En voyage pour les raisons de ton choix, Whiskeyjack, tu prends l'air iodé du grand port. Bon pour le moral et la peau, tu t'es rendu ici avec un but précis et te dirige vers ta destination lorsqu'au coin de rue, tu percutes une jeune femme les bras pleins de documents officiels par mégarde, cette dernière visiblement en retard n'ayant même pas eu le temps de finir dans sa chambre son petit-déjeuner.
Gentleman que tu es, tu décides donc de l'aider à ramasser ses affaires, cependant, vos mains se touchent et vos regards se croisent. "Quelle belle femme" penses-tu, "Quelle belle moustache pense-t-elle".
Cette femme est bien évidemment Khalie, qui devait rendre des documents de toute urgence à la caserne depuis un avant poste duquel elle avait chevauché tôt ce matin.
Au moment où tu croises son regard, Khalie, tu trouves l'homme évidemment très sympathique, si bien que tu ne peux résister à la tentation de reporter ton travail, oubliant presque instantanément tes responsabilités pour lui offrir un verre et une partie de carte, afin de faire connaissance. Puis vraiment, quelle incroyable moustache il a.
Merde merde merde, je suis vraiment en retard et si je n’amène pas les documents qu’on m’avait demandé d’aller chercher rapidement à Val, je vais me faire tuer et je vais finir avec la corvée de nettoyer les latrines pendant une semaine. J’enfile vite fait mon pantalon sans me soucier qu’un de mes colocs déboule. Calixte est déjà parti et Valentino possède sa propre chambre avec ses propres bains et moi je suis presque toujours seule. Une troisième personne devrait nous rejoindre pour le remplacer, mais bon, on est bien comme ça non? Je sautille sur place tentant de faire glisser mon pantalon sur mes jambes alors que je tiens mon toast entre mes dents. Une fois cette étape complète, j’enfile un haut, place l’insigne de la garde et enfile mes bottes avant de filer en flèche…
Je cours dans les couleurs, me faufile entre mes collègues passe en trombe telle une fusée lâchant des pardons et des désolées à droite et à gauche. Vous savez à un mètre soixante il faut savoir s’imposer à sa manière. Je pousse finalement la porte qui me mène vers l’extérieur et entreprend une course effrénée. On m’avait remis une adresse où je récupèrerai les documents afin de les ramener au bastion, mais comme de fait, il fallait que la maison soit à l’autre bout du grand port et c’est la petite soldate sans grade important qu’on envoie. Ce n’est pas noté coursier dans mon front et ça ne fait même pas partie des mes fonctions de base, mais bon, je ne peux pas réellement refuser une tâche officielle et demander par un lieutenant, n’est-ce pas?
Je vais vous épargner les détails chiants de ma collecte, parce qu’en vrai celle-ci me regarde de la tête aux pieds en se demandant certainement si je suis réellement de la garde, mais ce genre de jugement me passe dix pieds par-dessus la tête. Je dois quand même faire des pieds et des mains pour récupérer le paquet et me voilà maintenant en route pour retourner au bastion.
Je dois dire que je ne fais pas réellement attention à où je vais. C’est plutôt un automatisme. Après avoir parcouru les ruelles à de nombreuses reprises on sait quel chemin prendre naturellement sans nécessairement à avoir à lever la tête, mais peut-être aurais-je dû à ce moment. Cela m’aurait évité bien des problèmes. Si seulement j’avais su qu’une simple collision changerait mes plans du jour.
Au tournant d’une ruelle, je heurte le torse d’un homme et vois mes documents s’envoler dans tous les sens autour de moi alors que je suis en train de chuter au sol me retrouvant le derrière contre la pierre. Je pousse un léger grognement et lorsqu’il se penche vers moi dans le but de m’aider, j’aurais été du genre à le chasser d’un mouvement de main parce que je suis pressée voyez-vous, sauf que le problème c’est qu’au moment où je croise son regard, ma mine renfrognée se change doucement en un petit sourire en coin.
« Ce n’est pas la peine, mais merci. Je ne faisais pas réellement attention… »
Je me redresse finalement mettant un genou au sol pour l’aider à récupérer mes documents tout en jetant des œillades en sa direction. Je me sens étrange et c’est ce qui est bizarre. Je n’ai pas envie de lui mettre une baffe, mais plutôt de l’inviter à prendre un verre. C’est la moustache c’est ça? Je récupère les derniers papiers et me redresse.
« Est-ce que vous me laisseriez toucher votre mous…euh. Je secoue la tête rapidement me reprenant bien assez tôt. Je veux dire, me laisseriez-vous vous payer un verre pour me faire pardonner? Moi c’est Khalie. »
Pourquoi faire un mouchoir, j’en ai strictement aucune idée, mais qui suis-je pour avoir un avis sur les préoccupations des gens que je bouscule ? Franchement, quelle déveine. Jusqu’à maintenant, j’avais réussi à éviter un drame. C’est que le grand port grouille d’une activité débordante aujourd’hui. Ça court dans tous les sens, ça s’interpelle, ça se conspue. C’est l’été. Il fait chaud. Et les esprits s’échauffent plus rapidement qu’à l’accoutumée. Je me tourne un peu de sorte de laisser à la petite demoiselle un soupçon de tranquillité pour utiliser mon mouchoir comme elle l’entend. Hein. On ne pose pas de question. Et je reviens à la charge quand on cause boisson. C’est qu’il fait chaud. Et ça fait au moins trois heures que j’ai pas bu un verre. Par contre, je dissipe un malentendu tout de suite.
