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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    A la mesure du passage des astres
    Le royaume d'Aryon  » Le royaume d'Aryon » La capitale
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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: A la mesure du passage des astres
    Mer 18 Aoû 2021 - 21:55 #
    Instinctivement, pendant que sa senestre stabilisait le verre bousculé par inadvertance, sa dextre fusa à travers l’espace qui les séparait, et atterrit avec la légèreté d’un oiseau sur l’épaule de Kat. Pile au moment où l’un des serveurs – ou l’une des serveuses, en l’occurrence – s’approchait à l’appel gestuel de la jeune femme. Profitant de la seconde de surprise de Kat, l’espion-ne prit la parole pour iels :

    - Nous désirons de quoi grignoter, pour accompagner nos boissons ; une planche d’amuses-bouches du chef, peut-être ?

    Comme la serveuse acquiesçait avant de s’éloigner à nouveau, Calixte reporta son attention sur son vis-à-vis et, sans doute une volée de secondes un peu tardives, retira ses doigts de l’épaule de Kat. S’iel n’avait pas été aussi engoncé-e dans sa relation avec Solveig, comme dans son futur chaotique mais fort de la certitude, double, croissant paisiblement au sein de son giron, et s’iel n’avait pas connu Kat sur plus de rencontres que celle-ci, en ayant appris à l’aborder d’une sincérité ourlée de précautions, sans doute se serait-iel jeté-e corps et âme dans la brèche que lui présentait ostensiblement la jeune femme. C’était presqu’insultant pour ses sens affutés par les années d’entrainement que de contempler cette fissure à peine voilée, et de ne pas en épouser de la phalange tous les contours, pour mieux les apprécier. Pour en appréhender la profondeur et le mordant de ses arrêtes, comme la réalité de son éclat.

    Aussi, caressant du regard ce que sa main se refusait sagement à explorer, l’espion-ne longea les mèches blondes écourtées, moins bien entretenues que dans ses souvenirs. L’ovale du visage aux traits tirés, dont la peau pâle et bleuie démentait une fatigue accumulée. Le voile hésitant, presqu’hagard, prenant le pas sur la méfiance viscérale animant l’azur délavé des prunelles éteintes. Esseulées. Le rouge abimé des lèvres au phrasé grossier, qui trébuchait toujours plus le long de pensées égarées. Incertaines. N’y avait-il là que les griffes de l’abattement qui écornaient la présentation vive qu’iel gardait en mémoire de Kat ? Que les dents de l’alcool qui effilaient le manteau de sa conscience affutée ? Le temps de quelques secondes, comme l’ambre de ses yeux descendait le long des muscles fourbus de la jeune femme, Calixte se demanda s’iel ne gagnerait pas à user de son bracelet de mimétisme, pour mieux comprendre celle-ci.

    Pour satisfaire, aussi, la curiosité de savoir si l’attitude adoucie de Kat découlait, tout ou partie, de ses courbes présentement féminines. Pour relever la juste valeur des coups d’œil qu’elle lui lançait, et faire la part des sous-entendus derrière les œillades insistantes. N’y avait-il là que celui de son travail peut-être pas si simple au sein de la Garde ? L’excuse bredouillante, tardive, de la commande de boisson était-elle réellement infondée ? Sans aucune arrière-pensée ? Pensivement, l’espion-ne retint ses doigts d’imiter le geste familier de Solveig qui consistait à balader ceux-ci à l’angle de la mâchoire de son interlocuteur, avant de les descendre sous son menton, pour inciter le croisement des regards. Même sans l’utilisation de son bracelet de mimétisme, il y avait une solitude immense au creux des épaules de Kat, qui attirait sa main comme son âme, tout en lo forçant à rester sur le qui-vive. Nul doute que si la Valkyrie avait été présente, iels se seraient amusé-es à titiller cette fascinante créature recroquevillée sur elle-même, pour voir si elle répondait de crocs agacés ou espiègles, de doigts griffants ou caressants, de feulements ou de ronronnements. Mais la présente réalité était que Calixte avait bien plus à y perdre – et à se perdre – en s’effaçant complètement derrière le masque anonyme et absolu de l’espionnage pour s’aventurer seul-e sur ce terrain-là, et qu’iel envisageait un autre type de relation avec Kat.

    En dépit de leurs positions respectives, et des omissions nécessaires, elle avait toujours été basée sur le respect et la sincérité, et ce n’étaient pas des éléments qu’iel comptait changer ce jour. Aussi sa dextre se rétracta-t-elle jusqu’à l’arrondi discret de son ventre, attirant là le regard de la jeune femme.

    - Pas de boisson alcoolisée pour moi dans cet état, commenta-t-iel avec un léger sourire.

    L’aveu d’une richesse, mais aussi d’une faiblesse. D’une porte sur le monde privé de son intimité, au-delà des différents masques sous lesquels iels s’étaient rencontré-es. L’offre timide d’une vérité pour répondre à celle, tout aussi chancelante, des propos précédents de Kat.

    - Mais tu peux à loisir boire pour ma part, si tu manges au moins un peu, ajouta-t-iel comme la serveuse revenait pour déposer entre iels un assortiment de douceurs salées.

    Repérant d’un coup d’œil de plus en plus expert ce qui ne conviendrait guère à sa situation gravidique, Calixte rectifia nonchalamment le positionnement du plateau pour éloigner certains mets d’iel et les pousser vers Kat, et attrapa une frite d’aruyes pour la grignoter.

    - Soit ton Ordre ne te paie pas suffisamment, soit tu t’y es un peu trop emballée, poursuivit-iel en arquant les sourcils. J’ai connu des goules avec une meilleure tête que la tienne, et une physionomie criant moins famine. Ce n’est pas un verre, que j’aurais dû t’inviter à prendre, mais une tartiflette.

    Engloutissant les restes de sa frite, iel poussa une tartine d’œufs de crabeau vers la jeune femme. Ils avaient un goût assez prononcé, et il était rare qu’il en fût servi loin de l’Archipel. Ou loin des geôles ; où le trafic de tout ce qui était fortement protéiné avait toujours un franc succès.

