Mon retour au grand-port avec Leoven et Arlequin se fit dans le plus grand calme. Heureusement, ma nouvelle acquisition s’était montrée docile sur le chemin du retour, mais lorsqu’il fut le temps de le montrer son nouveau box dans l’écurie de la garnison du sud, celui-ci n’en fit qu’à sa tête. Il hennissait, s’ébrouait dans tous les sens et alla même jusqu’à tirer sur sa longe. Cela ne sentait pas comme chez lui, ce n’était pas sa maison et pourtant, il allait devoir s’y faire. Pour le faire entrer, je dus passer devant, armée de patience et d’une carotte pour qu’il entre encouragé par ma voix et mes mots doux. Il devrait se compter chanceux, car il était le premier et le seul en m’entendre m’abaisser de la sorte. Si je m’écoutais, je lui donnais une bonne claque sur sa croupe pour qu’il entre, mais je ne suis pas du genre à frapper les animaux de toute façon. Ma patience à ses limites, seulement, c’est à moi de la travailler et non à lui d’en subir les conséquences. Malheureusement, la pauvre bête a été arrachée à son premier propriétaire parce qu’il n’avait plus de quoi entretenir ses soins. C’est triste, mais c’est la vie et le bestiau à bien vu qu’il pouvait avoir confiance en moi dans l’enclos plus tôt. Seulement, je me dis que s’il s’appelle Arlequin ce n’est certainement pas par pur hasard. Enfin, je lui donne finalement la carotte avec laquelle je l’ai attiré jusqu’ici et caresse doucement son encolure.

« Tu vas voir, toi et moi on va être super pote, mais on a besoin de temps pour créer un lien. Puis tu dois guérir. Je sais que c’est triste de perdre quelqu’un que l’on aime beaucoup. Je te comprends parfaitement, moi aussi j’ai perdu un ami un jour et aussi une mère. »

Je continue de la caresser doucement et il lève doucement la tête m’observant de ses grandes billes noires. Il approche doucement son naseau de mon visage que j’esquive doucement. Je ne sais pas ce qu’il compte faire, mais je n’ai pas l’intention de le laisser mettre sa sale bave sur moi. Il renâcle un instant et lève la tête au-dessus de la mienne pour attraper l’une de mes couettes qu’il tire vers l’eau.

« AÏE! »

Je réussis à me dégager tant bien que mal et je sors finalement du box pour le refermer derrière moi. Le palefrenier me regarde en sifflant et se rapproche de moi doucement.

« Tu t’es trouvé une belle bête, Khalie. Un peu sauvage, mais elle semble forte et courageuse.
-  Ouais, va falloir que je le mate le plus rapidement possible pour qu’on puisse partir en mission sans encombre lui et moi.
- Bonne chance, ma p’tite, dit-il en rigolant tout en me tapant l’épaule. D’ailleurs, je m’y connais bien en chevaux, mais les unicornes c’est pas trop mon truc. Tu devrais te renseigner un peu plus à leur sujet.
- M’ouais…Enfin, je sais que tu vas bien t’en occuper pareil pour le moment. Je repasserai demain le voir. »

Enfin, ça me fait penser que j’avais entendu parler d’un endroit quand j’étais encore à la capitale, je me souviens plus du nom, mais en faisant quelque recherche je finirais bien par trouver. Du coup, après investigations j’ai fini par trouver le nom du lieu que je cherchais. Aux mille et une bêtes si je ne dis pas de bêtise.  Je m’empresse alors d’écrire une lettre aux propriétaires de cet endroit afin de lui poser quelques questions. Déjà, je ne sais pas quand la lettre arrivera, alors je ne veux pas perdre de mon temps à attendre, du coup je lui explique ma situation en lui parlant de l’acquisition de mon unicorne et que j’ai besoin de conseil pour entretenir la bête ainsi que me rapprocher de ce dernier, tout en lui offrant une prime si ce dernier accepte de se déplacer jusqu’au grand-port. Le voyage pourrait être long, mais payant s’il acceptait. Je lui explique aussi que puisque je suis garde, il m’est impossible de partir jusqu’à la forêt et comme je n’ai pas encore le pass de téléportation, je ne peux pas accélérer le voyage. De toute façon, je ne pense pas qu’Arlequin apprécierait ce genre de voyage et je ne sais même pas si les montures et familiers de la sorte peuvent nous y accompagner.

Heureusement, monsieur Thrani semble réceptif à ma demande et nous convenons donc d’un rendez-vous. Pour faciliter les choses, je lui mentionne que je me trouverai aux portes du grand port le jour J et que dans tous les cas, je ne serai pas difficile à manquer.

***

Nous voilà maintenant le jour tant attendus. Je me suis donc vêtue de vêtements confortables pour la situation, ce qui veut donc dire mes vêtements de tous les jours qui exposent un peu trop ma peau selon les goûts de plusieurs. Une mini-jupe sous laquelle je porte un pantalon de cuir troué au niveau de mes cuisses ainsi que de longues bottes montant jusqu’à la mi-cuisse. Un top qui expose une bonne partie de mon dos et de mon abdomen. Enfin, tout pour dire que je n’ai rien d’une garde lorsqu’on me regarde ainsi.

