- Bonjouuuur ! Claironna Solveig en débarquant comme une tornade dans les écuries quasiment désertes. Deux garçon d’écuries étaient déjà en train d’attaquer leurs premiers boxes. Le premier leva une tête endormie, lui fit un vague signe de la main et replongea dans son travail tandis que le second arbora rapidement un grand sourire chaleureux. - Tu es bien matinal Ben ! Le nargua la jeune femme tout en déposant tout ses bagages devant la sellerie.

- Ahah… Les chevaux n’attendent pas. D’ailleurs ta ponette est imbuvable. Tu le sais ça ?
Se frottant l’arrière du crâne, la garde eut un rire nerveux.
- Je sais, je sais, elle n’est pas facile. Mais c’est une sacrée jument ! Insista-t-elle. - Je ne l’ai pas faites rapatriée du village perché pour rien !
- Ouais… Bah moi je peux te dire qu’elle a une sacrée mâchoire et une bonne détente des postérieurs.
- Si tu la traite de ponette aussi… Lui répondit-elle sur un ton taquin tout en prenant le filet sur l’épaule puis la selle sur son avant bras. En vérité, Solveig savait très bien à quel point la jument était difficile, elle était sa cavalière depuis maintenant trois ans. Toutefois, aussi teigne fut-elle, Adonis connaissait parfaitement son travail. Tirer à l’arc sur son dos était d’une facilité déconcertante, de même qu’elle n’avait quasiment peur de rien. Son pied était sûr et elle avait suffisamment d’endurance pour faire plusieurs jours de marche tout en essayant de virer son cavalier et le tout sans jamais se fatiguer. La jument avait aussi la fâcheuse tendance de mordre son soigneur dès qu’il avait le dos tourné. Après toutes ces années, la jeune Prêth ne comptait plus le nombre de coup de dent qu’elle avait reçu même si elle arrivait à les esquiver la plupart du temps. Les années passant, Adonis avait aussi commencée à s’adoucir. Mais pas avec tout le monde apparemment.

- L’captaine avait prévenu que tu partirais en mission, elle est déjà à l’attache. Je comptais la seller mais t’es arrivée avant. M’enfin, je vais pas te mentir, ça m’arrange bien. Puis il éclata d’un rire franc, vite imité par la jeune femme.
- T’en fais pas, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu. Puis un long trajet nous attend, elle bien le droit d’être pomponnée un peu. Elle sortie enfin du petit local et se dirigea vers les attaches, Ben tenant ses bagages dans son dos. A son approche l’animal dressa la tête et les oreilles puis émit un petit hennissement râleur.

En plus d’avoir mauvais caractère, Adonis n’était pas une jument que l’on aurait pu qualifié de magnifique. Pourtant des beaux chevaux, la garde en possédait. Certains d’un blanc immaculé, d’autre d’un noir de jais, tous largement plus grand que Solveig est avec une prestance inégalable. Sa jument à elle, était petite, compacte avec une tête carrée et une robe alezane. Seules quatre balzanes haut chaussées et une liste demi belle face venaient troubler son pelage harmonieux.    

- Bah alors morue ! T’embêtes encore tout le monde ? Pour toute réponse, l’animal renâcla et gratta le sol. « Teigneuse. Ca te fera du bien de bouger tu penseras moins à mordre. » a peine eut-elle terminé sa pensée qu’un coup de mâchoire claqua tout près de son bras. Une chose était certaine, Adonis n’avait pas été perturbée le moins du monde par son changement de lieu de vie. Solveig s’amusa beaucoup à la préparer, elle avait l’impression de retrouver une vieille amie. Ce qui était le cas d’une certaine façon. Au bout de plusieurs minutes elle posa enfin la selle sur le dos de l’animal puis vint le tour de ses bagages. Ses armes vinrent prendre leurs places aux emplacement qui leurs étaient destinés et enfin, elle lui passa le filet.

- Bon. Je crois que nous sommes parées !
- Parfait, reviens nous vite ! Je dois filer, j’ai déjà trop traîné. Il l’a salua d’une tape sur l’épaule et fila en quatrième vitesse.
- Aller, il est presque l’heure. Évitons de faire attendre notre coéquipier dès le premier jour. Dit-elle amusée en détachant la bride. Mettant le pied à l’étrier il lui fallut deux tentatives avant que la jument ne daigne lui laisser le loisir de poser son fessier sur la selle. Et une fois qu’elle y fut, c’est une série de coup de cul et de baissage de tête qui l’accueillirent. - C’est quand tu veux. Bougonna-t-elle lorsque enfin elle fut calmée. Forcée de constater que sa cavalière n’était toujours pas décidée à se vautrer, Adonis partie de son petit trot caractéristique en direction de la cour de la caserne.

Le jour ne s’était pas encore vraiment levé, l’aurore perçait tout juste les nuages lorsqu’elle arriva presque à la sortie. Malheureusement avant qu’elle n’eut le temps d’apercevoir correctement la personne qui s’y tenait, sa jument effectua un franc demi tour qui manqua de la désarçonner. - Tu es vraiment incroyable ! Tonna-t-elle. - Tu veux jouer à ça ? On ira en marche arrière si il faut ! Baissant les mains, mettant une légère pression sur son enrênement et sur les flancs de l’animal elle l’obligea à se dérober vers l’arrière. - Si tu te crois plus têtue que moi ! En quelques foulées, elle se retrouvèrent à la hauteur de son nouveau camarade. Prenant les rênes à une main, les yeux rivés sur l’encolure de la jument qui menaçait de faire un coup en douce à tout moment, elle frappa l’épaule de la personne à côté d’elle. - Salut collègue ! Alors c’est avec toi que je… Cette odeur… Ses oreilles se dressèrent droites comme des i et ses yeux décollèrent pour aller se poser sur l’homme. - Valentino ?!    

La veille, j'ai été appelé assez tôt par le capitaine, étant officier c'est à moi qui la mission fut confiée et quelle mission? Je ne connais pas forcément tous les détails de l'affaire, pas sûr que le capitaine lui-même soit au courant de tout, mais de ce que j'en sais, il est question de faire un lien entre la mystérieuse tour apparue dans la forêt et la lutte de la cité enfuie qui s'est déroulée il y a quelques mois! Quel lien entre les deux? Une entité qui a été nommée "Umbra", information confidentielle non-connu du publique et qui m'a été révélée en même temps que la mission m'a été confié par le capitaine Al Rakijia, apparemment cette saloperie se trouvait tout au fond de la cité enfuie et elle serait également responsable de l'apparition soudaine de la tour, sorte de complexe de recherche sur plusieurs magies ancienne concernant le temps et l'espace... Maintenant, les personnes au courant de tous ces liens sont inquiètes : après tout, qui sait si cette apparition soudaine pourrait pas se répéter ailleurs dans le royaume? Il a donc été décidé de remuer un peu tout ce merdier, faire tous les liens possibles, et surtout trouver de véritables réponses à ces énigmes qui s'accumulent sur la base d'un passé trop ancien pour être simplement étudié... Et forcément quand il est question de fouiller la merde bah, on va pas dire que je suis le meilleur parce que ce serait un peu égocentrique, narcissique et prétentieux mais bon... J'suis quand même le meilleur! Du coup, le capitaine me confie la mission en me disant de prendre un petit groupe d'homme avec moi pour cela, forcément ça pourrait être dangereux donc j'vais pas y aller seul surtout que, personnellement, j'ai pas vraiment prit part à ces deux affaires qui, de base, ne me semblaient pas liés. J'avais d'autres affectations à l'époque... Le soucis, c'est que plus je prends de monde, plus ça met de personnes dans la confidence et plus on prend le risque d'une fuite... Vu que je ne veux pas alerter la population sur une potentielle menace temps que rien n'est concret, je préfère éviter donc je lui demande s'il devait me recommander une unique personne de confiance qui cela serait? Il me dit qu'une Valkyrie aurait été dans la cité enfuie et serait plus que capable? Parfait, j'ai donc rendez-vous avec la jeune femme le lendemain.

Le lendemain, soit aujourd'hui, j'ai peu dormi en réalité... On s'apprête à faire un long trajet et ça m'emmerde un peu de quitter le grand port alors qu'il y a plusieurs missions qui me concernent en court : déjà le manoir Arkhinam qui s'est fait dépouillé, je trouve ça étrange on a retrouvé deux criminels morts mais j'vois pas comment deux petites frappes comme eux auraient pu faire un coup pareil : entrer dans l'enceinte de la demeure en faisant disparaître un barreau, voler l'ensemble des richesses de la famille et fuir avec un carrosse? Les gardes sur place affirment que le cocher était connu, pourtant aucune trace de cette personne, tout ce que l'on sait c'est que c'était une femme sans parler de la servante qui travaillait tard et qui a soudainement disparue, selon moi la même personne donc... Malheureusement je ne vais pas pouvoir plus que cela mener l'enquête pour l'instant mais je vais confié à un garde de confiance de mener l'enquête pour moi et de me transmettre tout ce qu'il, ou plutôt elle, aura trouvé! Une lettre a donc été envoyé à Saori durant la nuit, excepté moi je ne connais pas de meilleur enquêteur, il lui sera simple de trouver tout ce qui cloche dans cette histoire! Autre chose, mon enquête non-officielle sur les nobles... Pour cela, je laisse le soin à Khalie de continuer l'affaire, puisque la jeune garde m'a surpris alors que je fouillais dans mes dossiers et qu'elle m'a déjà aidé une fois, j'ai prie la décision de lui faire confiance et de lui confier l'enquête durant mon absence. J'aime pas trop déléguer ainsi mes affaires, surtout quand elles ne sont pas officielles car la jeune femme ne pourra pas réellement demander d'aide cependant, je la pense capable de se débrouiller!

Enfin bon, quoi qu'il en soit, je suis au point de rendez-vous, debout comme un i, une clope au bec en train d'attendre ma coéquipière... J'sais pas encore de qui il s'agit, j'pourrais sans doute m'en douter en fait, y a des liens assez évident pour le coup mais j'ai trop de truc en tête pour réellement y penser... A mes côté un magnifique étalon d'un noir de jais, gracieuseté de la garde, j'ai pas mon propre cheval mais pour ma belle gueule faut forcément un cheval majestueux, puis bon... Il est simple a monté et suffisamment bien dressé pour pas m'emmerder durant le trajet donc tout va bien dans le meilleur des mondes je suppose... On s'est donné rendez-vous assez tôt, ou plutôt j'ai demandé au capitaine de lui dire de venir assez tôt, puisqu'on est supposé faire cela assez discrètement vu que je ne veux pas éveiller les soupçons, autant partir avant d'être vus! Soudain je vois une personne arriver, je me dis que cela doit être ma coéquipière sauf que non, elle fait demi-tour... Je soupire doucement, il est pourtant déjà l'heure du rendez-vous, apparemment ma partenaire va arriver en retard, ça commence déjà bien! Quoi que... Attendez quoi? Voilà que la personne recommence à venir dans ma direction mais, à reculons? C'est quoi cette embrouille? Possibilité d'être plus discret et surtout plus crédible? C'est ça la partenaire de confiance que le capitaine m'a trouvé? J'ai comme un doute alors que je crache la fumée dans les airs je me dis que j'aurais sans doute préféré n'importe qui d'autre et plus elle se rapproche, plus mon cœur accélère dans ma poitrine... C'est définitif, j'aurais vraiment préféré n'importe qui d'autre!

En effet, plus elle approche plus je reconnais la jeune femme, Solveig Prudence Prêth... J'aurais dû le savoir en plus non? Une personne en qui le capitaine a confiance? Membre des Valkyries? Il y avait en effet de grandes chances que ce soit une amie de longue date, même si c'est argument n'est sans doute pas totalement vrai, après tout étant capitaine il a sans doute confiance en tous ses hommes? Mais bref, j'ignore si c'est le battement accéléré de mon cœur ou mon odeur personnelle qui me trahie, après tout la belle hybride a des capacités hors du commun à ce niveau, mais elle arrête sa phrase pour se tourner vers moi en prononçant mon nom et je soupire doucement en souriant. "Décidément, c'est la seconde fois que je reste bouche bée en te voyant arriver, même si ce n'est pas pour la même raison..." Je me gratte l'arrière de la tête, pourquoi suis-je obliger de faire référence à notre première rencontre? Je la regarde un instant et ne peux m'empêcher de la trouver magnifique, en fait je manque même de lui faire la remarque mais je me retiens au-dernier moment, après tout, nous avons été clairs elle comme moi : notre relation doit rester amicale! Sans doute la décision la plus difficile de mon existence mais c'est sans doute mieux! Je souris doucement, tristement aussi peut-être devant ce constat mais je me reprends bien vite, nous sommes là pour une mission après tout!

"Bon, mettons-nous en route! Tu me brieferas sur ce que le capitaine a eut le temps de t'expliquer concernant la mission et je comblerai les trous si jamais il y en a... Aucune allusion!" Et je soupire doucement, pourquoi est-ce que je me sens obligé d'ajouter cela? Bref, je monte sur mon cheval et je me mets en route avec la belle.

Solveig ne savait définitivement plus où donner de la tête. Sa main toujours en suspend, ses yeux grand ouverts et ses oreilles qui tombèrent mollement de chaque côté de sa tête. Tout trahissait la stupeur qu’elle était en train de vivre. Elle aurait voulu n’importe qui comme compagnon de route, même ses camarades de chambre, le lieutenant Calyx ou encore un inconnu aurait fait l’affaire. Mais pas lui… Pas aussi tôt. Évidemment elle ne remettait pas en cause les capacités de Valentino. Il était son supérieur hiérarchique et elle l’avait même affronté amicalement une fois. Elle savait donc partiellement de quoi il était capable et elle lui faisait totalement confiance. C’était pour son attachement envers lui qu’elle aurait préféré l’éviter. Il était certain qu’il n’avait jamais eut de véritable relation à proprement parlé mais il y avait tout de même eut cette alchimie. Alchimie qui avait réussi à lui insuffler un léger espoir. Espoir vite piétiné par la suite. Quoi qu’elle ait pu en dire, cela lui faisait terriblement mal et revoir ce visage n’aidait en rien.