-Ah non ! C’est ma faute ! C’est moi qui te paie un verre.
Quand même. Puis je m’incline légèrement, main sur le torse. Je me présente. Whiskeyjack Callahan.
-Mais tu peux m’appeler Jack.
Avec un clin d’œil pour faire plus sympathique. Genre c’est amical. Je me redresse et j’use de ma grande connaissance de la ville pour identifier un bar à notre convenance. Je connais pas le grand port, mais je connais des bars, en réalité. Je me repère et je crois nous situer à trois rues d’une auberge plutôt sympa, avec terrasse, mais aussi une salle à la cave qui sait prendre la fraicheur et qui n’est pas de trop avec cette météo guère enclin à stopper la soif et la transpiration. Ils y font une mousse fraiche et désaltérante, mais aussi d’autres trucs que je sais pas ce que c’est parce que j’en ai jamais pris, notamment parce que ce n’est pas alcoolisé ou parce que c’est beaucoup trop fruité. Le gout avant tout. J’invite Khalie à me suivre.
-Allons au « Frapp’à dingue ». On y sera au frais et bien servi. Je connais. Besoin d’aides avec la paperasse ?
Elle doit pas amener tout ça quelque part ? Bon, ça ne doit pas être si important que ça. J’ai lorgné sur son insigne de la garde. On les connaît, les gens de la garde. Il y a du monde pour faire les malins à patrouiller dans les rues, mais en ce qui concerne d’avoir une administration saine et organisé, il y a plus personne. A la guilde, il y a les examinateurs. A la garde, c’est quoi ? Les officiers ? Quand on arrive à des postes à responsabilités, on prend pas grand plaisir à faire la paperasse. Faut pas s’étonner que ça tourne mal après ça. Mais bref, je vais pas épiloguer là-dessus, la petite garde semble bien loin de ces considérations.
En parlant de ça, je peux m’empêcher de glisser des coups d’œil en mode discret, comme si c’était mal. Je sais pas pourquoi. Lors du choc, au lieu de me dire « Oh ! Zut ! Je suis rentré dans quelqu’un ! Sacrebleu ! », La première idée qui m’est venue est un tendancieux « oh, quelle jolie brin de fille ». Le genre d’idée qui arrive souvent, il faut pas se leurrer, hein, mais qui arrivent généralement après quelques secondes à toiser en douce une femme. Là, c’était dans l’instant. Comme si une puissance supérieure en avait décidé ainsi. Il y a de quoi s’en poser des questions sommes toutes légitimes. Heureusement que j’ai fini tôt le boulot que j’avais à faire et que je peux me permettre un petit détour à lever le coude. Par contre, ce soir, il y a du taff. Il s’agit de pas trop boire histoire d’être parfaitement frais, cette fois si, dans la tête.
On se met en chemin, parce qu’on va pas rester là alors qu’on a dit qu’on allait boire, hein. Et j’engage la conversation. Vous savez ? Le genre sympathique pour parler un peu de tout et de rien. Il fait chaud, hein ? Ça doit difficile de courir dans tous les sens pour de la paperasse. Ça fait longtemps que tu fais ça ? Moi ? Je suis aventurier. Et là, je radote sur les examinateurs, qu’ils sont invisibles, mais qu’ils sont indispensables au bon fonctionnement de la guilde. Que la paperasse, ça nous connaît. Bref, ça cause. Enfin, ça essaie. Qu’est ce que t’en dis, Khalie ?
Un mouchoir? Mais il veut que je fasse quoi avec un mouchoir. Je le prends par politesse le regardant un peu incertain alors qu’il se détourne de moi. Il pense que je veux l’utiliser? Dans tous les cas il y a une incompréhension, mais s’il a comprit mouchoir plutôt que moustache je suis bien contente. Au moins, il n’aura pas entendu mon lapsus et je n’ai pas besoin de me justifier, juste que je ne peux pas réellement lui rendre, quoi que je ne compte pas l’utiliser. Enfin, tant pis, je suis déjà passée à autre chose et je dois dire que je regarde anormalement cette magnifique pilosité qui se trouve sur sa lèvre inférieure. Mais bon sens Khalie regarde ailleurs. Il tu vas le gêner le pauvre.
« Enchanté Jack. »
Si je peux l’appeler ainsi, autant rester dans la simplicité. Et puis il a une bouille bien sympathique et pour une raison obscure je ne trouve pas le moyen de répliquer à son envie de me payer un verre. Je pourrais essayer de me justifier d’expliquer pour selon moi je suis celle qui devrait s’excuser, mais je me contente d’un simple hochement de tête. D’ailleurs il connait un emplacement qui pourrait nous abriter et rafraîchir et je dois dire qu’avec cette chaleur de plomb je ne dirai pas non. Je lorgne le document dans mes mains, maintenant pelle mêle et hausse les épaules.
« Ne t’inquiète pas pour ça. Je me chargerai de le classer à la taverne. Je ne vais pas le remettre dans cet état à mon supérieur. Il va me faire nettoyer les latrines pendant des semaines s’il voit que je n’ai pas fait attention… »
Et dans la mesure du possible j’aimerais bien éviter que ce dernier ne puisse y jeter un œil. Je ne sais même pas si j’y ai droit aussi, alors je vais me contenter de vérifier les bas de page histoire de suivre la numérotation s’il y a, sinon je n’aurai pas d’autre choix que d’en aviser Val et me faire tuer par la suite.
