Luz Weiss a écrit:Elle nota intérieurement de faire annuler l’ensemble de ces consultations du lendemain pour prendre le portail magique et rejoindre Louise sur son navire… Elles avaient après tout beaucoup à discuter. Et puis, une semaine de vacances au Grand Port ne lui ferait peut-être pas de mal, à proximité de Louise ?
Luz
Et dès le lendemain, c'est parti pour une semaine de vacances ! Grâce au portail de téléportation, tu arrives vite sur place, tu te prends tout de même une chambre à l'auberge pour la semaine afin d'être tranquille...
Louise
Tu reçois une lettre de Luz qui dit qu'elle arrivera bientôt au grand port. Quelle bonne nouvelle ! Après ces aventures oniriques vous allez pouvoir vous retrouver dans la vraie vie.
Toutes les deux
Vous vous êtes donc donné rendez-vous dans un petit café sur les quais. L'air marin est agréable, le soleil est déjà bien levé dans le ciel et la ville est déjà bien animée. Un serveur vient prendre votre commande et vous discuter assit sur une table en terrasse face à la mer.
Le serveur revient et vous cherche du regard. Vous lui faîtes signe mais il ne semble pas vous voir. Vous l'appelez, mais il ne vous entend pas... Finalement il hausse les épaules et retourne à l'intérieur avec votre commande. Serait-il devenu sourd et aveugle ?
Seulement, il ne s'agit pas que de lui... Un jeune couple s'approche de votre table et la désigne :
- Regarde chéri ! Cette table est libre, quelle chance, juste devant la mer..
Et ils tirent la chaise sur laquelle vous êtes assises, vous bouscule et prennent votre place. L'espace d'un instant, ils ont l'air étonné :
- Hm ? J'ai cru bousculer quelque chose... mais ça doit être le vent.
Ils ne vous on pas vu ni même entendu... Vous êtes complètement invisible aux yeux et aux oreilles des autres...
Etaient-elles vraiment sorties de leur rêve de la veille, tout d’abord ? Deux doigts pensifs tapotant son menton, elle tâcha de se remémorer ce que Louise et elle auraient bien pu consommer en commun. Une potion d’invisibilité existait bel et bien, mais celle-ci devait impérativement être bue. Or, si Luz avait bu ce matin, cela n’avait pas été en compagnie de Louise, mais bien dans sa chambre à l’auberge… Elle fut sortie abruptement de ses réflexions par un passant qui se dirigeait droit vers elle, totalement inconscient de sa présence. Un écart magistral et gymnastique plus loin et Luz put enfin pleinement appréhender toute la problématique de leur situation actuelle.
Elle s’était exclamée haut et fort à l’intention de Louise, une lueur à la fois stupéfaite et profondément excitée dans les prunelles. Un phénomène mystérieux et impossible ? Rien de tel pour aviver sa curiosité naturelle ! Elle qui avait longuement questionné Carci sur son pouvoir par le passé, découvrait à présent la joie de ne pas exister aux yeux du monde.
Elle fit signe à son adorable amie de patienter quelques minutes et partit à grandes enjambées en direction du café. Elle entra dans la pénombre du bâtiment, rattrapa le serveur armé de son plateau et récupéra les deux cocktails dès lors qu’il les posa sur le comptoir. Instantanément, les deux verres disparurent de la vision du serveur qui se tourna et se retourna longuement sur lui-même, une moue interloquée au visage. Peut-être serait-il d’autant plus étonné en découvrant plus tard les cristaux déposés sur le comptoir par une main invisible…
Luz revint vers Louise avec un immense sourire. On ne gaspillait pas de l’alcool non de nom ! Elles s’étaient promis un coup par ce splendide temps sur les quais, ce n’était certainement pas pour y renoncer à cause d’un malheureux incident… Incident… ? Ses prunelles, vives, ne purent manquer de saisir le mouvement subit à la périphérie de sa vision. Elles qui s’étaient quelque peu éloignées de l’activité effervescente des rues pour se diriger vers un coin tranquille des quais, n’étaient plus entourées que de quelques goélands et de l’air salé de l’océan. Cela, sans compter donc l’homme qui se dirigeait à grands pas vers elle, avec une démarche drôlement décidée. Luz fronça les sourcils. C’était presque comme si… Lui les voyait.
