Le tableau englouti
Alors que j'étais en train de lire paisiblement dans un des jardins du grand port, une lettre me fut apportée, m'expliquant que ma demande a été accepté. Parfait ! Je n'espérais pas une réponse, cela me rend joyeuse. J'envois alors un message aux personnes ayant accepté la demande, leur donnant rendez-vous directement sur les quais, dans deux semaines. Cela leur laissera le temps pour se préparer et faire la route, qu'importe où ils sont dans le Royaume.
Arrivée sur place le jour J, je repère directement les deux aventuriers qui vont ramener mon tableau perdu. J'arrive à leur niveau et me présente.
- Bonjour messires. Je me présente : Eli Williams. Vous êtes donc là pour me récupérer mon tableau qui a, malheureusement, coulé au large. Je ne pourrais pas vous dire où exactement, moi-même ne le sachant pas. Mais la zone de recherche est assez restreinte. Trouvez une épave de bateau pas trop endommagé par les éléments, il y a de fortes chances qu'il soit à l'intérieur.
Il n'y a pas beaucoup d'informations, cela est dommage, oui. Mais je crois assez en eux, et ils vont le retrouver, j'en suis sûr. Cette pièce est un incontournable du culte d'Helmex. Sans le Sommeil du Titan, ma collection est loin d'être complète.
- Si vous avez des questions, allez-y.
Je reste assez longtemps pour répondre aux questions qu'ils pourraient se poser. En attendant qu'ils aillent le chercher, j'ai loué une chambre dans un hôtel assez luxueux du grand port. J'attendrai donc en me relaxant.
Le tableau englouti
+ Participants : 1 aventurier + 1 libre OU 1 garde + 1 libre
+ Objectif : Ramener le sommeil du Titan en parfait état.
Un tableau ! Un simple tableau mais dont la qualité devait justifier une telle demande. C'était en tout cas ce que c'était dit Liory en entendant la rumeur.
Et comme cette même rumeur concernait bien des gens utiles aux royaumes, Liory n'avait pas hésité à envoyer une lette à son cher cousin. Oh bien sur il savait parfaitement que ces affaires ne devaient pas intéresser la garde du Grand Port... Mais pouvait il vraiment laisser passer une occasion de revoir ce cher Calixte ?
Bien des lunes les avaient séparées, et si une petite excursion entre rejetés des Alkh'eir ne répareraient pas l'abandon de leurs familles, au moins pourraient ils se retrouver et profiter des ces moments semblables à ceux de leurs jeunesses... Quand tout paraissait plus simple et plus facile.
L'argenté avait été jusqu'à acheter un petit navire, pas un de ces grands galions pouvant emporter plusieurs douzaines de marins, une frêle esquif, contenant difficilement trois personnes.
Cette dernière s'accommoderait donc parfaitement aux deux têtes brulées et leur matériel sommaire, qui se composait pour Liory d'un maillot de bain, de quelques serviettes et surtout de quoi manger à l'ombre de la voile.
Une petite dague composait son seul attirail offensif, plus utile pour couper un cordage plutôt que quelqu'un. Mais c'était déjà ça.
Le navire était une fourmis parmi les géants du port, mais à force de vivre ici, le noble avait fini par apprendre à naviguer parmi les titans, esquivant leurs quilles avec agilités et des signes de mains amicaux pour les capitaines qui le lui rendaient.
La petite notoriété du noble faisait son chemin, même s'il avait été mis à l'écart, la Prévoyance pesait lourdement ici, et le clan des Alkh'eir faisait partit de ces notables que personne ne saurait ignorer.
Accostant sur une petite jetée, Lio retrouva son cher cousin qui l'attendait, le prenant dans ses bras comme s'ils ne s'étaient pas vu depuis des lunes.
La réalité faisait que c'était bien des années qui les avaient tenus éloignés. Un grand sourire sur son visage, il se permit d'étreindre ce frère que la vie avait séparée de lui.
-Mon cher Calixte !
Dit il de son accent mélodieux bien digne des gens des côtes. Sa voie semblant chanter une ode au soleil et aux jours heureux.
-Tu m'as tellement manqué ! Je vois que j'ai quitté un garçon pour retrouver un homme, la garde t'a transformé mon frère !
Et il se mit à rire, presque subjugué par ces retrouvailles, mais ces dernières furent interrompues par une jolie jeune femme qui se trouva être la commanditaire du dit tableau.
Une fois les présentations faites, et les instructions données, les quais-jumeaux se retrouvèrent donc sur les quais, devant le petit navire ou Liory ne put se retenir de presque y pousser Calixte joyeusement.
-Quand avons nous pris la mer ensemble la dernière fois ? N'était-ce pas quand nous avions volé le bateau de tante Irys ?
Une histoire de plus à mettre à leurs crédit, et sans doute une semaine de régime qui avait suffit à les rendre aussi svelte
Détachant les amarres, il commença à pousser le navire loin de la terre.
-Mais je parle, je parle, raconte moi ce que tu es devenu !
Le point de rendez-vous avait été donné directement sur les quais, et en raison de plannings respectivement chargés, les deux cousins ne purent se retrouver avant. Mais qu’importait, ils auraient tout le temps de la mission pour profiter l’un de l’autre.
Picco-Lio ! s’exclama Kaname à ses côtés alors qu’ils repéraient la silhouette élégante de Liory à travers les déambulations des marins affairés.
La loutre géante avait été plus qu’enthousiaste de partir à nouveau sur les routes d’Aryon, et d’autant plus que celles-ci devaient s’avérer maritimes. Et, visiblement, elle avait été briefée par Apolline. D’ailleurs, l’espion n’aurait su trop dire où se trouvait présentement l’âme artificielle. Vreneli, coincé dans l’une de ses sacoches, avait été moins intéressé. Mais la perspective de pouvoir électrocuter à tout moment cette vaste étendue d’eau l’avait finalement convaincu de leur tenir compagnie. Enfin Ayren, qui n’avait jusqu’à présent qu’exceptionnellement quitté le Bastion, s’était montré si malheureux à l’idée d’être à nouveau laissé seul à la caserne, que Calixte avait cédé à la tentation de l’amener avec eux. Le drarbuste était encore une boule d’anxiété et de timidité, mais peut-être qu’approcher le monde extérieur lui ferait un peu de bien. Et c’était donc armé de ses trois familiers – et d’une âme artificielle ? – que le coursier plongea dans les bras tendus de son cousin en lui rendant son sourire.
- Et que dire de toi ? rit joyeusement l’espion en étudiant la silhouette à la fois familière et résolument différente de son cousin. Les affaires sont visiblement bonnes ; Murmevent te réussit. Et l’inverse est tout certainement aussi vrai.
Ciselés par les années, le travail et la compagnie, le calme naturel de Liory avait gagné en prestance, sa bienveillance en charisme, et ses atours physiques s’étaient polis de finesse. Son cousin était réellement devenu un bel homme, dans tous les sens du terme.
Ils auraient certainement pu continuer un bon moment ainsi, à rattraper le temps perdu. Mais leurs retrouvailles devaient leur réalité à la requête qu’ils avaient acceptée, et celle-ci se rappela à eux dans la forme d’Elizabeth Williams. Les yeux avisés de l’espion détaillèrent rapidement la jeune femme, notant sa démarche assurément confiante. Son port altier. Son regard monophtalme déterminé. Son sourire tout en gentillesse, en belle façade de son corps aux accents de prédation. Elle possédait cette beauté qui vient avec l’assurance froide, qui fit frissonner Calixte. Le regard effleurant la toilette d’excellente facture de la Noble, il écouta d’une oreille distraite les consignes et recommandations de leur interlocutrice. Il était rare que l’espion n’enquêtât pas un minimum sur ses commanditaires, et les quelques informations qu’il avait récupérées sur Elizabeth Williams n’avaient pas vraiment alerté son esprit. Mais qui savait vraiment l’étendue du nombre de squelettes dans les placards des Nobles ?
Lorsqu’ils se retrouvèrent en tête-à-tête – et avec l’armada de familiers – forts de leurs renseignements de dernière minute, Calixte ne put cependant s’empêcher de ranger rapidement ces interrogations ressurgissant pour accorder toute son attention à Liory.
- J’ai une barque dans mon sac, commença-t-il avant de cligner des yeux à la vue du voilier appartenant visiblement à son cousin. Oh. Ça c’est pas mal aussi. Tu fais beaucoup de bateau à la Capitale ? demanda-t-il en haussant les sourcils d’amusement.
