambes de la blonde si elle le lâchait. Elle releva la tête vers Ain pour l’inviter à accueillir le canidé, qui ne risquait pas de sauter dans ses bras si elle ne les lui ouvrait pas.
- Viens! Il faut lui montrer qu’il peut te faire confiance… Lui donner un peu d’affection! Ça peut prendre un peu de temps mais il devrait comprendre.
En vérité, Ahia ne savait pas trop si l’aventurière était seulement capable de faire preuve d’affection. L’armoire à glace avait bien son côté glace.
- Euh… Tu sais t’occuper d’animaux? C’est pas dur, il faut juste faire attention à ce qu’il aille pas se perdre quelque part, le nourrir si il a faim, et… Oh, je suis bête! Il t’aimera bien si tu lui donne à manger! Mais j’ai pas pris de bouffe… Tu veux qu’on aille chercher un truc? Il suffira d’un peu de viande.
La petite blonde se releva d’un trait, prête à aller chercher le nécessaire en ville. Puisqu’il allait être midi, c’était aussi l’occasion pour elles d’aller manger un bout. Ahia prenait généralement ses repas à la caserne, mais elle profiterait du temps de midi pour manger en ville et s’assurer que le solnar accepte de suivre Ain.
- On peut même manger en ville, si tu veux! J’ai un peu de temps à midi, on peut en profiter.
Ça lui donnerait aussi l'occasion d'apprendre à connaître un peu mieux l'aventurière.
Lui montrer de l'affection. Ain n'avait aucune idée de comment faire. Elle n'avait jamais eu à se battre ou à faire le moindre effort pour gagner de l'affection : elle n'en avait plus cherché depuis des années. Elle hésita un moment et fini par s'accroupir pour être à la hauteur du renard et lui tendre la main doucement afin qu'il vienne flairer son odeur... Le petit Solnar approcha son museau et lui renifla doucement les doigts. C'était déjà une première étape. Pendant ce temps, Ahia lui donnait des conseils sur comment s'occuper de cet animal. Ain nota tout mentalement -en réalité ce n'était pas grand chose- mais elle espérait pouvoir le relâcher rapidement pour ne pas devoir mettre en application ces conseils.
Finalement, le petit Solnar vint poser sa tête contre la main d'Ain, la jeune femme pu ainsi lui caresser un peu entre les oreilles. Il était vraiment doux et chaud. Quand Ahia proposa à la jeune femme d'aller manger quelque part pour le midi, Ain hocha la tête et se releva en lui répondant :
- Oui pourquoi pas. Je partirais après mangé dans ce cas.
Seulement, elle s'était relevé un peu trop vite et le mouvement brusque avait effrayé le Solnar qui était aussitôt retourné se cacher derrière les jambes d'Ahia. Ain jeta un petit coup d'oeil à l'animal et fut un peu déçu de sa réaction, malgré elle, elle avait apprécié le contact avec le renard.
Elle releva la tête pour faire face à la garde et lui demanda alors :
- Tu veux aller manger où ? Je te suis.
Ain n'avait aucune préférences en matière culinaire et elle ne connaissait pas assez la ville pour servir de guide. Et puis, elle ne savait pas combien de temps Ahia avait pour manger, mieux valait ne pas trop s'éloigner de la caserne.
Petit Solnar abandonné
Suivie par l’aventurière, je vais donc m’enfoncer dans les rues animées de la ville, le solnar dans les jambes. Ain n’est pas bavarde, mais pas difficile non plus. Je me laisse guider par l’odeur, finissant par m’arrêter à une auberge où des tables étaient à l’extérieur pour éviter de faire rentrer l’animal.
- Ici!
Je m’installe à une petite table en attendant que quelqu’un vienne prendre la commande. Ain doit avoir l’habitude de manger à l‘auberge, elle. Enfin, je suppose… Je ne connais pas grand chose à la vie d’aventurier - ce n’est pas comme si je m’y étais déjà intéressée.
- Prend un truc avec de la viande et donne-lui des morceaux. Je t’offres le repas!
Un serveur ne tarda pas à arriver pour s’occuper de nous. Après avoir déballé la liste des plats disponibles, je fais mon choix et écoute celui de ma compagne du jour. Un courant d’air chaud me caresse la peau, apportant l’odeur de la mer à mes narines. Je suis contente d’être de retour ici, même si l’archipel n’est pas déplaisant. Tant qu’il fait bon, je suis heureuse...
- Je ne parle pas beaucoup avec des aventuriers. Tu manges souvent à l’auberge? Ça doit être cool de pouvoir aller où tu veux quand tu veux…
Maintenant que j’y pensais, une multitude d’interrogations inondaient mon esprit au sujet de la vie d’aventurier. Pour être honnête, ce style de vie m’a l’air un peu barbare. Mais je devrais sans doute éviter de le dire, ça… Et Ain devrait en profiter, parce que c’est pas tous les jours que je réfléchis avant de l’ouvrir.
- Prend un truc avec de la viande et donne-lui des morceaux. Je t’offres le repas !
Ain hocha la tête.
- Je te remercie.
La serveuse ne tarda pas à venir leur proposer la carte et prendre leur commande. Suivant les recommandations d'Ahia, l'aventurière prit un simple morceau de viande cuit à la broche. Habituellement en bord de mer, les restaurant proposaient plus de poissons mais est-ce qu'un renard aimait cela ? Elle n'en avait aucune idée. La serveuse revint pour leur servir de l'eau et reparti envoyer leurs commandes en cuisine.
