Chacun d'entre vous arpentez les étendues sauvages de la grande forêt du Royaume. Les arbres et les racines s'entremêlaient loin des occupations citadines. Les oiseaux poussaient la chansonnette à tue tête. La lumière et chaleur du soleil laissaient entrevoir mille couleurs. L'endroit était paisible et gorgés de bons fruits comestibles.
Et malgré tout, au fil de vos avancées, chacun de votre côté, vous vous êtes rencontrés. Tombant l'un sur l'autre dans cette forêt, au cœur d'une clairière plate. Entre vous deux, un rubis écarlate brillait et scintillait. À votre approche, il se mit à luire et vous vous sentiez défaillir ! Puis à votre éveil, la nuit allait bientôt céder la place au soleil. Vous aviez dormi des heures, sans qu'aucun animal sauvage ne troubla votre torpeur.
Mais quel effroi, quand votre peau vous démangea ! L'éclat du soleil vous brûlait tel un brasier. Et seul l'ombre parvenez à vous calmer. Sans doute faudrait-il tenir ainsi toute la journée ensoleillée.
Ain n'avait pas repris de quête de suite, elle voulait d'abord repasser par la ville afin de préparer son prochain voyage, le précédent avait durée quelques semaines. Elle était donc sur la route entre le village perché et la capitale. Elle devait traverser une partie de la forêt avant de retrouver les plaines. Vif était ravie de cette petite balade et passait son temps a essayer de sympathiser avec les oiseaux du coin. Miel quant à lui restait auprès d'Ain et marchait tranquillement.
Le trajet n'avait rien d'exceptionnel ou d'inhabituel... jusqu'à ce qu'elle croise cet homme dans la clairière. Oh, ce n'était pas lui qui était à l'origine de l'évènement, mais une étrange pierre rouge qui s'est mise à briller lorsque l'aventurière s'approcha. Sentant qu'il n'y avait un truc pas net, Ain appela tout de suite :
- Miel ! Vif !
Ces deux compagnons revinrent vers elle et la jeune emme eu juste le temps de fermer les yeux pour ne pas se faire éblouir puis plus rien. C'était le noir complet...
La jeune femme se réveilla, sans doute des heures plus tard : le soleil commençait à se lever et son éclat sembler lui brûler la peau... Encore sonné, son premier réflexe fut d'abord de chercher ces compagnons des yeux : le Solnar était déjà réveillé et venait lui renifler le visage, Ain pouvait sentir son inquiétude vis à vis de l'état de sa maîtresse. Et Vif était sur sa tête et piaillait à tout va. Dans sa tête, sa télépathie résonnait : MAMAN!MAMAN!MAMAN!
Un peu plus loin, il y avait aussi l'homme qu'elle avait croisé juste avant de s'évanouir... mais pour le moment, elle n'y prêta guère d'attention :
- Chut Vif...
Enfants
de la lune
Il faisait chaud. A vrai dire, une chaleur à crever. Les cheveux noirs du jeune chasseur semblaient s'être transformés en capteurs à rayon UV et sa tête en aurait presque tourné s'il ne s'assurait pas de rester constamment hydraté. Sur un sentier tout proche de la forêt, Nora soupira de soulagement lorsque la cime des arbres vint apaiser son désagrément avec l'étoile incandescente. Sa route s'étendait encore plus loin : en direction d'un petit village dans la forêt à la recherche de travail, suite au conseil d'un ainé de la Guilde. "Ils ont besoin d'un trappeur, avec la recrudescence de bêtes sauvages alentours, tu pourrais te faire quelques cristaux, à condition d'arriver avant les autres aventuriers." Ces derniers préférant pour une majorité s'atteler à des quêtes impliquant moins de marche, ou aller à la mer en ce début de saison des plages, Nora y vit une opportunité d'y arriver premier malgré l'absence de monture pour l'y emmener plus vite. Faire la course ou la guerre pour une poignée de cristaux, très peu pour lui, il est plus du genre opportuniste.
Aux portes du monde sylvestre où le plus sauvage est le plus dangereux et le plus dangereux est le vainqueur, Nora décida de s'aventurer, gardant ses sens en alerte. Pendant une heure qui parut une éternité, le jeune homme ne put trouver la paix intérieur. Rongé par sa recherche de justice et de vérité, il sentait un peu plus ses séquelles traumatiques à chaque pas mené seul. La marche fut longue, le temps d'autant plus, ne parlons même pas de l'horizon qui, malgré l'espacement des troncs d'arbre au sein de la forêt qu'arpentait le garçon - plutôt conséquent - ne laissait pas pour autant entrevoir la fin de cette balade champêtre. Juste toujours plus de bois et d'écorces. Alors que soudain, arrivé de nulle part, une clairière se dévoila. Les arbres autours, comme prosternés en arc de cercle devant un ... bijou ? Une pierre radiante, miroitant les reflets du soleil et attirant l’œil. Alors qu'il s'approchait de cet étrange artefact, il distingua une silhouette humaine avancer, venant de l'autre côté de la clairière. La lumière de la pierre précieuse s'intensifia aussitôt fut-il au pied du dernier tronc et ses sens s'affolèrent. Une voix, puis un sifflement strident et désagréable. Le garçon sentit ses genoux faiblirent tomba au sol, inconscient.
Tout comme l'obscurité autour de lui reprenait ses droits, la lumière s'estompait et quittait sa rétine.
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La lune dans la voute céleste déclinait déjà, les nuages devenaient oranges pendant que l'aube se propageait lentement tout autour d'eux, la nuit était passée et il ne l'avait même pas remarqué. Nora sentit une présence, comme un regard le transpercer, son sixième sens était rendu plus aiguisé juste à l'instant, se résultant en une désagréable impression d'être observer. Il se redressa et avança en direction de la clairière pour examiner l'endroit où se trouvait la pierre étrange, malgré la présence qu'il avait ressentit juste avant : après tout, elle aurait été hostile, elle aurait profité de son sommeil pour le tuer. L'important résidait donc dans le jeu de paraître insouciant et forcer l'autre à se dévoiler, quoi de mieux dans ce cas, que de se dévoiler soi-même. Qui plus est, la pierre ayant émit la puissante lumière devait aussi être un artifice de cette personne, s'il la touchait, il n'aurait qu'à chercher un souvenir grâce à son pouvoir pour être plus informé de son ami discret. Son réflexe de tendre la main devant lui avant même de quitter la pénombre lui sauva de sacré douleurs, car aussitôt les rayons du soleil venaient caresser sa peau qu'une douleur terrifiantes s'empara de lui. Il recula par réflexes en échappant un cri de douleur et se cognant à un tronc derrière lui. Une véritable sensation de brûlure venait de s'emparer de sa main droite, mais d'où venait-elle ? Aucune magie ni boule de feu, aucun piège, rien ne justifiait à ses yeux ce genre de sorcellerie. Gardant sa main contre lui dans un réflexe de préservation, il grogna encore un instant en balayant l'horizon du regard, tel un animal acculé après s'être fait blesser.
Elle se releva péniblement et tendit la main en avant pour carresser le familier. Lorsqu'un rayon de soleil la toucha... et la brûla. Elle retira vivement sa main de la lumière. Et l'observa abasourdie. Elle n'avait jamais fait de quelconque alergie au soleil... Elle resseya avec l'autre main et le résultat fut le même : le dos de sa main était brûlé et des cloques commençaient à se former... C'était douloureux, mais c'était encore supportable... Cependant, cela relevait un important problème : comment se mettre à l'abris ? Ain avait eu la chance de s'évanouir à l'orée de la clairière, elle pouvait encore bénéficier de l'ombrage des arbres... mais c'était uniquement parce que le soleil commençait tout juste à percer. Lorsqu'il serait bien haut dans le ciel, ce n'était pas quelques feuilles qui allait pouvoir la protéger. Dans son malheur, elle se réjouit de s'être fait avoir en fin de journée, sinon elle n'osait imaginer son état si elle s'était évanouie au petit matin...
En observant la scène du regard, elle tomba sur l'homme qu'elle avait croisé avant de perdre connaissance. Il était au sol, de l'autre côté de la clairière mais bien conscient.
- Hé! C'est toi qui est à l'origine de ça ?
D'après son état, il était peu probable. Il avait l'air d'être dans la même situation que Ain mais elle ne savait pas par où commençait...
De son côté, Vif volait au dessus de la clairière en faisant des grands ronds. Il avait assisté à toute la scène et avait surveillé les environs toute la nuit pour que personne n'embête sa maman mais comme cette dernière lui a dit de se taire... et bien il gardait toute ses informations pour lui. Evidemment, Ain était loin de savoir que le petit chantelune détenait des éléments importants.
Enfants
de la lune
Son analyse de l'horizon s'arrêta net lorsque une voix retentit, Nora pu alors trouver sa source. Un jeune homme ? Quoique sa voix était celle d'un adolescent, son timbre trahissait son âge. Le tout résultant en une confusion presque totale de l'aventurier. Mais finalement, qu'importe son âge, l'important étant surtout que ce type lui avait posé une question pour le moins déconcertante. Nora se redressa en bloquant son dos contre l'arbre et poussant sur ses jambes, gardant sa main blessée contre lui. Sa main directrice qui plus est, s'il était question de se battre, il n'aurait pas eu la force de décocher une flèche précisément, ni de feinter avec sa dague. L'individu non identifié face à lui, de l'autre coté de la clairière n'avait cependant pas l'air d'être dans une position d'attaque. Le grand garçon trouva son regard, puis observa de nouveau le centre de la clairière, où se trouvait toujours le rubis. Le puzzle venait de récupérer une pièce supplémentaire, mais ce n'était pas suffisant pour dresser un tableau complet.
