Enfin, ce n’est pas forcément une mauvaise chose, ça permet aussi que dans votre cas cela n’attire pas trop l’attention de la garde locale et ne vous retire le dossier. Enfin bon, pendant ce temps là, en autre information, tu as eu, c’est qu’il y avait plusieurs dossiers accusant de manière un peu trop évidente pour être vrai, des membres du conseil des huit, qui avait été réalisé. Du coup, a bien y regarder tu as passer deux jours à détruire ces éléments purs un souci d’équilibre et de paix dans les Archipels. C’est un plaisir non feint que tu as de retrouver tes camarades après ce petit temps loin d’eux. Ils ont eu pas mal d’info visiblement et la suite des événements te remplit d’une certaine excitation.
— Oh ! Une petite sauterie, il n’y a rien de mieux pour connaitre nos adversaires en profondeur ainsi. Avec en plus un petit nom pour chacun, vraiment le top. Jin, étincelle serais mignon pour toi, Jack un simple, mais efficace rhum, ne serais pas un mal.
C’est un peu cliché quelque part, mais c’est ce qui est demandé si on y regarde bien pour ce genre de milieu. Le plus compliqué dans l’affaire sera de rentré, mais avec les bonne tenu et l’attitude confiante cela passera crème. Puis, niveau physique Jack faisait un très bon dominant qui entraine son soumis pour ce genre de soirée, avec toi dans le lot ça lui donnerait un aura de personne qui sais s’y prendre pour avoir de belles pièces autour de lui et possiblement avoir ce « Entravé » qui sera plus à même de prendre contact avec lui pour une séance d’échange de bon procédé avec lui.
— Jin, on fera un duo du tonnerre, il faudra qu’on se prenne des tenus assortis. Je t’emmène faire les boutiques après, je connais le lieu idéal pour être prêt pour ce genre de festivité.
Pour le coup tu ressembles à une enfant face à un cadeau de Noël. Un y a une petite déception de ne pas avoir un cadre magique pour prendre en photo ce futur moment, mais tu imprimeras bien dans ta rétine ce moment et gardera les vêtements une fois tout cela fini, pour pouvoir le montrer à Ombre plus tard. Tu es presque certaine que ça l’amusera beaucoup aussi.
— Sinon, moi j’ai eu en information que qui que soit la personne qui fait cela, elle cherche à toucher le conseil des Huit pour une raison x ou y. Tout dans leurs actions semble faire pour que ça retombe dessus, mais il ne faudra pas non plus oublier une possible attaque interne, dans tous les cas c’est lié directement à eux.
C’est bien maigre comme point, mais cela amplifie les possibilités de discussions avec notre future cible pour l’avoir par la même occasion. Tu laisses le soin à tes compagnons de route de changer de nom de code pour la soirée ou même de trouver le tien, pour le coup se qui t’intéresses sur le moment est plus de t’amuser à asticoter Jin sur les futurs tenus possibles et savoir ce que portera Jack pour s’accorder à lui aussi, expliquant en même temps rapidement ton point de vu pour faire que votre cible viennent directement à vous pour avoir en prime, un rendez-vous avec vous trois. La nouveauté attire pas mal de monde dans ce genre de milieu et c’est exactement ce que vous serrez.
- Allez, Etincelle.
- Non, Xylia. Et arrêtes de m'appeler comme ça on est pas encore entré.
- Jin, je te signal qu'on te vois derrière ce buisson.
- Merde, Jack.
- Non, moi c'est Rhum, maintenant.
- On est en mission, n'oublies pas ! Et je m'appelle Langue, ma petite Etincelle.
- ...Sans déconner, y'a un qui s'approche de moi dans cette baraque je lui caillasse la tête.
- Justement Jin, ils attendent que ça.
- Putain...
J'grogne encore quelques secondes avant de prendre mon courage a deux mains et sortir de ma cachette. Essayant de pas regarder avec dégout ce résille haut manche longue qui couvre mon torse et s'arrête au milieu de mon ventre, ce mini short en cuir qui me comprime les valseuses et ces bottes noires avec des petits talons qui me cassent les mollets. On épargnera ce masque rouge avec des flammes dégueulasses dessinés dessus. J'aurai dû m'attacher les cheveux, pourquoi j'me suis mis à écouter les conseils de Xylia ? "Plus sauvage" ? Chiasserie.
Jack ? Enfin j'veux dire, Rhum ? Pas mieux. Son pantalon en espèce de Latex, qui couvre qu'une seule jambe, il dévoile son torse nu - poilus et musclé - avec un manteau à fourrure blanc et un tricorne de corsaire. Putain, il s'est même coiffé la moustache pour l'occasion. Derrière son masque blanc nacrés saupoudré de paillettes.
Celle qui s'en sort c'est Langue. Bah, elle est juste hyper sexy. Collant en filet tirés sur des jarretelles légèrement dissimulées derrière une jupe courte et transparente, des cuissardes talons très haut, et un bustier en cuir avec une sangle qui cache un martinet. Sa longue crinière est coiffé d'oreilles de chat tandis que son visage est caché d'un masque en dentelle noir. Longs cils, un rouge à lèvre très présent. La vache.
- Pourquoi les donzelles sont plus agréables à regarder ?
- Qui t'as dis que j'en prenais pas plein la vue ?
- Tu es magnifique, Jin ! Que répond Jack d'un air taquin.
- Retire cette main de mon épaule, Jack.
- On a oublié un accessoire, Etincelle.
- Non, j'enfile pas cette merde.
- Allez, Etincelle, fais pas ta bougie.
- On sera crédible comme ça.
- La barbe. Promettez-moi que ça reste entre nous.
Jack étire un sourire beaucoup trop espiègle et Xylia opine du chef en esquivant le regard. J'suis dans la merde. J'pousse un soupir et accepte mon sort ; Langue me fout un collier attaché à une laisse en chaînes et commence à la tendre pour mieux me traîner. Si on m'aurait dit que j'ferai le clébard soumis un jour...
- C'est ça ? Ton duo du "tonnerre" ?
- Shht, on arrive.
