De son côté, Sammael constata les dégâts aux côtés du doyen du village. La maison qui avait prit feu était irréparable. Sammael, Agatha, Tyrielle et Nora était arrivée trop tard et celle qui assumait le commandement -Sammael- s’en voulait terriblement de ne pas être arrivé plus tôt. Sans surprise, la famille ayant perdu son domicile pesta contre la garde, injuriant Sammael et la garde toute entière. Incapables, bons à rien, … tout y passa et la valkyrie se mura dans le silence, ne sachant que répondre. La colère de ces gens était plus que compréhensible et en un sens ils avaient raison, la garde était arrivée trop tard. Pourtant, si elle l’avait pu, si elle l’avait su, Sammael aurait fait en sorte d’arriver à temps. Malheureusement ce qui était fait était fait et la rose ne pouvait que promettre à cette famille démunie et au reste du village qu’ils n’auraient plus à subir d’autres attaques de ce groupe de bandits. Pour ce qui était des réparations, ce n’était pas du ressort de Sammael et elle ne savait donc pas leur dire comment ils seraient aidés à e niveau-là. Elle leur écrit simplement un papier signé de sa main, relatant et attestant de la véracité des faits. Avec ça ils pourraient sans doute demander une aide financière pour reconstruire leur maison ; la rose ne le savait pas. Elle prit ensuite note de ce qu’l s’était passé pour elle-même, pour son rapport et glissa temporairement le papier sous son kimono. Elle le rangerait dans son grand sac sans fond lorsqu’elle aurait rejoint Nocturne et réécrirai le tout au propre plus tard pour son rapport. Elle prit le soin de demander aux villageois s’il n’avait pas une quelconque information à fournir au sujet des bandits, ce qu’ils n’avaient pas, avant de rejoindre Nora, Agatha et Tyrielle.
- Ont-ils dit quelque chose d’utile ? demanda-t-elle sans s’attendre à grand-chose avant de constater la tête que tiraient ses trois collègues. Ça va j’ai compris. Le couplet habituel j’imagine ? Ils ont leurs raisons, on est de bons à rien et ils refusent de nous donner une quelconque information ?
Après avoir reçu confirmation à sa question, Sammael soupira. Elle n’avait ni le temps ni la foi de faire la morale à de tels idiots mais elle avait besoin d’évacuer sa frustration, son sentiment d’être arrivée bien trop tard, d’avoir échouée. Et elle le fit par ce soupir. Directement après, elle se reconcentra. Sammael était exigeante avec elle-même et ça passait donc par ne pas se laisser abattre à la moindre difficulté. Elle en avait vu bien d’autres des missions de ce genre, et même des pires. Elle tâcha donc de se concentrer sur l’essentiel : la mission.
- Bien, puisqu’il ne veulent pas nous donner d’indices tâchons de retrouver des traces pour pister d’où ils viennent. Agatha et Tyrielle je vous laisse décider laquelle de vous deux participes aux recherches et laquelle surveilles ces idiots. Nora, tu participes évidemment aux recherches. On se sépare pour trouver les traces puis on se rejoint ici dans un moment en espérant avoir trouvé quelque chose.
Sur ces mots, Agatha sortie une pièce de sa poche et fit une pile ou face avec Tyrielle pour déterminer qui ferait quoi. De son côté Sammael se rapprocha de sa fidèle monture, sortie le papier de sous le pli de son kimono et le rangea dans son sac sans fond. Elle caressa Nocturne qui avait du bien paniquer avec ce brasier à proximité et s’assurait que les autres montures se portaient bien également avant de se retourner, prêtes à chercher les traces du groupe de bandit. Elle vit que Tyrielle avait gagnée le pile ou face à la tête que tirait Agatha.
- Bien, on couvre chacun un tier du village et de ses alentours proches. Allons y.
Sammael partie dans une des trois directions qu’ils avaient à couvrir et tâcha de retrouver des traces des bandits, notamment à l’extérieur du village. Au bout d’un certain temps, elle finit par trouver de nombreuses traces de pas à l’extérieur du village. En les remontant, cela mènerait sûrement au repère des bandits. Sammael revint donc près d’Agatha pour attendre les deux autres et leurs faire part de sa découverte.