    - Avoir accès à un réseau supplémentaire d’informations est toujours intéressant, revint-iel sur les propos de Kat. Mais de ce que j’en comprends… c’est plutôt un organisme orienté vers les reliques ? D’un point de vue professionnel, avoir un contact serait confortable, mais pas indispensable. D’un point de vue personnel…

    La curiosité de Calixte avait toujours été à double tranchant, comme l’un des principaux moteurs de sa vie. L’offre de Kat avait ainsi des allures de délicieux plat présenté en vitrine, et l’espion-ne savait qu’iel en briserait allègrement la vitre pour y accéder si la jeune femme lui en présentait son plus beau profil. Néanmoins… Distraitement, ses doigts glissèrent à nouveau contre l’arrondi de son ventre, avant de se coller à l’humidité froide perlant contre le verre de son jus de pomme.

    - Je pourrais être intéressée. A condition d’en connaitre, précisément, les conditions.

    Une petite poignée de cacahuètes trouva refuge contre sa paume, et iel commença à les picorer songeusement.

    - Quant à ma proposition précédente, je pense qu’elle peut rester indépendante de mon adhésion, ou non, à cet Ordre. Ce serait principalement de me rester joignable pour infirmer, ou confirmer, au coup par coup la plupart du temps, certaines informations. Certaines rumeurs. En restant sur l’idée que je préfère que tu me dises franchement quand tu ne sais pas, quand ça ne t’intéresse pas, et quand tu ne veux pas savoir ; plutôt que de me mettre sur une mauvaise piste. Parfois il suffit d’un regard extérieur, et autrement placé, pour éclairer une intuition ou la souffler tout à fait.

    Laissant le temps à Kat de réfléchir à ses paroles, Calixte termina les arachides qu’iel avait en main, et essuya celle-ci dans l’une des serviettes de tissu que la serveuse avait précédemment déposées avec la nourriture. Le regard toujours posé sur les courbes de son vis-à-vis avec attention, iel finit par céder pleinement à sa curiosité :

    - Pourquoi avoir dit que « j’avais l’air de pouvoir choisir, moi, au moins », tout à l’heure ?
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: A la mesure du passage des astres
    Jeu 14 Oct 2021 - 22:17 #

    À la mesure du passage des astres

    Inaros


    Sa tartine de crabeau était à peine entamée. La texture et le goût ne lui étaient pas familiers et son palais ; qui n’était pas le sien, nous n’aurons de cesse de le répéter ; était surpris par la force de caractère qui se dégageait de ce petit amuse-gueule. Finalement, peu convaincu par le met, il reposa la tartine et avala une nouvelle gorgée de bière fraîche pour faire passer le tout. Il se demanda si c’était la boisson qui lui donnait quelques hallucinations mais, pendant un court instant, il lui sembla être la cible du regard acéré de Kit. Ces fameux regards masculins qu’il avait l’habitude d’attirer sur lui depuis qu’il était dans le corps d’Ivara. Il ne s’en plaignait pas, il n’avait même pas de scrupules à les utiliser à son avantage. Autrefois, les regards s’arrêtaient sur son faciès, sur ses traits anguleux et peu enclins à susciter de la sympathie. Aujourd’hui, avec des regards qui se posaient presque partout sauf sur son visage, il avait tout loisir de remarquer des détails utiles pour ses missions particulières. Il rencontra une nouvelle fois les iris scintillantes de Kit mais se retrouva incapable de le soutenir. Le liquide dans son verre captiva son attention et le temps fut suffisamment long pour qu’il se surprenne à s’inquiéter de la rondeur naissante du ventre à ses côtés. Il essaya de se reprendre, bafouillant.

    -Félicitations, ou j’sais pas c’qu’on dit dans ces situations.

    Il se racla la gorge et gigota un peu sur sa chaise, comme s’il était soudain mal à l’aise. Il ne se rendait pas pour autant compte que boire pour deux n’était pas une bonne idée dans son état de fatigue. En plus, Kit lui posait des questions légitimes, avec lesquelles il aurait très bien pu décider de faire quelques pirouettes pour les esquiver mais… Une petite voix dans sa tête lui soufflait que ce n’était pas une bonne idée. Kit était la première personne qu’il connaissait à naviguer aussi aisément entre deux genres, au point d’être prêt (ou prête, il ne savait plus qu’en penser) à avoir un enfant alors que sa génétique initiale ne le lui permettait pas.

    Et puis, iel avait aussi mentionné l’Ordre. S’il y avait bien une chose sur laquelle Inaros était calé, c’était sur son propre bébé. Il n’était d’ailleurs pas surpris de l’hésitation de Kit. La main posée sur son ventre ne trompait pas. Désormais, iel avait quelque chose de très important à protéger et le mercenaire n’osait pas imaginer ce que cela signifiait. Tout au plus pouvait-il imager que cela devait être pire que de s’occuper de Chloé ou d’Oscar.

    Il expliqua rapidement les principes de l’Ordre, notamment sur la sécurité qu’il garantissait apporter à ses membres. Chacun s’y impliquait comme il voulait et peu importait son statut au sein de la société Aryonnaise. Certains, à la recherche de gloire, pouvaient bien crier sur tous les toits en faire partie, tandis que d’autres, à la recherche de savoir par exemple, pouvaient cacher leur appartenance à ce groupe nouvellement formé. Allait-il lo convaincre ? Ce n’était pas le garde qu’il essayait d’atteindre, mais bien la personne qu’il lui semblait avoir côtoyé par le passé. Enfin, côtoyer était un bien grand mot. Mais le blondinet était à peu près certain que Kit pourrait être intéressé, d’un point de vue personnel.

    - T’imagines, trouver qu’ces légendes ont une part d’vérité, déterrer certains objets d’pouvoir, percer un peu plus les secrets d’ce monde… Ça t’f’rait pas envie ?

    Une nouvelle oeillade, une nouvelle gorgée, une nouvelle main qui se lève pour repasser commande. Il venait de finir tout son paragraphe explicatif et avait maintenant bien besoin de se désaltérer. Encore.