On se rapproche du fameux manoir, des lumières aux couleurs suaves et érotiques s'échappent des vitraux. De la musique résonne à l'intérieur. Quand on voit la structure, c'est typiquement la genre de piaule ou j'verrai bien Haru foutre les pieds pour un conseil politique. Sauf que, bah non. Un domaine luxueux mais qui cachent des... Tarés. On remonte l'allée de gravier blanc et arrive donc au grand double battants où se trouvent deux gorilles entièrement habillé de cuir, moulant, et on voit tout. Absolument tout. Ils nous avisent avec un regard aussi pervers que concupiscent, et l'un va prendre la parole. 2m de pur muscle et pourtant, une voix de tafiole derrière un cheveux sur la langue.
- Bienvenu à la foirée mondaine de notre humble demeure, "L'Antre. De nouveaux vifages on dirait...
- Il est vrai, nous avons hâte de partager les moultes saveurs que propose votre magnifique établissement en cette si merveilleuse soirée... Commence Rhum avec une voix suave.
- ...Tout comme connaître plus en profondeur ses occupants. Ajoute Langue en découpant délicieusement ses mots en terminant une langue sur les lèvres.
- Ouais, tout pareil.Que j'termine, sec.
Le collier tire sèchement, mais le loubard ne relève pas et nous intime avec une inclinaison du buste d'entrer. Les portes s'ouvrent et c'est des milliers de fragrances douteuses qui m'arrachent les sinus. D'abord, la sueur, ensuite, l'eau de Cologne, après les parfums d'un paquet de poulettes et ensuite... Le cuir. Beaucoup de cuir.
La salle de réception propose un immense buffet, des artistes jouent des dissonances tendancieuses au violon, au luth et à la harpe. Des divans pour que les invités puissent s'allonger et faire des choses...Et d'autres. Tous habillé dans le ton, il me faudrait des années pour les détailler; court, serré, coloré et hyper... Vulgaire. Certains sont attachés, au mur, à une chaise entre eux. Bondage, menottes, chaînes, sangles. Un concert qui prône la débauche et la dépravation. Le bruit de foule cache nos voix, on nous regarde, nous avise comme si nous étions trois morceaux de viandes au milieu de prédateurs endurcis. Un énième soupir me prend.
- Bon, on y est. Et maintenant ?
Bizarre, pas de salles qui proposent des instruments que j'ai croisé avec Marie Madeleine. Peut-être que c'est plus loin, et tant mieux.
Allez, on emballe l'Entravé, enfin j'veux dire on le chope, enfin j'veux dire qu'on va le...
Oh et pis merde.
-Ah ? Ah. Euh… oui.
Le problème avec ce genre de tenue, c’est qu’elles sont souvent proches du corps et il est assez difficile de dissimuler des réactions parfaitement humaines et généralement réservé au genre masculin. En tout cas, pour ce dont je cause. On a beau être en mission et faire ça dans un intérêt précis, on reste aussi un humain fragile devant les faiblesses de la chair que l’on expose de bien des façons, souvent obscènes, mais même dans l’obscénité, on ne peut pas dire oublier qu’un sein est un sein, si j’ose dire. C’est pour ça que n’importe où je pose les yeux, je ne peux que nourrir mon esprit de pensées qui me détournent bien naturellement du but premier de ma présence ici. Heureusement, je peux compter sur Etincelle. Même s’il est plutôt bien mis en valeur dans sa tenue, il reste un pote et on évite de lorgner les potes sinon ça créée des situations un peu gênantes et il est par la suite compliqué de boire un verre ensemble sans repenser à ce qui s’est passé et instantanément poser un silence gêné dans l’assemblée. Bref, j’accompagne bien Etincelle pour éviter de me perdre dans cette marée des pires vices. Etincelle, et pas Langue. Parce même si on bosse ensemble sur cette mission, je peux encore vraiment la qualifiée de pote. Alors, quand je tourne la tête vers elle, vous comprenez bien que j’ai bien du mal à ne pas poser les yeux n’importe où sans avoir l’impression de passer pour un vicieux.
Je commence à regretter mon idée.
Tandis que Langue s’amuse à tirer sur la chaine d’Etincelle pour faire un semblant de tour du propriétaire, je suis non loin en regardant ailleurs, me décoiffant de mon tricorne pour mieux dissimuler ma gêne d’un air négligé. La scène parait assez simple. On peut la résumer à un patchwork de plusieurs dizaines cercles de convives s’adonnant à de multiples activités et migrant parfois d’un groupe à un autre dans une orgie clairement assumée. On identifie plusieurs membres du personnel à leur tenue cuir moulante. Si les mâles semblent être plus là pour la sécurité et offrir une amuse-bouche musculeuse aux convives, les demoiselles semblent faire le servir des cocktails sans que les nectars soient forcément dans des verres. Bref, j’ai un instant de contemplation avant de revenir à mes esprits et de rejoindre mes deux associés.
-Ca a l’air d’être le menu fretin ici. Il doit avoir des salons privés pour les personnalités.
-Vrai. Il y a tellement de coin sombre qu’on pourrait y cacher un escalier, ou bien encore. Ça serait suspect de chercher partout.
En parlant d’être suspect, un gars de la sécurité s’approche, les mains gantés de cuir se frottant les unes contre les autres tandis qu’il coule un regard appuyé à chacun d’entre nous, glissant sa langue sur sa lèvre inférieure en passant sur le short d’Etincelle ; j’ai pas dit qu’ils nous avaient dévisagés, notez, hein.
-Cher invités, vous semblez perdus. Première fois ? Vous savez, il suffit de quelques gestes bien placés pour trouver la place qui vous convient le mieux. L’ambiance ne vous plait-elle pas ?
Je comprends qu’on s’est fait observé et que juste se promener ne suffit à satisfaire sa curiosité. Il lui faut du stupre. Je vais lui en donner. Je me tourne vers Langue et je me perds un instant de trop dans son bustier pour que retirer mon tricorne ne soit pas clairement une option. Je passe alors sur Etincelle.
-C’est bien vrai que j’ai un croc là.
