De la fumée au foyer
(demande de noble & assignation)
+ Participants : @Valentino Rivolti et @Khalie Drak'gnir
+ Objectif : Découvrir ce qui a engendré l'incendie, et si son origine était intentionnelle ou non.
« Qui que ce soit, il va le payer. Et chèrement. »
La voix de Vesper trancha le silence régnant dans le bureau de l'entrepôt Devern, l'une des pièces demeurées intactes suite à l'accident de la veille, vide de toute présence humaine à l'exception de la noble et de son garde du corps, Main d'Argent. La tonalité de son timbre était encore plus rauque qu'habituellement, et il en sourdait une colère rentrée, bien difficilement contenue, comme pouvaient en attester ses phalanges blanchies, qui agrippaient d'une pression infinie le rebord en bois vernis du bureau.
Vesper était d'humeur massacrante, et pour cause. Réveillée en pleine nuit suite à une alerte lancée sur le port, elle avait découvert qu'un départ de feu s'était déclenché dans l'un de leurs entrepôts textiles familiaux, hébergeant des ateliers de fabrication d'étoffes, localisé sur les quais de Grand Port. Le foyer, au départ minime, n'avait pas tardé à grossir et à prendre de l'ampleur, propageant un incendie dévastateur, qui avait été révélé par les épaisses volutes grisâtres s'en échappant. Heureusement, le corps des pompiers du Grand Port était intervenu avant que toute l'usine ne finisse en tas de cendres.
Cependant, leur arrivée et leur intervention sur les lieux ayant nécessité un certain délai, des dégâts tout de même conséquents étaient à déplorer : un pan du bâtiment avait été calciné et endommagé, un quart des ateliers avait brûlé, et une partie de leur production textile était partie en fumée. Sans parler du fait que les étoffes ayant pu être sauvées étaient à présent imprégnées d'un tenace bouquet d'odeur roussie, ce qui allait déprécier leur valeur et compromettre leur vente. Assurément, les pertes s'annonçaient considérables.
L'origine de ce déplorable évènement, qui affectait profondément Vesper au point de la rendre particulièrement ombrageuse, demeurait, pour l'heure, encore inconnue. Plusieurs pistes étaient envisageables : celle du pur accident, causé par exemple par la négligence d'un employé, qui aurait pu laisser traîner une source de chaleur trop près d'une étoffe sans y faire attention ; ou les agissements d'un feupagnol qui se serait immiscé dans l'entrepôt. Ou bien... cela pouvait être un sabotage industriel, orchestré par un concurrent désireux de faire pâtir leurs affaires. Ou encore, un acte de malveillance d'un employé insatisfait. Aucune hypothèse n'était à écarter.
Des coups réguliers résonnèrent sur la porte du bureau, sortant soudainement Vesper de ses réflexions, et elle fit signe à Main d'Argent d'ouvrir le battant. Un homme d'une trentaine d'année apparut dans l'embrasure.
« Les gardes sont arrivés, Madame. »
« Faites-les entrer, Tyrid. »
Vesper avait été prévenue que le Lieutenant Valentino Rivolti et la garde Khalie Drak'gnir, tous deux basés à Grand Port, endosseraient la charge de l'enquête sur la cause de l'incendie, ouverte par la Garde. Elle les accueillit le plus chaleureusement possible - de cette chaleur glacée qui lui était propre - et leur proposa des rafraîchissements de convenance, avant de commencer à leur réexposer les faits.
« Comme vous le savez certainement d'ores et déjà, notre entrepôt textile a été en partie ravagé par un incendie, la nuit dernière. Nous n'avons encore aucun élément sur ce qui l'a provoqué, ni ne savons si son origine est accidentelle ou intentionnelle. »
Il aurait malavisé d'avancer quoique ce soit, en l'absence de preuves, bien que les concurrents ayant des velléités d'attenter aux affaires de la famille Devern ne manquaient pas.
« Vous avez, bien sûr, toute latitude pour examiner les lieux, et pour interroger nos employés. Ces derniers travaillent tous actuellement à l'entrepôt, dans la partie qui a été préservée. Le Contremaître, Sire Tyrid ici présent, pourra également vous aiguiller, au besoin. »
Ce dernier avait pour rôle de superviser les ateliers, et connaissait très bien leur organisation, ainsi que les employés y travaillant.
« Je m'en remets à vous, et prie Lucy pour que votre enquête évente le mystère qui entoure ce déplorable évènement, qui affecte profondément notre famille. Je reste d'ici là à votre disposition, et vous attendrais ici pour la restitution du rapport. »
Il tardait déjà à Vesper de connaître le fin mot de cette histoire.
Naturellement, j'peux pas non plus m'en occuper seul! Enfin si, j'pourrais sans doute mais j'ai pas envie de m'éterniser là-dessus et se répartir le travail est sans aucun doute une excellente idée! Du coup, j'embarque Khalie avec moi! Pourquoi? Bonne question, c'est pas à cause de l'origine noble de la victime, j'sais bien que j'suis sans aucun doute meilleur que ma jeune compagne pour courber l'échine devant la noblesse - et pourtant j'suis à chier sur ce point c'est dire - peut-être parce que j'veux passer du temps avec? Ou simplement parce que j'vais prendre cette affaire comme un énième test pour la demoiselle afin de voir s'il est temps que j'aille cogner à la porte du bureau du capitaine pour discuter de l'avenir de la gamine dans la garde? Allez savoir! Dans tous les cas, c'est tout naturel pour moi de faire équipe avec la demoiselle voilà tout!
On se dirige donc d'un pas décidé vers l'entrepôt dans lequel nous attend sans doute occupé à fulminer - ce qui est le comble quand on parle d'incendie - la noble et en chemin, j'discute de l'affaire avec Khalie! J'lui file le rapport pour qu'elle me lise les points importants et les premières observations faites par l'équipe d'intervention pendant que j'récupère le déjeuner que j'ai pas eu le temps de prendre en bouffant une banane! D'ailleurs, j'ai l'impression que Khalie me juge de ne prendre que cela et de ne pas manger correctement le matin! Faut dire qu'elle est son gruau là... Alors bon, même si elle ne m'a rien demandé, j'me tourne vers elle et je souris en désignant la banane du bout du doigt. "Savais-tu que les bananes sont une très grande source de potassium? Elle donne donc énormément d'énergie en plus de facilement couper la faim? Certains diraient même qu'elles ont plus d'utilité encore : sans entrer dans les détails, elles sont parfaitement conseillé en cas de problème intestinaux - et je n'en dirais pas plus - et puis, elles sont également utilisé dans d'autre situations... Sans doute la forme si tu vois ce que j'veux dire! Plein de bienfaits que la banane! WOUARFOUAFOUAF." Et j'finis mon explication en croquant d'un coup dans le fruit ce qui lui enlève sans doute de l'intérêt pour les personnes aux pratiques sexuelles douteuses (ouai j'parle de toi là!)
Cela étant, on rit on rit mais on a du boulot! On arrive sur place pour constater l'étendue du sinistre, au moins l'équipe d'intervention est parvenue à sauver une partie des biens de la noble, sauf qu'effectivement, vu la partie complètement détruite il ne fait aucun doute que ses pertes sont nombreuses et, vu la fâcheuse tendance de cette classe sociale à être proche de ses cristaux, aucun doute que cette enquête va être chiante! Rien de pire que de se faire emmerder par la victime pendant qu'on cherche des indices! C'est un homme qui nous accueille et auprès duquel nous nous annonçons afin que lui-même puisse nous annoncer, le protocole tout ça tout ça... Enfin, nous voici en présence de la dénommée Vesper! Plus calme que je ne l'aurais cru vu la situation, elle nous donne les informations qu'elle possède - très peu donc mais en même temps si elle en savait plus il n'y aurait pas besoin d'enquête - ainsi que le droit de fouiller? Parfait! Je la remercie avant de lui assurer que nous trouverons ce qu'il s'est passé, pas vraiment une promesse plus une certitude et on prend congé avec le contremaître.
"Bien avant tout chose pouvez-vous nous dire combien d'employés étaient présent hier soir lors du drame et sont-ils tous présent aujourd'hui ou bien l'un manque-t-il à l'appel?" Toujours bon de commencer par le commencement, si l'un des employés n'est pas revenu il entre immédiatement dans la liste suspect, sinon ils peuvent être témoins.
- Il y avait cinq employés hier ainsi que moi-même, nous sommes tous présents aujourd'hui, souhaitez-vous vous entretenir avec eux?
"Absolument! Ainsi qu'avec vous bien-entendu! Au mieux il y aura des témoins au pire..." Et je laisse cette phrase en suspend, l'absence de preuve peut parfois être une preuve après tout!
« P’tain, mais ils ne dorment pas ces gens? »
Je me plains, mais quand même, une bonne partie doit être des travailleurs qui se trouvaient non loin d’ici et qui ont du être évacué pour leur sécurité. Heureusement, le vent semble être calme ce soir ne propageant pas les flammes sur d’autres bâtiments voisins. Je ne sais pas combien de temps nous sommes là, mais il fait soif et la fatigue commence à me gagner malgré tout. C’est épuisant, tout ces vas et vient, les cris, le fait de devoir être en alerte constamment. Enfin, on est là jusqu’à la fin et on ne lâche pas prise.
Lorsque tout ça est terminé, on se félicite puisqu’il n’y a eu aucun mort ni blessé. Malheureusement la propriétaire de l’entrepôt est la seule à subir des pertes, mais ce n’est rien comparer à la vie, n’est-ce pas? Alors bon, je ne me fais pas prier, laisse les gradés sur place faire leur rapport et discuter entre eux et me dirige aussitôt vers le bastion où m’attend une bonne douche que je prends dans les vestiaires pour ne pas déranger mon partenaire de chambre et me fais aussi discrète que possible lorsque je me couche.
Le lendemain, j’entends frapper à ma porte. Je ne sais pas dire l’heure qu’il est, mais je n’ai clairement pas assez dormi. Ne répondant pas de suite, les frappes se firent plus intensément. Chuuut, tu vas réveiller Calixte que je me dis intérieurement, mais je réalise qu’il n’est déjà plus là. Il n’arrête jamais celui-ci, toujours occupé quelque part. Je me lève, toujours en pyjama, une salle gueule et tout décoiffer et quand j’ouvre la porte, Valentino est là et m’attend de tout sa splendeur. Dans un temps normal, j’aurais été très heureuse de le voir.
« Bonjour Val… » que je dis en bâillant tout en me grattant le ventre. Je regarde sa tenue plus ou moins officieuse et remarque les boutons qui sont attachés. Il est pas là pour s’amuser, mais bien pour le boulot et je ne peux m’empêcher de soupir. Je l’attrape par la main, l’oblige à rentrer et ferme la porte derrière lui. « Assieds-toi je me change! » Bien évidemment, je lui raconte ma soirée et une partie de ma nuit et je pense qu’il se sent mal finalement de me demander de l’accompagner, ce à quoi je réponds d’une simple caresse sur sa joue. « Je te hais de tout mon cœur en ce moment, mais tu sais que je ne peux pas te dire non. »
Nous voilà donc en route lisant chacun notre tour le rapport. Bon, j’y étais alors je sais déjà ce qu’il en est grossièrement bien que je ne sache pas à qui appartenait l’entrepôt. On se prend quelque chose à manger, pour ma part un gruau, puisque c’est la seule chose que je suis capable de manger avec mon corps qui me dit merde et je le fixe plein de jugement lorsque je le vois avec sa banane. Évidemment, Val fait son Val tentant de me venter les bienfaits de la banane sans omettre d’ajouter quelques sous-entendus. Je me claque le front de façon bien sonore et soupir. « Ça serait bien malheureux si j’avais besoin d’une banane pour ça… » que je finis par dire dans un petit sourire avant de continuer ma route.