Pour ce qui est de mon grand étalon noir, je me suis assurée d’amener tous ces biens avec moi et malheureusement, je suis condamnée à porter sa selle sur mon épaule, parce que ce dernier refuse que je lui mette. J’ai rangé quelques carottes et pommes dans mon sac sans fond et sa bride ainsi que sa longe sont déjà sur sa grosse tête de linotte.  

Du coup, une fois à la porte, je m’installe tranquillement de façon à ce que nous soyons bien visibles pour l’arriver de notre invité de marque et je donne un peu de lousse à ma monture pour qu’il puisse brouter un peu l’herbe qui se trouve tout autour de nous alors que je surveille les environs.

Pour notre rendez-vous, je m’étais bien sûr assurée de son mode de transport pour calculer plus ou moins le nombre de jours que cela devrait lui prendre ainsi que les arrêts logiques qu’il devrait faire. Bien sûr, il pouvait y avoir des surprises, des aléas de la vie non calculée, mais dans l’ensemble j’avais foi en mes calculs. On me connaissait pour ma flemme légendaire, mais lorsqu’il était temps de mettre la main à la pâte, j’étais très intellectuelle. Sauf que le problème, c’est que je n’en avais pas toujours envie. Pour cette fois-ci, c’était une bonne cause. Enfin, Arlequin et moi attendions patiemment l’arrivée de notre invité au physique particulier. De ce que j’avais pu comprendre, ce dernier serait accompagné d’un jeune chiot ce qui ne me dérangeait absolument pas. Après tout, je ne connais pas ses méthodes, peut-être est-ce qu’il fait un deux en un, peut-être qu’avoir le chiot avec lui pourra nous aider Arlequin et moi. Je n’en ai aucune idée. Autre chose qu’il m’avait mentionnée aussi c’était ses particularités hybrides concernant son apparence physique. J’ignore si c’était simplement pour me permettre de le reconnaître ou pour m’éviter la surprise, mais dans tous les cas, s’il y a bien quelqu’un qui ne juge pas sur le physique gratuitement c’est bien moi. J’ai la langue sale à quelques reprises, mais seulement lorsqu’on me donne une bonne raison de le faire. Dans l’ensemble, mon sourire me fait défaut, mais je ne suis pas méchante.

Enfin, je dois dire qu’on n’attend pas bien longtemps avant que Niraen pointe le bout de son nez et puisqu’il est le premier que je vois accompagné d’un jeune chien, je me doute bien qu’il s’agisse de lui surtout lorsque j’arrive à distinguer ses oreilles parmi sa chevelure blonde.  Par simple curiosité, j’observe derrière ce dernier, mais celui semble bien rapidement mettre fin à la distance entre nous. D’une politesse courtoise, il me tend la main tout en présument que j’étais bien Khalie et il se présente à son tour. Je ne relève pas le regard porté à mon accoutrement, parce que je n’en ai plus rien à faire aujourd’hui. Je sais que cela peut parfois choquer, mais à mes yeux, ce n’est que de la peau et s’il en pensait quelque chose, il ne le montra pas du tout. Alors j’attrape tout simplement la main qu’il me tend fermement.

« En effet, c’est bel et bien moi. Enchanté, mais vous pouvez m’appeler Khalie et me tutoyer si vous le désirez, d’un léger mouvement de tête, je lui montre du menton la grande bête noire. Et lui c’est Arlequin, l’unicorne que j’ai acheté lors d’une enchère de familier. J’avais peur qu’il tombe entre de mauvaises mains. »

Abandonnant sa main, je ramène doucement la longe vers moi attirant ainsi le bestiau jusqu’à nous bien que je le dérange durant son goûter. Enfin, je ne veux pas qu’il se remplisse la pense, sinon il dédaignera ce que je lui ai amené pour qu’il soit plus réceptif à ma présence.

« J’ai jugé bon de nous éloigner de la ville pour éviter toute interférence non désirée. Et je crois que le calme sera un allié de choix pour ce que nous devons faire. Enfin, avant tout, avez-vous besoin de quoi que ce soit avant que nous commencions? Une pause, vous désaltérer, manger un bout? Vous avez fait beaucoup de chemin et je serais une très mauvaise hôte si je ne vois pas à votre bien-être. »

Oui oui, je paie cet homme pour un service et ce dernier s’est déplacé jusqu’ici pour moi et Arlequin. Alors je dois me montrer polie et courtois envers ce dernier et lui montrer que sa présence est très appréciée.

Bien que je lui ai mentionné qu’il pouvait me tutoyer, ce dernier semble continuer à me vous-voyez. J’ignore si cela est dû à ma propre façon de m’exprimer, mais il sembla, par la même occasion, me dire que je pouvais faire pareil précisant que Niraen ou Nir lui allait. Niraen serait déjà un bon départ, après tout nous sommes tous les deux inconnus l’un à l’autre puis la seule personne dont je ne me soucis pas de surnommer, c’est Valentino. Encore une fois, entre lui et moi c’est une autre histoire un peu plus houleuse à quelques reprises. Du coup, je ne fais qu’un simple hochement de tête pour le montrer que cela m’allait.