J’attrape la chaine d’une main et je le tire vers moi, puis vers le bas, l’obligeant à lever sa tête et à exposer son cou. Je me colle à lui histoire de dissimuler ce qu’il y a à dissimuler même si, peut-être, le fait de sentir ce qu’il y a à dissimuler en est pour beaucoup dans le regard écarquillé de peur qu’il me jette. Mais ça colle bien au rôle, ça en plus. Je viens poser le tricorne sur son entrejambe et je penche la tête, ouvrant la bouche goulument, tendu vers son cou. J’ai l’impression que son regard me dit « Je vais t’exploser ». Tiens le coup Etincelle, c’est pour donne le change.
Je lui fais un bon gros suçon.
Je le sens se crisper sous ma poigne puis je finis par me dégager, coulant un regard lubrique au type, un filet de bave pendant mollement de ma bouche suave.
-Dites moi, mon brave. Est-ce que vous avez des lieux plus propices pour le dressage. Je dois avouer qu’il est parfois un peu… sauvage.
-Ah bon ? Il m’a l’air plutôt bien soumis.
-Il dissimule bien son jeu.
Je fais un signe des yeux à Etincelle. Il ne comprend pas. J’insiste. Il finit par comprendre. Il roule des yeux de dépit et finit par obéir.
-Grrrrrrr.
-Oh le vilain. Il pourrait mordre sa maitresse.
-C’est bien vrai quoique je suis sûr que la morsure de son martinet et bien plus brulante. Nous avons des salles bien équipées à l’étage. Vous me paraissez extrêmement… bien éduqué. Prenez ce corridor. Vous finirez par trouver instrument à vos désirs.
-Merci.
-De rien. Soyez fermes.
Je sens Etincelle se crisper. Je le tire un peu pour prendre rapidement la tangente.
— On va être ferme avec les deux, même si vous semblez en avoir plus docile que l’autre.
Tu ne dis rien et souris toujours alors que tu n’es pas du tout à l’aise avec sa main qui pétrit ton postérieur comme si c’était du bon pain. Il pétrit mal en plus et c’est tout sauf agréable. Il ferait un boulanger de merde qui a du pain tout difforme et avec un coup étrange, comme s’il avait roulé les pains sous ces aisselles avant de les mettre au four, ou en rayon, ce n’est pas forcément des plus important à savoir si ça été fait avant ou après la cuisson pour le coup.
Tu tires un peu sur la chaîne de Jin, plus par réflexe pour ne pas envoyer ton poing dans le visage de l’homme qu’autre chose, mais relâche bien rapidement la pression quand ce dernier fait un grognement encore plus fort que les derniers. Sur le moment, tu ne sais pas s’il grogne sur toi, Jack ou encore le nouveau venu, mais c’est peut-être un ensemble de tout. Tu te jettes à son coup pour un câlin improviser autant pour lui parler que pour sortir du toucher de l’autre homme.
— Étincelle ! S’il te plaît, jouons encore.
— Xy… BORDEL !
Tu es désolé pour lui, mais cela a été instinctif à peine le murmure de ton prénom a été poussé avec le dépit dans sa voix. Tu as pincé fortement le morceau de peau que tu avais entre les doigts, mais visiblement ça a été un peu trop fortement. Une secousse se fait dans vos deux bouches alors que vous grognez tous les deux en concert avec qu’une fessée est mise sur vos deux fesses en même temps.
— En fait, les deux sont complètement indisciplinés. Magnifique, nous avons un ami fort en chaîne qui adorera les redresser.
— Que c’est merveilleux qu’est-ce que nous attendons pour rencontrer cette merveilleuse personne ?
— Qu’il est terminé son dernier quatre heures, mais il devrait bientôt avoir fini ! Je vais vous faire annoncer. Je brûle de vois cette séance.
Et sans un mot de plus il part vous laissant tout les trois après son échange avec Jack. La pression redresse un peu de ton corps et alors que tu masses un peu la zone que tu as agressée un peu plus tôt avec ces mêmes doigts sur la peau de Jin tu pousses un bout de soupire de soulagement. Il faudra que tu soignes tout de même ça une fois dehors sinon il aura un bleu assez sale vu de ce que tu as fait. Tu en profites pour murmurer à son oreille tout doucement.
— Courage, une fois avec notre cible tu pourras être plus toi.
— Plus jamais je ne fais ce genre de truc.
— Dommage, je suis certain que ça plairait beaucoup à tes conquêtes.
Il te fusilla du regard alors que tu ricanes un peu toujours en restant aussi proche de lui. Tu lances un regard à Jack qui semble beaucoup trop dans son élément, cet homme a visiblement une capacité d’adaptation des plus impressionnantes ou simplement une expérience qui te dépasse. L’homme d’un peu plus tôt est entrain de revenir une mine plus que ravie sur le visage.
— Vous avez de la chance. Il vient tout juste de finir, c’est la chambre à la porte mauve. Je vous laisse y aller par vous-même.
Génial, que ça soit la porte mauve et de vous laisser y aller, mais en arrivant sur place il y a un petit souci technique. Il y a trois nuances de violet dans les portes et aucun écriteau pour indiquer qu’elle est la porte mauve.
— Langue, quelle porte ?
— Je n’en sais rien.
— Les couleurs ce n’est pas ton truc ?
— C’est parce que je suis une femme que tu demandes ça ?
— Non, parce que ce n’est pas mon truc.
— Ah… Hum, vraiment aucune idée…
— Besoin d’aide ?
C’est une personne qui sort d’une pièce à la porte rouge, le corps couvert de trace de griffure qui vient vous demander cela.
— On cherche la porte mauve.
— Ah ! Oui, je comprends, je me suis fait avoir plein de fois aussi. Franchement, d’accord c’est sympathique d’avoir une chambre lavande et cuisse de nymphe en plus au niveau des noms, mais personne ne s’y retrouve. Moi, j’aurais dit à madame de…
— On est attendu.
— Mais c’est qu’il vient de me couper la parole votre chiot ou je rêve ? Attendez, c’est qu’il me grogne dessus aussi ?
— Il a besoin de dressage, c’est pourquoi on va dans la chambre mauve.
— Oh ! Je vois. La première à droite du coup. Dressez le bien. Franchement, certains animaux devraient savoir rester à leur place.
— Merci.
Et certaines personnes devraient apprendre à ne pas péter plus haut que leur cul quand elles sont dans ce genre de tenue. Allez, un peu de courage s’est bientôt fini. En tout cas, c’est ce que tu penses alors que tu masses doucement le dos de Jin en le poussant vers la porte mauve plutôt que d’aller refaire le portrait de la noble un peu trop hautaine d’un peu plutôt. C’est une voix assez bourrue et qui semble particulièrement ennuyer qui vous accueille.