L'étranger lui avait demandé s'il était à l'origine de cette sorcellerie, cela interpella Nora qui observa avec insistance les mains de son partenaire de misère, cloquées et rouges, comme sa main droite. Il prit un court instant pour réfléchir aux circonstances de leurs blessure commune.
- "C'est en essayant d'approcher de cet objet que tu t'es brûlé ?"
Il exposa le dos de sa main dans le champ de vision de l'inconnu, dévoilant lui aussi une vilaine cloque. C'était bel et bien sa veine, lui qui en avait déjà assez de la chaleur accablante, le voilà brûler en plus de ça. Il lui faudrait quoi, plusieurs semaines pour guérir sans magie ? Bref, un miracle pour se débarrasser de cette plaie ... qui n'en était pas une.
Le garçon aperçu une petite ombre traverser la clairière et jeta un œil en l'air, un petit oiseau virevoltait en silence au dessus de leurs tête. Avait-il vu quelque chose ? A mieux l'observer, il cru deviner une espèce nocturne, alors que faisait-il ici aux aurores ? Un autre mystère.
- "Je pense que la lumière est notre problème, tant qu'on reste à l'ombre, tout devrait bien se passer. Cependant, la végétation ici n'est pas assez dense pour nous protéger à midi. Je déduis par tes blessures que tu n'es pas responsable de ces brûlures. Cette pierre cependant ..."
Il reporta de nouveau son attention sur le rubis au centre de la clairière. S'il pouvait l'atteindre, il pourrait peut-être utiliser son pouvoir pour trouver un responsable. Il était cependant totalement hors de question de s'avancer en dehors de l'ombre à nouveau, les brûlures n'étaient déjà pas sa meilleure résistance.
- "Si tu sais faire de la télékinésie, c'est le moment de t'en servir, je suppose que tu as autant envie que moi de te faire cramer intégralement. Si je peux voir cette pierre, on aura peut-être une piste sur l'enfoiré qui nous a tendu ce piège."
Il recula d'un pas en voyant le temps passer, le soleil se lever. Effectivement, il était encore bien tôt, mais ce n'était qu'une question de minutes et d'heures avant que la lumière ne perce le feuillage dans cette partie là de la forêt. Il fallait bouger, le plus tôt, le mieux.
- Miel.. tu peux aller la chercher s'il te plait ?
D'après le comportement de Vif, les deux familiers de la jeune femme ne semblaient pas sensible à cette malédiction. Et effectivement, le Solnar pu trotter jusqu'au centre de la clairière sans difficulté particulières. Il se baissa et ramassa le cailloux dans sa gueule.
Pendant ce temps, Ain se redressa et grimaça en voyant l'état de ses mains. Elle n'avait pas connu de brûlure depuis très longtemps... La jeune femme s'étira, allongé à même le sol pendant toute la nuit, elle avait l'impression que ces articulations avaient rouillées. Le Solnar trotta tranquillement jusqu'à sa maîtresse avec l'objet dans sa gueule et vint le déposer dans sa main. Ain se leva et l'inspecta, mais elle ne détectait rien de spécial... peut être que toute la magie qu'elle avait ressenti la veille était déjà dissipée ?
Elle fit le tour de la clairière en prenant bien soin de rester à l'ombre des arbres et lorsqu'elle arrive à hauteur du jeune homme, lui lança la pierre.
- Tiens, la fameuse pierre. Je ne ressens rien de particulier mais peut être que tu peux m'en dire davantages ?
Cela ne faisait que quelques minutes qu'ils s'étaient réveillés, mais le soleil semblait continuer son ascension, plus rapide que jamais. Les deux jeunes gens durent reculer pour rester à l'ombre mais ils n'allaient pas pouvoir tenir bien longtemps...
- Bon avant ça, je propose de chercher un abris. On pourra pas trouver de solution si l'on fini tous deux brulés vifs.
A la mention de son nom, Vif le petit chantelune entamma une descente pour se poser sur l'épaule de la jeune fille... et tout content, lui demanda télépathiquement : Vif ? Maman à appelé Vif ? Ain soupira mentalement. Non, je ne t'ai pas appelé... L'oiseau poussa ce qui ressemblait à un soupirement mais qui s'entendait comme un sifflement et s'envola de nouveau pour aller se percher sur une branche non loin.
- Je connais une cabane de chasseur non loin, mais elle doit être au moins à une demi-heure de marche d'ici...
Et elle ne savait pas si ils pouvaient l'atteindre avant que le soleil ne soit trop haut et en limitant les dégâts...
Enfants
de la lune
Suite à sa proposition, Nora fut surprit de découvrir seulement maintenant la présence d’un énorme renard à plusieurs queues. Un Solnar pour être plus précis, une créature majestueuse qu'on l'on ne croise pas souvent, capable de stocker la lumière le jour pour avoir chaud la nuit. Cette créature si rare et plutôt asociale vis à vis de l'humain trottina jusqu'au centre de la clairière, prit entre ses crocs la pierre et la donna à l'étranger à sa demande. Un phénomène plutôt unique qui ne semblait pas plus perturber son interlocuteur, contournant les zones de lumière pour approcher Nora sans l'ombre d'une hésitation. "Quand je parlais de télékinésie, j'aurais pu bien m'attendre à tout sauf à ça", pensa la tête brune alors que le prodige de la faune rare arrivait juste en face de lui. Il était à peine plus petit et portait les cheveux bien plus longs, lui donnant un étrange air androgyne. Également à peine plus petit que lui, il dégageait une aura criante de confiance en soi, comme s'il avait déjà affronté la mort elle-même, son regard en tout cas traduisait beaucoup à ce sujet. Ses mains de plus proches étaient bien plus affreuses que de loin, et sûrement plus marquées que les siennes, il ressentit une petite peine pour son nouveau partenaire qui visiblement, ne pouvait pour rien au monde se trouver déstabilisé. Ce dernier lança la pierre dans sa direction et affirma ne rien ressentir à son contact, dénotant tout de même une certaine curiosité.
En l'attrapant, au grand regret de Nora, il ne reçut aucun signal de précédente manipulation par un humain. Il commença donc à l'examiner de près quand l'inconnu proposa de se mettre à la recherche d'un endroit où s'isoler de la lumière, proposition que Nora accepta vivement en reculant à mesure que le soleil progressait dans sa course journalière.
- "Je suis entièrement d'accord, très peu pour moi de rester planté là."
Le petit oiseau tournoyant dans le ciel vint se poser sur l'épaule de l'homme androgyne et sifflota après qu'ils aient échangés un regard. Était-il une sorte de druide ? Ou peut-être tout simplement un passionné de la faune sauvage. L'instant suivant, le volatile décolla et disparu dans un arbre aussi vite qu'il était apparu. Quelque part, il comprenait pourquoi on ne lui avait jamais enseigné à chasser ce genre de petit gibier, car si tout les siens respiraient une telle innocence, ce serait vite devenu un crime que de les traquer. Dissimulant son émotion, il acquiesça de nouveau lorsque le mystérieux personnage face à lui évoquait une cabane dans laquelle se réfugier, malgré le temps de marche. Secouant ses ménages pour le trajet, Nora vint à cette conclusion pour étoffer le plan d'action à suivre.
- "J'ai un drap épais pour le camping, on va crever de chaud, mais à deux là dessous, ça filtrera le plus gros des rayons du soleil. C'est vrai que le timing me semble court mais on a pas trop le choix ... profitons que le soleil soit bas pour y aller maintenant, je te suis."
Et il s'en remit entièrement à cette nouvelle connaissance, profitant de l'occasion pour se présenter brièvement.
- "Oh, mon nom est Nora Eos, d'ailleurs. Appelle moi Nora, ça fera l'affaire."
Bien assez enthousiaste d'écarter toutes formalités, le jeune homme préférait avant tout un contacte fluide et efficace, d'autant plus maintenant que la situation était avérée pressante. Il attrapa dans son sac le drap en question et le posa sur sa propre épaule tant que la lumière ne trouvait pas encore son chemin entre les feuilles pour joyeusement leurs cramer la face, pestant au passage de ne pas avoir emmené sa fidèle cape malgré son côté prévoyant. Observant les alentours, il commença à penser à leurs futur besoins, ratissant chaque petit recoins à la recherche de gibier.
- "Faudrait aussi chasser avant qu'il ne soit trop tard dans la journée ... On peux se débrouiller à deux avec ce que j'ai d'eau, mais niveau nourriture ... j'espère qu'on tombera sur quelque chose de mangeable sur la route."
Il en profita alors pour sortir le manche de son arc dépassant à moitié de son sac et pour attacher rapidement la corde à chaque extrémités, autant le faire maintenant, car une potentielle proie n'attendra pas que le chasseur soit prêt pour commencer à prendre la fuite. Décidément, quelle situation compliquée dans laquelle ils s'étaient trouvés.