« Bon aller on se met en route? »
Bien sûr qu’on se met en route et pas dans le plus grand des silences qui me sort totalement de ma zone de confort. Le silence et moi on est bien copain normalement, mais là je suis capable de discuter avec cet homme sans aucun problème. Comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde. Enfin, la température ne me cause plus vraiment de soucis à vrai dire, mais c’est certainement parce que tu ne viens pas d’ici. Puis c’est qu’une question d’habitude. Non je n’ai pas pour habitude de faire le pigeon voyageur normalement, mais faut bien quelqu’un s’y colle. Je ne pense pas que j’aie besoin te t’aviser que je suis de la garde. Je ne connais pas trop le système qu’ont les aventuriers, mais ça me semble intéressant alors je l’écoute attentivement. Vous avez des trucs pour bien ranger le tout, parce que je vais certainement en avoir besoin. Mon lieutenant ce n’est pas un tendre et encore moins un gratte papier, mais c’est un chic type.
Bref nous arrivons rapidement à ladite taverne qu’avait suggérée Jack. Je n’ai pas pour habitude de venir ici, normalement. J’ai plutôt tendance à me rendre à celle de Geralt plus près de la place marchande, mais ça me va ici aussi. Je fais signe vite fait au tavernier alors qu’on s’installe à une table libre.
« Vous aimez jouer aux cartes? Je ne suis pas une experte, mais je me dis que ça pourrait être sympa, non? »
Le tavernier s’avance à notre table et on commande chacun ce qu’on veut boire. Je choisis un simple verre de bière histoire de commencer légère. Je demande en même temps un jeu de cartes à ce dernier qu’il nous ramène en même temps que notre commande. J’ouvre le paquet et mélange le tout. Tu connais le uno? C’est assez simple en vérité. Je passe les cartes, 7 chacun. Le valet permet de changer le sens, puisqu’on est deux ça sera à ton tour à nouveau. La Dame fait sauter le tour au prochain, le roi te fait piger deux cartes et le joker fait piger à l’autre 4 quatre et te permet de changer de couleur. Bref, je lui explique rapidement et grossièrement les règles et le but pour gagner la partie et je place la pige au centre de la table.
« Vous êtes venue faire quoi par ici d’ailleurs? »
Heureusement qu’on peut parler d’autre chose. Khalie cause pas mal, presque une vraie pipelette. C’est un peu relou de rencontrer quelqu’un d’aussi muet qu’une poignée de porte, quoiqu’en dise Normand, mais j’ai cette chance d’inspirer confiance aux gens pour qu’il cause. Surtout quand ils finissent par causer jeu. Bon, là, j’étais plutôt chaud pour faire un cul de chouette parce que ça faisait un moment et qu’au-delà des premiers aspects qui font dire que c’est un jeu sans queue ni tête, il y a une telle provision de tactique et de jeu d’esprit qui en font un jeu plutôt sympathique. Les cartes, ça me va aussi. La belote. Surtout la belote. Qu’est ce qu’on s’amuse à jouer à la belote.
-Taper le carton en buvant une bière, c’est quand même l’un de ces petits plaisirs de la vie sur lesquels on ne crache jamais. J’en suis !
Sur ce, j’échange deux avec le mot avec le patron pour connaître sa carte des bières et j’ai le plaisir d’apprendre qu’il y a de la blonde d’Ollainbourg. Un peu forte, mais ça fait longtemps que j’en ai pas bu une pinte. Je la choisis direct et j’ai le petit plaisir de voir le sourire se dessiner sur le visage de l’aubergiste, reconnaissant là un connaisseur en ma présence. Evidemment, oserais-je dire. Retour à Khalie qui propose un jeu de cartes. Uno ? Qu’est ce que c’est que ce truc ? Jamais entendu parler. Mais vous savez ? La curiosité est un gentil défaut en matière de carte, comme dit le vieux sage des tavernes ; c’est personne, hein, c’est pour parler de tous ces types avec deux verres de trop qui se font des envolées philosophiques alors qu’ils n’arrivent pas à mettre deux pieds devant. Bref, on explique les règles, plutôt simples et le jeu se met en branle. On fait gaffe de bouger la paperasse pour pas que ça tombe n’importe où et pour pas renverser de bières dessus. Ça a l’air d’aller, mais je connais des gens qui peuvent pas s’empêcher de renverser leur boisson sur les gens. Triste, hein ? Bref, ça joue et ça papote. Cartes, boisson et discussion. Que demander de plus ? Si ce n’est un massage des pieds.
Je déconne.
-La routine. Vérifier la solvabilité de clients de la guilde. Faire des rapports sur leur bon alignement moral ; parce qu’on ne traite pas avec des gens potentiellement pas en adéquation avec les principes véhiculés par la royauté. Me regarde pas comme ça, c’est écrit comme ça sur le rapport. On a des … fans d’administratifs dans la guilde.
Je m’interromps. Parce qu’il me restait plus qu’une carte et que Khalie vient me sortir un contre-uno que j’ai pas compris. Apparemment, faut dire uno quand il te reste qu’une carte. Je savais pas. Du coup, je repioche et Khalie en profite pour finir deux tours après non sans avoir prononcé le mot magique ; je surveillais justement. Je distribue, je manque de faire une fausse donne puis on repart. Et je recause.
