- J'ai trouvé une sacoche tout à l'heure, en vidant le porc ... ce sont les restes d'un couple qui a tenté de fuir leurs village si j'ai bien compris. Il y avait un carnet manuscrit qui expliquait brièvement comment ils sont arrivés jusqu'ici. Dedans, ils parlent d'un étang ou une source dans laquelle on pourrait se baigner. Tu connais cet endroit ?
Ain secoua la tête.
- Non, je ne suis pas venue là souvent... Mais Vif peut la chercher.
C'est vrai qu'une petite baignade au clair de lune leur ferait le plus grand bien. Si ils avaient pu se débarbouiller grâce à la bassine, ils ne sentaient pas la rose pour autant. Surtout en ayant une partie des vêtements et cheveux recouverts de sang séché... Ain se tourna alors vers le petit chantelune qui s'était posé sur le rebord de la fenêtre :
- Vif, il y aurait un étang ou une source pas loin, tu peux aller la chercher ?
Elle baissa les yeux vers le Solnar :
- Tu peux l'accompagner et veiller sur lui ?
Alors que le Solnar jappa pour acquiescer, Vif lui répondit mentalement :
- Vif à besoin de personne ! C'est une mission pour Vif !
Et sans attendre personne, il s'envola dès qu'Ain a entrouvert la porte. Le Solnar s'élança à sa poursuite, veillant sur son petit frère, mais avec la végétation et cloué au sol, il avançait bien moins vite que le petit volatile.
Ain se tourna vers Nora, ils étaient tous les deux dans un piteux état.
- Il ne reste plus qu'à attendre que le soleil se couche complètement et que Vif revienne. Tu veux à manger ?
Si son corps était dans le même cas que le sien, il devait commencer à sentir la faim dévorante qu'ils avaient eu la veille. Ain lui proposa alors la seconde partie de la viande de Porc-Becue. Après avoir passé une journée dans son sac, elle ne payait pas de mine mais c'était mieux que rien. Dehors la carcasse avait déjà attiré les mouches et étant resté toute la journée au soleil, était dans un bien pire état.
Vif fut le premier à revenir. Il se posa sur le seuil et leva le bec tout fier :
- Maman maman ! J'ai trouvé ! De l'eau ! Pleiiin d'eau !
- Merci Vif, c'est bien. Tu nous montre le chemin ?
- Oui oui ! Suis moi vite ! Miel nous attend là bas !
- Vif a trouvé de l'eau.
Dit-elle a l'intention de Nora qui ne devait pas avoir capté l'échange télépathique. La jeune femme ouvrit la porte et jeta un oeil a l'extérieur avant de poser un pied dehors. Le soleil était déjà bas et le ciel s'était teinté de rose et d'orangé. D'ici quelques minutes, il ferait complètement noir mais pour l'instant, l'ombre des arbres suffirait à avancer dans la forêt.
Ain rassembla ses affaires et fourra tout dans son sac sans fond. Replaça sa gourde intarissable à sa ceinture et était prête à partir :
- C'est bon pour toi ?
- HRP:
- Tout ce qui est en italic est une discussion télépathique, du coup Nora ne peut pas l'entendre.
ETAT : Dos des mains brûlés jusqu'à en avoir des cloques, Ain les a passé dans l'eau froide et a appliqué une crème cicatrisante. Des brûlures non soignées sur sa joue, sa nuque, ses avants bras et chevilles.
TATOUAGE D'INSENSIBILITÉ : Encore 4 heures de rechargement
Enfants
de la lune
Encore tout transpirant de son rêve, Nora assista à une scène plutôt intéressante. Ain annonçait qu'un certain Vif pouvait les aider à trouver la source de ses dires et le petit volatile qu'il avait fait fuir semblait piailler en agitant ses ailes. Son nom était donc Vif et il comprenait le langage de sa maîtresse, car lorsque elle observa dans sa direction, il réagit presque immédiatement. Elle demanda ensuite au renard de le suivre pour défendre l'oiseau et le gracieux mammifère glapit en se mettant à la suite du volatile lorsque Ain ouvrit la porte de la cabane. Ils n'étaient donc plus que deux, à se regarder pitoyablement, couverts de sang et de brûlures. Ça donnait un côté rustre à la scène, bien qu'aucun des deux ne soit visiblement du genre à foncer bêtement dans le tas, on aurait pu croire voir des indigènes aux mœurs barbare, d'autant plus lorsque l'aventurière proposa de manger à son compère et que ce dernier n'hésita pas plus à accepter qu'à croquer à pleine dents dans le morceau de viande ne payant pas de mine, mais emplissant tant le ventre que le moral du jeune homme.
Après avoir savouré, ou plutôt englouti la part offerte par sa salvatrice, Nora s'étira en lançant ses bras derrière la tête et les tirant vers le plafond. Plusieurs de ses articulations et de ses vertèbres craquèrent et aidèrent l'aventurier à se sentir un peu moins congestionné d'une nuit à même le sol. Baillant un coup, il affronta la douleur en se redressant, entreprenant quelques échauffements basiques pour se préparer à partir. Étrangement, plus la nuit arrivait et moins il faisait attention à la souffrance permanente, plutôt soulagé de s'être promit un bain qui ne tarderait pas à arriver, qui plus est, les eaux naturelles sont souvent bénéfiques sur bien des points et de mieux en mieux à mesure qu'on remonte vers sa source. Après, étang, fleuve, lac, il n'allait pas faire le difficile tant qu'il ne tombait pas sur un marais infesté de sangsues, auquel cas il aurait peut-être pu tenir une journée de plus par contrainte.