Sa phrase s’acheva finalement en un cri d’alerte. L’homme venait indubitablement de sortir un énorme sac qu’il souleva au-dessus de sa tête, à trois mètres de Louise, dans une tentative évidente de lui en couvrir la tête. Et Luz n’avait pas vu non plus les deux autres hommes qui étaient apparus derrière elle. Tous en possession d’étranges lunettes de soleil.
Seulement… Qui les entendrait si elles se faisaient kidnapper en pleine rue, dans leur état présent ?
Non d'un gloot cancéreux, mais quelle était encore cette foutue situation improbable dans laquelle toutes deux s'étaient fourrées ? Décidémment, leurs retrouvailles ne pourraient jamais se dérouler dans la paix et la tranquilité ; il fallait toujours qu'un évenement totalement imprévisible vienne perturber leur réeunion et qu'il soit évidemment loufoque, parce que ce ne serait pas drôle sinon !
Luz semble bien prendre la chose, plus émerveillée par la situation qu'inquiète des conséquences qu'elle pourrait engendrer. Elle ne tarde d'ailleurs pas à profiter de son nouveau pouvoir pour aller dérober les deux coktails présents sur le plateau d'un pauvre serveur, tendant l'un d'eux à Louise qui s'empresse de porter la paille jusqu'à sa bouche. Après avoir ingurgité quelques gorgées du savoureux mélange, elle jette un regard aux alentours et remarque, comme sa partenaire, la présence d'un individu qui semble se diriger vers elles. Plus précisément, vers ELLE.
A peine arrivé à son niveau, celui-ci s'empresse de la recouvrir d'un sac de toile et de la hisser sur ses épaules tandis que ses deux compagnons s'en prennent à l'autre rouquine. Louise se débat comme elle le peut, mais la prise de l'inconnu est bien trop forte pour qu'elle ne puisse s'en libérer. A défaut de s'échapper de manière conventionnelle, elle décide donc de mordre ce qu'elle imagine être l'épaule de son ravisseur, avec toute la force que sa machoire est capable de lui octroyer. Dans un hurlement, l'homme lâche finalement sa prise et elle profite de cette opportunité pour se jeter en arrière, retombant sur ce qu'elle pense être le sol. Retirant le sac qui lui couvre la tête, elle s'apercoit qu'il s'agit en réalité du serveur venu nettoyer le verre tombé au sol... Aie, pas de chance pour lui ! Se relevant, elle laisse le pauvre garçon faire de même et celui-ci se tourne alors vers le kidnappeur, visiblement assez contrarié.
- Monsieur, je ne suis pas du genre à apprendre la politesse aux gens, mais la moindre des choses serait de vous excuser. Vous voler un verre, vous le briser et vous me bousculez lorsque je viens nettoyer. Vous avez de la chance que je n'appelle pas la garde.
Louise sourit : il semblerait que toutes les accusations soient mises sur son dos ! Tant mieux, voilà qui lui apprendra ! Tout soudain, elle entend le hurlement d'une femme dans son dos et se retourne promptement, de peur qu'il ne s'agisse de son amie. Fort heureusement, il semblerait que celle-ci n'ait pas trop de mal à se dépétrer de ses adversaires, l'un d'eux étant déjà à terre, face écrasée contre le sol... Quelques spectateurs se sont alors levés pour observer cet étrange spectacle - un homme mit K.O par une force invisible, cela n'arrive pas tout les jours - et l'un d'eux est la femme à l'origine du cri entendu plus tôt.
- Par Lucy, mais que quelqu'un fasse quelque chose ! Ces hommes vont s'entretuer ! » Affirme-t-elle sans vraiment comprendre la situation.
- La garde a été prévenue et va arriver. » La rassure une autre personne.
- JEFF ! On bats en retraite ! » Dit enfin le kidnappeur, la situation lui échappant. On se reverra très bientôt. » Lance-t-il avant de s'échapper en courant.
Luz ne chercha pas à le démentir ni à clarifier le fait que leur kidnappeur ne s’adressait pas exactement à lui. Elle secoua ses mains pour en calmer les élancements, n’ayant eu d’autre choix que de décharger une pleine bordée d’électricité dans le corps de son agresseur lorsqu’il avait soudainement entouré ses épaules de ses bras pour l’immobiliser. Il trônait à présent face contre sol, parcouru de légers spasmes mais bel et bien en vie. En voilà un qui se réveillerait dans quelques heures avec un formidable mal de crâne…
Les deux autres bougres avaient fui, n’hésitant pas une seconde à laisser le troisième homme au milieu des badauds tandis que le pas métallique de la Garde commençait à retentir au bout de la rue. Elles prirent finalement la décision de se diriger vers une ruelle adjacente pour observer le spectacle de loin et prendre le temps de retrouver leurs esprits. Luz faisait d’ores et déjà les cent pas, un bras sous sa poitrine et l’autre tapotant son menton d’un air circonspect, regrettant vaguement de ne pas avoir pu profiter pleinement de son cocktail à cause de ces outrecuidants.
