On a trouvé. On est des génies. Vous le saviez, évidemment. Vous n’avez jamais douté. Nous non plus. Vous savez bien que rie ne peut nous arrêter et nous sommes justement récompenser. Les pierres bougent et on descend dans le lieu secret du temple. Là où nous attend sûrement une grande puissance qui nous paraîtra de défaire nos adversaires. Tout le monde a sa en tête. Evidemment. Qui ne l’aurait pas ? Et bien moi, je ne pense pas à ça. Non. Une seule chose occupe mon esprit.

Je viens de me faire zonedamitier.

J’avance presque par automatisme et heureusement que la hauteur des marches est adapter aux glooby car sinon, je ne manquerais pas de ma casser la gueule à chaque marche. Sérieusement ? Je ne m’attendais à pas grand-chose, mais ça, c’est un sacré coup de massue sur la tête. Parce que déjà, je me suis fait expliquer la vie par Krotal qui en a bien profité pour se moquer de moi, avec son petit sourire en coin. Mais aussi, parce que Esméralda n’a même pas pris la peine de l’expliquer. Comme si j’en valais pas la peine. Elle s’est contentée de sourire alors que j’étais en détresse. Même pas un petit mot. Un tout petit rien. Quedal. Ressasse tout seul avec tes sentiments, tu ne m’intéresses pas, en gros. Je suis conscient que l’explication implique certaine chose. Qu’en étant créé par la magie, certes l’accouplement n’est pas à l’ordre du jour, mais c’est qu’elle n’est pas adapter à l’Amour. Car, a priori, ça aussi, ça vous fait faire n’importe quoi. Regardez moi, hein. Parce que bon, j’étais pas con d’un amour purement platonique. Me regardez pas comme si j’étais une bête ne pensant qu’à ces besoins primaires. Il y a un grand cœur là-dessous. Demandez à Elina.

Merde.

Bref, tous mes sentiments, ils ont été jetés en pâture aux deux zigotos qui ne sont même plus là, tellement ils doivent se bidonner dans une coursive. Et alors que je bougeais mes pions avec l’ardeur d’un amant fou amoureux, le mur Esméralda se jouait de moi et de ces sentiments sans aucune honte. Elle est vraiment détestable en fait. Pourquoi ai-je été si aveugle ? L’amour, vous allez me dire. Et c’est vrai. Mais c’est quand on ouvre les yeux qu’on se demande comment c’est possible de les avoir garder aussi longtemps fermé. Je descends et je réfléchis à rien d’autre. J’ai plus rien. Le feu qui m’habitait jusque là s’est éteint. Soufflé comme on souffle la bougie d’un anniversaire. On arrive dans une espace gigantesque ou le vide côtoie des statues imposantes d’humains aux attributs nombreux et à la posture imposante. Je n’en vois rien. J’avance. J’avance alors que tous se sont arrêtés. J’avance perdu dans mes pensées sans que rien ne m’arrête et j’arrive davantage au centre de l’espace avant de lever les yeux au ciel et de contempler les statues qui semblent me regarder de haut, moi, pauvre créature insignifiante déchiré sur l’autel de l’amour aveugle. Elles me jugent.

Pourquoi moi ?
Je me retourne.

Je n’ai pas d’yeux pour Esmé. Elle n’existe plus pour moi. S’accrocher, ce ne serait que renouveler l’expérience de son absence de sentiments à mon égard. Sentiments qu’elle est incapable de concevoir. Non. Il y a Faye. Et surtout Golmi. Et c’est là que je comprends. J’ai été aveugle, oui, mais le pire d’en tout ça, c’est que j’ai délaissé une amie. Je n’avais d’yeux que pour Esmé alors que j’avais quelqu’un qui me comprenais et qui étais là pour me supporter dans les moments que nous avons partagés. Nous devons fusionner. Mais comment aurions pu fusionner quand mon esprit était perdu dans des contrées stériles ? J’ai fauté. Je le vois maintenant. Et je me sens terriblement honteux envers Golmi. Je voudrais me faire pardonner, mais je ne le mérite pas. Je voudrais fusionner avec elle, mais j’ai tout caché. J’aimerais que tout redevienne comme avant. Peut-être que j’ai merdé définitivement. Je ne sais pas. Mais c’est peut être en ces lieux que nous pourrons y arriver, sans faux semblants. Sans penser parasites. Il n’y a que moi et Golmi.

