Debout devant la fenêtre de son bureau, Yuduar en cette journée pourtant ensoleillée avait le visage plus fermé qu'à son habitude. Quelque chose le tracassait et pas des moindres. Cent pas dans un sens, cent encore dans l'autre, par moment marqués d'arrêts pensifs, de soupirs lourd de sens, les arguments bataillaient en silence dans son esprit sans que l'escarmouche ne daigne conclure sur un résultat tranché. Entre ses mains jointent dans son dos pendait un morceau de papier marqué du sceau de la Garde, envoyé par ses grands camarades de la Commission siégeant à la Capitale. Le contenu de ces lignes était ce qui avait mis le feux aux poudres de son tumulte interne. Thépa semblait en chute libre.
La Lieutenante Prêth, une force pourtant stable de son régiment et ce depuis maintenant un bon moment. Meneuse des Valkyries, combattante émérite, soldate exemplaire au sens plus qu'aiguisé de la justice,Thépa avait été aux côtés de son Capitaine tant pour les bons moments que pour les plus difficile. Des soirées passées à faire du recrutement entre deux bières pour les Valkyries aux explorations douteuses dans les tréfonds de la Cité Enfouie, à aucun moment son grade n'as été questionné, remis sur la table, sujet de controverse tant d'un point de vue administratif que dans le coeur des hommes. Et pourtant, malgré ce parcours d'apparence immaculé, ces derniers mois venaient s'affirmer comme une succession d'ombres sur un parfait monochrome blanc. La mort de Riley l'avait atteinte, nulle doute là-dessus, comme elle avait atteinte plusieurs anciens du régiment notamment chez ses consoeurs Valkyries. Une perte de flamme qui créa comme un cercle vicieux, privée de sa seconde, d'une amie chère, d'une oreille attentive à ses maux plus personnels. Mais la mort est, hélas, l'une des présences fatalement familière aux hommes d'armes qu'ils sont. S'y soustraire n'est jamais une mince affaire.
Patrouille désordonnées, rapports manquants, retours oraux de prises de décisions parfois hâtives et jugées avec peu de considération, la Lieutenante se para de jours en jours d'un manteau d'obscurité à travers lequel nul ne pouvait percer. Des choses qui arrivent, ça ne serais pas la première et certainement pas la dernière, pourrait-en dire certains résignés. Mais pour Yuduar cela tenait d'une portée plus large. Qu'allaient devenir les Valkyrie? Qui pourrait reprendre sa suite? Doit-il de fait songer à un nouveau Lieutenant? Et pour ce qui en est de la valeur humaine, doit-il se montrer ferme ou prendre le risque de se montrer une fois plus trop ouverts aux manquements et pas de côtés de ses troupes? Il ne pouvait certainement pas se résigner de faire d'elle un exemple, pas en ce sens, pas après ce parcours commun de la Capitale jusqu'au Grand Port. Et pourtant.
Des solutions il en avait devant lui. Plusieurs, certaines plus dures et d'autres plus clémentes. Des nuits passées à feuilleter les rapports de troupe de sa compagnie, à étudier chaque profil, chaque cas, à la recherche d'une énigme à même de répondre aux questions de ses supérieurs: qui pour lui succéder? La logique voudrait de nommer une autre femme derrière elle, une Valkyrie si possible à même de récupérer la charge de les mener vers de nouveaux horizons. A ce titre plusieurs noms lui venaient, Sammael et Solveig entres autres pourraient possiblement remplir cette tâche en moyennant un entretien avec carte sur table au préalable. Mais ces choix ne convenaient pas au Capitaine pour un autre rôle, celui de Lieutenant. Les demoiselles étaient capables, bonnes combattantes et bons éléments, mais le grade demandait bien plus que de savoir jouer de la lame et obtenir le respect de ses hommes. Une certaine droiture était attendue, une constance, un respect, pleins de ces petites choses que des recrues de quelques mois n'avaient pas encore comme cordes à leurs arcs. Alors qui? Qui? Yuduar avait beau regarder la demande de la Commission sous tout les angles, pour ses multiples attentes et qualités de cheffe, seule Thépa avait les épaules pour remplir ces deux tâches simultanément.
Mais tout changea durant cette matinée. Une nouvelle idée, un germe de folie typique de celui qu'on nomme par endroits "Le Fantasque". On lui demandait de choisir mais après tout, si il ne choisissait simplement pas? Une autre solution là où d'autres pourraient y voir de nouveaux problèmes. Tout chambouler, modifier, restructurer. Rien n'est acquis, tout est à prendre à qui le mérite, tout comme lui à pus recevoir son insigne de Capitaine presque par hasard ou par un étrange sort du destin. Rivolti Valentino. Un élément controversé, considéré comme un autre phénomène de foire du même acabit que Yuduar quand il n'était encore que Lieutenant lui-même. L'homme avait pour lui l'expérience, le savoir-faire, les prouesses de combat, une langue bien pendue soutenue d'un verbe acéré, un respect natif des troupes sous son commandement de Major, sommes toutes un passif bigarré au sein de la Garde. Mais de toutes ces couleurs ressortaient aussi son côté volage, m'as-tu-vu, sa tendance commune à fréquenter les enseignes de boissons, tout ces autres détails qui faisaient grandement grincer des dents les cols blancs de la Commission. Tout ces autres détails qui, d'un autre côté, faisait sourire en coin le Capitaine Al Rakija. Car malgré ces rappels à l'ordre, à aucun moment Rivolti n'avait ramené du travail mal fait au Bastion.
Hélas de ce choix découlait plusieurs difficultés. Quid des Valkyries par exemple? Le fer de lance du Régiment Al Rakija, cette unité d'élite féminine triée sur le carreau pour sa valeur et sa force d'intervention rapide. Qu'allait d'elle devenir ainsi privée de son visage représentatif en la personne de la Lieutenante Prêth? Reléguée en seconde place aux côtés d'autres unité mineure? Ecartée du feu de l'avant-scène mais maintenant malgré tout dans l'ombre les forces qui ont sut créer son mérite? L'avenir semblait incertains pour les soldates de Thépa.
Nommer Valentino à la succession de Thépa assurait le fait de nommer quelqu'un de plus que capable d'assumer cette charge et ce grade. Au prix de la stabilité de l'unité. La Commission tentera surement de s'y opposer mais Yuduar attendrait de pied ferme ses observateurs avec l'assurance que Rivolti saura les séduire par le simple faits de ses états de service. Tout comme lui en son temps. C'était en soit un bon choix de Capitaine mais avec un fort risque de répercussions humaines derrière. Le Commandement pouvait avoir ses doutes sur Rivolti, Yuduar n'en avait pas quant à lui. Ses doutes venaient de la pérennité des Valkyries après coup.
Toutes ces questions, ces énigmes, ces oui comme ces non, voila ce qui animait les cents pas effectués sans relâches, les arrêts, les soupirs. Mais un acte valant mieux que cents paroles, Yuduar s'était décidé de prendre le taureau par les cornes: convoquant Valentino cet après-midi même, le rendez-vous entres les deux hommes n'était plus qu'une question de demie-heure. C'est de cet entrevue que Yuduar tirera les conclusions plus que nécessaire à raffermir son choix une bonne fois pour toutes.
Depuis combien de temps maintenant? Depuis quand les deux soldats ne s'étaient pas retrouvés face à face, de Capitaine à Major ou simplement d'homme à homme? Que cela soit pour une fraiche bière en fin de service ou pour collecter quelques informations de plus sur un rapport nébuleux. Fut un temps Yuduar était connu pour sa grande proximité avec ses hommes, le temps qu'il passait chaque jour avec eux, à table, aux soirées, à la taverne. Mais avec le Régiment qui ne faisait que grandir, la pression d'Arban sur son dos, les charges et responsabilités qui s'accumulaient, ces précieux moments se faisaient de plus en plus rares hélas. Ils existaient encore mais, pour la plupart, principalement des les mémoires des plus anciens soldats présents à ses côtés.
Mais si le Capitaine se devait de choisir un moment parmi tant d'autres qui a été plus que déterminant de sa relation de confiance avec Valentino, il saurait d'avance lequel prendre. Leur première rencontre, celle qui avait fait qu'immédiatement Yuduar avait vu le potentiel en Valentino. Le soldat aurait pus être Lieutenant ailleurs que dans sa compagnie si ce n'est même aspirer à devenir Capitaine pour monter sa propre compagnie. Malgré cela, c'est la porte de ce bureau qu'il poussa, il y à de ça plusieurs lunes maintenant...
Confortablement assis dans son fauteuil rembourré, le visage solaire et le sourire amusé, Yuduar se tenait devant une impressionnante pile de dossier. Aujourd'hui c'était journée d'audition comme il aimait appeler les recrutements! Et la pêche à été plus que bonne jusque là! Un frisson le parcouru et il se leva rapidement pour fermer la fenêtre derrière lui, cette fin de saison froide laissait apparaitre quelques débuts de chaleur mais le vent marin du Port pouvait bien vite se montrer mauvais pour la santé. Rassis de nouveau, il se laissa aller à un verre de vin chaud préparer par les petits soins de son cuisinier en chef. Ce n'était plus vraiment de saison désormais mais après tout il n'y à pas de saisons pour les petits plaisirs du quotidien. Certains pourraient voir d'un mauvais oeil un Capitaine entrain de faire la lecture de leur dossier entre deux gorgés de vin mais pour Yuduar ce genre d'attitude lui servait de tamis naturel pour séparer le bon grain de l'ivraie. Boire, manger, jouer, tout en discutant travail, se devait d'être presque une seconde nature. Tout les soldats protocolaires chouchou de l'académie, très peu pour lui. Par Lucy, même ce bon vieux Emeor avait appris à se détendre avec le temps donc la preuve était qui rien n'est jamais vraiment perdu.
"Alors, alors... le prochain ou prochaine..." il attrapa la feuille volante devant lui "Rivolti Valentino. Trente-trois ans, et beh. Hm... Ouais, beau parcours le gadjo..." continuant sa lecture avec quelques commentaires du cru par endroit, le Capitaine se préparait à recevoir le principal intéressé d'un moment à l'autre. Quand soudainement le coup d'envoi arriva avec plusieurs coups de frappés à sa porte "C'est bon Attok je suis prêt vous pouvez envoyer!"
Le jeune page blondinet s'occupait de l'accueil des nouveaux arrivants jusqu'aux quartiers du Capitaine, nul doute que son côté naturellement révérencieux et impeccablement poli saurait mettre à l'aise les nouvelles têtes.
*Voyons voir de quel bois se chauffe ce petit scorpion.*
Que se passe-t-il? Je me déplace rapidement dans les couloirs du bastion, croisant quelques hommes auxquels je fais un petit signe de tête! Cela étant, mon air est grave, mon regard déterminé, ma marche rapide et cela, comme à chaque fois que ce cas bien particulier se produit : le capitaine m'a fait convoquer! La nouvelle est tombée le matin même alors que j'étais sur le terrain d'entraînement avec quelques-uns de mes hommes. Un entrainement matinal car après tout, pas de repos pour les brave! Un page est venu me remettre l'ordre : rendez-vous l'après-midi même dans le bureau du capitaine Al Rakija... Ce n'est pas quelque chose de particulièrement incroyable lorsqu'on y pense, c'est déjà arrivé plusieurs fois en réalité mais souvent, la note n'est pas si formelle! Bien-entendu, la plupart du temps c'est le lieutenant qui me donne mes assignations, après tout, il est mon supérieur direct, cela n'empêche pas que j'ai parfois des échanges directs avec notre supérieur, chose normale si vous voulez mon avis, même si la dernière fois remonte à assez longtemps en fait...
Il me semble que la dernière fois que j'ai été ainsi convoqué dans le bureau c'était avant mon départ pour la tour en ruine avec Solveig... Une mission importante qui demandait une certaine discrétion vu la nature de l'enquête! Oh bien-sûr j'ai revu le capitaine après cela, pour mon rapport entre autre et aussi pour quelques discussions moins formelles cependant, il y a dans cette convocation comme une petite impression de cela : comme si la situation était urgente, comme si une nouvelle mission périlleuse m'attendait! En même temps cela est possible... Avec la perte de l'une des Valkyries, je suppose que ses soeurs d'armes n'ont pas spécialement le coeur au boulot - je n'ai même pas revu Solveig quand j'y pense, il faudra que je m'assure qu'elle aille bien - et du coup, ce sont les autres unités qui vont devoir mettre les bouchées doubles! Je ne vais pas m'en plaindre cependant! Je suis un homme ambitieux qui se targue d'être le meilleur en tout ce qu'il fait! Certains me disent narcissique, d'autre prétentieux... Ils ont peut-être raison, probablement même, mais je connais mes capacités et j'aime particulièrement lorsqu'elles sont testés! Je n'ai pas l'intention de rester éternellement un officier! Après tout, si j'ai la prétention de faire du royaume un monde meilleur, il faut que j'ai les moyens de mes ambitions!