Alors, du mieux qu’elle put, elle lui afficha un grand sourire. Riant nerveusement à sa première phrase. Comment pourrait-elle supporter un tel voyage si il disait ce genre de chose ? Elle ne le savait pas mais dans tout les cas, il ne devait rien se passer. Il ne se passerait rien. Céder à ses envies reviendrait à compliquer les choses et s’infliger une peine inutile. De plus, Yuduar lui faisait confiance concernant cette enquête et elle était bien déterminée à lui donner satisfaction. Alors pour une fois, il faudrait qu’elle se bride, qu’elle ne laisse pas sa nature joviale et sociale empiéter sur son travail. C’était le première qu’elle devait ainsi se priver. En temps normal, elle se serait bien fichu de l’avis du commun des mortels mais cette fois était différente. Le garde semblait partager son avis puisqu’il talonna doucement son cheval après l’avoir enfourché. Étrangement Adonis se montra plutôt calme et Solveig put lui faire faire demi tour et prendre la route sans difficulté.

Une fois remontée aux côtés du cheval de Valentino dont la foulée équivalait facilement à deux de sa jument, elle toussota tout en cherchant quoi dire. - Ahahah… Je fais souvent cet effet là ! Tu devrais le savoir ! Enfin… Euh… Ma prestance naturelle ! « Oui… Continue de t’enfoncer Solveig, tu as raison, la situation n’est pas suffisamment gênante comme ça. Combler les trous, prestance naturelle. Oui oui oui… Vous êtes sur la bonne voie. » ironisa-t-elle silencieusement tout en s’imaginant sauter de la première falaise qu’elle croiserait tant la gêne était palpable. - Bon euh… Sinon… La mission! Dit-elle tout en essayant de briser le lourd silence qui s’était emparé de leur duo, dérangé par le seul bruit des sabots sur le sol. - Tu as dû entendre parler de ce qui s’est passé l’année dernière dans la grande forêt. Une tour est apparue, on ne sait pas vraiment le pourquoi du comment. Toujours est-il qu’il s’est passé des choses étranges. Les rapports des aventuriers sont assez fouillis, ils sont tous allés au même endroit mais aucun d’eux ne s’est croisés, certains ont fait des trouvailles d’autres pas, le prince à disparu sans laisser de trace… Bref, assez incompréhensible. Juste après l’expédition… Quelque chose à changé avec cette tour et elle n’est devenue… Qu’une tour. Puis nous avons retrouvé le prince, en un seul morceau fort heureusement mais son esprit avait été… Touché ? Dit-elle sans être sûre que ce soit le bon terme à employer. - Dans tout les cas, lui et la reine ont très vite été touchés par des rêves étranges. Je n’ai pas beaucoup de détail a ce niveau mais ce que je peux dire c’est qu’après ça tout avons découvert la cité enfouie. Je n’ai pas joué un grand rôle dans cette expédition. J’ai été envoyé la bas en renfort sur les protections extérieur et je ne suis entrée dans les souterrains que pour aider les dernières équipe à sortir. Toutefois je peux t’assurer que la forme de magie présente là-bas était semblable à celle de la tour. Sauf que nous n’avons pas encore saisit comment cela fonctionne. Elle leva les yeux vers lui pour le première fois depuis son arrivée. - La tour a de nouveau été fouillée après l’expédition sauf qu’ils n’ont rien trouvé. Notre but est de repasser derrière eux afin de s’assurer qu’aucun élément ne nous à échapper. Le capitaine à peur que ce genre de chose puisse se produire au sud. Ce serait un véritable désastre. N’importe où dans le royaume ça le serait d’ailleurs. Enfin… Voilà. C’est ce dont je suis au courant. Tu as des trous à… Combler ? Ajouta-t-elle sur un ton qui se voulait mi taquin mi timide. Au point où ils en étaient une petite blague de mauvais goût en plus ne leur ferait pas de mal.  

Mais quelle situation de merde sérieusement, comment je suis censé rester de marbre face à elle moi? Je n'ai aucun doute sur les capacités de la jeune fille, bien au contraire en temps que soldat je suis certain qu'elle est l'une des meilleure que l'on puisse me suggérer mais tout de même, je suis censé me concentrer sur la mission alors que, lorsqu'elle me parle, je ne peux détacher mon regard de ses lèvres et avouons-le, je ne pense pas forcément à l'écouter à cet instant! Elle fait souvent cet effet? Je devrais le savoir? Sa prestance naturelle... Est-ce que l'on part en mission ou est-ce qu'on est en train de flirter l'un avec l'autre? Je ne peux en être sûr, j'espère que non cependant... À moins que je n'espère que oui? Difficile à dire mais malheureusement, il va falloir se concentrer pour ne pas craquer... À quel propos? Je ne peux même pas le dire, le trajet sera long jusqu'à la tour qui est notre objectif, malheureusement c'est un trajet que l'on va faire juste nous deux ensemble, personne pour nous accompagner ou, j'ose le dire, nous chaperonner et cela me fait légèrement peur... J'ignore ce qu'il peut arriver durant ce voyage, je ne crains pas les bêtes sauvages, les brigands ou les rencontres dangereuses que l'on pourrait croiser, je crains les moments durant lesquels il n'y aura rien de tout cela, les instants durant lesquels nous serons seul elle et moi, ces moments de calme, de discussion et de rire qui vont me rappeler notre première soirée ensemble! J'ai peur de ce que je vais penser, de ce que je vais dire et de ce que je risque de faire en réalité, c'est bien trop tôt, je n'ai pas eu le temps d'arrêter de penser à elle, de la voir autrement que comme la belle avec laquelle j'ai voulu plus qu'une simple aventure, je suis encore incapable de la voir comme une simple amie...

Heureusement, enfin je suppose, elle semble plus apte que moi à rester concentrer sur l'essentiel, c'est un peu ridicule quand on y pense, c'est moi le supérieur hiérarchique et c'est elle qui garde la tête froide... Bon, elle ne me regarde pas réellement mais que voulez-vous, chacun sa manière de gérer une situation, je ne peux pas lui en vouloir vu ma propre incapacité à le faire actuellement! Elle me dit donc ce qu'elle sait en détail, énormément d'informations, la plupart connues par le publique en fait... Elle termine cependant ses paroles en me demandant si j'ai des trous à comblé et je la regarde un petit instant sans trop savoir que répondre... Ce côté taquin, c'est parce que nous nous sommes taquinés l'un l'autre que tout a commencé au départ! Je pourrais lui répondre, sortir une phrase digne de moi, digne de cette soirée, lui demander si elle aimerait que je comble quelque chose, lui dire que j'aurais bien quelques idées, lui signaler que dans un premier temps, cela ne concernera que la mission et laisser sous-entendre que ce ne sera pas forcément toujours le cas mais tout cela... Non, ce serait jouer avec le feu, je ne veux pas repartir les braises de notre relation alors que je sais que la moindre étincelle pourrait les transformer en brasier, enfin pour moi en tout cas... Du coup, je me racle la gorge de manière assez sonore, restons concentré sur la mission.

"C'est plus ou moins exact oui... Cependant, il y a une information que la plupart des gens ne savent pas, une information que le capitaine a partagé avec moi : au fin fond de la cité enfuie se trouvait une entité qui a été baptisé l'Umbra... Ce-dernier a disparu cependant, ce serait cette créature qui aurait corrompu la tour et qui serait responsable de son apparition il y a un an... Concernant la tour, on suspecte que ce soit en réalité un centre de recherche mobile sur des magies anciennes concernant le temps et l'espace... On pense qu'elle existerait depuis plusieurs siècles voir même plus en fait... Le truc c'est que, si l'Umbra peut faire apparaître un tel édifice, peut-il en faire apparaître d'autre maintenant qu'il s'est enfui? Et surtout, est-ce la seule entité capable d'une telle action? Bien-entendu, ce ne sont que des suppositions mais ça expliquerait pourquoi après le retour du prince il ait commencé à faire des rêves menant jusqu'à la cité enfuie... Notre but, c'est donc de trouver s'il y a vraiment un lien et si oui, est-ce que cela pourrait amener un nouveau danger quelconque au royaume..."

J'pense qu'avec ça on a fait le tour des informations, je vois pas la nécessité d'en dire plus, d'ailleurs j'suis assez fier d'avoir tenu tout ça au purement professionnel sauf que bon, j'suis quand même pas mal un grand connard un peu débile la plupart du temps du coup, forcément, faut que je balance un truc débile parce que sinon ce serait pas moi pas vrai? Surtout dans une situation pareille... J'ai l'impression que si je ne dis rien, un nouveau silence pesant va s'installer et j'en ai pas vraiment envie, du coup je dis le premier truc qui me vient à l'esprit et naturellement, c'est un truc que je regrette d'avoir dis environs deux secondes après... "J'suis content de te voir Solveig, tu es magnifique!" Et voilà comme toujours une connerie vite trouver un truc trouver un truc... "Dans cette tenue! Ça te va vraiment bien!" Encore moins naturel l'ajout c'est possible connard?

Un flop. Un sacré flop même. Si elle l’avait pu, Solveig se serait transformée en souris et serait allée se terrer dans un trou. En plus d’avoir fait une blague vaseuse, Valentino s’était contenté de l’observer d’un air neutre avant de se racler la gorge l’air de dire « je vais faire comme si je n’avais rien entendu ». C’était pire que tout. Ne sachant pas comment réagir à cette réaction qu’elle ne connaissait pas chez lui, elle afficha un sourire encore plus large et plus crispé. « Pitié faites que ce trajet soit le plus court possible, qu’un monstre tout tombe dessus ou que sais-je mais faites quelques choses... » Avait-elle gémit intérieurement sans que rien ne se passe. Finalement, c’est le brun qui avait reprit la parole comme si de rien était. Pour sa part, elle avait préféré diriger son regard entre les deux oreilles de sa jument, semblant subitement très absorbée par ce qu’il s’y passait.

L’avantage c’est que le récit du jeune homme piqua rapidement sa curiosité. Si Yuduar lui avait donné quelques informations de départ, il fallait croire que ce n’était pas tout. Sans doute Valentino était plus apte à recevoir celle-ci. Après tout, elle avait apprit il y a peut qu’il était son supérieur hiérarchique. Cela n’avait d’ailleurs pas aidé la jeune femme à bien vivre leur « séparation ». Enfin, c’était ainsi et elle n’allait pas rabâcher pendant des mois les mêmes affaires. Rangeant dans un coin de son esprit tout ces sentiments qui se mélangeaient, elle se concentra sur ce qu’il disait en fixant toujours l’horizon.

Ses yeux s’agrandirent lorsqu’il évoqua l’Umbra qui serait supposément lié à l’apparition des deux lieux mais également aux rêves de la couronne. Solveig se demanda quelle genre de créature pouvait bien posséder ce genre de magie et surtout, à quel point elle était puissante. Un frisson d’envie parcourus son échine. Elle pourrait tuer dans le seul but d’affronter une telle créature. C’était certain. Mais avant cela il fallait également qu’elle soit capable de l’identifier et de prévoir à minima ses capacités, ses actions. Valentino enchaîna ensuite sur la tour en lui annonçant que c’était sans doute un laboratoire de recherche magique. Enfin il conclut sa longue tirade en lui annonçant leur mission. Gardant le silence, la jeune femme se mit à réfléchir.

Réflexion bien vite mise à mal par les paroles qui raisonnèrent à ses oreilles. Comme un mélange de petites aiguilles douloureuses et de douceur sucrée. Que pouvait-elle répondre à cela ? Elle était déjà tendu comme un arc mais si il continuait comme ça, la corde finirait par céder. Et il dû le percevoir parce qu’il ajouta précipitamment que sa tenu lui allait a ravir. Ce n’était pas franchement mieux. Pour ne pas dire pire. Si il avait tenté d’empêcher un silence de gagner leur petit duo, ce fut un échec monstrueux. La garde ne savait plus par ou commencer, ni ce qu’elle devait dire ou non. C’est donc après de longues minutes de silence, quand ses joues eurent finit de s’enflammer qu’elle articula difficilement ses premiers mots.

- Je...Hum… Tu as l’air d’aller bien toi aussi. Pour une fois, elle avait réfléchit avant de parler. Sinon cela aurait sans doute ressemblé aux mots que lui avait adressé Val. Et si les deux s’y mettaient ils n’étaient pas prêt de s’en sortir. Elle poursuivit donc sur sa lancée. - Je suis contente de te voir aussi, même si c’est… Bizarre. Enfin, ses yeux se levèrent vers lui afin d’accrocher les siens. Peut-être ressentait-il la même chose, non ?  - Ahaha désolée de sortir ça comme ça…Bref… Dit-elle tout en soupirant. - Je pense que de toute façon l’Umbra doit être encore dans les parages. Je ne vois pas ou une telle créature aurait pu aller mais ce que j’aimerais comprendre c’est comment elle est arrivée ici… Je veux dire… Si les informations que tu viens de me donner sont vraies… Comment est-ce possible ? Pareil pour le labo… Personne ne s’est jamais rendu compte de rien ? Brusquement, elle se mit à tapoter ses mains entre elles. - Je crois que c’est la meilleure enquête que je vais mener de ma vie ! Tandis qu’elle s’agitait sur sa selle, ce fut sa jument qui se mit à en faire de même. - Qu’est ce que tu as Ninis ? Souffla-t-elle en se calmant immédiatement et en reprenant en main son enrênement. Sauf que l’animal ne semblait tout de même pas décidé à faire preuve de docilité. Bien au contraire, bientôt, elle se mit à piaffer tout en renâclant, venant donner des coups de museau derrière la jambe de sa cavalière.

« Cette jument est définitivement à l’ouest » Pensa la jeune Prêth avant de se rendre compte que dans l’une de ses sacoches, quelques choses s’agitait. D’un geste prudent, elle défit les boucles et il ne fallut qu’une seconde pour qu’une petite boule bleuâtre jaillisse, apparemment mécontente. - Ohoh… Souffla Solveig juste avant qu’Azazel ne déchaîne ses petites foudres, encore ridicule aux vues de son âge. - Désolé ! Il a un caractère de cochon ! Eut-elle le temps d’indiquer à Valentino avant qu’Adonis ne parte en rodéo droit devant elle. Il n’y avait plus qu’à espérer que le cheval noir soit plus docile et que son familier ne décide pas d’aller piquer son compagnon de route.