Apparemment, être à la tête de Murmevent payait plus que d’être coursier à la Garde. Puisant dans ses souvenirs d’enfance lui ayant appris les rudiments de la navigation – art que les enfants de marins comme ceux des augustes familles du littoral appréhendaient rapidement – Calixte aida son cousin à prendre le large. Le navire était de bonne facture, et plutôt confortable. Il devenait cependant un peu étroit en la compagnie d’une loutre géante et d’un petit drarbuste. Débarrassant Kaname de son baudrier et sacoches, l’espion la regarda décroitre magiquement de volume afin de mieux se faufiler le long des courbes du voilier. Il fourra Ayren dans les bras de Liory, et prit pour lui de border doucement les voiles tandis que son cousin tenait la barre comme le petit dragon végétal. Ce dernier, pas franchement rassuré de toute l’entreprise, se cala davantage contre le torse de l’homme, et s’accrocha à son coquillage musical qui était devenu pour lui l’équivalent d’un porte-bonheur.
Ils quittèrent le port affairé, et l’entendue libre de l’océan les accueillit dans la sérénité de cette belle journée. Profitant du trafic moins intense, ils profitèrent d’un vent arrière pour accélérer et filer sur l’onde, en direction de la zone de recherches indiquée par Elizabeth Williams. S’installant presque contre le bastingage, la main à proximité des cordages du foc, Calixte posa un regard amusé sur Kaname qui profitait des éclaboussures à la poupe du bateau. Intrigué, Vreneli avait fini par s’extirper des sacoches et tournoyait au-dessus de la tête de la loutre.
- Ayren, Vreneli, Kaname, présenta brièvement le garde en désignant successivement les familiers du doigt. Ils n’ont pas trop l’occasion de sortir, et celle-ci semblait plutôt raisonnable pour leur faire faire un tour.
Il adressa un sourire amusé à Liory.
- Car maintenant, parfois, je sais être raisonnable.
Il marqua un moment de pause, profitant de la douce chaleur diffusée par les vaillants rayons de cette belle journée de saison fraîche. Nul doute que la plongée en elle-même serait une toute autre affaire, mais ils n’en étaient pas encore là. Et puis, si Kaname se sentait d’humeur exploratrice, ils pourraient peut-être limiter leur temps d’immersion. Alors que le liseré de la côte s’éloignait toujours plus, un banc de sinoparus accompagna leur progression, pour le plus grand plaisir de Kaname et Vreneli, mais effrayant encore plus Ayren qui chercha à se cacher sous la veste de Liory.
- Ramener toute la smala n’était peut-être pas très raisonnable, grimaça Calixte en observant son cousin tenter de rassurer le drarbuste. Mais c’était tentant de faire ça en famille, ajouta-t-il avec un petit sourire songeur. En parlant de famille, j’imagine que soudainement la branche mère se rappelle régulièrement de ton existence, vu ton poste actuel ? Je crois même avoir vu l’autre jour Enora se pencher sur le registre des familles Nobles du Grand Port afin de refaire un point sur les profils intéressants pour nous. Enfin, pour les bons membres des Alkh’eir. Pour toi ? ajouta-t-il taquin.
Mais il était vrai que le sujet des intérêts sentimentaux des points d’influences des Alkhaia de Eliëir – Liory inclus – était un thème récurrent sur les lèvres de sa sœur, qui suivait avec attention ce type de développement. Comme chez la plupart des familles Nobles, les relations des divers héritiers, nerf de la guerre, étaient observées avec précaution chez les Alkh’eir.
- Vire un peu à bâbord, indiqua le coursier en avisant des hauts fonds affleurant la surface un peu plus loin. La prochaine fois que je serai de passage à la Capitale, je te ramènerai son diagramme. Elle a été très déçue d’entendre les rumeurs au sujet de la famille Drak’gnir ; puis moins, lorsqu’il lui a été évident que Khalie s’était amouraché du lieutenant Rivolti, m’enlevant le peu d’opportunité que j’aurais pu avoir là. Pas que ça me gêne, poursuivi-t-il avec amusement. Même si je suis content qu’ils aient fait leur affaire une fois que Valentino eût quitté notre dortoir à trois. Parce que bon, ça aurait été un peu particulier de réorganiser mon planning de sommeil en fonction de leurs parties de jambes en l’air.
Ils entrèrent dans une zone un peu plus rocheuse, et Calixte choqua les voiles pour décélérer. Profitant de ce rythme de croisière plus tranquille, Kaname reprit sa taille d’origine et se glissa à l’eau. Suivant la progression de la loutre nageant à côté du bateau, Vreneli se mit à effectuer des aller-retours le long de la coque.
- En parlant de rumeurs ; des projets intéressants pour Murmevent dernièrement ? Il paraitrait que le Palais ait passé une commande conséquente d’enchantements encore plus poussés pour la protection de ses murs. A un taux de cristaux assez indécent. Réalité ou balivernes ?
Beaucoup de bateau ? S'il avait su... peut être n'aurait t-il pas été enclin à monter avec lui, la navigation, même s'il avait grandit ici, avait quelque peu été érodée dans sa mémoire, même si les gestes finissaient par revenir d'eux même, comme une danse que l'on aurait longtemps pratiquée, mais oubliée au fil des ans.
Les gestes recouvrant petit à petit une habitude bien rodée, même si cette dernière avait été forgée à un âge plus jeune et plus simple et Calixte n'était pas en reste, reformant à eux deux l'équipage d'antan.
Sauf que dans cet équipage, il y avait plus de bêtes que d'humain, ce qui ravit Liory qui se perdit dans la contemplation de ces animaux, et comme en récompense à ses yeux de biches, il reçut le petit dragon entre ses mains, avec son coquillage musical.
Les yeux du noble s'écarquillèrent devant la prestance du petit Drabuste
-Ayren tu dit ? Quel merveilleux familier
Dit il en l'observant sans oser pour autant le toucher. Ce petit Drabuste était l'animal le plus beau qu'il avait vu dans sa vie. Liory se demanda brièvement comment son cousin avait pu obtenir un tel trésor.
Trésor non pas par son prix, mais par son apparence et son comportement. Le noble sentait toute la crainte de l'animal, et la comprenait car il en avait lui même eu l'habitude en étant plus jeune.
Le petit dragon était si effrayé qu'il tenta de rentrer sous la veste de l'argenté qui lui, fit de son mieux pour le tranquilliser, oubliant parfois la barre. Mais le commentaire de son cousin ne lui tira qu'un sourire suivit d'un léger rire.
-C'était une très bonne idée, je préfère largement cette famille, plus simple et moins calculatrice si tu veux mon avis
Dit il osant enfin toucher Aryen, jusqu'à le glisser dans son col ou le drabuste se fouissa jusqu'à ce que seul sa petite tête ne dépasse de sous le menton de Liory, son coquillage musical se mettant à murmurer une douce mélodie pour l'occupant surprise de la chemise.
-Allons mon petit, ça va bien se passer
Sa voix aussi musicale que le coquillage sembla même capter l'attention du petit dragon avant qu'il ne se remette à trembler autour de son coquillage, recevant une petite caresse entre ses bois de la part de l'argenté.
L'évocation de la branche principale lui tira une petite grimace, rapidement suivie par un haussement d'épaule.
-Je reçois des nouvelles de temps en temps... Enfin d'avantage des demandes d'expertises que de réelles nouvelles. Ils aiment avoir quelqu'un pour s'assurer que Prévoyance n'investi et n'assure des objets trop couteux, ou du moins pas sans une solide redevance.
Mais que veux tu, c'est un tribu que je suis ravi de payer tant qu'ils me laissent tranquille pour le reste
Relégué au second plan par sa naissance, le noble, s'il n'était pas revanchard, ne portait pas vraiment cette famille dans son coeur, Calixte en était l'exception. Et il fit une petite moue avant de répondre.
-Ils ont choisis ma carrière, et si j'ai tout de même réussi à en faire quelque chose grâce à Anduin... Je ne compte pas leur laisser le luxe de décider de mon mariage !
Et puis... Je suis bien sans personne, je vis de commerce et de musique ! Disons que s'il faut aller voir Enora pour lui rappeler que Murmevent est ma propriété et pas celle de Prévoyance pour avoir la paix...
Il laissa sa phrase en suspens. Malgré tout... mieux valait avoir la famille de son côté et tout noble qu'il était, la branche principale avait bien trop d'influence pour qu'il l'ignore. C'était un jeu dangereux que de flirter avec la patience de cette dernière.
Liory faisait de son mieux pour rester distant sans pour autant couper tout les ponts.
-Mais je pourrais te dire la même chose, notre cher et beau Calixte... Personne n'a trouvé chaussure à te mettre à tout prix ?