C'est assez paradoxale en fait... Après mon assignation avec le capitaine Hekmatyar j'ai reçu plusieurs offre de la commission. Après tout à ce moment ils cherchaient à faire bouger les choses, Elina venait de perdre la vie et il fallait un nouveau capitaine du côté de la forteresse... Je suppose qu'avoir la recommandation du capitaine de la garde royale m'ouvrait des portes jusqu'alors condamnées à être fermées? Après tout, je sais que je ne suis pas l'élément dont les membres de la commission sont les plus fiers... Un bon soldat certes, un enquêteur de renom surtout, mais l'idée qu'un homme à la réputation de "libertin" voir de pilier de bar devienne capitaine devait leur faire perdre les cheveux bien plus vite que leur grand âge! De toute manière, je n'étais pas prêt - je ne le suis probablement pas encore - prendre la place du capitaine Von Andrasil, d'une ancienne amie, m'aurait été impossible surtout vu la raison de cette place vacante... Et cela même si on me l'avait proposé en réalité! Pourtant, je ne voulais pas rester spécialement à la capitale... J'avais l'impression de faire du sur place, que quoi que je fasse je n'avais aucun espoir d'avancer plus encore alors, quand les propositions de la commission ont finit par m'arriver, j'ai décidé de voir du pays : le sud avait quelque chose d'attirant... Le soleil, la mer, les femmes en maillot, l'unité des Valkyrie que l'on disait aussi belles que redoutables mais surtout... Le capitaine fantasque! Un ancien aventurier devenu dirigeant de son propre régiment? Voilà qui avait de quoi inspirer! J'ai donc fait mes bagages et me suis retrouvé devant l'exact porte devant laquelle je me trouve maintenant... Les choses ont changés depuis cette époque, il suffit d'un regard à ma chemise, parfaitement fermée, pour s'en rendre compte, détail qui me fait doucement sourire! Quoi qu'il en soit, mon rendez-vous avec le capitaine étant programmé, je lève la main pour frapper à la porte...
Du coup, Attok ouvre le porte pour me laisser passer dans le bureau du fameux capitaine Al Rakija, ce-dernier lui ayant donné la permission. C'était sympa de causer gamin même si t'Es pas très bavard..." Je me présente donc devant le capitaine avec toute ma classe et mon charisme naturel! Un ou deux pas dans le bureau, et voilà que je fous une main dans le dos et la seconde sur mon front en un signe de salut. "Officier Valentino Rivolti!" Révérencieux, professionnel, le parfait petit soldat... Enfin presque... Mes narines frémissent, mon odorat me titille et j'suis pas vraiment connu pour mon respect du protocole! Je voulais faire bon impression mais malheureusement, chasser le naturel et il revient au galop! L'arôme du vin chaud est le petit élément qui vient déclencher toute la suite. "Ça sent foutrement bon ici! C'est de la gnôle de qualité ou j'm'y connais pas!"
Et voici comment briser toute tentative de bonne première impression... Langage qui n'a rien de pompant, chemise grande ouverte sur mon torse malgré la froideur de la saison et en plus je parle d'alcool comme si le capitaine et moi on avait l'habitude de picoler dans la même taverne! Bah d'un certain point de vue, vaut mieux rester naturel de toute façon! Je plais ou je ne plais pas mais dans tous les cas, je sais que je suis ainsi : un bon soldat avec ses vices et ses défauts mais que ses qualités parviennent à effacer la plupart du temps... Après tout, un capitaine qu'on surnomme "Le Fantasque" comprendra probablement non?
Au moment où il passa le pas de la porte de son bureau, Yuduar ne pus retenir un petit sourire en coin. Voila donc le fameux Rivolti devant lui, en tout point fidèle à ce a quoi on pouvait s'attendre. Chemise ouverte, dégaine assurée, clairement pas le genre de gars à faire semblant de cacher son orgeuil. Il n'avait pas encore ouvert le bec qu'il pouvait sentir tout le potentiel de grande gueule qui se cachait en dessous. Lorsque le garde exécuta un impeccable salut le Capitaine approuva par une petite moue aussi ravie qu'amusée, le tout avec une maigre réponse de sa part de deux doigts de sa main gauche envoyés depuis son front. Pas besoin d'en faire plus que nécessaire après tout, il avait entendu parler de lui et Valentino avait surement dut entendre parler de Yuduar de son côté. Les bruits de couloirs voyagent plus vite que ce qu'on aimerais admettre au sein de la Garde. Le Capitaine sans plus de cérémonie lui indiqua le siège en face de lui d'un geste de la main, invitation universelle à se poser séant afin de démarrer la conversation à venir. Mais avant même que les hostilités ne soient déclarées, l'Officier Rivolti entama la discussion de la plus étonnante manière qu'il soit: en relevant l'odeur épicée et travaillée du vin chaud qui fumait devant Yuduar.
"Ahahah, de qualité j'en sais rien mais la recette est bonne ça c'est pour sûr!" rigola le Capitaine avec son humour bon enfant en tapotant sur la cruche fermée juste à côté "M'enfin bref installe toi qu'on discute, Attok tu peux disposer et amorcer la suite."
La porte du bureau se ferma pour de bon et Yuduar en profita pour couler une petite gorgée et s'adosser au fond de son fauteuil. Il fit mine de feuilleter le dossier de Valentino devant lui en laissant son regard danser d'une note personnelle à une autre. Il s'était déjà fait un avis sur le bonhomme mais entre ce qui est écrit par la Commission et ce que raconte le modèle original, il y avait souvent bien des différences. Déjà on pouvait clairement dire que le soldat n'avait pas la langue dans sa poche, de toutes évidences. Et que malgré son salut militaire en bonne et due forme, son respect apparent de l'étiquette pouvait vite se faire écorner par un langage mois soutenu que l'attitude affichée auparavant. Un gars comme Emeor serait dans la pièce, il aurait déjà roulé des yeux une bonne dizaine de fois devant une telle familiarité. Mais dans le cas de Yuduar cela ne lui provoquait que de l'amusement.
"Bon alors Rivolti qu'est-ce qui vous amène chez moi? Si ce n'est mon appel à recrutement je veux dire. J'imagine que ça se résume pas à juste le beau temps et l'air marin non?" suite à sa première question un éclat étincelant passa vivement dans ses prunelles noisettes et Yuduar décala un second godet à côté du siens "Au fait je te sert un verre peut-être?" demanda t-il naturellement avec un grand sourire aussi avenant qu'innocent. Il comptait bel et bien observer la réaction du soldat car pour plus d'un l'invitation pourrait avoir des allures de pièges savants. Sur quel pied allait-il donc danser?
Bon au moins le capitaine ne semble pas frustré de mon attitude des plus... Naturelle en fait? J'ai pas réellement d'autre adjectif pour décrire une réaction qui est la parfaite image de ce que je suis! Bien au contraire, il rigole de bon coeur ajoutant son commentaire tout en me faisant signe de prendre place, je viens d'éviter le drame je suppose? Bref, je ne me fais pas réellement prier pour m'installer sur le siège qui semble n'attendre que mon postérieur alors que le dénommé Attok se retire en fermant la porte derrière lui... Là c'est le moment que j'aime pas généralement : le silence! Je peux pas vraiment le briser, ouai j'ouvre souvent ma grande gueule, pas toujours au bon moment, mais j'suis pas stupide au point de me lancer le premier alors que je suis face à un capitaine... Enfin, sauf quand mon odorat me fait sentir l'odeur du vin chaud! Il dit que la recette est bonne? J'me demande à quel point... Non non! Pas de connerie Valentino faut savoir se tenir parfois! Ce serait con d'avoir fait tout le chemin depuis la capitale pour se faire refouler à cause d'un comportement qui fait penser que j'suis plus intéressé par la bibine locale que par le régiment! J'vais me tenir à carreau et laisser le capitaine lire mon dossier, j'suis sûr qu'il aura plusieurs questions tant sur moi que sur les quelques commentaires de la commission qui ne doit pas tarir d'éloge à mon sujet... Et oui, j'suis totalement ironique sur le coup! Je sais parfaitement que je suis plus le mouton noir qu'autre chose mais bon... Au moins, mes états de services rattrapent le comportement problématique...
Une première question assez simple : qu'est-ce qui m'amène ici? Question simple... Réponse plus compliqué! C'est dans ce genre de cas qu'il faut prouver sa motivation sans en faire trop, personne n'aime les fanfarons cependant faut bien montrer qu'on en veut dans la vie non? Sauf que voilà, avant même que je ne puisse ouvrir ma bouche pour répondre, voilà que le capitaine décale un second verre et me propose un peu de vin? Oh merde! C'est un piège ou pas? Le genre de question traître comme quand une gonzesse te demande si sa robe lui va bien ou si tu te souviens de son nom alors que t'étais bourré la veille! Par expérience je sais que ça finit toujours mal! Si j'accepte il peut me prendre pour un alcoolique notoire qui risque de s'adonner à la picole pendant le service mais si je refuse il peut s'offusquer ou penser que je suis ce genre de mec qui sait pas profiter des petits plaisirs de la vie - ce qui selon moi est affreusement chiant - j'me sens un peu piéger, le cul entre deux chaises comme on dit alors, finalement, autant être moi-même non? Après tout, si je dois bosser sous ses ordres, j'suis pas censé avoir de secret pour mon capitaine! Un soldat qui cache des choses à ses supérieurs pour se faire recruter c'est forcément une pomme pourrie selon moi et je suis loin d'en être une!
"J'dois bien avouer que depuis que j'ai humer le fumet délicat de ce breuvage, j'ai bien envie d'y goûter! J'vais pas dire non si c'est proposé si gentiment!"
Et ouai, j'suis un vrai poète quand il s'agit de parler d'alcool! Je parle parfois comme un roturier, souvent même, mais j'suis capable de faire des exceptions! Le problème c'est que je prends pas de gants pour tout, en fait la plupart du temps j'fais pas dans le tact mais cela, je suppose que mon dossier le signal bien assez souvent! Continuant sur la lancée, puisque j'ai commencé à me mettre à table, il convient de répondre à la question qui est sans aucun doute prioritaire : la raison de ma présence ici? Je souris en coin, et je balance un simple et unique mot : L'ambition!" Et je dis cela sans ciller en plus! Bon, certes, dit de cette manière c'est un peu vague... Il est donc sans aucun doute normal de compléter quelque peu ma réponse... Je m'avance doucement dans mon siège, de toute évidence rester en place bien confortable ça me tente pas plus que cela...
"J'ai 33 ans, je suis officier c'est bien beau tout ça mais la capitale c'est pas pour moi! J'ai l'impression que j'y suis bloqué avec des supérieurs que mon attitude exaspère bien trop pour qu'on me prenne au sérieux malgré mes résultats et, j'vais pas mentir, j'aspire à bien plus! Vu l'appel au recrutement je me dis simplement que je pourrais aider ici et dans un élan de franchise qui me caractérise, et sans vouloir vous manquer de respect monsieur, j'me dis aussi que vu votre réputation mon côté fantasque tellement déprécier par la commission n'éclipsera pas mes capacités dans le cadre de mes affectations ici..." Parce que bon, à un moment faut bien que j'en parle non? Pourquoi ici plutôt qu'ailleurs? Pour le capitaine pardi! Un mec qui a une réputation peut-être même pire que la mienne mais qui malgré tout est devenu capitaine? Quel genre de connard ne voudrait pas bosser sous les ordres d'un homme aussi admirable?
"Bien." commenta simplement Yuduar en souriant lorsque le soldat en face de lui daigna à se laissé tenter par un petit verre de vin chaud. Il ne comptais pas en dire plus et rester volontairement cryptique, un peu comme ces enfoirés qui répondent des trucs sommaires genre "je note" alors qu'en face on vient de leur déblatérer une dissertation orale. Oui il débectait ce genre d'attitude et pourtant il en faisait de même. Mais dans le cas de Yuduar son petit sourire en disait presque trop par rapport à son manque de parole flagrant. Bon joueur de carte qu'il était, il tenait à garder quelques atouts dans son manche plutôt que de révéler son jeu trop tôt.
Le profil de Rivolti lui plaisait, son dossier lui plaisait et jusque là le personnage lui plaisait. Par moment trop direct, par moment étrangement ampoulé, haut en couleur avec sa chemise ouverte en pleine saison froide, du genre à pas couper les cheveux en quatre. Mais le Capitaine n'étais pas si facile que ça à séduire: des soiffards fanfarons qui pensaient trouver une terre d'accueil chez lui, il en a eu son lot depuis la reformation de son Régiment. Hélas pour plus d'un la porte s'est refermée abruptement sur leur museau, sans crier gare. Yuduar était un adepte de l'adage du "Un temps pour tout" avec une fâcheuse tendance à flouter la frontière de l'un à l'autre selon ses envies du moment. Ses hommes pouvaient avoir la plus grande gueule possible, picoler comme un bataillon entier, s'endormir chaque soir dans un bordel différent si ça leur chante, par contre derrière ils étaient attendus au tournant sur le point boulot. Et si les résultats ne suivaient pas, si ça traine de la patte en entrainement le lendemain ou quoi, c'est avec un grand sourire que les brosses à dents étaient tendues pour récurer les latrines. Sommes toutes chacun fait ce qu'il lui plait quand ça lui plait dans l'ordre que ça lui plait tant que derrière il assume ses conneries et que le boulot fil droit sans en pâtir. Un concept finalement simpliste mais toujours complexe à exprimer clairement ou à appréhender pour les plus académiques des Gardes.