Arrivé sur les lieux de l’incendie nous rencontrons finalement la femme qui souhaite que nous trouvions ce qui a causé l’incendie, mais sous l’absence d’élément, je pense que cela ne sera pas une enquête des plus faciles. Pour ma part, j’ai déjà hâte d’aller dormir alors ça n’aide pas du tout. Nous prenons congé d’auprès dame Vesper et nous suivons le contremaître. En tout cas, j’ai quelques questions pour eux, mais le lieutenant semble déjà vouloir rencontrer tous les employés qui étaient présents en soirée. Je pourrais questionner la dame directement, mais étant de lignée noble, je sais que pour certain, ils n’ont jamais rien fait de mal à qui que ce soit, bien qu’ils ne s’en rendent pas compte alors autant questionner les employés à ce sujet.
Profitant tu fais que nous ne sommes que tous les trois, je me décide à prendre la parole.
« Avez-vous déjà reçu des menaces quelconques dues à la présence de l’entrepôt ici? Je sais que la demande niveau textile est assez forte et que parfois certains font de l’ombre aux autres. Vous aviez des ennemis?
- Des ennemis? Sûrement, j’imagine, Dame Devern a déjà reçu des menaces écrites il y a quelque temps. Malheureusement, je ne les ai pas lus, mais elle n’a sûrement pas pris cela au sérieux.
- J’vois, quand nous aurons terminé de discuter avec tous les employés, pouvez-vous aller les récupérer, pour que nous puissions les étudier. Ça pourrait peut-être nous aider.
- Bien sûr. »
Je regarde en direction de Valentino, je dois avoir un air bien sérieux pour le moment, mais en réalité c’est seulement la fatigue qui tire sur mes traits. Je me permets un dernier bâillement en mettant ma main devant ma bouche histoire de ne pas montrer mes amygdales à qui que ce soit et bon Dieu que je prendrais un café!
On prend la route après qu'elle se soit prit un bol de gruaux et j'dois avouer que j'la juge! Moi, sportif dans l'âme, je me contente d'une banane parce que la banane, ça vous met la banane justement! Il y a tout ce qu'il faut là-dedans, de l'énergie, du potassium, de l'anti-chiasse et même un jouet intime de première fraicheur! Que demander de plus? Sauf que Khalie avec son petit sourire me balance une vérité criante de... Bah de vérité justement! C'est vrai que j'suis encore jeune et parfaitement capable sur le plan anatomique - heureusement - du coup pour le dernier point le fruit n'est pas nécessaire et puis de toute façon, Khalie préfère la viande si vous voyez ce que j'veux dire... Mais bref, malgré tout j'hausse les épaules en croquant dans le fruit qui perd du coup toute forme tendancieuse.
N'empêche que niveau bouffe, la banane c'est mieux que ton truc pour cheval là! C'est quoi ça? Des flocons d'avoine?"
Enfin bon, elle fait ce qu'elle veut après tout! Pour le coup, on arrive sur place, on discute avec la noble qui nous sommes - pardon, nous demande bien gentiment comme tout noble - de trouver le coupable de ce crime infâme et nous laisse avec le contremaître! Personnellement ça m'arrange, pas que la poulette me dérangeait mais j'suis plus à l'aise avec les roturiers, moins de pincettes à mettre et de culs à lécher, deux choses que j'fais affreusement mal en plus! J'demande les premières informations qui me semble nécessaires à savoir de discuter avec les personnes présentes hier soir parce que bon, s'ils sont sur les lieux ils sont forcément plus au courant que moi, et Khalie enchaîne avec des questions qui sont loin d'être conne! J'aime bien ça, je souris doucement parce que même si elle est encore en train de bailler comme une marmotte qui est sortie d'hibernation trop tôt, elle n'a plus spécialement besoin de moi pour la guider vers des pistes intéressante ce qui me plait grandement! D'ailleurs ça me fait penser!
"Oh fait Sunshine, t'étais sur place aussi hier soir! De ton côté t'as rien remarqué d'étrange? J'me doute que tu regardais la foule mais peut-être que le criminel était sur place? Un grand pourcentage de pyromanes aiment regarder leurs oeuvres! Il était peut-être dans l'attroupement, t'as vu personne de suspect?" On sait jamais après tout, d'ailleurs même Billy - ouai c'est le gars qui nous guide dont j'ai oublié le nom - semble tout ouïe suite à cette question alors qu'il continue à ouvrir la marche et que je le suis vers la partie de l'entrepôt qui est encore utilisée. D'ailleurs on finit par y arriver assez rapidement, une bonne chose donc, j'devrais pas porter Khalie alors qu'elle pique du nez ce qui m'arrange, ce serait pas réellement sérieux! Le patron nous indique qu'on peut l'attendre et qu'il revient avec les personnes présentes la veille au soir ainsi que les lettres qu'il a mentionné plus tôt à Khalie! Avec un peu de chance elles ne seront pas toute anonymes, j'veux dire... S'il existait des criminels intelligents ça se saurait!
« Oui, y’a des flocons d’avoine et c’est bien meilleur que ta banane remplie de sucre! Moi au moins, ça aide à la digestion, élimine les toxines, augmente la satiété et aide la régénération de la peau! Donc, mange ton fruit de singe et laisse-moi tranquille! »
Bref, maintenant qu’on est sur place, il vaut mieux passer aux choses sérieuses et plus vite ce sera terminé et plus vite je pourrai aller dormir. D’ailleurs, qu’il ne pense pas se débarrasser de moi ce soir, car je compte squatter ses appartements tant que cette mission ne sera pas terminée.
On discute avec la dame, puis le contremaître et ce dernier nous amène dans la section non endommagée de l’entrepôt. N’est-ce pas dangereux de travailler dans ses conditions? L’isolation doit en avoir pris un coup, puis si jamais la partie touchée s’écroule, cela pourrait emporter le reste, non? En tout cas, je garde cette réflexion pour moi, je ne voudrais pas choquer l’homme qui nous guide. Par contre, je lui pose une question bien pertinente. Ont-ils déjà eu des menaces quelconques? Après tout, nous ne sommes jamais à l’abri de ce genre de chose, même si parfois certaines personnes en abusent et abuse de vous pour demander de l’aide. Oui, vous savez tous de qui je parle ici. Je lui ai peut-être pardonné, mais qu’il ne pense pas que j’ai oublié! Val’ m’appelle par mon surnom, sans se soucier qu’on soit sur une scène de crime, ce qui me fait étrange, mais je lève la tête en sa direction. Si j’ai vu quelque chose de suspect?
« J’crois pas non, enfin, y’a eu un peu d’agitation lors de l’évacuation. Fallait sortir tous les travailleurs des entrepôts voisins sans compter la curiosité des gens. Un peu plus et je devais gérer des citoyens qui se prenait à un feu de camp, mais heureusement ça n’a pas été jusque-là. Je dirais que ça s’est bien passé dans l’ensemble. »
Si je devais qualifier quelqu’un de suspect dans le lot, ça serait bien difficile. Enfin, bref, on nous demande d’attendre le temps qu’il aille chercher les employés du soir, du coup, je croise les bras et fait les cent pas. Pas que je suis inquiète, seulement je dois me tenir éveiller.
« Tu crois que si je lui demande de m’amener un café, il va m’apprécier? » Bien évidemment c’était dit sous le ton de la blague, parce que je en service et ce n’est pas ma bonne non plus. « Il faudra penser à regarder de font en comble pour trouver une quelconque trace d’intrusion après. »
Du coup, je farfouille dans mon sac sans fond et sort mon calepin ainsi que ma scribouilleuse. Achat fort utile lors de ma dernière visite en magasin. Si je me souviens bien, je l’ai acheté en même temps que mon cadre photo lors de notre dernière assignation commune. Du coup, l’homme nous ramène les joyeux, enfin, plutôt les nerveux lurons alors que ce dernier quitte de nouveau certainement pour aller chercher les lettres.
« Bien le bonjour à vous. Voici le lieutenant Rivolti et pour ma part je suis Khalie, soldat du régiment du sud. Vous savez très certainement pourquoi nous sommes ici. »
L’un d’eux tripote son chapeau avec nervosité alors que l’autre regarde le sol. Enfin, ils ne semblent pas bien du tout, mais ce que je note en les regardant c’est qu’ils sont tous vêtu de vieilles loques et ne semble pas souffrir d’embonpoint. C’est même le contraire. Je regarde un moment vers Val’ espérant qu’il a noté la même chose que moi.
« Bon, déjà, détendez-vous, on n’est pas là pour vous taper sur les doigts. Tout ce que nous désirons c’est de savoir ce qui s’est passé dans les moindres détails. Bien évidemment nous parlerons à chacun de vous individuellement, histoire que la communication soit plus simple. » J’en pointe donc un du doigt et lui fait signe d’approcher. « Nous allons commencer par toi. Les autres vous pouvez sortir, on vous fera appeler. » Nous attendons donc qu’ils sortent avant de prendre la parole.
« Alors, quel est votre nom?
- J’m’appelle, Gaston, m’dame.
- Vous travaillez ici depuis longtemps?
- C’fait quelques mois. J’pourrais jamais assez r’mercier la famille Devern d’m’avoir donné c’te chance.
- Comment ça?
- M’voyez, j’ai pas beaucoup d’cristaux, et j’avais pas d’quoi nourrir ma famille. Mais maintenant, on peut manger tous les soirs.
- Savez-vous si l’un de vos collègues pourrait en vouloir à la famille?
- J’crois po non… On est tous reconnaissant de la chance et j’peux vous jurer qu’c’est pas l’un d’ent’nous! On a toujours fait attention à ne jamais approcher une source d’flamme près des tissus. Pi, si ça v’nait a arrivé, on s’rait puni!
- Puni?
- Oui… On pourrait être renvoyé, ou remplacé pendant qu’que jours! J’peux pas rater d’jours! »
Bon, juste que là tout me semble normal. Un père de famille nécessitant une paie pour nourrir sa famille. J’imagine que cette dernière ne doit pas être très élevé pour les vêtements portés ainsi qu'une incapacité à manquer un jour de travail.
« Sinon, vous avez vu quelque chose d’étrange juste avant l’incendie? Une intrusion, un bris de fenêtre? Quelques choses d’anormales qui n’auraient pas dû se trouver là normalement.
- Non, m’dame. J’étais de l’autre côté de l’entrepôt. J’ai eu très peur quand on nous a dit d’quitter. J’suis soulagé qu’on puisse travailler aujourd’hui, malgré tout.
- Bon, merci Gaston. Vous pouvez partir.
- Merci, m’dame. » Merci. Dit-il en faisant des courbettes à de nombreuses reprises.
J’pousse un soupir en le voyant partir et je me retourne vers Val’ alors que je vérifier que ma scribouilleuse à tout bien noté.