-Sinon, il y a en ce moment une campagne pour choisir un nouveau membre au conseil de la guilde. Et je suis candidat. Et comme c’est important de choisir un nouveau membre capable d’être apprécier par le plus grand nombre, je profite de l’occasion pour rencontrer les aventuriers du coin et me faire connaître. Parler des problèmes, serrer des mains, rencontrer des gens. Très fatigant.
Que je dis en roulant des yeux. Et pour me donner un petit air comique parce que l’espace d’un instant, je me suis senti barbant. « Gneuh, j’ai une vie trépignante et j’aime l’étaler ». Pas très Whiskeyjack tout ça, alors je préfère rappeler que je suis un type sympa en faisant le rigolo. Je perds la deuxième manche, mais c’est plus parce que j’avais un mauvais jeu. Faut dire aussi que je garde mes jokers, parce que c’est un peu violent tout de même. Et je sais jamais quand les placer. Ouai, j’ai des lacunes en stratégies, mais tout le monde ne nait pas fin stratège en jeu de cartes, hein.
-Et toi, du coup, quand on te monopolise pas à juste transporter des trucs, qu’est ce qui pimente la valeureuse vie de garde, hein ? Il y a moyen de monter en grade pour faire des trucs plus intéressants ou pas ?
Changement de personne qui raconte sa vie et je me concentre. Je cause et je perds deux fois. Il s’agit de se concentrer et de profiter de son inattention pour porter un coup fatal. Hé. C’est pas méchant. Faut savoir gagner. Ça fait partie du jeu, non ? Et je reprendrais bientôt une pinte, c'est qu'avec la chaleur et la parlote, ça vous assèche le gosier.
Les règles maintenant établies et les cartes distribuer, la partie commence. Si ce dernier n'est pas du coin et qu'il est en visite, je n'hésite pas à le questionner sur la raison de sa présence. En même temps, c'est peut-être mon petit côté fouineuse qui parle après tout, je ne suis pas garde pour rien. Si son but s'est de vérifier que la moralité de leur client se joint à celle de la couronne, moi mon but c'est de m'assurer que la loi et l'ordre soient respectés au grand port et ses environs. Parce qu'il ne faut pas déconner, je ne peux pas me diviser sur tout Aryon non plus. D'ailleurs je lève les yeux vers lui en arquant un sourcil. Le choix de ses mots est plutôt particulier, mais bon si c'est écrit comme ça sur les papiers, je ne peux pas y faire grand-chose.
- Des fans d'administration, ça j'en connais un. Tout doit être bien ranger, une droiture exemplaire, pas de faux pas. Même nos vêtements doivent être conformes à une certaine norme émise et je ne parle même pas du capitaine.
Je le vois lorgner légèrement sur mon accoutrement. Bon faut dire que j'ai pas vraiment eu le temps de faire mieux ce matin! J'étais pressée et je devais ramener les documents au plus vite à Valentino, mais m'voyez je suis assise ici en train de boire un petit verre tranquille en jouant aux cartes avec Jack, personnage plutôt sympathique avec une très belle moustache. Puis, je suis déjà en retard, autant l'être pour de vrai, non?
- Ouais, j'ai pas choisi la meilleure de mes tenues. J'ai manqué de temps. Du coup, je croise les doigts pour ne pas croiser le lieutenant Calyxe ou le capitaine par exemple.
Je regarde mes cartes et ça se passe plutôt bien de mon côté. Je ne peux pas en dire autant de mon compagnon que je viens de battre pour une première fois en lançant ma dernière carte avec un malin plaisir et un sourire triomphant. C'est à son tour de distribuer.
- Pour être sûre, ceux qui sont au conseil, c'est ceux qui se chargent des admissions et des expulsions c'est ça?
Bon deuxième fois que je gagne et je commence à me demander si je ne devrais pas le laisser gagner au moins une fois. J'hésite parce qu’il me semble être plutôt malin vous voyez et je ne veux pas non plus qu'il croie que je le prends pour un imbécile en le laissant gagner volontaire. Bon aller mon ami, un peu de concentration! Je suis sûre que tu peux me battre cette fois-ci. Du coup, les rôles sont échangés et c'est maintenant à moi de parler.
- Valeureuse vie de garde? Pour être sincère c'est par pour doré mon nom que je suis ici. Je fais partie de ces gens qui ont été inscrits, par leur parent tu vois. Ma mère me trouvait "turbulente", elle voulait me redresser, mais tout ce que ça a donné c'est que je me suis éloignée d'elle et je suis restée dans la garde. On est bien quand même ici; logé et nourri. On fait de belles rencontres même si parfois on voit des choses que ne souhaite à personne. Je ne peux pas trop parler sur quoi on est en train de bosser, après tout c'est un secret.
Je souris, j'ai l'impression de lui faire confiance qu'il serait une bonne écoute, mais je ne peux pas dérober à la règle. Je suis sûre qu'il comprend après tout, lui aussi devra conserver des secrets en tout genre s'il monte au conseil. Attends, c'était un 8 de coeur là? Merde! J'aurais dû jouer mon 8 de pique à la place!