Aussi, lorsqu'il entendit le mot "Ambition" être prononcé, il ne pus se retenir de tiquer du coin de l'oeil en souriant de plus belle. Voila là un mot qui lui plaisait. Et Rivolti ne semblait pas enclin à en rester là, très vite arriva la suite de son explication personnelle. Une fois de plus il ne passa pas par quatre chemin. Plafond de verre au-dessus du nez, Commission sur le râble, voila qui pouvais largement expliquer son immobilisme professionnel au sein de la Garde. Sale histoire, trop souvent répétée au goût de Yuduar qui avait bien failli subir pareil traitement il y a quelques années de ça. Puis lorsque Valentino aborda la réputation du Capitaine lui-même, ce dernier ne pus s'empêcher de rire un bon coup, c'est qu'il en avait dans les chausses d'amener ça au démarrage lui!
"Ahahah, je vois que tu t'es renseigné avant de venir, c'est bien! Effectivement j'entretiens pas le grand amour avec nos pairs de la Commission même si il faut bien avouer que je suis souvent obligé d'arrondir les angles maintenant que j'ai plus de responsabilités. Bon en tout cas ça me plait bien ce que tu m'dis là! Par contre..." refermant le dossier devant lui, Yuduar s'accouda sur son bureau pour s'avancer un peu "J'imagine que tu n'es pas sans savoir que j'ai actuellement deux Lieutenants sous mes ordres, en la personne de Emeor Calyx et Thépa Prêth. Du coup, autant être franc, je ne pourrais pas te proposer de meilleur place à ce niveau." il tapota le dossier fermé devant lui "Ceci étant dit quand je vois tes états de service, force est de constater que le boulot est pour la plupart du temps rondement mené. Euphémisme volontaire. Les expériences sont là, les résultats aussi, mais j'ai d'autres questions: est-ce que tu te sentirais de mener une compagnie d'homme sous tes ordres? De pas nécessairement être celui qui exécute mais aussi celui qui fait exécuter? Ça collerait avec ta vision de l'ambition?"
Rivolti jouait carte sur table, il était temps pour Yuduar d'abattre quelques plis à son tour. Des profils de bon soldat il en avait, en a eu par le passé et en aurait d'autre au futur. Ce qu'il pouvait lui manquer par contre c'est des profils de meneur. Des gars fiables aux épaules sûres sur lesquelles il pourrait s'appuyer en cas de nécessité. Ne serait-ce aussi que pour soulager Emeor et Thépa qui avaient déjà fâcheuse tendance à démultiplier les fonctions pour entretenir le bon rythme du Régiment avec le Capitaine. Il était temps d'élargir la chaine de commandement. Et cela pouvait commencer avec des gars comme lui, quitte à régler les détails en cours de route.
Oh délicieux breuvage qui m'est proposé! Comment pourrais-je jamais me détourné de ton arôme et de ta saveur que je devine des plus délicieuses? Bon par contre j'vais passer sur la réaction du capitaine, celui qui pourrait sans doute aucun devenir mon supérieur dans les minutes à venir - si mon comportement ne me vaut pas un retour expresse à mes frais pour la capitale - me balance juste un "bien"... C'est que ça a un coté stressant cette merde! J'vois bien son sourire mais je sais qu'un sourire ça peut dire des trucs totalement différents dépendant de la situation! Du coup est-ce que je viens de faire une erreur monumentale ou est-ce que c'est vraiment bien? J'en sais rien mais j'm'en moque un peu pour être parfaitement sincère, j'vais pas commencer à faire des ronds de jambes juste pour plaire au capitaine c'est pas vraiment mon genre! Si je dois me faire gueuler dessus bah ça arrivera, si j'dois éplucher les patates pour tout le régiment bah filez moi un couteau! Dans tous les cas j'suis un produit finit non remboursable et non échangeable alors, si notre collaboration de subalterne et supérieur doit commencer, autant qu'il sache déjà avec quel genre de gus il va se retrouver! Je suis bien trop honnête pour m’inquiéter des conséquence de ma franchise!
C'est bien pour ça que je lui parle d'ambition et de sa réputation! N'importe quel connard peut venir ici pour dire qu'il veut être le parfait petit soldat qui va lui lécher les pompes toute la journée! Si c'est ce qu'il cherche bah pas de problème, je serai sans doute déçu mais j'ai l'habitude que mon comportement ne soit pas dans les standards recherché! Comprenons-nous bien, j'suis un bon soldat, j'vais jamais faire preuve d'insubordination et j'vais accomplir la tâche qu'on me donnera que ce soit de sauver un chat paumé dans un arbre ou de charger seul contre cent! Les ordres sont les ordres mais avant d'aller me suicider dans une charge héroïque, je manquerais pas de demander au capitaine s'il est certain parce que ça me semble d'être un plan de merde quand même! L'étiquette c'est bien mais parfois, faut aussi savoir remettre les mauvaises décisions en question et moi, c'est plutôt mon style! J'suis ambitieux, je ne cache pas que je vise bien plus haut qu'un post d'officier! J'ai pas la prétention d'arriver et d'imposer ma présence comme un possible bras droit mais, j'ai l'espoir qu'avec ce capitaine là, il y aura espace à la discussion et que je ne serai pas considéré comme un simple troufion tout juste bon à obéir aux ordres car, soyons honnête, je sais que je vaux bien plus que cela! Je suis Valentino Luce Rivolti et j'ai besoin d'espace pour briller!
Du coup, j'dois avouer que je suppose que c'est bon signe quand il se met à rire! Habituellement mes remarques, plus ou moins directe, sur la rigueur archaïque de ceux qui dirigent me valent au mieux des soupirs, au minimum des remontrances et au pire des corvées... Un rire, j'dois avouer que c'est une première et ça me plait doucement. Au passage je jette un œil au verre toujours vide, soit ma réponse sur ma motivation a été trop rapide soit c'était vraiment juste un test, un peu cruel, de la part du capitaine! Bah, au pire on trinquera plus tard quand il m'aura accepté parmi ses hommes parce que bon, comment pourrait-on ne pas vouloir de moi? C'est impossible ça! Je souris doucement, ouai j'me suis renseigné... J'ai aussi pas mal entendu de bruit de couloir puis j'ai Saori qui m'a conseillée de voir ce que ça pourrait donner! J'fais confiance à l'avis de la donzelle et si elle me conseille quelqu'un, c'est qu'elle sait que mon comportement sera pas forcément problématique! Après tout, c'est elle qui me connait le mieux! Arrondir les angles? Je comprends l'idée mais c'est encore un truc que j'ai du mal à faire, le capitaine est sans aucun doute meilleur que moi à ce niveau puis bon, avec les responsabilités viennent des obligations...
Pas de meilleure place au niveau hiérarchie ça c'était prévisible on va pas se mentir! Certes, j'peux pas dire que j'en sache tant que cela sur les deux lieutenants mais je sais qu'ils existent et j'ai pas réellement la prétention d'arriver avec mes grands souliers et de prendre leur place! Cependant, c'est pas juste une question de grade! C'est surtout la confiance qui me manque à la capitale! On est des militaires et même si on ne veut pas y penser, dans le cadre de notre devoir ça peut mal tourner! J'aurais aucune hésitation à risquer ma vie pour un de mes pairs, que ce soit un troufion, un officier ou un supérieur direct mais malgré cela parfois, certains perdent la vie dans le cadre de leur mission... À la capitale je sais que même si un supérieur vient à passer l'arme à gauche, sa place me sera hors d'atteinte! Si je peux au moins faire mes preuves, cette réalité n'en sera pas forcément une ici! Et d'ailleurs, le capitaine est plutôt directe pour le coup : mener une compagnie d'homme? Genre que mon grade d'officier soit pas juste un titre pour remplir un putain de quota? Mais par la sainte Lucy! Ce capitaine sait comment me susurrer des mots doux aux oreilles!
"Si cela collerait? Mais carrément! J'ai pas la prétention de prendre la place de quelqu'un qui a l'ancienneté, la place et le mérite! Enfin, sauf si je le mérite plus bien-entendu mais ça ce sera à voir en temps et en heure! Par contre Je suis né pour mener! Si on me dit que mon grade, jusque-là factice, d'officier signifiera véritablement quelque chose... Où est-ce que je signe?
C'est que c'est un sacré luron le Rivolti! Il semblait naturellement branché sur le même genre de fréquence que Yuduar, si ce n'est même en plus coloré que le Capitaine lui-même. Quoique quand il était Lieutenant, ou même avant, il devait être du même acabit. Il parlait fort, ne mâchait pas ses mots mais malgré tout gardait un certain professionnalisme bienvenu dans ses remarques, une bonne recette bien efficace. Un peu comme celle du vin chaud qui trône sur son bureau et dont il versa un verre à l'attention du soldat en face de lui.
"Parfait!" conclu Yuduar tant à l'attention du verre servi qu'a la précédente annonce de Valentino "Content de voir qu'on s'entend et qu'on parle visiblement le même langage, ça évitera de perdre du temps avec les détails et les formulations ampoulées de convenance." puis levant son verre devant lui "A la tienne Rivolti!" a peine trinqué, le Capitaine siffla la moitié de son godet de presque une traite pour ensuite claquer la langue de plaisir "Bon maintenant qu'on a terminé les préliminaires, passons au plat de résistance. Pas besoin de couper les cheveux en quatre, ton profil m'intéresse et ce que je vois là devant moi me plait. Sans arrières-pensées hein. T'as visiblement pas froid aux yeux pour ce qui est de parler fort et de se remonter les manches, ça peut paraitre basique et c'est pourtant des qualités qui se font rares. Sans parler des aveugles qui y voient plus des défauts qu'autre chose. Bref chez moi c'est pas le cas, j'ai besoin de gars capable de poser leur bourse sur la table pour que ça file droit parceque derrière j'ai pas que des enfants de choeur sous mes ordres. C'est pas que c'est de repris de justice ou quoi mais disons que certains tempérament sont vites explosifs, plus d'un ont de la bouteille et faut pas trop hésiter à leur rappeler dans quel sens ça roule. Des bons gars en vrai, tous autant qu'ils sont, une fois que le respect est installé et qu'ils pigent comment causer, quand l'ouvrir et quand la boucler. Surtout quand la boucler, enfin tu verras bien. A partir de là..."
Se penchant sur les dossiers devant lui, Yuduar en saisi un parmi tant d'autres pour le feuilleter hâtivement. Il en refit de même avec un autre, tiqua et en repris un troisième. Se gratta la barbe en fronçant du nez puis conclu sur une moue désabusée en refermant le tout.
"Voila mon offre: Major. Tu bosserais de concert avec le Lieutenant Calyx pour organiser le gros des troupes du Régiment. Emeor et toi, ma foi ça risque d'être chien et chat. Mais mon petit doigt me dit que vous aurez autant à apprendre l'un de l'autre. Il peut sembler classique et vieux jeu par moment, un peu trop vert à d'autres, mais il à ma confiance aveugle. Avec le bon équilibre votre tandem pourra facilement devenir la meilleure fondation des troupes du Régiment." marquant à nouveau une pause, le Capitaine, toujours souriant, scruta les réactions du borgnes à ses annonces "Tout cela sous réserve que les premiers mois se passent bien. Si jusque là tout semble bon, autant te dire que je serais aussi direct pour l'entrée que pour la sortie si jamais les résultats s'avèrent plus catastrophiques que prévu. Je part du principe que tu piges la logique, t'en es pas à ta première assignation visiblement. On est bons pour signer?"
Gardant son air rieur et avenant, la commissure de ses lèvre se plia d'amusement. Quelque chose lui disait que Rivolti ne marquerait aucune hésitation dans sa réponse à venir. Il n'avait pas l'air d'être le genre de gars qui doute de ses capacités, pour lui la réussite semblait tout à fait naturelle comme inscrite dans la suite logique des choses. Il allait peut-être déchanté par moment, selon qui il allait devoir se farcir certains jours. Mais ça l'avenir nous le dira.
