Son visage encore fatigué était adorable. Si ils avaient été encore ensemble, il ne faisait aucun doute quant au fait qu’elle serait retourner se cacher sous sa couverture avec lui et qu’elle lui aurait offert un réveil bien plus dynamique. Malheureusement leur idylle n’était plus. Il fallait impérativement qu’elle réussisse à se mettre ça dans le crâne. « Et ce sourire... » avait-elle pensé tout en se mordillant la lèvre machinalement pour s’empêcher de dire une bêtise. Qu’aurait-elle fait à ses pauvres lèvres si elles avaient été siennes ? Elle secoua brutalement la tête. « Pense à autre chose, pense à autre chose. » s’entêta-t-elle à répéter tout en affichant à son tour un sourire des plus crispés.

- Une excellente nuit. Oui oui. Hein ? Enfin. Tant mieux ahah. On y va ? Comme une machine elle fit un demi tour vitesse grand V et se dirigea vers l’extérieur de la tente où elle prit une grande inspiration avant de soupirer longuement et bruyamment laissant son buste se pencher vers l’avant comme si elle venait de courir un marathon. Et dans un sens c’était un peu le cas.

Valentino était déjà sur ses talons et en un rien de temps la garde se retrouva de nouveau droite avec une respiration des plus normales comme si rien ne s’était jamais produit. Dans un premier temps il alla s’installer non loin des baies et Solveig en fit de même, se laissant tomber sur le sol avec légèreté. L’avantage lorsque l’on est une goulu c’est que la nourriture peut nous faire oublier bien des soucis. Comme les sentiments qui manquaient de déborder pour la personne partageant ledit déjeuné. Sans plus attendre elle se saisit d’un fruit et le fourra dans sa bouche. C’était à se demander si son dernier repas remontait seulement à hier soir.

- J’ai bien dormis oui… Dit-elle après avoir avalé tout rond le fruit qu’elle avait mit dans sa bouche. Elle évita également d’ajouter qu’il lui avait tenu suffisamment chaud pour qu’elle dorme correctement et qu’elle avait rêvé de lui. Souriante, elle hocha la tête. - Profite en pour bien manger, je ne pense pas que l’on puisse se permettre de tels repas constamment ! Puis elle attrapa une nouvelle poignée de fruit qu’elle mit dans sa bouche sans plus attendre. Le reste de leur petite déjeuner se passa dans une ambiance relativement bonne. Solveig s’évertuait à combler les blancs en racontant tout ce qui lui passait par la tête et en se goinfrant autant qu’elle le pouvait. Tant et si bien que son estomac la tortura un moment lorsqu’elle se remit debout. Cela ne l’empêcha pas d’aller seller Adonis et de passer un savon à Azazel lorsqu’il daigna repointer le bout de son nez. Ce dernier s’était d’ailleurs mis à grésiller, menaçant et ils en restèrent là.

Le trajet jusqu’à la tour en ruine lui sembla atrocement long et éreintant aussi bien physiquement que mentalement. Mais que pouvait-elle bien y faire… ? Pas grand-chose. Alors elle endura le trajet tout comme son partenaire. Par chance le temps fut plus clément les jours suivant et elle put enfin dormir à la belle étoile. Il était reposant, pour elle, d’échapper à ces moments à deux où elle devait maintenir une bonne humeur constante afin de ne jamais céder à ces envies. Toutefois et même si elle n’osait plus l’espérer, ils finirent par arriver à cette fameuse tour.

Solveig sauta avec légèreté de sa selle et entreprit d’accrocher la bride de sa jument à un arbre puis elle étira chacun de ses membres. - Par la déesse j’ai l’impression d’être toute cassée. Aaaah faire autant de jour de cheval… C’est inhumain. Toujours en se tortillant dans tout les sens elle s’approcha du cheval de son camarade et lui flatta l’encolure. - Ça va toujours ? Je sais pas toi mais moi j’ai hâte d’entrer là dedans !  

La situation est désastreuse avouons-le... Elle se mord les lèvres et je n'ai qu'une envie, me lever immédiatement et les captures, remplaçant cette morsure par quelque chose que, j'imagine, sera bien plus agréable... Malheureusement je ne le peux, j'affirme avoir passer une bonne nuit et la jeune fille répond avec un certain malaise et une précipitation évidente... Forcément, à quoi m'attendais-je après une telle phrase? Elle sort de la tente avec une vitesse folle et, vu que le tissu de mon abri n'est pas des plus épais tout de même, j'entends largement son soupire relativement fort dès qu'elle se trouve de l'autre côté... Je me lève, sort de cette protection alors qu'elle se redresse rapidement et je décide de faire comme si je n'avais rien remarqué, après tout la situation est déjà bien assez difficile ainsi, inutile d'en rajouter! La meilleure chose à faire est sans aucun doute de prendre ce petit déjeuner rapidement et de reprendre la route ensuite, après tout plus vite nous serons occupé à faire autre chose, moins longtemps nous aurons pour penser à notre relation qui s'est malheureusement terminée bien trop vite!

Je déguste donc ce petit déjeuner, donnant également quelques fruits à Aja, après tout il faut bien que je m'occupe du petit Drarbuste et puis, temps que je m'occupe de lui je ne pense pas à la belle hybride! Elle prétend avoir très bien dormi? Mensonge que cela, je le sais parfaitement... Enfin, peut-être son sommeil a-t-il était agréable mais je sais parfaitement que ce n'était pas le cas de ses rêves vu son réveil précipité! Je ne dis rien cependant, même si elle ment, je ne peux pas dire que je sois moins en faute qu'elle, après tout j'ai fais semblant de dormir alors que j'ai passé la nuit éveillé, j'ai failli l'embrasser alors qu'elle dormait et encore maintenant j'en ressens l'envie folle! Inutile de dire quoi que ce soit, le mieux à faire c'est de me concentrer sur autre chose, de ce fait, j'écoute son conseil qui est fort judicieux et je mange, profitant de cet instant avant que l'on ne reprenne la route pour combler mon estomac! À défaut de combler les envies de mon cœur, ce-dernier sera encore meurtrit mais mon estomac, lui au moins, sera remplit!

Après quoi, nous préparons les chevaux, la route est longue nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps, de plus se concentrer sur la mission permettra de faire abstraction du reste, en tout cas je l'espère. Comme prévu la première journée est difficile, j'arrive à masquer mon manque évident de sommeil mais je suis bien heureux que rien sur le chemin ne nous pose de problèmes, s'il avait fallu se battre, nul doute que j'aurais été un handicap! Aussi, je suis bien heureux lorsque je vois la nuit pointer le bout de son nez, je propose de faire une pause immédiatement! Le repas n'est pas si bon que la veille mais au moins, cette fois, le climat est clément et ma torture est moins grande! J'arrive même à dormir un peu, assez pour pouvoir me dire en forme le lendemain! Je suis extrêmement heureux d'avoir mon coussin de rêve avec moi, ce-dernier me permettant de contrôler mes rêves, au moins je ne rêve pas de Solveig! Cela aurait été affreusement compliqué autrement pour être parfaitement honnête!

Le reste du voyage se passe plus ou moins de la même manière. Il est long et éprouvant tant physiquement que mentalement! Physiquement parce que c'est long et que nous sommes sur la selle de nos chevaux à longueur de journée mentalement parce que... Et bien... C'est difficile d'assumer ce voyage en compagnie d'une femme avec laquelle il ne peut rien se passer alors que mon coeur souffre de cette impossibilité! Que ce soit les quiproquos, les sous-entendus, les incompréhension ou les situation parfois tendancieuses dans lesquelles on se trouve malgré nous, cette situation est loin d'être simple aussi suis-je heureux d'enfin voir la tour, destination que je ne rêvais plus de voir! Solveig s'approche de moi, caressant mon cheval et me demandant si je vais toujours bien. "Parfaitement oui!" *Pas le moins du monde, te rends-tu comptes de la douleur que c'est d'être avec toi si longtemps sans être avec toi?* "Je suis impatient de voir ce que l'on va trouver dans cette tour!" *Avec un peu de chance un truc suffisamment ancien et magique pour me faire oublier mes sentiments!* "Ne perdons pas de temps allons-y!" *Car si je reste inactif trop longtemps près de toi je vais forcément finir par craquer...*

Je descend de mon cheval, vais l'attacher plus loin et avance en direction de la tour. Première constatation : la porte est ouverte! On risque donc de trouver tout et n'importe quoi à l'intérieur : créatures sauvages, animaux, bandits qui n'aurait aucune idée d’où ils ont mit les pieds... "Soyons sur nos gardes..." Et ainsi, nous entrons tranquillement et prudemment dans l'édifice.

Après autant de jours, Solveig maîtrisait à la perfection l’art du faux semblant. Sourire à Valentino, en mettant de coté tout ce qui broyait son être, était presque devenue une seconde nature. Au revoir les sourires tristes et masques de papier qui se déchiraient au premier coup de cil venu. Une fois qu’il confirma avoir tout aussi hâte qu’elle d’entrer dans ce lieu maudit, elle s’écarta de son passage afin de le laisser attacher son cheval. Sur sa droite, la petite nébuleuse se mit à faire des cercles dans l’air tout en crachotant quelques petits éclairs à l’attention de la garde. L’air de dire « si tu me laisses dehors je me vengerais ». Pour seule réponse, elle leva les yeux au ciel et fit signe à Azazel de les suivre.

Son ancien compagnon maintenant à ses cotés, la jeune femme fit quelques pas en direction de la tour. Dans chacun des fourreaux à sa ceinture étaient logées des dagues, dans chacune de ses bottes, des lots de couteaux de lancés et comme si tout cet attirail ne suffisait pas, elle avait également caché dans sa bague tsépi des flèches et un arc. N’importe quel monstre pouvait bien pointer le bout de son nez, elle serait prête à le couper en rondelle et le mettre au menu de ce soir sans aucun problème. C’est donc sûre d’elle mais non sans méfiance qu’elle décida d’entrer par la porte vraisemblablement laissée ouverte.

Sans surprise, l’intérieur était terriblement calme. Sans doute un peu trop au goût de la blanche qui marqua un temps d’arrêt afin d’écouter les sons et de humer l’air. Malheureusement en dehors des battements réguliers et de l’odeur caractéristique de Valentino rien ne vint l’alarmer. Elle se détendit alors mais saisit tout de même une dague à sa ceinture qu’elle fit jongler entre ses doigts.