Cette situation est catastrophique, je ne vois malheureusement pas d'autre mots... Comment suis-je censé me concentrer et travailler efficacement dans ces conditions? Certes, c'est moi qui ai demandé au capitaine une personne de confiance pour m'accompagner durant cette mission, une seule personne pour ne pas partager forcément les informations classées secrètes avec trop de monde et, ainsi, éviter les fuites... Mais j'aurais dû préciser que cela ne devait pas être Solveig? Signaler mon passif avec la demoiselle? Cette relation qui n'a jamais véritablement débuté pour mon plus grand regret... Je ne peux m'empêcher de lui faire un compliment, c'est pas possible d'être aussi con! Comme si la situation n'était pas déjà assez catastrophique! Il faut forcément que j'ouvre ma grande gueule de connard pour lui dire à quel point elle est belle n'est-ce pas? Parce que c'est la meilleure chose à dire en présence d'une demoiselle que tu désires ardemment sans pouvoir la conquérir n'est-ce pas? Forcément lui déclarer sans hésitation à quel point sa tenue lui va a ravir c'est d'un niveau de génie proche de l'absolu! Pauvre con! Tu t'attendais à quoi exactement? Qu'elle te dise merci et passe à la suite? Qu'elle te réponde n'importe quoi ou pire que cela ravive des braises qui ne sont pas encore éteintes? Je suis vraiment le roi des imbéciles parfois, j'aurais dû continuer à parler de la mission, faire semblant de rien, laisser le silence s'installer naturellement et non pas le forcer ainsi! Parce que c'est cela que je fais, je viens simplement d'obliger le silence à s'installer, comme si je désirais rendre la chose encore plus étrange et douloureuse...

Il faut plusieurs minutes avant qu'elle ne me réponde? J'ai l'air d'aller bien? Soit c'est de la gentillesse ce qui ne m'étonnerait pas de la jeune garde, soit je cache bien mieux mes sentiments que je ne le pense, ainsi que ma sale gueule en fait! Je dors peu, je suis irritable, je m'énerve pour un rien... J'ai une pauvre recrue qui pourrait en témoigner! Je suis loin d'aller bien, en réalité je m'enferme dans mon travail pour ne pas y penser, pour ne pas penser à elle... J'ai l'impression d'être mon père suite au décès de ma mère et pourtant, c'est bien la dernière personne à laquelle je souhaite ressembler mais bon, les chats ne font pas des chiens n'est-ce pas? Le soucis c'est que mon père avait cette solution, comment suis-je censé ne plus penser à elle en travaillant lorsque mon boulot m'oblige à la côtoyer? Au moins elle est heureuse de me voir oui, cependant est-ce véritablement bizarre? Douloureux, difficile, malaisant, effrayant sans doute mais pas bizarre en fait... Je sais que c'est nous qui rendons cette situation aussi étrange mais difficile de faire autrement, pourrais-je seulement dire à la demoiselle ce que j'ai sur le cœur? Sans doute pas, cela ne pourrait que compliquer les choses c'est un fait! Et pourquoi ne prenons nous pas les portails pour nous rendre sur place? On en a au moins pour cinq jours de trajets, je n'ose même pas imaginer comment cela va se passer la nuit en réalité... Elle revient cependant sur le sujet de la mission, m'expliquant ce qu'elle pense concernant l'Umbra... En effet, ses suppositions ont du sens même si rien ne permet de l'affirmer, au moins cela a le mérite de changer le focus de nos esprit même si... Chasser la naturelle il revient au galop!

Son claquement de main, son air enjoué concernant l'enquête... Cela me rappel pourquoi je suis tombé sous son charme une première fois mais je secoue la tête. Pas le temps de penser à cela bordel, la mission! "Je suppose que l'on pourra en apprendre plus en enquêtant... Cela me parait fou également, j'ai du mal à imaginer que personne n'ai jamais rien vu cependant... Je suppose que le capitaine ne nous aurait pas confié une telle mission s'il y avait eu un signe annonciateur... C'est à nous de voir comment cela est possible."

Soudain, l'animal de ma compagne... De voyage! Se met à agir étrangement, naturellement je m'attends à voir un ennemi, peut-être une bête sauvage qui inquiète ce... "cheval"? Mais pourtant, ma propre monture ne réagit pas le moins du monde et je me demande pourquoi en réalité... La réponse m'arrive lorsque Solveig fait apparaître un familier bien particulier : un Teisheba? Ces créatures sont pour le moins capricieuses de ce que j'en sais, pas vraiment le genre de bestioles que je désire avoir personnellement mais bon, étrangement cela ne m'étonne qu'à moitié venant de Solveig... Elle me dit qu'il a un caractère de cochon ce qui me fait sourire doucement, rien d'étonnant vu la nature de la créature... Sauf qu'elle termine à peine que son cheval part en rodéo! Il manquait plus que cela! J'approche doucement mon cheval de celui de la jeune femme, je ne veux pas inquiéter plus encore la monture de la demoiselle il faut le calmer. J'approche ma main des rênes du cheval de la belle pour l'attraper mais c'est à cet instant que le familier de la belle hybride décide d'envoyer une décharge sur la croupe de mon propre animal! Ce dernier se cambre en poussant un hennissement mécontent et, ne m'y attendant pas, il me désarçonne! Je me rattrape comme je le peux à ce que je peux mais malheureusement cela n'arrête pas ma chute, je tombe lourdement sur le dos et en plus, quelque chose me tombe dessus! J'ouvre les yeux en laissant passer un petit souffle de douleur et je remarque que, sur moi, se trouve... Solveig... Cela pouvait-il être pire? Au moins les chevaux se sont calmés, le mien s'est remit du choc et celui de ma collègue semble heureux de s'être débarrasser de sa cavalière mais... Maintenant c'est moi que la jeune fille monte... Sans aucune allusion perverse! Elle est couché sur moi du à la chute...

"Est-ce que ça va?"

Ce que disait Valentino était loin d’être bête à un détail près. Elle était convaincu que contrairement à ce qu’il disait il y avait des signes annonciateur mais qu’ils ne savaient pas encore lesquels. Une telle créature ne pouvait se matérialiser à un endroit sans qu’on ne la voit venir. C’était impossible et vu sa puissance, les autres animaux devaient sans doute décamper à son approche. A moins qu’elle soit dotée d’un pouvoir de téléportation ou une capacité à masquer sa présence. Dans ce cas là, elle voulait bien admettre que peut-être il n’y avait pas de signe… Mais tout de même… Masquer sa présence tout en donnant vie à des lieux ou en le corrompant… Il fallait une quantité colossale de magie pour réussir à effectuer ce genre de chose. Plus cela allait et plus cette créature ainsi que tous les mystères qui l’entouraient piquaient la curiosité de Solveig.

Après cela et les quelques phrases échangées par la suite, Adonis ne trouva rien de mieux que de partir en rodéo. La garde ne pouvait d’ailleurs pas lui en vouloir. La présence d’Azazel et la mine qu’il affichait laisser présager qu’il était d’une humeur massacrante. Sans doute avait-il eut la riche idée de se cacher dans l’une des sacoches de voyage avant de s’y endormir. Il s’était donc réveillé ballotté à droite et à gauche par le rythme saccadé de la jument. Apparemment, il n’était pas du matin mais surtout… Depuis combien de temps Adonis prenait-elle de petites décharges sur la croupe sans rien dire ? Dans tout les cas, Solveig n’était absolument pas apte à gérer son familier maintenant ; son équilibre précaire était menacé et même si elle connaissait les habitudes de sa monture, ce n’était pas sans danger.  

D’ailleurs, la jeune femme avait parfaitement conscience du danger qui se mouvait sous ses yeux. Mais elle ne fit pas attention à celui qui venait du dessus. Azazel était teigneux et cela était encore pire avec des inconnus. C’est donc sans surprise qu’il avait envoyé une décharge sur la croupe de l’étalon de Valentino. Ce dernier prit de cours, se retrouva désarçonné. Sauf qu’avant qu’elle n’ait eut le temps de dire ouf  elle prit un coude en plein visage. Ni une ni deux, elle se cramponna au pommeau de sa selle. Manque de chance, le brun était plus lourd qu’elle et lorsqu’il tenta lui aussi de se rattraper, il ne fit que provoquer la chute de l’hybride.

Solveig étouffa un cri de surprise et ne put empêcher tout ses muscles de se durcir, la chute allait être rude c’était sûr. Toutefois, lorsque enfin elle toucha le sol. Ce ne fut pas sur un parterre terreux et terriblement dur qu’elle atterrit. Elle n’eut même pas besoin d’ouvrir les yeux, l’odeur se suffisait à elle-même. De même que la chaleur qui émanait de son corps lové contre le siens. Par la déesse qu’elle était bien. Sauf qu’elle ne pouvait pas rester ainsi… Quelques peu endoloris, elle s’appuya sur la paume de ses mains afin de sortir son visage du cou désirable de Valentino. Maintenant penché au dessus de son visage, elle ouvrit la bouche pour s’excuser mais aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres. Ses yeux vinrent doucement se perdre dans l’iris d’acier qu’elle ne connaissait maintenant que trop bien. Si elle s’approchait seulement d’un tout petit, d’un ridicule centimètre, elle pourrait reprendre ces lèvres qu’elle avait déjà fais siennes par le passé. - Je… Puis tout à coup, une violente douleur la saisit à l’arrière train, la faisant bondir de douleur. Elle réatterrit sur ses pieds en se frottant les fesses. Immédiatement, ses yeux se tournèrent vers le petit teisheba.

- Azazel ! Tu devais rester à la caserne ! Tonna-t-elle de son ton le plus colérique -rien de très impressionnant donc. Pour toute réponse, le petit animal lui montra les dents avant de pousser un hululement mécontent. Ce qui fit lourdement soupirer sa propriétaire. - Tu es une tête de mule. Enfin, elle revint aux côtés de Valentino et lui tendit la main. - Je suis désolée. Comme je te l’ai dis, il est têtue. Tu te sens bien ? Rien de cassé ? Une fois qu’il fut debout, elle s’épousseta puis vérifia que tout allait bien. Pour sa part, en dehors de quelques égratignures, tout était en ordre.    

Franchement moi et mes idées de génie! Je m'approche du cheval de la demoiselle afin d'en attraper les rênes, alors certes cela part d'une bonne intention, on ne peut pas dire que l'idée soit mauvaise bien au contraire cependant... J'aurais peut-être pu prévoir que le familier de la jeune fille n'allait pas nous laisser faire aussi facilement vu son tempérament n'est-ce pas? Alors que j'approche ma main pour retenir son animal, le familier de la demoiselle décide d'envoyer une petite décharge dans la croupe de ma propre monture qui, suite à cela, a une réaction logique de douleur et me désarçonne! Malheureusement, les choses ne sont pour ainsi dire jamais simples... En réalité, tomber de mon cheval n'est pas réellement un problème en soit, je ne peux pas dire que ce soit la première fois que cela m'arrive même si, avouons-le, cela faisait un bon moment que ce n'était plus arrivé... Le problème, c'est qu'en tombant, j'ai le réflexe malheureux de tenter de m'attraper à ce que je peux, et dans le cas présent il n'y a pas grand chose! La chute est brève mais l'atterrissage n'a pour ainsi dire rien de doux. Je tombe lourdement sur le dos et surtout, la jeune fille s'est retrouvé malgré elle entraînée dans cette chute! Pouvait-on réellement nous retrouver dans une situation pire que celle-ci? J'en doute très fortement pour être honnête car actuellement, ceci est la chose la plus agréable qui pouvait m'arriver tout en étant la pire! Je ne suis pas prêt à me retrouver dans cette situation, vraiment pas!

Je peux sentir son corps contre le mien, son souffle sur ma peau me fait frissonner. Pourquoi dois-je être victime d'une telle situation, d'une telle tentation? Je n'ose pas bouger pour être honnête, j'ai peur de ce que je pourrais faire! Elle est couché sur moi et je lui demande si ça va... Il me faut un contrôle de moi-même complet pour retenir mes mains à cet instant, pendant un moment, j'ai l'envie folle de passer mes bras autours d'elle, de caresser en douceur son dos, de la serrer contre moi en refusant de la laisser partir... Il ne le faut pas bien-entendu mais je dois dire que c'est encore pire lorsqu'elle s'écarte. Mon oeil entre immédiatement en contact avec les siens, je ne peux détacher mon regard d'elle! Je devrais dire quelque chose, une connerie ou n'importe quoi, mettre fin à ce moment beaucoup trop intense mais je ne le peux pas! Il ne suffirait qu'un mouvement, nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre, juste avancer un peu ma tête et je pourrais venir embrasser ses lèvres, goûter à leur douceur une nouvelle fois, ô Sainte Lucy, comme j'en ai envie! Je sais que c'est une mauvaise idée mais comment puis-je résister à cette demoiselle? Comment pourrais-je lutter contre mon envie la plus primaire? Elle entrouvre les lèvres laissant passer un seul mot et jamais elle ne m'ont parut si invitante alors, je commence à fermer l'oeil, je suis sur le point de commettre l'irréparable et de l'embrasser!

Heureusement, elle bondit d'un coup, me sortant de cet état second dans lequel j'étais plongé! J'espère qu'elle n'a rien vu de mon attitude sinon, il ne fait aucun doute qu'elle aura comprit ce que je m'apprêtait à faire! Heureusement, toute son attention semble concentré sur son familier donc, soit elle n'a rien vu, soit elle fait semblant de rien! Dans les deux cas, je suppose que je peux remercier cette petite bestiole électrique! Solveig revient finalement vers moi, me tendant la main pour m'aider à me relever et j'accepte volontiers son aide en riant nerveusement sans doute... "Aucun problème... Plus de peur que de mal en réalité!" Oh oui, beaucoup plus, sans l'intervention de la créature cela aurait été véritablement difficile! Je me dirige vers mon cheval, de toute évidence je suppose que je ne voulais pas réellement prendre la moindre chance qu'elle puisse me parler de cet incident, surtout pas de ce que j'ai failli faire alors, je détourne la conversation du mieux que je peux. "Alors tu as un familier? Azazel c'est cela? Il a l'air plutôt difficile non?" Je ris doucement avant d'hausser les épaules. "Azazel c'est un bon nom! Je ne sais pas, si j'avais un familier je suppose que je le nommerai d'un nom simple comme... Aja!" Je hausse les épaule lorsque j'entends quelque chose provenant de mon sac sans fond qui est accroché à la selle du cheval... Je plonge ma main dedans et en sort ce que j'avais oublié que j'avais : L'oeuf de Drarbuste que j'avais récupéré avec Saryna quelques jours plus tôt! Je venais d'involontairement lui donner un nom!

Combien de temps aurait-elle pu rester ainsi, si Azazel n’avait pas prit l’initiative de lui électrifier le postérieur ? Elle ne savait le dire et c’était sans doute mieux ainsi. Pourtant, elle était presque certaine qu’il avait partagé cette sensation, cette envie de se lier de nouveau. Pendant une seconde elle s’était dit « Pourquoi s’y refuser ? » et avant manqué de céder. Fort heureusement, son familier lui avait sauvé la mise en lui faisant effectuer un saut prodigieux, répondant à sa dernière question et remettant ses idées en place. C’était un choix qu’ils avaient fait à deux, pour de bonnes raisons. Ils ne pouvaient pas se laisser aller à ce genre de vieux travers. Solveig ne se l’autorisait pas et elle savait que Valentino non plus. Ils ne s’étaient pas infligés toute cette souffrance pour retomber dans les bras l’un de l’autre à la première occasion. Non, c'était hors de question. Pour son bien, comme pour celui de Valentino, elle se contenterait de l’apprécier en silence. C’était le moindre mal.