« Ils ne doivent pas être payé bien cher et je ne crois pas que de faire brûler leur lieux de travaille doivent les aider. »
"Dame Devern a proposé des rafraichissements, elle a dit qu'il était à notre entière disposition et j'pense qu'elle a assez de cristaux pour te filer un café! Essaie-toi!"
Sauf qu'à ce moment, Billy revient avec les ouvrier et finalement, elle a sans doute assez de cristaux pour se payer un café mais pas sûr pour les autres vu leur gueule de déterrés et leur fringues de clochard! Ah les disparité entre les nobles et le bon peuple... Bien-entendu je croise le regard de Khalie mais j'secoue la tête, c'est pas pour cela qu'on est là, c'est clairement pas notre combat et surtout, j'veux pas le lui rappeler mais j'suis pas certain que la harpie qui lui sert de mère traite mieux le petit peuple! Bref, j'laisse la petite mené l'interrogatoire de Gaston, c'est pas que mais j'veux toujours voir comment elle se débrouille! Moi j'me contente juste de sortir mon calepin que j'ouvre tranquillement pour que les informations se notent d'elles-mêmes! J'm'entends pas toujours avec Enzo mais bordel il est doué dans ce qu'il fait ce connard! Khalie a même une scribouilleuse pour l'occasion ce qui me fait sourire en coin! La flemme au maximum comme toujours... Quoi? Comment ça j'suis pas mieux? J'vous emmerde déjà et puis... Ah ouai l'enquête!
J'dois dire que son discours pourrait faire pleurer dans les chaumières, père de famille sans le sous, sans doute exploité, qui peut pas se permettre de rater le moindre jour de boulot! On en voit souvent des comme ça qui triment pendant que les grands patrons s'enrichissent. Malheureusement ainsi va la vie, on peut pas faire grand chose contre ça! du coup, le discours de ce pauvre gars qui ne veut sans doute pas avoir d'emmerde c'est que tout le monde aime madame Devern, que c'est une esclavagiste très gentille et qu'il veut absolument revenir travailler même si c'est pour une bouchée de pain et encore, il est sans doute moisi! Autrement dit, on n'apprendra pas grand chose d'eux! Ils sont sans aucun doute du genre à se tuer à la tache et à fermer les yeux sur tout le reste... Ouai sans doute une affaire qui va être délicate.
"J'pense effectivement qu'ils doivent pas avoir énormément de moyen, cependant sa grande admiration pour la noble n'est peut-être pas la seule salade qu'il nous raconte! Quand un homme est au bord du gouffre, qui sait ce qu'il peut faire? Ça se trouve, un concurrent a promit une belle somme en échange de cet incendie et peut-être que Gaston - ou un de ses collègue - s'est dit qu'il pourrait boire du vin plutôt que du vinaigre? Bref j'm'occupe du suivant!"
Et justement le suivant arrive : même constat : mal fringué, maigre, sans le sous... Sans doute payé une misère mais c'est pas de l'esclavage s'il y a salaire donc j'peux pas dire grand chose, c'est dégueulasse mais pas illégal malheureusement.
"Salut Billy! Lieutenant Rivolti et voici le soldat Drak'gnir!"
"Bonjour monsieur, mais j'm'appel Will monsieur."
Oh il a du répondant, il sera peut-être plus utile que notre ami Gaston du coup!
"Ok Will brûlons les étapes - sans mauvais jeu de mots - j'suis sûr que Dame Devern est superbe, que tu lui es reconnaissant, qu'elle vous traite bien et toute les conneries du genre! Moi ce qui m'intéresse c'est plus de savoir si t'as vu quelque chose ou mieux, est-ce que tu connais quelqu'un qu'elle ne traite ou ne traitais pas bien par hasard?"
Détournement de regard, tiens tiens notre ami Will sait quelque chose et visiblement il est pas à l'aise de le dire, j'm'apprête à le pousser mais il se reprend avant et réponds - sans doute complètement n'importe quoi - à la question.
"Non monsieur. J'suis désolé mais ça m'dit rien! J'peux retourner travailler s'il vous plaît? J'ai besoin de travailler!"
J'hoche la tête et alors qu'il disparait sans même un regard en arrière, j'me tourne vers Khalie en poussant un énorme soupire.
"T'as remarqué pas vrai?"
Pour le second, c’est Valentino qui prend le relais et je dois dire qu’il est bien plus direct que moi. Il passe de suite aux choses sérieuses et tout comme lui, je remarque son hésitation et son petit regard sur le côté suite à la question du lieutenant plutôt pertinente. Y a-t-il un employé ou un ancien employé qui leur voudrait du mal suite à un traitement défavorable ou que sais-je?
« Ouais et je crois savoir faire parler un peu plus le prochain. » Que je lui dis avec un petit sourire.
Au moins ce qui est bien c’est qu’on sait plus ou moins comment adapter notre tactique d’un travailleur à l’autre. Cette fois-ci le troisième s’approche finalement de nous et je m’appuie sur l’une des tables non loin derrière nous, membres de la garde. Je croise les bras contre ma poitrine et observe finalement notre pauvre homme toujours aussi déglingué. Enfin, je n’essaie pas de lui faire de l’attitude, seulement, rester debout ça me fatigue et comme je ne bouge pas trop depuis de longues minutes, je dois me mettre dans une position confortable. Non à vrai dire, ma technique est tout autre et vous comprendrez bientôt.
« Bonjour?
- Henry, je m’appelle Henry.
- Lieutenant Rivolti, soldat Drak’gnir. »
En le regardant de plus près, c’était l’homme qui tripotait son chapeau plus tôt quand les cinq étaient à nos côtés.
« Bon, nous allons faire simple. Je vais t’expliquer la situation dans laquelle tes collègues et toi vous vous trouvez. Imaginons que nous ne trouvons pas de mobile de crime, mais qu’en réalité il ne s’agit que d’un malencontreux accident, qu’est-ce que tu crois qu’il va vous arriver?
- Heu…nous allons aider à rénover l’entrepôt pour reprendre le travail convenablement.
- FAUX! Dis-je en le surprenant. Pourquoi garder des employés incompétents qui arrivent à mettre le feu à l’entrepôt par mégarde? Vous n’avez pas peur qu’elle vous remplace? J’imagine qu’il y a bien des gens tout aussi nécessiteux que vous?
- S…si j’ai peur qu’elle me remplace.
- Bon, alors si vous savez quelque chose ou avez entendu la moindre chose qui pourrait nous aider c’est le moment de parler, Henry. Vous êtes l’homme de la situation, celui que nous attendions et grâce à vous, vos collègues garderont peut-être leur emploi! Alors, y a-t-il déjà eu des problèmes avec d’autres employés ou est-ce toujours le cas? »
Il regarde en direction de Valentino puis de la mienne. Il hésite, reprend son chapeau qu’il utilise pour éponger son front. Et il regarde derrière lui comme s’il avait peur que quelqu’un surgisse derrière lui.
« Vous pouvez avoir confiance en nous. Nous sommes là pour aider.
- Et bien… Il y a eu cette histoire avec Sam. Sam, c’était un bon gars, il travaillait bien, mais il en a eu marre et a quelque reprise il y a eu des éclats de voix entre le contremaître et lui à propos de salaire. Puis après leur dernière dispute, on la plus jamais revu… C’est tout ce que je sais.
- Très bien, merci Henry. »
Henry nous quitte et je sens le regard de Val dans mon dos. Je crois, personnellement qu’il n’a sûrement pas aimé ma méthode, mais je n’ai fait que me mettre dans la peau d’une noble chef d’entreprise. Ce qui veut dire que je me suis inspirée de ma mère pendant un bref instant et pour une fois que mon expérience à ses côtés me sert à quelque chose.
« Du coup, on peut creuser sur ce Sam auprès du contremaître. Je ne pense pas que ce soit l’un des employés actuels qui a fait cela. Enfin, j’aimerais bien faire un tour du bâtiment afin de voir s’il n’y aurait pas une façon de pénétrer les lieux ou de lancer un objet quelconque d’un endroit pour y mettre le feu. »
Et voici donc qu'apparait notre cher Henry! Moi j'écoute simplement ce qui se dit, bonne question que voilà : que pense-t-il qu'il va arriver si on arrive à la conclusion que c'est un accident involontaire des ouvriers? Bonne idée de le faire réfléchir de la sorte, bon naturellement il tape à côté mais c'est pas trop grave, on peut continuer à partir de là tout en douceur... Sauf que non! Khalie décide que la douceur, c'est pour les gens qui ont dormit une nuit complète et qui ont bouffé autre chose que de l'avoine! J'vais pas mentir, même moi j'manque de me lever d'un coup dans un bond, j'pense que même mon arrière arrière grand-mère risque de se relever... Et elle est morte! C'est dire! Ouai vraiment c'était pas prévu mais la suite l'est encore moins! J'aime pas trop ce que j'entends j'vais pas mentir, j'dis pas qu'il faut enrober de miel toutes les vérités loin de là même! J'suis plutôt le genre de connard un peu trop honnête la plupart du temps mais là? C'est pas juste une vérité! C'est un moyen de pression, c'est provoquer la peur pour avoir des résultats et c'est pas une attitude qui me plait! Je fronce les sourcils, certes cela a été efficace cependant, j'pense pas que c'était la bonne manière de faire! Alors quand Henry se taille plus piteux que jamais et que Khalie se tourne vers moi pour me dire ce qu'elle a à dire, moi j'avance vers elle visiblement mécontent.
"Évite de te mettre dans la peau de ta mère à l'avenir! Ces pauvres gars ont déjà rien, ils ont sans aucun doute peur de Devern et toi tu en rajoutes? D'accord on a une piste mais il y avait d'autres solutions!"
Et j'soupire en secouant la tête... Bon, je sais quelle est la prochaine étape alors... "Tu restes ici! On va appeler Billy et après ce que j'ai entendu, j'préfère sincèrement que tu restes avec moi au moins un petit moment!"
"Il s'appel Tyrid..."
"N'en rajoutes pas!" Et voici justement que le contremaître arrive! Bordel, il écoutait aux portes ou quoi? Il s'approche de nous de son pas assuré - définitivement il crève pas autant de faim que les autres lui - et se plante devant nous sans rien dire comme s'il attendait nos directives ou autres questions... J'regarde Khalie un moment, puis j'me tourne vers le mec en question et j'pousse un léger soupire, j'aime pas trop qu'il soit aussi rapide que cela à arriver alors qu'on avait encore deux mecs à voir normalement, j'me dis que si ça se trouve il leur disait quoi dire? Peut-être que c'est lui au fond le criminel et qu'il brouille les piste? Sauf que soudainement, il sourit amicalement et me tends une belle poignée d'enveloppe... Oh putain les lettres! J'avais complètement oublié qu'on lui avait demandé cela!
- Je suis désolé si je vous coupe dans votre interrogatoire, j'ai vu que les cinq ouvriers attendaient dehors et je me suis donc dit que c'était le parfait moment pour vous confier ceci... Je vais de ce pas me retirer pour vous permettre de continuer.
"Et bien en fait B... Tyrid! Merci mais ce ne sera pas nécessaire, je vous remercie pour les lettres! Nous en avons cependant terminé avec les employés et nous aimerions vous poser quelques questions mais avant... Pourrions-nous avoir un café? Ma collègue n'est pas très "lumineuse" quand elle manque de sommeil!"
