_ Minuit. Tous les chats sont gris. Minuit; l'heure du crime. Minuit, une soupe et au lit. Minuit... Les ivrognes sont cuits .... Un frisson parcours l'échine de Marthe. Perchée deux étages au dessus d'une taverne la jeune femme s'interrompt dans sa lecture. Une énième bagarre se déroule là en bas. Marque de mécontentement évident: elle lève les yeux au ciel à chaque cri, les roules à chaque fois qu'un meuble heurte un autre élément de mobilier et souffle par le nez quand les poutres vibrent sous les chocs. Assise à son bureau d'étude Marthe est encore à la lecture. Éclairée par une lune discrète et la lumière d'une unique bougie son petit studio de bonne pourrait paraître un peu lugubre. Mais ce serait sans compter la grâce et la féminité de Miss Applebee. On y trouve surtout quelques étagères remplies de livres, une commode rustique couverte de plantes en pots, un bureau couvert de parchemins et une vieille armoire en chêne vermoulu bourrée de robes et de jupons. Mais nul corset et rubans ce soir. Faites place à la longue chemise de nuit ! Bien épaisse, blanc cassé, manches longues, broderies à l'encolure et aux emmanchures puis des mollets aux chevilles. Rajoutons au cliché : ce sont des petites fleurs des prés qu'elle a brodé elle même par une longue nuit d'hiver. Et si vous vous dites "mais quel ennui cette femme !" ... bah vous auriez raison.
_ Une accalmie au rez-de-chaussée laisse un répit à Marthe pour boire une lichette de tisane. Sa petite boisson fétiche. Rien de semblable à ceux servis à La Feuille d'Emeraude cependant. Ce soir, infusion de valériane, de camomille et de sauge. Une recette efficace alliant les œstrogènes de la sauge aux effets relaxants de la valériane. Mais au moment où Marthe porte à nouveau la tasse en terre cuite encore tiède à ses lèvres un nouveau fracas ébranle la bâtisse. Un vacarme à en faire sursauter la jeune femme. Ils y vont particulièrement fort aujourd'hui ! Au point même qu'elle finisse par se lever pour regarder par la fenêtre. En ouvrant celle-ci la flamme de son unique chandelle se met à osciller avec prudence. Nouvel instant d'accalmie. Quand soudain ..
CRACKK-POUUURRRRH !!!!
" FILS DE GLOOBY ! "
Driiiliiing-diing-rrlliiiing !!!
_ Dans un vacarme inouïe une vitre éclate et... quelqu'un vient de passer au travers ?! Attendez.. On vient de jeter quelqu'un par la fenêtre ?!?! Pincez-la ! C'est pas possible ! Puis deux tabourets de bars volent à la suite de la victime !! Hé mais, pourquoi y'à un type qui veut volontairement sortir par la fenêtre maintenant ?! Cette fois, hors de question qu'elle s'en mêle ! Cette bagarre a bien trop dégénéré pour que Marthe descende calmer les esprits. Et puis bon, la patronne de la taverne a toujours de bon clients pour la défendre. Au besoin le voisin forgeron vient jouer au videur. Un homme gigantesque aux épaules plus carrées que celles d'un bufflon. Mais pour s'en assurer, toujours sa tasse en main, la jeune femme se dirige tout de même vers sa porte et tends l'oreille... Dernier grand fracas... Des cris inaudibles... Puis silence... Quelques secondes passent. Une certaine agitation demeure mais le plus gros du vacarme a cessé. Le cœur battant encore à la chamade Marthe souffle lentement de soulagement en tournant les talons. Rien ne laissait présager le drame à venir. L'obscurité totale soudaine. Le choc d'un corps contre un autre. L'explosion littérale d'une tasse de thé. L'enchevêtrement de tissus et de membres. Non, décidément, tout ça , Marthe n'aurait jamais pu s'y attendre
Mais, quelle était l'origine d'un tel phénomène ?
Les raisons pouvaient être multiples, et ce mystère aurait nécessité une thèse entière avec de multiples expériences et recherches. Mais en voici quelques unes, de raisons : Un désaccord entre deux parties, une multitude de personnes bourrées et violentes buvant dans un même endroit, un accident entraînant un malentendu et ensuite une bagarre, un verre d'alcool renversé, et la plus commune de toute les raisons...la présence d'Astrid Dalgaard.
Astrid Dalgaard est une espèce vivant essentiellement pour l'alcool, l'amusement, et le chaos. Aucune nuit ne pouvait se passer tranquillement avec elle dans les parages, encore moins dans une taverne où l'alcool circulait, des jeux d'argents se faisaient, et où des serveuses étaient mignonnes. Cette taverne là avait tous les bons éléments pour être une bonne taverne, et la patronne du coin en était fière. Et, selon la devise d'Astrid : « Une bonne taverne aura toujours une ou deux bagarres générales. ». La citoyenne était connue pour avoir plus d'ennemis que d'amis et de créer des embrouilles là où elle allait, mais comment avait-elle pu provoquer tant de chaos ce soir là ? La réponse était simple. Elle avait joué à des jeux d'argents avec les autres clients et avait gagné. Avait trop gagné. Du coup, l'un des joueurs s'était décidé à s'en prendre à Astrid. Grossière erreur, car cette dernière était d'humeur taquine et joua avec le bougre, esquivant ses coups et courant dans la taverne pour jouer au chat et à la souris. Au final, le chat se retrouva face contre sol sous les cris excités des autres clients.
-C'est ce qu'on appelle mettre un poing sur les i, héhé.
Bien.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais au bout d'un moment, les autres joueurs finirent pas découvrir qu'elle avait triché.
Voulant se venger, l'un des clients tenta de frapper Astrid mais, bien trop rapide, celle ci esquiva et le poing percuta un autre client saoul. Et, de fil en aiguille….Catastrophe.
Tout le monde se jeta dessus, à cause d'un poing perdu, à cause d'une choppe renversée, parce que l'autre l'a mal regardé toute la soirée. Même ceux n'ayant rien à avoir avec tout ce bordel en profitèrent pour régler des comptes.
Fidèle à elle même, Astrid danse, esquive, frappe, balance des chaises. Les gens qui connaissaient sa prouesse dans les bagarrent n'osèrent pas l'approcher et s'enfuirent même.
Comme toute bagarre, des choses pouvaient se passer mal. L'une des victimes d'Astrid finit par utiliser son pouvoir de transformation en gorille et jeta un client à travers une vitre.
-AH. C'est de la triche un peu, les pouvoirs pendant une bagarre.
Pas un adversaire qu'elle voulait vraiment se taper, aussi Astrid fit profil bas et se mit à ramper sur le sol pour esquiver le bordel qu'elle avait crée elle-même. Elle allait devoir s'échapper, ou trouver un endroit où se réfugier le temps que les choses se calment. Malheureusement pour elle, la porte de sortie était bloquée, aussi elle se décida à monter.
Toutefois, tout en montant les marches, un calme s'installa soudainement dans la taverne dû à une question fort pertinente posée par l'un des clients.
-Elle est passée où Astrid ?
Un moment de silence un peu gênant, des regards qui convergèrent vers la fouteuse de merde qui eut un grand sourire amusé :
-Vous connaissez l'histoire de l'aveugle qui rentre dans une taverne ? Puis dans une chaise, puis dans une table, puis dans un serv…
-ATTRAPEZ-LA !
-Oula…Mauvais public à ce que je vois. BIP BIP !