Je tends la patoune dans sa direction.

-Viens Golmi. Il est temps de réessayer.

Et de lui demander pardon.

Résultat du Dé:

Ça ne va pas du tout.

Absolument pas.

Se relever d’une déception amoureuse, c’est quelque chose. Mais dans ce genre de situation, il faut savoir être bien entouré et c’était plutôt le cas pour moi. Il y avait Golmi. Que j’ai délaissé. Mais qui n’aurait pas renié son amitié pour m’aider à surmonter cette épreuve difficile. Je l’avais blessé. J’avais été ignoble. J’étais prêt à me faire pardonner. Pour tout. Mais le destin est une catin. Alors que j’ai tendu cette main vers Golmi, le destin a décidé de la faire disparaître. Totalement.

Je ne comprends pas cette lumière. Je ne comprends pas cette explosion. Je regarde ces orbes lumineux s’élever vers les hauteurs, sans un regard vers en bas, ce qui est plutôt normal, puisqu’elles n’ont pas d’yeux. Il y avait Golmi. Il n’y a plus rien. Juste moi et mon cœur en souffrance. Je les regarde. Jusqu’à ne plus les voir. Une à une, elles disparaissent, à l’image de mes espoirs. Il y a peut-être un développement à venir. Peut être qu’il va se passer quelque chose. Un geste. Un mouvement. Rien. A part moi, il n’y a rien de plus que de l’indifférence. La princesse continue son chemin en ces contrées étranges sans un mot pour un héros qui a prêté serment dans la clairière. Comme quoi, on fait bien peu de cas de ceux qui répondent à l’appel et qui disparaissent dans l’exercice de leur fonction. Si je pouvais avoir une bride d’espoir sur la bienveillance d’Esméralda, elle a disparu en même temps que les orbes de Golmi. En même temps que cette petite flamme dans mon cœur. Et pourtant, il brûle.

Je suis seul.

J’en manquerais presque de me faire distancer du reste du groupe, surtout que je n’ai plus que mes pattes pour me faire avancer. Je fais un mètre. Je me retourne. Rien. J’avance à nouveau. Retournement. Déception. Rien ne vient. Rien ne viendra. Au fond du gouffre, autant au propre qu’au figuré, je me mets à trottiner de mes petits pétons pour rejoindre le duo s’avançant au milieu des statues impressionnants et des espaces vides. Pas un bruit, pas un cliquetis. Rien. J’en viens à espérer que quelqu’un d’autre explose en une gerbe de boules de lumières. Ça me ferait dire que tout est normal. Que Golmi n’a pas disparu. Que l’on va le retrouver bientôt. Et que je ne serais plus seul. Seul avec une glooby sans cœur et un Warg menaçant. Et puis surtout, avec qui je vais fusionner maintenant ? Je dis pas que Golmi était que ça. Mais avec mes pétons tout moue, difficile d’avoiner un Warg en pleine charge.

On est bien descendu en touchant un truc. Je cherche ce que je peux. Je touche tout ce que je peux. Tout ce qui peut paraître intéressant. Tout ce qui est à ma portée, aussi. Peut être que quelque chose se déclenchera. Peut-être que Golmi sera libéré de sa lumière. Au fond, c’est tout ce que j’attends.

Résultat du Dé:

Je ne sais pas si je dois remercier Faye. Dans une certaine mesure, je vais plus vite et je n’ai plus à passer mon temps à frotter le sol de cette immense caverne avec mes petits pétons. D’un autre côté, je perds en indépendance. Je n’ai plus cette capacité à pouvoir chercher par moi-même la solution pour faire revenir Golmi parmi nous. C’est Faye qui décide et c’est Faye qui va ou elle veut aller. De ce que j’ai pu avoir comme relation auparavant avec, je ne vais pas trop la ramener, j’aimerais éviter de me faire croquer un bout juste pour qu’elle s’amuse. Enfin, le dernier point, et non des moindres, c’est que je me retrouve dorénavant côte à côte avec Esméralda. Je garde mes distances, j’essaie. Mais suivant la démarche du Warg, il arrive que nos peaux se touchent. Brièvement. Et ça me fait comme des papillons dans l’estomac. C’est qu’elle est jolie quand même.