- D’après les dernières informations tout est revenu à la normale ici. On devrait croiser la faune du coin dans le pire des cas. Avec un peu de chance on croisera qu’un ou deux pimplumes ! Souriante elle avança au centre de la pièce puis désigna les différentes possibilités. Deux escaliers. L’un montant, l’autre descendant et une porte simple qui menait on ne savait trop ou. - Une direction qui te tente plus qu’une autre ? Mh… Au pif je dirais l’escalier qui descend. Qui dit descente, dit sous sol et qui dit sous-sol…. Elle pointa deux doigts vers lui comme si elle attendait une réponse évidente. - Dit endroit glauque et qu’est qu’on trouve dans les endroits glauques ? Des monstres ! Elle se mit à sautiller frénétiquement tout en avançant dans la direction indiquée.  

Après avoir attaché nos monture de sorte à être certains que celles-ci ne nous abandonnent pas durant notre exploration nous avançons côte à côte pour entrer dans cette fameuse tour... Contrairement à ma compagne, je ne suis pas spécialement armé, basant mes combats sur ma force physique, ma ruse et ma transformation lorsque cela est nécessaire. Je sais que la jeune valkyries doit avoir sur elle de nombreuses armes, je me souviens notre première rencontre, notre petit combat, le nombre d'armes qu'elle a sortie de ses habits... Mon attaque en traître, ma double attaque en traître même maintenant que j'y pense et après cela... Nos baisers, la chaleur de sa peau, la douceur de ses lèvres... JE secoue vivement la tête! Ce n'est pas le moment de repenser à cela! Après tout, nous sommes ici en mission officielle et non pas pour le plaisir! Surtout pas vu notre situation! Je tente donc de recentrer mon esprit sur cette assignation, après tout c'est moi l'officier supérieur c'est donc à moi de garder l'esprit clair en toute situation! Si le leader se laisse aller à quelques pensées secondaires alors c'est tout le groupe qui est en péril même si... Peut-on véritablement considérer ses sentiments refoulés comme une pensée secondaire? Il en doute mais qu'importe? Là n'est de toute manière pas la question je suppose!

Nous entrons dans le bâtiment, il y a une certaine tension qui peut se faire ressentir, un peu comme dans la chambre de deux adolescents inconscient des plaisir de la chaire avant leur première interaction charnelle... Un regard vers la peau halée de ma compagne et je soupire discrètement... Ouai, ça va pas être simple! Pourtant, le silence est plus que présent, une ambiance oppressante que même le calme apparent et l'absence de tout danger immédiat ne pourrait calmer... J'ignore ce que nous allons trouver en ce lieu, peut-être rien en réalité! Après tout, l'endroit serait apparemment vide mais, si personne n'a investi les lieux - et par personne j'entends la possibilité de bête sauvage également - c'est peut-être qu'il y a encore autre chose à trouver? Qu'en sais-je après tout? En tous les cas, deux directions s'offrent à nous sous la forme de deux escaliers : l'un montant vers les sommets inconnus de cet étrange édifice, l'autre semblant descendre dans les abysses toutes aussi mystérieuses du bâtiment... Je réfléchis rapidement à la situation : deux directions, deux possibilités, deux mystères concernant ce que l'on trouvera... Il faut agir avec parcimonie et réflexion...

Sauf que bon, Solveig est plus du genre à agir à l'instinct, c'est aussi cela qui me plait chez elle : son naturelle et sa manière de faire parfois! Pour le coup, j'ignore si elle a réellement réfléchit avant de décréter que l'on devrait commencer par les étages inférieurs... Elle semble dire cela comme si c'était une évidence, attendant visiblement que je ne confirme le cours de ses pensées : qui dit sous-sol dit? J'avoue que j'ignore où elle veut en venir mais elle n'est pas forcément du gens patiente alors, la voilà qui termine elle-même sa phrase et je ne peux même pas m'empêcher de rire! Tout est si simple avec elle, les seules questions qu'elle se pose la plupart du temps sont : dans quelle direction j'ai le plus de chance de trouver un ennemi? Et comment l'abattre? C'est si simple et pourtant, je hausse les épaules avant de m'engager dans la même direction qu'elle! Après tout, qui suis-je pour contredire les envies de la belle? Je passe donc devant elle, la frôlant légèrement et posant un regard lourd de sens sur elle... "Allons donc voir ces monstres ma belle!"

Pourquoi suis-je obligé de lui parler ainsi? Je l'ignore mais que puis-je y faire, il est difficile même après tant de temps de voyage de la voir autrement... Elle reste la femme qui a prit une place des plus importante dans mon esprit, peut-être même dans mon coeur? je sais qu'il sera plus que difficile de l'en déloger et je peux juste espérer que les choses n'évolueront pas plus mal que ce que j'ai en tête! Je parle bien-entendu de la mission mais également et surtout de notre relation avortée... Alors que nous descendons les marches, il me semble entendre un son : du mouvement? Non autre chose... Une mélodie? En un tel lieu... Je me sens soudainement incroyablement attiré et même si mon esprit me dit que c'est sans nul doute une chose dont je ne désire pas m'approcher, mes pas continuent à se faire et, pour la première fois, j'oublie même totalement Solveig...

Solveig avait l’habitude de suivre à la fois ses envies et son instinct. Elle avait également l’habitude de prendre des refus. Rare étaient les personnes qui voulaient la suivre lorsqu’elle choisissait une direction, encore plus lorsqu’il s’agissait de combat. Pourtant, sans se poser aucune question, Valentino avait acquiescé, riant par la même occasion. La jeune femme aurait voulu rire avec lui, cependant elle ne pouvait s’empêcher de le regarder comme un enfant devant une sucrerie qu’il n’a pas le droit de goûter, l’air un peu hébété. Aurait-il rit aussi, si ils avaient été ensemble ? Avant qu’une quelconque réponse ne lui vienne à l’esprit, il lui passa devant. Sa peau la picota légèrement lorsqu’il l’a frôla et ses poils terminèrent de se hérisser lorsque son regard croisa le sien. Pendant un millième de seconde, elle resta silencieuse et ne pipa mot, tournant seulement les talons afin d’emboîter le pas à son supérieur. Puis lorsqu’ils s’engagèrent enfin dans l’escalier, elle murmura un impatient « C’est partie ! ».

C’est dans le silence qu’elle descendit les premières marches. Lorsque soudain une odeur lui monta aux narines. Quelque chose qui la chatouillait et qu’elle ne connaissait pas. Ses bas instincts lui soufflaient que quelque chose n’allait pas et à peine eut-elle le loisir d’entendre quelques notes qu’elle rabattit ses oreilles sur son crâne avec le plus de force possible, diminuant considérablement sa capacité auditive.

- Val, il y a quelques choses de bizarre je crois. Dit-elle sans savoir à quel point elle pouvait parler fort. Son compagnon, qui avait jusque ici pour coutume de ne pas l’ignorer ; le fit et poursuivit sa route comme si la demi-chiraki n’avait pas ouvert la bouche. Ni une ni deux, elle dévala les marches quatre part quatre afin de rattraper le retard prit et arrivant à l’étage du dessous au moment même ou le brun posa le pied au sol.

- Valentino ! Essaya-t-elle de nouveau, certaine d’avoir crié cette fois. - Oh ! Ca y est, tu as définitivement perdu la tête ? Gémit-elle tout en essayant de le retenir par son haut, tirant dans le sens opposé où il avançait. - Tu pèses un âne mort… Force était de constater que si mère nature avait offert l’agilité à Solveig, il avait offert la force au jeune homme et c’est sans grande surprise que la garde se retrouva traînée à reculons. Par la suite, elle tenta de le retenir par la taille mais l’effet fut le même si ce n’est que la position était plus confortable. « Je vais aller lui coller deux belles gifles... » songea-t-elle sans jamais relâcher son étreinte. Peut-être qu’elle ne l’arrêterait pas mais elle pourrait au moins le ralentir un peu, au moins le temps de trouver une idée ou mieux encore de comprendre ce qu’il se passait.

Soudain, son cerveau cessa de batifoler aux scénarios les plus incongrus et la jeune femme relâcha sa prise sur la taille musculeuse. Sans perdre un instant elle contourna son ami puis tout en barrant la route de toute sa -petite- hauteur, elle posa chacune de ses mains sur ses oreilles. Si cela ne fonctionnait pas, elle ne voyait plus qu’une solution. Prendre de l’avance afin de comprendre qui ou quoi produisait un tel effet. C'était comme si Valentino n'était plus qu'une coquille vide.

- Tu n'as pas le droit de me laisser toute seule ! S'exclama-t-elle spontanément.    

J'ignore totalement ce qu'il se passe, j'avance inexorablement vers le bas de cet escalier sans que rien d'autre n'ait d'importance! Solveig a beau tenter de me retenir, elle n'existe plus dans mon esprit, je ne sens même pas ses tentatives infructueuses de me faire stopper et sa voix, malgré toutes ses tentatives est incapable de me retenir! Force est de constaté que j'ai oublié sa présence voir même son existence! Il n'y a que cette mélodie, cette douce mélopée envoûtante qui m'encourage à avancer sans cesse vers sa source! Est-elle seulement réelle? Ou n'est-ce qu'une merveilleuse illusion? Je l'ignore! Une partie de moi me fait dire que c'est une erreur d'avancer, que je devrais prendre le temps de réfléchir à ce que je fais, qu'il y a anguille sous roche et pourtant, cette musique qui joue dans ma tête m'empêche d'y réfléchir plus que cela! J'avance sans cesse! Pourtant, ma marche semble difficile, comme si quelque chose me retenait, comme si quelque chose voulait m'empêcher de rejoindre cette chanson qui m'attire pourtant tellement! Un moustique, un être sans importance qui pense pouvoir se mettre sur mon chemin! Même pas assez de force pour me ralentir réellement alors pourquoi m'en soucierai-je?

Pourtant, soudainement, quelque chose d'autre que la musique m'attire! Est-ce parce qu'elle a mit ses mains sur mes oreilles? Cela serait surprenant, j'entends encore la musique, certes moins fort mais elle est encore présente! Est-ce parce qu'elle est devant moi? Non ce n'est pas la première fois, ce n'est pas juste maintenant qu'elle se trouve à faire obstacle de son corps! Ce sont ses mots! Que je ne la laisse pas seule? Cette supplique est venue me chercher, bien plus que la mélodie, bien plus que n'importe quel maléfice, illusion ou envoûtement! Je m'arrête de marcher, je baisse les yeux sur la jeune femme et je viens doucement mettre mes mains sur les siennes! Je la regarde un instant avant de soupirer doucement, fermant les yeux, je relâche ses mains pour venir l'enlacer et l'attirer contre moi! Je pourrais l'embrasser, je voudrais sans aucun doute le faire mais cela n'est ni l'endroit, ni le moment! Non... Il n'y aura plus jamais de moment, nous avons été bien clairs là-dessus elle et moi, des amis oui, un couple? Malheureusement c'est chose impossible! Cependant, il y a une chose que je n'ai pas oublié, ce qui fait que j'ai réussi à sortir de ma torpeur, ce qui fait que ses paroles m'ont atteintes!