- Mais certainement! Veuillez-me suivre, nous pouvons aller dans mon bureau!
Quelques minutes après, nous sommes installé dans le bureau de Billy-Tyrid! Une tasse de café fumante posée devant chacun de nous. Je prends une gorgée du breuvage avant de regarder notre interlocuteur, déposant la tasse devant moi pour m'adresser à lui.
"Tyrid, pouvez-vous nous parler d'un dénommé Sam? Il paraîtrait que vous avez eut quelques désagréments avec ce-dernier lorsqu'il travaillait ici."
-Et bien lieutenant... Sam n'était pas un mauvais bougre mais nous avons en effet été dans l'obligation de nous en séparer! Vous savez, certaines personnes ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont! Sam n'avait rien et il voulait tout! Malgré la générosité de Dame Devern de l'employer, il n'était pas satisfait de sa condition et en voulait toujours plus! Il travaillait moins, refusait de faire certaines heures et tentait de soulever les autres dans sa voie autodestructrice... Nous avons donc prit la décision de le congédier.
"Je vois... Et parmi les lettres que vous m'avez donné, est-ce possible que l'une venait de ce fameux Sam?"
- De Sam? Fort peu probable, je doute que le pauvre homme ne sache même lire ou écrire! Il n'a pas réellement eu d'éducation voyez-vous...
"Je vois... Nous ne pouvons cependant pas l'écarter de la liste des suspects. Savez-vous ou nous pourrions le trouver si cela était nécessaire?"
- Malheureusement non, j'ignore ce qu'il est advenu de lui depuis son licenciement...
Je me tourne donc vers Khalie, peut-être a-t-elle aussi des questions?
C’est d’ailleurs au moment même où il me signale de ne pas en rajouter que Tyrid fait son apparition et il se met directement en face du lieutenant qui me regarde drôlement comme s’il avait des doutes sur quelques choses. Je regarde à gauche et à droite, j’essaie de comprendre ce qu’il ne va pas alors que pour ma part la présence de ce dernier est tout à fait normale puisque c’est moi qui l’ai envoyer chercher les lettres. J’hausse tout simplement les épaules et comme de fait, je vois l’éclaircissement se faire dans son visage lorsque ce dernier lui tend les lettres. J’ai un petit sourire moqueur, parce que de mon côté j’ai tout vu et comme la parfaite soldate que je suis, j’attends gentiment à côté, puisqu’on m’a si bien dit de ne pas en rajouter. Alors je les laisse discuter et finalement c’est l’heure des questions, mais avant toute chose petite pause café. Par contre, comment ça je ne suis pas très lumineuse quand je manque de sommeil? Il m’en veut encore d’avoir dit la vérité et établi les faits ainsi que la possibilité de la perte de leur emploi? Je veux bien qu’ils se couvrent entre eux, mais qu’ils assument les conséquences de leur acte comme j’assume amplement les miennes.
« En effet, je ne dirai pas non à un bon café. Si vous avez une carafe pleine, je suis preneuse, bien que mon lieutenant ici présent puisse en avoir besoin d’une tasse aussi… Peut-être qu’il n’oubliera pas certaines choses de ce fait. » Comme des prénoms, par hasard ou des demandes faites par exemple.
Il me lance des piques alors je lui en relance une et tant pis s’il n’est pas content. En tout cas, le contremaître souris devant tout cela parce qu’il doit croire que nous sommes deux grands enfants en train de se chamailler seulement ce qu’il ignore c’est que nous sommes deux grands gamins qui forment un couple. Et aussi discrètement que possible je regarde en direction de Val et lui tire la langue telle l’enfant que je suis.
Arrivé au bureau je m’installe au côté de ce dernier et prend aussitôt la tasse qui m’est donnée. Je la prends entre mes mains même si cette dernière est chaude. L’approchant de mon visage, je hume les délicieux arômes des grains moulus fraîchement infusés à la main puis porte la tasse à mes lèvres. Un bon café noir comme je les aime. Bon malgré mon égarement de quelques secondes, j’écoute tout de même ce qui est en train de se dire. Nous sommes tout de même en mission et même si je taquine Val’ je dois montrer de mon sérieux. D’ailleurs, lorsque je vois son regard tourné vers moi, j’ai presque envie de lui dire sous forme de questionnement, bien évidemment, si j’ai le droit de rajouter quelque chose, mais je me contente de sourire et de le penser très fort.
« Vous avez un dossier sur lui ou bien même une adresse domiciliaire?
- Malheureusement, nous ne gardons pas les dossiers d’employés que nous licencions alors je ne peux pas vous aider à ce sujet.
- Bon et bien je crois que c’est tout pour le moment? Dis-je en regardant vers Valentino qui hocha la tête. Nous allons donc inspecter le foyer de l’incendie. Si nous avons des questions par la suite, nous viendrons vers vous.
- Très bien. Vous savez où me trouver. »
Malheureusement, je ne vais pas amener avec moi mon doux breuvage savoureux sur les lieux de l’incident au risque d’en faire tomber et de possiblement effacer une preuve par maladresse alors, bien que chaud, je me dépêche de le terminer avant de quitter le bureau accompagné de Valentino.
Une fois sur les lieux de l'incendie, on doit se montrer prudent, pour la simple et bonne raison, que certain endroit semble encore fumant. Alors être dépêché le jour suivant l'incendie c'est plutôt dangereux pour nous. « On devrait demander le rapport des pompiers non? Peut-être qu'ils ont pu voir quelque chose de leur côté. Après tout, ils sont spécialisé dans les incendies, peut-être qu'ils ont vu quelque chose qu'on ne verra pas? Sinon, soit prudent, ne touche à rien. Je peux éviter au débris de nous tomber sur la tête en partie, mais je ne préfère pas prendre de chance.» Enfin, dans un premier coup d'oeil, ça sent la suie et la bois brûler. Le sol est encore mouillé, peut-être y trouverons-nous quelques chose dans l'une de ses flaques? Alors je commence doucement mon inspection, cherchant une source de chaleur qui aurait pu causer cela et peut importe ce que cela pourrait être; une clope, une chandelle, un pouvoir quelconque bien que moins facile à voir.
« Tu trouves quelques choses d'intéressant?»
Malheureusement, nous n'aurons pas d'autres informations présentement, on termine donc nos cafés et on sort du bureau de Tyrid pour nous diriger vers la partie de l'entrepôt qui est parti en fumée. En chemin, on croise les cinq employés qui nous regardent avec inquiétude... J'soupire doucement pour être parfaitement honnête! Faudrait que j'continue mon chemin, j'suis en mission et puis ils restent tout de même suspects temps que j'ai personne d'autre en vue cependant, suffit de les regarder pour se sentir mal! Ils ont que la peau sur les os! J'regarde Khalie et j'finis par râler tout seul contre ma propre personnalité. "Bordel de merde!" C'est plus fort que moi, j'peux pas laisser cinq pauvres type ainsi, surtout que j'sais même pas s'ils vont pas avoir d'emmerdes suite à toute cette affaire! En un sens, ça me fait aussi penser à la gamine qui bosse maintenant chez Gérold! La pauvre crevait littéralement de faim avant de tomber sur nous... J'prends donc une bourse qui se trouve et j'la balance vers eux, par réflexe Will l'attrape, il l'ouvre curieux et tremblotant et me regarde ensuite avec étonnement. "Cadeau! Partagez-vous ça équitablement et pas de bagarre sinon j'reviens vous botter le cul!" Oui, j'viens de leur filer quelques cristaux, pas grand chose mais assez pour s'acheter de la bouffe ce soir et demain s'ils perdent leur emploi. C'est mon boulot d'aider le bon peuple d'Aryon après tout! J'regarde Khalie l'air de lui signaler de pas dire le moindre mot et on continue.
J'regarde la scène de désolation qui s'offre à nos yeux lorsqu'on arrive dans la zone chaude de l'action de la nuit... La zone chaude, z'avez comprit? Bref, la petite Sunny me donne ses consignes et j'la regarde en haussant les sourcils. Elle pense franchement que c'est mon premier incendie? J'étais pratiquement déjà garde alors qu'elle était encore en couches! Faudrait peut-être pas me prendre pour un bleu non plus, j'suis lieutenant quand même! Cela étant, j'vais pas la laisser sans réponse, j'suis sympa quand même ce serait pas cool de laisser un vent - puis le vent ça peut repartir des braises donc on va éviter - du coup, j'la regarde avec assurance et sérieux, pour répondre aussi sincèrement que possible à tout ses conseils. "Oui maman!" Quoi? Vous me croyiez? Bande d'inconscients - et c'est parce que je suis trop gentil pour dire cons - comme si j'allais être sérieux suite à un tel discours!
On se sépare et j'approche d'un endroit plus calciné que les autres, c'est difficile à dire mais pas impossible vu la situation : le feu a eut un point de départ, un endroit qui a commencé à cramer avant le reste! Le début de l'incendie est toujours trouvable mais si effectivement, les pompiers seront plus précis pour le définir! En vrai, j'me plante peut-être totalement mais je cherche quand même, si on peut régler ce bordel sans devoir passer par des rapports extérieurs, cela m'arrange! Pas de clope, pas d'odeur spéciale, pas de lampe à huile... Tiens tiens curieux...
"Du verre... Légèrement fondu mais surtout brisé! Trop loin d'une fenêtre pour être simplement tombé et bien enfoncé vers l'intérieur de la pièce! Si le verre avait brisé à cause des flammes il serait tomber proche du mur, si cela avait été suite à une explosion dû au feu, il serait parti vers l'extérieur... Il est parti vers l'intérieur cela veut dire que ce qui l'a brisé venait de l'extérieur! L'hypothèse de l'acte criminel gagne des points!"
Du coup, nos pas nous mène jusqu’à la partie non endommagée et nous croisons les cinq employés qui, toujours aussi nerveux, évite à tout pris de nous regarder. Je les observe un moment puis Val fait de même, mais son regard se tourne vers moi alors qu’il se met à jurer… Il s’arrête, attrape sa bourse et se décide de la lancer vers l’un d’eux qui l’attrape incertain. À vrai dire j’ignore pourquoi ce dernier me fait des gros yeux ainsi lorsqu’on se remet en marche, mais je crois qu’il ne veut pas que je lui fasse de commentaires. Sauf que c’est bien mal me connaître, alors j’attends qu’on ne soit plus réellement à la porter des yeux et je glisse doucement ma main dans son dos et déposa ma tête contre son bras.
« Je ne te savais pas ainsi, c’était touchant! » lui dis-je avec un petit sourire.
En effet c’était quelque chose d’attendrissant dont je n’avais pas toujours la chance de voir. Bien évidemment, il s’est déjà montré juste et je sais qu’il n’aime pas l’inégalité. La situation avec Nayah me l’a fait comprendre alors qu’il avait demandé à Geralt pour qu’elle travaille pour lui.