Elle s’immobilisa une poignée de secondes, chassant la piste d’une revanche à son intention d’un haussement d’épaule incrédule :
Elle pencha doucement la tête de côté, interrogeant Louise de ses immenses prunelles vertes. Elle n’était qu’une jeune fille de bonne famille qui avait fugué, non… ? Que lui cachait-elle ? Où avait-elle rencontré de pareils bougres ? Derrière elle, des éclats de voix attirèrent son attention. Trois gardes venaient d’écarter les curieux et l’un deux se penchait à présent au-dessus de l’homme à terre pour lui tapoter la joue.
« Il a l’air complètement sonné, dit un autre. »
« Je n’ai pas tout vu, mais ils avaient l’air de se battre, ajouta une dame. Il s’est soudainement effondré au sol… »
« Il est encore vivant. Sans doute une rixe de soulards. On en a parfois avec les touristes, c’est pénible. On l’emmène au poste pour l’interroger et lui délivrer des soins. Allez, dispersez-vous, il n’y a plus rien à voir par ici ! »
Dans un bougonnement audible, la foule s’écarta progressivement en trainant les pieds, regagnant chacun leurs activités du jour. Le jeune serveur suivit pour sa part les trois Gardes et l’homme inconscient pour leur faire part de sa version des faits et déposer une plainte contre son propre agresseur.
Bien entendu, Luz ignorait totalement que Louise ne pouvait pas simplement rentrer dans un poste de Garde et se présenter joyeusement à l’autorité locale. Pas lorsque l’on était une pirate plutôt renommée.
Louise Duciel a écrit:
- La garde ? Hum. Ouais. Oui. Nan. Y'a ptête une autre solution ?
Sa partenaire, n'ayant aucune idée de l'emploi actuel de la petite Louise, ne doit pas être capable de comprendre à quel point se rendre au Quartier Général des autorités locales, même invisible, est une prise de risque énorme pour elle. Bien qu'elle ne soit pas particulièrement connue, il n'est pas impossible que des faits illégaux rattachés à sa description physique soient parvenus jusqu'à leurs oreilles et qu'ils l'enferment derrière les barreaux pour quelques années. Et elle n'a pas envie d'en sortir à trente ans, toute ridée et pas beaucoup plus grande qu'avant...
Parce que oui, trente ans, c'est vieux quand même.
- Enfin j'dis ça mais j'ai pas d'aut' solutions en contrepartie. Mais si on peut éviter... » Dit-elle en tapotant ses index l'un contre l'autre, une moue adorable sur le visage.
Luz ne s'y laisse pas tromper et semble comprendre que quelque chose ne va pas chez son amie. Difficile pour elle d'imaginer que sa petite apprentie, de la taille d'une enfant et visiblement aussi dangereuse qu'un gloot mort, puisse être devenue la Capitaine d'un équipage de pirates. Et s'ils sont probablement parmi les plus innofensifs brigands des mers et qu'ils cachent plutôt bien leur véritable identité en se faisant passer pour de simples civils, il n'en demeure pas moins qu'ils sont des criminels aux yeux de la garde et qu'une demoiselle comme Louise sera jugée en tant que tel.
Bref, c'est chaud.
- Comment te diiiire... Que depuis l'époque ou j'étais ton élève... Il s'est passé un certain nombre de choses ? » Commence-t-elle à avouer, espérant que son amie comprendra. Je suis partie de la Capitale sans le consentement de ma mère. Et puis il y a eu mon père et des drôles de pirates, et moi qui devient soudainement leur cheffe et depuis, bon... J'te cache pas qu'on fait un brin d'honnête piraterie, des choses pas très bien aux yeux de la loi. Mais j'ai aucune mort sur la conscience j'te jure ! A part Roulio le perroquet, mais il était vieux alors ça compte pas vraiment...
Plus qu'à espérer que ce ne soit pas elle qui la dénonce après cette étrange aventure...