"Je te l'ai promis non? Moi, Valentino Rivolti, je ne t'abandonnerai pas! Je serai toujours là pour toi, je ne te laisserai pas tomber, je ne te laisserai pas seule! Désolé Solveig, j'ai eu un moment d'absence mais, je suis là!"

J'enlève ses mains de mes oreilles, la musique se fait plus forte mais cela est inutile, cette illusion ne peut plus m'attirer! Comment une simple musique pourrait avoir plus d'attrait que cette femme? C'est impossible! Je lui souris rassurant et confiant, putain de musique à la con, pour quoi tu me fais passer exactement? Je suis le supérieur! Normalement c'est pas moi qu'on doit sortir des pièges de merde du genre! Quoi qu'il en soit, vu le son de la musique, la source doit sans aucun doute se trouver à l'étage inférieur! Quoi que ce soit, ça semble capable de manipuler les esprits! Est-ce un pouvoir d'attirance, une illusion ou un charme je l'ignore mais vaut mieux être prudent! Si cela vient du son, vaut mieux ne pas laisser l'occasion à cette merde d'atteindre mes oreilles... Je regarde Sol' et je soupire doucement, j'aime pas trop cela mais pour le coup, user de mon pouvoir me semble une bonne idée! J'voulais pas spécialement que la belle me voit sous cette apparence mais la mission avant tout, j'veux pas prendre le risque de redevenir complètement confus et de lui attirer des emmerdes!

Du coup, c'est plutôt rapide : au repos et pour passer à ma forme hybride qui est celle que j'utilise le plus souvent, la transformation se fait vite! Je commence donc, ma peau devient rapidement grise, bientôt une carapace de chitine se forme en même temps qu'une queue munie d'un dard apparaît! Finalement, ma tête subie aussi son changement : chitine recouvrant mon crâne et donc mes oreilles, mandibules couvrant ma bouche! Un homme scorpion! Bref un truc dégueulasse et pas très beau à regarder ce qui change de mon charisme naturel et de ma beauté irrésistible! Mais au moins, cela me couvre les oreilles et m'assure de ne pas devenir un boulet pour la seconde fois en peu de temps! Je regarde Solveig et lui fait un petit signe de tête. "Allons-y!" Nous descendons alors les marches avec prudence, si l'étage inférieur est effectivement celui duquel provient la musique cela signifie sans doute que notre adversaire nous attends : une femme? Plutôt belle, elle chante mais c'est étrange, j'ai l'impression que quelque chose cloche... A ses pieds : difficiles à voir mais bien présent : des ossements! Des animaux surtout mais également humain! Je soupire doucement, impossible de ne pas en avoir entendu parler, surtout en étant au grand port : une créature qui attire les gens grâce à des illusions pour ensuite les éliminer : une sirène! On en trouve parfois dans les forêt mais à ce moment on appelle cela... "Une nymphe! Un adversaire redoutable mais bien moins dangereux lorsqu'on sait ce qu'elle est!" Comme si elle avait comprit cette information, la créature révèle sa véritable apparence, bien moins attirante pour le coup, et fonce directement vers Solveig!

« Putain ! » Gémit silencieusement Solveig tout en appuyant tout son être contre le torse puissant de Valentino. Ses mains encore collées à ses oreilles, elle sentait bien que leur force étaient diamétralement opposée. Quoi qu’elle fasse, il aurait toujours le dessus. La pauvre garde ne savait que faire, rien sous les yeux ne lui permettrait d’arrêter la course de son compagnon et il ne sembla pas décidé à reprendre conscience. Puis vient la dernière option : Prendre de l’avance et trouver la cause de son absence. C’est cela qu’elle devait faire,  c’est cela qu’elle pouvait faire. Rapidement elle jeta un regard par dessus son épaule. La voie était libre. « Maintenant ou jamais ! » Pensa-t-elle en amorçant un pivot. Mais avant qu’elle n’ait eut le temps de faire un quelconque mouvement, une chaleur qu’elle pouvait reconnaître entre toutes recouvrit ses mains. Son regard revint immédiatement se planter dans celui de Valentino tandis qu’il l’attira contre lui.

- Ne refait plus jamais ça… Murmura-t-elle tout en lui rendant son étreinte, s’agrippant à son dos comme si il pouvait se volatiliser à n’importe quel moment. Elle profita aussi de l’occasion pour enfouir son visage contre son torse. C’était sans doute un acte un peu fourbe puisqu’elle profitait d’un instant de faiblesse  pour s’offrir une once de réconfort. Mais ici bas, où rien ni personne ne vivait, qui pourrait l’en blâmer ? Alors elle profita de ces quelques secondes. Vint ensuite le moment de se séparer et c’est à contre cœur que Solveig le laissa s’échapper.

Les deux jeunes gardes ne se connaissaient pas depuis longtemps, bien au contraire d’ailleurs et jusqu’à lors, la blanche n’avait jamais vu son supérieur et ami utiliser son pouvoir. A mesure qu’il l’activait, elle comprenait pourquoi. A ses yeux cela n’avait rien de repoussant, bien au contraire. La valkyrie y voyait des dizaines et des dizaines de qualités ainsi que de capacités à exploiter. Mais elle avait suffisamment fréquenté Valentino pour savoir que lui ne voyait pas uniquement ces aspect là. Alors qu’elle pensait tout cela, la transformation prit fin et les mandibules se refermèrent, terminant de faire disparaître ce minois familier. C’est le moment que choisit Azazel pour se faire remarquer. Calmement il vint flotter en bonne petite nébuleuse sur l’épaule de sa propriétaire et observa Valentino en penchant la tête puis sans prévenir il se mit à grésiller, mécontent.

- Non. Dit-elle fermement. - Allons-y. Affirma-t-elle à son tour, emboîtant le pas au scorpion.

Avec le plus de délicatesse possible et en silence, ils descendirent les escaliers en direction de cette mélodie qui avait bien faillit les arracher l’un à l’autre. Finalement ils débouchèrent dans une petite pièce où se tenait un homme au physique attrayant. Assit calmement, produisant la mélodie qui parvenait difficilement aux tympans de Solveig. Puis d’un coup d’un seul, Valentino et la créature réagir au même moment. - Une nymphe ? Eut-elle seulement le temps d’articuler avant que du coin de l’oeil, elle ne se rende compte que la créature  en plus d’être devenu hideuse, s’élançait dans sa direction.

Combien de temps cela faisait-il que la jeune femme n’avait pas ressentit ça ? Ce frisson qui faisait hérisser chacun de ses poils, qui faisait trembler son épiderme et éveillait chacun de ses sens. Déesse, comment avait-elle fait pour vivre ces derniers mois sans ce shot pur d’adrénaline et sans ce grain de folie si caractéristique. - Meurt. Murmura-t-elle en se jetant à corps perdu dans la mêlée.

Rare étaient les personnes à avoir observés Solveig dans un véritable combat. Un affrontement qui ne l’a mêlait pas à un humain ou un de ses frères d’arme. Son aura, qui était toujours agréable et joyeuse, se voyait transformer en quelque chose de bien plus dérangeant, de bien plus… Pervers.

Les dommages furent égaux. L'une des dagues de Solveig se planta dans la clavicule de la créature tandis que son adversaire laissa trois estafilade ronger sa peau basanée. Cela n’eut absolument aucun impact sur son rythme. Tant et si bien qu’à peine elle eut dépassée son adversaire, elle reprit son élan et repartie dans sa direction, armant sa main libre de ses griffes. - Je vais te saigner jusqu’à ce qu’il ne reste plus une seule goutte de sang… Siffla-t-elle les dents serrées. Mais avant que sa dague ou même ses griffes ne viennent entailler la peau de glabre une petite voix retentit dans son esprit.

- Maman ?
- Samaël ? S’écria-t-elle. Puis vint la douleur qui lui perça l’autre flanc, l’obligeant à lâcher un râle douloureux tandis que la Nymphe l'a dépassait dans un grondement mécontent. « Tu es sotte Solveig. » Pensa-t-elle tout en posant une main sur la plaie qui venait de lui être infligée. - C’est moche, mais je n’ai rien. Un peu contradictoire mais dans l’état actuel, on aurait pu lui arracher un bras qu’elle ne se serait pas arrêtée. C’est d’ailleurs sans cérémonie qu’elle s’apprêta à y retourner de bon cœur. - Rassure moi Val, la voix que j'ai entendu... Ce n'est pas celle de mon fils ? Evidemment, la blanche se doutait que ce n'était pas le cas mais il fallait qu'elle en ait le cœur net.  

Ne jamais refaire cela? Loin de moi cette idée! Elle enfuit son visage contre mon torse et, même si cette proximité n'est sans doute pas une bonne idée, il ne me viendrait sans doute pas à l'esprit de la repousser! Pas après cela, pas alors que je n'en ai de toute manière pas l'envie! La demoiselle m'est véritablement précieuse! Je refuse de mettre un terme à notre accolade, de la voir s'éloigner, de me séparer d'elle! Pourtant, il faut bien le faire, la mission avant tout! Je me transforme et le familier de la belle crache quelque peu, j'peux pas réellement lui en vouloir vu ma gueule actuelle mais Solveig le calme assez rapidement... J'suis bien content de m'être rendu compte pendant le voyage qu'Aja est un oiseau de nuit, du genre à dormir toute la journée sur le canasson et à faire des mes nuits un enfer! J'l'ai hait pour cela quand venait l'heure de dormir mais, présentement, j'suis bien heureux de ne pas l'avoir dans les pattes...

On descend, on tombe sur la nymphe que j'identifie - avoir une soeur qui veut connaître toutes les bestioles du royaume ça aide - et cette dernière se jette sur mon amie! Enfin, j'suis pas trop sûr, dans les faits c'est peut-être bien Solveig qui s'est jeté dessus! Quoi qu'il en soit, je me retrouve spectateur d'un affrontement surréaliste entre un monstre et une magnifique guerrière! Les deux se rendent coup pour coup, j'dois avouer que je grogne légèrement quand les griffes de la bête touche Solveig, j'vois bien que c'est pas cela qui va l'arrêter et puis, c'est une combattante doublée d'une garde donc forcément elle va parfois se faire blesser mais, malgré ça, je peux pas m'empêcher de froncer les sourcils! Et en même temps je n'interviens pas, pas encore du moins! De un, j'suis pas certain que Solveig apprécierait que j'intervienne dans son affrontement, de deux c'est l'occasion de voir ce que peut faire une valkyrie dans le feu de l'action et de trois, il y a comme un certain plaisir à voir la jeune femme se battre ainsi, j'suis pas forcément un grand friand de lutte dans la boue - j'trouve ça dégradant en réalité - mais Sol' n'a jamais été aussi belle que là, alors qu'elle est véritablement et simplement elle-même.