    Il y avait aussi la proposition de Kit. Devenir l’indic d’un garde… Quelle blague à première vue ! Cependant, plus il y réfléchissait et plus il n’y voyait que des avantages. Il pourrait, par exemple et par le plus grand des hasards, peut-être savoir si la loi décidait de mettre un peu trop le nez du côté de ses affaires, ou il pourrait plus facilement mentir pour couvrir l’Ordre. Il n’avait, bien évidemment, pas révélé à Kit que c’est lui qui l’avait fondé. Il s’était vendu comme un simple célonaute, un banal chercheur de trésors et qui avait soif d’aventures.

    - J’suis d’accord pour garder les propositions indépendantes. Qu’tu viennes ou non faire ces chasses avec moi, j’réfléchis à c’que tu m’proposes sans m’offusquer si jamais t’veux pas v’nir. Un geste de la main, comme pour chasser un insecte qui serait venu voler un peu trop près. Il reprit. J’serais partant pour ça. J’repense aux événements qui nous ont fait nous croiser et nous r’croiser et j’ai l’impression qu’le duo fonctionne. T’me permets juste d’demander si y’a des cristaux à la clé ?

    Les affaires restaient les affaires ! Et puis, Kit ne pouvait pas le deviner, mais Inaros avait, durant un court instant, pensé qu’il aurait également pu utiliser cette grossesse comme un moyen de pression pour protéger ses propres intérêts, avant de chasser cette pensée à grands coups de pied. Il n’était pas ici pour ça, ce soir. C’était de mauvaises habitudes.

    - Parce que… Parce que…, commença-t-il à bégayer suite à une question piège posée par Kit. Parce que je suis coincé dans un corps dont j’veux pas.

    Simple, efficace et terriblement vrai. Cela pouvait aussi passer pour quelqu’un de simplement mal dans sa peau. Un rictus sur le bout des lèvres, il enchaîna.

    - Et toi, t’vas finir par m’dire pour qui tu bosses vraiment ? J’ai décidé d’t’aider, mais j’aimerais bien en savoir un peu plus.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: A la mesure du passage des astres
    Mar 2 Nov 2021 - 14:03 #
    Calixte avait l’impression d’avoir droit à un second vœux du Solstice, et regardait la silhouette harassée de Kat comme s’il s’agissait de Lucy en personne. Cet Ordre, que la jeune femme avait rejoint, semblait particulièrement lui tenir à cœur et il était évident dans sa manière de le présenter qu’elle devait y avoir un rôle soit très polyvalent, soit important. Dans tous les cas, la passion qui sous-tendait son discours, même voilée de cette fatigue persistante, ne faisait qu’ajouter de l’huile sur les braises de l’intérêt toujours plus grand du-de la soldat-e. Il y avait là un trésor de mystères attirant sa curiosité comme la flamme séduit le papillon, et iel était plus que prêt-e à s’en saisir pleinement à deux mains même au risque de s’y brûler. Surtout que, de ce qu’iel en comprenait, le fonctionnement de l’organisation était relativement sans risque pour ses membres en dehors des quêtes. Une réalité guère éloignée de ses propres assignations.

    Un coin de son cerveau lui chuchota qu’intégrer ce réseau lui permettrait peut-être, à terme, de garder un œil sur ses agissements, et ce n’était pas non plus négligeable. Iel ne se souvenait pas d’avoir croisé le nom d’un Ordre chasseur de reliques dans les lourds dossiers prioritaires du pôle d’espionnage, mais selon sa croissance il pourrait être de bon ton d’y garder un pied.

    - Je dois avouer que, au regard de tes informations sur l’Ordre, je suis tentée par ta proposition de le rejoindre. Tu as raison de croire que c’est le genre d’activité qui me plairait, répondit-iel en piquant une nouvelle frite sur le plateau entre eux deux.

    Kat commanda une nouvelle bière, et l’espion-ne se sentit à nouveau partagé-e. Il y avait là toutes les conditions pour profiter éhontément de l’état de faiblesse de son interlocutrice, et glaner un maximum de données sur ce qui pouvait l’intéresser. Mais quelque chose, dans l’imbroglio de leur relation étrange, lo retenait d’abuser de celle-ci. Même, plutôt au contraire, de s’inquiéter pour elle.

    - A nos futures chasses, trinqua-t-iel de son verre de jus de pomme contre la choppe nouvellement remplie de Kat, pour sceller son adhésion à la proposition de cette dernière. Est-ce avec toi, donc, que je partirai à la recherche des secrets d’antan ? Je serais déçue d’avoir d’autres partenaires que celle qui m’y a intronisée, taquina-t-iel en coulant un regard amusé sur son vis-à-vis. Même si ton épuisement apparent est peu engageant.

    Et comme l’on revenait sur le sujet du potentiel rôle d’informatrice de Kat auprès de la Garde, la légèreté de l’espion-ne céda sa place à davantage de sérieux. La jeune femme ne serait jamais qu’une bille de plus dans les rouages complexes du service de renseignements de l’institution, mais une bille aux facettes irisées de cet Ordre qui pouvait peut-être se révéler être un atout non négligeable, et teintée de cette pointe d’attachement que Calixte sentait croitre en iel pour ce personnage atypique et étrangement charmant. Les malheureuses bribes de méfiance inculquées, presque vainement, par ses années d’entraînement chez les espions lui soufflèrent qu’il s’agissait peut-être là, dans cette présentation touchante de Kat, d’un stratagème pour mieux lo berner, mais lo coursier-e choisit de les ignorer pour l’heure. A ses yeux, la prudence avait toujours eu moins d’attrait que la curiosité.

    - Ce serait forcément donnant-donnant, répondit-iel en haussant les épaules. Donc contre informations ou cristaux, selon ce qui pourrait t’arranger à ce moment-là.

    Dans la limite du raisonnable et de la légalité, mais iel n’insista pas sur ce point sur lequel iels semblaient être tacitement d’accord depuis le début de leur échange. Comme ses songes s’égaraient sur les méandres découlant d’une possible association, une folle idée, bancale comme à son habitude, effleura sa conscience. Et, le temps de quelques secondes, jusqu’à ce qu’iel céda pleinement à certaines de ses interrogations latentes, iel en considéra sérieusement la réalité. Jusqu’à ce que la réponse de Kat, bégayée de surprise, ne réattirât complètement son attention.