S’il allait rester ici? Absolument pas et elle comptait bien les diriger un peu plus loin sur les côtes  à l’ abri des foules et du bruit. Enfin, celui-ci ne semblait pas avoir besoin de quoi que ce soit et sembla faire preuve d’un professionnalisme sans faille allant droit au but. Je ne m’en plaindrai pas, car ses conseils n’en seront que meilleurs. Du moins, j’imagine que ce sera le cas.

« Non, en effet nous ne resterons pas ici. Les côtes sont larges et il y a de nombreux endroits à l’abri des regards. Suivez-moi et je répondrai à vos questions par la même occasion.  »

Mon regard ne peut s’empêcher d’observer le chiot qui trépigne d’impatience sur place. Je le vois dans ses petits yeux curieux qu’il ne souhaite que venir me voir. Il jette quelque regard suppliant vers son maître puis vers moi. Mais il tient bon. Cela me fait légèrement sourire et quand il reçut enfin sa gâterie, il fut libre de faire ce qu’il désirait. Bon, avant de ne partir, je vais au moins me présenter à ce dernier. Je m’accroupis devant ce dernier en tendant une main – paume vers le bas – et attends patiemment que ce dernier vienne vers moi de par lui-même. Je sens sa petite truffe humaine frôler ma main. « Bonjour toi… » J’essaie de ne pas le fixer dans les yeux en détournant légèrement la tête sur le côté tout en gardant un œil sur ce dernier et sur Arlequin. Celui-ci semble plutôt calme en présence du jeune animal ce qui est plutôt bon signe.

Enfin, je me redresse, puisque je ne suis pas là pour jouer avec le petit et j’entreprends de nous guider.

« Cela ne fait pas longtemps qu’Arlequin m’accompagne. Une quinzaine de jours peut-être ou un peu plus. Étant de la garde, je ne peux pas passer beaucoup de temps avec lui, mais je m’assure de lui rendre visite le matin et le soir. Et comme tu peux le voir, je ne peux pas lui mettre de selle pour le moment. Il la refuse. »

Un petit soupir s’échappe d’entre mes lèvres. Cette bête avait très certainement un lien spécial avec son ancien maître et peut-être sait-il sentit abandonné par ce dernier? Après tout, il n’est pas décédé, mais s’est seulement départi de l’animal.

« Son maître était vieux et n’avait plus les cristaux pour en prendre soin. Il n’était pas présent lors de la vente, mais Arlequin s’est montré fort et vaillant. Je caresse son encolure alors qu’il marche à mes côtés. D’ailleurs, il porte très bien son nom et finira par nous le prouver tôt ou tard dans la journée. »

Comme s’il m’avait comprise, le bestiau bouge doucement la tête de haut en bas tout en hennissant doucement comme s’il se moquait de ce que je venais de dire.  Je plisse les yeux et le surveille du coin de l’œil. Grande peste!

Une question qui paraissait si simple à répondre alors qu’en réalité je n’en avais aucune idée. L’homme n’ayant pas été présent lors de l’enchère ne put discuter avec moi une fois la créature achetée. On ne m’avait remis qu’un document rempli de papier qu’en réalité je n’avais pas pris le temps de lire. Bon, ils doivent traîner dans mon sac sans fond qui se situe à ma hanche et avec la selle sur l’épaule et la longe dans l’autre main, je ne sais pas comment m’en emparer. Si ça se trouve, il a là tout ce dont j’ai besoin pour amadouer la créature.  Du coup, mon compagnon équestre à mes côtés et vu son gabarit et son tonus musculaire, je ne peux que croire qu’il servait autant de monture que de familier.

« Et bien, je ne peux pas te répondre avec précision. Je me suis empressée de signer les papiers et de payer mon dû et on m’a remis les papiers de l’achat avec un document qui se trouve encore dans mon sac. Mais c’est une belle bête qui me semble forte. J’ose espérer qu’il s’en servait comme monture. La selle lui appartenait d’ailleurs. Après, je ne pense pas que ce dernier soit habitué aux genres de chevauché qu’un garde pourrait lui faire subir. »

Ai-je vraiment l’intention d’en faire une monture de guerre aussi, pas vraiment. Je l’ai surtout sauvé d’un destin qui aurait pu lui être tragique. Moi je ne souhaite que devenir son amie afin que nous partagions des moments de complicité. Partir en balade quand je le veux et profiter de la vie. Nous offrir une certaine liberté dont je n’ai pas eu depuis longtemps. J’ai toujours vécu sous le joug d’une autre personne et avoir ma propre monture m’apporterait réconfort.