Ain hocha la tête, si ils ne voulaient pas bruler comme deux allumettes, il fallait se dépêcher. Cependant, avant d'accepter la place sous le drap du jeune homme, Ain voulait tester quelque chose, si cela fonctionnait, elle n'aurait pas besoin de se coller sous le drap...
Elle inspira profondément et les deux tatouages sur ses avants bras se mirent à s'activer. Ils ne produisaient pas de lumières et ne bougeaient pas, mais Ain pouvait sentir le fourmillement de l'encre enchanté sur sa peau. Elle n'hésita pas une seconde -on commence à hésiter c'est la fin, on ne peut plus avancer- elle tendit son bras sous la lumière du soleil.
Inquiet, à ses pieds Miel jappa en direction de sa maîtresse comme pour la gronder d'être aussi imprudente... Mais rien ne se passa. Elle fini par pousser un soupire de soulagement... Ses tatouages d'insensibilité la protégeaient des brûlures d'origine naturelle... Cela voulait dire que les rayons du soleil étaient tout à fait classiques et qu'ils n'étaient pas la cause de leur état. Cependant, si elle pouvait activer cette fonction en permanance, cela aurait beaucoup trop simple... une heure. C'était suffisant pour atteindre la cabane et réfléchir à une solution.
En voyant le regard du jeune homme, elle expliqua :
- Une de mes capacités... insensibles aux brûlures naturelles. Donc notre état ne provient pas des rayons du soleil mais bien de notre peau qui ne semble plus les supporter...
Elle ommit de préciser son temps d'activation, après tout, elle n'allait pas dévoiler toutes ces cartes a un inconnu. Elle commença à se mettre en marche en prenant la tête de la petite équipe, le jeune homme qui s'appelait Nora, la suivait de près et était victime du regard suspicieux du Solnar. Ce dernier fermait la marche du cortège en gardant ses distances avec cet humain inconnu... et Vif, lui continuait de voler de branche en branche.
- Moi c'est Ain.
Quand Nora mentionna l'idée de chasser, Ain grogna mentalement, elle était une piètre chasseuse : elle pouvait capturer du petit gibier, mais certainement pas avec le rythme de marche qu'ils avaient. Elle vit Nora sortir son arc et hocha la tête.
- Tu as l'air d'être un bien meilleur chasseur que moi, si tu peux attraper quelque chose sur le chemin ? Sinon je préfère ne pas faire de détour, et qu'on aille se mettre à l'abris. J'ai du pain sec et une quantité illimité d'eau.
Toujours en marchant droit devant elle, elle tapota sa gourde intarrissable qui était accroché à sa ceinture. Sinon pour la nourriture, elle espérait ne pas rester dans cet état... Mais dans tous les cas, une fois la nuit tombée ils pourraient sortir chasser librement. Une journée sans repas n'était pas catastrophique, du point de vue de la jeune femme qui n'avait aucun gout pour les bonnes choses de la vie.
Après une bonne demi-heure de marche, Ain fini par aperçevoir la petite cabane dont elle avait parlé. Elle la pointa du doigt :
- On arrive, tu tiens toujours ?
Elle ne s'était pas retourné une seule fois pour voir si son compagnon la suivait toujours. Elle sentait la suspicion de Miel qui lui indiquait que le jeune homme était toujours dans les parages...
- HRP:
- ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : Utilisation 30min
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de la lune
Le nouveau chef des opérations s'accorda avec Nora pour prendre la route aussi tôt que possible, au grand soulagement de ce dernier. Il considéra sa chance de la journée avec beaucoup d'égard et remercia Lucy de ne pas l'avoir mit sur la route d'un serial killer en manque d'adrénaline. Cependant, le comportement de son partenaire d'infortune le surprit lorsqu'il exposa soudainement un de ses bras, le maintenant quelques secondes, Nora tendit le sien pour tenter de l'arrêter mais s'arrêta lorsqu'il constata la différence de réaction entre les deux autres fois où ils avaient été exposés aux rayons du soleil. Le gros goupil s'agita, Nora aussi. Entre la panique et l'incompréhension, il jeta un regard perturbé à son compère qui visiblement, avait le goût du risque. Il répondit avant que Nora ne puisse ouvrir la bouche.
- "Une de mes capacités... insensibles aux brûlures naturelles. Donc notre état ne provient pas des rayons du soleil mais bien de notre peau qui ne semble plus les supporter..."
Capacité ou non, il fallait qu'il se ménage. Nora se calma assez rapidement et soupira pour évacuer la tension. Au moins, ils avaient une piste de plus pour découvrir l'origine de cette étrange affliction, c'était certes un mouvement audacieux, mais les deux s'en sortaient un peu plus savant, après coup. Au passage, l'étrange personnage se présenta comme un certain Ain. Un nom original, mais de par son faible nombre de lettres, complétait le portrait d'une personne qui n'aime pas dévoiler plus que nécessaire sur son identité.
Ain ouvrit ensuite la marche dans la supposée direction de la cabane, suivit de Nora, le Solnar s'éloigna de son maître et alla en fin de queue, à quelques mètres du reste du groupe. Le grand aventurier sentit le regard de la créature peser sur lui et se tourna un instant, croisant les yeux perçants de l'animal. Une bête de son gabarit aurait eu très vite fait de le croquer au moindre geste suspicieux, partageait-il une relation spéciale avec son humain ? Malgré quoi il ne semblait vraiment pas laisser de marge à une quelconque erreur, c'est comme si Nora captait une aura menaçante à chaque pas de travers qu'il faisait. Malgré quoi il ne se sentit pas plus en danger ainsi et choisirais volontiers la mort en tant que casse-croûte plutôt que la fin en rôti sur pattes, ayant, à choisir, une légère aversion vers les coupures et un désagrément fondé contre les brûlures. Ain tira le jeune homme de ses pensées en lui suggérant de chasser tant que cela ne les éloignaient pas du sentier qu'ils empruntait, complimentant indirectement ses talents à la chasse, avec pour option secondaire du pain sec et de l'eau à volonté. "Non merci !" pensa peut-être un peu fort le traqueur, pas que son palais n'accueille exclusivement les mets les plus raffinés, mais plutôt qu'il était prêt à s'infliger quelques blessures pour avoir une bonne grosse portion de steak frais. Malheureusement, il n'aurait pas le temps de trouver des baies sauvages et autres gâteries de la nature pour relever le goût du gibier, ce ne serait que partie remise.
Durant les prochaines longues minutes de marche, le paysage ne changea pas beaucoup, cependant, la flore elle semblait changer sensiblement en fonction des micro-climats présents, allant de parterres de trèfles collants jusqu'aux buissons de moricia. Malheureusement, très peu de plantes comestibles, ceci dit, seulement pendant les 20 premières minutes. Après avoir franchit un cours d'eau ruisselant entres les racines et les pierres moussues, ils approchèrent de leurs destination, Ain l'indiqua en pointant une bicoque aux airs miteux à une petite centaine de mètres, mieux que rien après tout. La végétation de son côté, se vanta de nouvelles couleurs et senteurs, au grand bonheur du chasseur qui observa avec intérêt la présence de bouquets de divinams, des fleurs appréciant particulièrement les climats capricieux, ainsi que d'autres herbes aromatiques. Et qui dit arômes, dit aussi ...
- "Ain, arrêtons-nous un instant. Je peux traquer une bête d'ici."
Et avant-même d'avoir reçu son accord, il s'éloigna de la file en faisant attention à ses pas. Effectivement, il n'eut à s'éloigner que d'une cinquantaine de mètres du sentier principale pour entendre un bruit de mastication peu ragoûtant, mais l'habit ne fait pas le moine car, plus il est gourmand, plus la viande de Porc-Becue est tendre. L'animal étant territorial, il ne se soucia pas de voir un autre spécimen lui rentrer dans le lard par surprise. Il comptait bien être celui qui le savourerait d'ailleurs, ce lard, dégainant une flèche et bandant de moitié son arc pour limiter les bruits de tension du bois. Au tournant d'un gros tronc se trouvait à se repaître un de ces gros animaux au sang chaud, et pas que. La bête étant de profil, elle exposait à merveille un de ses point faible : entre la nuque et l'oreille, dans la partie tendre, une bonne flèche et l'animal mourrait sur le coup. Quelle meilleur opportunité que celle-ci, malgré les trente mètres de distance, un tel tir serait possible avec tout les bonnes conditions. Malgré quoi, Nora visa le cou. La bête émit un grondement de douleur et se tourna vers le chasseur en haletant. Sans perdre son sang froid, le jeune homme décocha une seconde flèche dans un œil, ce qui eut pour effet de tétaniser l'animal, il n'eut plus qu'à se ruer en évitant les endroits où la lumière filtrait entre les feuilles et bientôt, il fut au pied de la créature. Enfilant son arc autour du torse, corde à l'avant et sortant sa dague, il remercia brièvement la bête au sol et abrégea ses souffrances au plus rapidement. La chasse totale aura duré à peine 5 minutes, mais c'était déjà suffisant pour que le chasseur demande de l'aide pour traîner l'animal.
- "C'est qu'il pèse son poids, faut le ramener à la cabane pour que je puisse le dépecer. Je suis pas contre un coup de main pour le tirer jusque là."