— Ce n’est pas trop tôt. J’ai cru devoir attendre.
Génial. Le gars à qui vous allez avoir à faire à l’air aussi d’avoir un fort niveau de putasserie. Tout dans la joie et bonne humeur cette mission. Vraiment, au moins ça fera une belle histoire à raconter pour plus tard et en rire un peu.
J'me retrouve avec un suçon et un bleu j'sais pas où.
Alors que j'ai rien demandé. Surtout la marque des cinq doigts de ce fumier sur ma fesse droite. J'ai envie de faire sauter cet endroit. Ouais, voir ce joli monde brûler. Mais c'est pas bien gentil y parait, alors on va encore se tenir à carreau.
Enfin, maintenant c'est fini.
Comme me l'a promis Langue, nous voilà seul avec l'Entravé dans une pièce et qu'entre nous. On peut rien lire sur son visage, masqué entièrement, on peut que se caler sur cette voix désabusée et désinvolte. Comme si nous étions un repas qui a refroidi un peu trop longtemps mais qu'il mangera quand même. Malheureusement c'est pas comme ça que va se dérouler. J'lance un regard sur Langue qui lâche la chaîne. On pourrait presque y retenir la symbolique du fauve qu'on relâche pour étriper sa proie. Pendant ce temps, notre homme se lève et traîne des pieds dans notre direction.
Foulant les pas dans cette chambre, les murs d'un lavande en velours, des tapis de fourrures au sol, des objets bizarres étalés un peu partout, maculés de fluides odieux et à outrance. Un râtelier propose des fouets, martinets et autres instruments de sanction pour le bonheur des dominants. Un lit, défait et sans récemment utilisé et j'pense que c'est pas pour dormir. L'Entravé approche, de son peignoir qui entoure son corps, nu, dansant ses doigts dans les airs pour faire bouger des cordes. Elles serpentent dans ma direction et commencent à saucissonner mes deux chevilles puis saisit mes deux poignets.
Jouons le jeu. Je gémis. Faussement. Evidemment.
- Oh, monsieur aime ça...
- N-non...Je... J'déconne. Enfoiré.
Mes mains et mes pieds prennent feu, faisant disparaître mes bottes au passage pour réduire mes entraves en cendres. L'heure de la punition. Et il va pas aimer, j'le promets. Il prend quelques pas de recul en bredouillant. Avant que sa main appelle cette fois des bondages qui trainaient au sol, j'attrape son poignet, enfonce mon genou dans le bide, le pivote dans une projection au sol pour mieux immobiliser son bras dans une clé au seuil de la fracture. Essayant de retrouver sa respiration, j'peux voir ses mirettes paniquées dans les orifices de son faux facies.
- Mais bon sang qui vous êtes ?!
- Des problèmes. Onélie Maple, cargaisons de céréales, guilde marchande, embuscades. Ca t'parle, le vicieux ?
- Euh, je...je ne vois pas de quoi vous parlez !
- Mauvaise réponse.
La luxation de son épaule sonne dans un "crack" pas agréable pour les oreilles pas habituées. Il hurle, mais dans ce genre de taudis, c'est fréquent. P'tet même qu'ils ont insonorisé les salles pour être peinard. Faut croire que ses règles se retournent contre lui. Boule de feu flottant dans la main, elle s'approche dangereusement de ce peigne-cul de noblard.
- J'peux faire ça toute la nuit.
- O-oui ! J'avoue ! C'est bien moi.
Sa main valide brandit une bague qui s'illumine d'un rouge rubis et deux personnes apparaissent dans la chambre dans une fumée noire. Sans doute les suivants de sa Majesté le dépravé.
- Occupez-vous de ces clopor-
Pas le temps terminer sa phrase puisque mon talon vient de s'enfoncer dans son masque pour mieux écraser sa gueule et le foutre dans les vapes. Les deux autres ont aussi des masques, habillé de cuir moulant rouge et un symbole bizarre sur le torse. Ca pue la secte tordue par excellence. Mes deux mains tendues dans leurs directions, j'fais échapper des vagues de chaleur pour les faire plonger dans un mirage.
- Où... Où sont-ils ?! Que l'un d'eux hurle, paniqué.
J'pousse un soupir, me disant que j'me ramollis pour me retenir, et de pas leur péter la gueule, mais on pas le temps, là. Et puis, faut bien que j'utilise mon palier utilitaire de temps en temps. J'fixe les deux collègues qui n'ont pas l'air de comprendre la situation.
- Ils sont plongé dans un mirage.
L'Entravé sur l'épaule, place à la réflexion.
- Va falloir trouver un moyen de sortir d'ici avec le paquet. Des idées ? La mienne est peut-être un peu trop frontale.
J'compte sur leur capacité de furtivité, pour le coup. Parce que moi j'suis parti pour tirer tout droit et tout dézinguer. J'ai bien conscience que c'est pas forcément bien reçu dans l'équipe. Faire les choses dans le feutré c'est pas si mal des fois, quand on sait faire bien entendu.
C’est le feu.
J’avise des torches du plus belle effet, donnant une ambiance plutôt sauvage à la pièce, parfait pour les jeux de corps nus. J’en décroche une, je regarde un tas de linge qui doit probablement bien flamber et je le lance dessus. La torche fait un petit bruit mollasson avant de grésiller et d’enflammer les linges. Je fouine du côté de différentes étagères et identifient plusieurs bouteilles d’alcool aussi rares que cher. Et donc bonnes. Ça fait sacrément mal de sacrifier du si bon alcool, mais c’est pour la bonne cause. On ne sait pas dans combien de temps quelqu’un montera ici pour savoir ce qu’il se passe. Ou envoyer la prochaine victime. Avec moult regret, j’expédie une bouteille de vieux whisky ; à vous cramer la flore intestinale d’un coup de shot ; dans les flammes. Une petite boule de feu jaillit du foyer et les flammes viennent lécher les tapisseries ainsi que la poutre la plus proche.
-On va attendre encore une minute.