Enfin, nous arrivons finalement sur les lieux d’incident et j’avise Val’ de faire gaffe à notre environnement, mais ce dernier me lance un drôle de regard comme si ce que je disais n’avait aucun sens. Je fronce les sourcils et mets mes poings contre mes hanches pour lui faire comprendre que je suis bien sérieuse et j’ai droit à un "oui maman!". Pardon?! Pardon? Mais qu’est-ce qu’il me dit celui-là? Je fais un pas en sa direction en levant une main pour faire mine que je vais le frapper sur le bras, mais je le rate exprès. Après tout je ne voudrais pas l’entendre geindre que je l’ai battu. Déjà qu’il racontait n’importe quoi au début de notre relation et aux autres gardes… « Désolée, mais tes fantasmes de maman, tu peux bien te les garder… » Oui oui, je lui ai bien dit cela et tant pis si cela peut le choquer. Moi je m’inquiète pour sa sûreté et voilà qu’il se fiche complètement de moi. Ça me frustre! M’enfin, je ne suis pas là pour me prendre la tête avec lui, alors je commence mon inspection de mon côté.
J’essaie de trouver quelque chose qui aurait pu provoquer l’incendie, mais avec la flotte, il y a certainement des évidences qui ont été effacées, mais tout de même, il doit bien y avoir quelque chose pour nous ici? D’ailleurs, je demande à Val si tout se passe bien de son côté et il me fait savoir sa petite trouvaille. Du verre brisé et il m’explique rapidement ses hypothèses et ce que cela voulait dire.
« Donc cela veut dire que quelqu’un l’aurait brisée et si j’en crois la distance… dis-je en tournant un peu sur moi-même pour essayer d’imagine le bâtiment complet, puis je pointe vers le mur arrière, ça veut dire que le morceau de verre vient d’une vitre qui se trouvait à l’arrière du bâtiment. Ce qui est plutôt logique, puisque quelqu’un aurait pu le voir avec l’éclairage des cristaux à l’avant. »
Cette fois-ci, quoiqu’il en dise je vais aller vérifier à l’extérieur et faire le tour du bâtiment! Je lui mentionne et quitte donc l’entrepôt. Je dois dire que le détour n’est pas bien loin, puisqu’une partie des murs endommagés donne accès à l’extérieur. Je sors donc mon cadre photo, qui me sert surtout à récolter des preuves, et fais rapidement la route qui me séparait de l’arrière du bâtiment. Bien que nous trouvant au quai, le sol arrière était fait de terre et d’herbe puisque normalement personne n’avait à s’y rendre. Alors j’observe le sol à la recherche d’empreinte ou de quelconques preuves qui prouverait le passage de quelqu’un. Je fais attention à où je mets les pieds et non loin de la fenêtre, je trouve quelques traces de botte d’une assez grande taille. Elles semblent toutes identiques, alors je prends une première photo. Je relève la tête pour observer où elle menait, puis je vois quelques caisses de bois décrépi le long du mur. Je grimpe sur les caisses qui se trouvaient là et arrive pile en face de l’endroit où le verre était… On ne peut pas réellement savoir s’il a utilisé son poing pour briser cette dernière, bien que cela aurait très certainement laissé du sang. Alors je cherche un objet solide qui aurait pu servir à cela. Je saute en bas de la caisse et fais quelques pas avant de frapper dans un caillou à moitié caché dans l’herbe. « Bordel! Ça fait mal! » Que je dis en sautillant pour finalement voir que ce caillou était quand même assez gros pour éviter d’utiliser sa main. Je le saisis pour le regarder et mes doigts semblent coller à une substance étrange… Bon si j’étais avec Val, il était certainement le premier à me dire quelque chose de douteux, mais je me doute bien que ce ne soit pas cela.
Prenant la roche de l’autre, main en faisant attention cette fois-ci, je fais rouler l’espèce de texture entre mon pouce et mon index qui s’étire un peu lorsque je les sépare et bien que je n’aille pas envie d’approcher mon nez de celle-ci, je le fais pareil et étrangement, l’odeur me rappelle les bois et les conifères plus spécialement… Comme une odeur de sapin! Enfin, je prends tout de même en photo la roche ainsi que la substance sur mes doigts et j’essaie de voir où mèneraient les prochaines traces. Malheureusement, celle-ci ramène à l’avant sur les pavés… Je dois aviser Val de mes trouvailles et je retourne donc le voir assez rapidement.
Je le signale donc à Khalie qui me rejoint pour regarder ma trouvaille, c'est surtout pour voir la conclusion qu'elle va en tirer pour être parfaitement honnête, j'ai pas spécialement besoin de lui montrer ma découverte autrement et comme de fait, son regard se pose directement vers les fenêtre autours. Trop loin pour venir de l'avant de l'entrepôt, pas assez proche pour être tombé suite à la chaleur! La belle en conclue donc la même chose que moi : cela vient de l'arrière de l'entrepôt! Je souris donc, si notre coupable a laissé des traces ce sera forcément de ce côté! Elle m'avise donc qu'elle va aller voir et j'hoche simplement la tête pour donner mon accord. Khalie a pas forcément les meilleures qualités quand il s'agit de discuter avec des gens - qu'ils soient témoins ou non - mais au moins je ne m'inquiète pas trop quant à sa capacité à relever des preuves. Pour le reste, moi j'ai encore des recherches à faire ici, l'indice que voici permet d'étayer l'hypothèse de l'acte criminel, cependant impossible de savoir qui est le responsable sans plus d'information, de plus vu la richesse de Vesper Devern - et sa manière de traiter les employés apparemment - je ne doute pas qu'elle ait plusieurs ennemis!
Je me déplace ça et là dans l'entrepôt à la recherche d'indice quelconque, relevant la tête je vois même celle de Khalie drôlement haut pour sa taille? Qu'est-ce qu'elle fout exactement? Bah pas important! Malheureusement pas beaucoup plus d'information dans la salle même : pas de débris d'explosif, pas de traces d'un allume feu, pas de reste ayant survécu à l'incendie... Juste cette foutue cendre dans laquelle je n'arrête pas de marcher et qui me fait finalement pousser un putain de juron traditionnelle des situations désespérées : Et merde!" Pourquoi fallait-il que ce soit un incendie? Certes je le savais mais vu les rumeurs sur le grand port, je voulais faire les choses bien cette fois! Du coup j'ai troqué mes habituels jeans et chemise pour mon uniforme d'officier... Uniforme blanc donc! Porter un uniforme blanc sur les lieux d'un incendie, riche idée! Heureusement que mon cache-oeil est rouge aujourd'hui sinon j'aurais terminé toute cette assignation en noir suie bordel de merde! Fait juste chier! Enfin bon, Khalie finit par me rejoindre et me fait part de ses découvertes.
Une roche abandonné recouverte d'une substance gluante? J'retiens une blague vaseuse car cela peut-être tout et n'importe quoi, si ça se trouve cela n'a même pas rapport avec notre affaire! C'est du moins ce que je pense jusqu'à ce qu'elle me signale un autre détail en me demandant de sentir ses doigts! En temps naturel j'l'aurais pas fait, on connait tous cette blague débile qui consiste à faire sentir l'odeur nauséabonde de nos doigts juste pour le plaisir de répondre "mon cul" lorsque notre pauvre victime demande, dégouté, ce dont il s'agit... Quoi? Comment cela personne ne fait ça? Bref, là n'est pas le sujet! Pour le coup je doute que Khalie fasse ce genre de blagues douteuses - blague que personne n'a JAMAIS faite rappelons-le - du coup je sent ce qu'elle veut me faire sentir, donc ses doigts, rien de bizarre ou quoi là-dedans et je souris doucement : une odeur bien particulière de conifères! De la sève!
"On vient de trouver notre plus grande piste, qui que soit la personne qui était dehors à l'arrière de l'entrepôt c'est sans aucun doute le coupable!" Dis-je triomphal! "Savais-tu que la résine de pain est un élément inflammable? Je ne serais pas surpris que ce soit cela qui a déclencher le feu, ensuite les tissus ont fait le reste! Autrement dit, voyons dans ces lettres s'il y a quelqu'un possédant un entrepôt de bois, essayons également de voir si Sam n'a pas retrouvé un emploi dans le domaine!"
Du coup, il sent la même chose que moi et selon lui c’est notre principale piste à suivre. Il m’explique ce que la résine de pin peut faire et il s’agirait donc d’un élément inflammable… Puis, nous sommes au quai et au grand-port, il n’y a pas une tonne d’arbres dans les environs et je ne me souviens pas avoir vu un conifère près d’ici… Du coup, l’idée d’une scierie ou bien même d’un entrepôt de bois pourrait expliquer la présence d’une possible pomme de pin… Je me gratte la tête et j’ai le sentiment que j’ai un élément important voir clé en tête, mais je n’arrive pas à me souvenir quoi. Je suis sûre que ça a un rapport avec le bois en plus! Ça m’embête bien du coup! Enfin, peut-être que ça me reviendra en cherchant des informations. Du coup, je prends une photo du verre brisé puis du côté d’où il serait venu. Après tout, nous avons besoin de preuve pour arrêter quelqu’un n’est-ce pas? Et même si notre instinct nous guide et qu’on sait qui c’est, sans preuve, il est bien difficile d’agir. D’ailleurs, même une fois le coupable arrêter, il y a toute une démarche avant que les preuves soient prises et validée pour émettre la sentence de ladite personne. Bon, en même temps, s’il y a des erreurs, c’est quand même bien que cela prenne du temps histoire de ne pas châtier un innocent.
« J’ai vu un banc près des portes. On pourrait aller s’y asseoir un petit moment pour regarder tout ça. On sera tranquille de toute façon… »
Et je le prends doucement par la main pour le guider à l’endroit dont je parle. Le vent est présent et un peu frais, mais l’entrepôt coupe le gros de ce dernier. Enfin, j’ai quand même prévu quelque vêtement plus chaud, dont une veste que je n’hésite pas à mettre. D’ailleurs, je regarde en direction de Val un moment pour observer son uniforme blanc. Je ne suis vraiment pas habituée de le voir vêtu ainsi, mais je dois dire que j’ai le sourire facile et cela me donne bien des idées.
« Hmm, l’uniforme te va comme un gant d’ailleurs, bien qu’il me donne plutôt envie de te l’enlever… » Et j’éclate de rire en serrant ma main contre la sienne. Bon, ce n’est pas tout, mais on a des lettres à lire. Alors j’attends qu’il me passe quelques enveloppes pour en découvrir leur contenu.
Je me mets à lire une par une, parfois mes yeux saignent tellement il y a de fautes et parfois j’ai envie de pleurer de rire pour le manque de sérieux flagrant de ces lettres. On nous apprend à penser comme un criminel histoire de prévoir ce qu’il pourrait se passer, mais là j’ai l’impression de voir des enfants qui font des farces à leurs amis. Je pousse un soupir alors que j’arrive à ma dernière enveloppe et pensant trouver à nouveau quelque chose d’inutile, je la regarde sans grand intérêt jusqu’à ce que je réalise au point d’en froncer les sourcils… Je donne un coup de coude à Val’.