Puis je me fous une claque métaphorique. Je ne dois pas y penser. C’est impossible entre nous et pire, elle m’a quasi jeté. Elle n’a pas de cœur. C’est vraiment la pire. C’est peut être un canon de beauté, mais si son cœur est aussi froid que l’acier, ça ne sert à rien. D’autres diraient qu’il suffit de tirer un coup et de s’en aller, mais cette option n’est pas permise, alors, c’est vraiment la mort. Je me concentre. Je pense plutôt à Golmi. Une amie. Qui a besoin de moi actuellement. J’ouvre les yeux, plus déterminé que jamais et j’avise autour de moi. Réfléchis.

Bref. Il y a pas à tortiller du cul. Je me penche vers Faye.

-On ferait mieux de trouver rapidement quelque chose avant qu’on se transforme en lumière comme Golmi. On devrait aller à cette espace au fond avec la grande lumière. S’il y a bien quelque chose d’important ici, c’est forcément là.

Evidemment. C’est toujours au fond qu’on trouve les saints des saints. Les salles de trônes. Les salles au trésor. Le type qui a fait ça est humain. Faut réfléchir en humain. Il va mettre les trucs importants dans les alcôves sur les côtés, là ou tout le monde se moque, à moins que ça soit un fou. Ou un comique. On a ouvert le sceau, quoi, il aurait pu mettre des panneaux. A ça pour mettre des statues il y a du monde, mais un plan de l’endroit, c’est trop compliqué. Les gens ne pensent pas suffisamment aux détails. Et vous savez quoi ? C’est vraiment dommage.

Résultat du Dé:

Alors, dans un premier temps, quand Esméralda commence à paniquer, je me dis qu’elle doit avoir mal compris. Sérieusement, on est dans un temple bâti par des Héros pour permettre aux habitants du Calyce de vaincre les hordes de Warg. C’est un temple pour aider, quoi. AIDER. Alors, pourquoi faut-il vraiment penser que quand deux statues se décident à venir dans votre direction, c’est pour des motifs belliqueux ? Où est la logique ? C’est un piège à habitant du Calyce ici ? Les Héros sont-ils des types plutôt facétieux ? On a trouvé l’entrée. On a suivi un raisonnement logique et complexe qu’un Warg n’aurait pas été capable de mener. Les Gloobys et les Coeurls ne savaient pas non plus. Il fallait la force mentale d’humains pour parvenir à résoudre l’énigme. Donc, quand on est ici, on a prouvé qu’on était humain. Qu’on était gentil. Alors, pourquoi on voudrait nous tuer ? Hein ? Sérieusement ?

Après, il est vrai que c’est tout de même bizarre que ça s’active après que Faye ait marché sur un truc qui a fait « clic ». Au milieu de nulle part. Il y avait pas de piédestal avec une inscription « poussé ici pour avoir de l’aide cosmique contre les Wargs ». Ce qui est tout de même plus pratique. Si c’est pour nous filer un coup de main, ça aurait bien de soigner la présentation. D’un autre côté, aussi, c’est que si c’est hostile, c’est un peu de tenter l’expérience. Je vous ai vu venir « Si t’es si confiant, t’as qu’à descendre du Warg et te laisser t’approcher ». Restons vigilant, c’est important. Pour cela qu’après ma première impression ; plutôt légitime, il faut avouer ; je me repose sur le jugement de la princesse et sur le soutien de Faye qui n’a pas hésité à accélérer la cadence.

Bref, on fuit.

Là, vous devez vous dire « mais vont-ils fusionner ? » La réponse est non. Tout simplement parce que ça n’a même pas de sens de tenter le coup. Je veux dire, on nous a dit que c’était ultra difficile, qu’il fallait des années d’entraînement et qu’il fallait être en symbiose. On a une tête à être en symbiose, Faye et moi ? Non. Après, il y a Esméralda et Faye, mais est-ce qu’elle est formée ? Est-ce qu’elle est en symbiose ? C’est pas vraiment à moi de le dire, mais c’est pas vraiment dans une situation pareille qu’on peut faire le calme et se mettre sur la même longueur d’onde. Pas vrai Faye ?

Faye est d’accord.

Alors, on arrive au niveau de ce qu’on veut et on a un peu de temps pour réfléchir. Encore une énigme. Je vous parlais du cerveau brillant ? Bah, je laisse ça à Faye. Parce que là, moi, je vois pas trop. Il y a un truc avec la lumière qui arrive, mais c’est la lumière qui arrive au zénith. Si faut la lumière à l’aube de la nuit, ça va être compliqué d’oblitérer le rayon de lumière qu’on a sur la gueule.