Rien de tel qu’un incendie pour se faire une sortie sans accroc. Pour aider au simulacre de fuite qui n’est pas forcément qu’un simulacre parce que foncièrement, on ne va pas rester dans les flammes par plaisir, sauf pour Jin, peut-être, même si j’ignore s’il a la capacité de se satisfaire de flammes dont il n’est pas l’instigateur. Ce n’est pas le moment de savoir, surtout que je n’ai pas fini ma phrase. Pour aider au simulacre, donc, on chope les deux zigotos comme si on avait à cœur de pas les laisser rôtir ici. Même si, en vrai, on peut être la pire crevure de l’univers, personne ne mérite de rôtir vivant. Parce que toute personne, malgré ces défauts, appartient à une famille et quelque part, il y a peut-être bien une mère qui n’a pas forcément tout réussi dans sa vie, mais qui pense avec nostalgie à son petit trésor qu’elle a perdu et qu’elle pleurait beaucoup s’il lui arrivait malheur alors qu’il pense à lui envoyer une carte tous les ans pour son anniversaire, c’est ti pas beau ?
Quand la fumée commence à bien s’entasser sous le plafond et que la chaleur devient intense, c’est que c’est le moment de décamper. Toute façon, quelques instants de plus et les gens auraient remarqués, même si de la chaleur et de la fumée, c’est peut-être une activité régulière chez les gens ici. On ouvre la porte, nos gars sur les épaules. On affiche des têtes apeurées. Une trace de suie sur le front.
-AU FEU ! AU FEU !
Le truc avec les gens qui aiment bien se faire du mal, c’est que dans une certaine mesure, ils arrivent à contrôler la douleur. Avec les flammes, on contrôle beaucoup moins. Ou alors on contrôle Jin, mais c’est pas donné à tout le monde. Dans le cas présent, ils peuvent rien faire et ils n’ont pas foncièrement envie de bruler. Ni de devoir gérer les problèmes liés à un incendie. Si les masques tombent, ce genre de désagrément. Du coup, il ne faut pas attendre une seconde pour qu’une jeune femme pousse un cri de détresse qui ne manque pas de mettre au courant tout le monde. Et en une fraction de seconde, c’est le chaos. Les gens courent dans tous les sens. La sécurité tente tant bien que mal de gérer les gens, les dirigeant vers les sorties sans que quelqu’un se fasse piétiner. Et pas l’inverse pour une fois. On refile nos deux gardes à la sécurité qui s’intéresse trop près de nous, invoquant le fait qu’ils ont aspiré une trop grosse quantité de fumée. Ça les occupe suffisamment pour que Jin embarque son gaillard comme on porte un ami bourré en fin de soirée. Sauf qu’il ne tient pas sur ses jambes, mais dans la cohue, est-ce qu’on voit la différence ? Non.
On finit par se retrouver dehors. Et c’est suffisamment le bordel pour qu’on puisse se tirer. L’incendie n’est pas suffisant pour tout cramer. Si les types sont pas des branquignoles, ils arriveront à l’éteindre rapidement. D’ici là, on sera plus là. La disparition de l’Entravé passera inaperçu un moment et on efface une partie de nos traces. Je vous l’ai dit, un incendie, c’est pratique.
Mais ne répétez pas ça à Jin.
Brillante comme idée, en plus on est en plein cœur des archipels, ce n’est pas comme si l’eau pour éteindre un feu était quelque de difficile à trouver. Pour le coup je les guide pour la suite des opérations. Un petit hôtel tenu, en quelque sorte, par l’une de tes sœurs, plus ou moins. Un investissement rentable pour ton ainée qui ne se rendait même pas compte de tout ce qui se passait dans son propre établissement. Un jour cela lui éclatera à la figure, mais pour le moment cela fera une planque parfaite, puis tu as déjà les clefs d’une chambre pour vous trois, enfin quatre avec le paquet.
L’entravé semble complètement perdu sur ce qui lui arrive depuis tout à l’heure. Il est bien loin le dominant d’un peu plus tôt, là on croirait presque voir un enfant qui va pleurer sa mère d’un moment à l’autre. Toujours dans vos superbes tenues d’apparat tu te demandes un instant s’il faut continuer le jeu ou se dévoiler. Ce n’est pas comme si la garde allait avoir officiellement cet homme, vous devez donner un avertissement, mais pas transformer cela en incident diplomatique non plus. Tu soupires et secoues la tête comme pour te retirer du crâne tout ce que cette situation pouvait bien vouloir dire.
— Vous savez quoi, pendant que Jean-Michel Cordage arrête d’avoir envie de pisser sur le tapis je vais nous chercher à boire et à manger un peu.
— Je suis l’entravé pas Jean-Michel Cordage.
— Mais oui Cordelette. Du lait de chèvre pour toi étincelle ? Du rhum pour rhum ?
C’est plus le grognement agacé du surnom de la part de Jin qui te répond qu’autre chose. Enfin non, Jack est plus cordial et accepte ce que tu proposes même s’il semble plus enclin à de la bière là tout de suite. Au pire tu prends commandes les deux, ce n’est pas comme si le prix te dérangeait pour le coup. Je vois le visage de notre cible devenir rouge de colère ? Honte ? Un mélange des deux ? Encore autre chose ? Autre chose ? Dans tous les cas, c’est mieux qu’il est ouvert les yeux une fois qu’on est arrivé et pas qu’il est hurlé sur l’épaule de Jin tout du long.
— Vous allez vous en mordre les doigts ! Je suis quelqu’un de puissant.
— J’aurais dit impuissant vu la situation actuelle et de comment on c’est rencontré. Vous voulez un truc à boire peut-être ?
— Allez vous faire foutre.
— Je ne connais pas cette boisson, mais promis je demanderais à ce qu’il vous en serve.
— Vous êtes conne ou vous forcer le trait ?
— Autant qu’un con qui provoque alors qu’il soit en position de faiblesse.
— Je ne suis pas faible ! Je vous domine tous ! Je… Mes cordes ?
— Hum, donc de la piquette pour Cordelette, parfaite.