Et comme réponse, il eut droit à une correction de cap qui le fit sourire.
Au final, il développa bien plus que l'argenté l'aurait espéré. Décidément... Il ne perdait pas de temps pour se retrouver dans des plans.... "compliqués"
Le batifolage des divers gardes aurait sans doute pu remplir quelques bibliothèques , et il comprit rapidement que si d'habitude, c'était une source de rire, cela avait probablement sauvé son cousin d'un mariage arrangé, aussi étrange que ce fut.
-Ma mère aurait dit "Une femme de mauvaise vie n'a pas sa place dans notre caste supérieure", mais s'ils en étaient à batifoler dans la même pièce que toi, j'imagine qu'effectivement, te marier avec aurait été la dernière idée en date pour te mettre la principale à dos... Ce qui tout compte fait n'est pas le pire des moyens pour se faire oublier !
Dit il en se mettant à rire, repensant à celle qui l'avait mise au monde avant de la chasser de ses pensées, le petit dragon s'agitant sous sa chemise, ce qui lui valu quelques caresses supplémentaires
-Toi mon grand, je te propose un petit concert de violon au retour si tu aime ça, je suis sur que ça t'aiderait !
On lui avait souvent parlé de prendre un familier, et maintenant que le petit Drabuste était contre lui, il comprenait pourquoi...
Tranquillement, le navire ralentit, sa coque frappant les flots plus doucement alors qu'au fond de l'eau, on pouvait apercevoir une forme sombre qui rappelait sans discuter un navire de transport.
La rumeur des projets de la capitale firent pencher de côté la tête du noble
-Te voilà rudement bien informé Cal', ce sont des projets qui ne sont à l'état que de projets justement, mais effectivement, il y a une certaine discussion sur ce projet. Alors entre cousins, je peux te le dire : C'est une réalité, un envoyé du palais nous à demander un devis pour améliorer ce qui est déjà une sacré œuvre d'art
Mais je ne saurais te dire le montant dont ils disposent sur ce chantier, les phases préliminaires annonçaient des montants colossaux, et l'envoyé n'a pas levé l'ombre d'un sourcil...
J'aurai peut être du gonfler la facture non ?
Dit en souriant d'un air espiègle alors que le voilier finissait par s'arrêter.
Larguant l'ancre, qui tomba à l'eau dans une gerbe d'écume, Liory mis sa main à sa chemise pour que le petit dragon reste bien en place avant de regarder le fond de l'eau.
Pas très profond, durant leurs jeunesses, les deux casse-cou avaient fait des concours plus risqués
-Peut être que ça porte malheur... mais comment un tel navire à t-il pu couler au juste ? Ce serait le diable marin dont on m'a parlé ? Je pensais que les aventurier l'avaient tués avant qu'ils ne fasse le moindre dégât ?
- Il n’est pas impossible que j’aie rencontré la Reine sur la saison estivale, à l’occasion de festivités au Bastion… Il n’est pas non plus impossible que j’aie fusionné par mégarde avec sa robe ; tu noteras que ma maladresse, elle, n’a pas changé, rit doucement le garde.
La vérité autour des rumeurs qu’il avait perçues était bien toute autre, mais il n’était pas non plus mensonge de dire que c’était la souveraine elle-même, forte de cette connaissance commune, qui lui avait touché quelques mots de ce projet entre le Palais et Murmevent. Le voiler longea une première bande rocheuse, puis alla se caler à l’abri de l’entrée d’un dédale d’îlots de basalte. Bientôt ils purent contempler dans l’eau claire une large forme sombre dans les tréfonds, et ils décidèrent de larguer l’ancre à proximité.
- Le diable marin ? Je ne sais pas… mais entre ces rochers rapprochés, il doit être facile de s’échouer contre un récif un peu trop affleurant. Ou de croiser quelques âmes malintentionnées profitant de ces cachettes naturelles. Je ne pense pas qu’il y ait assez de profondeur pour une créature type tanhiwa, mais cela n’empêche pas les autres de pouvoir venir nous chercher des noises.
Explorer ? demanda avec trépidation Kaname.
Oui, tu peux. Fais attention. Reste à portée de télépathie.
Sans attendre davantage, la loutre disparut sous la surface de l’onde, pour les devancer auprès de l’épave. Dépité, Vreneli tournoya un moment sur place, avant de revenir se poster à l’affut au-dessus du voilier. Gagnant son sac-à-dos et les sacoches de Kaname, Calixte se mit en quête d’un peu de matériel adapté pour leur séance de barbotage. A la périphérie de son champ de vision, il pouvait apercevoir Liory faire de même, tout en se fendant de milles attentions auprès du drarbuste qui paraissait enfin se détendre un peu. Timide, le familier s’était assez rapidement attaché à l’homme, et semblait à présent réticent que celui-ci choisît d’aller piquer une tête plutôt que de rester auprès de lui.
- C’est rare qu’il soit aussi à l’aise avec quelqu’un, fit remarquer le garde en attrapant sa bulle d’oxygène. Je crois que j’ai trouvé son nouveau gardien.
Ses vêtements s’effacèrent sous le pouvoir de son maillot magique, et il consulta sa perle de météo et celle des températures afin de s’assurer de leur tranquillité climatique à venir.
- Avec mon travail de coursier, je suis souvent sur les routes, poursuivit-il en sortant sa serviette sèche prête à l’emploi. Et je crois qu’il a du mal à trouver sa place parmi les autres familiers. Donc entre tout ça… Disons que ça n’a pas l’air d’arranger son anxiété de base. La seule chose qui semble soulager son humeur morose, c’est ce coquillage musical. Je ne sais pas si c’est la répétition rythmique du bruit des vagues, ou vraiment l’air de quelques musiques enregistrées, qui l’apaise… Mais je suis certain que le violon lui plairait.
Il ouvrit la lanterne de sa lampe magique et récupéra le cristal de lumière pour le ranger dans sa ceinture. Cette dernière était loin d’être imperméable, mais les objets qu’il avait laissés dedans ne craignaient pas l’eau.
- Ca te plairait, Ayren ? D’aller écouter Lio ? De rester parfois chez lui ? Je suis sûr qu’il a plein d’autres vêtements dans lesquels tu peux aller te faire un nid, ajouta-t-il avec un sourire taquin à l’adresse de son cousin tandis que le drarbuste se montrait tout de même prudent dans ses réponses en mouvements de tête.
Sa main flatta l’encolure du dragon végétal, et celui-ci lui mordilla affectueusement les doigts avant de s’engoncer davantage dans son refuge fait du tas d’habits encore chauds laissés par un Liory à présent en tenue de baignade.
- Ca te dérangerait de garder Ayren de temps à autres ? Je suis sûre que ça lui ferait du bien, continua-t-il en passant à son cousin sa bulle d’oxygène. Si, si, prends-la, insista-t-il en sortant encore de son sac une potion d’amphibie. Moi je vais prendre ça. On sera plus confortable ainsi.
Picco-Lio et Cal venir ? Plein trésors ! Plein bêtes aussi.
Bêtes dangereuses ?
Bêtes tranquilles. Pas dangereuses.
Faisant le point sur son inventaire de combat, Calixte ajusta le matériel qu’il allait embarquer sous l’eau tout en sirotant sa potion. Celle-ci avait un agréable goût cannelle, et le garde se dit qu’à l’avenir il se lancerait peut-être dans davantage de missions sous-marines. Replaçant la fiole vide dans une des sacoches, il quitta sa position accroupie pour jeter un dernier coup d’œil alentours et vérifier une dernière fois leur équipement.
- Prêt ? demanda-t-il à son cousin qui finissait quelques caresses auprès du drarbuste. Parfait, déclara-t-il lorsque la réponse fut positive.
Et dans un rire, il poussa Liory à l’eau.
- Surveille nos arrières ! indiqua l’espion à son teisheba avant de sauter lui-même du voilier.
Vreneli patrouille ! Attaquer qui vient !
La surface de l’onde se brisa en de larges gouttelettes sous son inélégante entrée, et la fraicheur de l’eau le saisit. Derrière l’écran protecteur de son masque des abysses, ses yeux s’ouvrirent pour appréhender l’univers aquatique se dévoilant à lui. Kaname décrivit de rapides cercles autours des deux cousins, puis s’aventura au cœur d’un banc de sardines, avant de plonger davantage en leur indiquant l’épave gisant à une petite dizaine de mètres. Celle-ci accusait une large éventration sur le flanc, expliquant probablement son naufrage, mais restait par ailleurs en relativement bon état. Sa déchéance, quelque fut sa cause, devait être récente. La loutre avait fait état de plusieurs trésors ; était-il possible que Liory et Calixte fussent les premiers à se réaventurer auprès de l’épave ? Cela semblait étonnant si le bateau avait coulé uniquement à l’épreuve de la roche. Et l’hypothèse de piraterie ne collait pas avec des cales encore bien remplies.
