Longue journée aujourd'hui, disons qu'on ne chôme pas en ce moment et j'ai besoin de relaxer. Normalement je me serais précipitée vers le bar de Gerolt, mais je voulais faire changement. Alors plutôt que de me rendre près du quartier touristique j'ai préféré me diriger vers le quai. Il y a une petite taverne près de celui-ci qui donne une vue sur la mer apaisante. En plus, elle n'est jamais bien remplie voir très tranquille. Mais c'est une petite taverne, pas de repas, seulement de l'alcool. Du coup, c'est après une longue douche et après avoir changer de vêtements que je m'y dirige.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai décidé de faire changement. Je me suis procuré une bien jolie robe rouge et noir sur laquelle j'ai déposé un corset noir. Je m'étais chaussé de petit soulier propre avec un talon et avait terminé le tout avec des bas collant montant jusqu'à la mi-cuisse retenue par deux bandes. Bref, la jupe de ma robe était tout de même courte, mais est-ce que ça me dérange réellement? Absolument pas! D'ailleurs, je me suis procurée ladite robe dans la boutique de Patricia. Vous savez celle à qui Aslander a dit que nous étions fiancé. Elle s'est faite un plaisir de me servir en me parlant de ce dernier, me demandant comment il allait. J'imagine qu'il va bien depuis sa presque arrestation! Heureusement que j'ai fait partie de l'équipe en charge de cette affaire parce que j'en connais qui n'aurait pas été tendre avec eux. Bref je m'égare. Non en vérité j'ai parlé d'autre chose avec cette chère dame. Comme par exemple, d'une supposé rumeur qui circulait à propos de mes fiançailles avec un certain O'Sullivan alors que cela était sensé rester secret. Secret dont elle était la seule à savoir pour le moment et qu'étrangement, ma mère le savait avant même que j'aille le temps de lui dire. Bon ok, je l'avoue j'ai joué un petit peu avec elle, faisant pression et j'ai eu droit à un joli rabais!

C'est donc en ayant l'air d'une femme bien vêtue que je marche dans les rues du grand port atteignant finalement ma destination. Sauf que je ne sais pas ce qui se passe, mais tout est plein sauf au comptoir. Bon, je suis déjà ici, je n'ai pas envie de rebrousser chemin. Je me décide donc d'entrer dans la taverne allant prendre place en face de mon très cher ami le tavernier. Il garde en main son torchon avec lequel il essuie ses verres. Dès que je prends place, il me regarde de haut en bas avec un petit sourire en coin et dépose le verre qu'il tenait en main avant de lancer le linge sur son épaule.

"On est habillée chic ce soir, une raison spéciale?
- Absolument pas, une envie passagère.
- Et qu'est-ce que j't'offre ce soir, ma jolie?
- Un black Widow
- On commence fort à c'que j'vois.  Bon aller j'te prépare cela."

Pendant ce temps un homme semble s'installer à mes côtés. Je lui jette un bref coup d'oeil, mais ne le reconnaissant pas je me détourne pour observer le cocktail qui fut déposé devant moi.

"Et v'là un black widow pour la beauté. Et pour vous m'sieur, ça sera quoi?"

Je trempe doucement mes lèvres dans cette délicieuse préparation et ferme doucement les yeux pour profiter des saveurs qui s'harmonise. Mes papilles se délectent alors que ma gorge se réchauffe doucement terminant sur une note de fraîcheur lorsque ma gorgée avalé. Mais qu'est-ce que c'est bon!

Je continue de siroter mon délicieux cocktail observant le barman préparer la boisson de mon voisin. Malheureusement, l'arrivée de ce dernier m'empêche de discuter avec le tenancier, mais de toute façon, la salle est bien trop bondée pour que je le retienne avec mes problèmes. Je pousse un léger soupir observant le contenu de mon verre que je fais tourner dans ma main rapidement alors que la voix de mon voisin ce fait finalement entendre en ma direction.

Je me détourne finalement de mon occupation actuelle et je regarde en sa direction en arquant légèrement les sourcils. Il est vrai que nous contrastons avec le lieu sachant qu'avec nos habits et certainement notre propre richesse nous aurions pu être reçus à des endroits bien plus distinguer que celui-ci, mais cette façon de penser m'agace légèrement et je ne peux m'empêcher de sourire amèrement avant de prendre une plus grande gorgée de ma boisson. Enfin, je pense simplement que sa manière pour débuter une conversation est maladroite tout simplement.

