Ivara

Ivara se mordit la lèvre en voyant les différentes expressions se succéder sur le visage de Bridget. Elle se demanda si son heure n’avait pas sonné. Le regard de la lieutenant la dissuadait d’ajouter quoique ce soit, elle en avait déjà trop dit. Évidemment, elle ignorait ce qu’elle avait dit en trop mais le mal était fait et la supercherie se découvrait petit à petit. Supercherie ? Pas vraiment. Ivara n’avait jamais voulu être dans cette situation et duper qui que ce soit. Pour tout dire, elle n’avait jamais eu de problème avec la Garde, contrairement à un autre qui aurait pu avoir beaucoup de soucis avec eux…

Les épaules de Ivara se crispèrent lorsqu’elle entendit la réponse de Bridget. Si ses parents étaient bien ces gens alors… Alors… Ce n’était pas une simple lieutenant qu’elle avait en face, ni même une compagnon de fortune pour Inaros. C’était bien plus que ça. C’était la fin du monde pour la sculptrice, une situation qu’elle avait à tout prix voulu éviter et qu’elle n’avait jamais songé possible. Est-ce que Lucy avait décidé de l’abandonner, la délestant de sa chance pour la mettre dans ce pétrin ?!

Maintenant que son interlocutrice le soulignait, elles avaient effectivement une ressemblance notable. Leurs traits de visage étaient sensiblement similaires, un air de famille qui se dégageait dans l’appréciation générale. Mais, quand Bridget descendit de son cheval la main sur le pommeau de son épée, Ivara leva les mains en l’air - lâchant les brides de son cheval qui était bien calme - et les agita dans tous les sens pour que Bridget ne s’affole pas davantage.

“ Je… Attends ! Je ne te veux aucun mal. Je n’ai jamais demandé à être ici.” commença-t-elle à bégayer, tout en descendant de son cheval à son tour. Elle préférait être à hauteur de Bridget pour lui montrer toute sa bonne volonté et, surtout, toute sa bonne foi. Ce qu’elle s’apprêtait à lui révéler n’était pas facile.

“Je suis Ivara Streÿk, je n’ai jamais voulu te mentir...
Je ne l’ai dis à personne mais je voulais juste me blottir...
Dans les bras d’amis, de ma famille, qui est aussi la tienne...
Mais nous sommes si éloignées, il aurait fallu que je vienne...”

Ivara s’arrêta soudainement, secouant la tête. Voilà qu'elle se mettait à parler en rimes et en poésie, comme si ça allait adoucir Bridget. Peut-être que cela aurait le mérite de la faire sourire, voire rire ? En tout cas, elle ne pouvait pas poursuivre : ”Et non pas lui”.. La catastrophe aurait été pire encore si Inaros avait été en contact avec ses proches. Elle s’approcha d’un pas de Bridget, tout en retirant l’élastique qui maintient sa tresse. Avec sûreté, elle la défit pour laisser ses longs cheveux blonds en liberté. Elle avait toujours eu les cheveux longs, depuis toute petite. Peut-être que ce petit élément permettrait à Bridget d’avoir foi en ce qu’elle disait.

“Je n’ai pas fait le lien avec toi plus tôt parce que je n’avais pas compris… Je n’avais pas compris que c’était toi, Bridget. Je… Je ne sais même pas par où commencer. J’ai tellement peur d’être reniée ou que, pire encore, tu ne me crois pas. Je ne sais même pas ce que nous faisons ici, pour être honnête avec toi. Je ne m’en rappelle pas serait l’explication la plus simple à te donner…”

Elle mordit sa lèvre, tout en cherchant les mots justes. Devait-elle parler de Inaros ou se faire passer pour folle ? Elle n’avait pas envie de faire de mal à sa cousine… Elle ne voulait pas non plus passer pour la dégénérée de la famille mais, avec tout ce qui s’était passé, c’était peut-être déjà trop tard. Un petit sourire sur les lèvres, elle ajouta.

“Je suis terriblement désolée de te recroiser dans ces conditions… J’aurais préféré que ça se passe autrement… Et tu dois avoir tellement de questions, mais je ne sais pas si je pourrais répondre à tout…”

Dans ses yeux, l’étincelle du désespoir. Elle ne savait absolument pas ce qu’elle devait faire.