Yuduar en son fort intérieur eu une pensée pour le feu Capitaine Lomar qui l'avait formé aux ficelles de la Capitainerie. L'art de faire confiance à son instinct sans jamais rien juger comme acquis ni gagné d'avance. Valentino avait tout de l'élément prometteur pour finaliser le parfait cocktail avec Emeor. Mais tout les bons points supposés pouvaient tout aussi bien devenir une suite de points noirs avec une finalité désastreuse. Prendre Rivolti et le coller avec Emeor était un pari aussi risqué que celui qu'il avait fait à l'époque quand il avait pris Emeor pour être son premier Lieutenant. Tout le monde l'avait traité de fou, pensant que le Lieutenant allait simplement rendre son tablier au bout de deux semaines et monter un dossier bien salé sur son Capitaine. Ou qu'il allait simplement refuser l'affectation. Et pourtant. De discussions en concessions, d'accords muets en ententes mutuelles, la réussite leur avait sourit et bien plus encore. Et si le scénario pouvait encore se répéter?
*Tant que je gagne je joue, n'est-ce pas?*
C'est définitif, je viens de trouver LE capitaine... Que dis-je? MON capitaine! Quand un haut gradé me dit qu'on ne va pas perdre de temps, qu'on va pouvoir jouer franc jeu et ne pas se faire des ronds de jambes jusqu'à n'en plus finir pour avoir finalement un "Mouai on verra" mais bien-sûr que je veux bosser avec ce mec! J'suis un homme de terrain, un homme d'action qui mâche pas ses mots et qui n'aime pas rester le dossier qu'on remet toujours en dessous de la pile alors forcément s'il me prend par les sentiments il a immédiatement gagné mon allégeance! En plus il finit par me le servir ce verre, c'est qu'à force de parler je commençais à avoir soif moi! Du coup je tringue avec lui et, vu que mon comportement un peu trop direct ne semble pas être un handicap ici, je m'envois une bonne rinçade directement dans le gosier. Bon j'exagère quand même pas, j'vais pas vider le verre d'un coup! Pas que je ne puisse pas mais, le capitaine m'affirmant que la recette est bonne faut bien que je goûte pour me faire mon propre avis non? Ce serait bien dommage d'avoir un seul verre et de même pas prendre le temps d'apprécier la concoction!
D'ailleurs, j'dois avouer qu'effectivement, la recette est bien bonne! Un goût chaleureux, juste ce qu'il faut d'épicé! J'regrette pas l'attente cependant, j'suis pas non plus ici pour boire et pour faire un rapport sur la saveur du pinot mais bel et bien pour discuter de ma venue au grand port et de ses modalités! Pour le coup, le capitaine fais preuve d'une sincérité que j'apprécie grandement : des gars capable de poser leurs bourses sur la table? On parle le même langage là! Ça fait plaisir de voir quelqu'un qui reconnait enfin qu'avoir une grande gueule c'est pas toujours un défaut! Bien-entendu faut savoir la fermer parfois, c'est quelques fois nécessaire de laisser le silence prendre sa place mais au moins ne pas toujours se faire gueuler dessus parce qu'on a haussé le ton! Bon, cela étant j'dois avouer que la fasse qu'il fait en regardant les dossiers devant lui est plutôt inquiétante, pas des enfants de chœur hein? Je souris bien malgré moi en entendant cela : du défi, des hommes à faire marcher droit, des gars à calmer et sans aucun doute autant de connards avec qui aller boire un godet ensuite! Pourquoi ais-je été si loin de cette ville pendant si longtemps exactement?
Major? Voilà un mot qui sonne bien, puis ça me rappel mes années à l'académie mine de rien! En collaboration direct avec l'un des deux lieutenant? Bon j'vais pas mentir sa manière de me décrire le personnage me fait un peu penser à mon frangin aîné! Pas forcément un bon départ cependant, si le capitaine qui semble plus me ressembler à moi qu'à Enzo m'affirme qu'il a une confiance aveugle en celui qui semble être le parfait premier de classe, je vais attendre de me faire une idée sur le lieutenant avant de partir en faisant une mauvaise tête! De toute façon, j'suis pas celui qui respecte le plus l'étiquette cependant, le grade c'est sacré! Selon moi on obtient ses gallons au mérite! Si il est lieutenant c'est forcément quelqu'un qui mérite mon respect! Bon, je promets pas de pas m'engueuler avec ni de pas me moquer gentiment s'il est un peu trop à cheval sur le règlement mais malgré cela, j'vais pas l'emmerder devant les hommes par exemple! L'étiquette non, le grade oui! Du coup, je souris doucement! Mon œil valide ne lâchant pas le capitaine, alors que je prends une nouvelle gorgée de mon verre.
Je ne peux m'empêcher de rire doucement en écoutant le reste de ses paroles, non pas que je me moque, loin de là, cependant pense-t-il réellement que je puisse dire non? Je suis certain que sa question n'est que rhétorique en réalité, impossible qu'il en soit autrement. Je me penche doucement vers l'avant, souriant en coin de cet air assuré et sûr de lui qui me défini particulièrement bien.
"Entre nous capitaine, si les résultats étaient catastrophiques, si il s'avérait que je ne fais pas le boulot comme il se doit, il n'y aurait aucunement besoin de me montrer la sortie! Je m'engage personnellement à foutre le camp si je ne suis pas à la hauteur de vos attentes! Cependant... Ne soyez pas pressé de me voir partir, je suis toujours à la hauteur des attentes! Major Rivolti, à vos ordre Capitaine!"
A l'entendre s'exprimer ainsi Yuduar ne pus réprimer un nouveau sourire en coin. C'est qu'il ne manquait pas de confiance le petit père, ça là-dessus c'est certain. Il allait en avoir besoin pour travailler avec Emeor cela dit, il y a de fortes chances que le second du Capitaine ne tolère pas aussi bien pareil caractère que son supérieur. Le Lieutenant devra s'assouplir et le Major quant à lui mettre de l'eau dans son vin, si l'alchimie fonctionne ce sera banco. En tout cas l'engagement de Valentino semblait clairement sans équivoque, prêt à raccrocher son tablier de lui-même si tel devait être le cas. Un point d'honneur des plus respectables.
"Plutôt sûr de toi hein? Bien, j'aime ça! Dans tout les cas si y'a un soucis on en parlera, soit tout les deux soit avec Emeor directement ou même tout les trois si nécessité il y à. Il a probablement perdu un peu l'habitude de déléguer mais souffler un coup lui fera le plus grand bien. Mais on est pas là hein donc pas besoin de mettre la charrue avant les bœufs. En attendant..." Yuduar se leva de sa chaise pour tendre une main ouverte à son vis-à-vis "Major Rivolti, Capitaine Al Rakija, bienvenue dans mon Régiment!" salua le Capitaine en bonne et due forme en lui décochant un grand sourire solaire "Je sais pas si t'as encore des affaires à transvaser de la Capitale jusqu'ici mais dans tout les cas t'aura des quartiers prêt à l'emploi dès ce soir, compte quelques heures, et je te laisse la fin de la semaine pour que tu puisses t'installer tranquillement et prendre tes marques. Si t'as des questions sur le Régiment ou quoi d'ailleurs c'est le moment. Côté tenue je te ferais livrer le minimum de service directement dans ta piaule puis si t'as besoin d'autre chose tu pourras directement allé voir les gars de l'intendance ou de l'armurerie. J'imagine bien que là t'es venue avec ce que t'avais sous la main et que t'es en repos ou quoi mais j'te rassure que je vais pas te laisser chemise ouverte comme un plagiste en pleine saison froide ahahah!" rigola t-il en pointant du doigt de haut en bas la chemise encore ouverte de Valentino devant lui.
C'était déjà presque un exploit que le soldat ne soit pas entrain de se cailler les meules. Peut-être que son pouvoir lui tenait chaud après tout, c'est pas comme si Yuduar s'était renseigné au préalable sur toutes les spécificités du scorpion. Une fois la poignée de main conclue et les modalités de mentionnées, le Capitaine pus se rasseoir avec l'air toujours aussi rieur, attendant de vois si à son tour Valentino avait de quelconques remarques ou questions concernant le Régiment qu'il venais de si rapidement rejoindre. En tout cas cet entretien était rafraichissant en comparaison de biens des autres. Yuduar s'était attendu à une énième grande gueule avec plus de forme que de fond mais il sentais quelque chose de bon chez Valentino, un profil dont il manquais dans ses rangs. Puis qu'il se soit trompé sur son paris ou non, la parole du désormais Major avait été engagée quant à ses résultats. Le reste ne dépendrait donc que de lui et de l'attente de voir ses états de service continuer dans la même ligne directrice que ses résultats passés.
Sûr de moi? Bien-entendu, pourquoi ne le serais-je pas après tout? Mon sourire toujours collé sur le visage je me rends compte qu'en fait, excepté mes états de services, les bruits de couloir et notre rencontre du jour, le capitaine doit pas souvent avoir entendu parlé de moi! Je suppose donc que mon côté que certains qualifient de narcissique - tout une bande de jaloux si vous voulez mon avis - n'est pas encore connu ici! Une bonne chose ou pas je ne sais pas, en réalité je suppose que si on me défini comme un narcissique il vaut mieux que cela ne se sache pas, les mecs qui se pensent meilleurs que l'ensemble du royaume sont rarement appréciés et cela est à juste titre! Mais ce n'est pas mon cas! J'ai rien d'un égocentrique qui pense être le meilleur, je SAIS que je suis le meilleur c'est totalement différent! J'ai aucune raison de douter de moi car on ne doute pas de la perfection après tout, je vais assurer comme je l'ai toujours fais surtout que, cette fois, on me donne réellement ma chance! Plutôt crever à la tâche que de décevoir la première personne qui accepte de me donner cette chance que je rêve d'avoir depuis toujours sans qu'on ne me l'offre jamais!
Je me lève donc en même temps que mon nouveau capitaine et serre cette main tendue telle une promesse d'un avenir de confiance dans lequel mes capacités seront véritablement évalués, appréciés et reconnues! Je ne pouvais pas demander plus que cela! Des questions sur le régiment? Sans aucun doute oui, plus d'ordre logistique qu'autre chose en fait : combien d'hommes je dois m'attendre à diriger, quelles sont les modalités concernant l'entraînement, qu'est-ce que je peux attendre du terrain? Parce que bon, le grade me plaît cependant si ça veut dire qu'on va m’enfermer dans un bureau pour jouer les grattes-papiers j'vais vite me sentir comme un lion en cage! Bon, je doute sincèrement que cela soit le cas, j'ai juste à regarder le capitaine pour me douter que j'aurais assez de liberté de mouvement du moment que je remplis mes rapport et cela, il n'y a aucun risque que je ne le fasse pas! L'organisation c'est important! Par contre, je dois avouer que je suis un peu surpris lorsqu'il parle de ma tenue! Je baisse les yeux pour suivre le mouvement de son doigt et relève sur lui un oeil circonspect... J'dois bien avouer que je pige pas trop ce qu'il me raconte là mais bon, je me réinstalle juste après lui - j'ai assez de respect pour savoir qu'on s'installe après le boss - et je termine mon verre parce que faut pas gaspiller un bon truc ainsi.
"Quelques question sans doute : combien d'homme compte le régiment? Quels sont les heures de lever et de couvre-feu s'il y en a un? Est-ce que l'on interagit parfois avec la fameuse unité des Valkyries? Concernant mon post plus précisément, j'espère que j'vais pas être foutu dans un bureau à me tourner les pouces et à gérer les dossiers que le lieutenant veut pas hein? J'en doute mais les bureaux et moi on est pas amis! J'ai besoin d'aller sur le terrain! De la même manière c'est sympa de me filer la fin de semaine mais c'est deux jours de trop! J'vais m'emmerder si j'participe pas au moins aux entraînements!"
Et ouai, on pourrait croire que j'ai limite oublier que je m'adressais au capitaine mais non, c'est juste que quand je dis ce que je pense bah, je dis ce que je pense! D'ailleurs il y a toujours un truc qui m'emmerde un peu donc, j'préfère lever directement le malentendu avec une petite plaisanterie de mon cru d'ailleurs!
"Et non j'suis pas venu en touriste! Pantalon et chemise ouverte c'est pas mal ma marque de fabrique donc, j'dirai que c'est ma tenue de "travail"... J'espère qu'il y a pas d'uniforme hein? J'ai pas vu la petite note dans le dépliant."
Et j'ris de bon coeur en regardant le capitaine, parce que bon... S'il me dit que je dois porter un uniforme j'vais vite déchanter... J'suis prêt à faire des sacrifices pour mon ambitions mais les petit justaucorps et chemise dans le pantalon très peu pour moi! J'me vois mal opéré de la sorte en vrai puis bon, un scorpion ça s'adapte pas mal au climat! Pour ça que ça survie dans le désert mais que ça peut se promener dans la neige également! Autrement dit, moi j'ai bon espoir de pouvoir garder ma liberté de mouvement et ne pas devoir faire trop de concession à ce niveau! Si faut que je change la matière de mon futal ou que je porte obligatoirement un calbute jaune à poids vert c'est gérable mais qu'on touche pas à ma chemise pitié!