Découverte chez les
valkyries
Le retour des trois femmes résultat en une courte dissertation pour trouver un motif ou une indication sur la planque du petit groupe. Ils avaient déjà appréhendé un certain nombre d'entre eux, à moins d'avoir affaire à une grande bande organisée, le reste s'annoncera plutôt calme, éventuellement. Il fut donc assigné à la recherche de la zone et prit le tier partant du Nord jusqu'au Sud-Ouest. Ratissant la zone en patrouille, la main sur le pommeau de son épée, le garde d'un jour examina chaque détail sortant du commun, sous le regard des quelques villageois répartis dans la zone pour terminer d'écoper les dégâts occasionnés par les malandrins. Certains regards étaient neutres, d'autres, désolés en constatant le pillage et finalement, les restants étaient mauvais. Dénigrant à mi-voix la garde, le chasseur n'y prêta aucun intérêt, se contentant d'observer les alentours à la recherche d'une piste. Il y avait bien des petits commerces dont les pancartes et devantures avaient été saccagés, mais rien au-delà de l'irréparable, ainsi au prix d'entraide et de volonté, ces personnes retourneraient à leur vie "normale" d'ici peu, avec un peu de chance. L'endroit qui attira l'œil du jeune homme fut tout autre, un lieu où le carnage était plus prononcé, une échoppe.
Une échoppe de poterie, donc une majorité des créations et amphores avaient été brisées par vandalisme qui attira l'attention de Nora, approchant d'une des œuvres brisées pour se saisir d'un morceau de terre cuite, sans aucun doute détruite par le passage des bandits. A son contact, le chasseur ressentit un signal de son pouvoir, plutôt récent. Il l'activa donc sans peine et les souvenirs affluèrent.
Il avançait, en bande, ricanant avec son groupe alors que non-loin, le feu était lancé. Il explora avec une équipe de deux hommes, à la recherche de quiconque aurait pu essayer de se cacher, tirant par les cheveux femmes et enfants et assommant les hommes pour les regrouper avec les autres au milieu de la place, là où la vue sur l'incendie était imprenable. Il arriva ensuite face à cette poterie et du bout du pied, poussa une amphore qui se brisa au sol pour s'amuser. Un regard à gauche puis à droite, il fit signe à un des hommes avec lui d'entrer fouiller la maison, maintenant seul avec sa dernière escorte, il s'exprima avec une vois grasse.
- "Il va être content tu penses ? J'suis pas sûr qu'on arrive à piller le montant habituel, puis y a ces gardes qui rôdent de plus en plus dans le coin ..."
- "T'inquiètes, s'ils ont pas assez, on ramènera les femmes et on les fera ... travailler. Regarde, cramer une maison aura suffit d'exemple pour calmer la majorité des rebelles."
- "Mouais ... c'est pas tout mais ils sont dégueulasses ces pots, paraît qu'certains planquent leurs économies dedans, ça t'tente de vérifier ?"
- "Tss ... t'as pas changé, toujours un gamin. Tu fais mumuses cinq minutes puis on y retourne."
Ricanant de plus belle, il avança pour prendre un premier pot et le fracasser contre un autre, puis à l'aide d'un pied de rambarde robuste, il s'amusa à éclater un à un les créations d'un honnête paysan vivant d'un noble métier. Le souvenir s'arrêta pendant le carnage, sous les éclats d'argile et de terre cuite.
Revenant à ses esprits, Nora termina de ratisser en vitesse la zone et ses alentours sans plus trouver d'indice, il se hâta donc retrouver ses collègues et fit un briefing en passant les explications trop longues sur son pouvoir. Il semblerait qu'au-delà du pillage, ils entretiennent un réseau de prostitution, éventuellement. Il était donc grand temps de se hâter et de mettre fin à ces agissements immoraux.
- De mon côté j’ai trouvé des traces mais on aura du mal à les suivre à cheval. Autant y aller à pieds. Suis-moi qu’on en finisse avec cette histoire et qu’on puisse rentrer.
Sans plus attendre elle se dirigea d’un pas décidé vers le lieu où elle avait repérée ces fameuses traces. Elle commença à remonter la piste en donnant ses instructions à Nora.
