Bonjour Java Sarnaï Anggun,

Je ne sais pas vraiment ce qui est le plus poli à dire. Il disait que Sarnaï donnait des réactions intéressantes quand il parlait de vous, alors, je suppose, que c’est ce qu’il convient le mieux de faire. C’est un peu étrange d’écrire sur lui actuellement, mais comprenez, s’il vous plait, que c’est quelque peu compliqué malgré le temps. Est-ce que je dois plutôt tutoyer comme pour tout le monde dans le régiment ? C’est vraiment tellement étrange d’écrire tout ça, alors que j’ai l’impression de connaitre tellement sur vous. Mon cœur palpite tellement que j’en ai les mains moites, alors que c’est stupide et un simple bout de papier. J’ose espérer que vous accepterez de venir avec moi qui observer les étoiles au parc pour discuter un peu. J’avoue que mon cœur serait triste que cela ne soit pas le cas, mais je comprendrais aussi votre refus.

Avec toute mon affection,
Xylia Mavrocordato.

Tu t’étais senti stupide en écrivant ses mots sur un bout de papier avant-hier soir. Pourtant cela fait depuis la prise de fonction de la nouvelle lieutenant que tu penses à faire cela. Vraiment les Astres sont bien farceurs de la mettre sur ta route maintenant. Est-ce qu’ils se rendent compte de combien d’être de base au village perché à la place de la royale te fait être toute chose ? Que ravoir une personne si proche de Polycaon, la dernière personne à l’avoir vu en vie, celle que la commission à suffisamment protéger pour que tu ne puisses pas l’approcher avant sans prendre des risques pour ta couverture, aussi proche de toi allait mettre une telle quantité de sel sur les blessures d’un deuil que tu veux croire être loin et cicatriser. Vu le cauchemar à la suite du discours de Java c’est loin d’être cicatrisé, malheureusement pour ta fierté. Peut-être qu’en parler avec elle va permettre de faire que cela soit moins gênant. Peut-être pas, mais elle a des réponses à trop de questions que tu te poses pour ne pas tester cela.

C’est aussi pour cela que ton cœur bat aussi rapidement dans ta poitrine là tout de suite. Si ton frère avait été là et t’avais vu, il t’aurait demandé, avec son air moqueur, pour qui tu avais eu un coup de foudre. Tout pourrait faire penser à un rendez-vous romantique si on te regarde bien. Ta tenue, une tunique bleue, a été choisie avec soin, c’est ta plus propre et en bon état, celle que tu ne mets que pour les rendez-vous avec ta famille et que tu parfumes avec de la lavande. Ta coiffure t’as bien pris une heure pour que tout soit exactement à la place que tu souhaitais avec l’effet voulu, oui, même avec le peigne magique il t’a fallu encore et encore le passer dans tes cheveux pour être satisfaite du résultat, tout cela pour en revenir à un résultat assez proche de ta coiffure habituelle, juste moins en bazars. Dans tes mains un petit paquet qu’il te tarde de donner, des cornes de kaestu, un bon kilo pour le coup, une pâtisserie typique du coin, que tu comptes offrir à ton rendez-vous, ton frère parlait assez souvent de son appétit des plus important et que c’était ce qui la rendait la plus heureuse. Qu’est-ce qu’il y avait vraiment elle et ton frère ? Une question que tu devras lui demander.

La voilà qui arrive et ton souffle a un arrêt. C’est tellement déstabilisant d’être ainsi alors qu’en soi tu n’as entendu parler d’elle, à la base, que par les récits de ton frère pendant certaines permissions. Une coéquipière fiable et forte, peut-être ce qui se rapprochait le plus de sa meilleure amie, juste après sa femme. Quelqu’un surtout que votre famille ne lui avait pas imposé à fréquenté et qui visiblement se fichait comme de sa première couche du statut de ton frère. Un vent d’air frais plein de muscle comme il aimait plaisanter. Après une grande inspiration, les joues rouges de toute excitation par rapport à cette rencontre, tu la rejoignis et lui offrir ton cadeau. Le lui mettant presque de force dans les mains.

– Cadeau. Il disait que… enfin… Hum… J’espère que ce n’était pas déplacé, mais voilà. Ah ! Et bonsoir.

Oui, par contre si tu ne veux pas que cette rencontre se finisse en queue de poisson rapidement il va falloir que tu te calmes un peu chérie, parce que là tu es simplement ridicule. Elle est où la femme forte et indépendante que tu souhaites être ? Parti ramasser des fraises visiblement.