Durant les quelques minutes qui suivirent, l'oiseau fit son retour pendant que le garçon terminait son échauffement, Ain annonça l'heureuse nouvelle, il y a de l'eau. Au vu de la vitesse de son voyage et même s'il avait tourné un peu dans la zone, le petit Vif était la garantie vivante qu'il y avait non-loin ce que les deux blessés cherchaient. Ramassant leurs affaires en un coup de vent, Ain demanda.
- "C'est bon pour toi ?"
- "Non, un instant."
Nora emprunta en premier la sortie en veillant aux quelques derniers rayons de soleil et se dirigea à l'arrière de la baraque. Il récupéra la sacoche et à l'aide de sa dague, coupa la corde retenant leurs gibier tête à l'envers. Cette dernière de toute façon ensanglantée, une misère de nettoyer ce genre d'équipement après qu'il ait été abîmé, autant en racheter en ville pour le peu qu'il avait utilisé. Lançant la bête le long du talus, elle dégringola plus bas en emportant avec elle l'essaim de mouches s'étant formé autour. Les prochains aventuriers à séjourner ici ne voulaient peut-être pas subir les insectes fourmillant et, bien assez reconnaissant de l'abri qu'avait offert cet endroit, Nora décida de le préserver à sa manière. Il se mit reprit finalement la suite de Ain vers la potentielle source, constatant avec un peu d'appréhension la présence d'arbres couchés sur leurs chemins, indiquant le passage de quelque chose de très gros. Probablement la créature évoquée dans le texte, ce qui suffit à faire froid dans le dos de l'aventurier, bien qu'au vue de tout les indices, tant bien la mousse positionnée quasiment tout le temps vers le nord, même sur les troncs couchés, que l'absence d'empreinte fraîche. Il marmonna à lui-même en essayant de se convaincre que tout irait bien.
- "Si c'était vraiment cette créature, il n'y aurait pas de mousse au nord, puis le contenu de la sacoche était flétrit comme après plusieurs semaines, les fielons changent souvent de territoire ... Puis c'est rare d'en croiser alors ça devrait aller ..."
Les anciens du village disaient souvent qu'un fielon allait dévorer les enfants malpolis, c'est bien pour ça que le jeune Nora, à l'époque, avait attaché tant d'importance à développer le langage le plus respectueux et ne jurait presque pas. La créature était redoutée et, bien qu'il n'en ait jamais vu, il tenait à ce que ça reste ainsi. Piqué de curiosité et pour tenter de trouver une explication à leurs situation, Nora osa une question.
- "Ain, que venais-tu faire hier ? Enfin, qu'est-ce qui a fait que nous nous sommes croisés ? Tu étais en mission ou quelque chose du genre ?"
La source ne devait pas être loin, mais s'il pouvait profiter du reste du trajet pour en apprendre un peu plus sur les circonstances de leurs rencontre, ça aurait été au moins ça en plus à savoir. Pas qu'il ne s'y intéresse plus que ça, mais qui sait, sur un malentendu on pouvait toujours apprendre quelque chose d'intéressant. Puis parler aiderait aussi à chasser la crainte s'installant dans le cœur de Nora.
Ils se mirent ensuite en route en suivant Vif à travers la végétation.
- Si c'était vraiment cette créature, il n'y aurait pas de mousse au nord, puis le contenu de la sacoche était flétrit comme après plusieurs semaines, les fielons changent souvent de territoire ... Puis c'est rare d'en croiser alors ça devrait aller ...
En entendant les paroles de Nora, Ain marqua un court temps de pose et s'arrêta. Mais cela ne dura qu'une petite seconde et elle repris la route, les poings serrés. Elle savait qu'il avait trouvé un journal mais certainement pas que ce dernier parlait de Fielon. La jeune femme avait habituellement un calme à toute épreuve mais elle serrait les poings. Cette créature ne lui évoquait pas de bon souvenir, Shnor, son compagnon et maître d'arme avait périt des sabots de cette bête quelques années plus tôt. Elle pensait avoir surmonté le deuil mais il n'en était rien... Cependant, Ain continua d'avancer, sans ajouter un mot à Nora. Tant qu'ils ne croisaient pas la bête, ils seraient en sureté et si c'était le cas... Ain aurait sa revanche ou périrait sous ses coups. Les trois chemins lui convenait quoi qu'il arrive...
- Ain, que venais-tu faire hier ? Enfin, qu'est-ce qui a fait que nous nous sommes croisés ? Tu étais en mission ou quelque chose du genre ?
- Non, je rentrais à la capitale.
Après avoir ressassé ses vieux et mauvais souvenirs, la jeune femme avait encore moins envie de parler. Son regard était noir et braqué sur la route, elle ne faisait même pas attention aux quelques rayons de soleil qui perçaient entre les branchages pour avancer. Fort heureusement, elle était bien couverte et ne reçu aucune brûlure supplémentaire avant que le soleil ne se couche.
- C'est là maman ! On est arrivé !
Vif vient se poser sur l'épaule de sa maîtresse, tout fier d'avoir été un bon guide. Devant eux, la source brillait sous le clair de lune. On pouvait entendre le bruit du petit ruisseau qui se jetais dans le petit lac, la source ne devait pas être plus large qu'une dizaine de mètre et pas bien profonde non plus, mais l'eau était clair et invitait à la baignade. D'ailleurs, Miel n'avait pas attendu : le Solnar leva la tête lorsque les deux humains entrèrent dans la clairière, il avait un poisson dans la gueule et les pattes dans l'eau.
- Bravo Vif
Sans attendre, Ain déposa ses affaires sur un rocher au bord et l'eau et entrepris de se déshabiller pour ne rester qu'en sous vêtement. Elle commença a glisser un pied dans l'eau et frissonna. L'eau était glacée mais elle s'en moquait et continuait d'avancer jusqu'à ce que l'eau soit à la hauteur de ses cuisses. Voyant Nora sur le bord de la rive, Ain se retourna vers lui et esquissa ce qui pourrait être un demi-sourire.