Ivara

Elle attendait la sentence de Bridget, sans lâcher son regard. Elle était à peu près certaine que le choix de sa cousine quant à la croire ou non se ferait si elle regardait ses yeux, outre sa physionomie. Elle se préparait à toutes les réactions possibles. Elle était même prête à devoir rouler sur le côté si jamais Bridget décidait de ne pas la croire et de lui asséner un coup d’épée à la place. L’attente était insupportable, pourtant ça ne faisait même pas une minute…
Soudain, elle fit un pas vers elle. Ivara était prête à tout, mais elle n’aurait jamais osé imaginé cette réaction, bien trop belle pour être possible. Elle se fichait bien du froid de l’armure de Bridget, être dans les bras d’un membre de sa famille lui faisait un bien fou. Cela faisait si longtemps qu’elle ne s’était confiée à personne et qu’elle s’était isolée dans sa boutique. La serrant en retour contre elle, la jeune femme sentit le coin de son oeil s’humidifiait et, sans pouvoir les retenir, quelques larmes coulèrent silencieusement sur ses joues. Elle avait accumulé une telle pression depuis des semaines, sans pouvoir la relâcher.

Lorsque l’étreinte se termina, Ivara affichait une mine plus réjouie. Ses joues s’étaient rehaussées d’une teinte de rose et elle essuya rapidement les quelques larmes qui avaient coulé. La mention de Lucy lui fit esquisser un petit sourire, elle se rappelait bien que sa cousine était dévouée à la déesse, bien plus qu’elle ne pouvait elle-même l’être. En plus de ça, Bridget lui tendait un baume pour ses mains abîmées par les activités de la veille.

“Merci Bridget. Tu n’imagines pas tout le bien que ça me procure d’entendre ça…”

Elle en profita pour rapidement mettre le soin sur ses paumes puis attrapa à son tour les rênes de son cheval. Une pause serait la bienvenue, oui. Elles avaient quelques petites choses à se dire, toutes les deux. Elle désigna un petit coin, non loin de là, où elles pourraient s’asseoir. La bride fermement tenue dans sa main, elle se mit à gambader gaiement vers l’endroit tout en chantant une comptine de son enfance.

“Un glooby bleu et vert
qui courait dans l’herbe
Je l’attrape par la patte
Je la montre aux acrobates.”

Elle s’arrêta au premier couplet puisqu’elles arrivèrent vite à l’endroit visé. Ivara préféra rester debout. Bien que très enjouée par le soutien de sa cousine, elle s’apprêtait quand même à lui mentir. Elle allait lui raconter une histoire un peu modifiée. Elle commença à triturer ses doigts, tout en commençant son explication.

“Alors, par où commencer… Il est vrai que je me suis présentée comme un homme mais… Je n’en ai pas le moindre souvenir. Parfois je suis comme, euh, possédée ? Cela peut durer assez longtemps, je n’ai jamais pu vraiment mesurer combien de temps exactement… Ces actions sont indépendantes de ma volonté. C’est comme si j’étais là mais… Ce n’est pas moi. Je ne saurais pas te dire quand ça a commencé, peut-être après un coup très vilain sur la tête ou alors je deviens peut-être juste très folle…” Un petit rire nerveux, une grande inspiration avant de reprendre. “Je pensais pas que mon “double maléfique” tomberait sur toi. Ni que j’aurais à t’en parler. On s’est pas vues depuis si longtemps, je ne sais même pas où tu es en ce moment…”

Elle attendait avec impatience les réactions de Bridget. Elle était prête à lui raconter tout le reste de sa vie, son commerce de sculptures de verre et son petit quotidien (sans mentionner Inaros).

Ivara

Elle écarquilla les yeux suite aux réactions de sa cousine envers son histoire. Ainsi elle la croyait ? Elle ne remettait pas en doute ses propos et n’émettait aucune réserve ? Cette révélation fit si chaud au cœur de la demoiselle qu’elle ne put s’empêcher de pencher son buste vers Bridget pour nouer ses bras autour de son cou et la serrer contre elle. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentait plus si seule. Bridget avait l’air d’avoir surmonté beaucoup d’autres épreuves. Lorsqu’elle mentionna l’ours hybride, elle ouvrit grand la bouche de stupéfaction. Elle la faisait marcher, ce n’était pas possible autrement. Puisqu’elle avait retrouvé un peu de légèreté dans son cœur et de la joie, un petit rire s’extirpa d’entre ses lippes et elle secoua la tête, expliquant à Bridget qu’elle la faisait forcément marcher. Construire une usine juste pour vendre des bonbons rieurs ? À tous les coups, elle cherchait à la rassurer. Histoire vraie ou pas, cette attention faisait très plaisir à la sculptrice de verre.