Portant son entière attention au soldat en face de lui, il s'avéra que le nouvel arrivé Major Rivolti avait déjà plusieurs questions à éclaircir avant sa prise de fonction. Ce qui était à la fois normal et une bonne chose. Yuduar n'avait fait qu'effleurer les tenants et aboutissants de la charge qu'il lui proposait et il était monnaie courante dans la Garde que la charge de travail ne soit pas toujours identique surtout selon les Régiments intégrés. En tant qu'unité indépendante, la façon dont le tout était géré dépendait grandement du Capitaine en premier lieu puis de ses Lieutenants ensuite. Lomar par exemple était bien plus strict et vieux jeu, avec un protocole qui lui était propre et que chacun de ses gars devaient suivre à la lettre sous peine de se faire botter le train. Mais bon, avec du recul même un électron libre comme Yuduar avait sut s'y faire donc rien d'insurmontable en soit. En ce qui concerne le Capitaine Al Rakija justement, sa façon de fonctionner avec presque tendance à s'afficher en contre-courant des grandes lignes normalement conseillées par la Garde: il prenait le parti pris de faire une confiance presque aveugle en ses troupes. Certes il avait toujours les rapports pour consulter leurs activités et Emeor l'aidait très souvent à vérifier le moindre détail -car on ne sais jamais- mais Yuduar avait cette fâcheuse tendance à laisser beaucoup de champ de libre et de place aux initiatives personnelles de chacun afin que le moindre soldat puisse apporter sa pierre à l'édifice du Régiment. Par moment les résultats n'ont pas été ceux escomptés mais, a contrario, des hommes se sont illustrés par leurs idées inventives qui seraient normalement restées bridées sous la tutelle d'un autre supérieur plus strict et classique. Une gestion à double tranchant, qui ne plaisait pas à tout le monde mais au sein de laquelle le Capitaine lui se sentait le plus à l'aise. Chacun apprenait à prendre sa responsabilité à deux mains et à faire face à ses propres choix, de la simple patrouille de routine à l'opération la plus complexe.
"Alors... Je vais essayer de répondre à tout ça dans l'ordre! Dans le Régiment, en tout et pour tout, on doit être actuellement entre mille et mille deux-cents je dirais, j'ai pas le nombre exact sous les yeux mais ça doit être dans ces eaux là. Levé et couvre-feu y'en à pas à proprement dire, tout vas dépendre de tes affectations de la journée et de ton programme personnel. Par exemple si t'es pas de patrouille en début de matinée et que tu veux prendre l'entrainement de l'après-midi, tu peux t'autoriser une grasse mat' sans problème. Tant que, comme toujours, en bout de course les résultats sont là bien entendu. Tu pourras pas éternellement esquiver les patrouilles du matin, c'est possible de temps en temps mais faut pas abuser des bonnes choses. Même logique pour le couvre-feu. On essaye de faire gaffe à partir de vingt-trois heures à la louche, pas foutre le souk et empêcher de dormir les couche-tôt, mais sinon chacun gère en son âme et conscience. A partir du moment où vous êtes frais et opérationnel le lendemain matin, c'est pas vraiment mes oignons si vous avez dormis à peine deux ou trois heures, faut assumer derrière ahah!" il réfléchit un instant, certain d'avoir oublié un détail "Ah oui! Juste si tu découches, penser si possible à laisser une note à l'intendance. Qu'on sache à peu prêt où te chercher en cas de besoin!" un détail que lui-même oubliait trop souvent pour être honnête "Sinon ensuite... Oui ça peut arriver que les Valkyries et d'autres unités viennent à bosser ensemble, aucunes unités est murée derrière son propre fonctionnement avec aucuns liens avec les autres. C'est pas les plus communes collaborations mais c'est possible. Concernant ton poste ce sera à voir en équilibre avec Emeor je dirais mais le connaissant tu auras plus de terrain que de paperasse. Déjà parce que la gestion papier c'est son truc et il est un véritable génie en la matière, d'où le fait que le mettre en tandem avec un homme de terrain comme toi sera surement une bonne idée. Après voila il vas surement te demander de gratter des rapports ou de trier des demandes de temps en temps, ne serait-ce que pour vérifier qu'il puisse te faire confiance aussi bien sur le côté plus administratif de la chose que sur le côté action directe. Pour ce qui est des jours d'entrainements et jours de repos, tout se gère avec l'intendance et la logistique une fois de plus. Tout ce que je demande c'est quatre à cinq entrainements minimum à la semaine, côté repos même tarif vous pouvez avoir jusqu'à deux jours maximum dans la semaine, souvent les gars en prennes qu'un en organisant leurs créneaux entres eux. C'est à partir de trois et plus, genre les permissions ou période de relâche, où là y'a besoin de mon sceau sur la feuille mais souvent j'ai un brief des Lieutenants sur la dite demande et de là c'est oui ou merde, pour la faire courte." marquant une pause après c'est longue explication, Yuduar souffla un coup en souriant à Valentino "Ouais ça peut faire beaucoup d'un coup, hésites pas si tu veux des détails hein. Grosso modo je pense que tu l'aura compris mais beaucoup de choses sont décidés au libre-arbitre de chacun chez moi. C'est ce qui fait que beaucoup de cols blancs me colle l'étiquette de "laxiste" sur le râble. Moi j'y vois là l'occasion d'entrainer et d'observer l'autonomie et la gestion de chacun sur son hygiène de vie et de travail. Si on repère des tirs au flanc on leur colle des emplois du temps obligatoire bien épicés dans les pattes pour bonne mesure, à l'inverse il m'est déjà arrivé de mettre des gars en vacances forcées avant qu'ils me crament dans les pattes d'avoir trop bossés. L'équilibre se fait naturellement et chacun y trouve son compte, c'est l'essentiel j'ai envie de dire. Et au moins les gars ont l'impression d'avoir une parole qui est entendue quant à leurs choix, demandes et envies personnelles. Des troupes heureuses c'est des troupes efficaces selon moi, donc tout le monde fait sa tambouille en respectant le voisin et ainsi soit-il."
Désormais à peu prêt certain d'avoir fait le tour des questions de Valentino en rajoutant en plus quelques informations supplémentaires sur le pourquoi du comment de ces directions prises, Yuduar souffla à nouveau puis fit couler une nouvelle tournée de vin chaud dans leurs godets respectifs. Ce ne fut que lorsque Rivolti aborda le sujet de sa chemise ouverte que le Capitaine releva le nez vers le Major avec un sourcil froncé de surprise et un sourire blagueur d'incompréhension sous sa barbe.
"Ta marque de fabrique et ta tenue de travail? Tu veux dire que tu bosses comme ça là?" demanda t-il innocemment en repointant la chemise ouverte du doigt "Parceque oui, enfin non y'a pas d'uniforme en soit. Bon y'a les tenues de fonction, armures de service tout ça mais rien d'anormal ou d'ultra-strict comme on peut le voir à la Royale je veux dire. Encore une fois chacun est libre de se servir dans le stock. Tant que le minimum est respecté, insigne en vue et tenue un tant soit peu correcte, je suis pas à cheval sur les fringues. Mais bon, chemise ouverte, vraiment?" naturellement il rigola comme si cela n'était qu'une simple blague tout comme Valentino avait pus en rire précédemment. Yuduar n'était pas homme à tiquer facilement mais un Major d'Unité avec la chemise ouverte du matin au soir, même pour lui ça allait pouvoir difficilement se réaliser.
Ouai mes questions sont pas forcément celles auxquelles on pourrait s'attendre et pour cause, elle peuvent sans doute paraître quelque peu étranges non? Pourtant j'y vois de nombreuses informations utiles : le nombre d'unité tout d'abord... Entre mille et mille deux-cents! Sans savoir la répartition exacte au moins cela m'indique aussi avec combien de personne, plus ou moins, je risque de devoir m'affirmer! C'est con, j'me doute bien que les deux lieutenants tiennent ces gens là d'une main de maître mais moi, j'suis le petit nouveau qui se hisse directement à un post important! Ça a l'air de rien mais mes années de services ici on s'en torche littéralement le fion, les gens du grand port, autre que le capitaine, ils vont pas s'emmerder à lire mon dossier! Les lieutenants vont sans doute le faire, du moins je m'attends à ce qu'ils le fassent pour se faire une opinion - bonne ou mauvaise - sur moi. Par contre Jean-jacques, soldat du grand port depuis vingt ans, il s'en tape le coquillage de mon dossier! C'est ces gars là que j'vais devoir convaincre de ma légitimité pour le post et veut, veut pas, plus ils sont nombreux plus ce sera difficile! J'm'attends pas forcément à convaincre tout le monde, on peut pas plaire à tous - même si vu que c'est moi j'suis sans aucun doute celui qui a le plus de chance d'y parvenir - mais plus il y a de monde, plus c'est simple de convaincre en réalité! Dans un sens comme dans l'autre.
Le réveil et le couvre-feu, c'est plus une question de savoir à quoi m'attendre aussi mais surtout de pouvoir gérer le bousin! Dans les faits, s'il y en a pas vraiment c'est des emmerdes de moins pour ma gueule! J'ai pas l'intention de faire la bringue - enfin pas trop souvent - mais ça m'arrange si je dois pas jouer les surveillants avec une bande d'enfant de quarante balais qui veulent pas se pieuter à l'heure! Je sais parfaitement que j'vais souvent être le premier debout et le dernier couché mais savoir que j'vais pas devoir aller sonner le clairon dans toutes les chambres au lever du soleil, ça m'arrange sincèrement! J’arque un sourcil lorsqu'il parle de découcher et je me retiens de pas me marrer! À croire qu'il me connait déjà! Faut dire qu'avec toutes les belles sirènes du grand port Concernant les Valkyries j'vais pas mentir mon intérêt est double! Des femmes que l'on décrit comme aussi belles que dangereuses? J'pense pas vraiment avoir besoin de préciser mon premier centre d'intérêt les concernant! J'suis qu'un homme après tout, il est normal que je puisse éprouver un intérêt pour de belles choses! Le second point est bien plus concret par contre : je veux les voir sur le terrain, voir si leur réputation est méritée, mieux encore je veux les affronter pour estimer où je me situe! Je suis destiné à atteindre des sommets mais pour cela, le mieux n'est-il pas de se mesurer à l'élite?
Et concernant le fait de jouer les grattes papiers... Bah euh non, en fait j'ai pas réellement d'explication pour cela! J'suis juste pas le genre couillon qui reste enfermé! Faut pas déconner non plus! Je suis un homme de terrain et d'action moi, ça me pause aucun problème de taper un rapport après une mission ou juste pour rendre des comptes, après tout le boulot c'est le boulot, mais j'suis assez heureux d'apprendre que c'est plus le lieutenant qui s'amuse avec la paperasse! Bien-entendu s'il a besoin d'un coup de main ce sera avec plaisir - bon plus parce que c'est mon taf en vrai - j'suis capable d'être organisé et respectueux de l'étiquette quand c'est nécessaire même si c'est pas ma tasse de thé, mais dans l'ensemble j'préférerais sans aucun doute qu'on m'envoie affronter un Fenrir en un contre un à poil avec juste un couteau plutôt que de me laisser enfermer une journée complète dans un putain de bureau pour expliquer pourquoi Micheline a perdu son chat!
Bref, dans l'ensemble les réponses du capitaine me confortent plus encore dans mon choix - pas que ce fut nécessaire mais bon, c'est toujours rassurant - j'aime cette idée d'une certaine liberté qui s'accompagnent d'une prise de responsabilité dans le cas où on fait de la merde! C'est con mais c'est exactement ce que je cherchais! En plus il me rempli de nouveau mon verre! Non sérieusement cet homme est en train de gagner mon respect éternel! Enfin c'est le cas jusqu'à ce qu'il ne tique concernant ma chemise... J'l'écoute parce que bon, j'suis respectueux de mon supérieur quand même mais quand il se marre et qu'il fait questionne si j'suis réellement toujours ainsi vêtu, j'prends une gorgée de mon vin et j'hausse doucement les épaules. Pas par manque de respect mais simplement comme une preuve qu'en réalité, je suis assez à l'aise pour lui parler simplement.
"Ouai vraiment... J'dois avouer que j'aime être libre de mes mouvements! On va pas se mentir, une chemise fermée c'est un peu casse burnes non? Ça donne l'impression d'être enfermé! Moi personnellement j'me sens pas à l'aise et qu'on me dise pas de mettre un t-shirt c'est encore pire! Le tissu qui colle à la peau là... Mais vous inquiétez pas hein, même s'il fait chaud je tombe jamais la chemise en service!" Et je ris de bon cœur, prouvant que visiblement - selon moi du moins - y a pas de quoi en faire tout un foin! J'suis chemise ouverte pas à poils quand même donc bon, ça va pas poser de soucis n'est-ce pas?