Plutôt fier de sa prise, Nora débarrassa l'animal de ses flèches et les essuya grossièrement dans sa chemise en lin avant de les ranger de coté, à part des flèches neuves. Le sanglier rose devait bien peser une centaine de kilos. Au moins, ils pouvaient camper ici pendant plusieurs jours si le cœur leurs en disait, en plus de quoi ils auraient du gibier frais.
- C'est qu'il pèse son poids, faut le ramener à la cabane pour que je puisse le dépecer. Je suis pas contre un coup de main pour le tirer jusque là.
Ain hocha la tête et s'approcha. Il était sacrément lourd tout de même. Mais au moins, il promettait un bon stock de nourriture s'ils restaient coincé dans cet état. Sans rajouter un mot, la jeune femme vint attraper les deux pattes arrières et aida Nora tant bien que mal à tirer l'animal jusqu'à la cabane où le Solnar les attendait déjà. Les quelques mètres qui les séparés du refuges semblaient les plus long de la balade. Cela aurait été une bonne journée si les brûlures sur ses mains ne lui lançait pas, elle avait l'impression d'avoir la force d'un nourrisson...
Ils arrivèrent enfin, avec la prise du jour, devant le petit cabanon. Ain poussa la porte qui était déjà entrouverte et jeta un oeil à l'intérieur : il n'y avait personne. Il était composé d'une unique pièce avec un foyer central, quelques ustensiles de cuisine à moitié rouillé était accroché aux murs, deux bancs et une table en bois, au fond il y avait une petite armoire à moitié grignottée par les termites et au dessus de leur tête : une petite mezzanine où se trouvait des couchages de pailles. Il y avait de la poussière et des toiles d'araîgné un peu partout, mais lorsque le soleil brûle, ce n'est pas le moment de faire les difficiles.
- On va le tirer à l'arrière, il y a un abris à bois si tu veux le dépecer à l'ombre.
Dit-elle en désignant le Porc-Becue. Elle n'avait pas envie de salir l'intérieur, les traces de sang étaient terriblement difficile à nettoyer sur le bois et il semblait naturelle pour la jeune femme de ne pas pourrir le lieu servant de refuge ou d'étapes pour les aventuriers en mission.
Joignant le geste à la parole, elle aida Nora à tirer le gibier à l'arrière. Mine de rien, toutes leurs affaires avaient pris du temps et le soleil commençait à être haut dans le ciel. Tant que son pouvoir était actif, la jeune femme ne craignait rien, mais elle allait bientôt arriver à la fin du temps... et elle n'osait imaginer ce que Nora devait subir. A vue d'oeil, il semblait bien couvert et se protégeait des rayons du soleil mais rester dehors protégé d'un drap c'était littéralement jouer avec le feu... Mais en réalité Ain n'en avait que faire.
- Le soleil commence a être haut, je rentre.
C'était une manière de dire qu'il vallait mieux faire de même. Mais la jeune femme n'avait rien à ordonner à Nora, il pouvait se débrouiller seule. Maintenant qu'elle l'avait amené jusqu'au refuge, il pouvait s'abriter quand il voulait. Elle ouvra la porte et rentra à l'intérieur. Elle fit signe à Miel de la rejoindre, le Solnar jeta un dernier coup d'oeil au jeune homme avant se s'engoufrer dans le cabanon. Vif lui ne se fit pas attendre et vola en pic à l'intérieur pour retourner se percher sur une poutre.
Avant toute chose, Ain posa son sac dans un coin de la pièce et chercha une bassine et la rempli d'eau grâce à sa gourde intarissable. Avant même qu'elle ne fut remplis, la jeune femme plongea ses mains dans l'eau froide et poussa un soupir de soulagement. Elle n'avait rien dit jusqu'à présent, mais des brûlures ne sont jamais agréables. Surtout après avoir tiré les cent kilos de viandes, cela lui avait ravivé la douleur. Elle les laissa ainsi trempé une petite dizaine de minutes puis chercha ensuite des onguents et des bandages dans ces affaires, elle n'avait rien prévu pour les brûlures : comment avait-elle pu deviner ce qui allait arriver ? Mais elle avait une crème cicatrisante qu'elle se passa généreusement sur le dos des mains. Puis elle tenta de se bander les mains... mais le résultat fut désastreux. A y réfléchir, c'était la première fois qu'elle était blessée au main et avait du mal à apposer son bandage proprement... Après avoir bataillé cinq minutes de plus, elle abandonna et s'étala en arrière de tout son long à même le sol. Miel vint lui renifler le visage et s'assit à côté.
Décidément, il ne s'était pas passé grand chose depuis la veille, mais la jeune femme était épuisé. Elle n'aimait pas les imprévus et pour le coup... elle n'aurait jamais pu prévoir ce maléfice.
- HRP:
- ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques, Ain les a passé dans l'eau froide et a appliqué une crème cicatrisante.
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : Utilisation 40min (désactivé dans le cabanon : 20min restantes)
Enfants
de la lune
Et il vit son partenaire disparaître à l'angle du refuge. Nora commença à gratter avec sa main intacte le sol pour écarter tout feuillage et herbes qui auraient pu retenir l'écoulement du sang et attirer les insectes nécrophages. Dessinant une rigole jusque dans un contrebas non loin en prenant soin de se dissimuler de la lumière, il trouva une sacoche abandonnée dont la sangle d'attache avait été arrachée. Il fallait bien plus qu'une force humaine pour tirer ce genre de matériaux, ce qui attisa la curiosité de Nora qui la ramassa et l'emmena avec lui sous l’abri à bois. Arrivé face à la proie, il commença alors à la préparer pour parfaire son travail de boucherie plus tard.
- A ne pas lire en mangeant:
- Sa dague toujours dans sa main droite, il insista malgré la douleur pour tirer la peau du cou sous la mâchoire avec sa main libre et insérer une entaille large mais nette, profondément dans la gorge. Tirant sur une défense et exposant la tranche à l'air, il agrandit l'ouverture et permit un écoulement fluide pour faciliter sa tâche. Il termina finalement en contournant le crâne avec sa lame et forçant l'os de la nuque à rompre en faisant un levier entre deux vertèbres, il n'y eut plus qu'à trancher la moelle et la tête tomba au sol avec un bruit sourd. La position n'était pas idéale pour vider entièrement la bête mais sans crochet, il devait y aller manuellement, levant le corps en enserrant le bassin de la créature et en attachant ses pieds à une poutre verticale de l’abri grâce à la corde de son sac, bête face contre terre. Le sang commença à couler dans le petit chemin creusé à la main et s'écoula lentement jusqu'en bas d'un talus.
Dans le processus cependant, du sang coula sur sa brûlure et provoqua une sensation extrêmement désagréable, il enserra alors sa main droite dans sa chemise pour sécher le liquide, prévoyant de laver sa main avant de retourner à l'intérieur. Mais avant tout venait cette sacoche qu'il avait ramassé. S'asseyant sur un tas de rondins, il ouvrit le lacet enfermant une odeur de décomposition et trouva des plantes fanées et un petit carnet. Nora le sortit du tas et posa la sacoche à ses pieds, s'il pouvait trouver l'identité du porteur, alors pourrait-il ramener ses effets personnels à la Guilde en ville après sa mission.
"Journal de Vemir,
Nous avons quitté le village. Personne ne voit notre relation d'un bon œil là-bas, pourtant, un chasseur peut tomber amoureux d'une pêcheuse, leurs traditions ne mèneront qu'à la perte du clan. Salnia est une femme exceptionnelle et jamais je ne la quitterais, je me rappelle du jour où elle est venue avec son Père, en vadrouille pour vendre leurs prises et vanter les délices de la mer. Je me demande si je ne suis pas d'abord tombé amoureux de son bar aux herbes d'ailleurs, elle a vraiment tout de l'épouse idéale. Elle revenait tout les lunes entre le 10ème et 15ème jour, au bout de sa troisième visite, je ne pu me contenir de juste discuter avec elle, je l'emmenais dans mon terrain de chasse attitré. Ce soir là, nous nous étions réunis et nous sommes cachés dans le bois, je n'ai pas pu résister à la tentation et je lui ai avoué mes sentiments. Elle a répondu favorablement et nous nous sommes unis au clair de lune, ses caresses emballent toujours autant mon cœur lorsque j'y pense.
Malheureusement, la nouvelle s'est su par je ne sais quel maléfice et bientôt, les autres membres du clan commençaient à devenir agressifs avec les marchands venant de la mer, prétextant que le fils du chef ne devait voir personne d'autre que la fille du village voisin, pour le bien du commerce. Au diable ces histoires, je n'échangerais jamais l'amour pur contre un traité de paix, je ne veux pas être responsable des erreurs des anciens.
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Ce soir au 10ème jour, j'attendrais l'arrivée de Salnia et partirait avec elle.
Les druides annonçaient que la colère de la forêt allait bientôt s'abattre sur les inconscients, ce qui eut pour effet de faire rentrer tout le monde chez soi, craignant pour je ne sais quelle idiotie. Moi, je n'ai qu'un objectif en vue, c'est prendre la fuite avec ma bien-aimée, les autres peuvent bien aller manger du fumier.