Tu ne t’attendais pas à avoir un cadeau. Tu ne t’attendais à rien en fait. Enfin plutôt tu t’attends à trop de choses pour que cela soit encore considéré comme des attentes. Là, on est à stade au-dessus de tout cela. C’est vous deux et lui en fantôme dans cette rencontre. Ta gorge sert avec un mélange d’appréciation, nostalgie, tristesse et une joie étrange. Il te faut un temps pour te reprendre et lâcher le miel qui des yeux, de toute façon il ne va pas se mettre à luire d’un coup en orange ou tu ne sais quelle couleur. Un petit rire te prend et tu secoues la tête.

— Ma grand-mère m’avait dit que quand il était tout petit il était persuadé que le miel de violette était bleu et qu’il prenait le vrai miel de violette pour un shampooing. Cela faisait hurler dans les cuisines qu’ils prennent un miel fait venu spécialement pour les soucis de gorge de mon grand-père juste pour ses cheveux. En plus il parait qu’il en mettait de partout et que c’était une horreur de nettoyer derrière lui…

C’est un des nombreux récits que tu entends parfois en rentrant à la maison. Quelque chose que rabâchaient beaucoup tes grands-parents quand il était encore en vie. Maintenant il n’y a plus qu’un regard triste de leur part en regardant les pots sur la table, mais il continue à l’utiliser toujours. C’est tellement étrange d’en reparler ainsi. Est-ce que ce n’est pas la première fois que tu peux vraiment le faire en fait ?

— En tout cas, merci, j’aime beaucoup ce miel. Et mange, j’ai le ventre trop noué pour avaler quoique ce soit sans vomir. Je n’ai aucune envie de te vomir dessus. Enfin, c’est normal ça, mais, enfin tu vois le truc quoi…

Tu as pris le pli très rapidement pour le tutoiement. Ce n’est pas le genre de chose où tu vas redemander mille ans si cela ne dérange pas la personne, on t’autorise, tu fais, tout simplement. Par contre il y a un sujet sur lequel tu tilt en l’écoutant.

— Pas Sarnia ? Non, parce qu’il disait que c’était la meilleure façon de t’appeler. C’était un surnom entre vous deux ? Comme le Popol ? Tous les deux vous étiez… Pas que je juge, enfin si, mais c’est votre vie et pas la mienne et puis c’est passé, mais j’aimerais savoir, par les Astres que ça va être gênant avec elle et son fils si c’est le cas, mais je dois quand même savoir parce que c’est important et que j’aimerais ne plus avoir certaine question, enfin tu vois ?

C’est bien, dans tout ton monologue, celui partant dans un sens puis dans l’autre avant de revenir sur autre chose, tu n’as pas pausé ta question. Tu sembles t’en rendre compte alors que tes pas te font aller vers la gauche, là où il y a une jolie vu d’un parterre de fleur éclosant seulement à la lumière de la lune et de gros cailloux pour s’asseoir en cas de besoin.

— Du coup, vous deux, est-ce que vous étiez amant ?

Pas de bisous est-ce que cela veut dire qu’ils couchaient sans ça ? Tu pourrais demander plus, mais tu te contenteras de cette réponse, cela n’a plus d’importance de toute façon. Cela ne le fera pas revenir et le savoir ne sera que plus amer face à sa femme si jamais Java avait été son amante. Pourtant tu le sais que l’ignorance est parfois un cadeau des plus précieux, alors pourquoi est-ce que tu es aussi stupide ce soir ? Surement parce que c’est pour parler de lui et que son ombre est encore bien trop présente dans ta vie.

— Ah ! J’utiliserais Java à l’avenir, pas de souci.

Parce que tu as eu la vision qu’on t’appelle comme ta mère, les regards des autres qui attendent que tu sois un peu plus comme elle, un poids qui te comprime la poitrine alors que tu ne fais que l’imaginé et rien d’autre. Tu l’écoutes raconter ses anecdotes sur ton frère et cela te fait rire franchement, surtout quand on sait les versions que tu avais eux toi de tout cela.

— Alors c’est ça qui s’est vraiment passé ? Parce que l’histoire de la chaussure perdue il m’en avait perdu, mais cela sonnait complètement autrement. Dans sa version vous étiez face à un trafic de messagerbou chapardeur qui s’en prenait au vendeur de fruits. Que vous aviez remonté le réseau qui était tenu par une vielle dame avec un pouvoir qui permettait de faire disparaitre tous les vêtements qu’elle touche sans rien ne pouvoir y faire et qui avait tout de l’ancien aventurier, presque un saphir avec la description. Qu’il y avait eu tout un combat épique parce qu’elle utilisait son armé de messagerbou pour vous mettre en déroute, mais aussi un puissant cerbère, vraiment il avait une façon unique de décrire en mimant tout le combat, on se s’y aurait presque cru. Puis sur la fin, il a fait diversion en envoyant sa chaussure pour enfin l’attraper, cela fonctionna, mais malheureusement sa chaussure fut perdue au combat… Vraiment, il adorait enjoliver ses missions ou erreurs pour me faire rêver, j’ai toujours su que c’était pas forcément vrai, mais je ne sais pas, cela me faisait plaisir qu’il fasse autant d’effort pour briller face à moi.