Lorsqu’elle lui raconta son histoire, Ivara reprit un air sérieux. Sa cousine avait aussi des choses qui pesaient sur son âme. Ivara avait peut-être entendu parler de cette histoire de rébellion à la Forteresse, est-ce que ses parents l’avaient évoqué devant elle ? Elle ressentit une pointe de culpabilité de n’avoir pas cherché à savoir comment allait sa cousine à ce moment-là. Baissant un peu la tête pour regarder ses chaussures à son tour, elle écouta la suite du récit, tragique, de Bridget. La mort de sa camarade au Blizzard faisait froid dans le dos. Il y avait des individus bien odieux pour ôter la vie des autres. Un frisson parcourut son échine en se rappelant que son propre corps hébergeait un mercenaire, un criminel. Il avait déjà tué avec ses mains féminines, elle le savait.

“Je suis désolée pour ton amie, Bridget. Lucy avait sans doute d’autres volontés pour elle à ce moment-là et pour toi, t’en donner une plus grande encore. Retrouver cet homme pour lui faire payer ces atrocités.” Elle posa sa main sur le dos de Bridget et le frotta avec douceur, pour lui apporter un réconfort autant physique que verbal.

À la mention de son autre “maléfique” et de ce qu’il avait bien pu faire, Ivara se retint de sourire tant les paroles de Bridget étaient empreintes de bonté et de bienveillance. Relevant son visage vers le sien, elle planta son regard émeraude dans les deux iris lumineuses de sa cousine, hochant vigoureusement la tête de haut en bas.

“C’est vrai que je ne roule pas sur l’or… Je t’avoue que je n’ai aucun souvenir quand je suis dans cet état… Je crois me rappeler brièvement qu’on a escaladé quelque chose mais pour le reste… Aucune parole, rien. Mais, j’essaierai de faire en sorte de m’en rappeler quand je serai comme ça… Je ne tiens pas non plus à finir au fond d’un ravin. Ça, non. Mais merci, Bridget. Merci.”

Frissonnant d’effroi à cette possibilité, elle ajouta par la suite qu’il serait peut-être temps d’y aller. Elles avaient mis plusieurs points au clair, il ne restait maintenant plus qu’à rentrer. Se relevant, elle tendit sa main à Bridget pour l’aider et elles se dirigèrent vers les chevaux.

“Donc, ça, c’est que vous, enfin ce qu’on doit aller donner, c’est ça ? À qui, tu le sais ?”

Et elle posa tout un tas d’autres questions en remontant en selle. Tranquillement, elles se remirent en route vers leur destination initiale.

“Tu sais, ajouta Ivara après un court silence, maintenant que tu es proche de la Capitale, ce serait un plaisir de te recevoir dans ma boutique. Elle est à côté de la place commerçante. Je fais des sculptures de verre, comme papa oui. À l’occasion, je t’offrirai un chocolat chaud avec un peu de chamallows dedans. J’ai appris à battre les oeufs en neige comme une pro, je pourrais même ajouter un peu de chantilly…”

Ivara embraya sur ses compétences culinaires, qui lui servaient beaucoup dans sa boutique. Elle expliqua à Bridget qu’elle ne se contentait pas seulement de sculpter et de vendre ses œuvres, elle mettait en place tout un spectacle pour ravir ses clients, toujours avec une boisson en main et un peu d’amuse-gueules à côté. Elle se demandait même si elle n’allait pas agrandir la boutique pour ouvrir un véritable salon de thé à côté. Plusieurs idées se bousculaient dans sa tête mais, eh, ne venait-elle pas finalement de vivre une sacré aventure ? En prime, elle avait beaucoup gagné en retrouvant sa cousine. Cette dernière, elle le savait, serait prête à tout pour la protéger. La famille, c’était une chose sacrée. Bridget, de son côté, pouvait être assurée qu’Ivara lui viendrait en aide pour la moindre broutille.