    Voilà qui expliquait la discordance qu’iel percevait régulièrement au contact de la jeune femme, mais qui soulevait toujours plus de questions dans l’esprit curieux de Calixte. Comment ? Pourquoi ? Depuis quand ? Iel n’eut cependant pas le loisir de laisser ces mots franchir l’orée de ses lèvres entrouvertes sur une moue étonnée, car Kat changeait déjà de sujet, comme embarrassée par celui-ci. Clignant des yeux, refermant la bouche, l’espion-ne considéra avec sérieux les interrogations de son vis-à-vis. C’était des remarques qui revenaient régulièrement sur le tapis lors de leurs rencontres, et la jeune femme ne semblait pas prête à accepter que ses agissements ne fussent que le fruit de ses commandements militaires.

    - La Garde, fit-iel à nouveau en haussant encore une fois les épaules. Je ne sais pas vraiment ce que tu veux que je dise d’autre. Le pôle logistique, la plupart du temps, pour mon travail de coursière. Souvent en renfort sur d’autres services. Notamment pour les enquêtes ; comme tu l’as vu mon pouvoir est pratique pour de l’infiltration. Donc je suppose qu’on peut dire les services de renseignement ? Clairement c’est là où ils préfèrent me mettre s’ils ne veulent pas que ma maladresse ne décime des bataillons de terrain, et si c’est calme côté travail postal.

    Ses doigts tapotèrent distraitement le bois de la table avant de trouver le cuir craquelé de sa besace.

    - Si c’est par rapport à mon intérêt pour toi quant au statut d’informatrice, au risque de briser l’impression d’exclusivité, je ne connais pas un, ou une, seul collègue qui n’ait pas ses sources, même si il, ou elle, ne sert la Garde qu’en récurant ses latrines, ajouta-t-iel de manière factuelle. Veux-tu que je ressorte le globe de vérité ? proposa-t-iel en se demandant si cela permettrait de lever le voile d’incertitudes de Kat.

    Habitué-e à son usage, aux vérités tressées de mensonges et aux mensonges drapés de vérités, Calixte ne redoutait pas l’emploi de l’objet magique, même si le questionnement de son vis-à-vis devait se montrer retors et ses réponses sportives. En dépit de sa maladresse, sa malchance et sa médiocrité globale, son entrainement d’espion-ne avait tout de même porté ses fruits. Ou, tout du moins, certains fruits.

    Ses mains soulevèrent le rabat de sa sacoche, mais iel ne s’empara pas du globe de vérité. A la place, iel attrapa une paire de bracelets jumeaux qu’iel déposa à côté de la planche de victuailles, en évidence de Kat. Il y avait là le contenu de pensées loufoques ayant germé un peu plus tôt, soutenu par la curiosité toujours hissée sur son piédestal et les prémices d’une certaine affection.

    - Pas de panique, je ne te demande rien de compromettant, taquina-t-iel avant de tapoter du doigt l’un des anneaux métalliques. Mais comme nous sommes toutes deux fort prises, et relativement injoignables rapidement – j’ai beaucoup aimé le principe du rat, mais honnêtement ça a été une galère sans nom – je te propose d’utiliser ces objets liés pour se « biper » au besoin. On peut définir en avance un, ou plusieurs, lieux et créneaux horaires de rendez-vous.

    Le regard intrigué de Calixte croisa à nouveau celui voilé de fatigue – et d’alcool ? – de Kat.

    - A moins que tu n’aies une adresse fixe fiable, et que cela te convienne de venir me chercher directement aux casernes de la Garde ?

    Bien qu’iel eût développé pour la jeune femme un attachement non niable, persistait une touche de méfiance salutaire qui gardait loin de ses lèvres les coordonnées de la Volière aux Dragons. Pour le moment, Kat appartenait uniquement à sa vie officieuse, et iel ne souhaitait pas la rapprocher de sa réalité moins ombrageuse.

    Laissant la jeune femme réfléchir à sa proposition, l’espion-ne goba une nouvelle frite avant de poser de manière peu élégante ses coudes sur la table, et son menton sur ses mains jointes. L’ambre étudiant toujours le visage défait lui faisant face.

    - Plus que des cristaux, ne serais-tu pas intéressée d’informations concernant… ta situation ? finit-iel par demander d’une curiosité teintée de douceur. Ou en as-tu fait le tour ?

    Kat avait dit « coincée ». Et plus qu’une crise d’identité, Calixte avait l’impression qu’il y avait là une histoire d’enchantement, de pouvoir ou de maléfice. La présence bourrue de la jeune femme dissonait avec son apparence aux entournures soignées, et iel était plus prompte à croire que les deux étaient initialement bien distinctes.

    - Je ne suis clairement pas experte en la matière, mais les tiroirs de la logistique regorgent de ressources concernant les poitures du domaine médical, et de celui de l’enchantement. Ils regorgent aussi des noms de ceux à prix dérisoires, aux pratiques expérimentales – voire douteuses – et versés dans l’art du silence. Et puis, il y a le Conservatoire. Ou le siège de l’Académie.

    Le premier, qui s’intéressait à la relation entre magie et être humain. Le second, qui englobait plus largement l’avancée et les recherches de tous les domaines exploitables en Aryon. Deux instituts qui rassemblaient ainsi nombre de savants émérites, dont certains probablement instruits et versés, de près ou de loin, dans des sujets proches de l’affliction qui touchait Kat. Et qui, avec les bonnes recommandations, pouvaient peut-être ouvrir leurs portes et leur savoir à une jeune femme coincée dans le corps d’une autre.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: A la mesure du passage des astres
    Lun 29 Nov 2021 - 16:57 #

    À la mesure du passage des astres

    Inaros


    L’alcool. Ce breuvage qui déliait les langues et qui offrait au mercenaire la sensation de planer. Un long moment s’était écoulé depuis que cette discussion avait débuté, et un plus long moment encore depuis qu’il avait commencé à boire. Non content de réchauffer ses membres qui n’étaient -finalement- pas vraiment les siens, Inaros profitait aussi d’une incroyable sensation de bien-être. Rien ne lui paraissait insurmontable. Encore moins maintenant qu’il savait qu’il avait réussi à harponner Kit sur l’Ordre. Il était saoul, mais pas encore dénué de ses capacités cognitives. Du moins, pas totalement. Et plus pour très longtemps. Et puis, son interlocuteur.rice dégageait une aura rassurante, presque de confiance. Un peu plus et il sombrait dans la confidence, si ce n’était pas déjà fait.