- Viens, tu verras c'est pas désagréable c'est même..
Ain baissa les yeux vers ses chevilles. Dans l'eau, l'image ondulait à cause des remous qu'elle avait causé, mais elle ne sentait plus la douleur des brulures, c'était certainement dû à la température glacée de l'eau. Mais elle avait même l'impression que ses cloques étaient en train de se dissoudre dans l'eau... Sans doute un effet d'optique...
Enfants
de la lune
Les prochaines minutes étaient devenues bien calme. Si Nora avait assez confiance en Ain pour dormir dans la même pièce qu'elle, l'aura qu'elle dégageait tout de suite aurait probablement changé la donne, dans la même situation. Avait-il dit un truc qui l'aurait angoissé ou énervée ? Il plaqua une main contre sa bouche lorsqu'il prit conscience qu'il marmonnait et après sa dernière question, tâcha de ne pas en dire plus par respect pour sa partenaire. S'il l'avait, comme il le pensait, irritée, il tenait à ne pas aggraver la situation. Elle avait répondu plutôt simplement qu'elle faisait route vers la capitale avant leurs "accident" avec la pierre. Une destination des plus communes, lui-même en venait, leurs rencontre était simplement le fruit d'un destin sadique. Quelque peu attristé à la suite de cette pensée, Nora bougonna silencieusement. Ain n'était clairement pas une partenaire modèle, ni une camarade avec qui il discuterais pendant des heures, malgré quoi il ressentait quelque chose en plus. Derrière le mur infranchissable qu'imposait son regard, elle était même plutôt attentionnée, elle lui avait gardé de la nourriture, l'avait aidé à trouver un abri et à tirer leurs gibier. Il connaissait bien plus d'aventuriers qui auraient prit la fuite lâchement et abandonné leurs équipe, ce n'était pas le cas de la demoiselle et il salua ce simple fait.
La nuit était maintenant bien installée et il n'y avait plus aucun risque de se brûler, Nora en profita donc pour ranger son drap dans son sac sans interrompre la marche, ne remarquant pas l'oiseau retrouvant l'épaule de sa maîtresse. Un écoulement proche, voilà ce qui tirait l'aventurier de son rangement. Le son de l'eau ruisselant entre les pierres sur un lit de galets, une eau claire qu'il aperçut droit sur leurs chemin, formant un lac de taille modeste et aux allures de camping idéal. La simple odeur de la végétation et la sensation de fraîcheur qu'elle apportait fut un véritable réconfort dont le grand renard ne s'était pas privé, vu qu'il saluait les arrivants avec un poisson entre les crocs, visiblement une chasse réussite. Ain félicita l'oiseau et se changea au bord de l'eau, Nora observait d'abord la mise-en-scène naturelle avant de la rejoindre, impressionné par la beauté de l'endroit, comme préservé de l'homme par une magie divine. Nora remercia Lucy pour cette sublime trouvaille et se tourna vers Ain, déjà à hauteur des cuisses dans l'eau. Elle avait même un sourire sur les lèvres, très subtil et discret, mais la vue était imprenable, précieuse même. Nora lui rendit son sourire, adoucit par l'émerveillement de l'instant.
- "Viens, tu verras c'est pas désagréable c'est même ..."
Elle s'arrêta en observant ses pieds, visiblement intriguée. Nora accepta son invitation et se changea également en sous-vêtements pour entrer, passant d'abord les orteils dans l'eau, laissant quelques secondes à son corps pour s'habituer à la fraicheur du lac, puis avançant sans trop d'hésitation pour arriver face à Ain. Dans cette situation plus qu'une autre, elle lui semblait un peu plus petite. Bien que moins d'une dizaine de centimètres les séparait, il s'attarda peut-être un poil trop longtemps sur ce détail là, ne remarquant pas immédiatement que la douleur sur ses pieds s'estompaient. Puis il observa ceux de Ain, pouvant presque jurer que ses brûlures étaient bien plus marquées. Intrigué, l'aventurier se penchant vers l'eau et hésita un doigt de sa main droite, brûlée au second degré et oscillant par endroit entre le rouge sombre et le pâle enflé. Laissant quelques secondes son doigt, il ressentit le besoin de plonger sa main un peu plus profond dans l'eau et effleura le fond graveleux du lac. Lorsqu'il tira sa main après à peine une dizaine de secondes, la douleur n'était presque plus, comme après une anesthésie, sa main avait dégonflé et était presque retournée à la normale en terme de couleurs, quoique encore un peu rougeâtre. Avec le regard empli d'une illumination nouvelle, Nora attira le regard de Ain sur le phénomène à l'appui.
- "L'eau ... elle a soigné la brûlure !"
Jetant un coup d’œil furtif autour d'eux pour repérer un endroit avec un peu plus de fond, il s'y avança et finit avec de l'eau jusqu'au niveau du bassin. Arriva jusque là demanda un minimum d'effort car l'eau n'y était pas si fraiche qu'il le pensait, mais plutôt froide, très froide. Mais qu'était un peu d'eau froide comparé à un miracle de cet envergure ? Plongeant intégralement, le jeune homme retint son souffle sous l'eau une dizaine de secondes et ressortit, passant une main dans ses cheveux vers l'arrière pour mieux y voir. puis il examina son torse, les blessures les plus superficielles n'étaient plus qu'un mauvais souvenir, les plus larges avaient besoin d'un peu plus de temps pour disparaitre complètement. En plein extase, le chasseur pencha la tête en arrière et ferma les yeux, laissant ses mains flotter à la surface de l'eau. Quelle bénédiction c'était, il en aurait presque eu envie de chahuter comme lorsqu'il était enfant, mais l'eau glaciale ne s'y prêtait pas vraiment. Plutôt, il se tourna vers sa partenaire et l'invita à son tour, avec un sourire de pure joie.