« Écoute! Vous êtes les premiers d’une longue série. Votre statut social ne vous met pas à l’abri. Les flammes se moquent de votre rang, ce monde doit être purgé des tyrans. » Je lève les yeux pour le regarder… « Une longue série? Tu penses qu’on a faire à un pyromane en série? Si ça se trouve, il va tenter de remettre le feu à quelque chose d’autre ce soir? »
Inconsciemment je pousse un soupir. Ça veut officiellement dire des heures supplémentaires, bien qu’on puisse mettre des gardes en surveillance de tous les entrepôts de la ville portuaire dont les propriétaires seraient nobles… Je me passe la main dans la figure. « Je vais carburer au café si ça continue comme ça. Bon, on pourrait aller voir l’entrepôt de bois, demander à voir le propriétaire et voir s’ils n’ont pas vu quelque chose de louche? »
Alors qu'on se déplace, Khalie se permet un petit commentaire auquel je ne m'attendais pas vraiment, bon c'est vrai que sans avoir l'air d'un clochard habituellement, mon uniforme fait plus sérieux, mieux habillé, sans doute plus professionnel d'un certain point de vue mais de là qu'elle me dise qu'elle veut m'ôter mes vêtements alors que nous sommes en mission? Ce n'est pas sérieux! C'est donc avec toute la sincérité et la rigueur qui incombe à ma fonction que je pose mes yeux sur elle. "Sérieusement Khalie? On est sur une affaire! D'ailleurs, si on la résout aujourd'hui, on pourra aller voir pour cette maison que tu veux acheter! On en trouvera une avec une cheminée, une peau de bête et tu pourras m'enlever mon uniforme... Même les chaussettes! Pas besoin d'être somnambule pour être actif toute la nuit..." Et je ris à mon tour! Quoi vous pensiez quand même pas que j'allais pas balancer une connerie? C'est bien mal me connaître! Pour le coup, on arrive au petit banc suite à cela et on commence à lire chacun nos lettres.
Mauvaise pioche pour moi on va pas se mentir, des menaces ce truc? Sérieusement j'ai vu mieux quand j'avais treize ans et que je me disputais avec un des autres élèves à l'académie! Là c'est d'un ridicule... En plus c'est complètement con je sais mais sérieusement, aucune de ces menaces n'est à prendre au sérieux, pour certaines j'ai l'impression que cela peut s'appliquer à n'importe qui et pas uniquement à notre victime du jour! Bref, il semblerait que la noble ait eu l'excellente idée de ne pas donner plus d'intérêt à ces lettres et que nous faisons donc chou blanc... Cela jusqu'à ce que Khalie me fasse écouter la lettre qu'elle a dans son paquet : voilà qui effectivement sonne bien plus sérieux mais nous apporte également plusieurs nouvelles informations : tout d'abord l'homme serait effectivement un pyromane - difficile de le définir comme pyromane en série cependant - Vesper est sa première victime et surtout, point le plus important : Les flammes se moquent du rang, ce monde doit être purgé des tyrans! Cette ligne est particulièrement intéressante car elle me donne trois informations et malheureusement, cela ne me dit rien qui vaille.
"Effectivement il faut se dépêcher cependant, cette lettre indique visiblement qu'il a l'intention de recommencer malheureusement on ignore quand il l'a fait parvenir à Dame Devern donc impossible de savoir s'il met ses menaces à exécution rapidement ou non! Cependant nous avons plusieurs informations sur lesquelles travailler cette fois : Les flammes se moquent du rang donc, contrairement à notre première hypothèse, la classe sociale de notre victime n'est pas forcément la cause, il ne vise peut-être pas que les nobles! Ensuite, ce monde doit être purgé des tyrans! Cette affirmation est celle qui m'inquiète le plus : il vise ceux qu'il considère comme des tyrans, en effet on voit les conditions de travaille des employés ici et c'est pas génial cependant, si notre pyromane se prend pour un justicier il sera difficile de l'arrêter... Il préfèrera sans doute se suicider pour atteindre son but que de se laisser arrêter! Et finalement : il n'a pas purger le monde de Vesper Devern, certes il a frappé l'entrepôt de cette-dernière mais cela ne purge pas le monde! Autrement dit, j'ai peur qu'il gagne en puissance et finisse par s'attaquer aux dits tyrans..."
Pour l'instant les dégâts ne sont que matérielle mais nous ne pouvons pas prendre le risque! Après une vérification rapide, nous avons confirmation qu'il y a un entrepôt dans lequel est acheminé le bois utiliser au grand port. Direction donc l'entrepôt en question, arrivant sur place nous sommes accueillis par un ouvrier qui nous signale que nous ne pouvons pas pénétrer sur place et je lui montre l'insigne sur ma veste. "Lieutenant Rivolti et soldat Drak'gnir, nous voudrions parler au responsable!" Il va donc le chercher et nous ramène un homme bedonnant, la trentaine une moustache à faire pâlir de jalousie ce type sympathique avec lequel j'ai joué au dés dans une taverne une fois qui nous arrive avec un sourire chaleureux.
-Bonjour bonjour! En quoi puis-je aider deux honorables membres de la garde de notre beau royaumes?
Donc, si l’on en croit cette menace, l’entrepôt de tissu n’était que la première cible. Ce dernier semble ne pas se soucier du titre de la personne a qui il s’en prend, mais semble plutôt s’intéresser sur leur manière d’être lorsqu’il parle de tyrans. Donc il a possiblement connaissance des conditions de travaux des employés, alors on a donc droit à un homme ou une femme qui se prend pour un justicier sauf qu’à mes yeux ce n’est pas réellement la meilleure façon. Après tout, il empêche les honnêtes travailleurs de faire leur boulot? Alors est-ce qu’il ne devient pas lui-même un tyran? Enfin, nous devons donc l’attraper avant qu’il ne frappe de nouveau ou mette fin à ses jours, comme la suggérer Valentino. « On ne devrait pas mettre des gardes en patrouille près des entrepôts? Juste pour s’assurer qu’on puisse garder un œil là-dessus ce soir? À deux on ne pourra pas gérer cela seul… Puis si quelqu’un voit quelque chose de suspect, il pourra nous aviser. Enfin, c’est toi le chef, c’est de ton recours ça. Moi je ne suis qu’une simple soldate, monsieur le lieutenant! »
Bien évidemment, on change de direction et on s’éloigne de l’entrepôt de tissu pour rejoindre celui de bois dans le plus grand des sérieux. Oui oui, tout à fait sérieusement, et c’est pour cela que je me mets donc à chanter d’une voix bien sérieuse, ou pas.
C’est parti les amis!
Nous allons le trouver,
je sais qu’on peut y arriver!
Où allons-nous?!
(clap clap clap)
À l’entrepôt de bois!
Où allons-nous?!
(clap clap clap) »
Et c’est à ce moment que je pointe Valentino pour qu’il réponde à ma place, mais voyons son silence et son regard décourager, je m’arrête donc, puisque mon public n’est pas des plus réceptif. Bon en même temps, je suis tout de même en train de dire à tous les passants où l’on se dirige et quelle image que cela donne à l’officier en uniforme de se promener avec une timbrée en train de chanter une chanson pour enfant.
Arrivé à l’entrepôt, Val doit user de son charme pour nous faire entrée et nous sommes rapidement accueillis par un nouvel homme qui nous semble fort sympathique.
« Bonjour, à vous! Khalie Drak’gnir et voici le Lieutenant Rivolti, nous sommes ici pour enquêter sur l’incendie de l’entrepôt de tissus.
- Euh, oui bien sûr. Entrez donc nous allons nous installer dans mon bureau. »
Bien évidemment, discuter ouvertement de cette façon pouvait amener de vilaines oreilles à nous écouter et permettre au potentiel coupable de connaître les éventuelles avancées de notre enquête est la dernière chose que nous voulons. L’homme referme donc la porte et nous invite à nous asseoir. De nouveau, je sors mon calepin ainsi que ma scribouilleuse et je change de page tout en précisant la date du jour l’endroit où nous trouvions et le nom de notre gentilhomme.
« Monsieur, Baudelair, nous savons que le bois arrive ici déjà couper, mais arrive-t-il que des pommes de pin se retrouvent dans les livraisons que vous recevez?
- Eh bien cela n’est pas rare. Bien évidemment, il ne s’agit pas nécessairement des pommes de pin des arbres dans le chariot, mais comme la route mène à la forêt, il se peut que certaines tombent des arbres.
- Que faites-vous avez ces dernières?
- Nous les accumulons et les renvoyons vers la forêt, car il est possible de faire repousser les arbres ainsi. Après tout, il est important de replanter ce qui est coupé, n’est-ce pas?
- Je vous l’accorde. Du coup, avez-vous remarqué des comportements étranges de certains de vos employés vis-à-vis de cela? Un vol quelconque, une baisse des stocks que vous aviez?
- On ne m’en a pas fait part, mais peut-être que certain de mes employés on vu quelque chose, je peux les faires demander, si vous désirez.
- Heum, j’imagine que ça pourrait nous être utile, dis-je en regardant vers Val avant de reprendre. Avez-vous engagé récemment quelqu’un portant le prénom de Sam? »
Il se frotte le menton, cherche dans ses dossiers et nous affirme malheureusement que non. Je me tourne donc vers mon lieutenant afin de connaître se ressentit. Après tout, il a peut-être quelque chose à rajouter.
"Augmenter les patrouilles me semble nécessaire, signaler à tous d'être attentif à tout personne suspecte oui, surveiller les entrepôts? Pas réellement pertinent pour le coup!" Et je lui explique en détail pourquoi mais bon, j'vais pas me répéter. Bref, on se met en route alors que Khalie chante une chansonnette très enfantine devant mon regard incrédule. Bon, j'trouve ça un peu désespérant et surtout elle est en train de gueuler à tue-tête notre prochaine destination ce qui relève de l'erreur pure et simple selon moi mais que voulez-vous? Visiblement mon regard suffit à le lui faire savoir et nous terminons la route en silence. Arrivés sur place, je laisse Khalie discuter avec notre hôte alors qu'il nous mène dans son bureau, effectivement être à l'abri des regards et surtout des oreilles indiscrètes est plus que pertinent, je laisse la demoiselle poser les questions qui lui semble nécessaire et j'écoute en laissant mon calepin noter de lui-même toute information pertinente. Pas grand chose malheureusement, je doute qu'ils tiennent un inventaire des pommes de pin on ne va pas se mentir! Même si on demande aux employés cela me surprendrait que l'un d'entre eux clame avoir vu un voleur d'objet qu'ils rejettent de toute façon... Et pas de Sam! De toute façon c'était assez entendu, je ne l'imagine pas douer de prose.
"Monsieurs Baudelair, avez-vous reçu une menace à votre encontre ou vis-à-vis de vos employeurs? Une personne vous qualifiant de tyran?"
- Non, aucune menace à notre encontre...
Et merde, est-ce que la piste s'arrête ici? Après tout, rien ne permet d'affirmer que l'homme se serre dans les réserve de l'entrepôt, si ces-derniers renvoi les pommes de pains en forêt il peut parfaitement les prendre directement sur place... J'ai l'impression que malheureusement, nous touchons du doigt une impasse mais cependant, mon interlocuteur se frotte les moustaches semblant réfléchir.
- Lieutenant Rivolti... Ce n'était pas une menace à proprement parlé mais, le terme de "tyran" me rappelle quelque chose...
"Je vous écoute, toute information peut-être bonne à prendre!"
- L'un de nos contremaître s'est engueulé avec le livreur de bois il y a quelques semaines, je m'en souviens à cause des propos de ce-dernier, il a dit que les tyrans auront ce qu'ils méritent. J'ai pris cela comme des paroles dites en l'air, notre contremaître n'a rien d'un tyran il ne faisait que sont travail, il y avait une erreur dans la livraison ce jour là!
Je regarde Khalie, voilà sans aucun doute une information capitale! "Une dernière question monsieur, avez-vous une une livraison de bois dernièrement?"