Après avoir manqué de perdre un membre de votre splendide duo, vous vous concertez à savoir que faire concernant les kidnappeurs. Laisser ce genre d'individu en liberté est impensable, que ce soit pour une noble et même une pirate !
Hésitant quant à la meilleure décision à prendre, vous ne remarquez pas la foule commencer à s'amasser autour de vous. Hélas, il est trop tard lorsqu'un premier s'exclame en criant.
- "Hey ! C'est Dame Weiss et Louise Duciel !"
Comment ? Alors que vous ne connaissez probablement pas grand monde ici, tout le monde semble vous reconnaître et pire ! Vous voir ! Le nom de la femme pirate ne manqua pas non plus d'attirer l'attention de gardes qui se concertèrent.
- "Louise Duciel ? Ce ne serait pas ..."
Et avant même de pouvoir dire ouf, vous avez une unité de patrouille aux trousses et une foule agglutinée autour de vous. Il semblerait que les ennuis venaient seulement de commencer.
Ok, cela faisait peut-être beaucoup à emmagasiner. Luz se massait d’ailleurs lentement les tempes, les yeux plissés, lorsque les premières exclamations retentirent. Luz aurait bien articulé un « Keske… » malhabile et décontenancé si un mouvement de foule ne s’était pas brusquement amorcé vers elles. Elle lâcha donc un profond juron, attrapa la main de Louise et l’entraîna à sa suite dans une cavalcade à travers les rues du Grand Port.
Tandis qu’elles courraient à en perdre le souffle, son cerveau fonctionnait à plein régime. Elle osa même un coup d’œil par-dessus son épaule au risque de rater un embranchement pris par Louise ou de heurter un mur, un détail curieux ne cessant de lui agacer les méninges. Les visages de leurs poursuivants n’arboraient pas d’hostilité. Pire encore, les bouches se fendaient parfois d’un sourire, voire d’un « Oh » admiratif, de la même manière que si la Souveraine, le Roi et toute la famille royale s’était pointée en vacances en maillot de bain au milieu des badauds. Les personnes qu’elles croisaient se mettaient tout bonnement à les suivre comme quelques mouches à merde au cul d’une grosse vache.
De un, la potion d’invisibilité avait de toute évidence cessé de faire effet. De deux, Luz commençait sérieusement à se demander si cet effet ne s’était pas justement inversé dans un coup du sort odieux et parfaitement risible… Car leurs fans hystériques se désintéressaient brusquement d’elles passés 100 mètres de distance, déboussolés et perdus dans la chaleur de l’après-midi. Peut-être quelque chose qui les rendait irrésistiblement attirantes, sympathiques et lumineuses pour toute personne à proximité ? Les passants connaissaient spontanément leurs noms à la manière d’étoiles montantes de la scène, et Luz vit même une petite fille brandir son cadre magique dans leur direction en manquant de défaillir.
Finalement, elles débouchèrent sur une vaste plage aux pieds du Grand Port, étant parvenues à réduire la masse de leurs poursuivants à quasiment zéro, hormis un couple qui les observait du parapet en s’échangeant des messes-basses intéressées. Plus aucun garde n’était du moins visible à l’horizon. Les mains sur ses genoux pour reprendre son souffle, Luz se redressa vivement vers Louise, une exclamation sur les lèvres :
« Elles sont là ! l’interrompit une voix masculine avant qu’elle n’ait pu compléter sa pensée. »
Les trois hommes de tout à l’heure leur fonçaient dessus, peinant à avancer à cause du sable. Luz recula d’un pas, désormais sur ses gardes et prête à défendre chèrement sa peau.
D’autres passants s’étaient faits prendre dans la toile de leur philtre d’attraction, et le couple s’était transformé en cinq personnes curieuses qui n’osaient guère encore s’approcher.
Les deux camps s’observaient désormais en chiens de faïence, personne ne s’estimant prêt à faire un pas de plus, un gouffre de 6 mètres de distance entre eux et le son des vagues pour seule musique de fond. Le patron prit la parole, un grondement semi marmonné entre ses dents pour tâcher de voiler son propos aux oreilles de leur indésirable public :
Soudain, la réalisation.