Après avoir frotté son fessier endoloris et fusillé la créature du regard, elle avait tendu une main amicale en direction du brun. Il s’en saisit et se releva. Apparemment tout aller bien de son côté. La garde pu pousser un léger soupire de soulagement. De quoi auraient-ils eut l’air si au bout d’un seul kilomètre, ils revenaient avec un fessier endommagé et un bras cassé ? Ils seraient la risée de la garde jusqu’à ce que quelqu’un daigne faire pire qu’eux. Si cela était possible. A son tour, elle se dirigea vers Adonis, qui avait déjà le nez plongé dans un arbuste fruitier. Elle flatta l’encolure puis fit un signe sec à Azazel qui s’approcha dans un hululement innocent.

Au même moment son camarade décida de briser le silence et Solveig l’en remercia d’un simple sourire. Riant par moment à ce qu’il disait, elle profita de ces secondes de répit pour réajuster tout l’équipement de sa monture. Effectivement, le nom de son familier lui convenait plutôt bien. Même si « Mûle » aurait sans doute mieux convenu pour une telle créature. Prenant le bridon de sa jument, elle l’arracha à son repas et revint aux côtés du brun. - Aja c’est un… Puis un craquement qu’elle connaissait se fit entendre. - Eh mais… Oh ! S’exclama-t-elle tout en lâchant tout ce qu’elle faisait pour se pencher au dessus de l’œuf, elle aussi. Beaucoup trop proche sans doute puisqu’elle put sentir ses oreilles heurter le visage de Valentino. Comme si elle venait de se brûler elle recula en marmonnant. - Désolé. Puis de nouveau ses yeux se perdirent sur la petite créature qui se débattait avec sa coquille. Elle n’avait d’ailleurs pas l’air très pressée et pour éviter qu’un nouveau silence ne vienne les prendre, elle décida de prendre la parole. - Azazel est un teisheba, ils ne sont pas réputés pour avoir bon caractère. Mais je crois qu’avec lui j’ai obtenu la palme. Comme si il se sentait subitement concerné, le petit animal vint se poser sur l’épaule de Solveig. - Mais je suis sûre qu’avec le temps il fera un bon compagnon et un superbe familier de combat. Après tout, il se débrouille déjà très bien tu ne crois pas ? Ses yeux abandonnèrent l’œuf pour se poser dans celui argenté de Valentino. - Je suis désolée pour tout à l’heure. J’ai dû l’enfermer dans ma sacoche par mégarde, il a sûrement eut peur et c’est pour ça qu’il t’a attaqué. En vérité, elle était certaine que c’était plus par mécontentement que par véritable peur. - Je ne comptais pas l’emmener. Il est encore jeune. Enfin… Je ferais attention à ce qu’il ne s’en prenne plus à toi ou à ton cheval. Dans un soupire, elle tendit la main vers l’œuf et écarta un petit bout de coquille. - Eh bien, petit Aja, tu as choisis ton moment pour pointer le bout de ton nez !

Le familier de Solveig descendit doucement de son épaule et vint lui aussi se poser sur la main de Valentino, glissant sa tête par le trou qui commençait doucement à se former dans la petite armure du nouveau né. - Azazel, vient ici. Laisse le respirer. De même, la garde s’en retourna vers sa jument, et attendit patiemment qu’Aja s’extirpe entièrement. Après ça, ils pourraient reprendre leur route.  

Je pourrais faire une mauvaise plaisanterie, signaler que nous venons d'avoir un véritable coup de foudre cependant, il vaut sans doute mieux éviter cela... Après tout, je pense pouvoir affirmer que cela n'est pas passé loin de la catastrophe, il s'en est fallu de peu pour que la demoiselle et moi-même n'échangions ce que je veux absolument éviter d'échanger! Si je me laisse aller à une telle erreur, il me sera parfaitement impossible de faire marche arrière! En un sens, je suis reconnaissant envers son familier, même si le teisheba est, au moins en partie, responsable de la situation dans laquelle nous nous sommes présentement trouvé, au moins il a réussi à corriger son erreur en nous empêchant de faire plus! Solveig s'est levé, je suis resté couché alors qu'elle l'engueulait quelque peu et j'ai pu faire le point... Il faut absolument que j'évite ce genre de situation à l'avenir, non seulement parce que ce serait une mauvaise idée mais aussi parce que nous sommes sur une mission sérieuse, ce n'est pas réellement le moment d'encore plus compliquer les choses en incluant des sentiments que je sais devoir refouler! Je me relève, avec l'aide de la belle et me dirige vers mon cheval, une bête parfaitement entraîné il faut le reconnaître, suite au choc il s'est juste redressé à cause du petit choc cependant, il n'a pas fuit, n'a pas abandonné son cavalier en courant jusqu'à l’épuisement! Cela aurait été ridicule de devoir faire demi-tour pour cause de cheval disparu et puis, expliquer comment le dit cheval avait été perdu aurait été quelque peu gênant, pour la jeune hybride comme pour moi!

Je discute ensuite quelque peu avec la demoiselle, remettant correctement la selle de ma monture puisque ma chute l'a quelque peu bougé. La discussion est surtout concentré sur mon sauveur je dois dire mais, pour une raison inconnue, je commence à réfléchir au nom que je pourrais donner à un familier... Finissant par finir sur ce qui serait extrêmement simple en réalité, un nom en trois lettre s'écrivant de la même manière dans les deux sens! Difficile de se tromper du coup non? Sauf que voilà, alors que la demoiselle me rejoint, nous entendons un craquement qui provient de mon sac sans fond! Je plonge ma main dedans ressortant la chose que j'avais totalement oublié : l'oeuf que j'ai récupéré dernièrement lors de mon expédition avec Saryna! Mais... Je ne voulais pas lui donner de nom! Il était comme une espèce de preuve, c'est de cet objet que l'employeur de mon amie voulait faire trafique, je ne voulais pas vraiment qu'il éclose! En plus moi et les familier on est pas réellement ami, je veux dire... J'ai bien trouvé une espèce de limace mais elle est resté dans la demeure familiale, je l'ai confié à Lisa le temps que je trouve un moyen de m'en occupé c'est à dire probablement jamais! Pourtant, apparemment, le fait que je cite un nom quelconque a suffit pour que la bestiole décide de se montrer!

En fait, Solveig a l'air plus enthousiaste que moi à l'idée de la naissance de ce petit être, elle se penche fortement sur l'oeuf, si fort et si proche en fait que ses oreilles viennent caresser mon visage... Si douce, je me souviens la douceur de celles-ci alors que je les avais caressé sur la plage... Non! Je secoue la tête alors qu'elle se recule en s'excusant, je dois avouer que cela m'attriste quelques peu, je sais que nous ne pouvons faire autrement mais j'aurais aimé que les choses ne changent pas entre nous... Difficile de demander cela alors que l'on espérait tout deux vivre une romance et qu'on se retrouve avec... Une amitié? Difficile à dire en fait, on ne s'est pas revu depuis notre décision de garder notre relation platonique... Je suppose que des amis se voient plus souvent que cela non? Je soupire doucement, en fait cela m'emmerde vraiment mais que puis-je y faire? Je préfère me concentrer sur la créature qui se bat avec sa coquille pour sortir. Heureusement, la jeune femme reprend la parole, coupant court à un silence qui faisait mine de s'installer à nouveau... Elle me parle de son familier, s'excusant pour plus tôt mais me demandant ce que je pense concernant sa capacité à être un familier de combat et je ris doucement.

"Il n'y a pas de problème, nous sommes deux maintenant à avoir emmené un jeune familier en mission même si, j'avais complètement oublié l'existence du mien pour être honnête... Et oui, il est évident qu'Azazel a beaucoup de jus, je suis sûr que tes adversaire vont le trouver... Choquant?" Je ris doucement alors qu'elle parle à mon familier avant de s'écarter et je regarde ce-dernier, qui sort doucement mais sûrement de sa coquille. "Ouai... Vraiment choisis ton moment petite bête!" Finalement, le petit dragon végétal sort de sa coquille en baillant... À peine levé et déjà fatigué? Mais bon, il est mignon au moins... Il s'accroche à mon bras avec une certaine aisance, montant le long de ce-dernier jusqu'à venir se poser sur ma tête et se coucher en boule, visiblement, il est directement à l'aise avec moi? Je ne sais pas trop comment le prendre mais qu'importe, je soupire doucement avant de prendre l'animal de sur ma tête, il ne résiste pas véritablement semblant plus observer qu'autre chose... Au moins, il ne semble pas très énervé! Je monte sur mon cheval, déposant le familier devant moi de sorte à ce qu'il ne tombe pas lorsque nous avancerons.

"Bon allons-y? Accroches-toi bien Aja!" Nous reprenons donc la route et je réfléchis un peu, il y a une situation qui risque d'être quelque peu difficile maintenant que j'y pense. "Nous en avons pour une longue route, nous allons devoir prendre des pauses pour manger, dormir... Tu as prévu tout ce qu'il faut Solveig?" Et oui je fais semblant de rien mais, en réalité, je redoute le moment durant lequel la nuit sera avancée au point de devoir dormir...

La jeune Prêth éclata de rire bien volontiers. Valentino avait raison, Azazel allait en surprendre plus d’un. Surtout lorsqu’il aurait atteint sa taille adulte et que ses éclairs n’auraient plus rien d’amusant. Après tout, si il était maintenant capable de griller un fessier comme celui de Solveig, de quoi serait-il capable une fois qu’il aurait atteint sa taille adulte ? Elle ne put s’empêcher de glousser à cette idée. Il fallait juste qu’elle travaille encore son mauvais caractère et tout irait pour le mieux. Malheureusement, cette tâche allait être bien plus ardue que prévue. Mais c’était cela qui, aux yeux de Solveig, faisait tout le charme de son petit protégé.

De loin, elle put apercevoir le petit Aja sortir enfin de sa petite armure de calcium puis grimper le long du bras de son propriétaire avant de se lover dans ses cheveux, sur son crâne. Pendant quelques secondes, Solveig soupira en imaginant qu’à un moment, c’était ses mains qui venaient se perdre dans ces cheveux. « Sombre idiote ! » Pesta-t-elle pour elle même. Ouh ! Si elle avait pu se gifler lorsqu’elle avait ce genre de pensées ! « Par Lucy, concentre toi sur ton boulot » poursuivit-elle. « En même temps… Si on m’avait refilé un autre partenaire… Je n’en serais pas là ! » A force de ronchonner, elle en oublia à presque ledit coéquipier et elle sursauta lorsqu’elle entendit les bruits de sabot se rapprocher. Reprenant toute sa contenance, elle passa un pied à l’étrier et se remit en selle. Contre toute attente, Adonis se montra docile et la laissa faire. Azazel lui, fort d’avoir semé la terreur, retourna se cacher dans la sacoche et cette fois, Solveig ne la ferma pas. Une catastrophe suffisait, elle ne tenait pas franchement à réitérer l’expérience.

Maintenant prête à repartir, elle guida sa jument afin qu’elle aille se positionner aux côté de l’étalon de Valentino. A croire qu’ils étaient aussi bavard l’un que l’autre ou tout simplement qu’ils avaient la même peur de voir un silence gênant s’installer. En tout cas, le brun reprit immédiatement la parole, lui demandant si elle avait tout prévu. Penchant la tête, Solveig le regarda incrédule.

- J’ai étudié notre trajet avant de partir. Ou du moins… Thépa m’a prévenu de sa longueur. Alors j’ai prit… Elle se retourna et tapota la sacoche opposée à celle où se trouvait Azazel. - De quoi manger, des vêtements, mes armes, de quoi boire et un sac de couchage ! Son sourire se faisait confiant mais il perdit bientôt de sa grandeur lorsqu’elle réalisa quelque chose. La garde s’empressa donc d’ajouter : - Je préfère dormir à la belle étoile, c’est pour ça que je n’ai pas prit de tente. Ne crois pas que… Euh… Je ne sais pas… Elle rit nerveusement. - Enfin, j’aime juste dormir dehors, c’est plus agréable. Non ? La vue sur le ciel. Les bruits de la nature. Ce genre de chose. C’est plus… Agréable. Il ne manquait plus qu’il croit qu’elle avait volontairement oublié de prendre une tente et ça serait le pompon. Qu’à cela ne tienne ! Il verrait par lui même qu’elle dormirait dehors et de bon cœur en plus !

Doucement, elle talonna Adonis qui partit de son petit trop caractéristique. - Nous devrions nous dépêcher, nous avons prit du retard. Se retournant, elle sourit à l’attention de Valentino. - Tu viens ?

La journée ne fut pas de tout repos. La route était longue, éreintante et même si Solveig avait l’habitude de chevaucher plusieurs heures ce ne fut pas une partie de plaisir. Encore moins avec un postérieur déjà endoloris. C’est lorsque le soleil commença à sérieusement flirter avec l’horizon qu’elle proposa de mettre pied à terre. Il était plus judicieux de s’arrêter maintenant, prendre du repos et repartir au plus tôt demain matin. Et c’est ce qu’ils firent.

Solveig dessella sa jument et quitta la compagnie de Valentino afin d’aller chercher du bois pour le feu. Elle ne revint que trente bonnes minutes plus tard, les bras chargés de bois mort. Après ça, elle s’attela à faire un feu puis alla chercher dans son sac deux morceaux de viande de boucton qu’elle avait acheté pour l’occasion. - J’avais pris ça avant de partir. Je savais que je ne serais pas seule alors il y en a pour deux. Puis elle s’attela au repas. Elle n’était pas une fine cuisinière, c’était certain mais deux années à s’occuper seule d’un bébé lui avait permit d’apprendre quelques petites choses. Notamment à faire des plats simple qui plaisaient au plus grand nombre. Un feu, une marmite et quelques herbes plus tard, son plat était en bonne voie de préparation. C’est ce moment qu’elle choisit pour se laisser tomber en arrière, poussant un long soupire.