-Avant-hier!
Et sur ce, Khalie et moi prenons congé de notre nouvel ami mais restons non loin pour discuter.
"Et Sunny, ça te dit un petit jeu? Alors devinette pour toi : si le livreur de bois était notre coupable, qu'il a fait sa livraison avant-hier en prenant soin de délivrer une lettre bien avant ce qui est son premier méfait au grand port, quels sont les deux moyens de réussir à le coincer?" Elle me regarde en plissant les yeux, visiblement elle n'a pas spécialement envie de jouer. "Ok ok... Premièrement, découvrir s'il a profité de son arrêt pour menacer une nouvelle personne! Ce fameux contremaître par exemple, ensuite, vérifier quand est prévu la prochaine livraison! Et qui peut nous le dire mieux que le contremaître? Du coup, nouvelle devinette très difficile : qui allons-nous voir maintenant?" Et elle me frappe l'épaule avant de se mettre en route. "Bonne réponse!"
Enfin, j’écoute tout de même ce qui se dit entre eux, parce qu’après tout, c’est mon devoir peut importe ma fatigue et puisque j’y pense, je ne peux m’empêcher de bailler en mettant ma main devant ma bouche tout en ayant un œil qui se ferme à moitié. Les regards se retournent vers moi et j’ai le droit à un Val qui me foudroie. « Pardon, j’étais sur les lieux de l’incendie hier… La nuit a été très très courte. » Monsieur Baudelair éclate de rire alors qu’il se lève pour nous guider jusqu’à la porte et me tape amicalement l’épaule tentant ainsi de me donner du courage pour le reste de notre enquête.
Bon, pas de Sam qui travaille ici, mais il semblerait que le livreur de bois se soit engueulé avec le contremaître de l’entrepôt de bois en les traitant de tyran. C’est étrange que ce même mot soit usé plus ou moins dans le même contexte surtout en ajoutant qu’ils auront ce qu’il mérite. Si ce ne sont pas des menaces dites ouvertement, je ne sais pas ce que cela sait, donc. Bref, Val’ essaie de faire des devinettes, mais au vu de mon état de fatigue, mon visage lui demande d’accoucher sans que j’aille besoin de parler, puis il abrège finalement m’expliquant ce que nous devions faire. Rencontrer le contremaître dans un premier temps bien qu’il ose me demander de nouveau en devinette qui nous allions voir. Sans scrupule je lui donne un coup de poing à l’épaule et ce dernier se marre. « Oh! Je suis peut-être crevée, mais je suis pas teubée non plus. »
Direction l’entrepôt à la recherche de notre homme. Bon, pas le coupable, mais le supposé tyran qui ne faisait que son boulot et qui devait gérer une erreur de livraison qui n’était pas de sa faute à lui! Enfin, une fois sur place, il n’est pas bien difficile de trouver le maître des lieux, puisqu’il est celui-ci qui semble s’assurer du bon fonctionnement. Remettant consigne après consigne, vérifiant les papiers qu’on lui donnait tout en s’assurant que les tâches demandées soient bien faites, on pourrait presque croire que cet homme était capable de faire bien plus qu’une chose à la fois. Ça devait être son pouvoir. Enfin…il est partout à la fois quoi! En nous voyant arrivés, il s’approche alors d’un pas décidé en notre direction, sûrement dans l’intention de nous faire savoir avec politesse que nous ne devrions pas être là, mais avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche, je lui montre rapidement mon insigne.
« Bonjour, monsieur. Khalie Drak’gnir et Lieutenant Rivolti, nous voudrions vous posez quelques questions.
- Bien sûr, dit-il en s’adoucissant légèrement.
- Quand sera votre prochaine livraison de bois?
- D’ici quelques jours. À vrai dire, le dernier livreur n’est toujours pas parti, puisqu’il a laissé son chariot non loin d’ici, le temps de prendre du repos avant de reprendre la route.
- Vous savez où il loge?
- Non, en tout cas, je me fiche un peu de ce qu’il fait en ce moment. Il pourrait bien dormir dehors que ça me passerait par-dessus la tête.
- Est-ce à cause de la petite altercation que vous avez eue?
- Oui, soupira-t-il.
- Bon, pouvez juste nous indiquer à quel endroit trouver son chariot. »
Bien évidemment, il nous pointe une direction et c’est par là que nous nous dirigeons. On retrouve rapidement le chariot et bien évidemment, on cherche de quelconques indices qui pourraient prouver que ce dernier a bien mis le feu à l’entrepôt de dame Devern. Peut-être qu’il cache ses cocottes de pins ainsi qu’une pierre de feu sous cette toile? Et alors que j’approche, ma main pour regarde en dessous, j’entends quelqu’un qui nous interpelle.
« Hey! Qu’est-ce que vous faites à mon chariot?! »
Je me retourne dans la direction de ladite voix et en le fixant, j’ai l’impression que son visage me parle. Je plisse les yeux, fait quelques pas pour m’en approcher, puis je fige! Bien sûr! C’est le gars qui m’a percuté l’épaule hier et qui sentait le sapin!
« Val, c’est notre homme… » que je dis en tournant légèrement la tête vers lui. « Khalie Drak’gnir, Lieutenant Rivolti, nous sommes gardes du grand port et nous avons des questions à vous…. » Et pas le temps de terminer ma phrase, qu’il panique et prend la fuite tel un lapin. Eh merde! Faut-il vraiment le courser?
Pas le choix! On se met donc à sa poursuite arpentant les rues du grand port. Il n’hésite pas à nous rendre la tâche difficile, percutant tout sur son passage. Pour notre part, on bondit, on saute, on esquive comme de vrais pros. On se sépare pour tenter de le coincer telle une souris dans un cul-de-sac.
« Vous, arrêtez et restez où vous êtes. Vous êtes suspecté…
- Les tyrans ne gagneront pas! »
Il souffla dans sa main et un nuage de poussière nous frappa de plein fouet. Sans trop comprendre ce qu’il venait de faire, je regarde incrédule mon compagnon tout en fronçant les sourcils et soudainement, je sens le monde tourner autour de moi et tout se passe rapidement alors que je m’écroule inconsciente. Lorsque j’ouvre les yeux, je suis complètement gelée et incapable de me déplacer dû aux nombreuses boîtes coloré qui m’entoure. Tout défile si rapidement autour de moi. Le paysage est couvert de son manteau blanc et quand je regarde devant moi, les rennes tirent le traineau dans lequel je me trouve et semble se rapprocher sans ralentir d’une silhouette au loin. Si rapidement, que j’ai l’impression que nous ne pourrons pas empêcher la collision qui s’en vient. Alors je fais la seule chose qui me passe par l’esprit et j’hurle de toutes mes forces. « ATTENTION! » En faisant de grands gestes devant moi.
Et c’est ainsi que je me réveille en gueulant de faire attention tout en gesticulant dans tout le sens. Quand je m’assois, je me sens paumée, j’ai mal au cœur et encore une fois, j’ai l’impression que mon sommeil ne fut pas du tout reposant.
En tout cas, le bestiaux - parce qu'il est quand même mastoc - s'Approche d'un pas décidé vers nous, sans doute qu'il veut pas avoir deux connards dans les pattes - surtout lorsqu'ils n'ont rien à y faire - et qu'il compte nous le faire savoir sauf que, à mon plus grand étonnement, Khalie prends les devant pour signaler qui nous sommes, notre grade et tout le tintouin habituel. Le genre de truc qui vous fouette un homme! Quand elle fait ça, Khalie est le genre de femme qui change le plus grand délinquant en gentleman c'est moi qui vous le dit! D'ailleurs, l'homme semble immédiatement bien plus gentillet, c'est fou comme un titre - que ce soit de garde ou de noblesse - a tendance à faire courber l'échine des plus brave quand même! À croire qu'on est les mauvais dans l'histoire franchement! Enfin, avec toutes les rumeurs sur le grand port et ces enfoirés de marines qui font passés le régiment pour une bande de corrompus, c'est pas forcément étonnant malheureusement! Enfin bref!
Après une discussion rapide, on apprend que le chariot du livreur est encore dans les parages? Une bonne chose donc, on va pour l'inspecter Sunshine et moi et alors que j'suis en train de fouiner, voilà qu'une voix nous interrompt. Visiblement on vient de trouver le propriétaire de ce véhicule! Une bonne chose, j'm'avance avec la ferme intention de discuter tranquillement pour avoir des informations - notamment sur son emploi du terme incriminant dans cette affaire - mais Khalie m'affirme que c'est notre homme et je la regarde légèrement suspicieux. Est-ce que par hasard elle aurait oublié un détail important alors que je le lui ai demandé plus tôt? Bordel on aurait pu finir cette affaire plus vite que cela? Vraiment? Bref, elle s'avance et à peine nous présente-t-elle que Billy numéro deux se met à courir! Et merde il est sérieux ce connard?
On se lance donc à ses trousses, on va pas le laisser fuir comme cela tout de même! Sauf que c'est le genre de connard dans la moindre compassion pour les autres, leurs affaire ou pour ces pauvres petits fruits juteux et délicats partis trop tôt parce qu'il renverse les stands! Monstre! Heureusement, Khalie et moi avons de l'entraînement, c'est pas la première fois qu'on course un criminel dans ces rues - loin de là même - d'ailleurs j'me dis que ça devient chiant de suer chaque fois qu'on est ensemble - et pas toujours de la bonne façon, il y a des moments où suer avec la belle me dérange pas mais pas ainsi - du coup j'me dis que ce serait bien de prendre des vacances, qu'elle rencontre le reste de ma famille ou qu'on aille se détendre aux sources chaudes comme on en a déjà parlé par exemple... Oh merde c'est vrai, Billy junior! Heureusement on connait mieux le grand port que lui alors, quand on le voit tourner à gauche on sait que la course s'arrête : un cul de sac! Khalie lui dit de s'arrêter, s'apprête à lui dire quelque chose mais v'là qui souffle une espèce de fumée sur nous! L'enfoiré il a des lacrymo! Et puis c'est quoi des lacrymo? Et soudain, le vide...
Je regarde devant moi et j'dois dire que j'ai parlé des sources chaudes mais j'pensais pas me retrouver dans le nord si vite! Soudain, j'entends un bruit comme quelqu'un qui gueule et j'me tourne pour lui signaler que c'est pas une bonne chose de gueuler dans les montagnes de manière parfaitement respectable. "TA GUEULE!" Sauf qu'en me tournant, j'vois un putain de troupeau de renne, au moins dix, qui tire une sorte de traineau avec des cadeau dedans et surtout, une personne qui s'agite! Trop tard pour éviter, j'fous donc mes mains devant moi pour protéger mon visage et soudain, j'me réveille en sursaut. "Pas ma belle gueule!" Petit moment de prise de conscience... Putain de rêve à la con! J'regarde Khalie, puis le soleil, puis Khalie puis le soleil qui est bien trop bas dans le ciel... "PUTAIN! On a dormit au moins une heure dans la rue comme des clochards! Sans offense Phil'" "Pas de problème Val'" Qu'il me répond depuis son carton alors que j'me relève et que j'aide Khalie à faire de même. "Faut qu'on retourne au chariot, il est peut-être pas encore partie!" Et on se met en route alors que je balance un cristal à Phil pour l'occasion.