Cependant, le monstre ne joue pas de manière loyale! Alors que la jeune femme fonce vers la créature toute griffe dehors, voilà qu'une voix brise le silence : maman? La réaction de la belle ne se fait pas attendre alors qu'elle appelle son fils! Et merde! Pas le temps de réagir, elle se fait avoir et même si elle dit que ce n'est rien, cette blessure est loin de n'être rien! Cette fois, je vois rouge! Elle me demande de la rassurer, lui dire que cela ne pouvait pas être la voix de son fils et je dépose ma main sur son épaule en faisant un pas vers l'avant. "A mon tour!" Et je ne laisse pas réellement le choix, j'ai pas réellement besoin de donner un ordre mais ça sonne tout comme! Utiliser une technique pareil pour blesser cette femme qui m'est si chère? Cette fois je ne peux pas rester de marbre... Je m'avance vers le monstre, marchant lentement en ligne droite, les bras le long du corps qui bougent en même temps que mes pas! La bête fonce vers moi, ses griffes viennent frapper ma carapace mais ne passent pas la résistance de la chitine. Le monstre recule et revient à la charge, encore une fois je ne tente même pas d'esquiver sa frappe, je ne fais qu'avancer inexorablement! Oui mon style est bien moins impression que cela de la jeune femme, après tout il n'y aura pas de grand mouvements, pas d'esquive ou d'attaque rapide! Je suis juste un grand connard de bourrin qui avance en ligne droite et en plus, je suis énervé! La frappe suivante est plus rapide, plus puissante, elle arrive à faire voler quelques bout de mon armure naturelle, rien de vraiment impressionnant juste quelque particule de cellule cependant, ce sera son dernier mouvement. J'attrape son bras au passage, tenant fermement le monstre pour l'empêcher de fuir!

"Ça c'est pour m'avoir fait ignorer Solveig!" Un coup de poing couvert de chitine qui vient cueillir la face de la créature alors que je tire sur son bras pour la ramener vers moi, levant de nouveau mon poing. "Ça c'est pour l'avoir blessée!" Un nouveau coup encore plus violent qui vient faire voler le sang de la créature, je l'attrape par la gorge la levant du sol, me penchant un peu vers l'avant alors que ma queue (de scorpion bande de...) se dresse! "Et ça c'est pour avoir osé utiliser son fils!" Mon appendice lui perfore le ventre, le dard frappant sans aucune hésitation avant que je ne lance le corps, sans doute sans vie, à bout de bras comme une vieille chaussette puante après avoir dansé dans mon propre vomit un lendemain de cuite bien trop intense! Je me tourne, approchant de Solveig et je me plante devant elle. "Est-ce que ça va?" Je regarde sa blessure, inquiet, triste, en colère contre moi-même de ne pas l'avoir protégé! Je pose mon front contre le sien en soupirant, plus de peur que de mal, ouai c'est une salle blessure mais rien qui ne soit pas soignable! Je sors de mon sac de l'alcool et de quoi faire un bandage, faut s'occuper de ça! En attendant, faut quand même que je lui dise! "Je t'avais dis de protéger tes points faibles la dernière fois non? Évidemment que ton fils ne peut pas être ici espèce de... " Et je soupire doucement... "Fais juste gaffe à l'avenir! J'deviendrai quoi moi si je te perds?"

Cela faisait bien longtemps que quelqu’un n’avait pas été en mesure d’entailler sa peau d’ébène. La technique était certes fourbe mais la leçon amplement méritée. Elle avait perdu la main, s’était reposée sur ses lauriers, prenant pour acquis ses expériences passées. La douleur qui lui lancinait le flanc tacherait de le lui rappeler pendant plusieurs semaines, son égo aussi. La garde savait évidemment que son fils n’était pas sur le champs de bataille, mieux que quiconque d’ailleurs. Si il avait été présent il n’aurait fait aucun doute quant au fait qu’elle aurait sentit son odeur, entendu les battements de son petit cœur mais cette voix… Cette voix était si semblable à la sienne. Comme si cette créature avait été en mesure d’aller chercher la sonorité parfaite au plus profond de ses souvenirs. Une seconde d’inattention c’est ce qui avait suffit. De plus n’importe quelle voix ne l’aurait jamais détourné de son objectif mais il avait fallut que ce soit celle là.

Alors que la main de Valentino se posa sur son épaule, lui assurant silencieuse que ce n’était qu’un mirage, elle fixait le sol. Maudissant son incapacité à faire ses preuves. Valentino l’avait par le passé défié et battu, qu’allait-il penser en voyant cela aujourd’hui ? Fort heureusement ce n’était pas dans son caractère mais si ça avait été le cas, la Valkyrie serait aller se recroqueviller dans un coin pour y broyer du noir. Mais ne serait-elle pas plus ridicule ainsi ? Inconsciemment ses oreille s’étirèrent vers l’arrière, signe de son mécontentement et ses sourcils blancs se froncèrent. Puis elle se retourna pour observer l’affrontement qui avait lieu dans son dos.

Sans surprise Valentino s’en sortait bien, sans doute un peu trop bien au goût de Solveig, qui, malgré elle ne pouvait s’empêcher de grogner. Qu’aurait-elle donné pour une seconde chance ? Aussi bien avec cet homme que dans son combat d’ailleurs. En deux coup de cuillère à pot, son partenaire élimina la créature et elle dû faire des pieds et des mains pour ne pas lâcher un grondement plus animal qu’humain en signe d’insatisfaction. Pire encore, lorsqu’il vint se planter devant elle comme un i. « Va t’en, laisse moi tranquille » avait-elle envie de lui hurler. C’est pourquoi à la place, elle ne prononça pas un seul mot, les yeux rivés au sol. Le pauvre n’était aucunement responsable de ses faiblesses.

Tandis qu’elle s’apprêtait à amorcer un mouvement de recule, Valentino fut plus rapide et elle sentit rapidement la chaleur de son front contre le sien. Comme neige au soleil, sa colère se dissipa et elle ferma les yeux. Maintenant que cette créature n’était plus, tout était redevenu calme et seul les battements coordonnés de leurs palpitants lui parvenait. Enfin, il se détacha d’elle afin de fouiller dans son sac pour sortir des bandages. Sans opposée quelconque difficulté Solveig se laissa faire, non sans grimacer au contact de l’alcool sur sa peau.

- Je vais bien. Je pense que j’en ai vu des bien plus atroce rassure toi. Même si sa voix tentait d’emprunter un ton léger, la déception y perçait bien malgré elle. Hochant la tête, elle acquiesça aux parole de Valentino. Il avait raison, qu’elle le veuille ou non. - Je suis désolée. Marmonna-t-elle comme une enfant. - C’est simplement… Cette voix… Ce n’était pas une imitation, j’aurais perçu les différences d’intonation. C’est comme si elle était allée la chercher directement dans mes souvenirs. Je… C’est ridicule mais c’est mon fils. Lentement elle laissa sa tête retomber contre son torse. - Merci. « Merci pour moi et pour lui, merci d’exister. » Songea-t-elle sans jamais prononcer ces mots à voix haute. Enfin elle releva la tête et lui adressa un sourire dont elle seule avait le secret. - Tu ne me perdras pas. Sa voix indiquait que c’était une promesse plus que de simple mot et elle tourna les talons. - Bon, je crois qu’il est temps de faire notre boulot ! Et j’ai comme l’impression qu’on est pas au bout de nos peines. Se retournant elle s’engagea le long d’un couloir et s’arrêta devant la première porte qui lui fit face, elle en tourna calmement la poignée et elle s’ouvrit dans un grincement morbide. - Engageant… Marmonna la garde tout en pénétrant dans la pièce.  

Ais-je été trop dur avec elle? C'est bien possible en réalité! Non seulement je ne lui laisse même pas la chance de terminer son combat mais en plus, alors que je reviens vers elle c'est pour lui faire une reproche! Oui, je lui ai dis lors de notre première rencontre de faire attention, j'avais utilisé son ouïe comme une faiblesse de la même manière que cette foutu dryade a usé d'une autre faiblesse de la belle : son fils! Elle n'aurait jamais du tomber dans un tel piège! Pourtant, je sais parfaitement que cette reproche est stupide, comment aurais-je réagis si j'avais entendu la voix de Lisa? N'aurais-je pas également été désœuvré si j'avais cru ma soeur en danger? Évidemment! En plus, je n'ai pas réellement de raison de lui en vouloir de cela! je ne suis pas déçu de la jeune femme, je ne pense nullement du mal d'elle ou de sa réaction! La réalité est bien autre : je suis juste totalement inquiet pour elle! C'est une guerrière, une soldat, un membre des Valkyries! Elle risque de se faire blesser à chaque opération, pire elle risque sa vie à chaque fois je le sais parfaitement, après tout c'est la vie que nous avons choisit elle comme moi! Dans les faits, nous savons que notre métiers peut être dangereux cependant, cela n'empêche pas la réalité : j'ai eu peur! La voir se faire blesser, même si ce n'est rien d'autre qu'une blessure facilement soignable m'a fait mal! Je ne veux pas la perdre, je l'ai déjà perdu une fois d'une certaine manière, je ne veux pas la perdre plus encore, d'une autre manière certes mais qui serait définitif!

Je finis par le lui dire bien-sûr, je ne veux pas qu'elle pense que je pense quoi que ce soit de mal d'elle, elle est largement capable! Je sais qu'elle aurait sans aucun doute pu se débarrasser de cette créature, une dryade n'est pas de taille face à Solveig je n'ai aucun doute sur ce fait! Cependant, je me suis senti obligé d'intervenir car j'ai eu peur pour elle tout simplement! Ce n'est pas une bonne chose cependant, ni pour elle ni pour moi! Elle n'a pas besoin que son supérieur hiérarchique prenne les choses en mains dès qu'elle affronte le moindre monstre minable! Pour sa confiance en elle et pour son estime de soi c'est la pire chose que je puisse faire! Et de mon côté, je n'ai pas le luxe de m’inquiéter pour elle à chacune de ses missions, cela serait contre productif et risquerait de me faire faire des erreurs par manque de concentration! Quelle situation désastreuse lorsqu'on y pense... Je lui fais rapidement un bandage et elle m'affirme qu'elle a connu pire! Je n'ai aucun doute là-dessus pourtant, cela ne me rassure pas réellement! Je comprends parfaitement qu'elle se soit laissé avoir, son fils est naturellement la personne la plus précieuse à ses yeux! Encore une fois j'aurais sans doute été dans la même situation en croyant ma soeur en danger...