Ni une ni deux, Astrid utilisa son pouvoir pour fuir. Elle monta les escaliers à la vitesse du son et ouvrit une porte menant vers le comble de la taverne et soudain….BIM, BAM,
-Boomçafaitpsshhtetçafaitvroom. S'exclama-t-elle en percutant quelque chose.
La seconde qui suivit, elle était à terre et sur quelque chose. Elle avait également entendu le bruit d'un verre se briser. Qu'est-ce qu'elle avait percuté ? Il n'y avait qu'une seule réponse, et elle connaissait déjà cette sensation de choc. Cela se confirma lorsqu'elle bougea ses mains pour se relever. Il y avait quelque chose de mou sous ses mains. Elle palpa le tout et arriva à la conclusion que c'était...de la chair.
…
Un sacré tas de chair, ferme, qui indiquait que c'était une femme.
Oh merde...Le genre d'accident qui n'arrivait en général que dans des livres imagés.
Rapidement, elle enleva ses mains:
-Euh, ça va ??? Rien de cassé ? Désolée ! Oh nom d'un Fenrir...
_ La seconde d'avant se déroulait plutôt bien. Un pas en retrait de la porte, la main sur le cœur pour se remettre du stress, la lumière rassurante de la bougie, la tasse encore tiède de tisane à la main... Puis ce fut le chaos. En une seule fraction de seconde la chambre, tout comme son occupante, volèrent en éclat. Littéralement. Spectacle son, lumière, odoramat et projections aqueuses en supplément. Tout d'abord le courant d'air que la porte créa en s'ouvrant éteignit l'unique bougie du studio. Noir complet. Puis Astrid percuta Marthe en plein dans l'omoplate, poussant ainsi le bras de celle-ci en avant. Sous le choc elle ne put retenir la petite tasse en terre cuite qui, projeté en avant avec vecteur force et vitesse, éclata contre son armoire. Le contenu tout comme le contenant éclaboussèrent dans un rayon de 2 mètres tout objet ou personne se trouvant là. Y compris Marthe et sa chemise de nuit désormais trempée et couverte de plantes et fleurs macérées. La porte claqua en accompagnant le bruit d'explosion et celui de la chute de deux corps mou sur le parquet. Le choc fut rude. Très rude. La tête de Marthe heurta violemment le sol si bien qu'on aurait pu confondre le bruit de la tête de Marthe sur le plancher avec celui de la porte se refermant.
- _ Quand Marthe revint à ses esprits une deuxième seconde s'était écoulée. Tout son corps crépitait d’adrénaline si bien qu'elle ne sentit pas encore la douleur. STUPÉFIANT ! Et ça agrippe, ça t'attrape et ça fais pas d'sentiment ! Ça t'prends par la croupe et te retourne comme une crêpe ! Ça vient d'nulle part et ça t'file un coup d'barre, ça c'est pour les couche tard qu'on toujours envie d'boire. C'est cru, ça craque, ça saute et ça s'accroît, Moi c'est Stup, moi c'est Flip, à chacun sa croix... Et voilà une Marthe sur le dos, une cascade de cheveux sur le visage et deux mains sur sa poitrine .Un feu intérieur commença à monter en elle. Celui qui accompagne l'instinct de survie. Astrid tentait de se redresser et commença à parler. Mais dans les escaliers un nouveau vacarme résonna. Des voix crièrent des choses. Certainement rien de bon. Sauf que de toute façon la jeune gouvernante n'y compris rien. En arrivant à ses oreilles tout les bruits se mêlèrent en un joyeux blougiboulga. Alors son instinct la fit agir. Il fallait faire silence ! immédiatement !!
"- Shhhh!! "
_ Et sans attendre que son assaillante comprenne qu'elle doive se taire le corps de Marthe passa à l'action tout seul. Guidée par une force malveillante aux décisions qui semblaient purement aléatoires elle se redressa sur ses coudes. L'instant d'après elle plaqua ses lèvres sur celles d'Astrid. Un baiser volé, infligé, mais non moins ardent ! Plongées dans le noir le silence se fit instantanément dans la pièce. Mais pas celui dans les escaliers. Alors, toujours survoltée par l'adrénaline, la plus très ingénue Marthe jeta ses bras autour du cou de son assaillante. Elle ne lui laissa aucun temps de réaction possible. En un mouvement elle vint se blottir contre Astrid et la serra contre elle pour effectuer une roulade. Écoutant son instinct Marthe les fit rouler jusque sous le lit de sorte que les rôles s'inversèrent. C'était désormais la gouvernante qui de son poids plume se tenait à demi-couchée sur la blonde. Appuyée sur ses coudes elle garda une main distraite sur la joue de sa victime. Les filles étaient dissimulées sous le lit. Juste avant que le vacarme n'arrive devant sa porte Marthe prononça un nouveau "Chut !" . Dans cette obscurité totale sa tête commençait à tourner. La douleur n'était pas encore là et son cœur battait à la chamade quand les brutes entrèrent dans la pièce.
-" WoOoAa aaa sSSssTt rrIiI iD!! "beugla le premier qui se jeta dans le studio.
- " Siiiii Ch'T'ATTRAPE !! " ajouta un second juste derrière.
_ La tête de Marthe oscillait de gauche à droite. Elle se tenait de moins en moins bien sur ses coudes et un vertige la gagnait lentement. Mais son cœur battant à tout rompre la maintenait encore un peu alerte. Si sa complice visiblement recherchée jouait le jeu alors tout se passerait peut-être bien. Deux autres gars dans l'escalier bloquaient la moitié de lumière qui aurait pu éclairer la pièce. Essayant d'être immobile le corps de Marthe s'affaissait néanmoins de plus en plus. Ce n'était plus la raison qui l'animait mais bien l'instinct. Pourvu que tout se passe bien, aurait-elle prié si sa caboche n'était pas remplie de brouillard.
-Hein ?
Avant de pouvoir réagir, Astrid sentit des lèvres sur les siennes.
…
Hein ? Hein ? Hein ?! Hein ?!! Hein ?!!! Qu'est-ce qu'il se passait ? Où était-elle ? Qui était-elle ? Pourquoi elle se faisait embrasser de nul part d'un coup d'un seul comme ça comme si de rien n'était par une femme dont elle ne connaissait ni le nom ni le visage à cause de l'obscurité ?
Oula oula oula oula oula! Son cœur battait la chamade et elle resta sans voix face au baiser qui était loin d'être désagréable, et avant de pouvoir reprendre son souffle, elle sentit le corps de l'autre femme se serrer contre le sien. Même la beauf, la perverse, la dépravée Astrid Dalgaard fut prise de court face à tant d'ardeur et elle sentit ses joues devenir encore plus rouges qu'elles ne l'étaient déjà à cause de l'alcool . Pas qu'elle n'appréciait pas les femmes qui prenaient les devants, mais normalement c'était elle et là tout se passait trop rapid...
Eeeeeeeeet elle se sentit rouler. Huh ? Oh. « AIE » même, cria-t-elle intérieurement lorsqu'elle sentit quelque chose transpercer son dos, un bout du verre qui s'était brisé sans doute. Et la voilà donc blessée en prime ! Et en plus, à force de rouler, son estomac rempli d'alcool et de bouffe se retournait dans tous les sens aussi...Encore un peu plus et elle allait irrémédiablement vomir...
Les deux jeunes femmes arrêtèrent de rouler et cette fois, ce fut Astrid qui se retrouva contre le sol alors que Marthe était au dessus. Avec le peu de lumière qui filtrait à travers les fenêtres, elle comprit qu'elles étaient sous le lit.