- Je ne parle pas beaucoup avec des aventuriers. Tu manges souvent à l’auberge? Ça doit être cool de pouvoir aller où tu veux quand tu veux…
La jeune femme haussa les épaules. A vrai dire elle ne mangeait à l'auberge que quand elle était accompagné. Lorsqu'elle était seule, même en mission, elle se contentait des provisions qu'elle avait sur elle : la plupart du temps de la viande sèche, du pain et quelques fruits qu'elle acheter sur les marchés. C'était rapidement redondant pour des gens qui aiment bien manger mais comme l'aventurière s'en moquait pas... Elle s'en contentait sans problème. Et cela lui permettait de mettre pas mal d'argent de côté après ses missions, elle se demandait comment faisait certains aventurier pour vivre de leurs quêtes si ils dépensaient tout en nourriture ou en lit.
- Oui, je n'ai de compte à rendre à personne. Mais je ne mange pas tant que ça à l'auberge. C'est rare même.
Elle avait beaucoup de mal à engager la conversation et ne savait pas comment en entretenir un. Il faut l'avouer, Ain n'était pas la meilleur des compagnies. Mais c'est à ce moment que Vif, le petit familier chantelune de la jeune femme, arriva depuis le ciel pour venir se poser sur la table. On va manger ? Miam miam ! Le petit oiseau faisait sa vie de son côté mais malgré tous les efforts d'Ain pour s'en débarrasser, il restait toujours lié à elle. Il sautillait sur la table tout joyeux d'être en compagnie de sa maîtresse, un peu intrigué par la jeune femme avec elle et très intrigué par le petit animal roux collé dans les pattes de la dernière. Dis maman ! C'est quoi ce chat ? Ain secoua la tête. Non c'est un Solnar, et on va faire un bout de trajet avec lui donc soit gentil. Intrigué, le chantelune descendit de la table et sautilla jusqu'au petit renard. Peut-être était-ce à cause de leur différence de taille, mais le Solnar ne semblait pas effrayé par Vif et il s'était même avancé pour venir le reniflé.
Ayant oublié qu'Ahia ne pouvait pas entendre leur discussion mentale, Ain précisa ensuite :
- C'est Vif. Mon... familier. Je crois. Il n'est pas méchant mais il vole dans les assiettes donc méfie toi.
Cela pourrait être prit sur le ton de l'humour mais Ain était très sérieuse. Depuis qu'elle avait apprit que l'oiseau mangeait de la viande et parfois en plus grande quantité que l'humaine... Elle faisait attention à son assiette. Pas pour son assiette. Mais parce qu'après le chantelune finissait toujours malade : le sanglier n'était pas présent dans son régime alimentaire. Normalement.
Petit Solnar abandonné
Après m’avoir répondu, Ain resta silencieuse et un oiseau arriva sur notre table, absolument pas effrayé par nous ni même le solnar à nos pieds… Après un petit moment de confusion, l’aventurière m’explique que c’est son familier. Bien! Elle doit donc tout de même savoir s’y prendre un minimum avec les animaux! En revanche, ça ne retire rien au caractère suicidaire du chantelune: c’est un solnar sauvage, rien ne l’empêcherait de lui sauter dessus pour le manger. Heureusement, les repas arrivent rapidement et Ain peut lui donner d’autres morceaux de viande à la place.
- Tu devrais faire gaffe, le solnar pourrait avoir envie de le manger.
Le repas passe rapidement puis, comme promis, je paye pour nous deux. Ou nous trois, plutôt. C’est la moindre des choses pour quelqu’un qui me rend un service! Malheureusement, je n’ai pas beaucoup plus de temps pour flâner dans les rues de la ville. Il va falloir que je retourne à la caserne. Enfin, je pense que je n’ai plus rien à craindre pour le solnar, il a l’air entre de bonnes mains pour rentrer chez lui.
Je m’accroupis donc pour caresser l’animal une dernière fois avant de le laisser partir. J’aime me dire que je le recroiserai sûrement par hasard, un jour, en marchant en forêt… C’est sans doute naïf. Je me relève finalement pour dire au revoir à Ain.
- Je dois retourner à la caserne. J’ai confiance en toi pour le solnar, merci beaucoup d’avoir accepté de t’en occuper!
On se quitte sur ses mots, je laisse alors l’aventurière vaquer à ses occupations. Me voilà bien allégée… J’espère que le lieutenant n’apprendra pas que j’ai ramené un animal sauvage dans les dortoirs.
Au final, le repas c'était déroulé dans le calme et rapidement Ahia devait retourner à la caserne. La jeune femme caressa le petit renard, le confiant aux bons soins de l'aventurière et la salua avant de repartir. Laissant Ain avec les deux bêtes qui semblait sympathiser : Vif perché sur l'épaule et le petit Solnar collée à sa jambe, regardant partir la garde le long des quais.
Ain baissa les yeux vers son nouveau compagnon. Elle lui posa la main sur la tête et parti du restaurant pour vaquer à ses occupations... Elle avait déjà prévu de partir le lendemain pour le village perché, le petit Solnar n'aurait pas attendre longtemps avant de retrouver les siens.