- On va tâcher de les prendre par surprises mais vu qu’on ne sait pas à quel distance leur campement présumé se trouve on va continuer le trajet en silence, dans le doute. Une fois là-bas j’essaierai d’en prendre un en otage en espérant que ça suffise. Toi tu resteras en retrait pour observer. S’ils entretiennent bel et bien un réseau de prostitution ils ont sûrement quelques captives, ta priorité est de les libérer et d’assurer leur sécurité. Je m’occupe du reste. S’ils ne détiennent personne captif rejoins moi pour m’aider mais si ça tourne mal ne joue pas aux héros, va plutôt prévenir Agatha et Tyrielle pour qu’elle te porte assistance. Ok ?
Elle s’assura que tout était bon pour l’aventurier et continua comme prévu dans le plus grand des silences. Par chance les traces étaient fraiches et faciles à suivre. Le duo parvint bien vite près de ce qu’ils pouvaient clairement supposer être le campement qu’un cherchaient. Un campement de taille moyenne, camouflé dans les bois mais repérable à la fumée qui s’échappait du feu central. Le camp ne semblait pas trop agité ce qui était assez logique vu que la majeure partie de ses protagonistes avait déjà été arrêtés et menottés. Sammael fit signe à Nora de s’arrêter lorsqu’elle les jugea assez proches du camp. Elle dégaina deux de ses katanas.
- J’y vais. Tâche de retrouver les potentiels captifs et sinon rejoins moi. chuchota-t-elle en guise de rappel des consignes avant d’avancer prudemment vers l’une des tentes. Un homme en sortit devant elle. Le reste du groupe était rassemblé à quelques mètres de là autour du feu. Elle sauta donc sur l’occasion et vint passer l’une de ses lames sous la gorge de l’homme sortant de la tente. Appuyant son arme contre sa peau elle prit alors une voix suffisamment puissante pour être bien entendue de tous et faire diversion pour Nora.
- Désolé mais la garde vient de vous retrouver. Rendez-vous ou je le tue.
Il ne restait a Sammael qu’entre une et deux minutes d’utilisations de son pouvoir. Et elle était bien prête à s’en servir pour couper court à cette histoire. Dans le pire des cas elle pourrait toujours puiser dans ses réserves pour s’en servir plus longtemps mais cela la faisait s’évanouir à chaque fois qu’elle le faisait et elle préférait autant éviter que ça arrive. Elle n’avait pas franchement envie de prendre le risque de laisser Nora seul avec une valkyrie évanouie. Mais bon, elle se faisait suffisamment confiance pour ne pas avoir à puiser dans ses réserves.
Sans grandes surprises, le groupe se releva et tourna la tête vers Sammael en éclatant de rire.
- Et qu’est-ce qu’une gonzesse seule va bien faire contre nous tous ?
- Le reste de votre groupe a déjà été menotté par des "gonzesses" comme vous dites. Je le répète une dernière fois : rendez-vous.
Un nouvel éclat de rire et les six hommes s’armèrent avant de se ruer sur elle.
- Une garde osera jamais tuer quelqu’un de toute façon. A l’attaque les gars !
Sur ce point ils avaient raison, si Sammael pouvait se passer de tuer son otage elle ferait volontiers. Et en l’occurrence elle pouvait largement maintenir son otage en vie tout en s’occupant des six gaillards grassouillets qui venait vers elle. Ceux-ci lui paraissaient moins habiles au combat que leurs collègues précédemment arrêtés. Ce n’était sûrement pas pour rien s’ils étaient restés au camp. La rose garda donc l’un de ses lames menaçant son otage et tendit l’autre bras vers ses assaillants pour les repousser. Elle tâcha des les contenir et en désarmer le maximum pour laisser le temps à Nora de faire son travail. Il n’aurait qu’à intervenir ensuite si Sammael n’avait pas réussi à assommer les idiots lui faisant face d’ici là.