Indiquant d’un geste à Liory qu’il allait suivre Kaname, le coursier pivota pour nager vers les profondeurs. Plus vite ils mettraient la main sur ce tableau, moins ils risqueraient de faire de mauvaise rencontre. Car quoi d’autre pouvait, vraiment, expliquer ce naufrage ?
- MAJ Inventaire:
- -1 potion d’amphibie
Son nouveau gardien ? Liory écarquilla les yeux en observant le petit dragon qui s'emmitouflait dans ses vêtements laissés à bord. Et il ne put se retenir de retourner s'occuper de lui avant sa mise à l'eau.
Le petit animal c'était fait un petit nid de sa chemise, couvant presque son coquillage musical qui ne cessait de jouer une petite mélodie pour le dragon.
-Et tache de ne pas t'envoler mon petit
Lui dit il en tapotant son petit crane ce qui lui valu un petit mordillement du doigt alors que l'animal l'observait avec de grands yeux.
La proposition de Calixte le laissait quelque peu circonspect. Pour sur qu'il serait heureux de s'occuper d'Ayren mais son cousin avait t'il tant confiance en lui ?
Si Vereesa avait été là, elle aurait probablement soupirée, sachant pertinemment que le petit dragon occuperait l'attention de Liory, temps qu'il ne passerait pas avec elle. Mais très justement, son bras droit n'était pas là et après une seconde simulée de réflexion qui ne trahit personne, l'argenté finit par accepter avec joie.
-Et bien je prendrais soin de lui pendant tes absences ! Je n'aurais pas de cœur pour refuser à un dragonnet pareil une place chez moi. Que dirais tu d'un petit coussin en soie pour toi ? Ou bien préfère tu quelque chose de plus fait sur mesure ? Je suis sûr de trouver quelqu'un pour te bricoler un chez toi avec quelques cristaux musicaux.
Une petite tanière pour mon dragonnet qu'en dit tu ?
Déjà à genoux pour fixer le petit drabuste, la passion du noble pour le Drabuste était plus qu'évidente et si Calixte laissait son familier chez lui, il n'y aurait pas de doutes sur son traitement.
Le manoir aurait un nouveau petit seigneur, qui certes ne parlerait pas, mais serait mieux traités que bien des humains dans le reste du pays.
Son cœur battit la chamade à l'idée d'accueillir ce petit être chez lui et son esprit partit dans milles directions alors que des projets, parfois déraisonnables naissaient dans son esprit.
Et il fallut au moins son cousin pour le faire redescendre au niveau du sol, ou dans le cas présent, de la mer.
-C'est ta bulle Cal... Je ne peux pas...
Mais à peine brandie, l'excuse fut balayée par son presque jumeau, ce dernier arguant qu'il avait une potion tout aussi efficace pour cela. S'équipant de la dite bulle, il récupéra une petite dague, qui ferait au moins office de coupe cordes en cas d'urgence. Et se dressa sur le pont du navire face à la mer.
-Prêt !
Dit il en sentant des mains familières dans son dos, l'envoyant directement par dessus bord dans un plat sans élégance qui rida la surface de l'eau. Et alors que l'homme ressortait de l'eau pour observer avec un air faussement accusateur son cousin, ce dernier sauta à l'eau, de façon plus contrôlée que l'argenté qui n'hésita pas à nager vers lui pour lui mettre la tête sous l'eau en guise de basse vengeance.
La chamaillerie prit fin rapidement finalement, l'idée de plonger au fond des mers n'avait encore jamais effleuré Liroy jusque là... Que ne ferait-on pas pour son cher cousin ?
Et finalement les deux se décidèrent à suivre la loutre géante, sous le regard inquiet d'un petit drabuste qui avait gagné le port du bastingage, observant les deux Alkh'eir plonger dans les abysses.
Même sans masque adaptée, l'eau était assez claire pour qu'il distingue de loin l'ombre de l'épave. La dague à sa ceinture ne risquait de ne pas suffire s'il fallait ouvrir un coffre.
Et mieux valait espérer que rien de vivant la dedans ne les attendait
S’accrochant à ce qu’il restait du bastingage, Calixte échangea un regard avec Liory. Sous ses doigts le bois gonflé d’humidité semblait relativement solide, mais l’espion était certain qu’il se montrerait traitre à la moindre occasion. Pour le moment l’oxygène n’était pas une préoccupation, mais elle le deviendrait bien assez vite. Et s’il y avait effectivement quelques créatures à l’affût dans le coin, mieux valait ne pas se blesser et alerter leurs sens. Finalement, ils décidèrent de passer par la porte grande ouverte qui devait donner sur les couloirs menant aux cabines, puis aux cales. La brèche du flanc aurait certainement été plus directe, mais à bien l’étudier, elle semblait vraiment trop étroite pour qu’ils s’y faufilassent.
Longeant le gaillard d’arrière puis le pont, ils chassèrent un petit groupe de pichons rendus moins peureux par leur nombre, mais plus dangereux pour les deux plongeurs du fait de leurs rangs de dards empoisonnés. Quasiment inoffensives, les créatures ne les embêtèrent pas plus et s’éclipsèrent pour emprunter un autre courant. Se stabilisant à l’aide d’une poutre, Calixte observa le sombre passage s’ouvrant devant eux. Alors qu’il récupérait le cristal de lumière de sa ceinture, Kaname passa à l’orée de son champ de vision, captant son attention.
Kana explorer ventre bateau.
Diminue de taille, peut-être. Ca sera plus facile. Et reste à portée de télépathie.
Oui, oui. Kana appeler Cal si trouve jolis trésors.
On cherche juste un tableau.
Mais plein trésors ! Cal pas intéressé ?
Pas tellement, non. Elizabeth Williams a peut-être eu les autorisations pour ce tableau, mais je ne suis pas certain que le reste soit en libre-service. Même si maintenant que cela est sous l’eau…
Le cristal diffusa une douce lumière autour d’eux, moins vaillante cependant que lorsqu’utilisé en surface, et après un échange de regard avec Liory, Calixte pénétra dans le couloir lui faisant face. L’étroitesse de celui-ci et l’inclinaison inhabituelle du navire rendait l’exercice de nage un peu ardu, et le coursier dut s’aider de ses mains pour ajuster sa progression. Elizabeth Williams leur avait précédemment indiqué que leur cible se trouvait à l’abri d’un récipient transparent – peut-être en verre ? – ayant a priori conservé l’intégrité du bien, et que celui-ci avait voyagé dans l’un des coffres personnels de son contact. Pourquoi celui-ci n’avait pas été récupéré jusque-là ? Probablement pour la même raison que celle expliquant que les autres trésors restassent encore dans l’épave. Raison qu’ils ignoraient cependant. Et que l’espion n’était pas certain pour vouloir connaitre. Ou, tout du moins, pas intimement. Et pas avant qu’ils eussent regagné la terre ferme.
Ils tournèrent à l’ange d’un coude, et la lueur du cristal leur offrit une vue sur l’entrée de cabines se faisant face de part et d’autre du couloir. Quelques portes étaient closes, mais la majorité était encore entrouverte. Elles étaient au nombre de six. Un nouvel échange de regard entre les deux cousins les conforta dans l’idée qu’il était probablement peu raisonnable qu’ils se séparassent pour explorer les pièces. S’approchant du premier battant sur leur gauche, Calixte poussa celui-ci sans difficulté en dehors de la résistance de l’eau. La pièce qui se découvrit à eux était spartiate, mais avait visiblement abrité une âme relativement huppée avant que le bateau ne s’échouât. Des flacons de produits de beauté gisaient près d’un nécessaire de toilette de bonne facture. Un large coffre était ouvert à côté d’un lit défait, laissant entrapercevoir quelques affaires raffinées. Laissant Liory s’y intéresser, le coursier fit un tour rapide du reste de la cabine. Le verre du hublot avait été soufflé, permettant à la luminosité du dehors d’y pénétrer quelque peu, facilitant leurs fouilles. Il s’avéra cependant bientôt qu’il n’y avait là rien qui dût les intéresser, et ils quittèrent la pièce pour aviser celle miroir.