" J'ai eu une grosse journée au boulot et je ne préfère pas en parler, car j'ai vu assez de papier aujourd'hui!. Si je suis venue ici, c'est simplement pour relaxer devant un petit verre et décompresser. " Je me regarde un moment, après tout, il a parlé de robe. « Pour ma robe, disons que j'avais envie de faire changement tout simplement. J'en ai marre que les gens me prennent pour une clodo alors qu'il s'agit tout simplement de vêtements dans lesquels je suis confortable! Alors je suis allée dans une boutique dont je n'ai pas trop l'habitude d'y aller et puis bon, je dois dire que c'est pas si mal en vrai. »

Les mots sortent de ma bouche malgré moi et ça me fait étrangement du bien de l'avoir enfin dit à quelqu'un. Tous ces regards de jugement tourné vers moi qui me donne la désagréable sensation d'être une simple bête de foire à leurs yeux! Qu'on me fiche la paix! Je m'appuie alors contre le comptoir en me tournant légèrement en sa direction; tout à fait possible puisqu'il s'agit d'un simple banc haut sur patte.

« Mais vous, vous me semblez tout droit sortie d'une petite soirée qui ne fut pas au-delà de vos attentes. À moins que ce soit un repas d'affaire qui ne se soit pas conclue comme vous l'espéreriez. »

Sans m'en rendre compte, je termine d'une traite ce qui me reste, fermant les yeux pour faire passer le tout. C'est une boisson qui se boit petit peu par petit peu et non de cette façon. D'ailleurs, les sensations semblent durer et être amplifiées ce qui me fait légèrement grimacer avant de ne secouer la tête.

" Ouf! Cette gorgée est vraiment mal passée! "

D'ailleurs au moment où je dépose mon verre le tavernier revient de sa tournée en salle et me regarde agréablement en s'appuyant contre le comptoir.

« Oh déjà? Prêt pour un autre round, ma jolie?
- File-moi un beauté sauvage.
- Black widow, beauté sauvage, j'ai l'impression que t'essaies de passer un message, la miss. Il pointe l'homme à mes côtés du menton. C'est ton homme? »

J'éclate de rire d'un coup.

« Si j'en crois vos paroles, je suis une beauté sauvage qui tue ses maris c'est cela? Enfin, nous venons de nous rencontrer ici même. Faudrait que j'apprenne à le connaître avant de vouloir m'en faire un mari, vous ne croyez pas? »

Je dis cela sur le ton de la rigolade. Après tout, je commence à peine à me questionner sur les sentiments qui je pourrais ressentir envers une certaine personne, mais suis-je prête à m'engager émotionnellement parlant. Est-ce que je suis prête à me faire repousser, c'est plutôt ça la véritable question. Suis-je prête à me prendre un refus et brisé l'amitié qui nous lie? Le tavernier me dépose mon verre et resserre mon voisin de comptoir avant de laver immédiatement les couverts.

Mentir sur son nom… Tiens tiens, ça me rappel quelqu’un étrangement. Une certaine personne qui s’est présenté à moi sous un tout autre nom tout en essayant de m’embobiner dans une combine ridicule jusqu’à utiliser mon devoir de garde à mes dépends. Je souris, bien que mon regard démontre autre chose. Une certaine blessure ou de la tristesse peut-être que sais-je. Puis, qu’est-ce qu’il me cache d’autre. Comment suis-je certaine qu’Aslander ne m’ait jamais menti plus que cette fois là. Je secoue légèrement la tête. Foutu alcool qui me fait penser à cela. je pousse un long soupir. Ça ne sert à rien d’y repenser en vrai, j’ai fais mon choix et il en est mieux ainsi bien qu’il semblerait que ma bouche veuille se confier à l’homme à mes côté.

«  J’ai été manipulée par l’un de ces menteurs et pour tout dire, j’ai vraiment cru qu’il y aurait quelque chose entre nous. Il m’a fait redécouvrir un monde que je ne désirais plus voir, mais mon beau petit univers s’est effondré. J’ai appris la vérité et j’ai du lui fermé mon cœur pour mon bien. Qu’est-ce qu’il me cache d’autre? Puis-je réellement lui faire confiance? Enfin, je n’ai pas voulu qu’il disparaisse de ma vie alors nous sommes restés amis, mais je dois dire que parfois c’est difficile… »

Sans parler de tous les trucs bizarres que nous avons traverser ensemble. C’est bien la première fois que je me confis et dit ouvertement à quelqu’un d’autre de cela. Je ne peux même pas le faire avec Valentino, parce que déjà, il m’aurait traité d’idiote en me faisant savoir qu’il le savait et que son attitude était étrange depuis le début et ensuite, il m’aurait dit qu’à partir du moment où celui-ci avait commencé à joué avec moi et se montrer séducteur et entreprenant envers moi que ça aurait du m’allumer une lumière dans l’esprit. J’aurais dû me dire que ce n’était pas normal.