- "Tu devrais venir, c'est un peu frais, mais ça vaut définitivement le coup."
Ain fronça les sourcils. Elle ressentait également la même chose vis à vis des brûlures qu'elle avait sur la cheville et elle ne pouvait pas nier que les mains de Nora semblait être en bien meilleur état. Elle ne parvenait pas a y croire : une source d'eau qui guérissait ? Si c'était bien le cas, cela était étrange que personne ne l'ai privatisé avant. A moins qu'il ne s'agisse que d'une source classique mais que l'eau soit la solution à leur malédiction ? Ain était plongée dans ses pensées quand Nora l'appela. Ain tourna la tête, il s'était déjà aventuré un peu plus loin et avait les cheveux mouillés... Mais les brûlures sur sa peau semblait disparaître. L'aventurière fixa un peu trop intensément le torse de son compagnon avant de se rendre compte que cela pourrait être perturbant. Elle baissa alors les yeux et commença a avancer vers lui, là où l'eau était plus profonde.
- J'arrive.
Vif s'était posé sur une petite branche et s'était mis à chanter. La mélodie du chantelune résonnait dans toute la clairière. Pour ceux qui ne faisait qu'écouter l'oiseau, cela devait être une musique agréable aux oreilles, mais pour Ain qui entendait les paroles de ce chant c'était une véritable horreur : Oh! Nuit de ma vie! Tu n'es pas copain avec le soleil ! Mais tu es comme une merveille ! Miel quand à lui était sorti de l'eau et après s'être ébroué, il s'était installé sur un rocher pour déguster son poisson. Ain lui avait bien donné un petit morceau de Porc-Becue précédemment, mais c'était un maigre repas pour un animal de sa taille.
Lorsque l'eau arriva sur son ventre, elle frissonna et poussa un petit cri qu'on aurait jamais soupçonné de sortir de sa bouche.
- Hiii!
L'eau était vraiment glacée et maintenant que ses tatouages d'insensibilité était en phase de recharge, elle sentait toutes les températures en décuplée. Surtout pour elle qui avait l'habitude de ne rien ressentir, elle hésita avant de s'aventurer plus loin.
- C'est f-froid!
Elle passa ses bras autour de sa poitrine pour se réchauffer et serra les dents en avançant dans la source. Plus elle s'approchait de Nora, plus l'eau montait. Mais si elle guérissait bien les brûlures, cela ne valait la peine. Lorsqu'elle arriva au niveau de Nora, l'eau lui arrivait au menton et c'est là qu'elle constata que le jeune homme était un peu plus grand qu'elle. Elle prit une grande respiration et l'imita, plongeant sa tête dans l'eau glacé pendant quelques secondes et se frotta le visage pour faire partir au plus vites les brûlures qu'elle avait sur les joues. Puis elle remonta à la surface en prenant une grande bouffée d'air. Ses cheveux flottait autour d'elle, dans sa plongé elle avait perdu la bande de tissu qui servait à les nouer sur sa nuque. Très peu habitué au froid, la jeune femme grelota en examinant les brûlures qui disparaissaient :
- B-bonne nouvelle au moins.. Tes brûlures sont au-aussi parties ?
Enfants
de la lune
L'onde à la surface de l'eau, éclairée par la pleine lune donnait au lac des airs de miroir mystique en addition des propriétés réparatrices d'un bain de rayons lunaires. Ain avança un peu à tâtons, l'air en difficulté à cause du froid. Nora à plusieurs mètres vit d'ailleurs la peau de l'aventurière se raffermir avec un effet "chair de poule", sûrement à cause de la légère brise, elle serait bien mieux en entrant intégralement dans l'eau. Le garçon avait bien l'habitude de se baigner dans les sources naturelles, de la saison douce jusqu'à la saison fraiche, son astuce étant de rester en mouvement, alternant des passes à garder les pieds au fond de l'eau et d'autres à nager sur place. Un chant délicat sublima la scène, Vif s'étant installé proche de la rive sifflotait un air qu'il était rare d'entendre en déplacement, les chantelunes étant de nature très timide, celui-ci avait l'air sociable et Nora profita de la mélodie comme un des simple plaisirs de la vie.
La jeune femme, visiblement frileuse, échappa un petit cri aiguë très mignon qui ne manqua pas d'interpeller le garçon, prit d'un élan de galanterie voulant l'aider. Malheureusement, mis à part la prendre dans ses bras, il n'avait pas des masses de solution pour l'aider, il s'en priva sans trop y penser, après tout, ils n'avaient rien d'intime et elle pourrait mal le prendre. A la place, il lui conseilla d'appliquer la même technique que lui, le corps se réchauffait plus vite en s'adaptant à la température du courant. Exprimant son mécontentement, Ain prit une pose d'autant plus féminine et l'aventurier dû y regarder à deux fois pour la reconnaitre. Cette nouvelle facette de l'aventurière lui allait très bien, malgré la pensée qui traversa l'esprit du garçon, "Elle n'aimerait probablement pas se le faire remarquer". Il ne fit alors aucun commentaire et proposa sa main pour l'aider à avancer plus loin dans l'eau. Arrivée à son niveau, elle plongea sous l'eau et s'agita sous sa surface, à son retour, sa peau était visiblement en meilleur état.
- "B-bonne nouvelle au moins.. Tes brûlures sont au-aussi parties ?" demanda la demoiselle.
- "Oui, elles disparaissent petit à petit. Pour toi aussi, le résultat est impressionnant."