Découverte chez les
Valkyries
Les instructions de Sammael furent claires et même si elles auraient pu ne pas convenir au garde provisoire, il n'était pas en position de les discuter. Plus rapidement le groupe serait appréhendé, le moins de victimes seraient à déplorer. Il suivit alors à pied la Valkyrie en gardant un œil attentif. Sa pupille s'illuminait d'une nouvelle flamme, celle de la justice. Tenir captif des femmes dans l'optique de faire du profit sur leurs corps n'était tout simplement pas acceptable pour le brun qui tenait une certaine haine envers l'injustice et l'inégalité. Il garda malgré tout ses esprits lucides et approcha du fameux camp en remontant la piste qu'avait laissé le premier assaut de bandit. Tout proche, la partenaire du chasseur lui rappela ses instructions et il fut en charge de contourner le camp pendant qu'elle ferait diversion, dans le but de libérer des captifs s'il y en avait. L'aventurier se faufila alors en prenant le bois comme couverture naturelle, contrôlant le bruit de chacun de ses pas jusqu'à mi-chemin, où il entendit tonner la voix de la garde. Dans l'agitation, il quitta sa cachette pour sprinter en direction du fond du camp. Sa blessure au torse, bien que soignée par un bandage de fortune, le lançait encore, malgré quoi il serra les dents et endura jusqu'à apercevoir les structures métalliques de grandes cages, au nombre de trois.
Arrivant en face des geôles, le brun en observa le contenu et ne vit qu'une personne, toute cage confondue. Une adolescente qui devait n'avoir que 15 ans, à tout casser, captive et les pieds liés. Le jeune homme perdit son calme à cette vision affligeante et accouru vers le cadenas qui bloquait la porte, seul accès de la prison mobile.
- "Ne t'en fais pas, la garde est arrivée, je vais te sortir de là."
Un frisson parcourut alors son échine et son sixième sens en action, le garçon fit une roulade habile sur le côté, évitant un coup de fendoir venant du potentiel gardien des cages, à en juger par le trousseau de clés pendant à sa ceinture. Il l'agita en narguant le garçon, rehaussant une hache à deux mains sur son épaule.
- "C'est ça qu'tu cherches, petit ?"
Pestant sans répondre, Nora posa une main au sol, l'autre sur le pommeau de son épée, en tendant une jambe en arrière. Une position au ras du sol lui permettant de conserver son équilibre et d'attaquer sous la garde de l'ennemi qui haussa un sourcil dubitatif. Lorsque le regard de l'adversaire commença à perdre l'étincelle de l'adrénaline, Nora se rua en tirant sa lame, cherchant à abattre un coup puissant dans l'estomac avec l'élan. Il fut arrêté net par le manche de la hache, placé en travers pour protéger le bandit maigrement protégé. Il avait donc de bons réflexes, rien à voir avec l'homme ivre de ce matin. Le brun pesta et bondit en arrière, reprenant des appuis stables en observant les mouvements du criminel qui gloussa de manière arrogante. Nora passa donc son bras gauche dans son dos pour déloger le bouclier cerclé emprunté à la caserne et l'enfila d'un seul mouvement sur son avant-bras gauche, lui permettant de conserver pleinement son agilité avec sa lame, avec le choix de la prendre à une ou deux mains. Dans un duel de regard, les deux tournèrent sans lâcher l'autre des yeux, les secondes se firent longues et le premier à battre des cils serait le perdant.
Sans crier gare, le brun chargea de nouveau, cette fois-ci anticipant une défense ou une contre-offensive. Ce fut la seconde option, l'ennemi envoya ses bras sur sa droite pour charger un coup horizontal, dans un balayement droit. Agrippant son bouclier de toute ses forces, Nora l'envoya rencontrer le fer en faisant taper la partie centrale en métal de sa défense. Le choc résonna dans son bras, malgré quoi il avait encore assez d'équilibre pour porter un estoc en direction du torse. Le brigand esquiva de peu en n'essuyant qu'une entaille sous l'aisselle, trop peu profonde pour l'empêcher de se battre cependant. Il tira la grimace et pesta entre ses dents alors que chacun reprit sa position de duel.
- "Vous devriez vous occuper d'vos affaires, vous autres de la garde ..."
- "Vous capturez des enfants pour les revendre à des camps de prostitution, vous ne méritez aucune clémence."
Le brun chargea de nouveau en anticipant une nouvelle contre-offensive mais son adversaire apprenait vite, il balança plutôt un coup d'épaule dans la targe de Nora qui vacilla en arrière, puis profita de l'avantage pour porter un second coup de fendoir que le garçon eut tout juste le temps de parer, au prix d'une chute en arrière, projeté par la puissance du coup. Avec un sourire triomphant, l'ennemi s'approcha du jeune homme au sol, désarmé et commença à le toiser de haut.