Le matin se lève et j'écris peut-être mes derniers mots, car après ce soir, je n'aurais plus aucun besoin de ce carnet. Mon histoire sera écrite par le cœur et vue au travers des sentiments, je n'ai jamais eu souvenir d'exalter une telle allégresse, mais, je dois reconnaître que l'idée d'accompagner cette femme exceptionnelle me touche énormément, je serais même prêt à abandonner la chasse pour l'accompagner en mer. Elle arrivera peu avant midi, d'après son emploi du temps, je n'ai pas besoin d'affaire, juste ma sacoche et quelques fleurs que je lui offrirais ce soir à minuit. Ce sont des divinams, avec quelques baies de vigne à bulle sauvage que j'ai trouvé ce matin pendant ma routine de chasse. Elle sera ravie, je l'espère.
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Nous avons trouvés refuge pour la nuit dans une cabane isolée, elle est plutôt agréable et elle sert visiblement d'étapes aux voyageurs. Les précédents passants ont même laissé du bois dans l’abri, on pourra se réchauffer ce soir sans problème. Ceci n'étant pas la plus belle nouvelle, la meilleure était définitivement celle-ci : Salnia est enceinte, notre première union était fertile, je remercie de tout cœur Lucy de nous avoir accordé sa bénédiction, je meurs de hâte de découvrir notre futur enfant, je ne lui imposerais rien, contrairement à mon père, pêcheur ou chasseur, il choisira le métier de sa préférence !
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Alors que Salnia revenait du bain dans l'étang à quelques centaines de mètres, notre chance a tourné, les druides avaient raison. La forêt a changé du tout au tout. Les créatures hostiles sortent même de jour et nous sommes coincés ici, ils rôdent, comme s'ils sentaient notre présence. Salnia est paniquée, mais je dois être fort pour elle. Demain matin aux aurores, dès qu'il fera assez beau pour voir où on mets les pieds, nous prendrons la fuite en contournant la cabane, en empruntant la pente pour ne pas être découvert. Parmi ces créatures à l'extérieur ... Il y a celle-ci, le roi de la forêt. Elle est installée à plusieurs dizaines de mètres et fixe la cabane depuis un moment. Immense, avec trois yeux, j'espère qu'elle sera partie d'ici demain."
Le journal prenait fin sur ces mots, au vu de l'état de la sacoche, Nora se douta fortement du sort que le destin avait réservé à ce pauvre homme. Peut-être que sa compagne avait, elle au moins, réussi à fuir ? Mais si la description de la bête correspondait bien à ce à quoi pensait Nora, ses chances étaient bien maigres. Un peu bouleversé, il en oublia ce qu'il faisait à l'origine et, même si il ne s'était écoulé que quelques minutes, il dû observer la bête finir de se vider avant de reprendre naturellement son activité. Rangeant le carnet dans la sacoche, il la posa en haut sur un tas de branche destinées au feu balaya la piste de sang d'un coup de botte, encore une fois pour éviter les insectes. Il emprunta ensuite le chemin de Ain vers l'intérieur et arriva au moment où il s'allongea sur le sol. Nora se tourna vers l'extérieur et attrapa sa gourde pour verser un peu d'eau sur sa main droite, sur le sol en terre à droite de la sortie. Grognant légèrement en frottant comme il pouvait, il essora sa main en la secouant et entra intégralement, détaillant l'espace. Un coin pour le feu, une échelle pour monter à un semblant d'étage avec des lits et le strict nécessaire de mobiliers au rez-de-chaussée. Le jeune homme retira ses bottes et observa un instant Ain, accompagné de son immense renard et des bandages au sol, autour de lui. Ce qui le mena à observer ses mains couvertes d'une substance semi-épaisse.
- "Tu veux peut-être un coup de main pour te bander les mains ? Ça doit être galère avec les deux dans cet état."
Il s'avança sans trop attendre sa réponse et se baissa pour prendre le bandage au sol et l'enroulé rapidement autour de sa main intacte pour faciliter l'application des soins à son partenaire.
- "D'ailleurs, je préparerais le gibier en fin d'après-midi, je ne veux pas risquer une brûlure supplémentaire inutile."
La journée se prolongeait et vous deviez traversé ce moment avec vos corps meurtris de brûlures encore vives. L'astre solaire qui avait toujours été votre allié, une lumière plaisante et vitale, s'était soudainement retournait contre vous de tous ses feux. Et les choses n'avaient pas l'air d'aller en s'arrangeant. Votre corps mutait sans votre consentement, et vous ne digériez plus les fruits. Un appétit vorace survint pour la chair crue, le feu provoquait en vous un effroi sans commune mesure, et l'eau... Par Lucy... L'eau n'étanchait plus votre soif.
Que la prochaine aube vous vienne en aide.
Ayant certainement vu la galère dans laquelle Ain n'arrivait pas à se dépêtrer, Nora lui proposa de l'aider avec son bandage. La jeune femme hocha la tête et accepta le coup de main.
- Merci.
Avec une paire de main supplémentaire, les bandages furent vite mis en place. Ain grimaça lorsque le tissu entra en contact avec sa peau brûlée mais il fallait mieux les protéger. La jeune femme avait bien une potion de soin dans ses affaires, mais l'utiliser pour si peu... Cela n'en valait pas la peine. Elle pourrait guérir naturellement avec un peu de temps... et pour l'instant, le temps ils en avaient bloqué dans cette cabane.
C'est quand Nora évoqua l'idée du gibier que le ventre d'Ain se mit à grogner. Ce qu'elle pensait être une simple faim passagère n'était en réalité que le début des changements qui arrivaient à son corps. Elle sortie sa gourde intarissable et la porta à ses lèvres pour boire. Se remplir le ventre de pain sec et d'eau permettait de repousser la faim, elle avait souvent fonctionné de cette manière. Pourtant, cette fois-ci cela ne passait pas. Elle avait envie de viande. Pour l'aventurière qui avait l'habitude de se contenter d'un rien, cette envie soudaine était très étrange...
Plus elle buvait, plus elle avait soif. Plus elle songeait au repas, plus elle avait faim... Une faim dévorante. Dire qu'il lui ai arrivé de jeûner pendant des jours... Actuellement, elle ne savait même pas si elle pourrait attendre que le soleil ne se couche. Cependant, en éternelle solitaire, elle ne partageait pas ses craintes et son ressenti avec son compagnon improvisé. Seul Miel sentait que quelque chose n'allait pas. Il partageait les sentiments et les émotions de sa maîtresse...
- Je peux aller m'en occuper de suite, je suis encore immunisé un certain temps. Ça nous fera de quoi passer la journée.
Sans attendre, elle chercha dans ses affaires un petit couteau pour dépecer la viande et activa ses tatouages avant de sortir à la lumière. Elle poussa un soupir lorsqu'elle alla dehors, visiblement sa magie de protection était toujours effective, aucune brûlure ne vinrent s'ajouter. Elle contourna la cabane jusqu'à l'endroit où elle avait conseillé à Nora de laisser la dépouille et commença à couper proprement des morceaux de viandes.
Cependant, plus elle avançait dans son œuvre, plus son ventre criait famine. Elle était de moins en moins précise avec ses mains, de plus en plus impatiente. Ses bandages commençait à être taché du sang de la bête... Elle avait faim, soif. Cette viande. Si rouge lui semblait tellement appétissante. Oubliant jusqu'à l’existence de Nora, Vif et Miel, elle craqua. Elle laissa tomber son couteau au sol et arracha un morceau de muscle de l'animal de ses mains. Ignorant la douleur des brûlures. Elle porta la viande saignante à ses lèvres et se jeta dessus. La chair fraiche de l'animal empli son palais et elle poussa un soupire de soulagement. Sa faim n'était toujours pas atténuée mais ce goût la menait à l'extase.
Elle goba presque entièrement le morceau qu'elle avait arraché et reprit ensuite son travail en y croquant de temps à autre...
- HRP:
- ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques, Ain les a passé dans l'eau froide et a appliqué une crème cicatrisante.
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : Utilisation 50min
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de la lune
Le partenaire silencieux du grand brun semblait fatigué. Qui ne l'aurait pas été avec de pareilles circonstances. Peut-être n'était-ce qu'une illusion de son esprit, à cause de la douleur lançant dans ses mains, mais Nora cru apercevoir un semblant de relief sur la poitrine de son camarade d'infortune. Avait-il enflé à cause d'une mauvaise réaction, ou était-il souffrant ? Il pensa aux traits androgynes de son visage et la forme de ses yeux, pourtant, trop de pistes s'entremêlaient pour que le garçon puisse trouver un semblant de cohérence pour identifier correctement la personne toujours étendue au sol. Mais après tout, il n'en avait pas grand chose à faire, Ain avait prouvé son utilité et rien ne pouvait plus importer le chasseur dans leurs condition actuelle. Ce dernier accepta la proposition de Nora pour bander ses mains et le chasseur s'agenouilla face aux mains tendues du blessé. Des cloques entourées par une chaire brûlée, malgré la crème, l'ensemble restait attristant à observer. Il commença à bander les mains en partant du poignet vers la paume. Le bandage, assez fin, entoura également efficacement les doigts, Nora fit alors revenir le bandage jusqu'au poignet pour y faire un nœud qui aurait pour rôle de maintenir le tout en place.
- "Excuse moi."