- Dis Val, tu crois qu’on à réussit à rattraper notre retard ? Mh… On a bien carburé sur la fin ! Elle rit simplement. - Puis bon… Sacrée gamelle ! On s’en souviendra de celle là ! Les bras en croix, elle poussa un long soupire tandis que ses yeux se levaient vers le ciel. - Anhw… Des nuages ? Manquerait plus qu’il pleuve tient ! Puis elle se redressa et ramena ses genoux vers elle tout en mélangeant un peu la mixture était en train de chauffer.

« Ploc » fit la goutte qui lui tomba sur le bout du nez. «Ce n'est qu'une petite ondée. Rien de méchant.» se réconforta-t-elle, bien décidé à finir ce qu'elle avait commencée.  

Cette situation est étrange mais il faut absolument que je me concentre sur le boulot, après tout, je suis un professionnel non? Bien-entendu c'est extrêmement difficile puisque cette mission est avec Solveig mais, il est temps de prouver au capitaine que tout va bien se passer et qu'il peut me faire confiance! Après tout, il m'a offert un post d'importance, il est hors de question de lui faire défaut! Ainsi, nous reprenons la route et, comme si j'avais peur que le silence ne devienne insoutenable, je m'empresse de le combler! C'est stupide je le sais mais, j'ai l'impression qu'un silence serait absolument désastreux s'il est entre nous, ce serait gênant et j'ai peur que si l'on n'oriente pas correctement la conversation, cela va encore dégénérer. Inutile de prendre un tel risque alors je lui demande si elle a tout prévu pour le voyage... Après tout, je dois avouer que je ne suis pas le plus prévoyant des hommes... J'ai une tente, un sac de couchage, du linge de rechange et c'est tout, je ne pouvais pas réellement emporter plus en réalité, bien que je possède un sac sans fond, cela ne signifie pas que je puisse emporter tout est n'importe quoi, surtout que l'oeuf d'Aja avait prit pas mal de place en réalité puisque je l'avais oublié... Quoi qu'il en soit, la jeune fille répond à ma question mais non sans me jeter un regard incrédule avant... Ma question est-elle si surprenante que cela, je veux juste m'assurer que l'on est prêts pour le voyage, après tout c'est le rôle d'un leader de s'assurer que son équipe soit préparé à toutes les éventualités non?

Bref, elle me précise donc que son lieutenant, qui est également sa soeur, l"a mise en garde concernant la route que nous devons parcourir, alors elle a pu se préparer correctement... Elle parle cependant d'un sac de couchage mais pas de tente et je la regarde un instant alors qu'elle semble confuse, s'empourprant dans une explication qui me fait sourire légèrement. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle n'ai rien prévu d'étrange, Solveig est bien trop honnête pour inventer n'importe quoi de la sorte et puis, il convient aussi de rappeler que la demoiselle semblait parfaitement surprise de me voir lorsqu'elle est arrivé... Impossible d'imaginer qu'elle ait pu feinter cette surprise alors je secoue doucement la tête comme pour chasser son inquiétude. "Allons Solveig, je me doute que tu ne l'as pas fais exprès, après tout tu ne savais même pas que tu allais faire équipe avec moi pas vrai belle demoiselle?" Et je me maudis immédiatement! Pourquoi ais-je dû conclure par une telle appellation alors que je m'en sortais parfaitement jusque là? Imbécile de Valentino! Je soupire une nouvelle fois mais déjà, la jeune femme talonne les flancs de sa monture et s'éloigne à grande vitesse m'indiquant qu'on a prit du retard. Je m'élance donc donc à sa suite avec ma monture, elle a raison, il faut nous dépêcher.

Nous avançons rapidement bien que la route soit parfois difficile, je ne vais pas mentir j'ai l'impression qu'il faut absolument que nous fassions le chemin rapidement... Pas spécialement pour ne pas prendre de retard mais parce que, temps que nous ne serons pas sur place, j'ai bien l'impression que la situation ne pourra pas se tasser entre la jeune fille et moi... Combien de quiproquo et de situation difficile allons-nous encore connaître? Je pense qu'il vaut mieux ne pas y penser. Alors que le soleil se couche, le moment tant redouté arrive enfin : nous devons monter le campement! Nous descendons de nos chevaux, j'amène l'étalon sur le côté avec la jument de la jeune femme et alors que Solveig me signale qu'elle va chercher du bois pour le feu, moi je m'occupe de préparer le camp. Je donne à boire aux monture, je prépare également la tente alors qu'Aja semble heureux de pouvoir se dégourdir les pattes. Une sorte de petit dragon et une plante en même temps hein? Il finit par s'asseoir et me regarder alors que je monte la tente, visiblement il est du genre observateur? Parfait, lui et moi risquons de bien nous entendre dans ce cas! Au moins il est calme et je ne vais donc pas devoir lui courir après... Je regarde l'abri que je viens d'installer et je soupire doucement, je n'ai jamais été un grand adepte de camping mais j'aime avoir un peu de place ce qui signifie que c'est une tente prévue pour deux personnes... Heureusement que ma jeune amie a un sac de couchage et préfère dormir à la belle étoile, nous aurions pu nous y réfugier ensemble mais nous aurions forcément été proche l'un de l'autre! "T'en penses quoi Aja? Je suis con pas vrai?" Pour toute réponse le Drarbuste penche la tête sur le côté et je soupire doucement.

Après un moment, Solveig revient avec du bois pour le feu alors que j'installe des pierres pour faire un foyer, il vaut mieux contrôler les flammes. Elle va dans son sac et ramène de la viande, signalant qu'elle en a prit assez pour deux. "Merci de penser à moi, cela semble bien plus appétissant que mes rations de viande séchée!" Elle commence à préparer le repas et je m'installe à ses côtés, préférant observer le feu que la demoiselle pour être honnête. Aja s'approche dangereusement de la flamme mais je le recule alors, il se couche derrière moi en boule... Au moins il ne s'obstine pas quand je lui interdis quelque chose! "Nous avons été assez rapide oui, je pense que nous avons rattrapé le temps perdu en effet..." Je ris doucement, un peu jaune je dois l'avouer, à ses paroles suivantes... "En effet, pour nous en souvenir, nous risquons de nous en souvenir..." Je soupire doucement, je me souviens surtout de ce qui a failli se passer durant ce moment et soudain... Une goutte de pluie?

Nous mangeons rapidement car il semble évident que ce qui semblait n’être qu'une petite pluie ne demande qu'un peu de temps pour devenir une averse. Je vais me réfugier dans la tente alors que le temps se couvre de plus en plus et Solveig... Ne me suit pas? Je passe la tête par l'ouverture regardant la jeune fille alors que mon familier ne demande pas son reste, la pluie se fait plus insistante et il vient donc se réfugier avec moi. "Solveig! Viens vite t'abriter, cela n'aurait aucun sens que tu restes dehors!" La jeune fille et moi dans la même tente alors qu'il y a une averse dehors... Que pourrait-il bien se passer de mal? Je soupire doucement, décidément Lucy doit me haïr en fait!

« Au moins, il ne pense pas que tu l’as fais exprès ! » Se rassura la jeune femme alors qu’elle s’installait au coin du feu après avoir fouiné dans son sac pour en sortir les morceaux de viande qu’elle avait acheté avant leurs départ. « Tu aurais aussi pu penser que Valentino était un éventuel coéquipier ! C’était certain que tu allais partir avec un de tes supérieurs. Tu es une gourde » Conclut-elle les sourcils froncés. Oh oui, elle était gourde, sotte et sans aucun doute tête en l’air. Si elle avait réfléchit un tant soit peu, elle aurait aisément pu deviner que cette assignation ne se ferait pas avec un simple garde. Après tout il en allait d’une affaire d’état et une grande menace qui planait sur les terres que défendait sa garnison. Valentino aurait du être une évidence. Mais elle ne l’avait pas vu venir, pas plus qu’elle n’avait vu venir leur rencontre dans cette taverne ainsi que leur attirance naturelle. A croire que Lucy avait posé cet homme sur son chemin afin de se jouer d’elle. Si c’était le cas, c’était réussit. Diantre ! A l’avenir, même pour une ronde normale, elle emporterait une tente ! Ce serait bien moins risqué !

Tandis qu’elle broyait du noir dans son coin, la voix du jeune homme retentit dans ses oreilles et elle avait levé la tête dans sa direction. Lui affichant ce sourire qu’elle ne décrochait jamais de son visage. « Et toi aussi, tu peux pas être… Imbuvable ? Méchant ? Egoïste ? Fait un effort ! » Gémit-elle intérieurement alors qu’il disait que la viande serait sans aucun doute bien meilleure que ses rations de viande séchée. Et il avait raison, c’était bien pour cela qu’elle avait mit un point d’honneur à ramener un peu de nourriture goutteuse. Il n’y en aurait que pour un repas mais cela ne leur ferait que du bien. Un estomac bien remplit était un estomac heureux, surtout le sien. Après avoir commencé sa préparation, elle s’était laissée tomber dans l’herbe sans douceur avant de laisser des questions passer la barrière de ses lèvres. De toute façon, il ne la regardait pas, alors elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait. Quoi qu’elle ne le regardait pas non plus après tout. Mais elle avait une excuse, elle devait surveiller leur repas. Du moins cela aurait pu fonctionner si, à l’instant, elle n’était pas en train d’observer le ciel assombrir. Bref, elle tentait de ne pas se laisser déborder par tout ce qui lui traversait l’esprit. Alors même si les phrases qu’elle prononça pouvait paraître anodines et sans grandes importances… Tant pis, il valait mieux ça qu’autre chose.

Le garde, pour sa part, ne sembla aucunement perturbé par ce qu’elle disait puisqu’il lui répondit dans la foulée. Il lui confirma que leur avancée avait été suffisamment rapide pour rattraper leur retard et c’était tout ce qui comptait. Non ? Aucune limite de temps ne leur avait été imposée pour cette mission, mais si ils commençaient à prendre des jours voire des semaines… Qu’à cela ne tienne, ils utiliseraient un temps respectable et ne lambineraient plus en chemin ! Valentino ajouta ensuite en riant qu’il se souviendrait de cette chute. Même si Solveig ne le releva pas, ce rire sonna faux à ses yeux. Si elle avait une capacité à rire de tout et de n’importe quoi, elle pouvait concevoir que ceci était forcément plus compliqué pour une autre personne. De plus, elle n’oubliait pas la sensation qu’elle avait ressentit en se retrouvant de nouveau contre lui, ni cette envie presque irrépressible de venir capturer ses lèvres. Cependant, elle préférait en rire.

Après s’être redressée, une goutte de pluie tomba silencieusement sur le bout de son nez et ses yeux vinrent immédiatement se focaliser dessus l’obligeant à loucher. Bien vite, elle préféra reporter son attention sur le plat en préparation. Hors de question qu’elle l’abandonne et surtout, hors de question qu’elle aille se cacher sous une tente avec lui. Si il fallait qu’elle passe la nuit dehors, elle le ferait. Comme elle le lui avait annoncé plus tôt. Leur repas fut avalé en quelques minutes et son compagnon alla directement se cacher sous sa toile de tente. Pour sa part, la jeune Prêth prit son temps pour ranger et nettoyer le matériel qu’elle avait utilisé. Quel intérêt de se presser ? De toute façon, elle serait trempée.

Azazel dans toute sa solidarité, s’envola immédiatement vers le ciel et sa propriétaire ne lui en voulu pas. Après tout, c’était lors d’orage que les teishebas étaient le plus actif et c’était le premier que rencontrait son familier. Tout ce qu’elle espérait c’est qu’il reviendrait dès lors qu’elle le rappellerait. Ensuite, elle sortie son sac de couchage et s’installa à l’abri. Abri parfaitement sommaire et loin d’être étanche parce que chacune des fibres de ses vêtements et de son être étaient trempés. Pire encore, elle devait se faire violence pour ne pas grelotter. La saison chaude approchait à grand pas mais cela ne garantissait pas des températures élevées en toutes circonstances.

Finalement, entre le brouhaha des gouttes et les lourds coup de tonnerre au loin, elle distingua une voix. Il ne lui fallut pas longtemps pour la reconnaître -sans parler du fait qu’ils étaient seulement deux dans les environs. Il l’invitait à le rejoindre. Et elle ne broncha pas. Il était parfaitement impossible qu’elle le rejoigne ! Elle avait dit qu’elle dormirait à la belle étoile et elle le ferait, un point c’est tout ! Pour toute réponse, elle se laissa tomber sur son sac de couchage qui émit un « spounch » de mécontentement puis lui tourna le dos.

C’était tout simplement infernal, la pluie se faisait de plus en plus battante et bientôt Solveig eut l’impression de dormir dans une barque qui prenait l’eau. Sans compter qu’elle commençait à avoir sérieusement froid. Et ce n’est ni la position de fœtus qu’elle adopta ni les frictions qu’elle tenta de faire sur ses bras qui réussirent à la réchauffer. Alors, vaincu, elle sortie à contre cœur de son cocon serpillière et le traîna avec elle jusqu’à la tente. Une fois devant, elle leva ses grands yeux vairons vers Valentino.

- Je ne suis pas sûre qu’être avec toi sous cette tente ait plus de sens… Puis dans un soupire, elle laissa tomber son couchage humide et se faufila sous la tente. Claquant des dents, elle se mit à ses frotter les épaules tout en ramenant ses genoux contre elle. - C’est bien ma veine ça. A croire que c’était prémédité tiens. Aaaah… Elle soupira de nouveau. - Ce n’était pas le cas. Se sentit-elle obligé d’ajouter. - Si le temps était meilleur j’aurais vraiment dormis dehors. Enfin… Désolée. Je ne prendrais pas trop de place rassure toi. De toute façon, ce n’est pas comme si j’étais très grande ! Puis elle éclata d’un rire plus nerveux que sincère. Son instinct lui souffla  que Lucy n’en avait pas finit avec ces péripéties. - Euh… Bon… Le repas t’as plut ou moins ? Et c’était repartie pour les questions idiotes et sans intérêt. - Je m’étais dis qu’un bon repas avant des jours de ration pourrait être sympa. Non pas qu’elles soient immangeable mais franchement j’ai goutté des choses meilleures. Mh… L’avantage c’est que dans la grande forêt il y a beaucoup de fruit, surtout en cette saison. C’est plutôt bien hein ? Le débit de ses paroles ne fit que confirmer sa nervosité. - Aucun rapport, mais je suis étonné de te voir avec un tel familier. Je ne pensais pas que ceux de compagnie seraient ton genre. J’espère que vous vous accorderez bien ! « Tais toi donc ! » Gémit sa conscience. Et elle daigna enfin fermer son clapet.  