Merde! On a l’air vraiment con! On n’a pas fait gaffe au pouvoir de l’homme, mais au moins je sais à quoi il ressemble. Les cheveux mis long et noir. Un regard bleuté, mais nerveux. Son corps semble fin bien qu’assez grand. Enfin, il n’est pas dur d’être grand selon moi puisque je suis petite. J’ai bien une trentaine de centimètres de différence avec Valentino, alors bon… Pour moi, tout le monde est grand. Enfin, une mâchoire fine et pointue tout en ayant des traits délicats. Aucune barbe et il ne me semble pas bien âgé. Enfin, je dirais entre vingt-cinq et trente ans? Du coup, alors que Val semble déjà prêt à vouloir courir jusqu’au chariot, je regarde Phil rapidement et m’arrête à ses côtés.
« Il a dit quelque chose l’homme?
- Il a dit qu’vous étiez tombé comme des moufles!
- Des moufles? Tu veux dire des mouches, non?
- Ouais c’est ça! Et qu’il avait d’autres fourrures à fouetter!
- …D’autres chats donc.
- Vous êtes maligne, la p’tite! »
Je roule des yeux, je crois que je ne vais avoir aucune information intéressante de sa part, puis je cours rejoindre Valentino qui semble déjà en communication avec la capitaine par cristal et je l’entends parler de déploiement afin de faire surveiller toute les portes pour empêcher notre homme de fuir tout cela en courant toujours vers l’endroit où se trouvait normalement son chariot. Enfin, si j’étais un criminel, je ne me serais pas souciée de cela et aurait tout simplement pris la fuite, sauf que Grand-Port est quand même grand et que y’a certainement bien des endroits où se cacher en attendant. Enfin, plus on se rapproche et plus y’a une odeur de fumée dans l’air, même le ciel semble couvert d’un épais nuage… Je presse le pas espérant que ce malade n’a pas feu à autre chose, mais en fait, il s’agit de son chariot auquel il a mis certainement feu. Une petite foule s’était regroupée tout autour, comme s’il s’agissait d’un feu de joie alors qu’il s’agisse de preuves que nous aurions peut-être eu besoin…
« Poussez-vous! Laissez passer! » dis-je en me frayant un chemin entre les gens. « Est-ce que quelqu’un a vu la personne qui a fait cela? » Des murmures se font entendre, mais personne ne nous répond vraiment. Enfin, si, mais je ne m’attendais pas du tout à cela. Quelque chose m’attrape la main et tournant sur moi-même, je vérifier ce qu’il en était pour constater la présence d’une petite créature plus communément appeler enfant qui s’était accroché à moi. Il me regardait d’un air suppliant puis timidement, il me dit qu’il a vu quelque chose. Doucement, je l’amène avec moi en retrait et je m’accroupis devant le petit garçon. Enfin, il doit être âgé six ans plus ou moins, mais tout de même.
« Y’a un méchant monsieur qui a volé notre cachette secrète à mes copains et moi. Il a dit que si on le disait à quelqu’un, qu’il allait trouver où on vit et qu’il allait faire du mal à nos papas et à nos mamans. Mais moi j’ai pas peur de lui! »
Enfin, il m’explique qu’il cherchait surtout de l’aide et que la fumée l’a attiré jusqu’ici. S’il y avait un feu, il y aurait certainement des gardes dans le coin pour gérer la situation et qu’il allait trouver quelqu’un pour l’aider. Je me mords doucement le pouce. Si ça se trouve c’est qu’un connard qui a décidé de faire peur au gosse pour pas qu’ils aillent pleurer à leurs parents et je ne peux pas risquer de m’éloigner de notre affaire, mais en même temps, je ne peux pas faire comme si de rien était. Je ne veux pas ternir l’image que le petit se fait de la garde. Je ne veux pas être celle qui causerait un mauvais souvenir à l’enfant s’il arrivait quelque chose à ses parents. Je regarde vers Valentino un moment essayant de voir sur son visage s’il avait une réponse puis soudainement j’ai une idée!
Je plonge ma main dans mon sac à la recherche de la roche que j’avais trouvé plus tôt. Celle-ci est toujours couverte de la gomme de pin et certains trucs semble s’y être accroché, que je retire aussitôt pour remettre dans le fond du sac. Je lui tends la roche qu’il prend dans ses mains et je lui fais signe de la sentir.
« Est-ce que le monsieur avait une drôle d’odeur comme celle-ci? » Il renifle l’odeur quelquefois, puis ouvre grand les yeux en faisant des signes de la tête affirmative. Un sourire étire mes lèvres alors que j’affiche un air victorieux sur mon visage et on demande donc au gamin de nous guider. Bien évidemment, on demande à quelques gardes en chemin de nous porter assistance et une fois sur les lieux, on peut entendre des murmures comme si l’homme psalmodiait je ne sais quoi en parlant de feu, d’éradication et aussi de purification. C’est un malade en fait? Val nous fait signe d’attendre en nous bloquant de son bras et il se retourne vers nous, prenant ainsi un air héroïque.
« J’y vais, attendez ici. Si je ne reviens pas d’ici deux minutes, venez me chercher. »
Je pousse un soupir et bien évidemment, je fais un signe au gamin de s’éloigner, puis Val ouvre la porte d’un grand coup de pied. « Coucou, c’est moi! » Et il disparait dans les profondeurs de la boutique abandonnée. Ne voyant rien d’ici, tout ce qui nous parvient semble être des bruits d’objet tombant au sol, des pas qui se font lourd voir même des plaintes de douleur. Deux minutes plus tard, plus aucun son ne nous parvient. Je prépare mes chakram dans le doute et une silhouette se dessine dans l’ombre, suivie d’une seconde plus grande.
« Fausse alerte! Apparemment il avait plus son pouvoir. Il n’a même pas résisté. C’était chiant… » Du coup, il renvoie les trois autres gardes à leur patrouille. Je m’excuse du dérangement puis je me retourne vers le gamin. « C’était lui le méchant? » Tout heureux il me signale que oui alors qu’il fait une grimace en sa direction. Je me pense devant ce dernier et lui tend mon poing.
« T’as été courageux petit! C’quoi ton nom?
- Je m’appelle Hugo madame!
- Et bien Hugo, si tu croises d’autres vilains, tu sais où nous trouver?
- Oui! Dit-il enjoué en tapant son petit poing sur le mien.
- Par contre, tu vas nous accompagner jusqu’au bastion et j’irai te reconduire chez toi, après. »
Tout heureux, le gamin m’attrape la main alors que Val guide le pyromane menotté jusqu’à la caserne où il est vite mis derrière les barreaux. Je remets les preuves nécessaires dans les mains de Val et avant qu’il ne soit trop tard, je ramène le gosse à sa famille. On profite d’une bonne nuit de sommeil et nous faisons ainsi notre rapport à dame Devern dès que l’heure nous le permet la journée suivante. Ainsi nous lui mentionnons les informations suivantes: l’incendie était d’origine criminelle, mais qu’ils avaient affaire à un pyromane et qu’elle n’aurait pas été la seule victime dans cette histoire s’il n’avait pas réussi à mettre la main dessus. Bien évidemment certains points sont gardés secrets tels que le fait qu’il cherchait à s’en prendre aux tyrans. Après tout, c’est un tout autre combat, mais l’important c’est que l’homme ne ferait plus de mal à personne.
Tandis que le soleil matinal nimbait le bureau de Vesper de sa douce clarté mordorée, la noble sentit sa poitrine se gonfler d'espoir. Il était temps de savoir si l'enquête menée par les deux soldats avait été fructueuse, et quels fruits celle-ci avait porté. Après les avoir accueilli en leur offrant des boissons de circonstance en cette matinée – en l'occurrence, un café noir court à l'arôme soutenu pour la garde Drak'gnir, dont Maître Tyrid l'avait informée des préférences ; quant au lieutenant Rivolti, son intuition l'enjoignit à lui proposer un jus de banane – elle écouta attentivement le rapport des deux gardes.
À certaines reprises, durant leur récit, les sourcils de Vesper esquissèrent une fine ligne de froncement, dénotant sa surprise à chaque élément reporté. Ainsi donc, l'origine de l'incendie était bel et bien criminelle. Le mode opératoire du pyromane la surprit quelque peu : il avait ainsi employé de la résine de sapin, aux propriétés inflammables, pour générer la première étincelle, qui avait ensuite propagé le brasier dans les étoffes. Eh bien, l'on pouvait dire que ce type de combustible était original, et qu'elle se méfierait de toute odeur de pin à l'avenir.
Lorsqu'elle se souvint de ces lettres de menaces qui lui avaient été adressées, il y a deçà quelques temps, Vesper se morigéna intérieurement. Elle les avait alors considéré avec une certaine légèreté, sous-estimant les intentions et la force de frappe de leur auteur. Une erreur qu'elle ne commettrait pas deux fois, cela était certain.
Il était en tout cas étonnant que le responsable ne soit ni un concurrent, ni un employé. En effet, la famille Devern n'était pas particulièrement regardante sur le recrutement de ses salariés, car bien peu généreuse sur les salaires prodigués. Elle profitait surtout de l'impérieux besoin de trouver un travail de ceux qui postulaient pour être engagés à leur entrepôt, pour les lier dans des contrats bien peu avantageux. Une forme d'exploitation à laquelle se livrait la famille Devern sans guère de scrupules, pour la profitabilité de leur entreprise. Vesper se souvenait de l'un de leurs anciens salariés, dénommé Sam Peyr, qui avait été renvoyé après s'être insurgé contre ses conditions de travail. Peut-être était-il lié au présent coupable, mais la piste n'avait pas pu être remontée à ce stade, et nécessiterait une investigation supplémentaire.
Une fois les conclusions du rapport achevées, elle remercia les deux gardes avec force politesse, sa voix vibrant d'une reconnaissance qui paraissait étonnement sincère.
« Toutes mes félicitations pour cette enquête habilement menée. Je savais pouvoir compter sur la Garde. » Si cela avait été infructueux, Vesper aurait peut-être pris l'initiative de demander l'appui de la Cabale pour retrouver le malfrat, mais cela n'avait pas été nécessaire, finalement. « Vous me voyez ravie de savoir que ce mécréant aux penchants pyromanes est déjà derrière les barreaux, et qu'il ne risque plus de sévir, à notre encontre comme à l'égard d'autrui. »
Sur ce dernier point, Vesper ne dévoilait pas exactement le fond de sa pensée. À vrai dire, elle aurait préféré mettre la main par ses propres moyens sur ce dernier, afin de le faire payer à sa façon pour son acte criminel. Mais puisqu'il était à présent dans les mains de la Garde, elle n'en aurait pas le loisir... Soit, il finirait bien un jour par être relâché, et elle veillerait alors à ce qu'il ne soit plus tenté de récidiver... Si l'on pouvait dire.
« Je vous souhaite une bonne continuation, et n'hésiterai pas à refaire appel à vous, en cas de besoin. Vous avez toute la reconnaissance de la famille Devern. »
Il fallait espérer que leur entrepôt n'accuse pas d'autres incidents, dans les lunes à venir... Mais qui savait ce qui pouvait advenir, lorsqu'on avait autant de concurrents et d'ennemis potentiels que la famille Devern ? Après tout, le danger faisait partie du jeu dans cette arène d'intrigues et de complots dans laquelle Vesper jouait quotidiennement.