À vrai dire, la femme à tout faire aurait préféré faire ça sur le lit mais il y avait une première fois à t….
Ah. Lorsqu'elle entendit l'autre jeune femme dire chut, Astrid comprit aussitôt de quoi il était question. Se cacher des gens qui allaient venir. Ahahah, mais oui, forcément, bien sûr, qu'est-ce qu'elle imaginait…
Très vite, les autres soûlards rentrèrent dans la pièce, beuglant le nom de la citoyenne.
Cette dernière fit de son mieux pour rester silencieuse et immobile, mais sa respiration ne s'était pas encore calmée et elle sentait le souffle de Marthe sur son visage, ce qui ne l'aidait pas vraiment à l'apaiser.
Grâce à la lumière de l'escalier, Astrid vit la tête de la jeune femme au dessus d'elle osciller de droite à gauche, signe qu'elle était probablement un peu sonnée à cause de la collision. Et la position dans laquelle elle était n'était sûrement pas agréable.
Bien, c'était à la femme à tout faire de prendre les devants maintenant ! Elle posa une main derrière la tête de Marthe et la força à se poser sur sa poitrine qui servit de coussin – ça avait ses avantages, d'être une femme -. Ça éviterait aussi qu'elles se soufflent mutuellement sur la gueule, surtout en sachant que l'haleine d'Astrid devait sentir l'alcool heh.
-Ququn' habite ici ? Demanda l'un des poursuivants en voyant les fournitures dans le comble. J'pensais que cté un grenier….
Yep. La citoyenne avait pensé la même chose en ouvrant la porte. Jamais elle n'aurait imaginé que quelqu'un habiterait ici.
-Fouillez moi la pièce !
Merde. De là où elle était, elle pouvait voir les pieds des clients traverser la pièce pour fouiller dans le placard, vérifier au fond du comble, derrière la porte, sous les draps du lit, sous le bureau...Ils ouvrirent même une fenêtre pour examiner une quelconque silhouette courir sur les toits mais rien.
Hey. Avec de la chance ils allaient oublier de….
-Vérifiez sous le lit.
Merde, ça lui apprendrait à parl..euh, à penser trop vite.
L'ex-commandante d'apprêta à casser la gueule du premier visage qu'elle verrait mais n'en eut heureusement pas l'occasion car :
-Qu'est-ce que vous faites ici ?! Dégagez sinon je vous bannis de mon établissement ! C'est réservé au personnel !
La voix de la patronne ?
-Mais...mais...Astrid…
-Elle vous a feinté et est passée ailleurs !
Face aux menaces de la tavernière – qui oserait véritablement se mettre à dos une sainte personne servant l'alcool – les clients obtempérèrent et le bruit d'une porte se refermant se fit entendre.
-Pfiou…. soupira Astrid après quelques secondes. Heureusement qu'ils sont partis, parce que je n'allais pas pouvoir me retenir très longtemps.
Et sur ces paroles, elle lâcha un rot. Il était temps pour elle de redevenir elle-même et de blaguer !
-Tout va bien sinon ? Je ne pensais pas que tomber sur une fille – littéralement – me vaudrait un baiser et un câlin. Je devrais le faire plus souvent à partir de maintenant haha. Et tu veux pas qu'on aille sur le lit plutôt que sous ? Heh. Pas que ça me gêne, si c'est ce que tu préfères !
Pas que c'était pas confortable, mais elle se sentait un peu serrée et à l'étroit.
_ Un mouton... deux mouton... pleins de petits moutons... Non, attendez. À gauche ce sont des moutons de poussière. Ça c'est... Hm... Un gros mouton moelleux aux cheveux blancs ? Oooh oui c'est un gros mouton qui fais de gros câlins ! Un bon câlin chaud qui vous réchauffe le cœur et l'esprit. Une chaleur qui envahie progressivement notre protagoniste. Toujours sous le lit , couchée sur une inconnue, Marthe avait encore la vue complètement brouillée. Le choc de tout à l'heure avait été d'une force inouïe. À croire qu'Astrid avait utilisé un incroyable pouvoir pour lui foncer dedans le plus vite possible. Inconcevable... ou bien ? En tout cas le résultat était là; notre gouvernante était complètement à l'ouest. Si bien qu'elle ne remarqua même pas qu'on venait de fracasser sa porte une nouvelle fois. D'ordinaire elle aurait même pu sortir de sa cachette et crier quelque chose comme "Personne ne sait donc ouvrir DOUCEMENT une porte ici ?!!" . Mais oubliez cette facette classique de la gouvernante. Faites place à une boule d'angoisse tremblante, perdue et désinhibée.
_ Tout du moins jusqu'à ce que son assaillante la ramène contre sa poitrine. Oooh oui, quelque chose d'encore plus moelleux ! La jeune femme y posa la tête avec grand plaisir, ravie de ne plus avoir d’efforts physique à faire. Il avait été plus compliqué qu'il n'aurait pu paraître de rester sur ses coudes sans écraser Astrid. C'en avait été au point de la faire trembler de tous ses membres. L'adrénaline y était sans doute pour quelque chose aussi. Maintenant elle pouvait enfin se reposer un peu. Ses muscles se relâchèrent, ses yeux se fermèrent et le tambourin résonnant dans sa tête se calma doucement. Tous les bruits s'éloignèrent pour elle. Les cris assourdissants se firent lointains à ses oreilles. Pourtant, au dehors, deux hommes retournaient son studio avec grand fracas en quête de la fuyarde. Elle aurait pu s’inquiéter pour sa penderie ouverte et fouillée. Des tiroirs de sa commode ouverte. Mais non. À la place elle se mit à ronronner. Oui, vous avez bien lu. Marthe, couchée sur Astrid, ronronnait comme un petit chaton contre sa poitrine.
_ C'est une voix résonnant directement dans son coussin moelleux qui la sortie de sa torpeur. Sa main distraite s'était même mise à caresser la joue de son interlocutrice. Mouvement qui continua encore un peu avant qu'elle ne commence à prendre conscience de sa position. Quand arriva soudain un rot sonore dans ses oreilles qui la fit grogner en la rappelant brutalement à la réalité. Puis ne comprenant qu'un mot sur deux, et encore, leurs sens restait assez flou, il y eu quelque chose du genre;
- " Tout va bien sinon ? ... tomber sur... baiser et câlin... Je devrais le faire plus souvent à partir de maintenant... " Son rire la fit sursauter. " ... qu'on aille sur le lit plutôt que dessous ? "
_ C'est ce dernier élément qui gifla oralement Marthe. Ses yeux se rouvrirent, s'écarquillant progressivement vers un regards ahuri. Reprenant conscience de son corps et de sa position elle se releva brusquement. Et PAF ! Marthe se cogna la tête contre le lit. Une nouvelle bosse viendra s'ajouter à la première, toujours indolore cependant. Un nouveau torrent d'adrénaline pris possession d'elle pour lui faire retrouver la raison cette fois.
- " P.. P-p-p... PARDON ?!!?! " cria-t'elle.