Calmement, il approcha une main du visage de l'aventurière pour érafler sans trop forcer une de ses brûlures restante sur la joue. D'un petit coup de pouce, c'était comment si la peau affectée se détachait sans effort, à la manière d'une peau morte qui elle même devenait plus ou moins liquide et tombait à l'eau. Sûrement trop proche de son visage, Nora jura contre lui-même lorsqu'il remarqua qu'il avait encore une fois eu une attitude bizarre et voulut reculer d'un pas. Malheureusement, derrière lui se trouvait l'eau un peu plus profonde et il bascula en arrière avec un petit cri surprit, bu la tasse et noya avec lui le potentiel peu de charisme qu'il avait eu précédemment. Reprenant vite le contrôle de son corps, il remonta en toussant et ria nerveusement.
- "Eheh ... ça va, j'ai juste perdu l'équilibre ..."
Et retourna là où il se trouvait juste avant, affichant un sourire timide en retrouvant son calme.
- "Tu as vraiment meilleure mine, ça fait plaisir à voir."
Il porta son attention sur ses propres brûlures au niveau du torse et essaya de les frotter sans forcer, détournant l'attention du moment gênant qu'il venait d'offrir à sa partenaire l'instant précédent. Malgré quoi, il ne tarda pas à retrouver son sourire sincère, fruit du soulagement et de la sérénité qui habitait de nouveau son esprit. Cette baignade étant tant bénéfique pour son corps que son moral et, même si les brûlures s'estompaient à une vitesse correcte, il espérait secrètement pouvoir prolonger un peu plus ce moment.
- Merc..
Ain ne savait pas ce qui lui avait pris, mais il recula et avait très certainement marché dans un trou au fond de la source, la tête de son compagnon s'enfonça dans l'eau mais fort heureusement il remonta très vite en toussant.
- Ça va !?
Quand il la rassura et remonta sur la petite plateforme sous marine où il était, Ain s'autorisa un très léger sourire. Sentant les émotions de sa maîtresse, Miel leva la tête intrigué, il ne ressentait pas cela souvent et si l'homme en était à l'origine c'est qu'il ne devait pas être mauvais.
- Tu as vraiment meilleure mine, ça fait plaisir à voir.
- Oui heureusement, toi aussi d'ailleurs.
Puis, imitant Nora, la jeune femme entreprit de se frotter les brûlures, pour faire partir ce qui lui restait sur la peau. Étrangement, dans l'eau tout semblait s'en aller comme si ce n'était qu'une vulgaire saleté. Ses mains étaient redevenues ce qu'elles étaient auparavant sans laisser de trace. Voyant Nora gesticuler pour atteindre son dos, cette fois-ci c'est Ain qui lui proposa la première :
- Tu veux que je t'aide ?
Le jeune homme accepta et se retourna. Ain passa alors ses mains dans son dos, frottant doucement aux endroits où les brûlures étaient encore visible pour les dissoudre dans l'eau de la source. Lorsqu'elle eu fini son travail, elle examina le dos de l'aventurier pour être bien certaine de n'avoir laissé aucune brûlure, elle put ainsi remarquer toute la finesse de sa musculature : elle n'y avait pas prêté attention auparavant, mais le jeune homme devait être bien entraîné pour obtenir un résultat pareil.
- C'est bon, je crois qu'il ne te reste plus rien. Tu veux bien m'aider également ?
Et en attendant sa réponse, elle lui tourna le dos en ramenant ses cheveux mouillés sur le devant. Il était rare qu'Ain présente son dos à un inconnu, qui plus est sans avoir aucun moyen de se défendre en cas de problème, mais après le peu qu'ils avaient vécu ses vingt-quatre heures, elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Les gens qu'elle appréciaient se comptaient sur les bouts du doigt et Nora était bien parti pour en faire parti...
Enfants
de la lune
A son retour à la surface, Nora fut accueillit par le regard de Ain, l’interrogeant sur sa condition et une voix trahissant une certaine inquiétude. S'il avait pu se frapper lui-même sans passer pour un idiot, il l'aurait fait pour avoir inquiété la demoiselle. Mais au fond, cette sensation d'avoir quelqu'un qui s'inquiète pour soit n'était pas non plus déplaisante. Il n'avait pas vraiment compté sur qui que ce soit cette dernière année, lorsque sa carrière d'aventurier avait débuté, il ne s'était pas fait énormément d'amis et ce n'était que maintenant qu'il trouvait la réponse à pourquoi les gens sociabilisent entre eux. Avoir une autre âme proche de soi, dont le regard change et veille à son bien être, peut-être était-ce ça que les gens cherchaient désespérément. Ain semblait relaxée et cela eut le même effet sur le garçon qui ferma les yeux un instant, se délectant de l'instant, de la brise fraiche dans ses cheveux mouillés, du chant de l'oiseau et de l'intimité qu'offrait cet endroit.
La jeune femme confirma l'efficacité de l'eau et frotta également ses blessures. Une telle récupération après cette dernière journée plutôt éprouvante était un bien beau présent, il serait criminel de ne pas profiter pleinement du gage de Lucy. C'est avec cette pensée que Nora leva les bras derrière ses épaules et frotta misérablement du bout du doigts les brûlures les plus hors de portée de ses mains, sa partenaire lui proposa son aide et il hocha la tête avec une mine soulagée.
- "Avec plaisir, oui."