Comme la porte était là décidemment fermée à clef, Calixte hésita un instant avant de fusionner seul jusqu’à l’intérieur de la cabine. Le nombre de fusions accompagnées était un peu trop limité pour qu’il se grillât une possibilité aussi bêtement. A l’intérieur de cette deuxième chambre, l’absence totale de matériel en dehors du mobilier rustique de base l’incita à ne pas s’attarder davantage, et il fit demi-tour aussi rapidement qu’il était venu, sans même chercher à ouvrir à son cousin. La troisième cabine dans laquelle ils s’aventurèrent ne leur offrit pas plus d’éléments intéressants en dehors d’une impressionnante collection de napperons brodés, flottant de manière fantomatique. La quatrième – et cinquième, car il semblait que les deux aient en réalité été fusionnées – pièce s’avéra plus prometteuse, mais aussi plus problématique. Plus grande de fait que les autres, elle contenait les vestiges d’un large lit double, une étagère vidée de ce qu’elle avait pu contenir – a priori quelques belles piles de vaisselle dont les débris parsemaient à présent toute la salle – un placard aux tiroirs entrouverts, et deux larges coffres au battant rabattu. Au milieu des draps et de la faïence, un couple d’eratrodons paraissait roupiller tranquillement.
Attrapant le bras de Liory avant qu’il n’allât plus loin, haltant tout mouvement, Calixte adressa un regard prudent à son cousin. Deux eratrodons, c’était déjà deux de trop. Impossible de savoir si le duo s’était établi là après le naufrage du navire, ou si c’était un groupe plus large qui avait attaqué et coulé celui-ci. Cela aurait été étonnant, mais pas impossible. Et le garde n’avait pas très envie de risquer d’attirer les autres eratrodons du groupe, si groupe il y avait. D’un commun accord, les deux cousins firent doucement marche arrière avant d’aviser la dernière cabine. S’il le fallait vraiment, ils reviendraient là, mais l’espion espérait vraiment qu’ils n’auraient pas besoin de tromper la vigilance des créatures.
Kana ?
Il sentit l’esprit de la loutre effleurer le sien, avant de comprendre tout à fait ses propos.
Cal et Picco-Lio trouver tableau ?
Non. Il y a des eratrodons par contre. Au moins deux. Fais attention.
Oui, Kana prudente ! Ici gentilles créatures. Gros coffres. Trésors.
On finit une cabine, et si on n’y trouve rien, on arrive.
Poussant la dernière porte avec toute la délicatesse dont il était capable afin de ne pas risquer de réveiller le couple d’eratrodons non loin, Calixte s’engagea dans la dernière chambre.
Liory Alkh'eir a écrit: Le tableau englouti
S'enfoncer dans les abysses n'était pas vraiment le genre de choses que faisait Liory tout les jours. Son domaine incluait bien des salons mondains et autres salles de concert. L'aventure était quelque chose qui lui paraissait souvent comme un risque inutile. Et ce n'est qu'une fois la main posée contre l'épave qu'il se rappela de ce "léger" détail.
Mais difficile de se plaindre à son cousin maintenant qu'ils étaient à plusieurs mètres sous la surface. La visibilité limitée lui rappela également qu'il avait une phobie absolue de ces étendue vide et inconnues ou quelque chose de plusieurs fois sa taille pouvait surgir de n'importe ou, et ce sans même qu'il ne s'en rende compte.
Les pichons n'étaient pas un soucis cela dit, et le noble fut heureux de pénétrer dans l'épave, ses murs de bois, bien que gonflés d'eaux offraient une protection, au moins visuelle sur les risques du grand large.
Sa part rationnelle lui hurlait toujours que ce qui avait peut être coulé le navire ne s'arrêterait pas à une simple coque fragilisée par la mer. Mais tout comme un enfant se sentait rassuré d'avoir une couverture pour le protéger des monstres de la nuit, Liory voyait en ce mur illusoire une certaine forme de réconfort.
Le navire avait été sérieusement endommagé, et s'il n'était pas armateur, le jeune homme savait reconnaitre certains dommage. La coque fendue sur toute sa longueur laissait voir un choc important et si certains dégâts étaient dus à la chute contre le récif, l'inclinaison de certains poutres laissaient imaginer un choc important au niveau de la quille.
Quoi qu'avait eu ce navire... cela avait été gros. Frémissant à l'idée de n'être qu'une fourmi dans le territoire de géant, l'argenté suivit Calixte au travers du navire, explorant les cabines et trouvant presque un côté artistique à tout ce fatras flottant dans les cabines comme si la gravité avait cessée d'éxister.
Et si les premières se révélèrent vide de tout contenu intéressant, excepté un soutien gorge de taille démesurée que Liory observa avec un air perplexe, il ne fallut guère longtemps pour que l'éclat doré d'un Eratrodon male ne leurs fasse rebrousser chemin.
Avisant de la petite dague à sa ceinture, puis de la taille de l'animal, le noble n'eut même pas l'envie de jouer et se replia avec son cousin, peut désireux de contrarier l'animal avec un cure dent inutile.
Finalement il fallut accéder à la dernière cabine. La porte révéla, à la plus grande horreur de Liory, une pièce à laquelle il manquait un pan de mur entier, ce dernier ayant sombré plus bas sous la barrière de roche que constituait le récif.
Il n'était cependant pas compliquer de découvrir le trésor qu'ils étaient venu chercher. Parmi une foule d'affaire encore présente, se tenait un solide coffre qui semblait fixé solidement à la coque, et fermé par un vieux cadenas rouillé.
Ce n'est prudemment que l'argenté s'en approcha, rendu visiblement nerveux par le vide immense à l'autre bout de la cabine, ce dernier s'attendant à croiser quelque titan des mers à n'importe quel moment.
Tremblant plus que de raison, il nagea le long de la cabine avec son cousin pour se tenir face au coffre, le cadenas rongé par le sel, ne survivant que peu de temps à la petite dague de l'argenté, qui découvrit un tube hermétiquement scellé.
Et si son contenu n'était pas visible, son importance ne laissait guère de doute. Ce fut avec un vif soulagement qu'il se tourna vers son cousin, ses yeux d'abord empli de joie s'écarquillant à la vue de forme humanoïdes pourvue de queue tourner lentement des noirs abysses vers eux.
Codage par Libella sur Graphiorum
Distraitement, Calixte songea qu’il aurait peut-être dû réfréner l’ardeur de son cousin à se saisir de cette mission, quand bien même servirait-elle certainement à resserrer les liens entre les Williams et les Alkhaia de Eliëir, vu l’ampleur de son embarras. Si le coursier était lui-même gêné dans ses entreprises par sa maladresse et sa malchance, cela ne l’empêchait nullement d’embrasser l’inconnu et ses défis. Au contraire, Liory avait toujours été plus à l’aise en respectant sa zone de confort calfeutrée, loin des aventures et des aléas de celles-ci. A l’avenir, le garde tacherait d’y prêter plus attention, et pour toute la gentillesse et la bienveillance de son cousin, limiter ce type d’excursion un peu trop forte en émotions pour lui. Il n’avait nullement envie de mettre Liory en difficulté, et certainement pas en danger. Ce qui, si la panique devait complètement saisir son cousin dans les minutes à venir, serait malheureusement le cas.
Néanmoins, les inquiétudes de l’espion s’estompèrent lorsque Liory lui indiqua le long tube de verre cerné de cuir qu’il avait trouvé dans le coffre de la cabine. Plus à l’aise grâce à son masque, Calixte pouvait observer le poinçon attestant de la valeur de l’objet, le titre gravé le long de celui-ci – et il s’agissait donc bien de la toile qu’ils cherchaient – ainsi que le sceau encore intact prouvant que le capuchon n’avait jusque-là pas été dévissé. Adressant un sourire enthousiaste à son cousin, le garde chercha le contact télépathique de Kaname.
On a trouvé, Kana ! On va retourner…
Ce fut la frayeur dans les yeux de Liory qui l’avertit du danger. Et dans un mouvement tout en douceur pour appréhender ce qui avait pu surgir dans son dos sans provoquer celui-ci, l’espion amorça une lente rotation. Deux billes claires lui rendirent son regard, ornant un visage presqu’humain. Cependant, rien d’autre dans la silhouette humanoïde de nageoires et d’écailles n’entretenait le doute. Un instant cependant, Calixte marqua un temps d’hésitation. Depuis qu’il avait été muté au Bastion du Grand Port, il avait révisé le bestiaire de la faune aquatique, et revu les compétences maritimes qui pouvaient lui êtres nécessaires. Cela n’empêchait qu’il n’avait pas pensé qu’un jour il rencontrerait une sirène. Ou des sirènes, à en croire la seconde tête diaphane se hissant à la hauteur de sa compagne.