Était-ce vraiment possible? Pourquoi fallait-il que la pluie s'invite à notre rendez-vous... Mais qu'est-ce que tu racontes espèce de gros débile écervelé? Répètes après moi : mission! Sol et moi-même n'étions pas en rendez-vous après tout, il n'y avait pas, ou plus, une telle relation entre nous alors il faudrait sans doute que je me décide à agir comme un garde plutôt que de toujours faire des remarques débiles du genre... Puis bon, une petite pluie ce n'est pas grand chose n'est-ce pas? Une petite pluie n'a jamais tué personne n'est-ce pas? Sauf que, pour être parfaitement honnête, le ciel ne me dit rien qui vaille! Soyons honnête, il est gris, nuageux, visiblement nous allons passer une nuit froide et humide, voir même très humide! J'ai l'impression qu'une averse s'apprête à se déverser sur nous, comme si le ciel lui-même refusait de nous foutre la paix! C'était pas assez difficile franchement cette situation? Moi et Solveig, juste nous deux, en camping à la belle étoile... J'aurais dû demander un bataillon quitte à foutre toute la garde au courant de ce maudit secret! Et voilà, encore une fois je ne suis pas spécialement logique dans mon discours mais je ne peux pas y faire grand chose, difficile d'être raisonnable quand il s'agit de cette fille...

Nous mangeons, rapidement en fait, et c'est une bonne chose parce que la pluie commence à se faire plus forte, plus insistante, comme si elle avait véritablement en tête de se moquer de nous, pauvres mortels! Personnellement je vais assez vite me cacher sous la tente, non sans amener mon sac sans fond bien évidemment, après tout mieux vaut avoir certaines choses sur moi dans le besoin... Je m'attends à ce que Solveig me rejoigne, certes ce n'est sans doute pas une bonne idée, la situation entre nous étant ce qu'elle est, mais c'est mieux que de tomber malade et d'être incapable de continuer la mission non? Je passe la tête par la tente, en voyant que la demoiselle ne semble pas vouloir me rejoindre et je la vois, dans son sac de couchage, trempée et grelottante... Cela n'a aucun sens! Je lui dis de me rejoindre, c'est évident que rester dehors n'est assurément pas une bonne idée, bon nous retrouver tous les deux dans un espace réduit n'est sans doute pas mieux mais bon... Elle semble m'ignorait alors que son sac fait un bruit confirmant qu'il ne doit plus être sec ni confortable... Mais quelle tête de mule! J'insiste donc, l'invitant une nouvelle fois à me rejoindre en me promettant que si jamais elle dit non, c'est moi qui vais la rejoindre! Si je me mets dans cet état elle sera bien obligé de m'écouter non? Elle me tourne le dos comme une véritable enfant et je m'apprête à quitter le confort, et surtout l'étanchéité de ma tente pour aller près d'elle mais, elle décide enfin de bouger.

Il faut dire que le climat est de pire en pire, honnêtement je vois mal comment elle aurait pu dormir dehors dans ces conditions, c'est tout bonnement impossible! Elle s'arrête à l'entrée de la tente, m'affirmant que de dormir sous cette tente avec moi ait plus de sens... Je soupire doucement et je tente un petit sourire et une petite plaisanterie. "Je suis moins agressant que la pluie... Et plus chaud aussi!" Et je me maudis immédiatement pour la fin de ma phrase! Plus chaud aussi? Mais oui Valentino Rivolti espèce de crétin de catégorie maximale! C'est parfaitement ce qu'il faut dire dans une telle situation... Sans plus rien ajouter pour ne pas aggraver la situation, je m'écarte laisse à la jeune fille l'occasion d'entrer et de se mettre à l'abri... Elle claque des dents, se frottant énergiquement, visiblement elle a froid et ce n'est pas avec sa tenue que cela ira mieux! Elle dégouline d'eau, elle est sans doute trempée jusqu'au os et le léger vent qui souffle ne va pas l'aider à se réchauffer dans cette situation... Elle me dit que cela n'était pas prémédité et je ris doucement en secouant la tête. "Si c'était le cas je ne pourrais que m'incliner devant ta détermination et ton pouvoir, commander aux éléments est loin d'être à la portée de tous les hybrides!" Elle me signale ensuite qu'elle ne va pas trop prendre de place vu sa taille avant de rire mais, ce rire semble plus nerveux qu'amusé en fait...

Elle me pose ensuite quelques questions auxquelles je comptes bien répondre mais avant, j'ai un petit quelque chose qui me dérange : la demoiselle va attraper la crève si elle reste ainsi! Je me tourne donc, lui faisant dos et je commence à fouiller dans mon sac sans fond. C'était absolument délicieux oui, merci beaucoup pour cela!" Non pas ça, pas ça non plus... C'est dingue le nombre de saloperie que je peux transporter, à croire que depuis que j'ai ce sac je trimbale des trucs inutiles juste parce que je le peux! "Il est vrai que nous ne devrions pas manquer de ressources, cependant je doute qu'on ait le temps de faire des arrêts pour en ramasser constamment." C'est faux, en fait on pourrait prendre tout notre temps, nous n'avons pas de limites mais cela serait prendre trop de risque : de un que ces événements se reproduisent sans que l'on ait plus d'informations mais également que je reste seul avec elle trop longtemps! Ah enfin je trouve ce que je cherche! "C'est un hasard en fait, j'ai aidé une amie chasseresse qui avait reçu un contrat louche, elle se méfiait du commanditaire et puis, elle connait pas la région donc je l'ai accompagné... Sa mission était de trouvé un œuf de Drarbuste, nous en avons trouvé deux! Bien-entendu il s'est avéré que sa méfiance était justifiée, le commanditaire était un trafiquant qui a essayé de se débarrasser de nous! Il devrait être sous les verrous maintenant, j'ai envoyé une équipe l'arrêter... Saryna, mon amie, m'a remit l'un des deux œufs et je l'avais complètement oublié... Enfin! Quoi qu'il en soit!" Je tends à la jeune femme une serviette ainsi que l'une de mes chemise. Techniquement je devrais aussi lui suggérer de changer de sous-vêtements mais je n'ai rien pouvant convenir à une dame, cela serait étrange en même temps! Enfin, ma chemise doit être assez grande pour lui servir de robe de nuit même si, elle risque de ne pas pouvoir fermer tous les boutons du haut, après tout elle a des attributs que je n'ai pas...

"Tu... Tu devrais te sécher et te changer, tu vas tomber malade si tu restes ainsi! N'ais crainte, je te promets de ne pas regarder..."

Et en effet, je reste dos à elle, pas que l'idée de voir son corps dénudé soit extrêmement dérangeant, bien au contraire, cependant je la respecte bien trop pour avoir le moindre regard déplacé et puis, ce ne serait pas une bonne idée! Présentement je veux empêcher une amie de tomber malade, inutile de rendre cela plus étrange, malaisant ou... Attirant?

Elle n’avait pas envie de rentrer avec lui. Aucune envie. Cela ne ferait que compliquer cette situation. Pourtant, tandis qu’elle pensait ce genre de chose, elle s’était levée et avait parcourus la distance jusqu’à la tente. Valentino sembla tenter un brin d’humour. Par sympathie elle lui afficha un sourire. Bien sûr qu’il était plus chaud. Mais en cet instant elle aurait sans doute préférée mourir de froid. C’était comme lui mettre un banquet de sucrerie et autre gâterie sous le nez tout en lui interdisant d’y toucher. Une véritable torture. Pour toute réponse elle avait baissé les yeux et s’était faufilée par la petite ouverture qu’il lui avait dégagé.

Après cela elle avait tentée de lui faire la conversation. L’avantage avec le garde c’est qu’il n’était pas avare de parole et elle le remercia silencieusement de bien vouloir lui répondre avec autant de détachement. Elle se sentait un peu moins stupide de cette façon. Encore plus lorsqu’il mit le doigt sur quelque chose d’évident, comme le fait qu’elle n’avait aucun contrôle des éléments. Cette fois elle lui sourit avec un peu plus de franchise. Il avait le don de trouver les réponses pour dédramatiser une situation et surtout, il prouvait qu’il avait foi en elle et son honnêteté. Alors même si cette situation était des plus rocambolesques, il l’a croyait et c’était tout ce dont elle avait besoin.

Solveig s’était ensuite réfugiée dans un coin de la tente, ramenant tout son être contre elle dans l’unique but de se réchauffer. Déjà il n’y avait plus de pluie ou de vent ; rien que cela lui permettait d’avoir un peu moins froid. Toutefois ses vêtements trempés continuaient de coller à sa peau glacée. Il fallait qu’elle pense à autre chose. Si elle arrivait à faire abstraction de ces sensations, tout irait mieux. Elle se lança donc dans une petite tirade solitaire, interrogeant Valentino sur son repas puis sur son familier avant d’enchaîner sur la diversité des fruits que l’on trouvait dans la région. Il lui assura que son repas était bon. Encore une chose stupide qui lui fait plaisir. Cependant elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils lorsqu’il lui indiqua qu’ils n’auraient pas le temps de ramasser quelques fruits. Oh que si ils en auraient ! Le pauvre homme ne connaissait tout simplement pas la capacité que possédait Solveig pour dénicher les fruits les plus proche ! De toute façon elle était bien trop gourmande pour passer à côté d’un festin pareil. Mais elle attendrait de le mettre devant le fait accomplit pour cela. Ensuite il lui raconta l’histoire d’Aja et comment il avait obtenue son œuf. « Une amie? » Pensa simplement la demi chiraki alors que son regard l’inspectait discrètement. Puis elle secoua vigoureusement la tête. « Un ça ne te regarde pas. Deux tant mieux pour lui. Trois, continue à te rappeler que tu as froid, ça t’éviteras de penser à autre chose » et elle se remit à trembler.

La jeune Prêth avait bien remarqué que le brun était en train de fouiner dans son sac depuis un petit moment, mais elle ne s’attendit pas à ce qu’il lui propose ses vêtements. Interdite, elle le dévisagea un moment avant de se saisir de la chemise ainsi que de la serviette. Et comme si une mouche venait de le piquer, il se retourna pour la laisser se changer. Cela eut le don de la faire rire. Elle posa donc les affaires au sol et quitta la chaleur de son propre corps pour se déplier afin de se déshabiller. Elle commença par défaire un à un les boutons de sa chemise, la faisant lentement glisser sur ses épaules, frileuse à l’idée de se retrouver à nu par un tel froid. Afin de retirer un peu de gêne à ce moment, elle prit la parole.

- Je suis contente que le repas t’ai plus. Je ne suis pas une grande cuisinière mais j’ai dû apprendre quelques petites choses quand je me suis occupée de Samaël. C’est un de ses plats préférés. Sans doute parce que c’est un des seuls que je ne loupe pas ! Si tu savais ce que j’ai pu lui faire avaler. Elle se mit à rire tout en laissant tomber son propre haut de lin sur le sol, après quoi elle dégrafa ce qui lui servait de sous vêtements. - En tout cas, ton amie avait un bon instinct. Les menteurs sont plutôt bons pour se cacher lorsqu’ils le veulent. Changea-t-elle de sujet. - C’est une jolie récompense que tu as obtenue. Surprenante mais plutôt sympa. Ah… J’ai presque finit… Gnh… Grogna-t-elle tout en tentant vainement de retirer ses bottes et son pantalon qui étaient presque scotché à sa peau. A force de tirer, l’une des bottes céda et elle se sentit partir en arrière, heurtant le dos de Valentino. - Fais ch… Le reste de ses mots se perdit dans un murmure. - Désolé. Mauvais calcul de tirage. Dit-elle en s’éloignant de lui comme si elle venait de se brûler. Afin de ne pas réitérer cette expérience dérangeante, elle s’assit et continua de ses débattre avec son cuir au sol. Elle en vint à bout en quelques minutes et pu enfin passer la serviette sur tout son corps et surtout dans ses cheveux. Ce n’était pas le grand luxe mais elle sentait déjà le froid la quitter. Après cela, elle enfila la chemise de Valentino.

- Parfait ! Dit-elle simplement une fois qu’elle eut terminée de reboutonner tout ce qui était reboutonnable. Si Solveig avait l’habitude de porter des tenues légères, celle là ne faisait pas différence. D’ailleurs elle fut étonnée de voir à quel point les vêtements masculin pouvaient être confortable et pas si affreux. Fort heureusement, le chemise était un peu grande et lui tombait à mi cuisse. Doucement, elle tendit la main et la posa sur l’épaule de Valentino. - C’est bon, tu peux te retourner. J’ai terminé. Merci, je me sens déjà bien plus à l’aise. Lui avait-elle dit tout en lui offrant un sourire sincère. Et il n’y avait pas que ses lèvres qui souriaient. Le décolleté pigeonnant qu’offrait la chemise du garde, semblait aussi jovial que celui de sa porteuse.

Calmement, Solveig ramassa ses affaires et se mit en tête de les disposer comme elle le pouvait sous la tente afin de les faire sécher. Elle épingla d’abord son pantalon puis retourna ses bottes et étendit enfin sa chemise et son soutiens gorge.

- Tu sais, tu n’avais pas besoin de préciser que tu ne regarderais pas. Je te fais confiance à ce sujet. Après tout ce n’est pas comme si nous n’avions pas passé une n… Brusquement elle arrêta sa phrase. - Comme si n’avions pas déjà… Euh… Je sais que tu n’es pas ce genre d’homme. « C’est bien le moment de reparler de cette nuit là » pensa la jeune femme en soupirant. Une fois qu’elle en eut terminé avec ses vêtements trempés, elle s’allongea sur le ventre à même le sol et posa son menton entre ses mains. - Je crois que la pluie n’est pas prête de s’arrêter. Dire qu’on avait fait un bon feu...Puis elle roula sur le côté et se retrouva sur le dos. - Tu crois qu’on est poissard ? Je commence à avoir des doutes moi. Dit-elle tandis que ses yeux rieurs allaient chercher celui de Valentino.