- "C'pas par plaisir mais j'peux pas te laisser partir vivant. Quoique, tu dois aussi payer pour ma blessure. Ce s'ra pas trop douloureux, t'en fais pas."
Il leva sa hache au ciel et le temps s'arrêta. Nora fut témoin de ce sentiment effroyable qui précède la mort et bien qu'il ne vit pas immédiatement sa vie défiler devant ses yeux, il pu sentir chaque pulsation de son cœur, l'effet de chacune de ses respirations, chaque brin d'herbe qui chatouillait sa nuque ainsi que chaque goutte de sueur tombant sur son front. Le poids de son armure était doublé, celui de son corps décuplé, sa force le quittait à une vitesse folle, laissant ses bras écartés, incapables de le protéger d'une mort certaine. Ainsi, il revit finalement son parcours jusqu'ici, depuis la mort de sa mère, Vin le recueillant au sein du culte de Lucy, sa dépression de quatre ans, ses débuts en tant qu'aventurier, les rencontres sur la route, les épreuves affrontées, son passage au-delà de la frontière, la première fois qu'il partageait sa couche avec une femme et la première fois qu'il décida de se confier à quelqu'un concernant sa quête personnelle : retrouver son père. S'il mourait ici, tout cela n'aurait été qu'un vague souvenir, une maigre impression pour un but réclamant de plus grands efforts encore. Pouvait-il seulement se laisser tuer ici et maintenant ? Sammael affrontait le reste des troupes à elle seule, alors il n'y avait aucune chance qu'il se laisse dépasser. Dans un ultime effort, Nora redressa le haut de son corps en premier et se jeta contre son agresseur, bondissant en écrasant son épaule contre son diaphragme. Ils étaient à présent deux sans armes et alors que l'adrénaline l'emportait sur la fatigue, le chasseur recula d'un pas pour porter un crochet du droit au visage du loubard, suivit d'une empoigne de son crâne pour l'envoyer contre son genou qu'il montait à tout vitesse. L'ossature de son adversaire rencontra la genouillère du chasseur, renforcée pour limiter les chocs malgré que, sa jambe en était presque engourdie. Au moins, le bandit était assez sonné pour que cette fois-ci, ce soit Nora prenant l'ascendant, se saisissant de sa dague pour le forcer en respect.
- "Tu ne mérites pas la mort, tu mérites de croupir dans un trou pour le restant de tes jours."
Cela n'était évidemment pas de la juridiction du brun, mais la colère l'emportait et il se perdit à maudire son ennemi. Celui-ci encore trop sonné pour probablement, ne serait-ce que répliquer à cette remarque. Il profita alors de la situation pour lui arracher ses clés et essayer parmi les trois celle qui ouvrirait la cage de la gamine. Il lui fit alors signe de sortir et en profita pour traîner son adversaire désarmé dans la cage, la refermant à clé dans la foulée. Il s'occupa ensuite de l'adolescente apeurée.
- "Tout va bien petite. On va te mettre en sécurité. Reste cachée pour l'instant, je reviens dans un instant."
Il se pressa ensuite dans la direction où il avait laissé Sammael en remontant directement depuis le campement, prêt à lui porter main forte et lui faire un résumé des actions une fois le combat terminé.
Les deux hommes avaient récupéré leurs armes et leurs compagnons avaient rejoint le combat. Ils allaient commencer à l’encercler mais la garde n’était pas assez gentille pour leur laisser cette chance. Elle se rua sur la première personne à portée, déviant les coups de ses lames et vint lui asséner un violent coup de tête pour lui fracasser le nez. Se retournant brusquement, un coup l’atteignit à l’épaule. Sans broncher, elle rendit coup sur coup à ses adversaires les plus proches, se déplaçant constamment pour éviter au maximum l’encerclement. Elle savait qu’aussi mauvais ses opposants pouvaient être, elle aurait beaucoup de mal à se défendre s’ils parvenaient à l’encercler complètement. Avec cette façon de combattre il lui fallait un peu plus de temps pour venir à bout de ceux qu’elle affrontait mais puisqu’elle avait l’insolence de se battre sans protection elle devait bin privilégier ce genre de méthodes pour éviter les blessures inutiles.