    Sa choppe rencontra celle de Kit une nouvelle fois et, non sans avoir renversé quelques gouttes sur la table à cause d’un coup de poignet bien trop vigoureux et mal calculé, il la leva à hauteur de visage pour que le liquide destructeur s’infiltre une nouvelle fois entre la barrière de ses lèvres. Sa gorge était toujours un peu arrêtée à cause de l’amertume de la bière, et, dans un claquement sec, il la reposa avec maladresse, victime d’une quinte de toux.

    - Oula…, marmonna-t-il en essuyant une larme qui venait de perler au coin de sa paupière, Tu f’ras ça avec qui tu… Il toussa encore une fois. ... Voudras bien l’faire, surtout ! Mais, t’inquiètes pas, y’a qu’des bons dans c’t’équipe !

    Et puis, il y avait toujours le sujet concernant sa position d’informateur pour la Garde. Il réussit à esquisser un sourire en coin, se rabattant sur quelques-unes des friandises qui n’avaient pas encore été dévorées. Il était satisfait de savoir qu’il avait une marge de manœuvre supplémentaire pour se faire un peu de cristaux, ou récupérer des informations. Lucide, mais plus pour très longtemps.

    - … T’façon, c’est pas comme si on allait balancer des trucs problématiques, l’un comme l’autre, lâcha-t-il alors qu’il savait pertinemment qu’il était le premier à dissimuler des secrets et à laisser planer des non-dits.

    Était-il le seul ? Son état ne lui permettait pas de percer les mystères qui entouraient le soldat. La soldate. Ses pensées se brouillèrent davantage et il ne put dissimuler sa stupéfaction lorsque Kit lui montra le bracelet et lui expliqua comment il fonctionnait.

    Les risques de l’accepter étaient importants. Il fallait qu’il réfléchisse à un moyen de le dissimuler aux yeux de la sculptrice et de l’empêcher de le porter lorsqu’elle était en possession du corps. Qui sait ce qu’elle pourrait bien transmettre avec ? Mais il était aussi impensable pour le mercenaire de donner l’adresse de sa planque, celle-là même où il avait grandi avec Stentor, ou bien l’adresse de l’Atelier. Il avait aussi tout un pan de sa vie à dissimuler et qu’il n’était pas encore prêt à partager avec quelqu’un qu’il n’avait croisé qu’en de rares occasions… Enfin, c’est sans doute ce qu’il aurait pensé en étant sobre.

    - Ouais OK ! S’exclama-t-il en récupérant le bracelet qu’il examina sous toutes les coutures. Il était simple, sans fioriture et les couleurs lui plaisaient. Quand ça s’ra son tour, me suffidra de le planquer. C’est plus pratique.

    Il accrocha le bracelet à son poignet et le mira pendant quelques minutes, où il garda un silence presque religieux. Il essayait d’aligner ses pensées, ne s’étant pas rendu compte de son lapsus révélateur et qui allait de pair avec ce qu’il avait dit quelques instants plus tôt. Kit, lui, s’en était clairement rendu compte et avait essayé d’apporter son lot de solutions au problème du mercenaire. Il ne connaissait que trop bien sa situation et il savait pourquoi -et comment- il avait atterri dans ce corps. Son dos percuta le dossier de sa chaise et il croisa les bras contre sa poitrine. Il essayait de se concentrer mais son visage trahissait aussi nettement l’état qu’il avait développé tout au long de ce moment.

    - J’ai fais l’tour autant qu’j’le pouvais en étant coincé dans c’putain de corps. S’emporta-t-il soudainement. Il déversa un flot de paroles. En fait c’est… C’pas mon corps. C’lui d’une autre. T’as dû l’deviner. T’as dû l’voir vu comment j’parle et j’me tiens. T’crois qu’elle parlerait comme ça elle ? Pfeuh qu’non. Mais ça d’vait marcher. J’devais pouvoir m’ner cette vie tranquille mais rien n’a marché. J’dois partager c’corps tous les deux jours ptain.

    Il frappa la table avec son poing, furieux. Il extirpa ensuite son peigne magique de son sac, inarrêtable, et montra la véritable apparence de la sculptrice à Kit. De longs cheveux blonds et des bandages en moins pour dissimuler son visage fatigué. Il était à découvert..

    - Ça. Ça, c’est elle. Et mon corps, l’est enterré ailleurs. Haha ! Et bordel, qu’c’est dur ! J’ai l’impression d’plus exister. Et tu penses qu’un d’ces pathétiques enchanteurs enfermés dans leur tour d’ivoire pourrait faire l’taff ? J’fais c’que j’peux pour mener une vie normale. Mais j’peux plus. On peut pas s’blairer avec l’autre. C’est d’venu insupportable. Même avec tous mes efforts. J’veux juste que ça s’arrête. Qu’elle dégage ou qu’je dégage. Un d’nous deux doit partir.

    Ses yeux étaient embués de larmes et quelques unes coulèrent le long de ses jours qu’il essuya, d’un geste brusque, avec le dos de sa dextre.

    - Kit, je… Putain, c'est ridicules ces noms. J’suis Inar… Nikolaos. Ou Niko.

    Il éclata soudainement de rire, comme si la folie s’était emparée de lui. Son regard lui, était désespéré et semblait presque lancer un appel au secours.

    - Alors, sauf si t’as la trace d’un artefact qui m’permettrait d’pouvoir r’trouver mon corps, j’pense pas qu’aucun habitant d’ce Royaume soit assez puissant pour contrer l’pouvoir d’celui que j’ai utilisé pour m’mettre dans c’te situation. Ou alors un mec qui pourrait m’aider à bosser dessus, avec la p’tite activité dont je te parlais… On a des reliques prometteuses mais faut encore les comprendre.