« Je veux surtout gagner sa confiance et qu’il me laisse le monter. Je ne cherche pas à lui faire faire des tours et être le plus obéissant possible. J’aime bien son petit côté espiègle et le fait qu’il aille une personnalité et du panache ça me plait! J’aimerais surtout apprendre à m’en occuper moi-même. Quel genre de soin dois-je lui apporter ou comment faire. Ce genre de chose, tu vois? Normalement c’est le palefrenier qui s’en charge à l’écurie de la caserne, mais pour moi, Arlequin est différent de ses autres chevaux. Je veux qu’il comprenne que je serai là pour lui… »

Je me gratte l’arrière de la tête un moment. Peut-être que j’ai trop d’attentes, je ne sais pas. Je sais que ça ne sera fera pas sur un claquement de doigts, mais si au moins je connaissais les bases, peut-être que ce dernier finirait par apprécier le temps que nous passions ensemble, même si cela se résume en simple promenade à la longe et son brin de toilette quotidien dans son box.

« Enfin et les conseils d’un dompteur ne seront pas de refus aussi. Enfin, désolé si je parle trop… »

Je lui offre un petit sourire gêné avant de me porter mon regard vers l’horizon. Un petit vent frais était là pour nous rafraîchir malgré la présence du soleil. Heureusement qu’il faisait beau aujourd’hui et c’était la seule chose que je n’avais pas calculée.  

Telle une véritable pipelette je ne peux m’empêcher de parler alors que ce dernier me pose de simples questions. Ce qui aurait dû être répondu par un simple oui ou un simple non s’était étendu finalement sur mes intentions et mes attentes envers le bestiau. Bien sûr, je finis par le remarqué et un peu gêné de l’avoir remarqué, je me frotte l’arrière de la tête vigoureusement. Heureusement, ce dernier semble trouver mes informations utiles afin de s’y accommoder pour le plan de match. Lequel? Je n’en avais aucune idée. J’ignore ce qui peut se passer dans esprit actuellement, mais il fait montre d’un calme exemplaire bien que son visage affiche parfois des petits sourires. N’étant pas très grande, j’ai parfois la fâcheuse manie de me pencher vers l’avant afin de regarder les gens et c’est ce que je fais là, mais lorsque je le remarque, je me redresse aussitôt raclant ma gorge d’un petit « hum, hum » rapide.

Enfin, ce dernier continue alors ses questions, mais cette fois-ci elles me sont surtout dirigées. Ai-je de l’expérience avec les chevaux? Je pince les lèvres vers l’intérieur et rêve de pouvoir fuir cette simple question. Cette question, lorsque j’y avais répondu la dernière fois avec Leoven, elle m’avait regardé courroucer par mon manque de respect envers la monture. Pour moi, je m’en tenais au minimum. Elle m’amenait du point A au point B. Je la nourris, lui permet de se reposer, mais je ne me lis pas à elle, puisque je n’ai pas toujours la même monture. Je laisse le soin au palefrenier de s’occuper de la monture lorsque j’arrive, alors non, je ne les brosse pas, ne les chouchoutes pas, ce ne sont que des moyens de transport.

Arlequin est différent et c’est pour cela que je veux me donner à mon maximum avec ce dernier. Il m’appartient, c’est mon compagnon et je veux m’assurer qu’il se sente heureux. Alors rien ne me sert de lui mentir même si je peux paraître comme une horrible personne à ses yeux.

« Je ne vais pas passer par quatre chemins et tenter de me trouver des excuses. Les chevaux, je les monte et puis c’est tout. J’ai demandé quelques conseils au palefrenier de la garde pour m’occuper de sa robe, mais je ne veux pas qu’il soit comme les autres. Je veux m’investir dans son confort et ses soins et je ne veux plus que mon voit comme la petite noble qui a peur de se salir les mains. »

Et dire que je me suis fait traité de princesse par mon officier supérieur dès notre première rencontre lorsqu’il avait sur que je faisais partie de la noblesse. Étrangement, il avait associé immédiatement mon comportement un peu rebelle à cela comme une étiquette que l’on colle sur un groupe d’individus. Nous ne sommes pas tous des gens dédaigneux et pompeux, bien que parfois je peux en donner l’impression, mais encore une fois, il faut me donner la raison de le faire. Si j’agis ainsi c’est que c’est mérité.

Enfin, dans tous les cas nous nous sommes assez éloignés de la ville portuaire pour nous arrêter. Nous avons une magnifique vue sur la place non loin, mais nous nous trouvons toujours sur l’herbe qui danse au gré du vent. Il n’y a que nous quatre et je ne crois pas que quelques choses pourraient venir nous déranger ici à moins qu’une créature des plaines décide de s’aventurer jusqu’ici. Dans tous les cas, je pourrais m’en débarrasser aisément. Puis si le don de vision de mon compagnon ne lui faisait pas de tour, il pourrait aisément nous prévenir du danger.

« Je ne sais pas si ici c’est convenable. Il n’y a pas d’enclos et de clôtures naturelles pour empêcher Arlequin de partir où bon lui semble, mais je ne pense pas que ce dernier s’enfuira. Enfin, dans tous les cas j’ai de quoi le garder concentré ici. »

L’homme avait vu juste et n’avait pas semblé porter de jugement sur ce que je venais de dire. J’en connais qui se serait insulté pour bien moins pire d’ailleurs, mais je ne fais que hocher la tête en tournant ma tête vers ce dernier.