Et il se tourna. Les mains de la jeune femme étaient douces. Son mouvement aussi, si bien qu'elle en fit frissonner l'aventurier, ou était-ce le froid ? Probablement pas, ce dont il avait le moins l'habitude, c'était ce genre d'interaction, la douceur d'une attention bienveillante qui provoquait une émulsion des sens à en sublimer le moindre toucher, transformant chaque mouvement en une caresse apaisante. Il n'en fit rien savoir et profita en silence de ce moment, bras le long du corps et échine courbée, si bien qu'il vint regretter de ne pas s'être plus exposé au soleil pour profiter plus longtemps de ce moment. Chaque bonne chose ayant une fin, il se contenta de cet instant et se tourna lorsqu'elle lui demanda de l'aide à son tour. Elle lui faisait dos et tirait ses cheveux mouillés contre sa poitrine. Ils avaient d'ailleurs l'air bien plus longs ainsi, sans leurs attache, sublimaient sa taille fine et son teint pâle par leurs couleur profonde, l'effet mouillé ajoutait un petit quelque chose en plus.
Apprêtant ses mains en les frottant doucement l'une à l'autre pour créer un peu de chaleur, il les posa sur ses épaules, un peu à la manière d'un massage en plus subtil, il chercha non pas seulement à effacer les brûlures mais également à choyer ses muscles. A sa surprise, ils étaient bien plus puissants qu'il ne l'aurait pensé, sous une peau douce, sans imperfection, se dissimulait en fait une force qu'on ne soupçonnerait pas au premier coup d’œil. Partant du haut vers le bas et détaillant chaque muscle sur lesquels passaient les blessures, il prit le temps de s'assurer que tout soit bien partit dans l'eau avant de passer à la zone suivante, contrôlant au mieux la force exercée pour rendre la chose plus agréable. Il évita cependant de trop s'attarder sur les hanches, dans le doute où elle serait chatouilleuse, il n'aurait pas voulu briser l'ambiance de détente qui s'était installé avec leurs séance de toilettage. Une fois terminé, il regretta de laisser partir son dos et passa un dernier coup, brièvement, sur tout les endroits qu'il avait frotté pour annoncer la nouvelle à la demoiselle.
- "Voici pour toi, il n'y a plus aucune brûlure."
Chagriné par le fait que cela signifiait également la fin de leurs bain, il ne laissa rien le trahir et lui sourit d'un air malgré tout satisfait. Il entreprit également de s'approcher vers la rive en prenant les devants, si elle avait froid, c'était aussi dans ses plans de l'aider à se réchauffer à l'aide de son draps, prévoyant aussi d'allumer un feu de camp s'ils décidaient de rester encore un peu au bord de l'eau.
- "On sort ?"
Lui demanda-t-il en se tournant vers elle.
L'aventurier lui annonça qu'il avait terminé de nettoyer les brûlures de la jeune femme. Ain rouvrit les yeux et jeta un petit coup d'oeil au ciel. Maintenant que le soleil s'était couché, les étoiles brillantes se détachaient de la toile noire. Seule la lune éclairait la source et ses reflets semblaient faire briller l'eau dans laquelle ils se baignaient. Si Ain avait été plus romantique ou si les conditions qui les avaient amené ici aurait été plus agréables, ce cadre aurait été parfait pour un petit moment d'évasion. Mais l'aventurière n'avait pas ses idées de jeune fille en tête et elle revint vite sur terre.
- Oui, si tu as fini aussi ? Il ne faudrait pas attraper froid...
Péniblement, parce qu'elle s'était habitué à la température de l'eau, elle sortie la première en repassant par là où elle était arrivée, se dirigeant vers ses affaires. Lorsqu'elle sortie de l'eau, elle frissonna quand un courant d'air se faufila entre les arbres puis elle activa doucement son pouvoir.. Elle aurait pu faire évaporer l'eau qu'elle avait sur elle, plus d'une fois elle avait utilisé son bracelet des températures pour se sécher plus vite et éviter de perdre du temps, mais sans son tatouage d'insensibilité actif, elle risquait de se brûler avec la vapeur qu'elle aurait elle-même transformé. Tant pis.
- Atchoum!
Ain posa de nouveau ses mains sur ses bras et se frotta pour se réchauffer. Si elle ne ressentait pas beaucoup les températures, elle n'était pas immunisées aux rhumes pour autant, son éternuement en était la preuve. Grelotant, elle sortie deux serviettes de son sac sans fond -depuis qu'elle avait acquis cet objet magique, elle se demandait encore comment avait-elle pu s'en passer jusque là. Elle pouvait emporter la moitié de sa maison avec elle sans être gênée par les bagages- elle s'enroula dans la première et tendit l'autre à Nora :
- Tiens, pour te sécher
Depuis qu'elle était sortie de l'eau, son pouvoir était activé... Doucement, sans forcément que l'on s'en rende compte, la température des alentours commençait progressivement à augmenter. Au bout de deux minutes, l'air était chaud comme en plein été, sans être étouffant non plus. Ain arrêta de trembler et défit sa serviette pour se sécher convenablement.
Cependant, ses sous-vêtements étaient encore mouillés : elle était tellement habituée à pouvoir les sécher instantanément qu'elle avait oublié que des vêtements trempés étaient froids et désagréable. C'est donc sans aucune pudeur qu'elle retira les derniers bout de tissu qu'elle portait. Elle ne prêtait même pas attention à Nora qui devait se trouver derrière elle, Ain ne se considérait pas comme une femme et cela ne lui était pas naturel de penser qu'elle ne devait pas se dévêtir devant n'importe qui. Elle pris ses sous-vêtement dans les mains, puis activa son bracelet : un petit nuage de vapeur s'envola et l'instant d'après, ils étaient sec. Ain les renfila et se retourna vers Nora et demanda tout naturellement :
- Tu veux aussi que je sèche tes affaires ?