Pourquoi diantre devons-nous nous retrouver dans une telle situation? Non mais franchement cela n'a absolument aucun sens, à croire que quelqu'un là-haut se moque de nous et s'amuse à nous manipuler pour nous mettre dans la situation la plus désastreuse possible! Bien-entendu, je refuse de la regarder, cela ne serait pas respectueux de l'observer alors qu'elle se change, et puis, pour mon propre bien également il vaut mieux que j'évite! Et pourtant, c'est extrêmement difficile! J'imagine qu'elle va se dévêtir assez vite, mon esprit me joue déjà des tours alors que je l'imagine... Elle doit être pratiquement dénudée... Que se passerait-il si je me tournais maintenant, la vue de sa peau encore humide, parcourue de quelques gouttelettes possiblement, ses lèvres attirantes et accueillantes, son sourire si plaisant... Pourrais-je seulement y résister si je me tournais maintenant? Je préfère ne pas trop le savoir en réalité c'est pourquoi je suis soulagé lorsqu'elle recommence à parler! Le repas, voilà un sujet de conversation plus qu'intéressant! Alors ainsi, ce qu'elle a cuisiné ce soir est le seul plat qu'elle ne rate pas? Je ris doucement en entendant cela, je me rappelle des premiers plats que j'ai préparé pour Lisa, ils étaient immangeables et pourtant, elle les mangeait toujours, affirmant que c'était excellent car je les avais fait... Avec le temps j'ai appris, maintenant je suis un relativement bon cuisinier en fait, j'imagine que je pourrais sans doute apprendre à cuisiner à la jeune femme? C'est toujours utile, je pourrais aussi cuisiner pour elle en fait, je nous imagine bien tous les deux devant le feu et... Une minute? Je suis vraiment en train de nous imaginer vivant une petite vie de famille bien tranquille là? Je secoue vivement la tête! Vous êtes amis Valentino Rivolti, arrêtes d'imaginer des choses, vous avez été parfaitement clairs!

J'entends sa chemise, ou ce que je suppose être sa chemise, alourdie par l'eau qui tombe au sol et cela me sort de mes pensées, même si en fait je crois qu'il aurait été mieux de ne pas en sortir vu ce que je suis capable d'imaginer maintenant, fort heureusement, la demoiselle ne m'en laisse pas réellement le temps... Elle détourne l'attention en parlant de Saryna et je souris largement, il est vrai que la demoiselle a fait preuve d'énormément de jugement cependant cela ne m'étonnes pas spécialement. "Oh oui Saryna est capable d'un excellent jugement, suffit de voir le mec avec qui elle est en couple! Un de mes amis, un gars en or, le mec le plus sincère et sympathique que je connaisse!" Je viens de parler de Devon pour signifier que l'hybride araignée fait preuve de jugement? Est-ce que c'était véritablement mon but ou bien ais-je fais cela uniquement pour signifier à Solveig que la femme en question n'est réellement qu'une amie et rien de plus? Parler de l'homme avec qui elle est en couple tout en précisant que c'est un ami à moi, n'est-ce pas une manière de lui assurer qu'il n'y a rien entre la jeune femme et moi? C'est potentiellement le cas, en fait je suis presque persuadé que c'est le cas! Pourquoi fais-je cela? Peut-être que cela aurait été plus simple de lui faire croire que je vois quelqu'un? De lui affirmer que je ne suis plus seul? Cela aurait sans doute mit fin à toute cette situation cependant, je suis incapable de mentir, plus encore à elle!

Soudain, je la sens qui se cogne contre moi alors qu'elle s'excuse, il me faut toute ma volonté pour ne pas me retourner à cet instant et à la place, je soupire doucement en secouant la tête de gauche à droite. "Ce n'est rien ne t'en fais pas!" J'ignore combien de temps cela prend en réalité, je ne m'en soucie que moyennement pour être sincère, je tente de penser un peu à n'importe quoi en réalité pour ne pas penser à elle! De ce fait, je ne remarque pas ses mouvements et je sursaute en sentant sa main sur mon épaule. Un garde qui ne prend pas garde, c'est pas sérieux tout cela! Je me tourne vers elle et je la regarde alors que mon cœur rate sans doute un battement! Certes ma chemise couvre tout ce qui doit l'être mais tout de même... Comment suis-je censé résister à cela? Elle me dit qu'elle me fait confiance, qu'elle savait que je n'allais pas me retourner, que je ne suis pas ce genre d'homme? Sans doute cependant j'ai longtemps douter de ma capacité à rester dos à elle... En plus, elle a fait mention de notre nuit ensemble! Certes, il ne s'était rien passé cette fameuse nuit, d'un certain point de vue, les choses seraient peut-être plus simples dans le cas contraire, si elle et moi pouvions nous détester pour une raison quelconque valable mais non... C'est bien cela le pire, nous nous apprécions sincèrement tous les deux!

Sommes nous poissards? Sans doute, je ne reste cependant pas longtemps mon oeil ancré au sien, la dernière fois cela n'avait rien provoqué de bon... Enfin, si justement, cela avait provoqué quelque chose d'absolument fantastique et cela ne doit pas se reproduire, je dois à tous pris éviter que l'on s'embrasse! Je me couche à côté d'elle, regardant le "plafond" de la tente qui me semble soudain la chose la plus attirante et merveilleuse au monde, cela m'empêche de regarder ses jambes, son décolleté ou pire encore : son visage! Si mon oeil se pose sur ses lèvres, je risque de ne pas pouvoir me retenir! "Cela pourrait être pire... Au moins nous sommes ensembles!" Et merde, quelle idée de dire un truc pareil encore! Je suis vraiment trop con! Je m'empresse donc d'ajouter en riant nerveusement. "Je veux dire, c'est mieux d'être dans cette galère avec un ami non?" Car c'est ce que je suis : un ami! Sauf que, vu notre proximité et notre position, bientôt ma main touche la sienne, contact non prémédité mais bien présent, je sens ses doigts, je pourrais me saisir de sa main, entremêler mes doigts aux siens... Je fais un geste dans cette attention mais me ravisse... Je me redresse d'un coup en me grattant l'arrière de la tête.

"Euh... Tu peux avoir mon sac de couchage si tu veux, tu seras plus confortablement installée que directement sur le sol de la tente!"

Mine de rien lorsque Valentino se mit à parler du compagnon de Saryna, juste avant qu’elle ne commence à se déshabiller, un vent de soulagement l’avait parcourus. C’était idiot. Le jeune homme ne lui devait plus rien et surtout, si son cœur avait été prit par une autre femme, cela aurait été bien plus simple. Plus douloureux aussi. Mais Solveig aurait eut une véritable raison de s’imposer cette distance, cette fausse ignorance de leur affection mutuelle. Pourtant les fait étaient toujours les mêmes. Valentino était et restait aussi seul qu’elle l’était. De temps à autre, elle se demandait si ils avaient prit la bonne décision. Parfois elle se disait que non. Mais la raison la faisait constamment revenir sur terre et elle se souvenait de ce qui les avaient poussés à mettre un terme à leur idylle.

Une fois n’est pas coutume, la jeune Prêth était maladroitement venu heurter le dos du garde tandis qu’elle se battait avec ses bottes. Évidemment, elle s’était empressée de s’excuser platement. Bien entendu, elle savait bien que cela n’était rien de grave. Mais elle savait aussi que moins ils rompaient le contact qu’ils avaient établis, plus il était difficile d’avancer chacun de son côté. Elle ne savait pas ce qu’il en était de son côté mais pour sa part, même un soupçon de tendresse ou de caresse à son égard remettait ses sens en alerte et il lui semblait toujours plus compliqué de penser à autre chose. Fort heureusement pour cette fois, ses souliers lui causaient bien trop de tord pour qu’elle n’accorde plus d’attention à ce petit dérapage.

Au bout de quelques minutes, elle remporta la victoire ainsi qu’une chemise de Valentino qu’elle avait enfilé avant de prendre place sur le sol de la tente. Ce n’était pas le grand luxe mais certainement pas pire que si elle avait passée la nuit dehors sous la pluie. Pluie qui ne semblait pas vouloir se calmer d’ailleurs. Bien au contraire. Même caché sous la toile de tente ils pouvaient apercevoir les flash lumineux, preuve que le ciel était zébrée d’éclair. Le grondement sourd de l’orage leur parvenait aussi sans aucune difficulté. Il ne restait plus à espérer que leur abris soit bien monté et qu’ils ne prennent pas l’eau durant la nuit. Mais pour cela elle fit confiance à son compagnon. Après tout, même elle savait monter une tente ! Rapidement Valentino échappa à son regard tandis qu’elle aussi ce mettait à fixer un point très intéressant.

Même ainsi elle pouvait sentir la chaleur qui se dégageait du garde, elle pouvait également sentir les battements de son cœur. Régulier mais sans doute un peu plus rapide que la normale. Et ça ne s’arrangea pas lorsqu’il lui clama qu’ils avaient la chance d’être ensemble dans cette galère. Pour toute réponse la demi chiraki grimaça. Valentino tenta d’ailleurs de rattraper sa bourde sans grand succès. Puis avant qu’elle n’ait l’occasion de lui tendre une perche pour démêler ce petit quiproquo, elle sentit ses doigts contre les siens. Ce n’était pas une véritable caresse, ni même intentionnel, elle le savait. Pourtant cela créa un frisson qui parcourut son échine pour venir mourir sur sa nuque. Elle se revit, il y avait quelques jours de cela, entravée par ses bras larges alors qu’elle commençait à sombrer. Elle se souvint également de ce soir là où, aussi fou qu’elle,  il avait décidé de sauter de la falaise. De leur première rencontre tout simplement. Si seulement elle avait pu prévoir où cela allait les mener… Elle se serait contentée de laisser sa place à Agatha. Peut-être se serait-elle assise à l’autre bout de la table ou peut-être aurait-elle fait mine d’être une pimbêche désagréable. Mais il était trop tard maintenant. Même si leur histoire ne prendrait jamais vie, Solveig se refusait à la haine. A ses yeux Valentino méritait d’être compté parmi ses amis et même si elle n’était pas encore en mesure de lui offrir cette place, elle savait qu’un jour elle serait prête. Il lui faudrait juste du temps. Un tout petit peu de temps.

Brusquement, le jeune homme se redressa. Et sans trop savoir pourquoi la jeune Prêth en fit de même. Ses muscles étaient tendu comme ceux d’un arc alors que ses oreilles n’avaient jamais été aussi droite sur son crâne.

- Je… Tenta-t-elle de répondre à sa proposition. Malheureusement les mots semblaient avoir du mal à ne pas s’étrangler dans sa gorge. Alors elle toussota un peu puis obligea son visage à sourire. - Je n’ai pas de mal à dormir ou que ce soit, ne t’embête pas. Je suis très bien là où je suis. En plus je n’ai plus de vêtement mouillé alors vraiment, ça ira. Elle tendit la main et la posa sur le genou de Valentino. Plus par nature tactile que par tentative de quoi que ce soit. - Tu es toujours aussi prévenant hein… Elle rit. - Ne t’inquiète pas pour moi. J’en ai vu des pires et puis… Elle détacha sa main de lui et plia son bras comme pour montrer ses petits muscle. - Je suis plus solide que j’en ai l’air ! Son rire emplit leur petit lieu de vie puis elle donna un petit coup de poing dans son épaule avant de se laisser retomber en arrière. - Ne t’inquiète vraiment pas Valentino, tout ira bien pour moi. Tu peux te reposer. Son ton était calme mais une pointe de tristesse y perçait. Lui tournant ensuite le dos, elle ferma les yeux. - Encore merci. Dors bien… Ses mots se perdirent dans un murmure et il ne lui fallut que quelques minutes avant de sombrer dans un sommeil lourd et sans rêve.

Solveig avait toujours fais partie de ces gens naturellement collant et tactile. Thépa, qui partageait sa vie depuis vingt neufs années, pouvait aisément en attester. Elle possédait également un sommeil très lourd et il était difficile de la tirer du lit en une seule fois. Cependant, même endormit sa nature prenait le dessus et il suffisait de passer une nuit en sa compagnie pour comprendre qu’il serait impossible de dormir en paix. C’est donc sans surprise qu’aux alentours de trois heures du matin, la jeune femme se mit à s’agiter. Rien de bien folichon dans un premier temps puisqu’elle ne fit que se retourner. Sans vraiment se réveiller, elle se mit à grelotter. Il faisait frais, sans doute un peu trop pour elle. Puis il y avait cette source de chaleur si proche. Sans doute le coin d’un feu… Ou peut-être un monticule de couverture abandonné là… Peu importe. Elle alla s’y blottir. Posant son visage contre ce tissus doux et dont le rythme régulier apaisait soudainement son sommeil bancal. Pas tout à fait satisfaite, elle ronchonna avant de passer une jambe par dessus et enfin, elle vint y blottir tout son corps. A ce moment là seulement, elle replongea et se rendormit tout aussi profondément qu’au début de sa nuit. Le fait qu’une couverture puisse émettre un son régulier ?  Qu’elle respire ? Cela ne sembla pas la perturber pour un sous.    

Cette situation peut-elle être plus désastreuse? Que ce soit les mots, les gestes, les intentions... Les sentiments même en fait! Le ciel semble s'être ligué contre nous pour nous faire revivre encore et encore notre échec... Il serait si simple de craquer, de la prendre dans mes bras, de l'embrasser car j'ai envie de tout cela mais ce ne serait qu'une erreur de plus, une stupidité sans nom qui viendrait, à nouveau, avec plus de violence que jamais me frapper au visage lorsque, finalement, nous nous rendrons compte que ce qui nous a arrêté la première fois est toujours bien présent... Cela n'a pas marché, cela ne marcherait pas, cela ne marchera jamais! C'est la triste réalité de notre histoire alors, pourquoi suis-je si faible, si stupide que je sois incapable de chasser ces pensées? Au moins nous sommes ensemble? Non, nous ne le sommes pas, pas comme nous l'aimerions c'est évident et c'est bien cela le soucis, être ensemble maintenant, elle et moi, dans cette tente? N'est-ce pas justement ce qu'il pouvait nous arriver de pire? Ce genre de phrase, il faudrait que je tourne ma langue sept fois dans ma bouche avant de les prononcer et en plus, ce n'est pas la suite qui va arranger les choses : mieux d'être avec un ami? Sans doute mais pouvons-nous prétendre être amis en réalité? Vu notre passif, nos interactions et simplement la force qui nous pousse l'un vers l'autre, serons-nous réellement amis un jour? Pourrons-nous surmonter ce que nous avons ressenti, ce que je ressens encore en réalité? Ou bien n'est-ce qu'une illusion dans laquelle nous nous berçons pour imaginer que forcément, tout ira mieux un jour?