Elle me remercie, posant sa tête sur mon torse - ou plutôt la carapace recouvrant ce-dernier - et je soupire doucement! Ne me remercie pas Solveig! Pas alors que je suis intervenu, pas alors que je t'ai reproché quelque chose de normal, pas alors que j'ai agis comme un imbécile dans ton affrontement... J'ai envie de lui dire tout cela mais malheureusement, je sais que si la situation se représentait, j'agirais certainement de la même manière! Après tout, la simple idée qu'il puisse lui arriver quelque chose me brise le coeur et me mine le moral! Je n'en peux rien, c'est un fait qui est malheureusement plus fort que moi! Et finalement ces mots, si doux à mon oreille : je ne la perdrais pas! J'aimerai y croire vraiment, j'ai besoin d'y croire mais je doute réellement de cela! Quelque chose au fond de moi me dit que même si elle le pense, c'est une promesse qu'elle ne peut pas faire! Nous sommes militaire, tout peut arriver... Je secoue doucement la tête pour chasser ces idées noires : je dois lui faire confiance! Je sais qu'elle est bien assez forte pour ne pas se faire tuer stupidement et puis, même si je vais tenter de ne pas réagir aussi impulsivement à l'avenir, je n'ai pas l'intention de laisser quoi que ce soit lui arriver! J'ai promis d'être là pour elle après tout! Je ne suis pas le genre d'homme à revenir sur ses paroles!

Elle se détourne de moi et j'hoche la tête : en effet il est temps de reprendre notre boulot! Après tout, cela me permettra aussi de me concentrer sur autre chose que mes sentiments pour la demoiselle! Pendant qu'elle avance vers la porte je range mon alcool dans mon sac ainsi que ce que je n'ai pas utilisé pour bander sa plaie et je m'engage derrière elle alors que la porte grince... Nous entrons dans une pièce relativement grande en réalité! Difficile d'imaginer qu'il y aurait une zone de cette dimension pour... Et bien pour rien en réalité! La pièce est totalement vide! Comme le reste de la tour en réalité de ce que nous avons vu jusqu'à maintenant : un premier étage vide, un premier sous-sol vide, un second tout aussi vide si ce n'est la présence d'une dryade et maintenant une pièce vide... Je soupire doucement en me grattant l'arrière de la tête.

"À se demander s'il y a quelque chose à trouver dans cette structure... On fait quoi? Tu veux fouiller cette magnifique pièce vide?"

La porte émit une nouvelle plainte, s’agrippa dans le sol de pierre et daigna enfin s’ouvrir sur un néant quasi complet. En dehors des quatre murs et de la porte, il n’y avait rien. Même pas l’ombre d’une fenêtre. Toutefois cela n’eut pas l’air de l’abattre, bien au contraire. Sans se poser plus de question elle se dépêcha d’entrer. D’une certaine façon, elle était d’accord avec Valentino, d’une autre c’était quelque chose à prévoir. La magie de la tour avait disparu depuis plus d’un an maintenant et jusqu’à aujourd’hui personne n’avait pu trouver quoi que ce soit. Même les équipes spécialisés de la garde avaient ratissées cet endroit au peigne fin sans jamais déceler une once d’indice.

- Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit ici. Mais nous ne pouvons pas risquer de passer à côté de quelque chose, tu ne crois pas ? Dit-elle en se tournant à demi vers le brun. Après quoi elle sourit et d’un geste, l’invita à la rejoindre. - Tu prends se côté, je prend l’autre. On se rejoint au centre et on passera à la suivante. Ca sera rapide je pense. Elle tapota ses mains entre elles comme si on lui proposait le jeu de l’année puis s’affaira à la tache avec minutie.

Au bout de plusieurs minutes elle dû se rendre à l’évidence, il n’y avait rien ici et elle était prête à parier que la pièce suivante serait dans le même cas. Elle attendit donc patiemment que son coéquipier termine puis elle quitta les lieux afin de se rendre dans la jumelle. Le résultat obtenu fut identique mais elle ne se découragea pas et poursuivit son avancée dans le corridor. Plus ils avançaient et plus l’endroit lui semblait interminable ; le sol, en pente douce les emmenait inexorablement vers les entrailles de la tour. Il n’y avait aucune fenêtre au confins de cet endroit et Solveig en vint à se demander combien de temps s’était écoulé depuis leur entrée. Cependant elle n’eut pas l’occasion de répondre à cette question, aussi bien parce que la dernière porte se présenta mais aussi parce que rien ne pouvait le lui indiquer. Même Azazel semblait complètement abattu, baillant au corneille toutes les cinq minutes.  

La dernière barrière semblait différente des précédentes. Contrairement à ses consœurs elle n’était pas faites de bois mais de fer. Sur toute sa longueur des arabesques tarabiscotées venaient s’entremêler joyeusement, donnant l’impression d’un tourbillon en relief.

Subitement, les oreilles de la garde se dressèrent sur son crâne et elle huma l’air.

- Val… Dit-elle. - Je crois… Sa main appuya avec une force mesurée sur la battant de la porte qui s’ouvrit en gémissant. - Je crois que j’entends un courant d’air. Il est vraiment léger. Il doit y avoir une fenêtre, je ne vois que ça… Mais lorsque enfin la pièce leur fut dévoilée, elle n’était qu’une énième réplique des précédentes. - Je suis sûre d’entendre quelque chose mais c’est tellement diffus… Sans crier gare, elle se tourna vers le garde et posa une main sur son torse, lui intimant d’émettre le moins de son possible. Elle ferma ensuite les yeux et concentra toute son attention sur son ouïe. Ses oreilles étaient parcourus de léger soubresaut, comme un battement de cœur régulier. Au bout d’une longue minute elle rouvrit les yeux, ses pupilles d’abord rondes s’allongèrent vite et un sourire fendit son visage. - Vers le fond de la pièce, c’est tout ce que je peux te dire. Il y a un filet d’air. C’est léger mais je suis sûre qu’au fin fond de cet endroit ce n’est pas anodin !

J'suis pas certain que ce soit forcément utile, de toute évidence cette pièce est complètement vide et je me demande si notre présence sert réellement à quelque chose cependant, Solveig a raison : on peut pas vraiment prendre le risque de passer à côté de quoi que ce soit! Après tout, c'est une mission officielle et le capitaine m'a fait confiance pour la mener a bien! Si je dois fouiller une centaine de pièces vide et dire dans mon rapport que c'était une perte de temps, alors qu'il en soit ainsi! Je hoche donc la tête suite à la question de la belle et je la suis dans la pièce en soupirant doucement. Je sens que cela va être long mais au moins, il n'y a pas d'ennemis pour l'instant! Ce qui est une chance en soit, plus je dois combattre moins ma forme hybride est stable sans que je ne m'épuise! Je pourrais bien-entendu l'enlever et continuer en humain parfaitement normal cependant, sans savoir ce que nous risquons de croiser je préfère ne pas devoir faire une transformation d'urgence! Le changement d'apparence demande du temps et je ne veux pas laisser Solveig se battre seule durant ce temps, surtout qu'on ignore si les potentielles adversaires seront plusieurs ou pas...

Je prends donc le côté indiqué par la jeune femme et je me mets à chercher... Quoi d'ailleurs? Une trace, un passage, une preuve quelconque d'une activité lié à notre affaire? Je l'ignore complètement en réalité il faut bien l'avouer mais de toute façon, même si je savais quoi chercher cela ne changerait rien! Il n'y a absolument rien ici! Pas l'ombre d'une piste, rien, quedalle, nada! Je soupire doucement en me tournant vers la jeune hybride qui est plus persévérante que moi sur le coup puisqu'elle cherche encore pendant un petit moment mais, au bout de quelques minutes, même elle se rend bien compte que nous ne trouverons rien en ce lieu! Je la rejoins donc et nous sortons de cette pièce pour tenter la suivante et je dois dire que c'est décevant de voir que c'est exactement la même chose en réalité! Et j'ai comme l'impression que cela risque de continuer ainsi en fait...

Pièce suivante même chose, celle d'après? Également! J'ai véritablement l'impression de perdre mon temps! Combien de temps cela fait-il que nous descendons ces escaliers vers les profondeurs de cette tour? Y a-t-il seulement une fin à cet édifice? Quelle heure peut-il être? Je l'ignore et nous avons laissé les chevaux - et surtout Aja - dehors! Cependant, alors que je commence à me dire que nous devrions sans doute faire demi-tour, que rien ne sert de continuer, voilà que nous arrivons enfin devant une porte différente des autres : métallique, avec des représentations dessus? Si seulement nous avions su peut-être aurions-nous simplement directement foncé vers cette dernière plutôt que de franchir les portes une à une? Les oreilles de la jeune chiraki se dressent sur sa tête alors qu'elle m'interpelle et je la regarde en haussant un sourcil - ce qui ne se voit pas vu ma gueule actuelle - elle entend un courant d'air? Je n'entends rien personnellement cependant, je n'ai aucune raison de remettre en question la véracité des propos de la jeune femme! Après tout, je sais que ses sens sont bien plus développés que les miens et si elle affirme entendre un courant d'air, c'est que courant d'air il y a cependant, une fenêtre à un tel niveau?

Je m'apprête à lui faire part de mon doute concernant cela mais elle se tourne d'un coup, posant ses deux mains à plat sur ma carapace de chitine et je ne fais donc plus le moindre mouvement, plus le moindre son non plus! Je refuse de troubler l'ouïe de la jeune femme alors qu'elle a peut-être trouvé ce pour quoi nous sommes venus ici! J'ignore combien de temps nous restons dans cette position exactement mais, lorsqu'elle ouvre les yeux, elle se fend d'un large sourire et m'affirme que ce courant d'air vient du fond de la pièce. "Parfait allons voir ça alors!" Nous nous déplaçons donc vers le fond de la pièce et rien... Juste un mur! Cependant, je fais parfaitement confiance à la jeune femme alors, nous nous séparons pour fouiller. J'appuies sur les murs, je tente de trouver un mécanisme, un indice quelconque mais rien... Lorsque soudain, je remarque quelque chose au sol, quelque chose qui m'aurait sans nul doute échapper si je n'avais pas su qu'il y avait quelque chose en ce lieu grâce à Solveig : comme un léger frottement au niveau de la pierre! Rien qui ne permette de laisser penser à un passage, juste une preuve des effet du temps! M'accroupissant, je commence à chercher lorsque soudain, alors que j'appuies au hasard, comme une trappe s'ouvre! Laissant l'accès vers de nouveau escalier et en bas, une pièce ronde mal éclairée qui semble relativement grande.