Après de nombreux échanges de coups, elle finit par mettre tous les bandits au tapis. Elle s’en était sorti avec seulement de, certes assez nombreuses, mais superficielles blessures aux bras et aux jambes. Nora arriva peu après et la rose rengaina ses lames, le regardant d’un œil interrogateur.
- Comment ça s’est passé de ton côté ?
Elle ouvrit son sac sans fond en écoutant sa réponse et lui tandis quelques liens et menottes.
- Aide moi à les attacher, on les enfermera ensuite dans la cage que t’as trouvé et on va rejoindre Agatha et Tyrielle. On verra la suite une fois là-bas. T’as trouvé personne d’autre à part l’adolescente enfermée ?
Elle commença à passer les menottes et ligoter les hommes avant de les traîner un à un jusque dans les cages ou était enfermé l’homme vaincu par Nora. Puis elle rejoignit avec lui l’adolescente cachée attendant leur arrivée.
Fatigué par ce premier affrontement, c'est haletant que Nora arriva au niveau de la garde, au milieu du carnage. Elle ne semblait pas grièvement blessée et tant mieux. Dans son appréciation de la demoiselle, il y voyait une figure sanctifiée par une grâce inégalable au combat. A vrai dire, il la pensait presque même invincible, tant ses assauts avaient été redoutables pendant l'entraînement dans la matinée. Sans s'attarder sur les vaincus à terre, le garde suppléant s'approcha de son supérieur en se tenant au plus droit possible malgré la fatigue liée à la chute d'adrénaline.
- "Il y avait un criminel en retraite qui m'a pris par surprise. Aucune femme mais plusieurs cages, seulement une gamine, elle doit tout juste être adolescente ..."
Après une disserte discrète avec elle-même, la rose tira des paires de menottes et en donna quelques-unes au brun avec pour nouvel ordre de l'aider à attacher les malfrats. Nora hocha la tête et s'exécuta au plus vite, profitant de l'étourdissement provisoire des criminels pour tout de suite les amputer de leurs magies.
- "Il n'y avait personne d'autre, non, mais celui que j'ai arrêté est susceptible d'avoir des pistes."
Un petit soupire en attachant l'avant dernier loubard et il s'attela assez vite à les déplacer vers la cage, passant une paire de menottes à son dernier adversaire et retrouvant la jeune fille sur le retour.
- "Suis-moi, on va te ramener au village."
Malgré le combat de Nora, elle semblait avoir une légère aversion contre les hommes, ce que l'aventurier pu comprendre. Elle n'était pas sotte et savait très bien où elle aurait été emmenée, développant probablement une haine envers le sexe masculin en guise de bouclier. Malheureusement, la perversion et le vice sont asexués, propre à l'être humain en général. Le chasseur se redressa alors de sa position semi-accroupie et jeta un regard plein de détresse à sa partenaire qui avait suivi la discussion.
- "Hum, excuses-moi Sammael, mais je pense qu'il vaut mieux que tu t'occupes d'elle ..."
Puis un regard à gauche et à droite pour déceler un éventuel espion et ils repartirent bien assez vite auprès des Valkyries restantes en laissant les criminels appréhendés en cage, pour le moment. Nora remit alors les clés à Agatha, n'en ayant que trop peu d'usage et face aux allures un peu plus affaiblies qu'à l'initial du duo, revenant accompagnée d'une invitée surprise, la Valkyrie posa quelques questions sur ce qu'il s'était passé dans la forêt. L'éphèbe expliqua de manière simple et concise les évènements, n'omettant aucun détail crucial et écourtant les ragots sur l'action en elle-même et bientôt fixé avec son groupe d'emprunt, il retourna auprès des locaux pour quelques questions de sa propre initiative. La première personne se présentant fut une femme, semblablement la sœur ainée de la petite ayant été kidnappée.
- "Merci, merci milles fois pour Alicia ..."
- "Ne vous en faites pas, j'aurais cependant quelques interrogations, si vous le permettez."
- "Oui, comment puis-je vous aider ?"
- "On a remarqué qu'il y avait plusieurs cages, toutes majoritairement vide, il n'y avait donc que ... Alicia. Il y a-t-il eu d'autres enlèvements, récemment ?"