Ce fut donc avec plus d’entrain que précédemment que les deux jeunes femmes prirent la route du retour.

Ivara

Les retrouvailles avec Bridget étaient très agréables. Le dos bien droit et les mains tenant fermement les rênes de son cheval, Ivara écoutait ce que lui révélait sa cousine avec beaucoup d’attention. La sculptrice avait commencé à faire le lien entre les mots qui avaient été rédigés à la va vite par Inaros, enfin “Elio” puisqu’il s’était présenté sous ce pseudonyme à “Brijet”. Elle sourit intérieurement, ne pouvant empêcher une part d’elle de se questionner davantage sur cet étrange mercenaire qui avait pris possession de son corps un jour sur deux. L’auberge n’était pas étrangère à Ivara et ses souvenirs. Elle avait même l’impression d’y avoir mis les pieds de sa propre initiative… C’était parfois compliqué de faire la part des choses entre ce qu’elle vivait et ce que l’autre vivait. Heureusement, ce n’était pas tout le temps.

“Pour t’aider, la devanture est entièrement en verre ! Tu peux jeter un coup d'œil à l’intérieur sans même avoir besoin d’y rentrer. Ça permet d’attirer encore plus de petits curieux, commença-t-elle à expliquer, enchaînant suite aux questions posées par sa cousine. Hmm, je n’ai pas de modèles de catosorus et de kitsune en réserve. Mais je pourrais très bien te les préparer pour un prochain passage à la boutique. Je ne peux pas encore enchanter mes créations, mais je compte bien le faire un jour ! Ça va me demander du travail supplémentaire mais, eh, il faut bien mettre un peu de sueur dans ses créations. Même si ce n’est pas très sexy lorsque c’est dit comme ça…”

Large sourire sur les lèvres, yeux rivés vers le magnifique paysage qui s’offre à leur vue, Ivara se sentait bien. Elle prit une grande inspiration, réfléchissant à tout ce qu’elle avait encore à faire pour progresser. La première étape dans l’amélioration de son pouvoir était de réussir à rendre ses créations encore plus solides que le métal. Ensuite, elle avait bien eu pour idée de réussir à animer, très simplement, ses créations. Une fontaine qui crache véritablement de l’eau, un visage qui répète la même suite de mots ou encore un familier qui reproduit fidèlement ses mouvements dans la nature… Les possibilités étaient nombreuses. Il fallait aussi qu’elle réussisse à colorer ses sculptures. Il y avait là beaucoup de perspectives.

C’est alors que les deux jeunes femmes arrivèrent face à un pont bringuebalant. Le mauvais temps de la veille n’avait pas aidé et le passage semblait infranchissable aux yeux de la pauvre citoyenne. Ce n’était pas le cas pour la lieutenant, qui la rassura par ses mots sur la stabilité du pont. Ses deux familiers l’avaient franchi sans encombre, suivis par leur maîtresse et sa monture. Ivara n’était pas rassurée pour autant. Il lui semblait avoir vu le pont bouger dans tous les sens.

Un peu tremblante, elle donna une tape sur la croupe du cheval pour qu’il s’avance sur la structure en bois. Habitué à l’épreuve, il s'exécuta et Bridget put l’attraper pour le faire traverser.

“Tu… Tu es sûre qu’il est solide, hein ?” demanda la jeune femme en déglutissant.

Elle n’était pas encore suffisamment courageuse pour se lancer comme ça sur l’obstacle. Les mains moites et de la sueur perlant sur le front, Ivara posa un premier pied sur le pont en inspirant profondément. Le deuxième suivi, puis elle commença à marcher, très doucement. Elle n’était pas très sereine et évitait de regarder en bas. Elle avait même plissé très fort les paupières pour éviter ça et ne voyait plus grand-chose.

Soudain, une planche craqua sous son pied. Poussant un cri de surprise et de peur, Ivara tendit les bras vers l’avant en sentant le poids de son corps l’emporter vers le bas. Elle avait eu le temps d’avancer pour passer à la planche suivante, mais le déséquilibre important allait la faire chuter. “Aaaaaah Bridgeeeet !