"Hmhmm..." répondit simplement Yuduar face à l'explication de Valentino concernant sa chemise. Ne sachant pas réellement par où commencer pour amener son prochain point, sa senestre monta naturellement jusqu'à son visage pour lui gratter la barbe tandis que sa langue piaffait sans piper mot pour le moment. Puis "Ouais d'accord, je vois ce que tu veux dire, a peu prêt en tout cas." de la barbe il se passa un doit sur la tempe puis se frotta le front en recentrant ses idées du mieux de son possible "Je suis entrain de réfléchir au truc mais... Ouais nan ça vas pas le faire je pense."
Lâchant ça comme ça il ne pus s'empêcher de sourire en regardant Valentino. Clairement cela pouvait sonner comme un pavé dans la marre alors que jusque là l'ambiance entre les deux soldats était au beau fixe mais parallèlement à son annonce l'attitude du Capitaine restait étonnamment ouverte et détendue. Il en profita d'ailleurs pour se couler deux gorgées de vin chaud avant de reprendre là où il venait de s'arrêter.
"Je peux comprendre que la chemise fermée, surtout quand t'as pas l'habitude, ça peut gêner un peu. Clairement j'ai l'habitude de me balader torse poil quand je peux, à la fraiche en repos, quand j'ai de comptes à rendre à personne en gros. Mais en service, hm... Disons que c'est autre chose." se rabattant vers l'avant, comme si il allait aborder un sujet des plus sérieux, Yuduar se posa coude sur la table en joignant les mains devant lui "En vrai ça m'étonne presque que personne t'ai cassé les bonbons sur le sujet quand t'étais à la Capitale. Peut-être qu'ils avaient lâchés l'affaire à la longue c'est pour ça qu'ils s'emmerdaient pas à mettre ton dossier en haut de la pile pour les promotions. 'Fin ceci expliquerais partiellement cela en tout cas. A vouloir éviter l'affrontement pour sauvegarder les apparences au final ça n'as servi personne leur truc, je les reconnais bien là. Bref! Par contre chez moi la politique est différente, j'imagine bien que tu l'as remarqué depuis tout à l'heure qu'on discute. Et du coup la chemise ouverte et débraillée en service ça vas coincer. Surtout pour un poste d'autorité en soit. 'Fin j'vais m'expliquer..."
Soupirant un grand coup, gardant toujours le sourire malgré tout, Yuduar fit mine de ranger quelque peu les papiers et autres dossiers devant lui, comme si l'organisation temporaire de son esprit devait machinalement s'accompagner avec du rangement plus concret devant lui.
"Par où commencer... Je tiens vraiment à ce qu'on se comprenne parceque, en toute honnêteté, ça me ferait chier qu'on ai un désaccord sur un truc aussi bénin. Enfin bénin pour moi, je vois bien que pour toi ça te tient plus à coeur." entama Yuduar avec toute la bienveillance du monde dans le regard "Bref. Le truc c'est que, comme dit plus tôt, j'aimerais que tu nous rejoigne en tant que Major directement. Ce qui veut dire que tu vas devoir diriger des gars, par moment en solo et à d'autres moments en équipe avec le Lieutenant Calyx." rigolant dans sa barbe en pensant à Emeor, il ne pus s'empêcher de rajouter "Bon déjà lui si t'as la chemise ouverte il vas me poser un véto mais ça c'est encore autre chose. Revenons à nos bouctons." il se racla la gorge puis repris "Qui dit Major dit certaines responsabilités, tu t'en doutes bien aussi t'es pas engagé de la dernière pluie. Les gars ici, pour la plupart en tout cas, ils te connaissent pas, je pense que ça aussi t'en est conscient sans soucis. T'imagines qu'un mec sensé leur donner des ordres qui se pointe la chemise ouverte façon camp de vacances déjà sur le tableau ça donne pas franchement le meilleur message. En plus si je l'autorise pour un supérieur ça veut dire que c'est autorisé pour tout le monde, si je l'autorise pour tout le monde il faudra pas plus d'une semaine ou deux avant que le Bastion devienne le symbole de la mauvaise tenue. Et ni une ni deux on aura les officiels dans les pattes. Bon ça c'est un peu scénario catastrophe hein, on en est pas là non plus." une gorgée, deux gorgée, claquement de lange satisfait, ouverture de l'acte deux "Là où je veux en venir avec tout ça c'est qu'un Major, tout comme un Lieutenant, c'est sensé montrer l'exemple aux gadjo en dessous. Montrer l'exemple c'est tant dans l'attitude que dans le travail et aussi dans la tenue. Par exemple moi ça me plait pas tout les jours de me fringuer en étant tiré par quatre épingle et c'est avec plaisir que je troquerais certaines tenues pour un pantalon court et une paire d'espadrilles mais je peux pas toujours me l'autoriser. En quelque sorte ça vas de paire avec la fonction. C'est pour ça que la chemise ouverte comme ça en service ça vas pas le faire. J'irais pas jusqu'à dire que je te force à la boutonner jusqu'au menton ou à ce que t'enfiles un uniforme plus conforme ou quoi, mais est-ce que tu penses qu'on peut trouver un juste milieu là-dedans?"
La question, tout comme le discours, était honnête, ouverte et formulée avec l'espoir de trouver un terrain d'entente neutre sur cette question de chemise. D'ailleurs le fait de repenser à ce "problème" le fit légèrement rire à nouveau. C'est tout de même pas anodin de trouver un tel profil, de voir que tout colle assez rapidement, d'avoir directement une bonne sensation de projection vers un avenir radieux pour le Régiment et de terminer tout ça en tiquant sur un simple cas de vêtement sorti de nul part. Enfin bref, au final cette petite épreuve allait pouvoir montrer une autre facette de l'éventuel futur Major Rivolti: si jusque là les deux hommes s'étaient naturellement bien entendus, le Capitaine allait pouvoir observer les réactions de son possible subordonné dans le cadre d'un sujet où leurs avis divergent. En espérant que la finalité de cette discussion ne se soldera pas par une rétrogradation de Major à simple Soldat de Compagnie. Car clairement le potentiel de Valentino n'avait rien d'un simple troufion.
Ça va pas le faire? Comment ça ça va pas le faire? Mon explication est parfaitement logique, je prône l'efficacité avant l'apparence et cela me semble parfaitement logique et justifiable! Du coup, quand il termine son début de dialogue de la sorte je reste un peu surpris... Il s'avance et j'vois bien qu'il est pas d'une humeur courroucée ou un truc du genre alors, naturellement, j'le laisse parler - puis bon c'est mon supérieur et j'suis peut-être une grande gueule mais j'suis pas un connard au point de couper mon capitaine non plus! Le grade ça se respecte - du coup je l'écoute simplement pour voir ce qui ne va pas le faire exactement avec ma chemise ouverte sur mon torse musculeux. De fait, j'imagine bien qu'il doit aussi préféré le confort d'une tenue légère et agréable à la contrainte d'un uniforme, je peux sans aucun doute comprendre qu'en service les choses soient légèrement différente mais pour moi aussi en fait! J'veux dire au moins j'ai un pantalon et je garde la chemise! Soyons honnête je suis le genre de mec qui se promènerait en maillot toute la journée sans aucun problème personnellement - surtout une fois au grand port - donc chemise ouverte ça me semble pas si excessif non? Mais bon ne répondons pas immédiatement, il a encore des choses à dire! Son regard ne trompe pas et puis, il semblerait que l'on rentre dans une conversation bien plus sérieuse qu'escompté et tout cela à propos d'une chemise quand même!
Ouai, c'est vrai que j'suis aussi surpris que lui pour le coup! Personne ne m'emmerdait à la capitale malgré les idées préconçues débiles de mes supérieurs sur place! Du coup, j'suis au moins autant surpris que lui maintenant que j'y pense! Surtout que je ne m'attendais pas à ce que ce qui était naturel avant ne devienne un problème ici! Par contre j'imagine que son explication à cela est logique! J'vois bien ces empaffés vouloir éviter le conflit et juste me refuser toutes responsabilité plutôt qu'avoir une minuscule discussion! Pour le coup, c'est effectivement bien différent ici et c'est agréable encore une fois! Après tout - exactement comme ma chemise - j'suis pas fermé! J'pourrais probablement entendre raison si les arguments sont valables mais pour cela faut aussi que ce soit logique! J'suis pas le genre de connard qui vais m'obstiner pendant deux heures si j'ai raison mais si le simple argument c'est "c'est un ordre" j'vais forcément faire valoir mon droit d'ouvrir ma grande gueule pour stipuler à quel point c'est de la merde! Cependant, je doute de devoir en arriver là! Vu la bienveillance du mec me faisant face j'imagine bien qu'il réfléchit grandement à son point avant de l’énoncer et j'en profite d'ailleurs pour boire un coup! C'est que toute cette parlotte ça vous assèche une gorge même si c'est pas moi qui fait usage de mes cordes vocales en ce moment.
Je souris doucement, petit rictus plus qu'autre chose, lorsqu'il commence la discussion. Un supérieur qui commence en expliquant clairement que le "conflit" l'emmerde et qui n'hurle pas ses ordres comme un vrai trou du cul? Assez rare pour être appréciable en fait! Le genre d'homme avec lequel je peux sans aucun doute m'entendre convenablement. Un petit rappel - pas forcément nécessaire pour ma mémoire mais sans doute pour l'argumentaire - du poste que j'occuperai et une remarque sur les réactions potentielles de mon supérieur directe qui me fait doucement ricaner. Encore une fois je ne me moque pas, juste que vu comme il m'a décrit le lieutenant plus tôt, j'imagine assez bien ce mec comme du genre à s'offusquer s'il voit un millimètre de ma peau sous mon uniforme en fait! Et enfin, on entre dans le vif du sujet, les véritables explications du pourquoi du comment et j'dois avouer que pour le coup, je ne pipe mot et j'écoute sincèrement le capitaine... Il a tout de même quelques arguments contre lesquels il est difficile de revenir! J'comprends l'idée générale, certes il y a toujours la bonne vieille technique du "faites ce que je dis pas ce que je fais" cette formulation bien souvent utiliser par les supérieurs l'air de dire "ta gueule moi j'suis gradé donc je peux" mais soyons honnêtes : ça marche moins quand le supérieur est un petit nouveau et puis, j'suis le genre de type à aller lever le coude avec les autres - qu'ils soient mes supérieurs ou mes subalternes - ça marche pas trop avec l'idée du mec qui va se faire mal voir parce qu'il prend des libertés que les autres n'ont pas! Du coup un bon point pour le capitaine : effectivement si j'ai le droit faudrait aussi que tout le monde l'ait! Personnellement j'vois pas trop le problème mais j'imagine assez aisément comment cela pourrait déborder.
J'm'enfonce dans la chaise, joignant mes mains ensembles et visiblement je réfléchis! Difficile de dire que le capitaine n'a pas de solides arguments sans faire preuve d'une mauvaise foi incroyable! Fort heureusement, j'suis plus du genre connard beaucoup trop sincère que mec orgueilleux - je le suis mais moins que sincère - qui va trouver toutes les couilles possibles pour avoir raison! Du coup j'pousse un profond soupire en fermant mon oeil valide et en ravalant ma fierté pour le moment. Au moins, il n'a pas terminé sur un ordre indirecte du genre à prendre ou à laissé, je réfléchis un instant avant d'hausser les épaules en laissant passé un petit "Meh..." qui sonne clairement résolu. Bon ce sera pas ma seule réponse cependant mais disons que c'est sans aucun doute la conclusion de mon débat interne pour voir comment je traitais cette information nouvelle : pas de chemise ouverte.
"J'vais pas dire que ça me plaise, c'est un changement drastique pour moi cependant, j'comprends bien le problème! C'est sûr que c'est chiant et que ça va me demander un temps d'adaptation mais j'suis pas assez con pour me battre avec mon capitaine juste pour garder un tissu ouvert - par contre j'hésiterai pas sur des sujets plus importants - cependant... J'rebondis directement sur la proposition faite parce que bon, tant qu'à faire si j'peux éviter d'avoir l'air d'un de ces coincés de la commission ça m'arrange... Un juste milieu? Genre quoi j'ferme un bouton sur deux histoire de laisser l'aération se faire?" Et j'ris doucement trouvant visiblement cette idée bien marrante mais un peu con aussi.
Voyant Valentino se ramasser dans son siège avec une moue légèrement contrite, Yuduar estima que ses arguments avancés avaient dut faire raisonner les cloches de la raison chez le futur potentiel Major de son Régiment. Cela fit que de son côté il ne pus retenir un petit souffle de soulagement, il craignait qu'offusqué le soldat monte immédiatement au créneau. Mais la prise de parole du borgne fut tout aussi rationnelle que la discussion précédente du Capitaine. Une fois de plus les deux hommes étaient sur la même longueur d'onde et ce malgré les différences qui les séparaient temporairement.