Enfin je me tourne finalement vers l’homme à la pilosité bien développé et émet des hypothèse sur sa présence ici. Déjà personne ne se ballade dans ce genre d’endroit vêtu ainsi. Vu la qualité de celui-ci, cela doit avoir coûté une petite fortune et surtout pour son gabarit je suis prête à parié qu’il s’agit de sur mesure. Bon par contre, il n’a pas réellement le temps de me répondre puisque le barman revient et remplie de nouveau nos verres supposant puis mon voisin et moi étions un tout. Je ne connais même pas son nom de toute façon!

Un petit rire s’échappe d’entre mes lèvre faisant se lever mes épaules de quelques centimètre. Que dire de plus? Il a presque tout dit bien qu’il n’a pas mentionné que c’était aussi un endroit pour se venter d’avoir une plus grande richesse que son voisin et sans oublier de commérer sur les uns et les autres. Une belle bande d’hypocrite, moi je vous le dis. Mais l’homme qui semblait être bien plus à l’aise dans ce monde jusqu’à ce soir où il semblait avoir eu une soudaine prise de conscience.

« Imaginer que ma place n’est pas ici? Comme tout ceux qui ne rêve que de reprendre la mer, dompter cette dernière et y vivre d’incroyables aventure? Non pas vraiment. On m’a offert une fois de partir sur cette dernière, mais j’ai des devoirs ici à accomplir. Ma place est ici là où mon insigne me porte »

J’imagine qu’à ce moment ce dernier aura vite fait de comprendre que je suis une garde. En tout cas, sans trop remarqué j’avais déjà terminer mon second verre, mais cette soif ne semblait jamais se rassasier comme s’il m’en fallait plus alors je recommande une nouvelle tournée pour mon ami et moi-même. Le tavernier me regarde d’un œil inquiet. Après tout il est de son devoir de s’assurer que je ne cause pas de grabuge. Laisser partir un homme à moitié torché ça ne lui dérange pas, mais une femme ça le fait moins. Enfin, je me tiens droite, je ne chancelle pas et mon débit de voix n’est pas irrégulier. J’ai seulement la désagréable sensation d’avoir toujours soif, la bouche pâteuse et que dire du mal de tête qui s’emblait s’installer tranquillement. Je devrais peut-être prendre un peu d’air. Ça m’aiderait peut-être à faire passer le tout.

« Je reviens! Je vais aller au petit coin… »

Ouais, bonne idée! Y doit bien me rester des anti-douleur, ah, mais non en fait! Mélanger alcool et médicament c’est signé mon arrête de mort! Du coup, je fais ce que j’ai à faire et lorsqu’il est temps de me laver les mains, je m’asperge le visage d’eau avant de m’essuyer avec le papier mis à notre disposition. Je me tape les joues et retourne reprendre place au comptoir, mais j’ai toujours cette désagréable sensation qui me ronge.

Sans aucune gêne, je dépose délicatement ma main sur son épaule et lui souris ce qui me demande une concentration hors pair pour ne pas grimacer de douleur.

« Ça vous dit de prendre l’air un peu? »

Est-ce vraiment quelque chose dont j'ai envie de discuter avec Aslander en personne? Ai-je seulement le courage de le faire. C'est plus qu'une discussion, c'est lui avoué que j'ai eu et sûrement encore des sentiments à son égard alors que j'ai décidé de tout stopper afin que nous ne restions que des amis. D'ailleurs il a cru comprendre que ce que je trouvais difficile était de lui faire confiance, mais ce n'est pas tout à fait ça. En vrai, chaque fois que je suis avec lui, je me sens bien. Il nous arrive des merdes pas possibles, on s'entraide et il y a aussi cette chimie entre nous. C'est agréable, mais malgré tout cela, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qu'il a fait lors de notre première rencontre...

- Si c'était seulement une histoire de faux nom, ça aurait été bien plus simple tout ça. Bref je ne comprends même pas pourquoi je finis toujours par revenir sur ce genre de conversation. Je devrais peut-être lui parler en effet, c'est peut-être pour cela. Je croyais cela régler, mais si ça me trifouille l'esprit c'est qu'il y a encore quelque chose à dire...