Ivara

Ivara voyait bien sa dernière heure arriver. Elle n’était pas particulièrement peureuse et n’avait pas le vertige, mais si elle pouvait rester avec les deux pieds fermement ancrés sur la terre ferme… Tombée tête la première, elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour se maintenir solidement à une partie, solide elle espérait, du pont. Elle ne connaissait pas la montagne, ni son fonctionnement, mais elle maudissait ceux qui avaient créé ce passage et qui en étaient responsables. Heureusement, sa cousine était là. Levant des yeux apeurés vers elle, elle essaya de se concentrer sur ce qu’elle disait pour ne pas lâcher prise. Ses mains lui faisaient affreusement mal à cause des blessures de la veille.

“Bridget… J’ai… J’ai tellement peur... ”, bégaya-t-elle, les yeux légèrement humides.

Soudain, elle sentit la poigne de Bridget qui arrivait pour la soutenir. Alléluia ! Elle était sauvée. Pour le moment. À genoux sur le pont bringuebalant, elle essaya de reprendre sa respiration et de ne surtout pas regarder vers le bas. Ses yeux restaient rivés sur le visage de Bridget. Elle savait quoi faire. Elle allait les sortir de là ! Les yeux humides d’Ivara étaient un peu irrités avec le vent froid qui soufflait un peu mais elle ne pouvait pas du tout bouger pour se frotter les paupières.

Obéissant à ce que lui disait sa cousine, elle passa devant, très lentement et en craignant à chaque seconde de tomber une nouvelle fois. Elle posait un genou après l’autre, ses paumes moites rencontrant la surface dure et lisse du bois dans des tremblements incontrôlables.

“Je… Je…”, bagouilla-t-elle une nouvelle fois en retrouvant véritablement la terre ferme.

Elle tremblait encore un peu mais, heureusement, il y avait plus de peur que de mal. Ivara se redressa tant bien que mal, s’accrochant aux bras de Bridget. Elle hocha doucement la tête lorsqu’elle lui donna les dernières indications.

“J’ai eu tellement peur… M… Merci...”, poursuivit-elle en remontant sur son cheval avec l’aide de sa cousine.

Bridget était déjà occupée à faire autre chose. Définitivement, c’était une bonne chose qu’elle soit tombée sur sa cousine et pas sur quelqu’un d’autre pour la tirer de cette fâcheuse posture. Elle tremblait encore un peu mais elle était déterminée à rentrer et à retrouver son chez elle. Elle rêvait de se glisser dans un bon bain chaud puis dans des draps propres et dégageant une douce fragrance. Elle commençait aussi à avoir de plus en plus faim.

Le reste du trajet se passa sans le moindre encombre. Au bout de la première demi-heure, Ivara commençait déjà à pouvoir parler de nouveau normalement avec Bridget. Il n’y avait que quelques douleurs à déplorer pour la sculptrice et elle avait hâte de descendre de cheval pour reposer son séant. Le chargement était encore en place, tracté lentement mais sûrement par les deux jeunes femmes.

Au bout des trois heures annoncées, elles arrivèrent finalement à destination. À l’auberge où cette mission avait commencé.

“C’est ici ? Nous sommes arrivées ?” demanda Ivara, les yeux brillant d’une étincelle d’espoir.

Ni une, ni deux, lorsque la lieutenant lui confirma qu’elles étaient bien arrivées. Ivara descendit de cheval et s’empressa d’aider Bridget à attacher les chevaux près de l’abreuvoir. La grandalue était toujours en place et bien intacte. Pressée de retrouver le commanditaire de toute cette affaire, Ivara entraîna Bridget vers l’intérieur de l’auberge. Enfin, avant de rentrer, elle s’arrêta sous le seuil de la porte où était suspendu du gui et s’approcha de sa cousine pour déposer un énorme bisou sur sa joue. Après toutes ces péripéties, c’était bien mérité !

“Encore merci, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi et je serais sûrement morte écrasée dans le ravin… Bon. Il faut aller retrouver le commanditaire maintenant et lui livrer la plante ! Ça ne devrait pas être trop compliqué !”

Esquissant un grand sourire, Ivara ouvrit la porte pour retrouver la personne concernée en compagnie de Bridget.