« Espèce de gougnafier à pieds plats ridicules, bien sûr que non ! On est là sur ordre de cette satanée fesse-mathieux de Noble ! Allez, Louise, fais pas d’histoire, viens vers moi. »
« Attendez, attendez, vous allez devoir expliciter plus que ça. »
Le Chef de la bande eut un très long soupir de fin du monde. Il jeta un coup d’œil irrité aux passants qui se rapprochaient progressivement, et fit lui-même un pas de plus en avant, la main tendue vers Louise. Son visage en revanche, n’était qu’impatience exaspérée :
- Merdouille ! » S'écrie Louise, comprenant enfin la situation.
- Tu l'as dis, sale peste. On comptait pas en arriver à de telles méthodes, mais quand ta cible passe son temps en mer entourée de crétins sanguinaires tu guettes la moindre opportunité. Et celle-ci s'est finalement présentée. » Explique l'homme à Luz, comme pour justifier le plus normalement du monde cette tentative d'enlèvement.
- Mais z'auriez pas pu simplement venir m'en parler, en fait ?
- Parce que tu aurais dis oui peut être, tête d'écrevisse ?
- Euuuuh, non, c'est vrai. Mais mes hommes ne sont pas sanguinaires ! Crétin, ça...
- Bon, assez bavardé. Louise S. Laurelil, sur ordre de votre mère, veuillez nous suivre sans faire d'histoire. Ou sinon... Nous avons ordre d'utiliser la fessée.
La pirate croise les bras sous sa poitrine, visiblement contrariée. C'est qu'elle n'avait pas prévu de retourner de si tôt à la capitale et savoir que des hommes allaient dorénavant la traquer afin de la ramener auprès de sa mère n'avait rien pour la rassurer. Elle consacrait déjà beaucoup de temps à se camoufler, elle et son équipage, afin de passer pour de simples civils et éviter toute contrainte avec la garde ; ajouter des brigands à l'équation rendait les opérations bien plus délicates et menaçait grandement sa tranquillité. Peut être pouvait-elle trouver une solution qui contenterait tout le monde, sa mère comprise ?
- Ok. J'viens. » Dit-elle finalement après une courte réflexion.
- Tatata... On la connait cette technique, gamine. On est des vieux de la vieille, tu vas pas nous la faire. Si tu comptes faire baisser notre vigilance pour te barrer dés que possible, ça marchera pas.
- Non non, j'vous assure. Je viens. » Renchérit-elle, totalement sérieuse.
- Comment ça, tu viens ? Sans faire d'histoire ?
- Vous avez aucune chance de me ramener si j'ai décidé que je n'voulais pas. Alors j'vais accepter d' vous suivre et vous allez m'livrer comme prévu à ma satané daronne, toucher le reste de votre pactole et moi j'vais simplement me barrer à nouveau ensuite. Vous aurez accompli votre boulot, de mon coté j'aurais la paix, tout l'monde est gagnant, content, merguez party et beuverie à gogo, tout ça quoi.
Les trois hommes échangent un regard. Après tout, pourquoi pas ? Cela ne change rien à la situation les concernant et leur proie a décidé de se rendre d'elle même. Du tout cuit, en somme...
- J'comprends pas vraiment ce qui vient de se passer, mais puisque c'est toi qui propose. » Conclut-il, satisfait.
Louise se tourne alors vers Luz.
- Tu ne dois pas retourner à la Capitale ? Pourquoi ne pas faire chemin ensemble, avec nos charmants agresseurs ? » Demande-t-elle, sourire aux lèvres. Il faut que j'aille prévenir mon équipage de mon absence, mais ils seront ravis de savoir que je vais revenir avec pleins de belles choses. Je profiterai de mon retour pour "emprunter" quelques trucs à ma moman...
« Brigand, vous voulez dire. »
« C’est pas très gentil ça M’dame. Moi je suis mercenaire de métier. Vous savez, les contrats, c’est ma passion. Quand on les prend, là, avec le patron, j’suis toujours tout fébrile… Vous connaissez pas la valeur du papier vous. Mais le papier, ça parle, ça raconte des secrets, ça frémit quand on l’agite ou ça s’humidifie quand on le tient en main. Alors moi vous comprenez, j’suis toujours tout chose quand on signe un contrat. On pose sa main là, comme ça, de cette manière, et faut tenir la plume correctement. L’encre tombe, ça fait pas de bruit, et ça forme comme une jolie fleur sur le papier. Mercenaire, quoi. Vous comprenez ? »
« … »
« J’aurais pu faire greffier. Ou bosser dans l’administratif. Scribe peut-être. Mais on vit moins longtemps avec son papier. Mercenaire au moins, tu le prends et tu pars à l’aventure avec. Tu as ton contrat contre ton cœur tout du long, là, bien au chaud sur la poitrine pendant que tu tabasses des gens. C’est quoi déjà ? La plume plus forte que l’épée ? »
Il se gratta la barbe.