Tu as bien fait de lui mettre les menottes anti-magie pour la suite des opérations, il ne semble plus savoir quoi faire sans sa magie pour le sortir de là et dans une position autant de faiblesse. Sortant de la chambre rapidement tu vas demander les boissons et un plateau de charcuterie et des friandises pour la chambre. Visiblement la tenancière pense savoir avoir beaucoup trop de détail ce qui va se passer dans cette chambre, elle semble hésité un moment avant de mettre sur le plateau des bagues contre mouflet et le donner avant de repartir. Qu’elle est amusante de ton point de vue. Tu aurai préféré quelque chose qui rends la pièce insonorisée pour le coup, mais on fait avec ce qu’on a.
L’avantage c’est que si des bruits étranges sortent de la chambre il ne faudra que simuler des gémissements pour que tous ceux passant à côté trouvent cela normal si besoin. Rentrant à nouveau dans la pièce tu vois l’entravé qui rampe comme un ver de terre immonde au sol. Aucune idée de ce qui lui arrivé pendant ton absence, mais cela a été moche pour lui certainement, peut-être qu’il c’est pris dans ces propres pieds aussi.
— Cadeau de la maison.
C’est ce que tu dis alors que tu poses le plateau et attrapes le verre de piquette pour faire boire cul sec votre invité d’honneur. Il tousse sans aucune classe sur le tapis déjà bien sale de base, il faudra penser à en changer un jour, avant de lâcher un chapelet d’insulte.
— Ma famille vous détruira !
— Oh ? Votre famille a le pouvoir de faire cela ?
Jouer l’étonné a toujours été ton truc de toute manière. Jouer sur les nerfs des gens aussi. Visiblement il déteste, comme beaucoup, que ça soit une femme, jeune de sur quoi, qui l’interroge ou se foutre de sa gueule pour le coup.
— Dire que je suis allé vous chercher du vin pour vous faire plaisir Cordelette.
— Je ne sais pas qui vous engage, mais je peux payer bien plus.
— C’est amusant comme je n’y crois pas une seule seconde.
— La famille Mapple va tomber, elle doit tomber et là la paye sera magnifique.
— Oui, puis un jour la famille royale abdiquera et on sera gouverné par des fées venues du Nord.
— La garde ne vous laissera pas faire.
— La bonne blague. Je suis certaine du contraire si on joue à ce jeu-là. Étincelle, je te laisse notre ami pour la fin de la conversation. J’écrirais le rapport.
Tout ce qui manque c’est le nom de sa famille et le faire passer à la famille Mapple pour savoir ce qu’il souhaite faire de ce genre d’information, tout comme donner les détails d’où nous avons trouver cet homme une fois son identité bien au clair. Un bon moyen de pression mine de rien. Tu penses à cela en prenant un verre de limonade tranquillement.
- Avec plaisir.
Un p'tit moment que j'suis dans mon coin, bras croisés contre le mur, vrai que la posture pourrait être intimidante si j'avais pas cette tenue dégradante. Mais j'fais abstraction, essayant de cerner un p'tit peu le personnage. Rien de bien compliqué si on devait jeter sur la table un profil psychologique. Un homme qui adore le pouvoir, la domination, un homme qui dépend de ses influences. Des tentacules qu'on a tranché les uns après les autres pour nous accorder ce moment.
Celui d'un animal blessé qui tente une dernière estocade dans le plus grand désespoir.
Il fallait faire cracher des infos. Et j'ai bien vu que le regard de Langue m'accordait donc ce moment. J'ai pas ma caisse à outils, ni non plus mon gantelet. Pas de marteau, de scalpel, de pince coupante, pas de casserole pour le baigner d'eau bouillante, elle me prend un peu par surprise faut dire.
Va falloir chercher dans les méandres de ma créativité. Ou bien juste y aller franco dans sa tête, pas dit qu'il survive. Enfin une idée en tête, j'décide de m'approcher doucement, et retirer le reste du masque. On a déjà un visage. Il paie vraiment pas de mine. Les traits fins, une coupe au carré, une mèche colorée, violette, et le nez en sang, mais c'est moi ça.
- Bah putain. T'es pas vieux en faite.
- J'ai largement l'âge de vous rendre la vie cruellement infernale.
- Ah bah justement, en parlant de ça.
Ma main droite rougit, devient incandescente, une fumée blanche s'en échappe devant mes mirettes qui viennent de prendre feu.
- Les trucs infernaux, c'est mon dada.
- Je vais hurler, et il faudra pas longtemps avant que la garde n'arrive.
- T'as entendu la donzelle, elle est sûre du contraire, et moi, je la crois.
Un crochet du gauche lui dévisse la tête et le fout au sol, j'saisis sa jambe avec la main brulante qui creuse et déforme sa chair et sa peau dans un crépitement odieux. Ça hurle, un coup de talon pour lui écraser la tête au sol et étouffer un p'tit peu ses cris. Un premier coup de talon, un deuxième, un troisième, merde j'ai du sang sur le pied.
Les pupilles de notre homme vacillent, vont refaire le focal sur moi et étouffe un hurlement - certainement le sang dans la gorge - puis j'approche rapidement sur lui avec cette même main brulante.
- Si tu ne veux pas parler, cette main va coller tes lèvres, les fondre, et les sceller à jamais. Je peux également déformer ta gueule, ton corps, le rendre inutilisable, et personne de tes semblables te reconnaitrons. Tu vas finir dehors, souillé de large et en travers par les rares clodos qui n'ont pas de quoi payé une consommation chez une bonne femme. Tu seras tout seul, avec ta honte. Mais au moins tu garderas tes secrets ? Peut-être que ça vaut le coup ?
Sourire sadique, clin d'œil taquin et une main qui approche facilement les 200 degrés. Ca commence à faire quelques mèches enflammées autour de mes phalanges et la pièce s'embrume d'une chaleur bien présente. L'Entravé transpire, tremble, suffoque, déglutis le sang dans la bouche, recrache le surplus, avant de commencer à susurrer.
- Edgar.
- Hein ?
- Edgar Sorel.
- Attention de pas mentir, hein. Langue, la famille Sorel, ça te parle ?
Elle plisse les yeux, réfléchit pas très fort, et claque des doigts comme pour se rappeler d'un truc. Elle s'éclipse et cherche dans ses affaires une chiée de papelards. Jack coiffe nerveusement sa moustache humide par la bière, sans un mot. Et moi, bah j'y retourne. Je le lève le poing, il met ses bras en opposition dans un bruit de chaînes entre ses poignets.