_ Et dans un unique mouvement Marthe se fit rouler sur le côté et glissa en dehors de leur cachette. Elle se releva d'un seul bond, ce qui lui fit perdre l'équilibre et la força à se rattraper à son bureau. S'y agrippant, essayant d'arrêter le fourni, elle regarda autours d'elle d'un regard fou à lier. Ses yeux n'étaient pas particulièrement habitués à l'obscurité et tout lui semblait encore trouble. C'est donc à l'instinct qu'elle se dirigea dans la chambre en titubant comme un âne ivre mort. D'un geste brusque elle ouvrit les rideaux pour profiter de la lumière extérieur. Lucy soit louée car ce soir la Lune était présente. Mais elle n'apporta que bien peu de visibilité et c'est à sa seule lueur qu'elle discerna l'ombre sous son lit. Une ombre qui de par son mystère glaça le sang de Marthe. Qu'est-ce qu'elle avait fait là dessous ?! Que c'était-il passé ?! La jeune femme voulut crier mais ses mains l'en empêchèrent d’instinct en se les plaquant sur la bouche. Tremblante et chancelante Marthe s'éloigna du lit à reculons tout gardant ses yeux rivés sur la chose qui allait en sortir. C'est un mur dans son dos qui l'arrêta. Alors elle commença à le longer, restant silencieuse et fixant Astrid, tremblante et terrifiée. Une part d'elle voulait lui faire atteindre la bougie encore sur sa commode. Son instinct de survie quant à lui tenait à la faire s'éloigner d'Astrid comme d'un monstre succube.
Aussi rapidement que ce « paf », la brune roula hors du lit loin d'Astrid, apparemment choquée. Astrid elle hocha la tête avec un petit sourire narquois, satisfaite par sa réaction. C'était en effet la réaction normale à avoir, et elle était déjà plus dans son élément en étant l'élément choquant que l'élément choqué. Elle s'était même attendue à une claque classique suite à ses remarques un peu déplacées, totalement habituée à ce genre de chose. Peut-être plus tard.
La salle s'éclaira un peu plus grâce aux rideaux ouverts, laissant passer la lumière de la lune qui donnait une ambiance un peu mystique. La citoyenne était restée sous le lit, pour laisser à l'autre le temps de se calmer un peu, même si...ça n'avait pas l'air d'avoir cet effet. Même paaaaaaaaaaas du tout. Elle avait l'air horrifiée et s'était collée au mur, bien loin de là où elle était sortie. Est-ce que la femme aux cheveux blancs faisait si peur que ça ? Hmmm. C'était pourtant elle, la victime des avances de l'autre. Même si la brune avait été victime d'Astrid en première. Donc elles étaient toutes les deux victimes ! Yep. Elle dirait ça aux gardes, si elle se faisait arrêter ce soir, heh.
En tout cas, grâce à la nouvelle source de lumière, Astrid put mieux observer la personne dans laquelle elle était rentrée. Une jeune femme, brune, fort jolie, en chemise de nuit….avec des fleurs ?
Bah. En voyant l'air effrayé de l'autre, l’instinct farceur d'Astrid reprit le dessus, ignorant toute raison, logique, ou précaution à prendre dans de telles circonstances. Elle aurait dû sortir lentement pour s'excuser et la rassurer, mais au lieu de ça, elle eut une autre idée. Elle s'ébouriffa un peu plus les cheveux, plaça quelques mèches devant ses yeux, et ne prit pas la décision de sortir en roulant comme l'habitante du comble, mais de...ramper sur le sol. Tel un monstre tout droit sorti d'un film d'horreur, lentement mais sûrement, on vit d'abord des bras sortir du lit, puis enfin, la tête d'Astrid dont on ne voyait pas les yeux. Elle continua à ramper et tendit sa main en direction de Marthe avec un râle d'agonie fortement exagéré :
-De l'eeeeeeaaaaaaaaaaaaaaauuuuuuuuuuuuuuuuuuu !
Et suite à cette demande, le bras et la tête d'Astrid retombèrent mollement sur le sol. Elle était morte. Ou assoupi. Ou évanoui. Ou inconsciente -très inconsciente si vous voulez mon avis -.
…
C'était en tout cas ce qu'elle voulait faire croire car quelques secondes plus tard, d'un coup d'un seul et sans prévenir, elle se releva et s'exclama...
-BOUH !
...avant de ricaner, amusée par la situation.
-Bwahaha, désolée pour la petite farce. C'était trop tentant !
Et dire que cette femme avait normalement 83 ans et était un héros légendaire d'Aryon…Qui y croirait, vraiment, alors qu'elle agissait désormais comme une enfant de 10 ans influencée par l'alcool?
-Comment va ta tête sinon? J'ai l'impression que tu t'es cognée un bon nombre de fois. Du coup, j'espère que t'as la tête dure? Heh.
_ Marthe était littéralement transie de peur. Sa tête lui tournait toujours. La pièce tournait. Le sol bougeait. Les murs ondulaient. Et comble de l'obscurité nocturne sa vue était brouillée par des taches sombres, lui faisant l'effet d'un tunnel. S'être levée aussi brusquement après deux chocs à la tête ne lui avait pas réussi non plus. Toujours dos au mur c'est avec effroi qu'elle entendit d'abords des grognements. C'était un son effroyable. On aurait dit le râle d'une goule, avide de chair et de sang. Son cœur frappait sa poitrine avec de plus en plus de violence. Sa main toujours sur sa bouche se crispa progressivement sur sa propre mâchoire qui s'ouvrait inexorablement. Quelque chose grattait le parquet. Quelque chose rampait. L'attente de ce qu'elle pensait être la mort était insupportable. Longeant le mur le plus silencieusement possible Marthe ne quittait pas son lit du regard. Ses yeux et sa bouche s'ouvraient encore et encore pour former le véritable rictus de la peur. La véritable peur sans attitudes pour faire bonne figure. Puis elle vit apparaître une main de sous son lit. Il y avait quelque chose dessous !! Bon sang !!! Un monstre sortait de sous son lit ! Plus aucuns bruit ne l'atteignait. Comme s'il n'y avait que deux choses sur terre à cet instant précis: Le silence et le râle d'un mort. Et c'était un râle qui pour elle faisait ...
- " Deuuuuuuuhh l'oooooaaaooorgrgghraorrooohhhooh "
_ C'est à ce moment précis que le cœur de Marthe s'arrêta de battre. Elle venait de mourir. Une mort douloureuse comme si le diable venait d'écraser son âme entre ses griffes. L'espace d'un instant. Le temps d'une vie pour elle. Cet état clinique demeura tout au long du râle de la goule. Puis il y eut un bruit lourd. Celui d'un membre inanimé qui retombe sur le parquet. Ce bras qui se tendait avant comme pour atteindre sa gorge. Le choc du bras d'Astrid fit l'effet d'une détonation dans le corps de Marthe. Elle eut la sensation que son cœur venait d'éclater. C'est ce qui la ramena à elle. Et c'était son ouverture pour s'enfuir. Son coude venait justement de heurter la porte de sa penderie. Les soûlards ne s'étaient pas privés de la fouiller tout à l'heure en cherchant Astrid. Ses portes étaient toujours ouvertes. Alors, telle une souris, après s'être aplatie contre le mur Marthe disparût en un unique mouvement dans l’armoire dont elle entre-ferma la porte. Désormais invisible et dissimulée.
_ Cette fois il faisait véritablement noir. Marthe avait eu tout juste le temps de se cacher avant que ne se produise l'irréparable. Une unique seconde où elle aurait pu avoir le temps de se penser à l'abri. Mais l'angoisse était plus forte. Il n'y avait pas de plans. Il ne restait plus que l'instinct de survie. La chose avait grogné. La chose lui en voulait. La chose voulait la tuer ! La chose avait rampé vers elle pour la tuer !! La goule sanglante comptait la dévorer !!! Ces pensées la frappaient en pleine tête durant les quelques secondes qu'avait durer la "mort" d'Astrid. Puis un cri. Et la fin. The End. Fondu noir. Terminé. C'en était fini de Marthe... Il ne resta que le néant. Le vide.