Cal ? Retourner bateau ?
Petit problème ici, Kana. On a la compagnie de sirènes. On aura peut-être besoin de toi.
Kana forte ! Kana prête !
Reste cachée pour le moment. Si ça se passe bien, il ne faut pas que tu te mettes en danger inutilement.
Un moment de flottement, le calme avant la tempête. C’était quoi déjà la spécialité de ces créatures ? Dépecer leurs proies ? Gober leur cerveau ? Arracher leurs yeux ? Chercher leurs viscères ? Séduire les âmes.
Kana prête cachée !
Une explosion de perles en tous genres et de toutes tailles, le mouvement surpris de membres aux griffes acérées, un rétropédalage de fortune inélégant et relativement inefficace, mais ça n’était pas comme si le coursier avait besoin de faire cents mètres ainsi. Une vive douleur le lança au niveau de sa jambe, mais l’adrénaline lui fit occulter toute inquiétude. Sa senestre trouva rapidement la main tendue de Liory, et il l’emmena d’une fusion dans l’une des sphères qu’il avait attrapée au passage. A nouveau, il allait falloir qu’il refît le plein de billes pour regarnir sa ceinture.
Les perles de bois s’envolèrent dans le ciel aquatique, se coinçant le long des lattes du navire échoué, dansant autour des sirènes agacées, et gagnant la surface de l’onde à une dizaine de mètres au-dessus de leurs têtes. Celles métalliques, de grès ou de verre, plongèrent au contraire encore davantage. Pour rouler sur le parquet gonflé d’eau saline, ou s’aventurer un peu plus loin dans les abysses. Les deux cousins, à l’abri dans une sphère métallique, tombèrent droit dans le coffre d’où Liory avait tiré le tube contenant la toile du Sommeil du Titan, et la commotion leur rabattit le couvercle au-dessus de leur cachette. Âme contre âme, Calixte pouvait sentir la panique de Liory croitre de manière exponentielle.
- Ca va bien se passer, Lio, murmura-t-il à l’adresse de son cousin. Tu peux « fermer les yeux » si tu préfères, le temps que les choses se tassent. Ecoute ma voix, juste ma voix.
Kana, on est dans une bille, dans le coffre de la sixième chambre. Donc la première sur ta gauche en remontant de la cale. Fais attention à ce que les sirènes soient parties, et que les ératrodons ne se soient pas réveillés.
Kana arrive !
- On va bientôt s’envoler de là. Puis on rejoindra Ayren et Vreneli sur le voilier. Je suis certain qu’Ayren sera plus que pressé de se réapproprier ton attention.
Kana bientôt là ! Pas ératrodons. Pas sirènes. Méchantes créatures parties.
Probablement pas très loin encore, fais attention.
- Que ce soient les caresses, les câlins… Etonnant d’ailleurs comme son parfum rappelle la forêt alors que le toucher de son feuillage diffère pourtant de celui de simples buissons, non ? Ceci dit, il a certainement plus d’émotions qu’un arbre. Peut-être même pourras-tu essayer de lui chanter un air ? Je suis sûr qu’il aimerait. Te souviens-tu de certaines comptines de notre enfance ?
Le coffre s’ouvrit soudain, et un museau volontaire apparut au-dessus d’eux.
Cal où ?
Décidant d’abréger le calvaire de Liory, Calixte les fit défusionner aussi promptement. Ainsi, les deux cousins réapparurent les pieds dans le coffre. Trébuchant contre les parois de celui-ci, le garde culbuta en arrière, presque sur Kaname qui s’écarta agilement. L’apesanteur relative de l’eau lui évita une rencontre douloureuse avec le parquet, et il rétablit son équilibre de quelques mouvements de nage.
Sortir par couloir. Puis pont. Comme arrivée. Eviter sirène si encore autours.
Posant une main inquiète sur le bras de Liory, l’espion s’assura de son état d’un échange de regards, puis il propulsa son cousin à la suite de Kaname. La loutre allait ouvrir le chemin, et le garde le fermerait. Avec un peu de chance, ils remonteraient jusqu’à la surface sans d’autre mauvaise rencontre.
Liory Alkh'eir a écrit: Le tableau englouti
Parfois, le meilleur moyen d'apprécier une villa au bord de la mer, l'air frai et salin et un confort presque insolent, c'était justement en s'en privant. Et s'ils s'en sortaient vivant; Liory apprécierait une nuit dans un grand lit en bonne compagnie. De cela, il en était certains.
C'était la première fois qu'il voyait des sirènes et si le visage était humanoïde, le reste de leur corps trahissait une appartenance certaine au monde animal. Des griffes à faire pâlir de jalousie une matriarche de la cour. Et une expression qui n'avait rien de ce qu'aurait pu produire l'humanité.
Trop ingénue, mais surtout dénuée de cette lueur d'intelligence, même malsaine que pouvait avoir un humain. Deux blocs noirs renvoyaient à Liory sa propre image terrifiée, et ce ne fut sans doute que l'intervention de son cousin qui l'empêcha de finir dans le dernier lit de sa vie.
Transformé ainsi à l'état d'une petite bille, il commença à paniquer, incapable de sentir quoi que ce fut sinon les pensées de son cousin qui fit de son mieux pour le faire penser à autre chose. Et si l'argenté comprenait bien ce mécanisme, cela ne l'empêcha pas de fonctionner et de lui faire penser à autre choses qu'aux animaux qui attendaient probablement de le vider de ses organes.
Ayren devait dormir blottit dans sa chemise, rêvant tranquillement bercé par le bruit des vagues et de son petit coquillage
-Oui... Je pourrais essayer, même si les comptines de l'enfance sont bien loin maintenant, mais en faisant travailler ma mémoire je devrais pouvoir trouver, rien de trop beau pour ton petit dragonnet hein ?
Penser au drabuste permit de l'empêcher de paniquer encore plus et alors que la loutre de son cousin avait finit par les retrouver, ce dernier le relâcha de cette prison qui leur avait sauvé la vie. L'idée lui vint brièvement que s'ils avaient été dans la mauvaise billes, ils auraient finis au fond des abysses, probablement écrasés par la pression, ou tué par quelque démon des eaux. Toujours est-il qu'ils étaient bien là, dans l'épave, mais vivant.
Et d'après ce qu'il comprenait... la voie était presque sure.
Alors, lentement, ils refirent le chemin opposé, l'argenté tenant nerveusement sa dague entre ses mains, bien que trop conscient qu'elle ne lui servirait à rien, surtout ici bas.
Le chemin du retour fut long, du moins dans son esprit, et le pire fut sans doute le moment ou ils quittèrent l'épave. Ces quelque mètres qui les séparaient du navire furent beaucoup trop long à son gout, le noble s'attendant à chaque instant à voir l'ombre d'une sirène, ou sentir leurs griffes l'entrainer vers le fond.
Mais finalement, ils crevèrent la surface, et Liory ne profita jamais autant de l'oxygène ambiant, ne se tranquillisant qu'une fois à bord du navire, ou son premier réflexe fut d'ouvrir un des réservoir d'eau pour se rincer du sel, et probablement pour psychologiquement se laver de cette expérience.
Ce ne fut qu'une fois propre qu'il parvint enfin à reparler, ramassant le petit dragon qui sauta joyeusement sur son épaule, lui donnant de petit coup de tête, comme pour le réprimander de cette aventure qui l'avait séparé de lui.
-Calixte... c'était... intense
Dit il en observant son cousin, et ne remarquant que maintenant sa blessure ce qui le fit passer de pâle à livide alors qu'il s'imaginait le pire, le noble se mettant à gesticuler en cherchant maladroitement une trousse de soin à bord.
-Oh, Cal ! Comment vas tu ? Tu te sens bien ? Comment tu t'es fait ça ? L'épave ? Les sirènes ? Tu ne te sens pas malade ? La blessure ne pique pas ? Pas de sensation de vomissement ?
Et si même Ayren malgré son côté timide se mit à lui mordiller l'oreille pour lui faire retrouver son calme, rien n'y fit, Liory s'inquiétant bien trop pour son ami, craignant plus que tout le perdre, cette fois pour de bon
Codage par Libella sur Graphiorum
Bien que la magie le séchât immédiatement, l’espion resta un moment sous le drapé confortable de la serviette, observant la plaie légère au niveau de son mollet gauche. Une estafilade d’une quinzaine de centimètres, mais superficielle tout du long, saignotant tout juste pour rappeler sa présence sans toutefois risquer de repeindre le voilier. Le gros de l’aventure passé, des picotements désagréables se faisaient à présent sentir au niveau de la coupure, mais rien d’handicapant, ni d’alarmant. Il allait crapahuter jusqu’à son sac pour récupérer de quoi bander sa jambe, lorsque le ton alarmé de Liory lui fit relever la tête, et papillonner des yeux.