Enfin, on se confie, on se parle doucement, toujours avec cette insatiable envie de boire. Nos verres se terminent plus vite que nous la pension, on en reprend un autre. Ma tête commence à me faire mal alors que mon corps me tiraille. Je suis rendue à combien de verre déjà, trois, quatre voir cinq? Je sais plus j'ai arrêté de compter, mais mon corps ne semble pas subir l'ivresse suivant ce nombre de consommations. De plus, je ne me gêne pas sur la teneur en alcool! Mais après autant de verre, il est normal de subir l'appel de la nature, alors je me dépêche et reviens auprès de mon compagnon. Je pense qu'il est temps qu'on prenne de l'air, car lui aussi ne semble pas avoir la main faible sur les verres qu'il commande. Je ne pensais qu'à sortir et respirer l'air frais, mais ce dernier se chargea de payer ma note et la sienne en même temps.

- Mais non! Il ne fallait pas payer pour moi! Enfin, merci, je vous redevrai cela un de ces jours.

Bon j'avais tout de même appris la politesse et le remercier était l'une des choses à faire, même si je me sentais bien mal à l'aise. Déjà que je ne connaissais pas son nom. C'est étrange, car normalement c'est bien l'une des premières choses que l'on demande à son partenaire de boisson non? Surtout qu'actuellement, il s'agissait plutôt d'un partenaire de confidence ce que je ne faisais pas avec mes propres amis. L'un était concerné et l'autre lui péterait la gueule si je lui disais. Lui, il était neutre, ne me connaissait pas, ne connaissait pas l'homme en question bien qu'il semblait prendre un peu plus le partie d'Aslander comme si lui aussi semblait rempli de mystère.

Nous voilà maintenant à l'extérieur alors que le soleil nous offre un magnifique coucher de soleil, colorant le ciel d'orangé et de rose. Cela me détend, mais l'homme semble me questionner un peu plus sur ce que j'éprouve pour Aslander. Pourquoi ne lui fais-je pas confiance et surtout qu'est-ce qu'il m'a fait? Je me retourne vers lui pour le regarder droit dans les yeux.

- Comme j'ai dit, si seulement c'était qu'une question de faux nom, mais il m'a manipulé et utiliser dans le seul but de coucher avec moi. Oui peut-être que ses intentions ont changé en cours de route, mais n'empêche que le mal est fait. Sa première intention était de m'utiliser et de me jeter par la suite. Tu comprends? Je ne peux plus lui faire totalement confiance à cause de cela. Je l'ai pardonné bien que le mal est toujours là. Chaque fois que j'imaginais plus entre nous, cela revenait à la charge. Qu'est-ce qu'il me cache d'autre. Est-ce que celui qui se tient devant moi est vrai? Quand nous ne sommes pas ensemble, est-il en train de piéger une autre femme? C'est pour ça que lui et moi  ça ne pourra jamais aller plus loin qu'une amitié.

Et il ne faut pas confondre avec le jeu de la séduction où les deux parties sont au courant de ce qu'il se passe. Se faire offrir d'aller boire un verre par un parfait inconnu peu mener à bien des choses et accepter c'est de jouer avec le feu parce que cela peut finir en une nouvelle amitié, à une histoire d'une nuit ou a plus que sais-je. Mais ici, ce n'était rien de cela. Après tout c'est peut-être moi l'idiote. Je me détourne alors pour observer vers l'horizon observant les marins qui revenait à quai. D'ici, on aurait dit de véritables fourmis.

- S'il avait été vrai avec moi depuis le début... que je dis le dos tourné.

Sauf que lorsque je me retourne vers lui, l'homme n'est plus là, mais à la place, je vois Aslander. Je secoue la tête un moment, en clignant des yeux à de nombreuses reprises. Je les frotte même. Ça doit être mon mal de tête, mais non il se tient toujours là et semble aussi surpris que moi. Je pose ma main contre ma bouche, fais un pas vers l'arrière.

- Tu t'fous de moi? C'était toi depuis le début?

Un mélange de confusion et de colère se mêle en moi. Est-ce qu'il a essayé de me piéger en prenant l'apparence d'un autre pour me faire parler? Pourquoi est-ce qu'il a fait ça?! Je serre les dents et les poings me retenant de ne pas lui en coller une et les larmes de rage me montent aux yeux. - J'y crois pas! Mes sourcils sont froncés et mon regard gris normalement clair est maintenant foncé comme s'il se chargeait de sombre nuage. Je lève la main pour l'empêcher de parler - Ne dis rien! Je secoue la tête, j'ai mal au coeur maintenant j'ai l'impression qu'à tout moment mon estomac va se retourner pour faire sortir son contenu. Je plonge ma main dans ma bourse et lui balance une poignée de cristaux sur le torse.

- J'te rembourse. J'veux rien te devoir!

Je tourne les talons croisant mes bras en croix contre ma poitrine et je m'éloigne de ce dernier retenant mes larmes de couler. Je ne veux rien entendre de lui.