« C’est cela. Je sais monter et peu chevaucher pendant des heures avant de m’arrêter, mais disons que mis à part nourrir l’animal et lui donner la chance de se reposer au bon moment, je n’y connais absolument rien. »

Mais c’était d’ailleurs pour cela que j’avais fait appel à un professionnel, car je refuse de faire n’importe quoi. Arlequin n’est pas un trophée acquis qu’on laisse par la suite dans un petit endroit clos. Non, je veux lui offrir le plus possible de liberté et lui permettre de vivre des jours épanouie en ma présence et celle de mes proches. Enfin, avant cela, je veux que ce dernier me fasse confiance. D’ailleurs ce dernier doit avoir une longueur d’avance sur moi, car je ne peux pas savoir ce qu’il se passera dans les prochaines minutes alors que celui-ci pouvait le savoir. Enfin, j’ignore complètement comment fonctionne son pouvoir et je ne pourrai jamais savoir ce que dernier voit à moins de lui fournir quelques pouvoirs supplémentaires, mais en ai-je vraiment envie?  

Enfin, dans tous les cas, je juge que nous sommes au bon endroit pour la leçon du jour. J’ignore combien de temps cela me prendra, mais voilà! Il fallait bien débuter à un moment. N’est-ce pas? Je lui fais part de mes légères craintes et ce dernier tente bien sûr de me rassurer en me signalant pour que ce dernier veuille nous fuir, cela lui prendrait une bien meilleure raison. Son passage sur le côté taquin me fait regarder en direction de cette grosse canaille noire et je ne peux m’empêcher de sourire. Ce fourbe avait trouvé le moyen, une fois, de me traîner dans la boue.  Quand je porte mon attention de nouveau sur le professionnel, je ne peux qu’être intriguée par ses magnifiques ailes au plumage roux. Les pouvoirs qui changeaient le physique de l’humain qui le possédait m’impressionnait souvent ce qui me faisait parfois regretter d’être née avec mes capacités actuelles. Malheureusement on ne peut pas choisir alors on apprend à vivre avec et on trouve un moyen de le maîtriser à son maximum.

« Peut-être, je vais y penser. »

Ce bougre m’avait coûté assez cher alors quand j’observe mes économies actuelles, j’ai les yeux qui saignent. Je me refuse l’idée d’aller quémander de l’argent chez mes parents même si mon paternel ne me refusait rien. Après tout, ne suis-je pas leur héritière alors que je ne comprends toujours pas. Enfin, je ne veux pas penser à eux pour le moment.

Je laisse donc tomber la selle au sol ainsi que mes sacs sans fond ce qui me l’allège un peu. Tout ce que je garde sur moi est l’étui qui contient mes cinq dagues alors que mon grand chakram se trouve dans mon grand sac pour sa part. Du coup, je me tourne alors vers la grande bête noire et l’observe un moment. Une séance de soin donc?

« Je dois te montrer ce que je sais faire avant où tu vas m’expliquer les soins que je dois apporter à ce dernier. Enfin, la seule que je connais c’est l’étrille et la brosse douce parce que monsieur à le poil assez court, mais sinon, je sais qu’il y a bien des choses que je laisse pour l’instant au palefrenier. »

C’est d’ailleurs les seuls outils dont je me suis équipée pour le moment et ceux-ci se trouvent dans mon sac, donc aux moindres signaux, si je dois les sortir, je le ferai.

Comme suggérée, je m’accroupis à côté de mon sac et fouille dans cette dernière histoire de trouver les deux outils nécessaires à ma formation et les lui montre. Déjà, je sais qu’on doit débuter par l’étrille normalement, alors je laisse la brosse douce sur mon sac pour qu’elle soit facilement accessible. Niraen m’explique alors ce qu’il compte faire malgré nos manques d’accessoire.

« Ça ne parait pas, mais j’apprends très vite quand je m’y mets et je suis à la fois visuelle et auditive. Donc dans les deux cas, je pourrais retenir ce que tu m’auras appris et m’assurer avec le palefrenier que je fais tout comme tu m’auras appris. »

Je lui fais un petit sourire confiant alors que je me retourne vers la grande bête noire qui se promène en broutant l’herbe allant jusqu’à la limite que la longe lui permet. Heureusement, j’en ai pris une longe pour éviter que ce dernier ne se sente trop prisonnier de ses mouvements, mais au vu de la situation, je ne pourrai pas travailler avec le lien en main. Je la regarde un moment au creux de ma main, puis je me décide à la laisser tomber au sol dans un soupir. Arlequin ne semble même pas faire la différente. Quand je m’approche de ce dernier, je le fais bien sûr pour qu’il puisse toujours avoir un œil sur moi. Arrivé par-derrière n’a jamais été conseiller, de plus cela peut effrayer l’animal qui peut réagir au quart de tour et je n’ai pas envie de mourir sur le coup parce qu’un cheval m’aura défoncé la cage thoracique. C’est une mort assez nulle…