Non, c'est ridicule de penser cela, après tout... J'ai réussi une fois non? N'ais-je pas mis mes sentiments pour Saori sur le côté à la naissance de Lisa? J'ai rejeté ma meilleure amie, celle que je pensais être la fille faite pour moi pour m'occuper de ma soeur, j'ai mis entre parenthèse mon propre bonheur pour quelque chose de plus important... C'est exactement ce que je dois faire maintenant, je dois faire abstraction de mes sentiments, les oublier, les rejeter, m'enfermer à nouveau dans un tout autre personnage pour oublier la douleur de cet échec... Au final, ce n'est jamais qu'une répétition, un nouveau rôle copié sur un que je connais depuis longtemps non? Nos mains se frôlent et je n'ai d'autre choix que de me redresser soudainement, la différence entre Solveig et Saori? Sans doute ma soeur... À l'époque, j'avais quelqu'un sur qui me concentrer, quelqu'un qui occupait toutes mes pensées et tout mon temps libre, faire abstraction de mon attirance pour mon amie était relativement simple, il me suffisait de passer du temps avec Lisa et je n'avais pas le temps de penser à qui que ce soit d'autre... C'est différent maintenant, surtout alors que nous sommes enfermés ensemble dans cette petite tente, à l'abri de cet orage qui gronde dehors... Notre abri contre le mauvais temps est également la plus grande épreuve qui pouvait m'être imposée... Mais ce n'est rien, ce n'est qu'une nuit après tout, qu'est-ce qui pourrait mal se passer?

Surtout que, la demoiselle refuse mon offre de prendre le sac de couchage, disant qu'elle a connu pire et je n'ai aucune difficulté à la croire, après tout la vie de militaire est parfois difficile... Je suis toujours aussi prévenant? Si seulement ce n'était pas le cas! Ce serait tellement plus simple si je pouvais agir en connard de première classe avec la demoiselle, lui faire croire qu'elle ne représente plus rien, passer pour l'homme le plus détestable du monde! C'est un rôle que j'aimerai jouer, que j'aimerai pouvoir endosser sans aucun problème... Elle me haïrait! Certes, ce serait douloureux pour moi, j'aurais de la peine de la voir me tourner définitivement le dos, que nos liens se coupent immédiatement sans qu'il ne reste entre nous rien d'autre que colère et déception de sa part et tristesse et mensonge de la mienne cependant, cela réglerait le problème non? Elle me dit de ne pas m'en faire pour elle, que tout ira bien... Oui, je ne doute pas qu'elle soit forte comme elle l'affirme en montrant son biceps cependant, sa tristesse est évidente, non tout n'ira pas bien, comme elle comme pour moi les choses ne peuvent aller bien temps que nous n'aurons pas tiré un trait sur ce que nous vivons... Le pourrons-nous seulement? Elle me tourne le dos pour se coucher, visions la plus douloureuse de ma journée, voir même des derniers jours en fait, et je me couche sur le dos en regardant le toit de la tente. "Bonne nuit..." C'est tout ce que je peux répondre alors que, comme un imbécile, je ne prends pas mon sac de couchage, dernière erreur de cette soirée durant laquelle trop d'erreurs ont été commises.

Solveig trouve assez rapidement le sommeil en réalité et si sa nuit se déroule sans rêves, la mienne se déroule sans sommeil en fait... Mon sommeil est lent à venir, si bien que dans le début de mâtiné, je ne dors toujours pas et à partir de ce moment, l'idée de trouver le sommeil en lui-même devient un rêve éveillé. Ce n'est pas le fait que la jeune femme bouge le problème, je me souviens de nombreuses nuits durant la jeunesse de Lisa, alors qu'elle n'arrivait pas à trouver le sommeil et qu'elle venait se glisser dans mon lit pour réussir à fuir ses cauchemars, je pense pouvoir affirmer qu'elle bougeait bien plus que la jeune hybride se trouvant à mes côtés sans que cela ne m'empêche de dormir mais, disons qu'entre mon adorable et adorée jeune soeur et la demoiselle qui partage ma tente, il y a une différence de taille : mon attirance! Lorsque la demoiselle se colle à moi, je peux sentir la chaleur de sa peau contre moi, il faut avouer que ma chemise est pratique mais elle ne couvre pas ses jambes, d'ailleurs l'une de celle-ci passe au-dessus de ma taille, nous mettant dans une position des plus improbables, je rappelle tout de même qu'elle ne porte rien sous cette chemise que je lui ai prêté... Quelle catastrophe et en plus, mon corps bouge malgré moi, comme si mon esprit n'était plus capable de le contrôler. Elle se blotti contre moi? Fort bien, je passe un bras autours d'elle, la serrant un peu plus. Ma main caresse sa joue avec douceur en prenant garde de ne pas la réveiller, je regarde son visage endormit, ses yeux son clos, sa respiration calme comme si elle était en paix et ses lèvres... Elles semblent m'inviter à franchir un pas que je me refuse depuis si longtemps déjà! Je pourrais l'embrasser, cela serait si simple... Le remarquerait-elle seulement si je lui vole un baiser, cela aurait-il une quelconque conséquence? Je m'approche lentement, mes lèvres se dirigeant vers les siennes, je peux sentir son souffle régulier sur mon visage alors que je suis si proche de céder... Finalement, je pousse un soupir et j'embrasse son front, résistant à l'ultime tentation! C'est terminé, il faut que je la laisse partir, que je laisse la flamme s'éteindre, cela me brise le coeur, mais c'est mieux pour elle, comme pour moi!

Je me tourne sur le dos, regardant le toit de la tente et mes yeux restent fixent, quelque chose vient sans doute de se briser en moi, l'espoir? Le rêve? Sans doute mais au moins, je sais ce que je dois faire. Je ne dérange pas la demoiselle, je reste comme perdu dans un environnement dont je ne peux m'échapper, le lendemain, tout sera différents. Le temps passe, lentement alors que le sommeil me fuit et bientôt, les premiers rayons du soleil nous éclairent. Quelle heure est-il? Je l'ignore mais déjà, la demoiselle commence à bouger en poussant quelques sons, semblables à des gémissements d'une personne qui se réveille. Je ferme les yeux, faisant semblant de dormir car notre position, moi sur le dos un bras sous elle et elle collée à moi... Je préfère lui faire croire qu'elle n'est pas entièrement responsable de cette fin de nuit.

Solveig se sentait si bien contre cette masse chaude, si bien qu’inconsciemment elle passa une jambe par dessus cette source de chaleur providentielle. Mieux encore, elle se sentit rapidement entourée par cette dernière. Vaguement, le lointain souvenir d’une nuit d’il y avait quelques jours lui revint en mémoire mais cela ne la réveilla pas et à la place elle plongea dans un rêve.

Dans ses songes le soleil chaud lui caressait la peau tandis que des rires retentissaient comme de doux carillon à ses oreilles, lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle se vit sur un bord de plage. « Sans doutes les côtes » avaient-elle pensée en avançant vers un petit groupe déjà en train de se baigner. Toujours sans se poser de question, elle vint aussi mettre les pieds dans l’eau. Et brusquement quelque chose la souleva de terre et vint embrasser chaudement son front. D’abord surprise, elle avait ouvert de grand yeux ahurit avant de sourire. Le brun lui souriant, on ne peut plus fier de sa bêtise.

- Monsieur Rivolti vous êtes un idiot ! Avait-elle clamé tout en éclatant d’un rire franc.

Valentino lui sourit avec tendresse et ses lèvres remuèrent mais aucun son n’en sortie. Penchant la tête sur le côté, elle s’approcha un peu plus.

- Hein ? Je n’ai pas entendu, tu peux répéter.

Le jeune homme parla de nouveau sans que rien ne lui parvienne. Puis subitement, comme si quelqu’un venait de remettre le son, sa voix raisonna durement.

- Séparons-nous, nous n’avons aucun avenir.

Solveig avait parfaitement conscience de cela mais l’entendre de sa bouche n’en restait pas moins douloureux. Elle recula d’un pas tout en s’obligeant à garder une mine souriante. La pauvre n’avait qu’une envie, prendre ses jambes à son cou et s’en aller le plus loin possible. Et c’est ce qu’elle fit, tournant les talons elle se mit à courir, ses jambes bougèrent… Mais le paysage resta le même, Valentino resta à sa place et redevint muet. Seul son regard devenu froid et hautain la jaugeait, elle, qui tentait de se débattre pour s’enfuir. Toute la lumière autour d’elle devint ténèbres, même le garde s’évapora comme une volute de fumée et bientôt elle se retrouva dans le néant. Ses essoufflements semblaient comme absorbés par cette noirceur. Dans le monde réel, son corps fut agité de léger soubresauts et sans crier gare elle ouvrit les yeux. Ses pupilles dilatées, la sueur qui perlaient sur son front et son souffle erratique en disaient long sur ce qu’elle ressentait.

- Ce n’était qu’un rêve...Murmura-t-elle en prenant une grande inspiration.

A ses côtés, le sujet de ses songes, dormait à point fermé. Passant son regard de l’un à l’autre, il ne lui fallut que quelques instants pour comprendre qu’ils se trouvaient dans une position délicate. Elle aurait tant voulu se blottir encore un peu contre lui, profiter de ce petit instant de faiblesse. Malheureusement ce n’était pas dans la nature de la demi chiraki, aussi elle se contenta d’effleurer sa joue du bout des doigts puis de remettre quelques unes de ses mèches indomptable en place. Après cela, elle quitta la chaleur de son corps puis sortie de la tente, attrapant ses vêtements encore un peu humide.

Le temps était de nouveau clair, le soleil faisait son grand retour et avec lui la chaleur. La garde ferma les yeux afin de profiter quelques secondes de cette douceur puis elle se mit en quête d’un petit déjeuner. Avec un peu de chance elle trouvera de quoi se nourrir sans avoir à utiliser leur rations de survit. Elles n’étaient pas immangeable mais une bonne paires de baies seraient tout de même bien plus gourmand.

Ce ne fut qu’au bout d’une bonne demi heure qu’elle revint, sa chemise de la veille chargée de plusieurs dizaine de fruit différent. Les posant sur le sol elle s’apprêta à aller réveiller Valentino lorsque sa conscience l’arrêta. « Tu ferais mieux de t’habiller. » Alors elle s’en retourna à ses affaires, enfila son pantalon, son soutiens gorge, enfila de nouveau la chemise qu’il lui avait prêté et retourna dans la tente.

- Debout marmotte ! Le petit déjeuné est servit ! Dit-elle d’un ton le plus naturel possible.

Je sais que la jeune femme va se réveiller à cause des sons qu'elle produit, parce qu'elle bouge énormément également alors, je ferme les yeux... Vu la situation, faire semblant de dormir me semble la meilleure solution même si je n'ai pas fermé l’œil de la nuit. La belle se réveille en sursaut, murmurant que ce n'était qu'un rêve? Un cauchemar donc? Je me demande réellement de quoi elle a bien pu rêver, quoi que ce soit, je ne peux malheureusement rien faire, si j'ouvre les yeux, si elle voit que je suis réveillé, que pensera-t-elle de tout ceci? J'ai envie de me lever, de la prendre dans mes bras, de lui dire que ce n'est rien, que ce n'était qu'un rêve, que je suis avec elle mais...Est-ce vraiment ce qu'elle voudrait que je fasse? Ce qu'elle voudrait entendre surtout venant de moi? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, présentement cela risquerait sans doute d'être pire que mieux en réalité... Soudain, je sens quelque chose, ses doigts qui effleurent ma joue, sa main qui remet en place mes cheveux, je dois me faire douleur pour ne pas saisir sa main, pour ne pas l'attirer à moi... Non! Ce serait la pire des situation possible, je ne peux pas agir de la sorte, les conséquences seraient désastreuses, si je craque maintenant il n'y aura aucun retour en arrière possible! Elle sort de la tente, prenant ses affaire au passage et s'éloigne, digne et forte comme toujours alors que moi... Moi je suis resté couché en faisant semblant de rien! Il faut croire que, en ce domaine au moins, la jeune femme reste bien plus digne que moi face à l'adversité...

Combien de temps est-ce que je reste là? Je l'ignore... Allongé sur le dos, un bras en dessous de la tête, je regarde le plafond de la tente en ne sachant trop que faire. Il faudrait sans doute que je sorte de cet abri, après tout il ne semble plus pleuvoir dehors, bien au contraire le temps semble au beau fixe mais, est-ce que je veux réellement sortir et me retrouver nez à nez avec la belle hybride? Mon drarbuste s'approche de moi, comme s'il sentait que quelque chose d'étrange était en train de se passer dans ma tête, il me regarde comme s'il essayait de comprendre mon comportement et je soupire doucement en posant ma main sur le haut de son crâne. Moi non plus, je ne comprends rien à la situation dans laquelle je suis et je maudis ce qui est en train de m'arriver en fait, je ne me sens pas capable de passer au-dessus de tout cela, cette nuit n'a été que la première d'une longue série... Combien de temps pourrais-je résister à la jeune femme? Non, Solveig n'a rien fait qui puisse me pousser à dire que c'est à elle que je dois résister, c'est à moi et à moi seul en réalité! Je suis le seul qui est incapable de contrôler mes envies, j'essaie, difficilement, de me dire que rien ne se passera mais si j'étais sincère avec moi-même qu'adviendrait-il? Nous n'avons aucune chance de finir ensemble, les faits sont ce qu'ils sont et pourtant, c'est tellement difficile à accepter, comment suis-je censé faire pour passer au-dessus de ce que nous avons brièvement vécu?

Soudain, je suis sortis de mes pensées par la jeune femme qui revient dans la tente, elle s'est vêtue certes mais porte toujours la chemise que je lui ai donné la veille... Même avec un pantalon et son soutien-gorge, je dois dire que cela reste relativement sexy... Non! Avec ce genre de pensées comment je pourrais me sortir la jeune fille de la tête? Je souris doucement, faisant comme si de rien n'était alors que je me redresse pour m'asseoir. "Déjà le matin? Désolé, je suis plus matinal habituellement mais j'ai vraiment passé une excellente nuit cette fois!" Bien-sûr Valentino, dis-lui que tu as passé une excellente nuit à ses côtés, ce n'est pas du tout problématique ce genre de phrase surtout en sachant que tu n'as pas fermé l'oeil de la nuit espèce d'imbécile! Je me glisse hors de la tente, me relevant et m'étirant comme je peux! La journée va être difficile, la fatigue va sans doute finir par me gagner à un moment ou un autre, il faut espérer que l'on ne rencontrera pas d'ennemis déterminés à nous barrer la route, pas sûr que je sois parfaitement opérationnel au fur et à mesure que la journée va avancer. "Merci pour le petit déjeuner Solveig... Tu as passé une bonne nuit?" Je m'installe tranquillement pour manger, oh diantre le sol est affreusement bas ce matin! Mon petit familier me rejoint en gambadant, apparemment attiré par les fruits ramenés par Solveig, lui au moins n'a pas eu de problème à dormir. Bon, la route est encore longue, on est mieux de prendre des forces pour la suite!" Faire semblant de rien n'a jamais été aussi difficile!