_ L'on entendit hurler. Mais pas uniquement le "bouh". Non, un hurlement plus sincère que le premier d'Astrid. Le hurlement de l'effroi. Si perçant qu'on ne pouvait pas en définir l'origine. Même Marthe ne s'était jamais entendue crier ainsi. Et ce cri ne fit pas exception à la règle. Il était venu d'au-delà de ses entrailles. Et pire encore, l'épouvante qui y était associée l'empêcha de réaliser qu'elle criait. Marthe s'en était déjà allée que son hurlement résonnait encore. Puis il y eut un nouveau bruit lourd. Celui, caractéristique, d'un corps qui s’effondre dans une caisse en bois. Quand chaque muscle se relâche aussi soudainement qu'il s'était crispé la seconde d'avant. Lorsqu'une enveloppe charnelle se désincarne, laissant derrière elle un corps inanimé. Dans notre cas encore en vie cependant et dont la chute fut amortie par les vêtements de la penderie. Il n'y eu pas de troisième bosse, donc. Mais en était-on encore au point de s’inquiéter pour un petit bobo sur la tê-tête quand on vient de faire un arrêt cardiaque... puis de s'évanouir ? Les mots d'Astrid eurent pour seule réponse le silence.
Et le manque de son qui suivit l'alerta aussi. Un silence total. Un peu pensant et lourd.
-Allo… ? Il y a quelqu'un ?
Rien, mis à part l'agitation en bas de l'établissement.
...Merde.
Sans perdre une seule seconde, Astrid ouvrit les portes de l'armoire pour y découvrir le corps inconscient de la jeune femme. Est-ce qu'elle s'était évanouie ? Yikes. Astrid espérait que c'était jute un évanouissement et pas un arrêt ou une crise cardiaque. Astrid avait une politique : faire des farces de ce type seulement à des personnes jeunes et pas des vieillards pour justement éviter les crises cardiaques et autres problèmes. Même si des accidents pouvaient arriver.
Avec une petite appréhension, Astrid plaça deux doigts au niveau de la gorge pour prendre le pouls de la jeune femme et….sentit que son cœur battait encore.
C'était une bonne nouvelle. Qu'en était-il de son souffle maintenant ? Un doigt sous le nez indiqua qu'elle respirait encore.
-PFIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIOU ! Soupira Astrid, soulagée de savoir qu'elle n'irait pas en prison pour homicide involontaire à cause d'une vieille farce.
Avec effort, Astrid sortit Marthe du placard (il est possible que sa tête frappa le sol de nouveau par... inadvertance et maladresse) et la plaça sur le lit histoire qu'elle soit au moins confortable. Maintenant, il y avait une autre inquiétude : les clients. À sa grande surprise, personne n'était encore monté pour vérifier ce qu'il s'était passé. Avec de la chance, la patronne avait dû trouver une excuse, se doutant qu'Astrid était cachée en haut et qu'elle avait dû faire une farce à Marthe. Mais elle n’imaginait probablement pas la vraie situation…
Ayant fait assez de méfaits comme ça dans la taverne, la citoyenne ouvrit une fenêtre dans l'espoir de se faire la malle et vérifia s'il était possible de s'enfuir par le toit. Oui, mais difficilement. Hmm, il était encore préférable d'attendre dans le comble que les clients se cassent avant de repartir par la porte comme toute personne civilisée, en s'excusant à l'occasion à la patronne.
Bah. Du temps à tuer, et personne à embêter. Mis à part...la personne inconsciente. Il était temps de la réveiller ! (Comment ça il était possible qu'elle appelle à l'aide, forçant ainsi la femme à tout faire à prendre ses jambes à son cou et à s'enfoncer dans encore plus d'emmerdes? Pas un problème! Il n'y avait que le moment présent à ses yeux, et le moment présent, c'était de taquiner Marthe!)
-Hey, hey ! Fit-Astrid en lui tapant gentiment sur la joue. Réveille-toi !
Hmm. Aucune réaction. Avec un sourire amusé, elle pinça le nez de la femme inconsciente pour lui couper l'air.
Un moyen comme un autre, certes un peu enfantin, de réveiller une personne, héhé.
-Si tu te réveilles pas maintenant, qui sait ce qui va bien pouvoir t'arriiiiveeeer.
_ Voilà un repos bien mérité pour Marthe. L'avantage quand on tombe soudainement dans les pommes c'est que globalement, on ne sent rien. Une grande frayeur, puis le néant. Le trou. Un noir sans fondu. Un sort non moins injuste pour un pauvre petit bout de femme qui n'a jamais rien demandé à personne. Elle avait bien préparé et exécuté l'une ou l'autre canaillerie dans sa vie. La plupart du temps avec des chenapans au bon fond. Je précise bien "bon fond" et non "des bas-fonds" .De toutes petites bêtises qui ne font de mal à personne, ou tout du moins dans la limite du raisonnable. Mais rien qui n'aurait pu justifier un tel retour de bâton karmique. En plaçant Astrid sur la route de l'innocente gouvernante, le destin en la personne de Lucy était simplement venu lui foutre une grande tarte dans la tronche. Ou plutôt une bonne Astrid dans la gueule. Gratoss'.
_ La fouteuse de troubles transporta avec une précaution toute relative le corps inanimé de la brunette sur le lit. Ses mains graciles ne suffirent pas à réveiller notre morte de peur. Lui boucher le nez provoqua cependant une réaction. D'abords quelques secondes d'apnées le temps que son corps ne se rende compte qu'il manquait d'oxygène. Puis il trolla ensuite Astrid car après une faction de seconde à suffoquer Marthe ouvrit grand la bouche, prit une grande inspiration précipitée de type "NNGHAAAAH !!" ... et resta endormie. Ponctuant l'affront en grommelant sur son assaillante.
- " Ngh... encore 5 minutes... " gémit-elle.
_ Ultime provocation: elle attrapa un coin de son drap et se retourna en l'emmenant sommairement avec elle. Puis elle adopta un savant mélange de position latérale, fœtale et envahissante tournée vers Astrid. L'une des jambe de Marthe passa au dessus du draps en le coinçant entre ses genoux, dévoilant un bout de cuisse dépassant de sa chemise de nuit. Un de ses bras s’étala littéralement devant elle, allant jusqu'à le mettre sur Astrid. C'est la peau douce de la blonde sous ses doigts qui ramena Marthe à la raison. Lorsqu'elle caressa en rêve la cuisse d'un enfant et qu'elle se rendit compte que la sensation de chaleur humaine était un peu trop réelle. Et pour cause : Il y avait bel et bien une cuisse sous sa main!
_ L'ingénue ouvrit alors instantanément les yeux et planta immédiatement son regard dans celui de sa victime. Gardant le silence, fixant Astrid dans les yeux, elle retira sa main le plus lentement du monde. Comme si ça allait rendre le geste inaperçu ! Toujours fixant silencieusement l'inconnue, Marthe attrapa le coin de son drap et s'en couvrit progressivement le corps. Puis toujours muette, ne quittant pas la blonde du regard elle se fit glisser lentement au bord opposé du lit en se roulant toujours d'avantage en boule. Celui-ci étant placé dans le coin de son studio Marthe avait deux murs en même temps contre lesquels se pelotonner. À la fin de sa manœuvre la petite gouvernante s'était coincée dans le coin du lit contre les murs, assise et recroquevillée sur elle-même. Après de longues secondes un tout petit son à peine audible sortit de sa bouche.