« Valentin, arrête d’embêter la Dame et reste concentré ! intervint le patron dans un aboiement tandis qu’il s’apprêtait à entrouvrir sa veste dans une gestuelle explicite. »
C’est qu’ils leur servaient présentement de rempart contre leurs fans tandis qu’ils remontaient tous ensemble les rues jusqu’aux quais, telles deux stars entourées de leurs gardes du corps. Les bonhommes n’étaient pas mécontents non plus de pouvoir encercler leur proie et s’assurer ainsi qu’elle ne filerait pas. Luz en profita pour se rapprocher de Louise et attendit que leur groupe s’arrête enfin à proximité de l’eau pour plonger ses prunelles dans les siennes et sonder sa résolution :
Elles feraient certes le chemin ensemble, mais Louise lui serait inévitablement arrachée une fois remise à sa famille.
Elle lui étreignit l’épaule en un geste spontané et naturel, un sourire fugace sur les lèvres.
Ils avaient convenus d’escorter Louise jusqu’à son équipage, refusant de lui faire suffisamment confiance pour lui permettre de s’isoler. Luz serait pour sa part accompagnée du dénommé Benois le temps de récupérer ses affaires à l’auberge, juste histoire de s’assurer qu’elle ne prévenait pas la Garde ou n’appelait pas une éventuelle aide extérieure.
- Combien de temps ?
- J'sais pas. Une semaine, p'tete deux. J'vais me barrer fissa de là bas mais si j'y retourne pas, ma mère va pas arréter d'envoyer des gens à ma poursuite et serait même capable de me faire mettre derrière les barreaux. Elle serait au moins certaine que je m'enfuirais pu...
- C'est un sacré personnage ta mère. » Constate Allen, impressionné par la ténacité de la daronne.
- La plupart des parents feraient tout pour leur progéniture. Rien d'étonnant à cela. » Lui fait remarquer Leborgne, attirant tout les regards vers lui.
- Leborgne... T'as des gosses ?
- Deux.
- Mince. On en apprend tout les jours ! » Dit Vingt-deux, choqué par cette découverte. On en r'parlera plus tard, tiens. Mais sinon Louise, pourquoi elle te fouterait la paix si tu te r'barres ? Elle va simplement t'envoyer à nouveau des zigotos pour te ramener auprès d'elle.
- Ouais. Mais j'compte bien lui faire comprendre que j'ai absolument pu envie de vivre à ses cotés, à enfiler des jolies robes pour aller assister aux cérémonies pleines à craquer de gens hautains et pompeux... J'imagine que même elle finira par comprendre. Et puis, me voir devrait la rassurer.
- C'est bon pour vous, mademoiselle Laureril ?
- Laureril ? C'est quoi c'nom pourrave ?
P'tit chef et Vingt-deux éclatent de rire ce qui n'est pas sans vexer le chef des brigands, semblant mal prendre cette moquerie qui ne lui est même pas destinée.
- Quel est le problème, vous deux ? Vous naviguez avec elle depuis des années, et vous ne connaissez même pas son vrai nom de famille ?
- Oh, le vieux relou celui-là. Cap'tain, on peut pas juste le défoncer et "tant pis" pour vot' mère ? » Propose Vingt-deux, obtenant la validation de certains autres membres de l'équipage.
- Nan. On suit le plan que je vous ai donné ! D'ici une semaine, vous accosterez tout les deux jours à ce même quai histoire que je puisse vous retrouver facilement. Allen est votre Capitaine pendant cette période, alors soyez sages et sympas avec lui !
- OUAIS CAPITAINE ! » Lancent-ils en chœur, peu inquiétés par la situation. Après tout, c'n'est pas la première fois qu'elle se fait kidnapper... Haha. » Rajoute discrètement M. Ours.
Une fois sortis du Glouton, Louise et son accompagnateur se dirigent vers le lieu de rendez-vous convenu avec Benois et l'y retrouve en compagnie de Luz. Le joyeux groupe se met en route en direction de la Capitale après un rapide échange, les effets de l'étrange potion ingurgitée plus tôt s'estompant enfin à leur grand soulagement.