Annonça-t-il avant de serrer le bandage en tirant légèrement sur les extrémités, apercevant au passage une expression mécontente dans le regard de Ain. Une fois la tâche terminée, Nora s'assit face à son camarade d'infortune et de son renard, suivant le mouvement lorsque l'autre sortit sa gourde pour boire. Il porta la sienne à ses lèvres et bu avec réserve quelques gorgées, c'est alors que son estomac exprima son mécontentement. Il avait toujours soif et, malgré la quantité illimité d'eau, il allait à l'encontre des principes de Nora que de dépendre de quelqu'un d'autre, il décida alors d'ignorer la soif, tant bien que mal. Ain ne se priva pas et sembla ingurgiter des litres de liquide, un comportement étrange pensa Nora, était-ce lié à son aptitude à résister à la chaleur ? Le goupil lui agitait la queue, comme si quelque chose le dérangeait, son attention n'était cependant pas fixée sur le chasseur mais bien son maître. Ain se leva et justifia d'une durée suffisante d'utilisation de sa capacité pour aller s'occuper du Porc-Becue, un couteau à la main. Pourquoi pas après tout, il serait sûrement mieux apprêté que Nora pour ce genre de tâche en plein jour, mais cela ne faisait qu'ajouter à l'inquiétude du traqueur.
Plusieurs minutes s'étaient écoulé et une sensation de vertiges prit Nora par surprise, assez soudaine, comme si son corps refusait d'ignorer la faim et la soif plus longtemps. L'accumulation qu'il n'avait pas ressenti juste avant s’empara du contrôle des émotions de Nora et se dernier vacilla, cognant sa tête contre le sol. Son nez ne sentait plus qu'une odeur, celle de la chair cramée et du sang, pas le sien, celui de la bête qu'il avait tué, imprégnant sa chemise. Ce dernier tira le tissu en se contorsionnant au sol, léchant et suçant la tâche sur son haut tel une bête affamée. Le peu de raison qui subsistait encore tentait en vain de retrouver un tant soit peu de dignité mais rien n'y faisait, cet arôme et ce goût étaient de trop pour la fatigue du chasseur, il avait besoin de plus. Collant ses mains contre son visage en bavant sur son habit, le déchirant partiellement, il sentit l'odeur de sa chair brûlée qui même elle, aurait pu sembler appétissante. Il en était de trop, il se releva en titubant, ignorant totalement la présence du soleil pour sortir. Heureusement, le feuillage était dense à cet endroit là de la forêt, pas assez pour qu'il arrive jusqu'à la bête indemne, car il fut marqué dans le cou, sur le ventre aux endroit où sa chemise ne le protégeait plus et sur sa main déjà blessée, aggravant d'autant plus la brûlure au point que sa main devint rouge cramoisi. Avec la démarche d'un mort-vivant et la sensation d'être vidé de ses forces, il bouscula involontairement Ain et arracha le premier morceau attaché à la bête pour croquer goulument dedans, se gavant de la chaire et de son sang encore présent. Morceau en morceau, rien n'était plus important pour lui que de manger, encore et encore, il ne remarqua même pas qu'il avait également croqué dans ses doigts, ouvrant ces derniers au niveau des phalanges. Après avoir mangé l'équivalent d'une cuisse entière de la bête, il revint à ses sens, la douleur des brûlures et des morsures arrivaient au même moment. L'accumulation des souffrances arracha un léger cri à l'aventurier qui tomba sur ses genoux, sous l'abri, nez à nez avec la sacoche arrachée qu'il avait fouillé plus tôt, tombée du tas de bois avec la chute de l'aventurier. Cet enchainement d'évènements le rapprocha un peu plus de la reprise de ses sens et, pour l'instant rassasié, il se contenta d'observer ses nouvelles blessures.
- "Qu'est-ce qui m'arrive ..."
Il leva le regard vers Ain, un peu inquiet de ce qu'il avait pu faire pendant qu'il n'était pas entièrement maître de ses mouvements. Ce dernier était couvert de sang et s'empiffrait également, Nora n'y était plus, complètement perdu par la tournure de la situation.
- "Toi aussi ... Il serait grand temps qu'on observe ce rubis pour trouver une solution ..."
Sur ces mots là, il tira de sa poche la pierre, semblant pour le moins banale, mais qui en réalité était la source de tout leurs problèmes. Sa seule envie actuellement était de la briser, dans l'espoir de trouver le répit.
Elle hurla. De surprise et de douleur et s'empressa de se couvrir en remontant sa veste mais cette dernière souleva également sa chemise et le soleil vint la brûler au bas des reins. Elle cria encore. Au moins, elle pu reprendre ses esprits. A côté d'elle, Nora était tout aussi ensanglanté que la demoiselle et ce n'était pas des blessures. Les taches autour de sa bouche et la carcasse a demi-dévorée en disait long sur ce qu'il s'était passé.
- Toi aussi ... Il serait grand temps qu'on observe ce rubis pour trouver une solution ...
Ain leva les yeux vers son compagnon improvisé et hocha la tête.
- O-oui.. rentrons d'abord
Le soleil commençait à la brûler même au travers de ses vêtements. Elle avait été imprudente.. et encore, ce mot était faible. Elle avait été complètement inconsciente. Elle baissa les yeux vers la pierre rubis qu'ils avaient récupérés dans la clairière... elle était certainement la source de tous leurs soucis.
Ain se leva et laissa péniblement la carcasse du Porc-Becue derrière elle, elle longea la maisonnette en prenant soin de ne pas se montrer au soleil mais sans son insensibilités, elle ne parvint pas à tous éviter et se retrouva avec de nouvelles brûlures sur les bras, les chevilles et le visage. Ce n'était pas beau à voir.
Elle poussa un soupire quand elle passa enfin la porte de la cabane et se réfugia à l'intérieur. Miel jappa a son arrivée et dès que Nora fut entré à son tour, le Solnar prit appuie sur la porte pour la fermer. Il tira sur les vêtements d'Ain, inquiet des brûlures de sa maîtresse. Il avait beau ne pas être avec elle à ce moment, il avait senti la douleur lorsque les rayons de soleil l'avaient touchés.
- Oui Miel..
Péniblement, elle ôta sa veste et sa chemise sans aucune pudeur, ne gardant que sa brassière pour cacher sa maigre poitrine. Ses vêtements avaient commencé à coller à ces cloques et Ain grimaça lorsqu'elle les fit passer au dessus de sa tête. Ils frottèrent ses bras et les bandages soigneusement fait par Nora étaient maintenant imbibé de sang de Porc-Becue. Ils étaient à refaire.
Elle avança jusqu'à la bassine et ouvrit sa gourde intarissable. Cette fois-ci elle se moquait de salir la cabane, elle renversa la bassine à même le sol pour vider l'eau et la remplir encore une fois. Elle laissait la gourde la remplir doucement et pendant ce temps, elle s'arracha les bandages du mieux qu'elle pu.
Puis elle plongea les mains dans l'eau et s'arrosa généreusement toutes ses brûlures.
- Viens toi aussi. L'eau est fraiche, ça fera du bien.
- HRP:
- ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques, Ain les a passé dans l'eau froide et a appliqué une crème cicatrisante. Des brûlures non soignées sur sa joue, sa nuque, ses avants bras et chevilles.
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : HS pour 12 heures
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Ain semblait retrouver également la raison après un moment de frénésie partagée entre les deux compères, une faim stupéfiante les avait frappés et rien d'autre que de la chaire ne les attirait, là qu'ils avaient le ventre plein, la faim s'était légèrement calmée, malgré quoi une étrange nausée subsistait. Nora suivit la piste de Ain en essayant d'éviter la lumière lorsqu'il proposa de retourner à l'intérieur, ils auraient tout le loisir de retourner dehors, mieux couverts pour se sustenter de nouveau si la faim revenait. Une fois à l'intérieur, Nora se déshabilla, de son haut uniquement et examina ses propres blessures. Des marques rouges désagréables ci et là, moins grave que sa main droite ayant été plusieurs fois exposée à la lumière, elle le lançait horriblement, à tel point que le souffle dessus était extrêmement douloureux. Ain retira aussi son haut et trouva des blessures similaires à celles de l'aventurier à divers endroits, décidément, les deux n'étaient pas beau à voir. Ce qui tracassait Nora malgré la situation était un habit étrange, un espèce de crop top que portait Ain, enserrant sa poitrine et ... un relief. Lorsqu'elle lui fit face, il aperçut même un creux entre ses deux pectoraux, au point où ce n'était pas des pectoraux mais bien une poitrine féminine. Tournant à tout vitesse la tête dans une direction aléatoire, il ne voulait pas qu'elle pense qu'il observait avec insistance sa poitrine - ce qu'il avait clairement fait. Ain était donc une femme, Nora ne le comprenait que tard et se sentit très idiot d'avoir pensé dur comme fer qu'elle était un homme.
Jetant un regard vers le renard allongé contre la porte, il tenta de reprendre son calme et fut sortit de sa stupeur lorsque sa partenaire renversait l'eau au sol pour remplir d'une eau plus propre la bassine. Elle avait retiré ses bandages et semblait également souffrir de ses propres brûlures. Évident, mais l'aventurier ne le captait pas aussi simplement lorsque la jeune femme laissait passer aussi peu d'émotions sur son visage. Elle l'invita à plonger les mains dans l'eau avec elle et il accepta avec plaisir, poussant un long soupire de soulagement lorsque la douleur s'atténua au premier contacte. Certes, l'entrée fut un peu surprenante, mais en y allant d'un coup sec, il y trouva plus de réconfort qu'à faire la sœur prude en voulant épargner ses blessures. Il imita également le geste de passer de l'eau sur ses blessures mais ne pu atteindre certaines, notamment dans le dos et dans la nuque. Ain se trouvant avec le même problème, il lui proposa de l'aide.