"Ah déjà je suis heureux que tu le prennes comme ça et qu'on se comprenne! Après pour ce qui est des détails..." Yuduar se détendit légèrement puis s'adossa dans son fauteuil avec un air songeur. Il en profita de fait pour arrondir leurs verres qui avaient déjà souffert de quelques généreuses lampées de part et d'autres "Un seul bouton serait surement trop peu. Un sur deux l'idée est pas mal mais en vrai... t'aurais l'air d'un clown ce qui serais pas mieux comme résultat ahah! Sans offense hein! Nan je pensais à un truc plus entre deux... Quelques boutons seulement, la moitié par exemple. Ouais disons cela tient, les trois boutons du bas comme ça l'estomac est couvert puis ça fait juste "très ouvert sur le torse". Juste trois boutons, ça te semble acceptable?"
Relevant le nez vers Valentino, les sourcils levés de l'intérêt à la réponse de sa proposition, le Capitaine maintint ce petit sourire en coin qui lui était propre. Trois boutons, cela pouvait sembler peu mais aux yeux du gradé ce serais suffisant pour rentrer dans la logique de l'acceptable. Il s'agissait là de créer une concession tacite entre les deux partis concernés, de trouver une issue où les deux hommes pourraient se retrouver en accord à mi-chemin. Fils de commerçant lui-même, Yuduar avait toujours eu un penchant très prononcé pour l'art de la négociation. Un trait utile en quasi toutes circonstances.
Alors certes le fait d'avoir un Major avec la majeure partie de la chemise ouverte allait surement faire râler par-ci par-là. Emeor par exemple, pour ne citer que lui. Quelques envoyés de la Commission aussi, notamment ceux qui allaient devoir séjourner au Bastion pour valider administrativement parlant les nominations et promotions faites par le Capitaine Al Rakija. Mais face à ce genre de détail Yuduar était déjà entrain d'imaginer diverses parades. Une simple justification par le don de Rivolti, sa nécessité de devoir laisser sa peau respirer et que malgré tout il faisait l'effort d'afficher une tenue au maximum correct malgré sa condition. Oui, avec seulement trois boutons d'accordés, le Capitaine se sentait confiant pour faire face aux hordes de fouilles-merdes qui allaient pouvoir se pointer derrière.
J'trouve ça marrant que le capitaine se dise heureux en réalité, non pas que ce soit spécialement surprenant juste que, bah c'est lui le big boss quand même! Dans les faits il aurait juste pu m'envoyer paître ailleurs et me mettre devant cela comme un fait établi : du genre ta gueule c'est un ordre! Le fait qu'il se soit retrouvé un peu tendu en attente de ma réaction m'en dit beaucoup - comme tout le reste de cette rencontre en fait - à propos du capitaine. Il semble réellement tenter de faire la part des choses et de ne pas traiter ses hommes comme un chef tyrannique mais bien comme un leader! Autrement dit, le genre de mec pour lequel je suis prêt à faire des sacrifices tout en lui gueulant : "OUI MON CAPITAINE!" du coup, j'me dis qu'accepter cette requête et discuter tranquillement avec lui de ce qui pourrait être un compromis acceptable est sans aucun doute la meilleure chose à faire! Et puis, j'ai attendu assez longtemps qu'on reconnaisse mon mérite et qu'on m'offre un post à la hauteur de mes attentes pour ne pas tout foutre en l'air pour une histoire de chemise et de torse exposé! Il y a des combats plus importants dans la vie d'un homme!
Du coup, je l'écoute après tout, c'est lui qui fait les offres et moi qui les accepte ou non! Dans le pire des cas, je pourrais toujours juste changer de fringues et trouver un truc qui ne nous obligera pas à débattre pendant trop longtemps genre une blouse sans manche ou un truc du genre... Un seul bouton trop peu? Même pas besoin d'intervenir là-dessus, après tout si c'est pour en ferme un seul, autant ne rien fermer et je prendrai limite une offre pareille comme une mauvaise plaisanterie on ne va pas se mentir! Un bouton sur deux? Aucune offense prise! J'suis assez d'accord, j'aurais juste l'air d'un con! C'est d'ailleurs pour cela que j'ai éclaté de rire précédemment en "proposant" cette idée! J'veux pas avoir l'air d'un connard incapable de boutonner une chemise, faudrait être sacrément attardé pour pas savoir faire ses boutons correctement quand même! Définitivement pas pour moi... J'veux quand même garder mon charisme et ma classe légendaire on va pas se mentir, le contraire serait dommage! C'est alors qu'il propose une idée, pas forcément une bonne - pas plus qu'une mauvaise - mais une idée tout de même : quelques boutons! Trois en fait, assez pour cacher mes abdominaux mais pas trop pour ne pas m'empêcher d'afficher mes pectoraux... Bon c'est un peu chiant mais c'est un sacrifice nécessaire alors, autant le prendre en riant non?
"Trois boutons donc? Ma foi, c'est mieux que tous et si ça me laisse les mouvements d'épaules - et de pectoraux - libres, j'vais pas me plaindre! On a donc un accord capitaine! Trois boutons ouverts maximum pour montrer l'exemple!"
Et je ris doucement en levant mon verre! Tu parles d'un exemple, cependant si le capitaine pense pouvoir s'en arranger, j'vais pas le contredire, temps que je ne suis pas obligé de fermer ma chemise jusqu'à m'étrangler avec le col ça me va après tout, pour le reste je laisse le chef gérer! Je suppose que de toute manière, si mes résultats sont au rendez-vous, ce ne sera pas le point le plus compliqué à justifier, ma tenue importera sans doute peu si je fais mon boulot correctement et à ce niveau, je ne comptes pas le décevoir! Puisqu'il me fait confiance, j'comptes faire en sorte que ce soit justifié. On trinque une nouvelle fois et après quelques menus détails, je sors du bureau fort de ma nouvelle affectation...
Je frappe à la porte et j'attends que la voix du capitaine se fasse entendre avant d'ouvrir pour pénétrer dans la pièce. Je ne sais pas réellement pourquoi le capitaine désire me voir mais, en bon soldat que je suis, je fais juste un pas ou deux avant de m'immobiliser et de saluer le capitaine à la manière du parfait militaire. J'vais pas dire que cela à totalement changé par rapport à ma première visite dans ce bureau si ce n'est que la saison n'est pas la même et que ma chemise n'est pas totalement ouverte.
"Major Rivolti au rapport! Vous vouliez me voir capitaine?"
J'avoue ne pas savoir de quoi il peut bien être question, je m'attends pas à grand chose en réalité! Peut-être une nouvelle assignation ou bien la commission qui chiale encore sur certaines de mes méthodes? Ils trouvent toujours un moyen de se plaindre même si les résultats sont là! Après tout, je crois qu'ils n'apprécient pas le fait que je sois Major même si j'ai gagné la confiance et le respect de mes hommes et que le boulot est bien fait! J'm'attends à une remarque comme il y en a parfois du genre : ouai ils chialent encore donc je te le dis mais bon, on s'en fou en vrai... Pourtant, c'est étrange je ne me souviens pas avoir vu le capitaine si sérieux. J'espère que j'ai rien fais de grave ou de décevant, honnêtement je n'arrive pas à me souvenir de quoi que ce soit qui pourrait être le cas... Aux dernières nouvelle j'ai réglé un problème au temple avec Khalie et je pense ne pas avoir manqué de détails dans le rapport donc, tout devrait être correcte mais sait-on jamais? C'est vrai que la noble qui nous avait confié l'affaire semblait ne pas apprécier mon look mais je doute que cela tracasse spécialement le capitaine! Quoi qu'il en soit, j'attends juste son signal pour fermer la porte et voir ce dont il en retourne.
"Trois boutons, adjugés vendus!" clama Yuduar en levant son verre pour trinquer avec Valentino "Voila qui clos donc notre accord. Major Rivolti bienvenue au Bastion de la Garnison Sud, chez le Régiment Al Rakija!" et sans plus de longueur il en vida son verre d'une traite pour le reposer bruyamment sur la table "Pour le reste comme je t'ai dit tu seras accompagné pour visiter les locaux et prendre tes quartiers, je passerais te voir un coup dans les jours à venir juste pour m'assurer que tout roule avant ta mise en service et la présentation à tes futurs escouades et tout le tralala, en attendant..."
Yuduar s'équipa de la cruche et en refit une tournée des verres, clôturant pour de bon les restes de vins chaud qui trainaient encore au fond. Le gaillard avait l'air d'avoir une belle descente donc il n'allait surement pas dire non de toute manière. Voila qui profilait de sacrés apéros post-patrouille en tout cas! Intérieurement le Capitaine était content qu'ils aient trouvés un terrain d'entente sur la tenue du Major. Il aurais pus lui tenir tête qu'il n'aurait pas lâché l'affaire en soit mais cela aurait été un gâchis monumental pour le Régiment en seule finalité. Mais voila que trois boutons suffirent à régler ce banal différent entres eux, une simple règle tacite d'un homme à l'autre, un commun accord qui ne nécessitait aucun papier à signer, juste une bonne poignée de main et deux gobelets qui trinquent. Qu'on se le dise, à l'échelle de l'histoire du Royaume tout entier, Yuduar était intimement persuadé que tout les meilleurs accords jamais fait s'étaient déroulés dans de pareilles circonstances avec des engagements similaires. Une parole, un acte, une confiance. Voila exactement le genre de relation qu'il tenait à entretenir avec ses troupes. Et en ce jour le Capitaine Al Rakija venait fièrement d'ajouter une nouvelle tête de gondole de cet acabit pour mener ses gars dans ce qu'il pense être là bonne direction.
La bonne direction...
Avait-il toujours sut la choisir à travers les mois qui s'étaient déroulés depuis? Face aux épreuves qui étaient venus s'échouer sur les berges du Régiment. Il aimerais se dire que oui, en être intimement persuadé et pourtant. Pourtant il y avait des morts à déplorer, des choix à faire, des sacrifices à céder. L'art de faire le bons choix quand aucunes des alternatives n'est envieuse. Emeor avait sut s'affirmer comme un élément stable de par sa droiture légendaire, il avait réussi à maintenir le tempo du Régiment durant les absences de Yuduar autour sa gestion de la Cité Enfouie. Valentino à ses côtés s'était démontré un élément tout aussi capital dans la bonne tenue des hommes de terrain. Mais peut-être avait-il en parallèle mis trop de pression sur les missions à répétitions des Valkyries. Thépa qui d'ordinaire était un héraut de presque perfection avait commencé à montrer des signes de fatigue. Une fatigue qui ne fit que créer une fracture d'autant plus grande lorsque la mort de Riley passa les portes du Bastion pour venir ternir l'ambiance normalement ensoleillée des soldats présents. Et si tout cela n'était qu'une finalité de mauvais choix opérés par le commandement du Capitaine? Il ne pouvait certes pas se blâmer pour tout les maux de ses hommes mais tout de même... Riley. Lui qui l'avait entrainée personnellement à plusieurs reprises, avec qui il avait échangé des rires et des moments plus humains. Morte. Thépa dans tout ça, brisée. Malgré son entêtement, forcée d'être mise à pied pour le bien commun.
La bonne direction. Qu'elle était elle désormais?
"Ah, Valentino! Installe-toi." se retournant vers le Major pour lui montrer l'un des sièges devant son bureau, Yuduar resta debout légèrement en retrait prêt de sa fenêtre "Merci d'avoir répondu présent, j'ai pas regardé tes assignations pour la journée au moment où je t'ai envoyé Attok donc c'était un peu au petit bonheur la chance tout ça. Bref." il ne savais pas réellement par où commencer cet entrevue prévue à l'improviste. Papiers de la Commission toujours en main, il se devait de briser le silence installé pour ne pas que le Major puisse penser que son anormal sérieux soit dirigée contre l'une de ses actions "Ouais j'ai reçu du courrier de la Commission ces derniers temps." dit-il en montrant les feuillets "Rien qui te concerne je te rassure. Enfin, pas directement en tout cas." s'avançant de quelques pas, il pris appui sur le dossier de son siège en restant debout derrière "J'imagine que je ne t'apprend rien en te disant qu'en ce moment c'est un peu compliqué pour nous. Notamment côté Valkyrie, t'as dut en entendre parler peut-être? Bref, il vas y avoir du mouvement, pas du genre plaisant, et des choix à faire en conséquence." il se racla la gorge et eu un petit rictus contrit qu'il tâcha de transformer en sourire discret à la mention de ces choix à faire "Ce qui nous amène à notre petite discussion là. Je sais pas ce que t'as prévu pour les prochains mois mais là où je veux en venir c'est de savoir si je peux compter sur toi pour ce qui est de se relever les manches afin de mettre les bouchées doubles? Parce qu'on risque de se faire coller la pression et j'en connais une paire qui vont pas se priver pour en profiter de ternir notre blason."
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il était d'abord primordial de s'assurer de la motivation de celui qui allait potentiellement devenir l'un des principaux intéressés de ce remaniement. Yuduar avait très peu de doute en ce qui concernait l'engagement de Valentino, surtout présenté sous les formes d'un challenge à relever. Mais on ne sais jamais, il ne pouvais se permettre d'abattre ses cartes trop vites et de souffrir d'un nouveau contre-temps. Pas avec la Commission qui faisait monter les enjeux si rapidement en parallèle.