    Il respirait vite et fort. Il ferma les yeux, le monde se mettant soudainement à tanguer autour de lui. Il posa la main sur son front et inspira profondément à plusieurs reprises pour se calmer. Il fut pris d’un haut-le-cœur et leva la main près de Kit en guise d’excuse. La bière… marmonna-t-il.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: A la mesure du passage des astres
    Mar 7 Déc 2021 - 18:11 #
    Calixte observait avec fascination et alarme la jeune femme se délier tout à fait devant ses yeux et à ses oreilles. Ô comme il aurait été aisé de la pousser, juste un peu, à révéler toujours plus les secrets visiblement nombreux drapant son âme jusqu’à l’étouffer. Comme il aurait été aisé de la guider jusqu’à ses retranchements les plus intimes pour se saisir de toutes ses nuances, de tous ses mystères, et surtout de tous les leviers permettant de la garder dans le contrôle de sa main. Mais la main de l’espion-ne, pour l’heure, occupée à tracer pensivement les reliefs sobres de son propre bracelet jumeau passé au poignet, ne s’intéressait guère au pouvoir de marionnettiste lui filant entre les doigts. Non. Au-delà d’un aspect moral qui avait depuis longtemps disparu chez iel, iel estimait qu’iel avait plus à gagner à ne pas forcer son vis-à-vis, à laisser leur relation s’ancrer sur un simulacre – mais en était-ce seulement un ? – d’affection respectueuse. Et puis, en dépit de sa curiosité exacerbée par les propos décousus de Kat – Inar, Nikolaos, Niko – iel aurait largement l’occasion de se pencher sur ces bribes de révélations sibyllines.

    Ainsi, sirotant distraitement son dernier verre de jus de pomme et finissant quelques amuse-bouche de la planche posée entre iels deux, lo soldat-e se concentra sur les subtiles différences physiques présentées par Kat comme « l’autre », et nota mentalement toutes les informations que celle-ci, apparemment de plus en plus enivrée, lui lâchait à la volée. Toutes ces données finiraient très certainement dans les pages bien gardées de son livre mémoire, entre celles évoquant l’ombre fuyante de la Maître-Espion, le Sbire. Et puis, à n’en point douter, s’étofferaient-elles de celles qu’iel irait récupérer sur le terrain concernant l’alter-égo de Kat, et celles glanées des archives du pôle espionnage sur Nikolaos. Niko. Inar. Mais, actuellement, il y avait plus urgent. Comme, par exemple, le mal-être grandissant, formidablement exposé par l’alcool, de celle-ci et ses haut-le-cœur menaçants.

    - Je pense qu’il serait de bon ton de laisser notre amie « la bière » tranquille pour la fin de la soirée, décida Calixte en attrapant la choppe nouvellement vidée de Kat pour l’amener loin de ses doigts et éviter qu’elle demandât à un serveur de la reremplir.

    Vu la dextérité émoussée de son vis-à-vis, iel ne craignait guère son opposition ni ses éventuelles représailles actuellement aussi féroces que celles d’un chaton étourdi.

    - Tiens, avale ça. C’est une pastille nausipause, précisa-t-iel notant la lueur fugace mais présente d’un reliquat de prudence effilochée dans les prunelles vacillantes. Mon état actuel est assez sensible à tout un panel d’odeurs et d’actions, et il est hors de question que ton chemin et le mien se finissent en longues trainées de rejets à travers la ville. D’ailleurs…

    Comment diable Kat allait-elle rentrer jusqu’à chez elle ? Assurément savait-elle se défendre et était-elle débrouillarde, mais pas avec son alcoolémie présente la rendant encore plus maladroite que l’espion-ne et ses sens aussi alertes que ceux d’une huître. Et bien que sa vivacité d’esprit fût visiblement émoussée, certainement n’apprécierait-elle guère que Calixte l’accompagnât jusqu’à l’adresse de son point de chute usuel.

    - La taverne est jumelée à une auberge adjacente et à l’étage, je vais voir s’il leur reste de la place, poursuivit-iel en se levant et avisant le comptoir un peu plus loin. Tu peux tenter de mettre les voiles, mais je suis à peu près certaine que même cet homme obèse et dyspnéique serait plus véloce que toi. Pas d’excuses ; je n’ai pas très envie de perdre aussi vite et bêtement une de mes indics et ma porte d’entrée dans l’Ordre, ajouta-t-iel en agitant un doigt faussement menaçant devant le regard instable de la jeune femme.
    Eli, veille sur elle pendant que je vais régler et chercher une chambre pour Kat, indiqua-t-iel à son teisheba qui se glissa hors de sa besace pour se positionner sur la table et couver sa cible d’un regard hautain.

    Lorsqu’iel les retrouva après avoir fait ses affaires, le familier et son vis-à-vis se contemplaient en chiens de faïence. L’un immobile dans une posture altière et peu amène, l’autre dans une indolence propre au mélange détonnant de fatigue et d’éthylisme poussés. Avec délicatesse, Calixte passa son bras sous celui de Kat et l’amena contre iel pour quitter la salle à l’ambiance oisive et la guider vers les hauteurs de l’établissement. Les escaliers furent un défi à part entière, mais iels réussirent tant bien que mal – et avec quelques heurts contre mur et rambarde – à hisser les pieds peu coopérants de l’alcoolisée jusqu’en haut des marches. A l’image de l’enseigne, les pièces de repos étaient propres et fonctionnelles quoi qu’exiguës. Et si lo soldate n’avait pas obtenu de chambre individuelle, iel avait négocié un lit providentiel dans un petit dortoir de six places avec casiers sécurisés par clef. Ce fut là qu’iel déposa avec douceur son paquetage mi-humain mi-baba au rhum, et qu’iel l’aida presque maternellement à se glisser sous les draps. S’attardant une poignée de secondes hésitantes contre le rebord du matelas, bordant pensivement la couette aux motifs glooby autour de la forme échouée de Kat, iel observa la résignation chagrine qui semblait s’être coulée la place de la colère morose de plus tôt.

    - Dors, Niko, finit-iel par murmurer, chassant les sentiments grandissant bien trop précocement au cœur de sa chair et amadouant son être. Tes soucis peuvent attendre une nuit de plus. Bipe-moi si tu as besoin, conclut-iel avant de s’éclipser d’un pas songeur en faisant signe à son familier de lo suivre.