- "Il y a bien eu quelques disparus, Marlène, la fille du maçon, ça remonte à plusieurs mois déjà ... elle avait tout juste 18 ans. Il y a aussi Noelle, une orpheline recueillie par le doyen. Elle devait avoir dans les mêmes âges, je crois."
- "Et depuis les signalements, aucune piste n'a été trouvée ?"
- "Pas que je sache, malheureusement ..."
- "Très bien, merci beaucoup pour vos réponses. Je me chargerais de faire un rapport à mes supérieurs, en attendant, veillez l'une sur l'autre."
- "Oui ..."
Après un salut formel, le chasseur retourna rapidement auprès du groupe de demoiselles combattantes et interpella Sammael. Il y aurait bien plus de travail pour les Valkyries à l'avenir que ce qui était prévu au planning.
- "Il semblerait que la gamine ne soit pas le premier cas, si on arrive à soutirer les informations à ces trafiquants, il sera peut-être possible de remonter jusqu'à un réseau encore plus gros ..."
Bien évidemment, Nora ne serait plus garde, le jour où ça arriverait. Malgré quoi, que ce soit son métier ou non, il mettait un point d'honneur à venir en aide aux plus démunis et ce, qu'importe la vocation de son emploi. A son retour au grand port, lorsqu'il redeviendrait un simple aventurier, il croiserait les doigts pour ses partenaires en classe d'élite et prierait pour leur succès et la libération des captives, voilà là tout ce qu'il pouvait faire de mieux, à présent.
- D-D’accord, je vous suis. Merci de… de m’avoir sortie de là.
Sa voix était encore tremblante mais elle semblait malgré tout déjà un peu plus rassurée. Sammael se retourna alors vers Nora. - Allons-y. Et ils reprirent la route qui les avaient menée jusqu’au camp dans le sens inverse, en direction du village.
En arrivant au village, les deux gardes furent accueillis par des éclats de joies de villageois reconnaissant l’adolescente portée disparue. De nombreux villageois de groupèrent autour de Sammael pour accueillir la dénommée Alicia. La valkyrie leur confia la jeune fille puis s’éclipsa pour aller voir Agatha et Tyrielle à qui elle devait donner plus de détail que ce que n’avait déjà pu dire Nora sur ce qui s’était passé. Les trois valkyries conclurent rapidement qu’elles avaient finies leurs tâches ici maintenant que les brigands avaient été arrêtés et que c’était à la régulière de prendre le relai. Agatha et Tyrielle allait donc rester ici, une au village et une au camp en attendant la relève. Relève que Nora et Sammael allaient devoir contacter en rentrant au bastion.
- J’imagine bien qu’elle n’est pas un cas isolé ouais. La femme avec qui tu parlais t’as donné des infos ? En tout cas c’est plus de notre ressort pour le moment. Agatha et Tyrielle vont s’assurer que rien n’arrive, ici et au camp. Nous on retourne au bastion et on prévient la régulière de prendre la relève. Allez en selle champion !
Sans plus attendre elle retourna près de Nocturne et l’enfourcha avant de le lancer au galop direction le Grand-Port et plus précisément le bastion. Une fois sur place elle prévint immédiatement les gars de la régulière qui attendaient des nouvelles de leurs mission de la suite du programme, à savoir prendre la relève pour eux. Puis elle se rendit à la salle d’armes avec Nora pour qu’il puisse ôter son armure.
- Bien, maintenant il faudrait que tu m’écrives un petit rapport. Rien de bien formel, juste les infos que t’as eu, les détails que tu penses important, etc. Je me chargerai de remettre ça au propre en mettant en commun avec mon propre rapport. Enfin ça c’est pour notre mission de l’après-midi mais il me faudrait aussi un genre de compte-rendu de ta journée ici. T’sais pour l’administration, ils aiment bien avoir pleins de papier inutiles. Après ça tu seras libre.
Elle lui donna de quoi prendre des notes et s’installa sur un banc le temps qu’il finisse avant de le laisser repartir après une dure journée.
- C’était sympa de te rencontrer en tout cas, j’espère que t’as apprécié la journée. Et si tu repasses un jour au Grand-Port contactes moi et ira s’en jeter un dans une taverne de la ville !