- Mais ouais, on peut monter en grade tout dépendant de notre volonté, de nos faits d'armes et aussi de notre dossier. Personnellement, je ne compte pas monter. Disons qu'il ne s'agit pas de ma priorité et je m'imagine bien mal avoir d'autres soldats sous ma charge.
J'échappe un petit rire et Jack tape contre la table signalant qu'il ne lui restait qu'une seule carte. Merde! Il me reste trop de cartes pour réussir à le battre. On est encore sur du coeur, mais j'ai que du pique et du carreau! Je dois piger, pas trop le choix. Je retiens ma respiration et la regarde discrètement. Zut! C'est à toi, que je lui signale et ce dernier, écrase donc sa dernière carte sur la pile de rejet satisfait.
- Bien joué!
Du coup, mon verre et presque vide et la pinte de mon compagnon l'est tout autant alors je relance le patron qui s'approche de nous. Pour ma part je reprends la même chose, soit la moins forte, du lot parce qu'il a beau faire chaud, je suis supposée travaillée. Dans un brin de conscience, j'attrape le document pendant que Jack passe sa commande et j'observe les feuilles. Heureusement, elles sont numérotées, mais le document a bien plus que dix pages. Ça me semble être un rapport plutôt important si j'en crois les grandes lignes. Bref, je me contente de suivre le bas de page en essayant de ne pas trop m'éparpiller sur la table. Mais j'vais quand même pas faire tout cela dans le silence.
- J'vois que tu sembles t'y connaître en bière. T'as des recommandations, des lieux à ne pas manquer? Je dois une soirée à un ami et ça pourrait être amusant de faire le tour des tavernes. Ça peut être n'importe où, je vais bientôt avoir mon pass de téléportation et lui l'a déjà.
- Quelqu'un a dit bière ?
S'avançant vers vous, un homme plutôt ... farfelu, une redingote violette pourpre et le pantalon en toile assortit, le grand chapeau et les trois plumes de couleur différentes, dans l'ordre jaune, noire et blanche, ainsi que pour seule pilosité faciale, une belle moustache, fine et courbée à l'italienne pour un petit air raffiné. Arrivé près de vous, il fléchit la jambe gauche et tend en équilibre sa jambe droite, mimant des bras l'aérodynamisme d'un oiseau en plein vol.
- Je me permets, Henry-Louis, fervent collectionneur de saveur, sapeur à mes heures perdues. Je suis très fan de l'équilibre des senteurs, un thème très bien abordé dans les alcools des tavernes du coin et ... si je puis me permettre ...
Ainsi il commence à vous parler avec passion des différents alcools qu'il a goûté dans sa vie. Mise à part sa petite incrustation improvisée, il n'a pas l'air méchant et même, vous demande aussi de faire part de vos expériences relevantes du domaine. Pour ne pas paraître rude, vous l'invitez à une partie de carte pendant laquelle, lorsque la discussion atteint le sujet escompté, il lève son chapeau et récupère du sommet de sa tête deux bouteilles d'une bière inconnue.
- Vous êtes une exceptionnelle compagnie vous deux, permettez-moi, j'aimerais vous offrir la consommation, voici ma préféré : la Rince-Sanglier ! Une bière dite légendaire, car à vrai dire, j'en suis tellement friand que j'achète tout ses stocks à la brasserie ! Oh oh oh !
Riant gaiement, il vous invite à goûter la boisson. Pourquoi pas, après tout ? Sauf qu'à la première gorgée, c'est un véritable coup de maillet sur la caboche. Vous sentez les couleurs et entendez les saveurs, avec l'effet d'une consommation musclée et d'une sensation de détente sans pareil, vous vous mettez à rire de la même manière que le curieux bonhomme ! Il ne vous manque que la sape pour devenir les stars élite du Grand Port !
Effectivement, comme l’a évoqué le narrateur, ça me fout une sacrée taloche à m’en secouer la cervelle dans son jus. Aoutch. C’est plutôt une boisson d’homme, comme dirait mon tonton, paix à son âme. Puis la première impression passée, v’là d’autres impressions plutôt saugrenue. Je parlais de toucher et entendre la bière ? Bah c’est le cas. Je l’entends aussi distinctement qu’un Fenrir hurlant dans son environnement naturel. C’est dire. Et puis le toucher. J’ai bien une goutte qui a coulé dans ma moustache. Et cette goutte, elle ne fait pas que glisser tendrement au milieu de ma pilosité et sur ma peau soyeuse, non ! Elle me signifie quelque chose, par les courbes imperceptibles à l’œil nu qu’elles dessinent aux milieux de mes poils. Qu’est ce qu’elle me dit cette goutte ? Elle me dit qu’elle m’apprécie beaucoup.
On me le dit souvent.
En face, Henry-Louis résonne sur tous les plans astraux. Regardez-le ! Un parfait équilibre dans toutes les dimensions, dans tous les secteurs. Un homme parfait ? Non. Un homme parfaitement équilibré, oui. Je jette un coup d’œil à moi-même et à Khalie qui a l’air de s’ouvrir elle aussi à tous ces nouveaux ressentis et de ne plus penser au lieutenant Calyxe ; nom qui m’a soudainement fait penser à Calixte, mais les coïncidences, le monde en regorge. Bref. En comparaison d’Henry-Louis, nous sommes ternes. Il est l’été. Nous sommes l’hiver. Et quelque chose en moi, probablement l’énergie cosmique de la Rince-Sanglier qui bouillonne dans mon ventre, me pousse à devenir aussi brillant qu’Henry-Louis.