    [[Vreneli crépita légèrement au-dessus de la silhouette inerte, marquant dans son esprit cet étrange énergumène manquant encore plus de coordination que Calixte, puis d’une impulsion magique s’éloigna à son tour pour trouver la main joueuse de cellui-ci et y cabrioler quelques secondes folâtres avant de retrouver le refuge confortable de la besace.]]

    ----------

    Apolline profita du passage d’un père et sa fille pour entrer à son tour dans la boutique sous le tintement de la cloche, roulant joyeusement entre les pieds des clients et des étals. Il semblait que la boutique de créations de verre était en plein essor, et que l’atmosphère chaleureuse de sa partie salon de thé comblait les âmes patientant le temps que leur commande fût préparée. Néanmoins, l’espace était actuellement relativement plus tranquille que sur les créneaux où la tenancière invitait la foule à l’admirer à l’œuvre, et l’âme artificielle n’eut aucun mal à se glisser dans tous les recoins publics de l’atelier. Elle était déjà venue furtivement dans la rue, et dans certaines vitrines adjacentes, accompagnée de Calixte dissimulé sous des traits à chaque fois différents. Et avait déjà eu l’occasion de contempler l’art de la vendeuse. Néanmoins, la petite trousse de cuir appréciait pouvoir l’observer de plus près, et fredonnait gaiment un air paillard en passant d’une sculpture à l’autre. Evidemment, le coursier s’était présentement coulé dans le délicat bracelet doré enlacé à sa boucle, profitant de l’errance indiscrète de son espionne de fortune.

    Après avoir quitté Kat, il avait hésité à surveiller les abords de l’auberge pour filer la jeune femme une fois qu’elle se serait remise en mouvement, et puis il en avait décidé autrement. En dépit des révélations de celle-ci, il n’avait pas tout saisi de sa situation complexe, et n’avait pas tenu à faire d’impair aussi rapidement malheureux. Néanmoins, fort de la description partielle donnée par Kat et surtout de la silhouette qu’elle lui avait présentée, Calixte avait pu combiner l’usage d’objets magiques – notamment de sa boule de vision et ses bagues de communication animale – pour retrouver la trace de l’alter-égo de celle-ci jusqu’à finalement, au terme d’une petite semaine de travail officieux, la repérer. Et c’était ainsi qu’il s’était mis à étudier Ivara Streÿk, tisseuse de verre.

    L’âme artificielle s’arrêta devant la silhouette audacieuse d’un vase aux formes étriquées, et siffla quelques notes admiratives. Au-dehors, les dernières lueurs du soleil laissaient peu à peu place aux reflets bleutés du crépuscule, faisant miroiter les sculptures d’éclats avantageux. Devant la vitre, emmitouflés contre le froid encore bien mordant, quelques badauds s’arrêtaient pour contempler le phénomène, hésitant à se laisser séduire, puis reprenaient leur chemin d’un pas pressé. Bientôt la plupart des commerces fermeraient leurs portes pour rendre leur activité aux enseignes coutumières de la nuit, et chacun avait à cœur de profiter de ces dernières heures affairées pour réaliser la liste des impératifs de sa journée. Remontant le fil des présentoirs comme les clients de l’échoppe finissaient leurs douceurs, complimentaient la tisseuse tout en maintenant contre eux de manière possessive les paquets qu’elle avait pu leur remettre, et poussaient le battant de la porte pour rejoindre le mouvement incessant de la foule vespérale, Apolline attendit que la jeune femme fût moins occupée pour s’avancer complètement à sa rencontre.

    Suite à sa dernière entrevue avec Kat, Calixte s’était saisi des ressources du pôle d’espionnage pour étoffer ce personnage complexe de données un peu plus concrètes. Se souvenant du sous-entendu morbide de la jeune femme concernant « son corps enterré ailleurs », il avait épluché les listes d’actes de décès d’Aryon au prénom de Nikolaos et Inar. L’affaire lui avait rogné un certain nombre d’heures de sommeil, mais la curiosité lui avait fait retenir une quinzaine de personnages dans les documents à sa disposition. Rien, cependant, ne lui avait permis jusque-là d’affiner davantage ses recherches. Rien, sauf peut-être Ivara Streÿk, qui restait encore un mystère à part entière. Sur la jeune femme, le coursier n’avait pas encore pu rassembler un dossier significatif. Il n’en avait pas eu le temps – certains documents demandant un peu plus de patience et d’organisation – et ne l’aurait certainement pas avant l’expédition qui se préparait pour appréhender l’île volante apparue au-dessus des terres méridionales du royaume. Aussi s’était-il pour l’heure contenté de quelques observations fugaces, à l’occasion de certaines circonstances opportunes. Et, présentement, celles-ci se nommaient Apolline.

    - Hé c’est toi Ivara Steack ? C’très-hic ? Strike ? Ouais, nan, ça sera Ivara Strass, ma belle, décida la trousse en effectuant d’enthousiastes circonvolutions sous le nez de la jeune femme. J’ai un partenariat à te proposer poussin. Assieds-toi sur ta ravissante paire de gluteus et prends des notes.

    Parce que si Calixte espérait appréhender le personnage d’Ivara Streÿk pour son lien avec Kat, l’âme artificielle était bien décidée à développer certaines branches annexes de ses œuvres grâce à l’artisane. Notamment, la possibilité de figurines et sculptures lascives inspirées de ses romans. Apparemment, sa clientèle attendait avec impatience ces dérivés. « Le marché du futur », lui avait même promis l’un d’elle.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: A la mesure du passage des astres
    Lun 17 Jan 2022 - 0:32 #

    À la mesure du passage des astres

    Ivara


    Des souvenirs de cette fin de soirée, Inaros n’en conservait pas beaucoup. Tout était un peu trouble et, lorsqu’il essaya d’y repenser les jours qui suivirent, il ne voyait que les nombreux verres -de bière seulement- qu’il avait enchaîné en parlant avec lo garde, Kit. Seul le bracelet jumeau qu’il avait récupéré lui avait permis de se rappeler la plus grande teneur de leurs échanges.

    Ivara, pour sa part, s’était réveillée dans une auberge et avait, à raison ou non, encore plus cherché par tous les moyens de nuire au mercenaire. Elle avait longuement ausculté son corps, cherchant bleus, contusions, marques d’agressions en tous genres ou d’actes sexuels. Elle n’avait rien trouvé et, en fouillant un peu dans sa mémoire, elle saisissait, très brièvement, les contours flous d’un visage androgyne et d’un ventre rond. Inaros fréquentait les femmes enceintes, maintenant ? Elle avait passé sa journée à ruminer contre l’homme qui squattait son corps.