« Hey, bonjour beau garçon, dis-je alors que je déposai ma main contre son épaule. Bon, je sais qu’on est venu jusqu’ici ensemble… Ma main quitte mon épaule pour venir glisser contre mon visage. Pourquoi je parle à un unicorne comme si j’attendais une réponse de sa part. »

Je secoue alors la tête. Je ne sais pas Niraen m’a attendue, mais j’espère que non! Enfin, dans tous les cas, je commence à passer doucement l’étrille écoutant attentivement ce que me dis Niraen concernant les soins à apporter. L’étrille doit être passée uniquement sur le corps de l’animal dans le but d’enlever les saletés et en même cela permet de masser ce dernier activant ainsi la circulation sanguine. Je fais des gestes circulaires toujours dans le même sens. Ensuite je passe finalement à la brosse douce qui cette fois peut être passée sur tout le corps afin d’enlever la poussière de son pelage.

« Selon  toi, même s’ils sont rarement sujets aux blessures, faudrait-il tout de même que je l’amène voir un vétérinaire occasionnellement?  S’il y a des soins que je ne peux lui fournir moi-même, quelle serait la fréquence pour les visites chez un professionnel? »

Je passe alors devant l’animal, déposant doucement ma main sur son nez avant de lui faire baisser la tête. Lorsqu’il se trouve à ma hauteur, je pose cette même main sous sa tête et commence doucement à brosser ses joues, puis je passe sur le chanfrein, faisant bien attention à ses yeux. Enfin, je passe partout respectant toujours un mouvement circulaire.

« Voilà! Malheureusement je n’ai pas les autres outils pour te faire tout beau, Arlequin. Faudra de contenter de cela! » que je dis en lui caressant doucement le flanc.

Je me suis installée près de ma monture dans le but de commencer les deux premières étapes du pansage et je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de lui parler. Est-ce que cela m’aide à m’approcher de ce dernier. Est-ce qu’entendre ma voix l’apaise et lui permet de s’habituer à moi? Je ne sais pas et je n’en ai aucune idée, puisque je ne me trouve pas dans sa tête. Enfin je me fais une remarque personnelle à ce sujet et continue comme si de rien état, sauf que j’aurais dû me douter que Niraen avait une ouïe plus élever que moi… Du coup, lorsqu’il me répond à ce sujet je lève les yeux en sa direction et ne peut empêcher mes joues de rougir légèrement honteuse. J’essaie de retourner vite fait à mon brossage et je ne lâche qu’un « Ah oui? » simplement gênée comme une enfant qu’on venait de prendre sur les faits.

Bon c’était quand même intéressant ce qu’il disait. Après tout je savais que certaines créatures avaient leurs propres capacités, mais je ne m’étais jamais tournée vers les interventions magiques. Pas que je ne les connaissais pas, parce que je connais des gens qui possèdent des familiers combattants et qui leur ont remis certaine aptitude pour leur permettre d’être au meilleur de leur capacité. Je sais même qu’il est possible de partager en quelque sorte son pouvoir avec son familier.

Sur le coup je regarde Arlequin en haussant un sourcil et je lâche un petit rire court et sec. Juste à imager ce dernier se balader avec la capacité d’utiliser mon pouvoir, je sens déjà les emmerdes jusqu’ici. Il s’est montré très joueur et taquin lorsque nous étions avec Leoven, mais lui laissé la possibilité d’utiliser mon pouvoir; JAMAIS!

Enfin, je lui pose finalement une question sur la fréquence que je devrais visiter un vétérinaire pour ce dernier et celui-ci me dit de prévoir une fois par an. C’est plutôt raisonnable, mais bon, il faut quand même que je m’assure que ce dernier n’ait rien et aux moindre changement ou blessure chez ce dernier, je devrais faire venir quelqu’un pour vérifier son état. Alors que je le brosse doucement, je regarde attentivement son corps ainsi que ses longues pattes pour m’assurer que celui-ci n’a rien. Je sais que le palefrenier a fait son premier constat lorsque je lui ai ramené, mais si je veux pouvoir être celle qui mentionne l’anomalie, je dois vérifier ce dernier. M’assurer de son état actuel afin de pouvoir le comparer au besoin.

Une fois terminée, je lance donc mes outils contre mon sac et caresse doucement le flanc de ce dernier. C’est à ce moment que Niraen s’approche de moi pour me donner en quelque sorte tort. Ce qui veut dire qu’il y a encore des soins quotidiens que je peux lui apporter sans outils? Si je sais m’occuper de sabot? Alors là, pas le moins du monde!

« Non, absolument pas. Ça ne fait pas encore partie de mes cordes, mais j’imagine que tu pourras m’en faire la démonstration avec l’une de ses pattes, n’est-ce pas? »

Ça me laissera les trois autres et ce sera aussi une bien bonne pratique. Bon enfin je ne sais pas s’il parlait de nettoyer le sabot, mais je me doute que ça englobait tous les soins à apporter aux chevaux.