Le groupe de quatre se scinda en deux duos, deux Valkyries resteraient sur place pour garder les bandits et villageois le temps que les renforts arrivent, Sammael et Nora étaient chargé d'avertir la régulière pour libérer les deux valeureuses combattantes d'une tâche qui mettrait leur patience à l'épreuve. En se courbant en avant, le chasseur les salua une dernière fois avant de leur dire adieu. Il était peu probable qu'ils se recroisent, après-tout, enfin ne sait-on jamais. La chevauchée du retour fut plus tranquille que celle de l'arrivée, n'ayant aucune obligation majeure dépendant réellement du temps, ainsi l'aventurier passa un long moment à scruter le paysage et les côtes en arrivant proche du grand port, le soleil ne tarderait pas à se coucher.
De retour au bastion, la demoiselle l'ayant accompagné toute la journée le guida jusqu'à la salle d'arme où le garçon pu se délester de son armure qui, bien plus légère que celle de la matinée, s'avérait malgré tout assez lourde pour lui tirer un soupire de soulagement. Vint ensuite la paperasse nécessaire pour retrouver sa liberté, un genre de formalité administrative traduite par les entretiens de la Guilde, où, plutôt que de le faire soi-même, un conseiller venait prendre note des informations qu'avait pu ramasser un envoyé en soulignant toutes les contraintes qu'ils auraient pu rencontrer dans le but de parfaire son système. Ce n'était pas forcément ce qu'aurait aimé faire le chasseur, macérant dans sa sueur après tant d'action, ainsi la douche devrait attendre qu'il rejoigne un institut ou des bains publiques à défaut de pouvoir se permettre mieux. Enfin, rien de bien traumatisant pour le jeune homme qui, avec cette idée en tête, commença à griffonner le parchemin fourni avec la plume de sa coéquipière. Il y énonça chaque détail important de l'enquête sans émettre de supposition inutile, n'appuyant que les faits durs comme roche sans oublier le témoignage de la jeune femme qu'il avait interroger au village. L'exercice dura quelques minutes, à vrai dire, peut-être une dizaine. Nora savait lire et écrire, bien évidemment, mais n'étant pas dans un métier lui en donnant souvent l'occasion, il préféra prendre son temps pour ne pas couvrir sa feuille de ratures et pour soigner un minimum son écriture. Il roula ensuite l'écrit et le remit à Sammael avant de s'étirer un grand coup, répondant par la même occasion à son aimable invitation.
- "Ce fut un plaisir partagé. Je ne pensais pas qu'il se serait passé autant de chose, non plus ... Vous n'avez pas la vie facile, chez les gardes."
Ou peut-être n'avait-ce été qu'une journée volontairement chargée pour permettre au garçon de tout expérimenter dans un temps record ? Bien que l'appréhension de la matinée fût plutôt spontanée et à en juger par les réactions de la rose après avoir eut un aperçu du mobile des criminels, elle non plus ne s'attendait pas à faire ce genre de prise. L'aventurier repensa alors à son rêve d'enfance, devenir garde. Quelque part, même si le métier lui plaisait bien moins que sa profession actuelle, il eut une petite pensée pour le Nora plus jeune dont le vœu avait été exaucé. Un sourire en coin et un dernier regard vers son amie, l'éphèbe prit ses effets personnels et se rééquipa de ses habits modestes et légers avant d'adresser une dernière fois la parole à la jeune femme.
- "Je ne manquerais pas de te contacter, si le destin le permet. Puis ... s'il vous faut de la main d'œuvre supplémentaire, un jour, je pourrais toujours voir pour me libérer une journée ou deux. En tout cas, vous saurez où me trouver. Sur ce, merci pour cette journée et bon courage pour la suite."
Il termina sur un ton aimable et s'orienta lui-même vers la sortie, repassant devant les gardes en faction à l'entrée du bastion. Toute éprouvante fut cette journée, il n'en regrettait aucun instant, sinon peut-être son excès de colère lorsqu'il s'était battu pour sa vie. Mais quoi qu'il en soit, rien ne valait cette brise nouvelle caressant son visage. Une brise de liberté pour une vie sauvage, porteuse d'une promesse d'aventure et d'expériences unique. Il en était certain à présent, son destin se trouvait au grand air.