- " ... bonjour ... "
Toutefois, avant de pouvoir passer à l'acte pour la faire mourir de rire, la brune ouvrit les yeux et retira sa main. La façon dont elle se couvrit le corps avec le drap avant de partir de l'autre côté du lit en se roulant en boule fit ricaner Astrid qui trouva le tout drôle.
-Bonjour. La Belle au bois dormant se réveille enfin.
Bon. Maintenant qu'elle était consciente, il fallait s'expliquer, s'excuser, et faire en sorte qu'elle ne crie pas à l'aide ou aux gardes. Ce ne serait clairement pas en faveur de la femme à tout faire qui espérait ne pas finir la nuit dans une cellule de prison. Doucement et lentement, elle s'assit sur le lit et fit face à Marthe :
-Hmm, folle soirée qu'on vient de passer toutes les deux hein ? Alors déjà, désolée pour ce qu'il s'est passé. J'y suis allée un peu fort en te rentrant dedans comme ça, j'espère que t'as rien de cassé. Étrangement, cela pouvait avoir un autre sens que ce qu'elle avait initialement en tête. Ensuite pour le baiser qu'on a partagé ensemble eeeeh, j'ai été un peu surprise, mais ça ne m'a pas déplu héhé. Elle ricana bêtement en se remémorant ce geste qui était venu de nul part. Ah et pour la frayeur de tout à l'heure c'est plus fort que moi !
En regardant le comble de plus prêt, c'était un vrai bordel à cause des connards de tout à l'heure qui avaient tout mis sens dessus dessous. Là encore, c'était la faute d'Astrid. Décidément, elle était responsable de bien des choses ce soir, et la pauvre Marthe en était la plus grande victime.
-Bien sûr, je compte t'aide à ranger tout ça. Dit-elle en pointant du doigt le bordel. Car oui, elle savait prendre ses responsabilités et réparer ses erreurs quand il le fallait (parfois) quand des innocents étaient mêlés à ses conneries. Mais avant ça…
Astrid monta à 4 pattes sur le lit et s'approcha de Marthe. Une fois assez proche – un peu trop proche même-, elle lui passa avec délicatesse la main derrière la tête et la caressa... Ou, c'était un geste qui pouvait y ressembler car en réalité elle était à la recherche de la bosse causée par la collision.
-Tu as une bosse, je te conseille de l'arnica pour la faire disparaître rapidement. Ta chemise de nuit est mouillée aussi, tu devrais la changer pour ne pas attraper froid. Elle rajouta avec un sourire espiègle : Cela dit si t'attrapes froid, on pourra se réchauffer mutuellement, d'une autre manière. Haha!
Comme prévu, elle ne ratait jamais une occasion pour faire une blague naze ou salace.
Hmm, est-ce qu'elle avait oublié quelque chose ? Ah, mais oui. La base de la base, la politesse même.
-Je m'appelle Astrid, et toi ?
Boucle d'or et la pauvre ours...
Feat @Astrid Dalgaard
-" Désolée pour... ça " répondit-elle tout bas.
-" Ouïe ! " couina-t-elle.
-" -Tu as une bosse, je te conseille de l'arnica [...] " lui expliqua Astrid en douceur.
-" Excusez-moi.. Marthe Applebee. Désolée de vous rencontrer en de pareilles circonstances. " répondit-elle en reprenant peu à peu ses esprits.
-" Je dois avoir de la pommade dans.. dans le tiroir de mon bureau. dit-elle, bientôt arrivée au bout du lit avant de se retourner vers l'autre. "Vous vous êtes fait mal quelque part également ? .. Je crois que je tenais une tasse de thé quand vous m'êtes... " s'interrompit-elle, essayant encore de tout comprendre. " Rentrée dedans ?"
Au final, ce ne fut pas le cas et elle releva sa tête. La citoyenne aux cheveux blancs fit la moue, ne sachant pas si elle devait se réjouir que ce ne soit pas aussi rapide ou être déçue.
Bah.
Donc son nom était Marthe Applebee ? Fufu.
-Enchantée. Tu as soif ? Tu veux de l'eau, Marthe ? Pour éviter que tu deviennes Marthe-eau. Et attention à ne pas tomber dans les pommes !
Ah bien sûr, les blagues sur les noms, un grand classique qu'Astrid était prompt à faire à chaque fois et à chaque rencontre, quitte à ruiner l'image qu'on avait d'elle. « La bonne impression est la plus importante », pas avec la femme à tout faire.
Hmm ? Est-ce qu'elle s'était fait mal… ? Elle se palpa le corps à plusieurs endroit et fit une grimace à chaque endroit qui la faisait légèrement souffrir.
-Eh, j'crois que j'ai un bout de verre dans le dos, et quelques bleus sur les bras à cause de la bagarre de tout à l'heure.
Elle hocha la tête pour confirmer ses propres dires. Toute une histoire, vraiment. Du coup, cette jeune femme avait probablement entendu tout le grabuge qui avait eu lieu dans la taverne et qui avait été causé par Astrid elle-même, la grande responsable. Drôle d'idée, de vivre ici. Ça ne devait pas être facile avec le bruit...Ou peut-être que quand la fouteuse de merde n'était pas là, tout était tranquille ?
Faisant mine d'être embarrassée, Astrid posa ses mains sur ses joues et se trémoussa :
-Oui, c'est gênant mais je te suis rentrée dedans par accident. Et toi, tu m'as fait du rentre-dedans. Termina-t-elle avec un sourire amusé et en regardant la brune dans les yeux tout en haussant et baissant ses sourcils répétitivement. D'habitude c'est moi mais là...haha.
Profitant du fait que Marthe était allée chercher de la pommade, Astrid se leva du lit et commença à ranger le bordel dont elle était partiellement responsable. Elle remit des objets sur les tables, ramassa des livres, et, à un moment, posa son oreille sur la porte puis sur le sol pour vérifier que personne ne la suspectait d'être encore en haut. Cela ne semblait pas être le cas.
Pfiou.
-Hmmm ?
En rangeant, Astrid mit la main sur quelque chose et le montra à Marthe.
-Je le range où ça ?
Une culotte.
Boucle d'or et la pauvre ours...
Feat @Astrid Dalgaard
-" Vous auriez dû commencer par ça ! On est bien loin du compte avec de l'arnica !!"
-" Ne vous embêtez pas pour ça voyons, je vous ai peut-être fait du rentre dedans mais maintenant il vas falloir ressortir tout ça. Et j'ai bien peur que ça gicle plus qu'une tasse de thé ! " s'amusa presque Marthe. C'est qu'elle se dériderait presque sous le coup d'une commotion ! Mais son visage pâlit à la vue de sa petite culotte. Où la mettre ? Une seule réponse, étonnante,
mi-rhétorique, mi humouro-ironique lui vint aux lèvres; " Sur la tête ?"
-" Jettez ça n'importe où, au point où nous en sommes... Venez plutôt par là que je vois votre dos. " dit Marthe en se traînant jusqu'au lit, son kit de soin sous le bras et une nouvelle chemise de nuit sur l'épaule. "Je devrais encore avoir du millepertuis frais. C'est aussi aseptisant que coagulant. " précisa-t-elle en s'asseyant sur le bord du lit et en fourrant une poignée d'herbe dans sa bouche.