Enfants
de la Lune
Ain sortit la première, Nora la suivit. Elle était grelottante, le jeune homme observa alors s'il y avait du bois mort aux alentours pour faire un petit feu, pas forcément un immense foyer, juste de quoi les réchauffer le temps d'une heure tout au plus. Pendant ce temps là, Ain semblait toujours avoir plus froid et Nora s'apprêtait à proposer son drap, bien que fin, pour l'aider à se réchauffer, mais il fut trop lent car cette dernière sortit deux serviettes de son sac sans fond.
- "Ah, hm ... merci Ain."
Elle lui tendait une de deux et il l'accepta après l'avoir remerciée. Un peu déçu de ne pas avoir pu lui offrir le drap, elle était visiblement mieux préparée que lui à toutes éventualité, bien que l'important aux yeux du garçon soit qu'elle ne tombe pas malade. Un instant, quand avait-il commencé à penser ainsi ? Au début de la journée, il ne pensait qu'à lui et sa propre survie, méfiant envers la demoiselle, il tentait de faire bonne figure et de partager avec elle son expertise de la chasse et du vidage des bêtes pour ne pas avoir de dette envers elle. Maintenant, il se souciant plus de son bien-être, spontanément, il désirait la voir en bonne condition à tout moment. Soupirant en sortant de ses rêveries, il reprit sa tâche et continua d'accumuler le bois mort pour l'allumer sur la rive, choisissant des branches de taille moyenne pour faire office de base au foyer. Un petit tas de bois sous le bras, il retourna vers l'endroit où il avait laissé Ain, portant la serviette qu'elle lui avait offert autour des hanches. L'air était devenu plus chaud à cet endroit, si bien que l'allumage du feu tombait également à l'eau. Enfin, pas littéralement, il tombait sur les galets de la rive, emportant presque la serviette dans sa chute. Le garçon la rattrapa sans trop de soucis, il n'était pas nu en dessous de toute façon alors qu'elle tombe ou pas n'était pas vraiment un problème. Préservant sa pudeur, il fut le seul à le faire d'ailleurs car Ain commença à retirer ses sous-vêtements. Jamais dans sa vie Nora n'avait pivoté aussi vite pour ne pas regarder, étant après tout un gentleman, il n'aurait jamais osé épier une jeune femme se déshabillant. Ou peut-être que ... ? Il frappa son front contre un tronc d'arbre pour faire taire la petite voix dans sa tête l'incitant à commettre un crime et patienta bien sagement en observant - de manière absolument pas naturel - la composition naturelle qu'il appréciait tant. Ah, quelle magnifique fleur au bord de l'eau, bercée par l'onde des petits poissons allant chercher leurs pitance à la surface de l'eau. Ici et là, une libellule, il crut même voir au loin quelques lucioles !
- "Tu veux aussi que je sèche tes affaires ?"
Tentant de contrôler un cri de surprise, de stupeur et de panique à la fois, il se tourna comme une machine mal huilée vers Ain en priant ne pas bafouer du regard son corps de jeune femme. Bien heureusement, elle s'était rhabillé, ses vêtements n'étaient plus mouillés non plus. Était-ce donc là l'extension de son pouvoir ? Tout comme elle avait su s'immuniser temporairement aux rayons du soleil plus tôt dans la journée, il était également possible qu'elle ait un impact sur la chaleur en général. Intéressant, pratique aussi, cependant, afin d'accepter sa requête, il fallait lui donner ses sous-vêtements. La panique ne trouvant de comble que dans l'absurde à l'idée de donner ce genre d'habit à une femme, Nora cru passer à un stade de surchauffe. La requête en elle-même était évidemment une bonne idée, personne n'aime marcher avec des dessous mouillés, mais l'implication qui se trouvait derrière était peut-être de trop pour l'aventurier. Alors il accepta, le rouge se vivifiant sur ses joues et se dandina sous sa serviette pour ne rien révéler qui pourrait déplaire à sa partenaire. Prenant honteusement son habit en main, il approcha et le lui tendit en évitant son regard. Il avait probablement l'air soit ridicule, soit trop prude, mais c'était bien au-delà de ses forces que d'affronter sérieusement ce genre d'obstacle dans la vie d'un homme.
- "O-o-oui s'il-te-plait ..."
La scène mourante de ridicule, tua et enterra la confiance en lui du chasseur. D'une manière humoristique et réversible, bien que lui-même trouvait la scène tout sauf amusante. Malgré quoi, il aurait pu rire nerveusement de sa situation.
Elle l'attrapa et à bout de bras de nouveau, elle transforma toute l'eau en vapeur. En une seconde, il était sec et chaud même. Elle le tendit à nouveau vers Nora :
- Tiens c'est bon
Lorsqu'il l'eu récupéré, Ain se retourna pour aller chercher ses affaires et se rhabiller en silence. Vif chantait toujours dans la clairière mais Miel avait terminé son repas et s'était approché à pas de loup des deux humains. Intrigué, il vint renifler l'humain de plus près : si sa maîtresse l'appréciait, il devait mémoriser son odeur. Le grand renard avait une mémoire olfactive plus longue que sa mémoire visuelle, d'ailleurs à ses yeux presque tous les humains se ressemblaient. Après quelques minutes, Ain s'était rhabillée. Elle se tourna vers Nora et hésita :
- Je pense que je vais reprendre la route, profiter de la nuit pour rejoindre la capitale au cas où cette magie reprend au lever du soleil, j'aimerais m'avancer le plus possible.
Ain espérait que cette étrange magie n'était que temporaire et qu'au lendemain ils ne risqueraient plus rien. D'ailleurs, elle ne sentait plus la faim dévorante qui les avait pris quelques temps plus tôt, peut être que la malédiction qui les brûlait avait aussi disparue ? Et si ce n'était pas le cas, il fallait qu'elle avance au plus dans la nuit, pour s'abriter dans al journée et espérer qu'à la capitale il y aurait bien un médecin ou enchanteur qui la délivre de cette magie. Malheureusement, tant que le soleil ne se levait pas, ils ne pourraient pas savoir..