"Solveig viens voir..." Elle me rejoint alors que je commence à m'avancer prudemment dans l'escaliers, aucun des rapports auxquels j'ai eu accès ne mentionnait un sous-sol dissimulé! "Quoi qu'on trouve ici, ce sera grâce à toi ma belle! T'es la meilleure!"

Il était toujours agréable de voir à quel point Valentino faisait confiance à ses sens. Bien mal lui aurait prit de ne pas le faire mais cela la réjouit. C’est donc sans hésitation qu’elle lui emboîta le pas afin de rejoindre le bout de la pièce. Elle n’avait rien de particulier d’ailleurs. Rien de plus et rien de moins que les autres à première vue. Les pierre étaient aussi abîmés, les dalles du sol rongées par les années et les murs dépourvus de la moindre ouverture. Pourtant Solveig était toujours convaincue qu’il y avait bien plus que cela. Les deux gardes finirent par se séparer comme ils l’avaient fait dans les pièces précédente. Même Azazel, complètement blasé de fouiner des pièces toujours plus vide, mit la main à la patte.

Finalement ce fut Valentino qui tomba enfin sur quelque chose et pas des moindre ! Le son d’une pierre qui coulisse avec peine, un courant d’air beaucoup plus bruyant et présent. Il n’en fallait pas plus pour que la jeune femme comprenne qu’il venait de trouver ce qu’ils cherchaient avec désespoir depuis des heures. Ni une ni deux, elle tourna les talons pour s’approcher de cette trappe tandis que son binôme était déjà en train d’entreprendre la descente.

-  C’était plutôt bien caché… Même si le mécanisme est simple. Les chances qu’ils soient passé à côté sont minces mais pas inexistantes… Elle tira sa dague de son fourreau, par sûreté et s’avança à son tour dans l’escalier. Un sourire étira ses lèvres aux paroles du brun et elle se garda bien de le lui montrer. - Anhw… On a fait ça a deux tout de même ! Et avant que quoi que ce soit de plus gênant ne viennent franchir la barrière de ses lèvres, elle le doubla dans les escaliers, arrivant en bas la première. - Déjà que la tour est sombre mais alors là… Azaziiiiiiiiiiiiiiiiiiiih ! Gémit-elle tout en effectuant un bon gigantesque jusqu’à Valentino, se hissant sans difficulté autour de son cou. - Il y a des choses bizarre sur le sol Val ! Gémit-elle tout en se serrant encore plus autour de lui, prenant bien soin de relever ses jambes au maximum. - Je te jure que quelque chose m’a touché le pied ! Et je suis presque sûre de savoir ce que c'est !  Azazel, lumière ! Poursuivit-elle sans jamais perdre le suraigu qu’avait prit sa voix.

Sans se faire prier, le petit teisheba dépassa le duo et se mit à grésiller, laissant des multitudes d’éclairs le recouvrir. L’éclairage n’était que sommaire mais cela suffit à la jeune femme pour voir l’horrible chose qui l’avait touché. Il y avait bien des choses terrifiante au cœur d’un royaume comme celui d’Aryon. Solveig, garde de son état avait vu des choses d’une atrocité sans pareille, des choses que parfois elle préférait oublier mais ce qui se tenait là, sous ses yeux, était pour elle la pire abomination qui soit.

- Je… Je déteste les glooby ! Hoqueta-t-elle sans jamais détacher ses yeux de la marée de petite larve qui cherchait désespérément à se faire câliner. Sans crier gare elle passa ses jambes autour des hanches du brun et resta cramponnée autour de son cou. - Je ne serais pas encombrante, promis… Puis elle lui offrit son regard le plus rond, le plus doux, le plus craquant qu’il lui eut été donné de faire. Une chose était certaine, elle était bien décidé à ne pas reposer le pied à terre.

Une nouvelle voie, un nouveau chemin, de nouvelles possibilités! La trappe qui vient de s'ouvrir pourrait sans aucun doute nous offrir de nouvelles informations, peut-être même que c'est cela que nous cherchions, que c'est ici que nous allons finir par trouver les réponses à toutes nos questions et cela, quoi qu'elle en dise, je sais que ce n'aurait pas été possible sans la jeune femme! Ses sens surhumains sont la cause de nos recherches plus poussées, sans cela nous serions sans aucun doute passé à côté de ce passage et je vois aisément comment les équipes envoyés précédemment sont passés à côté! Après tout, même avec mon sérieux légendaire, j'aurais sans doute quitter la pièce dépité - me disant qu'elle était parfaitement identiques aux autres - si elle n'avait pas fait part de ce qu'elle entendait! Alors lorsqu'elle dit que nous avions fait cela à deux, je ne peux m'empêcher de ricaner doucement en secouant la tête... Elle est modeste si elle ose affirmer que sans elle nous aurions eut la moindre chance de trouver ce passage!

Quoi qu'il en soit, elle me dépasse dans cette descente et je commence donc à la suivre cependant, après quelques pas seulement, la voici qui se tourne brusquement et me saute littéralement au cou! Je ne vais pas mentir, la surprise manque de me faire perdre l'équilibre et il me faut un effort considérable pour ne pas tomber et faire une chute en duo dans cet escaliers vers les profondeurs ténébreuses de la tour. La jeune demoiselle m'affirme que quelque chose a touché son pied et, encore une fois, je n'ai aucune raison de douter de sa parole! A aucun moment je n'imagine que cela ne puisse être qu'une excuse pour se blottir contre moi! Alors, naturellement, je me concentre et je sens en effet plusieurs vibrations dans le sol! Des mouvements nombreux signe d'un grand nombre d'individus! Dans une tour laissé à l'abandon? Qu'est-ce que c'est que ce bordel exactement? Je suis prêt à tout, paré à me battre au besoin - même si avec la demoiselle ainsi blottie contre moi cela risque d'être compliqué - alors que le teisheba de mon ami se risque à faire un peu de lumière pour offrir un spectacle des plus... Ridicule ais-je envie de dire?

Une flopée, que dis-je? Une véritable marée de Gloobys! les petites créatures inoffensives rampent vers nous comme pour réclamer une affection qu'ils recherchent depuis trop longtemps et alors que Solveig affirme détester ces créatures, j'ai l'envie d'éclater de rire en réalité! Non pas que je me moque de mon amie mais, il faut avouer que la voir elle, la terrible Valkyrie, la féroce combattante, la guerrière sans peur, se retrouver ainsi sans défense face à ce qui est sans aucun doute la créature la plus faible et inoffensive du royaume, cela a quelque chose de cocasse! Cependant, l'envie de rire est de courte durée car, dans sa panique, la belle se cramponne à moi! Ses jambes passant autours de ma taille, nos corps se collant plus que jamais et quand elle me regarde, lorsqu'elle m'affirme de sa voix suppliante qu'elle ne serait pas encombrante, mon coeur rate un battement! Ma concentration s'affaiblie et comme si la situation n'était pas assez catastrophique, ce que je tente de chasser depuis le début de cette assignation revient me frapper en plein coeur! Par sainte Lucy! Heureusement que je suis présentement sous ma forme hybride car dans le cas contraire, je ne sais comment j'aurais pu résister à l'envie de l'embrasser!

Je dépose une main derrière sa tête, mon bras se calant dans son dos à la verticale pour la soutenir, mon autre bras venant faire un siège sous ses cuisses - évitant tant bien que mal de toucher son postérieur - car sinon elle finira par tomber et j'hoche la tête. S'il y a autant de gloobys et qu'ils ne sont pas affolés, c'est qu'il n'y a rien de plus dangereux n'est-ce pas? Alors je soupire doucement, sachant que présentement la situation est une torture mais que, si Solveig nous inflige cela - car je doute d'être le seul auquel cela demande tous les efforts du monde pour garder la situation platonique - c'est que sa peur viscérale est bien sincère... "T'en fais pas Sol'... Je te tiens!" Car après tout, n'était-ce pas là ma promesse? Et sans plus attendre - avant que cette situation ne devienne plus critique encore - je me mets en route! Avançant dans ce couloir au milieu des gloobys et en empêchant mon amie de les toucher... J'espère... Quoi exactement? Je ne sais dire si je souhaite que cette marée de larves soit courte ou éternelle! D'un côté, c'est une torture d'avoir la jeune femme ainsi blottie contre moi, une douleur vive qui me prend aux tripes en sachant que je ne peux avoir plus et de l'autre, peut-être justement parce que je n'en aurais plus jamais l'occasion, je souhaite que cette étreinte soit éternelle! J'ignore combien de temps je marche, j'ignore même depuis combien de temps nous avons quitté cette situation - il n'y a en effet plus le moindre gloobys au sol - mais nous arrivons finalement au bout du couloir et à une porte faisant que je n'ai pas le choix que de déposer la jeune hybride sur ses deux pieds pour pouvoir l'ouvrir. Derrière la porte, une grande pièce circulaire totalement vide... Ou presque! Ce qui la différencie de toutes les autres : des piliers! Plusieurs piliers qui relient le sol et le plafond de ce lieu mais excepté cela, rien de visible - en apparence du moins - pour nous faire dire que cette pièce est importante ou non.

Cela faisait de nombreuses années que Solveig n’avait pas été tiraillée par une telle envie de prendre la fuite. De plus il était fréquent de croiser des glooby au Grand Port et si elle pouvait faire un effort pour un ou deux, il était certain qu’une petite marée c’était bien trop lui demander. Maintenant juchée dans les bras de Valentino, la jeune femme faisait un effort faramineux afin de ne pas rebrousser chemin. Il lui suffirait de dire que tout était réglé et l’affaire était dans le sac. Mais plus que la peur qui lui hérissait chaque poil, son sens du devoir était suffisamment développé pour qu’elle ne se risque pas à une chose pareille. Malgré son esprit s’embrumant dans des scénarios tous plus rocambolesques les uns que les autres, elle put sentir la chaleur douce et réconfortante du brun autour d’elle. Après avoir glissée ses cuisses autour de ses hanches ce furent ses bras qui vinrent s’agripper à sa nuque. Ce qu’elle faisait n’était pas bien, elle le savait mais c’est tout ce dont elle avait besoin.