-" La patronne sait être discrète rassurez-vous. Mais, si ce n'est pas trop impoli, qu'est-ce que étiez en train de traficoter pour arriver jusqu'ici ?" demanda Marthe en s'appliquant une noix de pommade sur la tête au ralenti.
Il n'en fallut pas plus pour Astrid avant d'enfiler la dite culotte sur la tête, telle une perverse. Elle ne savait pas si c'était de la lingerie propre ou utilisée, mais elle remercia intérieurement Marthe de lui en avoir donnée l'autorisation, même si ce n'était que pour rire. Toutefois, parce qu'elle était encore une personne civilisée et sensée (plus ou moins), elle la retira rapidement et la mis de côté. Il ne fallait pas que ça devienne une habitude ou un fétiche bizarre.
-Je comprends mieux pourquoi les gens sont prêts à payer pour des culottes usagées haha. Ricana-t-elle.
La femme aux cheveux blancs rejoignit Marthe sur le lit et s'assit. Elle se sentait un peu mal de devoir se faire soigner par une personne qu'elle avait blessée en lui rentrant dedans en plus de lui avoir gâché sa soirée, mais ce qui avait été fait était fait. Astrid déboutonna sa propre chemise et enleva sa veste pour montrer sa blessure au dos et aux bras mais s'arrêta à mi-chemin lorsque Marthe se changea sans gêne. Nul besoin de préciser que la femme à tout faire avait alors eu les yeux rivés sur son corps tout le long.
Elle ne fut ramenée à la réalité qu'à la question posée par la brune.
-Hein ? Traficoter ? Euh oh.
Astrid se dépêcha elle même d'enlever sa chemise. Elle aurait pu tout simplement remonter ses vêtements jusqu'à ce que la blessure soit visible, mais c'était bien plus agréable de l'enlever.
-Eeeeeeeeeeeeeeh, disons que j'ai eu un différent avec les autres clients haha. On a bu, on a joué aux cartes, j'ai gagné, et ils n'ont pas apprécié…Vraiment, ce sont de mauvais perdants pour s'en prendre comme ça à la gagnante, jusqu'à la pourchasser dans toute la taverne ! Haha. Ha. Ha….
-ELLE NOUS LE PAYERA ! Purent-elles entendre.
-Yep, de vrais mauvais perdants.
Est-ce que Marthe allait y croire ? Aucune idée. Mais en tout cas, Astrid passa sous silence le fait qu'elle avait triché et qu'elle avait mis de l'huile sur le feu, source de la bagarre général qui avait éclatée un peu plus tôt en bas. Ça aurait été un peu cocasse après tout qu'elle abrite la source même du chaos qui s'était déchaîné en bas.
-CETTE TRICHEUSE ET FOUTEUSE DE MERDE NE S'EN SORTIRA PAS COMME CA !
-….Je me demande bien de quoi ils parlent haha. Ricana soudainement la citoyenne mal à l'aise en regardant ailleurs. Pour absolument pas changer de sujet, tu fais quoi dans la viiiiie?
Boucle d'or et la pauvre ours.
Feat @Astrid Dalgaard
-" C'est très vilain de mentir, tu sais ? " lui chuchota-t-elle à l'oreille.
-" Et c'est très vilain de tricher ~..."
-" Ne bouge pas, " prévient-elle, "je soigne même les vilains garnements."
-" Il vas falloir que ça se soigne maintenant. Est-ce que tu veux une potion de soin ? Ou bien je te fais un bandage ?" lui demanda-t-elle en présentant les deux solutions devant elle.
Le problème était que Marthe allait peut-être changer d'idée en réalisant qu'elle avait aidé et cachait la tricheuse qui avait foutu tant de bordel dans la taverne juste en bas….
Comment allait-elle réagir ? Demander à la femme aux cheveux blancs de sortir ? Crier à l'aide ? La dénoncer…. ?
Elle resta silencieuse un moment, attendant avec appréhension la réaction de sa sauveuse et…tressaillit lorsqu'elle sentit le souffle de l'autre jeune femme près de son visage et un chuchotement :
-C'est très vilain de mentir, tu sais ?
Puis, une main vint tirer sa joue.
-Héhé, désholée….dit-elle tout en se laissant faire, avant de rajouter en tournant légèrement la tête vers Marthe qui était bien trop proche : Tu veux me donner la feshée peut-être ? Haha.
Et le tout, avec un clin d’œil qui se voulait enjôleur.
Encore une occasion qu'elle n'avait pas ratée pour faire sa blague douteuse. En tout cas, elle était soulagée de voir que Marthe ne semblait pas trop se soucier du pourquoi du comment Astrid s'était retrouvée là. Au lieu de ça, elle la soignait même alors que la femme à tout faire était la seule responsable de ses déboires et avait crée des problèmes pour la brune! Quelle gentillesse ! Quelle bonté !
Une nouvelle fois, la citoyenne tressaillit lorsque l'autre citoyenne lui souffla dans le dos. Est-ce qu'elle tentait de l'émoustiller…. ? Ohoh. Mais étrangement, aucune douleur ne se fit sentir lorsqu'on lui retira les bouts de verre.
-Un bandage suffira. Répondit-elle en se tournant vers Marthe. Pas besoin de gaspiller une potion de soin sur moi, heh. Ça finira par guérir seul, ce n'est pas la première fois que je me blesse de cette façon. Il faut dire que je le cherche bien, héhé.
Donc, elle l'avait cachée, la soignait, et lui proposait même une potion de soin ? Astrid se sentait un peu mal de tant profiter de la jeune femme sans pouvoir faire quoi que ce soit en retour.
-Merci pour l'aide et les soins. J'aimerais bien te repayer pour tout ça...Hmm….
Elle resta pensive un moment. Quand on lui faisait des faveurs, elle était du genre à vouloir rendre la pareille.
-Je pourrais te payer un repas, ou te payer des verres. Finit-elle par dire. Ou si jamais t'as besoin d'aide un de ces jours, hésite pas à me le dire. Ou peut-être que…
Dans son esprit embrumé par l'alcool, elle eut une autre idée et un grand sourire apparut sur son minois. Elle s'approcha de sa camarade d'infortune une nouvelle fois, assez pour qu'elles puissent sentir leur souffle, et cette fois ce fut à son tour de lui chuchoter à l'oreille :
-Peut-être que tu préfères qu'on dorme ensemble et qu'on continue là où on s'était arrêté ? Ton lit a l'air confortable. Heh.
Une autre blague qui avait pour but d’embarrasser Marthe. Astrid avait déjà hâte de voir comment elle allait réagir héhé.
Boucle d'orbe et la pauvre ours.
Feat @Astrid Dalgaard
-" Même si je ne suis pas sûre que tu la retienne... je me dit que tu as déjà reçu ta leçon.. " lui répondit-elle doucement tout en la soignant.
-" Merci pour l'aide et les soins. J'aimerais bien te repayer pour tout ça...Hmm…. " s'excusait-elle.
-" Allons allons. Tu n'as pas à te sentir redevable. " répondit Marthe en lui souriant avec gentillesse. Puis elle remit le nez dans sa petite pochette à pharmacie en quête de bandages. "Ce n'est pas bien grave tu sais. Et puis, disons que ça change du quotidien. "
-" Et si je finissais de te soigner d'abord ? " lui sussura-t-elle.