- Oh heu ça ? fit-il intelligemment, surpris de tant d’inquiétude.
D’abord parce qu’il n’avait plus l’habitude que sa famille se souciât de lui, même si cela avait toujours été différent avec son cousin, et ensuite parce que pour un être aussi maladroit et malchanceux que lui, ce type de blessure relevait presque de l’insignifiant.
- Les sirènes, je crois. Mais c’est très superficiel, et il me semble que ce ne sont pas des créatures dotées de poison.
Sur l’épaule de Liory, Ayren semblait partagé entre le devoir de rassurer l’argenté comme de ne pas céder lui-même à sa propre panique. Le drarbuste n’avait jamais été très doué pour ne pas s’offrir aux affres de l’angoisse, mais avoir quelqu’un à « protéger », lui donnait visiblement la place, et le courage, d’aller de l’avant. Ou, tout du moins, à moins s’affoler.
- Mais je ferai un tour par l’infirmerie en rentrant au Bastion, promit Calixte à son cousin. Et je dois avoir une potion de soin au besoin dans mon sac. D’ailleurs…
Kaname, qui avait saisi ce moment pour aider le garde et organiser le tétris de leurs affaires, déposa un flacon d’alcool, quelques compresses, et un nécessaire simple de bandages à ses côtés.
Comme ça ?
- Parfait, Kana. Merci.
Kana ramener jolie pierre pour Soly chérie aussi.
- Jolie… où as-tu trouvée cette pierre, Kana ? demanda le coursier en grimaçant à la morsure du désinfectant contre sa plaie déjà malmenée par le sel.
Petit coffre plein pierres jolies. Kana prendre une seule. Celle-là. Parce que couleurs yeux Soly chérie.
Effectivement, le petit tronçon cristallin reflétait l’azure et l’ocre du regard vairon de la Valkyrie. Calixte n’était cependant pas certain qu’ils fussent dans leur bon droit en récupérer cet objet appartenant visiblement à quelqu’un. Et bien que le coffret à bijoux de celle-ci fût actuellement englouti, qui savait si cette personne ne chercherait pas un jour à récupérer ses affaires ? Soupirant, l’espion finit de tamponner distraitement sa blessure d’une compresse sèche, et commença à la bander.
- Tu t’y connais un peu en loi ? demanda-t-il à Liory qui se rhabillait peu à peu tout en continuant à lui jeter quelques regards inquiets. Tu crois que Kana peut ramener cette pierre précieuse ? Elle l’a ramassée parmi les affaires encore présentes dans le bateau naufragé. Kana, si Liory dit qu’il vaut mieux la remettre dans le bateau, il faudra que tu ailles la remettre, d’accord ?
D’accord, répondit la loutre penaude, avant de tourner son museau le plus mignon vers le noble.
Riant doucement à l’image de ses familiers faisant les yeux doux à son cousin, Calixte finit sa besogne puis laissa son maillot magique lui rendre ses vêtements usuels. Ramassant les restes de son matériel de soins, il déposa le tout en vrac dans son sac, puis s’intéressa au voilier. Alors qu’il remontait l’ancre, Liory finit de se rhabiller puis reprit la barre pour redonner à leur bateau le bon cap. Dans un équilibre un peu précaire mais déterminé, Ayren avait trouvé une étrange position en haut du crâne de l’homme. Affalé sur les mèches argentées, les pattes pendant contre les tempes, dans un mouvement d’embrassement infini et périlleux.
Ils s’éloignèrent doucement les îlots de basalte, et le coursier borda à nouveau les voiles pour leur faire prendre de la vitesse. Désarçonné par l’accélération, le drarbuste se laissa glisser de son perchoir pour se lover contre le torse de Liory. Retrouvant sa position de l’allée, accroupi non loin du bastingage, une main à proximité du cordage du foc, l’espion laissa son regard couler du paysage, à leurs affaires empilées au centre du bateau, au tube de verre contenant la toile demandée par Elizabeth Williams, au visage retrouvant peu à peu sa sérénité de son cousin.
- Penses-tu rester encore un peu au Grand Port après notre retour ? Puis-je espérer te kidnapper encore quelques temps, pour quelques aventures moins fortes en émotions ?
Il y avait notamment un très sympathique salon de thé en bordure du Quartier Touristique, accueillant l’après-midi quelques groupes de jazz. Un délice pour les papilles comme pour les oreilles qui, il en était certain, permettrait à Liory de doucement se remettre de leur expédition. Il était cependant conscient qu’en raison de son statut de gérant de Murmevent, les heures loin de son bureau étaient certainement comptées pour le jeune homme.
- Ou as-tu beaucoup de projets en ce moment ? Ou, peut-être…
Il se pencha légèrement en avant, une lueur taquine au fond du regard.
- Rendez-vous avec d’autres compagnies plus plaisantes ?
Se méprenant quelque peu sur la signification de ces termes, Ayren leva un museau inquiet vers Liory. Le Noble avait-il vraiment d’autres préoccupations bien plus importantes?
- Arrives-tu seulement à trouver le temps de te divertir, dernièrement ? Mon propre planning est très aléatoire, et ce d’autant plus que mon affectation est à présent au Bastion, mais il est compliqué de te croiser sur la Capitale. Ou peut-être parce que, justement, tu passes beaucoup de temps dans les soirées mondaines ? Quelles sont les dernières rumeurs du gratin ? poursuivit avec amusement et intérêt l’espion.
Liory Alkh'eir a écrit: Le tableau englouti
Le dragonnet faisait de son mieux, visiblement du même tempérament que Liory quand il s'agissait des autres. Ce fut sans doute sa présence et ses petits cris qui lui permirent de garder la tête froide, suffisamment longtemps pour que l'argenté retrouve tout son calme et puisse se concentrer sur la pierre que lui présentait son cousin.
Les lois n'étaient pas son domaine de spécialité, bien qu'il en connaisse plus d'une de par son travail. Mais cela valait plus pour les contrats commerciaux que pour les prises en mer.
Prenant un air pensif en tachant d'ignorer les regards des familiers de Calixte, il ferma les yeux, se concentrant visiblement pour retrouver un article en parlant jusqu'à ce que ce dernier lui revienne en tête
-Code de la marine, relatif aux épaves et autres trésors : Tout biens acquis au prix du danger et ne laissant pas d'indice clair sur l'identité de son légitime propriétaire, peut entrer dans la catégorie des butins d'aventuriers.
A ce titre, ils appartiennent à celui, ou ceux, ayant bravé le danger pour les obtenir !
Je ne me rappelle plus de l'article exact, mis en substance, rien n'interdit de récupérer les objets coincés dans une épaves, surtout si ceux ci n'ont pas de traces de leurs propriétaires légitimes.
Félicitation Cal, tu viens d'obtenir ton premier trésor d'aventurier
Dit il en souriant à pleine dent, l'air marin lui redonnant un peu d'énergie pour remettre le bateau en ordre de navigation. Ayren sur son crane, le noble fit le plus doucement pour manœuvrer le navire, sentant ses petites ailes de chaque côté de sa tête.
Son doigt vint flatter le crâne du dragonnet avec un air de joie non feint. Et ce ne fut qu'une fois les voiles tendues qu'il sentit l'animal doucement glisser, finissant contre son torse.
Le noble ne put se retenir et fit quelques papouilles au dragon alors que le navire regagnait des eaux moins dangereuses. Entre Ayren et Liory, il était difficile de dire lequel était le plus heureux de tant d'attention. Le noble avait des contacts humains, mais jamais des aussi simple et heureux.
Les insinuations de son ami le firent doucement rire alors que le port se rapprochait, la barre en main, il le fixa avec amusement avant de finalement lui répondre.
-Je compte bien rester ici quelques temps, la compagnie est devenue une machine qui s'alimente elle même et je ne sers pour ainsi dire qu'à lui trouver de nouveaux contrats. Disons que le pain noir des débuts est passé. Alors je peux bien m'accorder du temps pour la seule famille que j'ai envie de voir non ?
Dit il avec un clin d'œil avant de chasser les autres remarques d'un geste amusé.
-D'autres compagnies, je peux en trouver, des plus plaisantes pas forcément. Vois tu, les comtesses sont parfois aussi ennuyeuse sous les draps qu'elles en ont l'air. Et si je ne suis pas le plus grand des aventuriers, j'aime un minimum de défis ahahaha !