-Hé bien, mes amis, je vois que vous vous ouvrez aux bonheurs qui illuminent ma vie !
-Ah ça, tu mets le doigt sur quelque chose, HL.
Oui, on lui a donné un surnom. HL premier du nom. Une légende qui nous a ouvert nos chakras avec autant de vigueur qu’un pied de biche.
-Mais dis-nous, HL, comment être aussi en phase que toi avec le monde ?
-Les mondes, Jack. Les mondes ! Ne ferme pas ton esprit au seul que tu vois, car ils sont nombreux. Aussi nombreux que les arômes. Aussi nombreux que les poils de ta moustache.
-Oooh.
-C’est simple, Jack. Regardez. Sentez. Ressentez. Et vous trouverez ce qui vous permettra d’être en phase avec les mondes.
Je m’exécute. Je me tourne vers les autres tables, les autres gens, le personnel et tous ces objets du quotidien qui m’appellent et qui me regardent. Avec Khalie, on est comme des nouveaux nés, émerveillés de la moindre chose, sans avoir cette irrépressible envie de pleurer pour un rien, évidemment. Mon regard tombe sur un type au comptoir. Ou plutôt, sur son chapeau. Je me précipite à son contact. Pris par une envie soudaine, j’exécute la même entrée en matière que celle d’Henry-Louis, manquant de me casser la figure. Mais l’équilibre tient ! J’en ressens une grande satisfaction sans en comprendre véritablement le sens. Mais ne suis-je pas encore tout à fait entier pour comprendre ?
- Permettez-moi que je prenne votre chapeau, mon ami ?
-Mon chapeau ? C’est que… j’y tiens.
-S’il vous plait. Il me parait vital pour ne faire qu’un avec les mondes.
-Ah ? Bah, je peux vous le prêter. Vous m’avez l’air d’être un chic type.
Je lui arrache presque des mains et je le pose sur ta tête. Je fais le vide un moment, écoutant les murmures autour de moi. Oui ! Oui ! Les murmures sont enthousiasmes ! Non loin, j’aperçois Khalie qui prend aussi ses libertés. Elle aussi explore pour synchroniser son équilibre avec les mondes. On ne la voulait pas turbulente, mais elle ne peut que l’être dorénavant. Turbulente à trouver sa voie, tout comme moi. Je pense à ce chapeau. Une plume, mais je ne veux pas copier. Copier, ce n’est pas être synchronisé avec mes mondes, c’est vouloir le faire avec ceux de HL. Mais j’ai mieux que des plumes colorés, j’ai ma plume d’Anima que je glisse sous mon chapeau, par-dessus l’oreille, griffonnant le chapeau en passant. Celui-ci se met à grogner doucement.
-Mais qu’est ce que ? Mais qu’est ce qui m’arrive ? C’est pas la bonne tête ? C’est pas la même tête ! On me vend ? On me jette ! Ô misère ! Ô désespoir ! Que sui-je seul ainsi ?
-Chapeau, que voudrais-tu ?
-Cette ombrelle ! Elle m’appelle !
Elle m’appelle aussi. Une ombrelle féminine, mais ne faut-il pas accepter la part de féminin en soit pour être en osmose avec soi-même. J’accoste la propriétaire, nouvelle introduction dans les formes que je réussis bien mieux. Et je parviens à extorque l’ombrelle de ses mains pour la poser sur mon épaule droite, dans un équilibre précaire, mais qui tient bon. Je me retourne vers HL.
-Comment est-ce ?
-La question n’est pas ce que j’en pense, c’est ce que les mondes pensent !
Je ne sais trop comment poser la question. Alors, je la pose à Khalie, elle aussi en plein resapage. Elle qui est dans on cas, elle doit bien avoir un avis ?
J’imagine que si Jack boit à la bouteille c’est qu’elle est sans danger n’est-ce pas? Si je m’étais écoutée depuis le début, je n’aurais pas laissé ce monsieur s’asseoir à notre table et encore moins bu à cette bouteille. Après tout, c’est bien l’une des premières choses qu’on nous apprend en tant que femme. On ne boit pas au verre qu’un inconnu nous donne et c’est d’ailleurs un conseil que je donne moi-même en tant que garde. Et de plus, j’ai déjà bien exagéré sur mes consommations alors que je suis sensée être au boulot. Valentino doit certainement être en train de fulminer en tapant du pied. Le connaissant il doit être en train de me chercher.
Enfin! Mais par purs soucis scénaristiques, je porte la bouteille à mes lèvres puisqu'on ne m'en laisse pas trop le choix et à peine but, j'oublie tous mes tracas. À vrai dire j'ai l'impression qu'on m'a mis un coup derrière la tête et qu'il m'est maintenant possible de voir les petites étoiles danser autour de cette dernière. C'est marrant parce que Jack aussi en a. Je lève la main essaie d'en choper une et me met à rigoler de façon absurde.