- Qu'est-ce que tu veux faire ? Tu allais dans l'autre sens il me semble ?
Enfants
de la lune
Le sous-vêtement subissait alors le même sort que ceux de Ain. Un nuage de vapeur s'en échappa et elle le lui rendit sans trop sourciller. Lorsque Nora le prit en main, il était chaud, juste assez pour qu'il soit agréable de les remettre immédiatement. Il s'y affaira à peu près de la même manière qu'il avait utilisé pour les retirer et il pu reprendre son calme après que les évènements se soient calmés. Ain était déjà en train de préparer ses affaires et une pointe douloureuse traversa le cœur du garçon. Sachant pertinemment que l'aventure s'arrêtait ici, il fit de son mieux pour conserver sa bonne humeur et ne rien laisser transparaître. En si peu de temps il s'était accroché à cette demoiselle, bien plus qu'avec n'importe qui d'autre auparavant. Elle avait quelque chose en elle qui l'intriguait et sa présence était devenu agréable en moins de 24h, la laisser partir était donc naturellement contraignant pour quelqu'un sortant tout juste d'une suite d'ennuis à s'en cramer l'épiderme.
Le Solnar approchait alors, reniflant le garçon qui fixait Ain, il sentit le bout de sa truffe humide sur ses phalanges et il posa son regard sur l'animal, lui offrant un sourire un peu dépité sans opposer de résistance quelconque.
- "Prends soin de Ain."
Comme s'il s'attendait à ce que le renard lui réponde, il l'observa encore un instant avant de prendre sa retraite, retournant vers ses affaires à proximité de la demoiselle qui se rhabillait. Il fit de même, à l'exception de sa chemise couverte de sang et déchirée par endroits, puis vint sa cape par dessus le sac sur son épaule et il prenait la forme d'une silhouette anonyme, baissant sa capuche lorsque Ain annonça son futur plan d'action : profiter de la nuit pour avancer vers la capitale. Si elle s'y prenait bien , elle pourrait y être assez rapidement, elle ne devait donc pas perdre de temps, ceci, Nora le su, ce qu'il voulait cependant divergeait bien de l'idée évoquée.
- "Si tu coupes au sud à partir d'ici, tu en as pour quelques heures avant de trouver la plaine, mais tu devrais t'en sortir, même si le soleil devait frapper à nouveau."
Choisissant la voix de la sagesse, Nora serra les poings en tenant au mieux son expression neutre, bien que ses yeux semblaient prêts à pleurer. Pleurer ? Cela fait longtemps qu'il n'avait pas pleuré pour le départ de quelqu'un, depuis le décès de sa mère, 5 ans en arrière. Alors pourquoi pour Ain, elle qui était une parfaite inconnue ? "Arrête tes idioties, bordel" cracha Nora intérieurement, pourtant il avait comme cette sensation qu'il risquait de ne plus la voir. A sa dernière question il répondit.
- "J'ai du travail qui m'attends dans la forêt, nos routes se sé ...." il prit une grande inspiration en continuant de contrôler au mieux ses réactions. "Nos routes se séparent ici, ce fut un véritable plaisir, Ain. J'espère que nous aurons l'occasion de nous retrouver, dans un futur proche. Puisse Lucy guider tes pas."
C'en était trop, il fit immédiatement volte face en maintenant ce qu'il restait de son sourire décomposé, entamant sur un rythme de marche soutenu pour dissimuler ses yeux larmoyants et son rictus crispé. Qu'était-il, un gamin ? Il devait sérieusement se ressaisir, il continue à vivre dans un seul et unique but, alors pourquoi se séparer de son ancienne partenaire était aussi douloureux ? Son cœur s'avérait bien plus complexe qu'il ne le pensait.
- Si tu coupes au sud à partir d'ici, tu en as pour quelques heures avant de trouver la plaine, mais tu devrais t'en sortir, même si le soleil devait frapper à nouveau.
Ain hocha la tête :
- Merci
De toute façon, grâce à son pouvoir elle aurait encore une heure pour se mettre à l'abris du soleil après que celui-ci se soit levé, c'était plus pour Nora qui n'avait pas cette capacité qu'elle s'inquiétait. Ain ne faisait pas souvent attention aux autres alors ce sentiment était nouveau pour elle, elle ne s'était pas attaché à un humain depuis des années et elle espérait le croiser de nouveau en bonne santé.
- Merci, j'espère qu'il ne t'arrivera rien sur le chemin non plus et que nos routes se recroiseront.
Ain ne pria pas Lucy pour cela, si elle avait eu la bénédiction de la déesse, jamais tous les malheurs qu'elle avait vécu ne lui seraient jamais arrivés... et d'ailleurs, Lucy était son second prénom. Quelle blague de mauvais goût de la part de sa mère.
L'aventurière tourna donc les talons, Vif s'envola dans les arbres pour prendre de l'altitude et repérer les environs et Miel resta dans les pattes de sa maîtresse, veillant sur elle comme un gardien. La jeune fille s'éloigna dans la forêt en songeant à cette rencontre : elle n'avait pas passé beaucoup de temps avec Nora, mais il émanait de lui une gentillesse et une douceur déconcertante, bien différente de ce qu'il laissait apparaître au premier abord. Ain ne s'était pas montré aussi vulnérable avec quelqu'un depuis des années et elle voulait bien admettre qu'il était agréable de pouvoir tourner le dos à quelqu'un sans risquer d'être poignardé... Dans cette mésaventure, elle avait au moins fait une bonne rencontre... Que leurs chemins se croisent à nouveau.