Les paroles rassurantes lui arrachèrent un sourire et elle ferma ensuite les yeux. - Désolée je te laisse faire… Murmura-t-elle tout en allant nicher son visage contre la carapace de son cou. Encore une fois, elle ne devrait pas mais si par malheur elle ouvrait les yeux elle était certaine de se mettre à paniquer. Alors à la place elle satura ses narines de l’odeur que dégageait Valentino et obligea le reste de ses sens se concentrer sur l’entièreté de sa personne. Son rythme cardiaque l’avait toujours amusé, il était souvent lent et mesuré ne s’affolant que dans de rare occasion. Il était également discordant du sien. Comme beaucoup d’autre d’ailleurs étant donné la capacité de Solveig à voir son rythme cardiaque accélérer, mais celui de Valentino l’était bien plus. En l’instant la Valkyrie se sentait si bien, malgré l'épaisseur de chitine, qu’elle aurait pu rester ainsi pendant de longues heures. Cependant, Valentino fut bien plus lucide et une fois passé la menace il l’a déposa part terre. La jeune Prêth se laissa faire sans broncher, après tout elle ne pouvait pas se laisser porter ainsi pendant toute une mission. Mais un frisson de dégoût continuait de parcourir son échine de toute part, alors pour se rassurer elle s’agrippa à la manche de Valentino et le suivit comme un poussin suivrait sa mère.

La porte s’ouvrit avec un petit couinement désapprobateur et ils purent enfin entrer. Solveig lança un regard dans son dos pour voir la porte se refermer. Elle pensa aussi que ne plus voir de couloir et de porte pendant quelques jours ne pourrait que lui faire du bien une fois qu’ils seraient sortie.

A première vue cette pièce ne renfermait rien de plus que ses consœurs, encore une fois. Néanmoins la dernière alcôve avait prouvé qu’ici tout était bien caché. Alors, malgré la pénombre, Solveig s’obligea à tout observer dans les moindres détails. Ses yeux dont les pupilles étaient dilatés à cause de l’obscurité ne firent que s’agrandir un peu plus lorsqu’elle s’obligea à détailler ce qu’elle voyait. Au bout d’un moment, elle relâcha la chemise de Valentino et approcha d’un mur sur lequel elle posa une main. Toujours en silence elle traça un sigle du doigt.

- Je… Elle souffla avec force. - Je n’ai jamais vu ça… Dit-elle tout en laissant ses doigts courir le long de la parois. Elle s’écarta ensuite afin que Valentino puisse observer à son aise. - Il doit y en avoir d’autre. On devrait… Eh bien chercher. J’ai l’impression d’avoir passée la journée à fouiner dans une botte de foin ! S’exclama-t-elle tout en s’étirant longuement. - Tu aurais du papier et un crayon ? Histoire de prendre des notes ? Je crois que je n’ai pensé qu’à mes armes… Ajouta-t-elle dans un petit rire nerveux. Enfin, elle se détourna de lui et s’attaqua à une pierre un peu plus loin, la dépoussiérant à l’aide de sa chemise. - Merci encore. Elle marmonna avant de marquer plusieurs secondes d’arrêt. - Enfin bref ! Je propose qu’on fasse cette pièce et qu’on remonte ! Je commence à avoir sérieusement faim… Gémit-elle alors que son estomac gronda comme pour confirmer ce qu’elle disait.

J'peux pas réellement lui faire de reproche! On peut être le meilleur des combattants et avoir des peurs incontrôlables malheureusement, c'est aussi ça être humain! Puis, pour le coup, je peux pas réellement dire que cela me déplaise! Mon seul regret étant sans aucun doute que mon armure naturelle nous sépare cependant, c'est sans aucun doute mieux ainsi en réalité! Qui sait à quel point sa présence dans mes bras aurait pu devenir problématique si jamais son visage venait se lover directement contre la peau de mon cou? Je passe rapidement la menace, je dois avouer que même si j'apprécie notre proximité, elle est également affreusement douloureuse présentement! Je préfère donc ne pas faire traîner inutilement et puis, nous avons tout de même une mission à accomplir! Le boulot avant tout n'est-ce pas? Du coup, une fois la menace écartée et une porte trouvée, je dépose la belle au sol en soupirant doucement, souffle discret et inaudible - quoi que, peut-être pas pour les oreilles de ma compagne - alors que j'ouvre la porte.

Solveig tenant ma manche, nous avançons dans la pénombre du lieu et je dois avouer que j'ai peu d'espoir! Certes, ce lieu était bien plus caché que tout autre mais, je doute malgré tout d'y trouver grand chose après tout, cela semble n'être rien d'autre qu'une pièce vide de plus malheureusement... Enfin, au moins il y a des piliers! Certes ils n'apportent rien mais c'est sans doute aussi une amélioration non? Je soupire doucement en pénétrant dans la pièce alors que je m'attends déjà à retourner au grand port et à rendre un rapport affirmant qu'en réalité, le lieu était désert et qu'on ne peut donc rien en apprendre! Sauf que voilà, alors que je suis personnellement défaitiste, Solveig lâche ma manche et avance, comme attirée par quelque chose que seule elle est capable de voir! Soudain, elle s'immobilise devant la paroi d'un mur et passe sa main dessus alors que je la regarde intrigué, me demandant ce qui peut bien provoquer cette action! Et soudain, des paroles qui passes ses belles et attirantes lèvres que j'aimerai tellement pouvoir à nouveau embrasser - et naturellement je secoue vivement la tête en pensant cela - elle n'a jamais vu cela?

Immédiatement je la rejoins! De quoi peut-elle parler exactement? Arriver proche de la jeune fille, je remarque les sigles sur lesquels elle passe les doigts. Ma main se dirige immédiatement vers ces-derniers comme pour vérifier qu'ils sont bien réels - et naturellement puisque Solveig les parcours des doigts - ma main se dépose bien malgré moi sur celle de la jeune femme. Est-ce l'épuisement, la surprise ou ma volonté propre inconsciente? Quoi qu'il en soit, c'est ce moment que choisi mon pouvoir pour me dire merde! Je redeviens donc totalement humain, la main de la jeune fille dans la mienne, sa peau contre la mienne... Je la regarde un instant droit dans l'oeil et me recule soudain. "Du papier oui! Je dois avoir cela!" Je sors donc de quoi prendre des nots, lui donne et me détourne en ayant le coeur qui s'emballe! Putain c'est pas le moment merde! Je tente de me changer les idées en tentant de redessiner les dessins étranges que je vois, impossible de comprendre ce que tout cela signifie par contre! Solveig me remercie et je soupire doucement... "Arrêtes! Je t'ai fais une promesse non?" Dis-je en la regardant avec un petit sourire. J'suis assez d'accord avec son plan donc j'accepte sa proposition... On continue à retranscrire tout ce que l'on peut et une fois cela fait, il est temps de remonter jusqu'à l'étage et d'aller retrouver nos montures et Aja! Nous faisons donc demi-tour jusqu'à arriver à ce que j'avais oublié en fait... La marrée de gloobys! Oh merde! Aucun problèmes pour les passer certes cependant, cela signifie reprendre Solveig dans mes bras et sans chitine nous séparant cette fois...

Je serre un peu les dents, hors de question qu'elle entoure ma taille de ses jambes cette fois, je ne suis qu'un homme après tout! Je passe donc un bras derrière sa taille et l'autre derrière ses rotules pour la porter tel un jeune époux porte sa promise - d'accord mauvaise image... MERDE! - et je me mets en route! Elle peut toujours se cacher dans mon cou si elle le veut même si cela sera sans doute une torture sans nom, encore une fois on ne contrôle pas ses peur... Arriver assez loin de ce groupement de limace, dans les escaliers, je dépose Solveig sur la marche juste plus haute que la mienne, tenant toujours malgré moi sa taille et la regardant droit dans les yeux alors que nous sommes - à peu près - à la même hauteur... Et maintenant...

Au moment où Valentino recula, Solveig retira sa main de la pierre. La sensation de tiédeur enveloppait sa peau, réconfortante mais si douloureuse. Doucement elle l’a recouvrit de sa senestre tandis qu’un petit sourire triste flotta un instant aux coins de ses lèvres. Fermant les yeux elle ravala les sentiments qui menaçaient de lui échapper et se tourna vers lui comme si de rien était, proposant d’en terminer ici afin de remonter au plus vite. Par chance le brun accepta aussitôt.

« Bientôt tout sera terminé » Pensa-t-elle, partagée entre soulagement et amertume. « Nous rentrerons à la maison et le supplice prendra fin. » Enfin elle serait à même de dire adieu à toutes ces sensations qu’elle ne devait pas avoir, tout comme elle ne l’aurait plus sous les yeux chaque minute de chaque heure. Ceci ne pourrait l’emmener que sur la voie de l’oublie, de l’acceptation. Parfois, elle se sentait bien misérable de ressentir ainsi un tel attachement alors qu’ils avaient si peu partagé. A d’autre moment elle se disait que c’était là une preuve de quelque chose mais sa raison lui revenait vite et elle chassait ce genre de pensée. C’est d’ailleurs ce qu’elle fit dans ce cas précis, se saisissant d’un crayon et de papier afin de prendre des notes et répertorier les différents motifs qu’ils croisaient.

Les ornements partaient à droite et à gauche, se perdaient dans des enchevêtrement d’arabesques tandis que d’autre était d’une droiture exemplaire, d’une géométrie parfaite. Certains étaient petits, si bien que même Solveig manqua de les louper. Mais il y en avait aussi des gigantesques qui faisaient facilement la taille de la main de la jeune femme. Ceux là était d’ailleurs plus compliqués à saisir, souvent caché sous une épaisse couche de mousse, plus encore que les petits qui tentaient vainement d’échapper au regard incisif de la garde. Ce ne fut que lorsque elle fut certaine de n’avoir rien loupé qu’elle prévint Valentino et qu’ils décidèrent enfin de remonter.

Même si elle ne pipait mot, la simple idée de recroiser les glooby fit frémir la Valkyrie. Ce n’était pas glorieux, encore moins que de s’être jeté au cou du soldat de cette façon. Mais elle ne s’était pas préparé à en voir autant. Cette fois elle s'y attendait, elle passerait au travers de cette épreuve. Sans trop savoir comment mais elle le ferait. Du moins c’est ce qu’elle se répéta en boucle alors qu’ils franchissaient le dernier couloir qui devait les mener à l’endroit maudit. Puis de nouveau cette chaleur qui vint entourer sa taille et l’arrière de ses genoux, la soulevant de terre sans qu’elle ne sache d’où sa venait. Évidemment il ne lui fallut qu’un instant pour comprendre. Au lieu de prononcer une quelconque parole, elle posa ses mains sur ses yeux et colla sa tempe au torse de Valentino. Elle obligea son esprit à s’évader vers d’autres contrées, s’embrumer dans ce cocon de sécurité qui lui était offert. Ainsi l’épreuve tant redoutée passa complètement inaperçue et elle ne sortie de sa torpeur que lorsqu’il la déposa sur une marche. C’est quand elle se retourna qu’elle remarqua le bras encore enroulé autour de sa taille, leurs visages à la même hauteur et cet œil gris dont elle n’avait osée soutenir le poids depuis bien longtemps.