Le capitaine me fait signe de m'installer et forcément, je m’exécute même si je ne peux nier ne pas forcément apprécier cela! Le fait d'être le seul à m'installer, l'air sérieux de mon supérieur, l'air chargé dans cet atmosphère pesante... On va pas se mentir, c'est pas une ambiance festive cette fois et j'peux pas forcément dire que j'ignore pourquoi sans non plus pouvoir dire que je comprends parfaitement tout! J'pense que c'est ça au fond le plus dérangeant dans les faits, ne pas être certain de ce qu'il se trame exactement... Il me remercie d'être présent et j'souris doucement en coin, on va pas se mentir, je serai un sérieux couillon si j'étais pas capable de dégager un peu de temps pour le capitaine! Après tout, je dois beaucoup à cet homme qui m'a permit de prouver ma valeur et j'ai énormément de respect pour lui! C'est évident que s'il demande à me voir, j'vais me décarcasser pour faire mon boulot et le rencontrer immédiatement après! Y a pas vraiment besoin de remerciement, c'est pas comme si j'avais dû faire le moindre effort cependant, je n'en dis rien! Un simple mouvement de tête entendu alors que j'attends patiemment. Il ne sait toujours pas assit et je sens que la conversation va sans doute être sérieuse quelle qu'elle soit.
Naturellement, quand il parle de la commission j'ai un léger soupire qui passe mes lèvres. Pas besoin de le cacher, le capitaine sait parfaitement que j'ai pas spécialement d'affection pour les cols blancs, des mecs qui vont pratiquement jamais sur le terrain mais qui juge les gars "en uniforme" ça m'a toujours gonflé et c'est un secret pour personne pour le plus grand déplaisir d'Emeor qui me demande parfois de surveiller mon langage lorsque je parle de ces-derniers... Heureusement, je ne semble pas être dans les petits papiers de nos chers amis selon les dires du capitaine mais du coup, je me questionne plus encore sur ce qui nous amène exactement à cette rencontre! Si les mots d'affection reçus de la commission ne sont pas à mon intention, quel est le soucis? Un de mes subalternes? Quelqu'un qu'il faudrait que je recadre? J'espère que c'est pas la mère de Khalie qui use de son influence pour emmerder Sunny suite à cette soirée chez les nobles! Après tout c'est passé depuis un petit moment quand même... Mais non, naturellement les choses deviennent plus claires - d'une certaine façon - lorsqu'il parle des Valkyries et j'hoche la tête en signe de compréhension - au moins minime - sur le sujet.
J'suis pas au courant de tous les détails bien-entendu, juste de ce que Solveig a partagé avec moi! Après tout, j'ai promis à mon ami d'être là pour la soutenir alors forcément, elle m'a un peu parlé suite à ce qu'il est arrivé : la mort de Riley, la dépression du lieutenant Prêth... J'connaissais pas réellement la valkyrie en question, jamais eu la chance de la rencontrer malheureusement mais cela n'empêche que ça restait une soeur d'arme, sa mort a laissé un froid dans le régiment ce qui est normal, plus encore chez le lieutenant d'après ce que Sol' a pu me dire sans entrer dans les détails! J'ai pas réellement demandé en fait, j'voulais la soutenir pas en ajouter à la situation déjà merdique! Bref... Du mouvement et des choix? J'ai encore du mal à vraiment comprendre ce que je viens faire là-dedans mais j'écoute calmement! Ça se trouve c'est juste pour me dire qu'il va falloir se montrer un peu plus dur avec les gars, resserrer la vis le temps que les choses se replacent et que la commission nous lâche la grappe? J'peux pas l'affirmer et le raclement du capitaine ne me dit pas grand chose de bon - pas plus que ce rictus ou que le fait qu'il est toujours debout au point que j'ai l'impression que la suite va pas me plaire mais bon - j'attends de voir ce qu'il en est en réalité...
Du coup, lorsqu'il parle de se relever les manches et de se bouger le cul pour lui, je souris doucement! Je l'ai déjà dis je pense mais, j'ai beaucoup de respect pour cet homme alors, quoi qu'il puisse attendre de moi j'ai pas réellement l'intention de le laisser tomber. 'Bien-sûr capitaine!" Que je balance sans l'ombre d'un doute. "Si j'dois tripler mes heures de service, j'vais le faire! Si faut que j'gère l'entraînement de toute les recrues se sera fait! Si faut que j'aide Emeor avec la paperasse - Lucy que ça va me faire chier - mais ce sera fait pareil! Quoi qu'il arrive, vous pouvez compter sur moi! J'vous laisserai pas tomber foi de Rivolti!" Parce que merde, je l'aime ce régiment et s'il faut que je le porte à bout de bras pour pas qu'il sombre je compte bien le faire! Après tout je suis Luce non? J'ai la prétention d'éclairer ce monde, j'vais sans doute pas laisser la commission ternir l'image de mon chez moi!
Ah, Valentino. Cette assurance, cette grande-gueule, cette capacité à émettre quasi aucun doute concernant ses capacités avait quelque chose de presque rafraichissant par moment. Le Major avait certes ses failles, il devait en être conscient tout comme le Capitaine en était conscient en soit, mais quoiqu'il arrive il parvenait toujours à trouver une solution pour retourner le moindre problème à son avantage. Tant pour son compte que pour le compte des hommes sous sa tutelle. Sa capacité de mener des escouades au cours de diverses activités n'avait fait que confirmer ce que Yuduar avait flairé lors de leur premier entretien: Rivolti avait tout d'un élément plus que prometteur. Aussi, face à l'engouement tout naturel du soldat, le Capitaine ne pus que sourire à son tour, ce qui eut pour effet de faire disparaitre temporairement quelques tensions de ses épaules.
"Bien, une fois de plus le contraire m'aurait étonné venant de toi." rajouta t-il avec un ton plus léger en tirant son siège pour s'y asseoir. Chorégraphie habituelle, il se laissa rebondir deux trois fois pour ajuster sa position puis se rapprocha finalement de son bureau "Alors je te rassure t'auras pas besoin d'autant te tuer à la tâche. Enfin dans un sens si, un peu quand même, mais ce sera plus de l'ordre du marathon que du sprint." un nouveau sourire sur son visage, cryptique et joueur à la fois "Maintenant ça fait quoi... pas loin de six mois que t'es avec nous, à bosser avec Emeor en gérant tes escouades pour apporter de bons résultats sur le terrain. Je pense pas me tromper en disant que t'as eu le temps d'avoir une bonne vision de plusieurs aspects du Régiment non? Comment ça tourne, comment s'y prendre, quoi gérer en premier pour pas se faire emmerder par la suite, toutes ces choses là." tapotant les papiers de la Commission devant lui d'un index ferme, il s'adossa et sa voix se fit plus déterminée "Vois-tu, ces messieurs de la haute m'ont plus ou moins mis dos au mur. Selon eux. Du genre soit je tourne à gauche ou soit je tourne à droite, pas le choix et hop signez en bas de la feuille merci au revoir. Ce à quoi je me suis dit... Meh, après tout pourquoi pas péter le mur pour faire un chemin au milieu non?" l'espace d'un instant ses iris noisettes brillèrent d'une lueur malicieuse "A condition bien sûr d'avoir un gars qui à les épaules assez large pour ça. Et la gueule qui vas avec, sans oublier les résultats derrière." se penchant vers le côté droit de son bureau, il ouvrit un tiroir pour en sortir un nouveau papier qu'il posa face contre table. A côté duquel il posa une plume et un encrier "Si là comme ça je te dis "Lieutenant Rivolti", tu me réponds quoi?" puis il retourna la feuille. Une demande de promotion à joindre à la Commission, de celles qui permettent de passer en grade avec le soutient d'un Capitaine. Yuduar connaissait suffisamment bien Valentino pour presque se douter de la réponse qui allait arriver face à lui. Rivolti n'as jamais été du genre à reculer pour un défi.
Au moins ma réponse semble convenir au capitaine vu qu'il sourit! C'est con mais ça enlève un peu de pression qui semblait bien présente au début de cette entrevue! Il s'installe et je reste en place patient attendant d'en savoir plus! Après tout, j'viens d'affirmer que j'allais faire tout ce qui était en mon pouvoir - voir même plus - mais j'sais toujours pas réellement ce qu'on me veut! Le soucis c'est qu'avec ma grande gueule j'dis toujours oui pour toutes les demandes relatives au régiment et dans les faits, ça pose pas réellement de soucis vu que je sais que j'suis capable de gérer! C'est une prérequis pour avoir une grande gueule comme la mienne! Faut avoir les moyens de ses ambitions et moi, de l'ambition j'en ai à revendre alors forcément, je doute que peu de mes capacités! Du coup, quand le capitaine m'expose plus ou moins la situation, j'l'écoute avec toute mon attention! Un marathon plus qu'un sprint? On parle de boulot sur la durée du coup, pas de soucis pour ça c'est même mieux! On va pas se mentir, les efforts continus c'est sympa mais plutôt en petites doses du coup! Un projet à long terme j'aime bien l'idée en fait, dépendant de ce dont il s'agit bien-sûr mais dans les faits, si le capitaine me dit de m'isoler à la forteresse pendant trois mois pour étudier la période de copulation du Fenrir bah... Les ordres sont les ordres hein? Je serai pas forcément heureux de le faire mais j'viens d'affirmer que j'allais faire ce qui était nécessaire et je suis pas le genre de connard qui revient sur ses paroles.
Du coup, j'dois avouer que ça me titille légèrement lorsque mon supérieur parle de la durée de ma présence à son service! C'est pas le genre de conversation qu'on tient sans vouloir aller dans une direction bien précise... Une direction qui, de fait, m'intrigue plus encore... J'pense en effet avoir une bonne vision des choses, j'pense aussi pas me tromper en affirmant que je suis capable de gérer mon temps, mes hommes et mes affaires sans que ce soit trop mal foutu - loin de là même - et soudain, voilà que le capitaine tapote un dossier en parlant de la commission. Je soupire doucement en laissant passer un petit "Bande de cons!" Qui m'aurait sans aucun doute valu les remontrances du lieutenant Calyx! En même temps, faut avouer que c'est bien le genre de cette bande d'empaffés de "conseiller sans laisser le choix une direction à prendre"... Du coup je ris doucement lorsque mon supérieur parle de forcer un passage en défonçant le mur! J'dois avouer que je sais pas trop de quoi il est question mais foncer dans le tas c'est pas mal ma marque de fabrique donc, si je peux aider pour cela et qu'en plus ça prend à revers la commission, j'suis du genre à dire oui plutôt deux fois qu'une!
Sauf que pour le coup, j'dois bien avouer que je ne m'attendais pas réellement à la suite! Alors qu'il sort son papier qu'il pose face contre la table, je regarde en me demandant de ce dont il s'agit et lorsqu'il me demande ce que je pense de Lieutenant Rivolti j'dois avoir l'air con à ouvrir la bouche sans qu'aucun mot n'en sorte! J'm'attendais à tout et à rien en même temps mais sans doute pas à cela! Et en plus, la feuille qu'il retourne me confirme que ce ne sont pas juste des conneries - même si j'imagine mal le capitaine plaisanter avec cela - vu qu'il s'agit, visiblement d'un papier de demande de promotion! Je lève le regard vers le capitaine comme si j'y cherchais la moindre information, j'veux dire très clairement je sais que c'est sans doute pas pour prendre la place de Emeor - cela n'aurait aucun sens - mais par contre, avec ce que Sol' m'a raconté, la dépression du lieutenant Prêth, la mort de celle qui était visiblement l'une de ses proches, est-ce que le soucis qui pesait sur le capitaine c'est que la commission l'emmerdait à cause de l'état du lieutenant, est-ce qu'il veut que je prenne sa place? J'vais pas mentir, d'un côté ça m'emmerde pour plusieurs raison : premièrement ça m'emmerde de prendre la place d'un supérieur parce qu'il semble toucher le fond, je doute que cela ne l'aide à remonter la pente! Ensuite, c'est la soeur de Solveig et j'voudrais pas que cette dernière me voit comme un opportuniste mais en même temps... Si la commission pose des exigences on risque de se retrouver avec l'un de leur pions comme lieutenant et puis...
"J'vais pas mentir capitaine... J'trouve que ça sonne foutrement bien! Je l'ai dis lors de notre première rencontre : j'ai de l'ambition et si je peux être celui qui force la ligne droite quand les cols blancs veulent forcer le virage, j'ai juste une question : Où est-ce que je signe?"
Parce que malgré tout, j'vais pas cracher sur une main tendue à mon ambition! Avec ma grande gueule et mon comportement, j'ai peu de chances d'avoir une autre offre surtout si ces messieurs dans leurs bureaux décident de se mêler du régiment! Solveig comprendra, le lieutenant actuel aussi j'en suis sûr mais moi, j'ai pas le luxe de refuser une telle offre!