- Non, ne recommencez pas !
- Les céréales, votre petite sauterie dans ce manoir.
- Je...
- Encore un "je" de plus, et j'te pète un bras, Eddie.
J'commence déjà à m'exécuter en le foutant sur le flanc, un genou bloque l'extérieur coude et commence à faire levier dans le sens opposé de l'articulation. Nouveau hurlement, mais masqué instantanément par le gémissement expulsé par Langue alors qu'elle épluche ses pages. Strident, suave, orgasmique, comme si un étalon venait de la combler. Merde, elle sait drôlement simuler. Pas trop souvenir que ça existe à l'Académie ce genre d'exercice. M'enfin, ma mémoire, hein.
- J'ai pas le temps, Ed.
- Je savais que si j'avais la cargaison avant la famille Maple, je gagnerais donc l'intérêt des habitants et essayer de prendre sa place.
- Et ?
- L'Antre n'est juste que l'une de mes maisons pour faire nos soirées.
J'regarde Jack, il hausse des épaules, à priori, rien de plus. J'pousse un grognement.
- Prends ceci comme un avertissement. On sait qui t'es, on sait où t'habites, on te regardera tout les jours de ta vie. Quand tu penses qu'on sera devant, c'est qu'on sera derrière, si tu te sens observé pendant que tu dors et bien tu auras raison. Tu n'as plus de cordes à ton arc, l'Eddie l'Entravé de mes deux.
Sur ces mots, mon crâne s'écrase au milieu du sien et sa tête rebondit au sol, inconscient.
- Alors ? Du nouveau sur Sorel ? J'connais pas cette famille. Jack, on fait quoi de ce truc ?
J’ai subitement une sueur froide. A califourchon sur une chaise à l’envers, je sirote ma bière fraiche. Après le feu des flammes, c’est agréable, mais avec le coup de froid soudain, c’est tout de suite désagréable. J’ai une pensée fugace. Une réflexion qui me vient de loin et qui s’impose petit à petit. Vision dérangeante. Car si Jin est un aventurier compétent, un homme avec du cœur, du bon côté de la loi, il reste de la scène qui se déroule sous mes yeux un parfum de plaisir sadique. Comme si notre passage dans l’Antre et les tenues que nous portons ne sont pas forcément que des couvertures. Peut-être qu’ils sont une peau dont on a le dégout de se revêtir, mais qui font partie tout de même de nous. Cette sorte de peau animale qui nous rappelle à nos instincts les plus bas. Si l’interrogatoire mené par Jin a pour vocation à faire cesser des actes criminels, qu’elle est la limite à avoir ? A partir de quel moment cela fait-il de nous des criminels ? Les coups sont une chose, car tout le monde peut donner des coups, et les recevoir. Mais le pouvoir de Jin, c’est une autre chose. Lorsqu’il se saisit de sa jambe, qu’il la brule. Est-ce seulement le crépitement qui est odieux ? Ou l’acte de torture ? Je n’ai jamais connu cette sensation et à la souffrance du type, je n’aimerais jamais la connaître. D’autres se seraient peut-être évanoui sous le choc. Je me souviens d’une phrase que me disais mon père : « N’inflige jamais à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on t’inflige ». A l’époque, il s’agissait plus de chamailleries d’enfant. Mais à l’âge adulte, ce conseil a toujours du sens.
Est-ce un masque pour terrifier sa victime ? Ou bien le plaisir de domination faisant écho à ce cri primal en chacun de nous ? Ou peut-être juste le plaisir d’employer son pouvoir. Un pouvoir destructeur. Je n’imagine pas beaucoup de cas où celui-ci ne serait pas destructeur. Entre des mauvaises mains, ce pourrait être une catastrophe, mais le destin l’a mis dans les mains de Jin qui, foncièrement, malgré mon appréhension passagère, reste quelqu’un de bon. Mais ces pouvoirs ne sont pas uniques en ce monde. Peut-être que quelqu’un, quelque part, développe les mêmes pouvoirs. La même magie. Serait-il aussi bon que Jin ? Rien n’en est moins sûr. On dit que le pouvoir corrompt. Une puissante magie peut corrompre. Il suffirait d’un grain de sable, d’une pichenette pour que l’équilibre de Jin soit rompu et qu’au lieu d’être le héros usant de ces pouvoirs à bon escient, il ne devienne celui qui en abuse. Il est jeune. La vie est longue. A plein potentiel, il pourrait être un monstre. Un tyran. Semant la destruction sur ceux qui s’oppose à lui. Aurait-il le même visage qu’en ce moment ? C’est la soudaine peur que j’ai. Ce pourrait être son alter ego développant la même magie à l’autre bout du royaume. N’est ce pas terrifiant ? Que certain comme moi n’ont comme pouvoir que de se transformer qu’en petit animal quand d’autres ont la capacité d’oblitérer un pâté de maison par ce qu’ils le veulent ? Des gens avec cette puissance, combien le royaume en abrite-il ? Combien d’autres émergeront ? Combien pourraient en abuser ? Cela ne vous inquiète pas ? De vous dire que dans la rue, n’importe qui peut se révéler être un déséquilibré usant d’un pouvoir puissant pour mettre cette même rue à feu et à sang ? La magie offre bien plus d’avantages qu’il y’en a de risques. Peut-être. Puis le jour où le risque sera trop grand, il sera trop tard pour s’en inquiéter.
-Jack ? Jack ?
-Hein… quoi ?
-Tu m’écoutes ?
-Ah… oui.
Je me lève. Je réagis un peu à l’instinct comme les derniers instants. Je récupère les infos qui sont entré par une oreille et qui ont failli sortir par l’autre. Qu’est ce qu’on fait. Oui. Xylia est dans ces papelards et lève le regard vers nous avec ce petit quelque chose dans les yeux qui fait dire que ce qu’il raconte n’a pas l’air d’être de la merde. Et c’est ce qui importe. Je m’approche du gars inconscient, je passe un bras sous la tête et je le soulève pour aller le déposer dans le lit. Je l’examine avec le peu que je sais de médecine. Je vérifie que son cœur bat toujours et qu’il respire.