Un sourire triste fendit son visage alors qu’elle se tournait pour faire entièrement face à Valentino. Avec toute la douceur dont elle était capable, elle tendit la main vers sa joue et la caressa du bout des doigts. - Pardonne moi. Murmura-t-elle sans chercher à échapper à son regard. - Je suis désolée de m’être ainsi empêtré dans une affection qui n’aboutira jamais, je suis désolée de ne pas avoir été capable de te laisser partir, encore plus désolée de ne pas savoir repousser tout ce que je ressens. Sa mine se tordit alors qu’elle luttait avec le chagrin. - Je… Je ne suis pas très douée pour ces choses là tu sais. Je ne sais pas quelles sont les limites à ne pas franchir, ni comment je dois m’y prendre et je ne sais pas non plus comment me débarrasser de ça ! Elle s’exclama tout en empoignant sa chemise au niveau de sa poitrine alors que de ses joues roulaient déjà des perles salées. En hoquetant elle prit une grande inspiration. - Alors j’ai bien réfléchis et je me suis dis… Elle interrompit sa phrase et déposa sa deuxième main sur l’autre joue de Valentino, prenant son visage en coupe. Pour la première fois depuis le début de leur conversation elle ne soutint pas son regard et sans prévenir elle vint dérober ses lèvres.

Ce baiser n’avait pas un goût de désir, encore moins de provocation. Il était amer, douloureux et ultime. Il était le dernier acte, l’adieu à une souffrance, il marquait également le besoin de changer, d’avancer vers un renouveau. Ainsi Solveig lui promit silencieusement qu’avec ce dernier baiser, elle acceptait tout ces « nous » perdus auxquels elle avait eut tant de mal à renoncer.

- C’est une fin en soit. Susurra-t-elle contre ses lèvres. - Mais c’est le commencement d’autre chose. Et cette fois elle abandonna ses lèvres pour embrasser chastement son front. Une déclaration muette de soutien, d’amitié inébranlable et de protection. Elle croyait en cet avenir plus fort que tout. Se reculant, elle laissa son visage encore larmoyant sourire. - Je te souhaite tout le bonheur du monde Valentino Rivolti. Et elle éclata d’un rire douloureusement heureux avant de tourner les talons. Sa décision était prise, le retour en arrière impossible ainsi elle avança sans se retourner vers le chemin qu’ils avaient emprunté pour descendre.

J'aurais cru que la marée de gloobys serait la plus grande menace, qu'une fois ces créatures passées il n'y aurait plus le moindre problème! Peu importe les monstres a affronté après tout, nous pouvions sans aucun doute aisément le faire! Même sans mon pouvoir, la jeune femme est une très bonne combattante et je ne pense pas être en reste... J'avais affreusement tort! Alors que je viens de déposer la jeune femme sur la marche supérieure à la mienne, ma main refuse de se déloger de sa taille, mon oeil refuse de quitter les siens! Imbécile que je suis, j'aurais sans aucun doute dû prendre plus de précautions, m'assurer de ne pas me retrouver dans une telle situation mais bien-entendu, cela aurait demandé bien trop de précaution, bien trop de réflexion et je suis définitivement le pire des imbéciles pour ce cas présent! La jeune femme se tourne vers moi, nous nous faisons présentement face et que puis-je dire exactement? Elle est belle! Si belle, si attirante... Voilà exactement pour quelle raison je désirais éviter ce genre de situations, suis-je prêt à me retrouver dans cette position si vite depuis notre décision? Bien-sûr que non! Qui pourrait l'être honnêtement? Soudain, la main de la jeune femme approche de mon visage, venant se déposer sur ma joue et, durant un instant - un bref instant seulement - je sens mes jambes qui ont du mal à me porter! Ma fierté m'oblige à mettre cela sur la fatigue dû à l'utilisation de mon pouvoir mais, nous savons tous très bien que cela est faux n'est-ce pas?

Elle me demande de la pardonner et j'avoue ne pas comprendre ses paroles! Pourquoi devrais-je la pardonner exactement? Elle n'a rien fait qui ne nécessite mon pardon! Elle n'est responsable de rien et ne le sera jamais! Mes décisions, mes actions, mes erreurs, mes envies et mes regrets! Elle n'a rien de fautive dans quoi que ce soit! Je suis le seul coupable, le seul responsable de mes propres faiblesses!
Et pourtant elle continue, elle s'excuse pour ce qu'elle ressent comme si elle était responsable, comme si elle était la seule alors que, soyons honnête, c'est une douleur dont je souffres également! Voulais-je seulement partir? Je n'ai rien fais en ce sens, je n'ai rien fais pour mettre un terme à l'attirance ou a la proximité! Si elle est coupable, si ses actions nécessitent une quelconque demande de pardon alors les miennes aussi! Je suis tout aussi coupable qu'elle, c'est un "crime" duquel nous sommes tout deux complices! Je voudrais le lui dire, le lui expliquer, lui affirmer ce que je pense ce que je ressens! Quelle était l'erreur? Ressentir tout cela ou refuser de se donner une chance? Nous en avions discuté, nous étions arrivé à une décision, décision qui visiblement n'arrangeait aucun de nous deux! Était-il trop tard pour faire marche arrière? Je l'ignore malheureusement! Alors, je ne dis rien! Moi, le si vocal Valentino Rivolti, moi la grande gueule, moi qui dis toujours ce que je pense... Je suis à court de mots car j'ignore ce qu'il convient de faire à cet instant et qu'elle est la bonne décision exactement.

La bonne décision? Je ne saurai jamais ce qu'elle est finalement, car au bout de ses tentatives d'explications durant lesquelles je reste muet bien malgré moi, la jeune femme pose ses deux mains sur mes joues et ce contact si doux, si agréable, ce contact dont j'ai rêvé depuis nos retrouvailles se passe enfin! Ses lèvres viennent se poser sur les miennes! Naturellement, un cri de joie devrait raisonner en moi cependant, ce n'est pas le cas! Ce baiser, bien que longtemps désirait, apporte avec lui un vent mauvais, un vent de conclusion, un vent d'adieu! Ce n'est pas le baiser que deux amants heureux de se retrouver échangent, c'est le baiser chaste des adieux... Une fin et le commencement d'autre chose... Elle rit, sans aucun doute le son le plus douloureux à mes oreilles en cet instant, un rire qui marque la fin, le tournant de page pour la jeune femme alors que quelque chose se brise sans aucun doute en moi : l'espoir? Cette dernière bribe qui se disait que peut-être un nous était possible... J'aurais sans doute dû parlé plus tôt pour cela? Maintenant, il semble que la demoiselle vient de mettre son esprit au clair, de conclure que véritablement elle et moi continuerons sur deux routes différentes, amis peut-être - sans aucun doute - amant? Plus jamais! Cette décision, il me faut l'accepter même si elle me bouffe comme jamais je n'aurais cru cela possible! Une dernière affirmation : tout le bonheur du monde? Je ne dis rien, je ne réponds rien, je ne peux rien répondre de toute manière à cette décision qui était supposé être notre et qui n'est finalement que sienne! Ma décision à moi, c'est uniquement de l'accepter alors je lui souris simplement et j'hoche la tête, conscient que si je parle, je ne pourrais conserver ma contenance.

Elle tourne les talons, remontant les marches pour se diriger vers les étages supérieurs que nous avons déjà exploré et, je ne la suis pas immédiatement. Il me faut un peu de temps! Enfin, j'inspire une grande quantité d'air avant de pousser un long soupire, notre histoire arrive désormais à une fin et il n'y a plus rien à attendre! Peut-être est-ce mieux ainsi? Il faut accepter que ce soit la fin d'une histoire pour pouvoir en guérir, en un sens nous en étions incapables jusque là cependant, cela ne veut pas dire que ce sera simple, loin de là même! Je secoue la tête, tout est dit, tout est fait alors, je rejoins la jeune femme en me convaincant que, c'est sans doute mieux! C'est ce que nous voulions après tout non? Nous remontons ensemble jusqu'à l'étage d'entrée de la tour, le silence nous accompagnant. Nous sortons, Aja me rejoint immédiatement alors que le ciel semble déjà être au crépuscule, nous avons passé bien plus de temps à fouiller des pièces vides que je ne le pensais... Je m'étire, regardant Solveig en tentant un sourire forcé qui, sans doute, refuse de donner le change.

"Je suppose que c'est terminé?" Est-ce que je parle de notre enquête? Sans doute, cette phrase ne serait pas interrogative sinon. "On partira demain matin! Il faudra faire le rapport pour le capitaine sur ce que nous avons trouvé - c'est à dire pas grand chose malheureusement - et nous verrons pour la suite..."

Les sentiments qui s’entrechoquaient dans l’estomac de Solveig n’avait rien d’agréable. Pendant quelques instants elle eut même la nausée. Mais il y avait ce poids en moins sur ses épaules car même si la décision était douloureuse, elle savait qu’elle venait de faire un pas de plus vers la guérison. Évidemment cela laisserait une trace, sans doute que l’épaisseur de sa carapace serait un peu plus large après cela mais elle se savait libre dorénavant. Valentino également venait d’emprunter ce chemin et elle était certaine que le temps viendrait où il trouverait chaussure à son pied. Plus que ce qu’il adviendrait d’elle d’ailleurs. Mais cette décision qu’elle venait de prendre pour eux deux était sans aucun doute la meilleure chose à faire, lorsque leurs blessures seraient pansées, ils seraient d’accord à ce sujet.

Après de longues minutes à marcher dans un silence étouffant et tandis que la Valkyrie suivait machinalement son familier, ils regagnèrent la sortie. Le soleil était déjà en train de décliner dans le ciel, lui indiquant que le temps avait passé bien plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé. Ce qui expliquait la force que mettait son estomac dans ses grondements. Cependant, elle n’avait pas faim.  

- Tu viens ? Demanda-t-elle simplement à Azazel tout en lui faisant signe de la suivre aux côtés d’Adonis. Mais bien vite la voix de Valentino retentit. S’arrêtant dans sa marche, elle ne se retourna pas.

- Oui c’est terminé. Elle prit une grande inspiration et lança, d’un ton plus joyeux. - Nous pouvons rentrer à la maison. Je vais commencer à rédiger le rapport ce soir, je ne suis pas fatiguée. Je te dis à demain matin. Et sans plus de cérémonie elle s’éclipsa.

Pour ce soir, elle voulait être un peu seule. Ne serais-ce que le temps de laisser un peu de répit à son cœur. Demain ils repartiraient et tout ceci serait derrière elle. Un nouveau chemin s’ouvrait devant la garde et elle était  disposée à l’emprunter.