Son fou rire surprit Ayren qui se blottit d'avantage contre lui, presque contrarié que les deux saphirs de l'argentés ne se posent ailleurs que sur lui.
-Je suis partout ou l'on a besoin de moi, mais je t'avoue en ce moment passer beaucoup de temps dans mon manoir près des côtes. J'y prend un peu de repos après l'installation à la capitale
Tu peux y passer quand tu peux d'ailleurs, ce ne sont pas les chambres qui manquent et mes avis qu'un lit douillet partagés avec tes familiers te feraient plus de bien que de fuir tes camarades de chambres.
Prenant un air pensif, il tacha de trouver de quoi le contenter avant de finir avec un ragot propre à la noblesse
-Oh tu savais que la reine avait été aperçue dans la région ? J'ai entendu de nombreuses rumeurs à ce sujet, la moitié des nobles de la région organisent des fêtes en espérant l'avoir en tant qu'invitée.
Un peu futile si tu veux mon avis.
Et pour le reste, rien de très joyeux, la crédibilité de ton régiment en as prit un coup dernièrement je crois, mais ce ne sont que des rumeurs de la haute, l faut y porter peu de crédit.
Et toi dit moi, quelles sont les rumeurs des dessous de plats ?
Fit il avec un air taquin alors que le dragonnet réclamait à nouveau son attention, qu'il reçut... évidement
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- Manoir près des côtes ? releva-t-il presque distraitement tout en réenfilant ses chaussettes puis ses bottes.
Il en avait entendu parler, pas de son cousin lui-même, mais peut-être bien d’Enora. Ou d’un autre membre de leur famille, qui gardait un œil sur les affaires florissantes – ou pas, d’ailleurs – de tous les Alkhaia de Eliëir.
- Si tu crois que je vais t’y laisser tranquille, maintenant que je sais que tu as un endroit pour te prélasser près du Grand Port, tu te fourvoies, rit doucement Calixte en observant Ayren lui retourner un regard insistant, visiblement pressé d’aller visiter ce lieu.
Avant d’éclater plus franchement de rire à la mention du passage de la souveraine sur le littoral.
- Comme je te disais plus tôt, elle est effectivement venue au Bastion à l’occasion de festivités, répondit l’espion avec amusement et émotion au souvenir. Mais dis-moi plutôt : n’est-ce pas toi qui a une relation privilégiée avec notre Reine ? Uniquement professionnelle, ou aussi personnelle ? Je ne l’ai pas côtoyée longtemps lors de son passage chez nous, mais suffisamment pour entrevoir une personnalité remarquablement bienveillante.
La rencontre avait été incongrue, l’histoire à dormir debout. Et si le coursier n’avait été aussi touché par sa brève entrevue avec Allys Renmyrth, il aurait pu croire que cela avait appartenu au rêve. A une crise de somnambulisme particulièrement élaborée. Mais non. Ses sens, ses émotions, attestaient de la véracité de l’évènement improbable. Ses pensées bifurquèrent un peu pour resonger à la fin de la soirée estivale, lorsqu’il avait laissé l’auguste personnage aux mains enthousiastes de ses collègues de la logistique alors que lui-même avait retrouvé Solveig pour leur concours de boisson. Sa mémoire était un peu trouble sur ce passage-là, et ce davantage à mesure que la nuit avait avancé et que son corps s’était gorgé d’alcool. Mais il y avait des éclats de voix, des flashs de lumière, des sensations de douceur et d’allégresse qui avaient persisté de cet oubli aviné, titillant sa curiosité comme sa frustration. Ramenant son attention sur la Valkyrie. Peut-être un peu moins chaste qu’auparavant. Peut-être plus sentimentale. Peut-être plus partagée, aussi. Parce qu’il y avait là des complications potentielles, un partage de loyautés qu’il n’était pas prêt à affronter. Face à l’adversité, la fuite était son mécanisme de survie instinctif.
Mais en avait-il seulement envie, avec Solveig ? Complètement, absolument ? De rompre toute connexion florissante. Alors qu’il y avait une harmonie si parfaite de son cœur calé sur le sien. Une entente indicible d’un émoi à l’autre. Secouant la tête pour revenir à des préoccupations plus immédiates, Calixte rajusta sa prise sur le cordage des voiles pour les choquer tandis que la silhouette du Grand Port se précisait de plus en plus nettement sur l’horizon. Leur allure ralentit légèrement et le coursier prêta à nouveau toute son attention à Liory.
- Plus que d’habitude ? demanda-t-il à ce dernier qui évoquait les rumeurs quant au régiment Al Rakija. Il est vrai que le déménagement récent du régiment a sans doute entraîné une recrudescence des mécontentements. On ne change pas les habitudes sans froisser certains. Mais je dois avouer que concernant le Capitaine…
Il rit encore une fois, et ne put s’empêcher de penser à toutes les rumeurs sur les têtes dirigeantes. Entre Yuduar Al Rakija, Arthorias Hekmatyar, et Zahria qui n’était pas connue du public mais dont il connaissait l’appétit charnel, c’était à croire que les Capitaines étaient choisis pour leur libido.
- Enfin, je préfère celles-ci plutôt que les plus sombres entourant les Belluaires, réfléchit-il en fronçant doucement les sourcils.
Il espérait d’ailleurs que Xylia se tenait à peu près sage, et qu’elle échappait aux évènements morbides s’abattant sur le Village Perché. Son cœur cicatrisait lentement de la perte de Ruth, il accuserait difficilement un nouveau décès parmi leurs jeunes recrues.
Ils décélérèrent encore un peu et contournèrent le brise lame pour se joindre au trafic plus dense des navires entrants et sortants du port. Avec habitude, les yeux de l’espion parcoururent les larges silhouettes des bâtiments marchands, devenant de plus en plus familières. Apercevant quelques collègues familiers longeant les quais pour assurer les contrôles, il leva une main pour répondre à leur salut.
- Quant aux autres potins autours du Bastion…
Il haussa les épaules.
- Il n’est certainement pas faux de douter des critères de recrutement des Valkyries, qui pourraient aussi bien appartenir au monde de la mode qu’à cette unité d’élite. Comme dans toutes les grosses institutions, il suffit d’être bien informé pour savoir où se passent les parties échangistes de jambe en l’air. S’il existe une rumeur sur la différence d’administration logistique entre la Capitale et sa province, elle trouve véritablement son fondement. Tout comme il est assurément vrai que les conditions de travail sont ici plus idylliques qu’au cœur de la cité royale. Si l’on omet les grains de sable qui, vraiment, trouvent le moyen de s’immiscer absolument partout. Mon lit est une plage, les douches communes aussi ; et crois-moi : il y est des affaires que l’on préfère dénudées de ces inconfortables petits grains. Comme les sous-vêtements.
Alors que Kaname vérifiait leurs sacs et qu’Ayren quittait à contre-cœur le torse de Liory pour le laisser libre de ses mouvements, Calixte se leva pour préparer leur amarrage.
- Finissons notre mission, et trouvons-nous un endroit tranquille pour nous remettre de nos émotions, proposa-t-il en observant la bordure du quai se rapprocher. Je te raconterai tout ça en détail, ajouta-t-il avec un léger sourire. Et tu me raconteras dans quelle chambre de ton manoir tu mettras Ayren.
Le tableau englouti
Arrivée devant le grand port, je n'attend pas longtemps avant de revoir les silhouettes des deux personnes qui était parti chercher mon tableau. On dirait que tout s'est bien passé pour eux.
Je les accueille avec un grand sourire.
- Tout s'est bien passé ? Pas trop de problèmes ?
J'écoute le récit de leurs aventures avec un intérêt certain. Je discute un peu avec eux, et ils me donnent le trésor de l'expédition. Le tube cylindrique dans les mains, j'hésite à l'ouvrir ici. Mais je vais attendre d'être de retour dans mon manoir. Il n'allait pas falloir que je traîne. Vu mes activités de la veille, il fallait que je quitte le grand port assez rapidement.
- Je vous remercie d'avoir fait ce travail pour moi. Il me reste encore quelques tableaux à retrouvé, dispersés dans tout le Royaume. Si vous voulez bien les faire, je serais plus que ravie.
Pour l'instant, je connais l'emplacement de deux autres tableaux. Il me tardait de les avoir dans les mains...
- Sur ce, il va falloir que j'y aille, je retourne à la Capitale. Je reste joignable si vous voulez discuter, ou même si vous voulez repartir en expédition pour moi.
Dans un dernier salut, je monte dans la calèche qui m'attend quelques mètres plus loin. Direction : la Capitale.