    Quelques jours s’étaient écoulés depuis, et elle avait essayé, lorsqu’elle était présente, de couler des jours plus paisibles et, surtout, avait demandé à Inaros d’éviter de la faire se réveiller dans des lieux inconnus. Avec cette incartade, il avait rompu une des règles les plus sacrées, ce que la sculptrice n’était pas prête de lui pardonner. En fait, elle le sentait bien, elle en avait marre. Cette situation l’épuisait et, tout ce qu’elle avait de mieux à faire se trouvait juste en bas de chez elle : son Atelier.

    Elle s’y donnait corps et âme. Quelques cicatrices, plus ou moins anciennes, s’étaient inscrites dans la chair de ses paumes et elle sculptait encore bien après que le soleil se soit couché. Elle mangeait à peine, sachant bien que le mercenaire pourrait gérer cette partie de leur vie, et ne dormait plus. Elle espérait qu’en agissant ainsi, il ne serait plus en mesure d’utiliser son corps pour effectuer ses basses actions. Elle espérait, mais elle ne pouvait rien faire. Il lui était impossible d’agir et, pis encore, elle n’avait alors encore personne à qui se confier. Est-ce que sa technique fonctionnait ou le mercenaire était-il dans une période plus tranquille ? Elle ne savait pas, mais elle ne s’était plus retrouvée dans des situations embarrassantes depuis lors.

    Ce jour-là n’était pas différent des précédents. Elle avait accueilli plusieurs clients et, avec l’aide de la jeune assistante qu’elle avait embauché quelques jours auparavant, Nessa, elle arrivait encore mieux à gérer l’autre aspect de son commerce : le salon de thé. Elle avait même tout loisir de pouvoir remplir un peu d’administratif, ce qu’elle avait appris à gérer avec son père lorsqu’elle l’aidait dans sa propre boutique. Ah, la comptabilité ! Quelle merveille que toutes ces petites lignes, qui contenaient plein de noms et de numéros, qu’elle avait consciencieusement noté ! Cachée dans l’arrière-boutique, elle reposa son crayon et soupira en constatant que les bénéfices qu’elle dégageait n'étaient pas des plus prolifiques ces derniers temps. C’était même tout le contraire, et elle commença à s’inquiéter de l’avenir de la petite artisane qu’elle avait embauché. « [color=#07B9A7[J’y réfléchirai plus tard, allons aider Nessa ![/color]», se convainquit-elle au bout de quelques minutes d’intense réflexion.

    Elle trouva la jeune femme derrière le comptoir, et lui accorda quelques minutes de pause avant de lui indiquer de s’occuper exclusivement de la partie restauration. Désireuse de bien faire, Nessa acquiesça et disparut dans l’arrière-boutique. Ivara lui avait donné un peu de répit mais elle savait qu’elle utiliserait ce temps pour faire chauffer quelques bouilloires, vérifier l’état de cuisson de certains gâteaux, et plus encore.

    Elle remarqua alors le passage étrange d’une petite trousse de cuir qui, semble-t-il avait pris vie et se baladait près de ses sculptures. La sculptrice ne fut pas étonnée de voir cet objet, elle avait eu l’occasion d’en voir de semblables quelques temps auparavant grâce à son amie, Solveig, qui lui avait alors expliqué tout le principe des âmes artificielles. Intriguée, elle la regarda s’approcher et fut quand même surprise, ce qui se traduisit par un petit hoquet, lorsqu’elle l’entendit parler. C’était toujours bizarre, même dans un monde magique, d’entendre des objets supposés inanimés s’exprimer, mais c’était encore plus bizarre de ne pas les connaître et de les entendre les interpeller par son prénom. Enfin, presque puisque la trousse de cuir semblait s’être rabattue sur Strass au lieu de Streÿk. Comme si c’était compliqué de le dire !

    - Je, euh… Vous avez vraiment quelque chose à me proposer ? Vous n’êtes pas juste une… Une trousse ? Excusez-moi, je ne veux pas vous froisser…

    Mais la trousse, qui avait un parler franc et naturel, insista pour qu’elle s’assoit et réitéra sa proposition de partenariat. Ce mot avait de quoi faire reprendre contenance à la blonde, qui s’exécuta, non sans avoir permis à la trousse de s’installer confortablement face à elle.

    - Et bien, je vous écoute ! Mais, permettez-moi avant de connaître votre identité ?

    Oh, elle était loin de se douter que leur conversation était sur écoute et d’une manière qu’elle était bien loin d’imaginer. La trousse lui parla alors de ses attentes et, par plusieurs fois, Ivara lui demanda de parler un peu moins fort et toussa à plusieurs reprises pour ne pas que ses autres clients aient vent de la teneur de la demande. Mais Ivara, qui venait de faire ses comptes quelques dizaines de minutes auparavant, voyait, plus que l’amour de l’art, l’amour des cristaux danser devant ses yeux. Elle essaya, bien évidemment, de s’assurer que ses travaux seraient rémunérés. Elle ne pouvait pas se permettre de travailler dans le vent !

    Ils parlèrent longuement et elle se retrouva même un peu captivée par ce que lui racontait la trousse. Comment est-ce qu’une trousse avait pu écrire des romans, qui plus est érotiques ?

    - J’attends donc un exemplaire de votre ouvrage pour, euh, m’imprégner des personnages et de ce que vos lecteurs pourraient le plus attendre comme « produits dérivés », c’est bien ça le terme ?

    Ivara conclut l’un des partenariats les plus inattendus de sa carrière et probablement l’un des plus excitants - sans mauvais jeu de mots. Les lecteurs de l’un et les clients de l’autre pourraient aisément se croiser et avoir connaissance des projets de la sculptrice et des livres de la trousse. Un partenariat prolifique des deux côtés, même si Ivara n’eut jamais, ce jour-là, le fin mot de l’histoire : qui était réellement cette trousse et à qui appartenait-elle ?
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    Re: A la mesure du passage des astres
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