Mon compagnon de table tape la discute avec HL, mais moi je n’écoute pas trop. Enfin si, je regarde observant les mots flotter et danser tel un ballet autour d'eux. Ils se croisent, s'emmêlent, les lettres changent formant d'autres mots. Je cligne des yeux plusieurs fois malgré mon sourire béat sans trop comprendre ce qui m'arrive. Je dois m'ouvrir au monde qu'il dit? Observer, sentir et ressentir sont les trois verbes prononcés. On s'y prend comment d'ailleurs? Jack semble le premier sur le coup et quand je le vois partir, je me dis que je dois certainement faire comme lui. Alors je me lève à mon tour rangeant bien évidemment mon dossier dans mon grand sac sans fond - Il ne faudrait pas que je me le fasse voler - et mon regard s’arrête par la suite sur une patère non loin de l’entrée. J’y cours presque comme s’il me fallait l’objet tant convoité. Mes mains se posent alors sur un châle, mais pas comme les autres non?! Il est couvert de plume sombre au reflet verdâtre. Mes mains glissent dessus caressant les plumes avec douceur et délicatesse. Personne ne se lève pour mentionner de ne pas y toucher alors il est certainement libre de possession. Je le prends, le passe au-dessus de mes épaules et l’attache. Je me sens légère, libre comme l’air. J’étire les bras tel un oiseau qui déploie ses ailes et me retourne vers mes camarades au loin.
Jack semble poser une question, question auquel, je suppose, je dois répondre vu son regard en ma direction. Alors je m’approche l’observe, penche la tête sur le côté et m’exclame.
« Tu es vibrant! »
Ah non, pas de magnifique ou de merveilleux ici, nous sommes au-delà de ce stade. Par contre moi, j’y vois pas grand-chose, du coup, je me contente de mes belles plumes de corbeau. Bien qu’il pourrait y avoir des choses intéressantes en extérieur non?
« C’est quoi la suite? »
En fait non.
Je suis pas assez connecté pour voir la chaise et je me casse la gueule. Moi aussi, je vois des étoiles, mais c’est pas le même genre que celles de Khalie. Et j’ai pas trop envie de les attraper. J’ai juste envie de prendre un truc pour la tête parce que soudainement, j’ai une grosse douleur dans la caboche à m’en faire vriller le ciboulot. Je roule au sol, me tenant la tête à deux mains en grognant faiblement. Khalie vient m’aider, parce que dans le fond, c’est une personne altruiste et j’ai tellement mal qu’elle ne parvient pas à me remettre sur pied. Pire, un faux mouvement l’envoie valser au sol aussi. Comme si avait perdu soudainement pied. On nous regarde sans trop savoir quoi faire. Agir ? Ou c’est encore comme quand on empruntait les accessoires des gens et ça fait partie du trip ? Ils ne savent pas. Apparemment, on est pas en danger de mort, et ça suffit.
Puis le mal de crâne part. Et je me redresse lentement comme si je m’attendais à subir à nouveau une horrible douleur. Non ? Non. Rien. Je dois avoir une tête affreuse. Mi grimaçante, mi contente d’en avoir fini. Je jette un œil du côté de Khalie qui en termine aussi avec son épisode de douleurs. L’usage de ma tête me revient petit à petit et je me mets à me souvenir de ce que je faisais là. Puis je me rends compte de ce que je porte. Mais qu’est ce que ? Pourquoi j’ai ça sur moi ? Ce chapeau. Cette ombrelle. Je me relève, presque honteux et je rends leurs affaires à leur légitimes propriétaires que je reconnais facilement à leur tête à peu plus soucieuse que les autres. Je reviens pour prêter main forte à Khalie à se relever et qui se rend compte de mon regard perplexe avec son châle sur les épaules. On ne juge pas. Mais bon. C’est bizarre non ?
Le cosmos ? L’équilibre ? Tout ça ? Je vois pas de quoi vous parler. Ah. Tiens. V’là celui qui est venu à notre table qui s’approche, l’air tout aussi perplexe que je pourrais l’être.
-Jack ? Khalie ? Vous ne ressentez plus l’équilibre de toute chose ?
-Je ressens surtout une putain de migraine. Quelqu’un n’a pas un truc contre ça ?
-Un grog. Ça fait son effet.
-J’en prends un, tavernier.
-ça marche. Je garantie pas que ça revienne dans six heures par contre.
-On verra plus tard.
-Jack ? Vous ne ressentez plus… ces effets ?
-Hein ?
Je le regarde en fronçant les sourcils tandis que le tavernier me prépare un remontant qu’il devrait anesthésier la douleur aussi bien qu’une médecin royale. Henri-Louis, c’est ça ? Et … la Rince-Sanglier. Voilà ! J’ai les idées en place.
-Vous connaissiez son effet à cette binouze ?
-Evidemment, mais c’est un cadeau !
Ah, je suis piégé. Les cadeaux, faut les consommer. Je peux pas m’y opposer. Ne pas consommer un cadeau, c’est être vraiment très désagréable et ça, c’est pas très Jack.
-Tenez, reprenez en une autre.
Et il sort deux nouvelles bouteilles de son chapeau, comme ça, comme si son pouvoir, c’était de faire apparaître des bières aux propriétés plutôt chelous depuis sont chapeau. Un cadeau, ça va. Deux cadeaux, bonjour les dégâts. Je recule en mettant mes mains en opposant en signe de refus polis.
-Non, ça ira HL. Tu sais, on a des choses à faire. Je veux pas abuser de ta bonté.
-Mais si ! Prends ! Prends ! Bois ! C’est nécessaire !