-" Ne bouge pas.. " lui dit-elle, toujours à l'oreille. "Je vais essayer de faire doucement. Si je te fais mal, dit le moi, d'accord ? Je soufflerais dessus à nouveau. "
Quant à repayer sa bienfaitrice, elle était bien décidée à le faire. Peut-être parce qu'elle avait eu un code d'honneur assez strict lorsqu'elle avait été commandant, ou peut-être à cause de l'éducation de ses parents actuels, mais quand on l'aidait, il était normal de rendre la pareil.
Après sa proposition tendancieuse, la farceuse s'était attendue à voir la brune rougir encore plus, s'écarter en s'excusant, refuser en balbutiant, ou même carrément la repousser pour qu'elle tombe du lit. Elle aurait alors éclaté de rire, en la rassurant que c'était pour la taquiner. Mais au lieu de ça….sa camarade du moment ne semblait pas contre l'idée… ? Là c'était la jeune femme aux cheveux blancs qui était surprise et qui se figea lorsque Marthe passa ses bras autour d'elle. Awawawawawawa, est-ce qu'elle avait une touche ???
-Ah, ouais, les soins, ouais….
Peut-être qu'il était idiot d'essayer d’embarrasser quelqu'un qui l'avait embrassée et qui s'était changée devant elle comme si de rien n'était. Est-ce que Astrid avait finalement trouvé plus entreprenante qu'elle ? Non, elle ne s’avouerait pas vaincue ! Pas aussi facilement !
Hmm ? En quoi souffler sur la blessure calmerait la douleur… ? Son pouvoir peut-être ? Oh. Ça expliquait pourquoi elle n'avait rien ressenti tout à l'heure quand elle avait enlevé les bouts de verre .
La tension était palpable, le silence tel que l'on entendait le souffle des deux jeunes femmes qui étaient face à face. Un silence qui était parfois brisé par quelques paroles venant de la taverne juste en dessous.
Lentement, Astrid se redressa et leva les bras pour laisser Marthe finir le bandage tout en réfléchissant à sa prochaine action. On pouvait voir à son froncement de sourcil qu'elle faisait marcher son cerveau à toute allure, et ce n'est que lorsque le bandage fut terminé qu'elle eut une idée. De nouveau, elle reprit un sourire qui se voulait sensuel et poussa Marthe sur le lit. Tout aussi rapidement, elle se plaça au dessus d'elle et s'appuya sur ses coudes, gardant la proximité qu'elles avaient quelques secondes plus tôt et rejouant la scène qui s'était passée sous le lit. Ah! Elle avait l'initiative! Victoire!
-C'est à mon tour d'être au dessus haha. Dit-elle en ricanant. C'est le moment ou jamais pour dire non, tu sais ? Si tu préfères dormir tranquillement, ou si tu n'es pas intéressée, heh.
Était-ce de nouveau pour la taquiner ou était-elle sérieuse ? Elle même n'en était plus trop sûre.
Boucle d'or et la pauvre ours.
Feat @Astrid Dalgaard
-" Chuuu- .. je suis désolée " lui chuchota-t-elle à l'oreille. "Laisse moi faire disparaître ta douleur.."
-" Je crois que j'ai fini !"
-" Je suis désolée pour tous ces soucis, Astriii- " commença-t-elle doucement avant de se faire soudainement renversée sur le dos. Qu-qu-quoiii ?
-" [color:564b=0066ff][...] C'est le moment ou jamais pour dire non, tu sais ? Si tu préfères dormir tranquillement, ou si tu n'es pas intéressée, heh." glissa Astrid, son visage bien trop près du sien.
-" Tu devrais passer la nuit ici.. Astrid .. " répondit finalement Marthe en chuchotant.
-" Reste dormir avec moi.. s'il te plaît... " murmura-t'elle, presque déjà ailleurs.
Les secondes parurent interminables, et la citoyenne faillit bien se relever en pensant qu'elle avait poussé la proposition un peu trop loin mais une main sur sa joue l'en dissuada. Est-ce qu'elle venait d'entendre ce qu'elle venait d'entendre ou est-ce que son esprit lui jouait des tours ?
Et pour couronner le tout, comme si Lucy avait un certain dessein en tête, la lumière de la bougie s'éteignit, ne laissant place qu'à l'éclat de la lune et rendant la tension entre les deux jeunes femmes encore plus palpable.
Confirmant ses propos, Marthe invita Astrid à dormir avec elle pour le reste de la nuit, et il n'en fallut pas plus pour que cette dernière pose délicatement ses lèvres sur celle de l'autre jeune femme.
Toutefois, quelque chose semblait...bizarre. La brune ne bougeait plus et son souffle était lent et régulier, le souffle de quelqu'un qui...s'était endormi.
-Euh….Marthe ?
Aucune réponse. Intriguée, la citoyenne tira sur les joues de l'autre citoyenne mais n'eut aucune réaction.
-….AH ! S'exclama t-elle en se relevant.
Elle s'était vraiment endormie ! Les conséquences des chocs répétés sur sa tête, et la fatigue de tout le chaos qui s'était déroulé, probablement.
Avec un profond soupir, déçue au plus haut point, Astrid s'assit sur le lit, réfléchissant à quoi faire par la suite. Elle ne pouvait décemment pas la réveiller, ni profiter d'elle pendant son sommeil. Finir en prison n'était pas dans ses plans.
Pas encore en tout cas.
Qu'est-ce qu'elle allait faire du coup ? Rentrer chez elle ? Pas encore, il y avait des lourdauds en bas dans la taverne. Rester ici était donc le choix le plus intéressant, et elle pouvait en effet partager le lit de Marthe. Mais en même temps, l'autre citoyenne l'avait tellement allumée qu'elle devait trouver un moyen de se calmer et de se changer les idées !
Elle se décida alors à reprendre le rangement de la pièce, rendu difficile à cause du manque de lumière. Cela dura bien une vingtaine de minutes durant lesquelles Astrid se vida l'esprit autant qu'elle le pouvait pour faire chuter la température.
Une fois le travail accompli – plus ou moins, approximativement même – elle se coucha sur le lit qui avait l'air encore plus confortable qu'avant. Et à voir comment Marthe dormait paisiblement, ça lui donnait envie de...fermer les yeux….et de dormir aussi….
Un mouton, deux moutons, trois moutons, un quatrième mouton avec des lunettes de soleil...Des moutons qui chantaient à l'unisson « Beep Beep, je suis un mouton…. »
C'est le rayon du soleil qui força la citoyenne à se réveiller malgré elle, et ce avec la migraine habituelle qui était le signe d'une nuit légèrement arrosée. Il fallut bien plusieurs minutes de semi-conscience avant qu'elle ne réalise pleinement qu'elle n'était pas dans sa chambre, mais celle d'une autre personne, et il fallut d'autres minutes supplémentaires pour se souvenir de la soirée précédente.
Avec lenteur (et douleur), elle se mit en position assise et ricana à l'idée qu'elle venait d'avoir. Elle secoua tendrement Marthe qui dormait toujours et lui dit :
-Chérie ? Chérie ? Réveille toi….
Chérie ? Drôle de façon de l'appeler comme ça alors que pourtant, rien ne s'était passé...à moins que…
Avec son sourire narquois habituel, elle continua en se trémoussant :
-Sacrée soirée hier, inoubliable même. Je ne te savais pas si entreprenante au lit et si agile avec tes doigts, huéhuéhué. Et la façon dont tu as crié mon nom~
Ah. Bien sûr.
Astrid Dalgaard n'était pas du genre à laisser passer une occasion pour rigoler et faire des farces, jamais.