-Tu pourras me chauffer de l’eau ?
Tiens, un truc que son pouvoir ne conduit pas à la destruction, par exemple. La brulure à la jambe est dégueulasse et il vaudrait mieux la panser. On sait jamais. De ce que j’en sais. Panser les coupures et le sang qui coulent. Surveiller qu’il ne s’étouffe pas dans le sang qui pourrait couler dans sa gorge. Connaître son identité est une chose, sa mort en est une autre. Au-delà des questions rhétoriques sur notre droit ou non à tuer des gens, même s’ils se sont rendus coupables eux-mêmes de crimes, le boulot est pour les Maple. Et on ne sait pas ses relations avec la famille de ce gars. On ne sait pas les répercussions que pourraient avoir sa mort. Alors, on évite qu’il meure. De plus, il y a une justice dans ce pays. Même si envoyer des gens en exil à la Frontière avec des menottes anti-magie, ça relève quand même de la peine de mort sans vouloir le dire, c’est à la Justice de déclarer la culpabilité des gens et d’appliquer les peines. Non à la vindicte populaire.
-Il faudrait qu’il voit un médecin, histoire qu’il ne clamse pas entre nos doigts. On a un nom qui tire des ficelles. La suite, c’est à la famille Maple d’en décider. Avec ce gars là sur la touche, les informations qu’on a sur lui et certains de ses hommes de mains hors d’état de nuire, on a bien réduit leur capacité d’actions, s’il y a d’autres gens dans le coup. Mais on rentre là dans une dimension politique qui n’est pas de notre ressort, du moins, sans une décision des Maple. Je préconise que dès qu’on est assuré qu’il survivra, on le met dans une voiture et il retourne chez les siens.
La meilleure chose à faire à mes yeux. Enlever ces frusques aussi. Retrouver la sérénité familière de son propre calbut’. Et un peu de repos. Ça ne serait pas de refus.
— Échec et mat ! Une famille qui veut prendre la tête du conseil des Huit alors qu’ils n’ont même pas été invités à y siégé.
Tu vois de plus en plus les tenant et aboutissant de toute cette histoire. C’est quand même bien pathétique comme manière de faire et que la population est du subir cela pour une question d’ego mal placé. Par contre, Jack à raison, on ne peut pas laisser cet homme sortir dans cet état. Tu retrousses un peu tes mains et attrapes ton sac sans fond pour en sortir tout ton nécessaire de soin. Notre cher Edgar a un mouvement de recul alors que je pose tout avec soin sur la table.
— Mais il ne faut pas avoir peur mon chou, je vais juste te remettre sur pied.
— Vous ne me touchez pas !
— Ed, je crois que tu ne comprends toujours pas dans quelle situation tu es.
— Je veux voir un vrai médecin et… MAIS ! AHH !
— Chochotte…
Tu as simplement retiré les bouts de vêtements qui m’empêcheraient d’accéder à toutes ces blessures. Bon, il est vrai que tu as peut-être un peu trop appuyé sur la peau juste pour lui faire ressentir la douleur du mouvement, mais ce n’est pas non plus la mort.
— C’est mieux s’il ne finit pas chez un autre médecin que mes mains. Mais sinon, tout le reste me convient. C’est au Mapple de voir ce qu’ils feront des informations et du reste.
Entre tes doigts l’homme pleurniche comme un bébé, visiblement il s’est même fait dessus suite aux menaces de Jin. Il y a un air de dégoût suite à ce constat et tu notes qu’il faudra indiquer au personnel de changer le tapis pour que l’odeur âcre ne s’attache pas trop à la pièce. Au final, les soins sont assez rapides, mine de rien, même si tu n’as pas utilisé ton pouvoir pour ne pas qu’il oublie avec les traces des blessures ce qu’il risque à s’attaquer à plus grand que lui.
Quelque part ce n’est pas plus mal que cela se soit aussi bien passé d’un bout à l’autre. Tu écriras tes rapports une fois ce gars là renvoyer chez lui. Autant pour la famille Mapple, que pour clôturer l’enquête de la garde avec seulement les détails que souhaite communiquer la famille Mapple que toute l’histoire en détail pour le pôle espionnage. La paperasse c’est un sujet dont on ne parle pas assez souvent à l’inscription au cursus d’espionnage.
Ta tunique en tissus te manque aussi. Même si porter des bas en résille est amusant. Cela a vraiment des tournants des plus intéressant et moins plan-plan que ce que tu aurais pu penser.
Visiblement, le message est bien passé si ce qui est indiqué est vrai. Les Sorel ne sont pas prêts de venir chercher les ennuis. Mais le retour de bâton ne va pas s'arrêter là.
On devrait faire couler leur petite entreprise de dépravé si tu veux mon avis.
Je lève les yeux du rapport pour fixer March droit dans les yeux. Partie prenante dans l’affaire, il est venue étudier le rapport avec moi. Et sa famille avait mis des fonds dans cet achat, ils sont tout autant victimes que nous.
Cela serait un peu excessif quand même, je ne compte pas les pousser sur la planche. Par contre, une agression financière me paraît tout à fait adaptée.
Les Sorel sont peut-être une famille de dépravés comme le reporte le rapport, ils ont un commerce à faire tourner. Pas de fêtes sans alcool ni denrées de luxes… Sans leurs petites fêtes, ils auront du mal à continuer leurs affaires commerciales.
La cave de ta famille n’est pas trop remplie j’espère ?
Je devrait pouvoir trouver de la place. Au pire, il faut bien préparer les festivités de notre mariage…
Pendant quelques mois, nous allons prendre plaisir à acheter presque toutes les marchandises qu’ils convoiteront. Et pour ne pas gâcher, la plupart sera distribuée aux habitants des îles. Je soupire quand même à l’évocation de “notre mariage”, pas parce que je ne le souhaite pas, mais plus parce que je ne suis pas pressée d’y arriver. Quoi qu’il en soit, je tamponne le courrier à la Guilde Marchande ordonnant le paiement des aventuriers et des indemnités dues à la Garde. Pour le rapport, je vais le transmettre à nos partenaires pour cet achat avec les propositions de sanctions. On décidera tous ensemble comment punir ces impudents pour la mise en danger de nos compatriotes.