Et v’là qu’il s’approche avec sa posture bizarre, une bouteille dans chaque main. Il me coince dans un angle. Je cherche de l’aide du regard. Les autres croient que c’est encore notre petite comédie bizarre. Va bien falloir lui en coller une pour se sortir de cette oppression. Et vous savez bien que j’aime pas beaucoup ça. C’est pas très cordial, hein.
Je demande la suite, parce que mon cerveau ne semble pas totalement se connecter à l’univers de HL. À vrai dire, j’ai vraiment du mal, comme si une petite reproduction de moi-même se tenait sur mon épaule pour me demander ce que je suis en train de faire actuellement. Je la regarde justement en train de me sermonner. Du coup, je ne peux pas prévenir mon compagnon qu’une chaise lui barre la route et ni l’empêché de se vautrer au sol. J’entends un « Toc » signe qu’il peut s’être fait très mal, du coup, en tant que bonne personne, je viens l’aider alors qu’il se met à rouler sur lui-même tout en se tenant le crâne. Arrête de bouger! Sinon tu vas me faire tom…ber. BOOM!! Je le rejoins au sol, mon front heurtant le sol dur.
Aïe aïe aïe! Ça fait mal bon sens. J’ai l’impression d’entendre deux cymbales résonner dans ma tête en continu. Personne ne vient nous aider comme de fait. Ça doit être bien marrant vu d’un œil extérieur en vrai. Après tout, on dirait deux tortues prient sur le dos essayant de se lever. Finalement c’est Jack le premier sur ses pieds et plus tôt que de m’aider en premier, il remet les objets qu’il avait empruntés à leur propriétaire. Par la suite, il revient vers moi me tendant sa main. Cette situation était d’un ridicule. Comment nous sommes-nous rendu jusqu’à ce point? Enfin, personne n’a rien de casser, c’est ça l’important.
Je me masse le front ainsi que les tempes alors que HL se rapproche de nous en nous questionnant sur notre ressenti sur l’équilibre. Non, personne ne ressent plus rien, mis à part un mal de crâne. Je dois dire que ça nous a vite ramenés à la réalité et cette chaise devait avoir été mise là par Lucy pour nous donner une chance de nous en libérer d’ailleurs. Il semblerait que notre ami ici présent connaissait les effets de la boisson et si je ne m’abuse, cela aurait pu être dangereux. Vous imaginez si nous étions réellement sorties de la taverne. On aurait pu se blesser en tombant de je ne sais trop où!
Enfin, Henri-Louis semble se montrer insistant sur le fait qu’il s’agissait d’un cadeau, mais Jack semble trop gentil et sympathique pour mettre son pied au sol et lui refuser fermement son stupide cadeau à double tranchant. C’est à mon tour de m’interposer. J’ai beau mesurer un mètre soixante, je ne me laisse pas marcher sur les pieds.
« Bon écoute, Henri-Louis… soit tu dégages, soit je te dégage. T’as le choix!
- Vous ne comprenez donc pas? Cela vous permettra de voir la vérité.
- Non, la vraie vérité, c’est que t’es défoncé et que tu as tenté droguer contre leur gré un aventurier ainsi qu’une garde avec ta boisson plus qu’étrange en sachant pertinemment l’effet qu'elle nous ferait.
- Mais.
- Non! Tu te tais et tu écoutes. Déjà c’est illégal et une atteinte envers nos personnes. Si c’était que de moi, je te ferais goûter mon poing, mais comme je dois montrer l’exemple je m’abstiens, puis je ne suis pas du genre à déclencher des bagarres. Non je suis celle qui les arrête. Alors avant que tout cela ne tourne au vinaigre, je t’offre la possibilité de quitter cet endroit et si je te reprends à essayer de refiler de ce truc, je te passe les menottes. Et la seule chose que tu verras à ce moment ça sera les barreaux d’une cellule. »
Et pour peser mes mots, je sors vite fait la paire de menotte que je garde toujours dans mon sac. Je la fais tourner à l’aide de mon doigt et j’ose espérer qu’il a compris le message. Il recule doucement, remet sous son chapeau les bouteilles qu’il avait en main et nous offre une petite révérence avant de prendre la poudre d’escampette. Je range les menottes et je finis par sentir quelque contre ma main au même moment. J’attrape l’objet et en ressors mon cristal de communication. Oh merde…
« Ouuuui? Que je dis avec une petite voix incertaine.
- Enfin, bordel de putain d’merde! Sunny, ça fait plus d’une heure que t’es sensé être ici. Où est le document?!
- Aaaaah tu voix c’est une looongue histoire, mais je n’ai pas le temps de te l’expliquer, n’est-ce pas?
- Ramène-toi ici et au plus vite!
- Oui, Lieutenant, au revoir lieutenant. »
Je me dépêche de raccrocher et me tourne vers mon ami à moustache avec un petit sourire gêné. Je me gratte l’arrière de la tête en rigolant légèrement.
- Bon ce fut un plaisir Jack, mais je dois vraiment y aller. Je suis en service et je vais mourir. Du coup, je suis heureuse de t’avoir rencontré!
Je m’apprête à partir, mais je m’arrête pour me retourner en sa direction.
- Merci, pour les verres et si jamais t’as des problèmes un jour et que t’as besoin d’une garde pour t’aider, je suis là!
Cette fois-ci c’est la bonne et je me dépêche de fuir la taverne. Valentino va tellement me tuer!