- "Tu veux que je te passe de l'eau dans le dos ? Tu vas galérer si tu essaie de faire ça toute seule."
Il venait de la traiter comme une femme et il eut un déclic. Qu'importe son sexe, ils étaient deux âmes enfermés dans une même cabane, partageant le même fardeau et la même douleur. Il n'y avait rien d'indécent à proposer à un partenaire de soulager ses blessures et cette pensée là permit à Nora d'agir sans hésitation ou pudeur inutile. Il vit aussi Ain monter en estime pour lui, une femme aussi forte venait définitivement contrer les arguments machos d'une majorité d'aventurier. Sa mère était une chasseuse et avait parfois aussi le droit à ce genre de remarque, jusqu'à ce que l'importun se retrouve avec le nez cassé par la femme en colère. Il allait donc de son mieux pour la soutenir sans pour autant la choyer, elle avait visiblement son lot d'expérience et elle lui avait déjà épargné la souffrance à l'air libre avec sa connaissance des lieux et sa gourde intarissable. Après avoir lavé aux mieux leurs brûlures, Nora se pencha donc sur le rubis et l'observa longuement.
- "Mon don n'a pas réagit. Cette pierre était là depuis plus d'une demi-journée, elle a émit une lumière avant de s'éteindre et à notre réveil, on brûlait au soleil ... On dirait une espèce de malédiction, plutôt spécifique pour le coup et de cette puissance ... Je doute que ce soit à la portée de tous, surtout, pourquoi avons-nous été touchés ? Avons-nous un point commun qui motiverait quelqu'un à nous piéger tout les deux ?"
Il plongea dans ses pensées et réfléchit un instant à ses derniers actes ayant pu lui porter préjudice à lui ou quelqu'un d'autre. Revint alors en souvenir les images de l'homme étranges ayant colportés à sa mère et lui la nouvelle de la disparition de son père. Ils n'étaient probablement pas relatés d'une quelconque manière avec cette pierre mais mis à part ça, il ne pensait pas avoir été dans une situation pouvant attirer spécifiquement la haine d'un chaman ou d'un quelconque mage habile des malédictions.
- Tu veux que je te passe de l'eau dans le dos ? Tu vas galérer si tu essaie de faire ça toute seule.
- Oui merci..
Effectivement, elle galérer a s'arroser le dos. En envoyant des petites éclaboussures, elle en mettait la motié à côté et cela lui coutait plus d'effort que de soulagement. Alors elle hocha la tête et se retourna la première, puisqu'il lui avait proposé et tira ses cheveux attaché sur le devant. Lorsque Nora lui arrosa ses brûlures, elle frissonna au contact froid de l'eau, elle n'était que peu habitué à ressentir les températures, et grimaça lorsque le liquide vint lui picoter ses blessures. Lorsqu'elle fut bien rincé, elle se retourna pour faire de même a Nora. Cela ne devait pas être agréable pour lui non plus, en fin de compte ils ne se connaissaient pas du tout mais ils étaient dans la même galère...
Puis lorsqu'ils eurent tous deux fini de s'arroser l'un l'autre, Ain s'assit en tailleur à même le sol. Il n'y avait pas grand chose à faire à vrai dire, si aucun des deux ne pouvait sortir. Et ils avaient encore de bonnes heures devant eux avant que le soleil ne se couche... Miel s'approcha de sa maîtresse et vint prudemment poser sa truffe sur son genoux, prenant soin de ne pas toucher les zones brûlées de sa maîtresse.
Puis Nora commença à parler de cette fameuse pierre. Ain l'écouta sans commenter mais elle se mit à réfléchir également... ils ne pouvaient pas rester indéfiniment dans cette situation.
- Pour ma part, je ne vois pas qui pourrait m'en vouloir comme ça.
Seulement la jeune femme n'avait aucune notion du contact humain et il était fort probable qu'elle se soit mit à dos quelques personnes... Des aventuriers a qui elle aurait fait des coups bas par mégardes, des clients avec lesquels elle aurait commit des maladresses sans s'en rendre compte, des rateaux qu'elle aurait mit à certaines personnes trop entreprenantes en leur plantant un couteau dans la main par exemple... Mais pour le coup, il était peu probable qu'une telle malédiction soit lancé pour un truc aussi futile.
- Et de ton côté ?
Ain n'était pas très bavarde, moins elle parlait mieux elle se portait. Mais cette fois-ci elle avait besoin d'information, pour éclaircir cette affaire...
Vif, quand à lui roupillait toujours sur une poutre. Quel dommage qu'à cet instant, le petit oiseau tellement bavard avait décidé de faire une sieste, ayant été témoins de la scène, il aurait pu raconter en détail ce qu'il s'était passé...
- HRP:
- ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques, Ain les a passé dans l'eau froide et a appliqué une crème cicatrisante. Des brûlures non soignées sur sa joue, sa nuque, ses avants bras et chevilles.
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : HS pour 12 heures
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de la lune
Après avoir aidé Ain à soulager ses brûlures, il accepta qu'elle lui rende la pareille et assit en tailleur, dos à elle, serra genoux et dents pour passer la douleur immédiate. L'eau coula jusqu'en bas de son dos en provoquant une vague de frisson, elle est fraîche et ce n'est pas forcément désagréable. Qu'est-ce qu'il aurait donné pour une baignade au bord d'une cascade ? Beaucoup. Il se remémora alors des dernières notes du couple disparu qu'il avait trouvé dans la sacoche abandonnée et cru se rappeler de la présence d'un endroit similaire non loin. Cette nuit peut-être allait-il se faufiler jusqu'à cet endroit pour se prélasser dans l'eau ? Avec la chaleur de la journée, cela promettait un bon bain à condition de ne pas être embêté par les animaux sauvages ou les chapardeurs de vêtements sur les rives.
A sa question sur un potentiel Némésis farceur lui voulant que de mauvaises choses, Ain affirma ne pas avoir connaissance de ce genre de personne. Étrange pensa Nora. Il appréciait la présence de Ain pour son calme et sa distinction, son côté digne était aussi charmant, mais il se doutait également qu'il n'était pas au goût de tout le monde. Il eut à ce moment l'image des grosbils de la Guilde, haussant la voix et jurant fort lorsque le grand brun lui-même refusait une invitation, pas qu'il soit demandé, mais les rares fois où il dû interagir avec ce genre de personnage, les choses se terminaient souvent en grands débats sur le comportement singulier du traqueur, auxquels ce dernier ne prenait jamais part. Il se voyait un peu dans Ain, solitaire, peu attaché à ce qui n'importe pas sa survie immédiate, pas que ce soit une mauvaise chose, c'était même probablement la meilleure manière de surpasser les obstacles les plus impitoyables. Ce qui les différenciaient principalement aurait plus été la tristesse des yeux de la jeune femme, n'évoquant pas le sentiment en lui-même, mais plutôt leurs airs livides ne laissant transparaitre aucune joie, ceci était la véritable tristesse de son regard. Qu'avait-elle vécu pour qu'une personne si jeune semble si proche de la mort émotionnelle, sans qu'elle n'ait la force apparente d'affronter sa dépression ?
Nora coupa le contact visuel lorsqu'elle lui retourna la question, pensant l'avoir de nouveau fixé de manière insistante. Son visage perdit son aspect empathique et retrouva son air neutre pour ne pas l'inquiéter.
- "Je chasse un homme, mais je doute qu'il connaisse mes intentions ou se rappelle même de moi, je ne pense pas être la cible de ce genre de malédiction."
Son regard tomba sur les brûlures du visage d'Ain. Rouges et très probablement aussi douloureuses que toute les autres. Elle était salement amochée et Nora n'avait pas été assez prévoyant pour ramener une potion ou du matériel adéquat pour créer des pansements, voilà au moins une chose qu'il n'oubliera pas la prochaine fois, voir son visage ainsi était affligeant. Après plusieurs minutes sans un mot, Nora reprit la parole.
- "Ain."
Il allait poser une question mais finalement, décida de se taire. S'il devait passer plusieurs jours avec elle, autant ne pas demander les choses dérangeantes sans garantie de trouver une solution rapide à leurs problème. S'il devait toucher une corde sensible, que ce soit par empathie et désir de l'aider ou simplement par curiosité, il valait tout simplement mieux se contenir jusqu'à ce qu'ils trouvent une vraie opportunité de discuter à cœur ouvert. Le grand brun trouva un coin plus ou moins confortable au sol, pas trop loin de la bassine et posa son sac en repose-tête, ignorant les couches de la mezzanine pour s'éviter l'escalade à l'échelle et ainsi épargner l'effort physique à ses mains brûlées. Le sol n'était pas totalement agréable mais était bien mieux que celui des bancs dans les parcs autour de la capitale, sur lesquels il faisait une sieste de temps à autre lorsqu'il n'avait pas le temps de prendre une auberge entre deux missions.