« Enfin, j’imagine qu’il y le ferrage et tout ça, mais encore une fois, je ne sais pas c’est au combien de temps, ni vérifier l’usure de celui-ci. Normalement on se renseigne un peu quand on veut un familier, mais moi j’ai plutôt fait l’inverse. J’ai pris et je me renseigne maintenant. »

J’observe finalement Niraen de mon regard d’acier, parlant bien sûr de la couleur de ceux-ci, et j’attends la suite avec impatience. D’ailleurs, le seul moment où je n’ai pas hâte, c’est de devoir lui mettre la selle. Enfin, je frotte doucement mes mains l’une contre l’autre.

« Alors qu’est-ce que je dois faire, monsieur le professeur! » dis-je en rigolant.

Mon regard se porte sur les pattes de mon compagnon tentant de voir ce qui pouvait faire dire à Niraen que ce dernier ne devait pas être ferré. Est-ce que ce change le coup d’œil final du sabot de l’animal? Enfin, je ne sais pas dire la différence. Il faut dire que je ne pensais malheureusement pas à regarder à cet endroit. Peut-être aurais-je dû le faire lors de mes longs voyages à dos de monture. Je n’ai pas été la meilleure cavalière à ce moment, j’imagine. Si je comprends bien, le ferrer ou pas sera une décision que je devrai prendre selon nos besoins. M’enfin, ce n’était pas le sujet d’apprentissage du moment. Non, il voulait me montrer à prendre soin du sabot dont vérifier son état et pour cela, ce dernier devait s’approcher de ma monture.

Je me recule doucement croisant les bras contre ma poitrine afin de lui laisser tout l’espace possible, mais être assez près pour vérifier ce qu’il fait. Je sais que mon ami ici présent ne se laissera pas faire, mais contrairement à moi, Niraen devrait avoir une patience hors pair pour faire ce genre de métier. Je suis une boule de flemme et quand ça ne va pas selon mes goûts dès l’entrée en jeu, je perds vite patience et cela se fait ressentir par mes incessants soupirs. Mon ton de voix change et Arlequin le sentirait. C’est une question d’aura et d’attitude et c’est aussi pour cela que j’ai hérité du titre de Sunshine. Le lieutenant Rivolti m’a appelée ainsi depuis notre première rencontre puisque j’ai un magnifique sourire et depuis c’est resté. Enfin, je préfère ça à princesse au moins.

J’observe donc mon professeur alors qu’Arlequin fait son Arlequin. Il s’éloigne de quelques pas sur le côté ne voulant pas permettre à ce dernier le toucher. Sauf que Niraen s’était bien préparé tout comme moi.  J'avais amené quelques pommes et quelques carottes puisque je savais qu’il en raffolait. Bien sûr, je les avais coupés en quartier histoire dans en avoir plus pour longtemps.

« Il a été gentil avec vous. Moi, la première fois que je lui ai passé la longe autour du cou pour le maintenir sur place afin de lui mettre son harnais, il a attendu que je sois à côté de lui pour partir d’un coup. Je tenais toujours là longe, alors je vous laisse imaginer ce qu’il s’est passé. C’est un petit fourbe! »

Je lâche un petit rire, mais ce dernier finit par amadouer l’équidé pouvant finalement soulever sa patte et observer sous son sabot. Comme il l’avait dit, celui-ci n’était pas ferré et ne semblait l’avoir jamais été. Je me penche alors à côté de Niraen observant avec lui tout en écoutant ce qu’il avait à me dire. Je ne relève qu’un instant mon visage pour le regarder.

« Peut-être qu’il n’a jamais fait de longue balade avec son maître. Peut-être que ce dernier le gardait à sa ferme et qu’il était libre dans son enclos. Ça pourrait expliquer pourquoi il n’aime pas vraiment la selle. Enfin, j’imagine qu’il n’y a toujours pas de lien entre lui et moi ce qui est tout à fait normal et qu’il ne me juge pas digne de le monter pour l’instant. »

Je me dirige alors vers mon petit sac sans fond sortant de ce dernier une boîte dans laquelle j’avais déposé les gâteries pour ce dernier. Je prends un total de cinq morceaux, simplement parce que c’est le nombre maximum que je peux contrôler en même temps et sans me soucier d’être vue, je soulève les quartiers des pommes prêt de moi histoire d’avoir mes mains libres. Je m’approche de la patte opposée à où se trouvait Niraen et je la caresse doucement pour ne pas le surprendre. Je lui mets un bout devant les naseaux et alors qu’il s’en saisit, je soulève doucement sa patte observant sous cette dernière et je n’y vois rien d’alarmant. Je change de patte, allant vers celle qui se trouvait à l’arrière, mais je reste sur ses flancs histoire de ne pas me prendre de coup-surprise. Sauf qu’à ce moment, monsieur ne semble pas content que je ne lui donne pas d’autre bout de pomme et me pousse avec ces fesses.