- "Tu devrais te reposer aussi ... Je suis pas sûr qu'on puisse faire grand chose de plus dans notre situation."
Il ferma les yeux et malgré la douleur, essaya de s'endormir sans trop se méfier. Après tout, ils étaient tout les deux coincés ici, alors si les intentions de la jeune femme étaient de l'égorger, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne perde la vie, il ne pourrait pas repousser la fatigue éternellement. Autrement, il n'y pensait pas plus que ça, il n'avait pas d'autre choix que de lui faire confiance de toute façon, puis ses yeux étaient peut-être froids, ils n'étaient néanmoins pas ceux d'une meurtrière.
La jeune femme leva la tête vers Nora, mais celui-ci ne semblait pas vouloir terminer sa phrase ou même continuer. Peu importe. Finalement il s'installa non loin d'elle, dans la pièce à vivre à même le sol. Après tout, s'il était habitué à dormir à la belle étoile, ce petit refuge était une petite bulle de confort à côté des sols humides et caillouteux.
- Tu devrais te reposer aussi... Je suis pas sûr qu'on puisse faire grand chose de plus dans notre situation
La jeune femme hocha la tête. Après tout, ils n'avaient rien de plus a faire si ce n'est attendre que la nuit tombe...
Ain chercha d'abord à s'adosser contre un mur, mais elle grimaça au moment où elle senti le contact du bois sur ses plaies. Mauvaise idée. Finalement, elle parvient à trouver une position à peu près confortable : allongé sur le côté, la tête posé sur le flan du Solnar en guise de coussin. Le renard vient renifler sa maîtresse et posa sa tête contre la sienne... Enveloppé dans cette bulle de douceur, Ain ferma les yeux et s'endormit rapidement malgré elle. En temps normal, elle ne serait pas endormi ainsi, dans la même pièce qu'un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures. Ce n'était pas prudent... mais la fatigue de la mâtiné la gagna rapidement et elle parti pour le pays des songes. Seul Miel était encore réveillé dans la pièce et il observait Nora avec suspicions, tout en surveillant l'entré...
La journée s'écoula et Ain se réveilla doucement quelques heures plus tard, lorsque le soleil commençait à se coucher. Il faisait encore jour et il était trop tôt pour sortir, mais la nuit n'allait pas tarder. Elle jeta un coup d'oeil sur le Solnar qui s'était assoupi également... Après cette petit sieste, la faim la gagna à nouveau... La même faim qu'elle avait rencontré plus tôt, une faim de viande. Mais elle ne comptait pas perdre une seconde fois la tête. Elle sorti quelques morceaux qu'elle avait coupé plus tôt, ils commençaient a avoir une odeur suspecte mais qu'importe. Elle se jeta dessus et en englouti la moitié avant de se calmer... Elle était loin d'être rassasié mais au moins, elle restait pleinement consciente.
Elle se redressa et s'étira. Vif se réveilla également à ce moment et descendit de la planche sur lequel il s'était perché pour venir se poser sur l'épaule d'Ain :
- Bonjour maman ! J'ai bien dormi ! C'est déjà le jour ?
Celle-ci grimaça, le petit oiseau empoté venait de se poser sur l'une de ses brûlures et ces petites serres, bien qu’inoffensives en tant normal, lui piquait la chair :
- Vif! Pose toi ailleurs !
Elle soupira mentalement.
- Et non c'est pas le jour, la nuit commence à tomber...
Le petit chantelune s'envola de nouveau pour aller se poser plus loin, sur le premier perchoir à proximité qui se révélait être la tête de Nora. Décidément, il ne savait pas ce qu'était la "prudence" bien qu'Ain ne s'inquiétait pas trop à ce sujet, si l'aventurier avait voulu faire du mal au petit groupe il l'aurait fait bien avant, mais il ne fallait pas que Vif prenne l'habitude d'aller se poser sur la tête d'inconnus...
- La nuit !? Et qu'est-ce qu'on a fait toute le soleil ?
- On a dormi... et tu as dormi toi aussi...
Si le petit oiseau aurait été plus expressif, il aurait affiché une mine surprise. Habituellement, il avait dormait sur l'épaule d'Ain pendant la journée et la jeune femme continuait ses affaires. Il était rare qu'ils se posent toute une journée pour se reposer... mais bon, ils n'avaient pas eu le choix.
- HRP:
- Tout ce qui est en italic est une discussion télépathique, du coup Nora ne peut pas l'entendre.
ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques, Ain les a passé dans l'eau froide et a appliqué une crème cicatrisante. Des brûlures non soignées sur sa joue, sa nuque, ses avants bras et chevilles.
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : Encore 4 heures de rechargement
Enfants
de la lune
Tout devenait plus chaud. Le sol, l'air qui filtrait au travers des trous du cabanon, son propre souffle. Il ouvrit les yeux et regarda autour de lui pour se trouver seul dans la pièce. Ses brûlures avaient comme ronger le peu de peau qui n'était pas brûlé et provoquait une douleur sans pareil. En grognant, Nora se levait, cherchant du regard sa partenaire avec un sentiment d'angoisse grandissant. Il appela son nom, une fois, deux fois, aucun bruit. Le soleil était encore haut dans le ciel et filtrait presque au travers des planches formant le toit, lorsqu'il remarqua se détail, il manqua d'aggraver ses blessures et se retira vers un coin plus sombre en emportant la bassine d'eau avec lui. L'aventurier se pencha au dessus pour se rafraichir et vit dans le reflet une image qu'il n'était pas prêt à encaisser. Lui-même, la peau du visage calcinée, la chair exposée à vif et à peine la moitié de ses cheveux tenant uniquement grâce au sang coagulé sur son crâne. Poussant un cri d'effroi il recula de nouveau, la douleur commença à s'intensifier alors qu'il passait ses mains sur sa tête, comme pour s'assurer de ne pas s'imaginer des choses. Au même moment, Ain rentrait dans la cabane et son renard la précédait, aussitôt avait-il aperçut Nora qu'il se rua vers lui pour mordre sa jambe, arrachant un cri de douleur à ce dernier. La femme s'approcha à son tour et l'attrapa à la gorge en le levant d'une seule main, puis l'emmena à l’extérieur sans un mot, pour le jeter à la lumière du jour. Tout autour de la cabane, des créatures sauvages et dangereuses l'observaient, loups, araignées géantes et en retrait, trônant comme le roi de la forêt, un fielon, puissant, toisant l'humain du haut de ses cinq mètres. Se débattant de son mieux, Nora donna des coups de pieds mais rien n'y changea, il se faisait emporter et la caresse du soleil culminant lui tira un dernier cri de douleur.
Arraché d'un mauvais rêve, le garçon se redressa, suant et haletant, faisait par la même occasion fuir l'oiseau installé sur sa tête. En essayant de calmer sa respiration, le chasseur observa autour de lui avec attention, retrouvant peu à peu pied avec la réalité. Passant une main dans ses cheveux, il fut rassuré de retrouver sa crinière ébouriffée en parfait état, sa peau du visage ne le lançait plus et ses brûlures sur le corps semblaient même en meilleur état qu'avant de s'endormir, bien que ce point là ne soit probablement que le résultat de la comparaison entre le rêve et la réalité.
A mesure qu'il reprenait pied, Nora se dirigea directement vers la bassine pour plonger ses mains sans précipitation, croisant le regard de Ain. En reprenant son souffle, il pensa à sa réaction dès le réveil et sentait également la méfiance de son grand familier.
- "Désolé pour le sursaut, c'était un mauvais rêve."
Passant de l'eau sur ses bras et sur son visage pour se débarbouiller du réveil ainsi que d'une partie de sa douleur, il évita de trop entreprendre sa toilette dans la même eau qu'utilisait sa partenaire, à la place, il engagea la conversation après s'être éclaircit la voix.
- "J'ai trouvé une sacoche tout à l'heure, en vidant le porc ... ce sont les restes d'un couple qui a tenté de fuir leurs village si j'ai bien compris. Il y avait un carnet manuscrit qui expliquait brièvement comment ils sont arrivés jusqu'ici. Dedans, ils parlent d'un étang ou une source dans laquelle on pourrait se baigner. Tu connais cet endroit ?"
Impliquant indirectement son besoin pressant tant de se laver que de soulager ses blessures, un cour d'eau serait une première bonne nouvelle pour les deux aventuriers. L'estomac du chasseur grognait à ce moment et la faim commençait également à revenir, cette même faim insatiable l'ayant poussé à sortir sans se protéger préalablement. Tenant son ventre d'une main et sa tête de l'autre, il s'installa proche de la bassine en fixant Ain. Il espérait aussi ne pas avoir parlé pendant son rêve, pas que ce soit une de ses habitudes connues, mais l'explication aurait probablement créer un malaise. D'autant plus que trop de facteurs indiquaient que la jeune femme n'était pas le genre à balancer ses alliés même provisoires vers une mort certaine, malgré son attitude distante.
Se tournant vers une ouverture donnant sur la forêt, le garçon prit conscience de l'heure qu'il était et se trouvait d'autant plus impatient de sortir prendre l'air, rester confiné dans une cabane toute la journée était très loin de son quotidien idéal, après tout. Il ne restait donc plus qu'à attendre que le soleil se couche complètement.