« Hey! Ce n’est pas gentil ça! Si j’étais tombée, j’aurais pu me faire mal, Arlequin! »

Je le dis sur un ton de remontrance, mais sans éclater de colère. Je pousse un léger soupir et me gratte légèrement l’arrière de la tête avant de lui donner ce qu’il demande. Je ne devrais pas répondre à ses caprices, mais pour le moment, j’ai besoin de sa coopération alors si je dois sacrifier quelques bouts de pommes en plus pour avoir droit à son écoute, qu’il en soit ainsi.

« Il existe un truc facile pour tenir la patte et ne pas perdre l’usage de nos mains? Je veux dire, si jamais je devais nettoyer le dessous de ses sabots, ce ne sera certainement pas avec un petit pinceau entre les dents, n’est-ce pas? »

Je finis avec la dernière patte donnant ainsi le dernier morceau de pomme que je fis flotter jusqu’à sa bouche. Arlequin s’ébroua joyeusement lorsque je le laissai finalement tranquille. Jusqu’à présent tout allait bien ce qui était profitable à notre situation.

Je connaissais plus ou moins la réponse à ma question. Bien sûr que je plaisantais avec le côté pinceau entre les dents. Déjà j’imagine que ça prend un outil bien plus solide après tout ça revient au même que d’enlever la boue sécher et toutes les choses qui peuvent coller à la semelle de nos bottes. Ça doit être plus ou moins la même pour les sabots et Niraen s’empresse donc de me montrer la position à prendre. Il plaça la patte entre ses jambes et s’équipa de sa dague afin de retirer le morceau de terre. Enfin, il mentionna aussi que ce n’était pas l’outil idéal pour ce genre de chose, mais que la dague pouvait parfois dépanner et me donna le véritable nom de l’objet.

Si j’ai bien retenu ce qu’il m’a dit, l’étrille sert à enlever les saletés tenaces telles que la boue. Elle se fait dans un mouvement circulaire sur les endroits charnus du corps. Ensuite, il y a le bouchon qui enlève le plus gros de la poussière, mais qui contrairement à ce que je pensais se fait dans le sens du poil et on doit éviter la tête. La brosse douce quant à elle, enlève le surplus de poussière et peut être passée partout. Il y a l’époussette qui lisse et fait briller le pelage, puis il me faut aussi une éponge afin de nettoyer les parties sensibles de l’animal qui doit être rincé entre chaque région et utiliser du moins sale au plus sale. Il y a le cure pied le dernier outil que nous venons de parler pour nettoyer le sabot. Il y a aussi les peignes pour démêler les crinières et le couteau de chaleur pour égoutter le cheval après une douche complète. Pfiou, ça en faisait du matériel à acheter. Je sais que l’écurie possède déjà tout cela, mais j’aimerais bien qu’Arlequin ait son propre matériel.

« En tout cas, ça en fait du bagage à apprendre. Mais bon, j’aime bien relever les défis et selon toi, combien de temps prendrait un habitué du pansage à faire cette routine?  C’est plus pour ma curiosité personnelle et est-ce à faire tous les jours? Ça ne me dérange pas si c’est le cas, mais j’aimerais lui apporter les soins qu’il mérite au meilleur de mes connaissances! »

Enfin, bien sûr que j’étais prête à essayer de lui mettre sa selle, mais déjà, est-ce que lui le voulait? Je me gratte doucement l’arrière de la tête. Je dois rester positive et ne pas montrer mon angoisse face à la situation.

« Sinon, pour le monter, je dois lui mettre sa selle, mais est-ce que tu as des trucs à me donner pendant que j’essaie de lui mettre? »

Je me dirige alors vers la selle de cuir et déjà, je vois l’animal qui s’agite un peu. Il secoue doucement la tête de haut en bas et gratte le sol de son sabot. Pire que cela, il nous tourne le dos nous montrant ses fesses. Je plisse les yeux en observant son petit manège.

« J’te jure. Un vrai gamin! »

Je le contourne doucement gardant l’objet en cuir sur mon épaule et le caresse doucement sur les flancs. Jusque-là, tout va bien, mais dès qu’il me voit bouger, il s’éloigne aussitôt en s’ébrouant. Je soupire doucement et reste calme. Cela ne sert à rien de m’énerver contre lui. C’est un familier, un compagnon. On ne se connait pas tant que cela et c’est normal. Je tente à nouveau, cette fois-ci changeant de côté. Il tourne la tête en ma direction, m’observant de son grand œil noir et ne bouge pas. Il m’observe toujours, comme s’il attendait le bon moment. Du coup, je bouge mon épaule afin de prendre en main la selle et encore une fois il ne bouge pas. C’est con, mais je ne lui fais absolument confiance! Ce fourbe prépare un sale coup! Au moment où je soulève la pièce d’équipement, ce dernier profite de mon élan pour s’éloigner d’un coup sur le côté. Emportée par le poids de l’objet, je perds l’équilibre et m’allonge sur le ventre imprégnant mon visage dans cette dernière. L’unicorne hennit comme s’il se moquait et s’éloigne en trottinant doucement.

« Respire, Khalie, RES-PIRE! »

Je me relève alors d’un bon en me tournant vers Niraen, le regard suppliant.

« Est-ce qu’utiliser son pouvoir peut brimer le lien entre le maître et sa monture? »