Même s’il n’y avait aucune façon qu’il ne brille pas pour toi. Il avait été ton soleil à toi dans cette famille qui avait du mal à te comprendre. Celui qui avait su voir en toi plus que la dernière pondue dont au final on ne sait pas trop quoi faire. C’est aussi pour cela que sa perte était aussi dure pour toi, même si le reste de ta fratrie te soutenait de leur mieux. Au final, très ironiquement, c’est sa mort qui vous a tous soudé, il n’y a que ta mère qui reste à poursuivre un fantôme et qui ne veut pas admettre qu’il est parti pour toujours. Cela fait du bien de parler de lui ainsi en tout cas.

— D’ailleurs, il m’avais parlé d’une fois où vous aviez battu une sirène qui chantait merveilleusement bien et qu’il avait du te sauver tellement tu étais sous le charme. Je me rappelle de la chanson qu’il avait reprise, attends, je te la fais.

Prenant place sur le rocher pour être plus à l’aise tu redressas un peu ton torse et te mis à chanter face à ton public, même s’il était assez peu nombreux.

— À la claire fontaine
M’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle
Que je m’y suis baigné

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai
 
Sous les feuilles d’un chêne,
Je me suis fait sécher.
Sur la plus haute branche,
Un rossignol chantait.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai

Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai.
Tu as le cœur à rire…
Moi je l’ai à pleurer.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

J’ai perdu mon amie
Sans l’avoir mérité.
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai…

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier,
Et que ma douce amie
Fût encore à m’aimer.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Il y a une manière enfantine un peu de chanté cela, mais cela t’amuses un peu. Même si en y regardant bien cette chanson qui parle de deuil n’est pas forcément la meilleure possible, pourtant c’est juste celle de l’histoire de ton frère. L’ironie du sort peut-être. Tu fixes Java dans les yeux et une nouvelle question sort de tes lèvres.

— Du coup, c’est quoi la vraie version de cette histoire-là ? Tu as vraiment fini au fond de l’eau et fait un combat aquatique une fois que tu as repris tes esprits ?

Au final, peut-être que savoir l’autre pan des histoires de ton frère n’était pas si mal.

Un rire tout doux, un peu comme le miel à la lavande que Java t’a offert sort de ta bouche. Son chant est pas des plus top, l’histoire beaucoup moins romancée que celle de ton frère, mais cela t’amuse tout de même. Il n’y a plus besoin que cela soit forcément épique avec plein d’explosion ou baston dans tous les sens pour te mettre de la poudre aux yeux. Même si, tu l’avoues, tu aimerais bien connaître les vrais faits d’arme de ton aîné. Au moins pour un jour les raconter à son fils avec la même passion que lui avait pu raconter certain de sien quand tu étais plus petite. Il avait toujours su raconter les histoires correctement, un vraiment bon grand-frère.

— Il ne parlait jamais vraiment de ses moments les plus épiques, c’était toujours ceux en duo qu’il racontait. Je n’ai pas souvenir d’une seule fois où il s’est mis tout seul en avant ou alors c’était dans une situation ridicule qui ne le faisait pas toujours passer pour un grand héros.

Plus pour un grand clown. Cela ne fait pas aussi mal que d’habitude de parler de lui. Non, là c’est plutôt plaisant même. Tu ne te rendais même pas compte cela te pesait de ne plus parler de lui de manière normale, comme s’il n’était pas mort. Comme avant et qu’il était simplement en permission. Quelque part, là tout de suite, une part de toi comprend un peu mieux ta mère et son déni, mais s’il reste douloureux à vivre et voir. Au moins cela n’a pas lieu sous tes yeux tous les jours.

— Après, c’est un peu de ma faute s’il modifiait ses histoires. On avait un jeu tous les deux. On donnait trois mots et l’on devait construire notre récit en les ajoutant dedans sans que cela fasse tache. Ce n’était pas toujours évident, mais j’avoue que j’aimais bien le faire. Parfois je lui racontais les dernières farces que j’avais pu faire à l’académie ainsi. Tu sais que la plupart du temps il pensait que j’avais juste une bonne imagination pour ce jeu ? Il était un peu naïf sur certains points…

Ou alors il jouait très bien le jeu. Après tout, mine de rien, il avait tout fait pour t’apprendre à être une bonne graine d’espionne avant même que cela ne puisse te traverser l’esprit comme voie à suivre dans la garde. Une idée te vient et le sourire aux lèvres tu proposes le jeu qui te vient à l’esprit à Java.

— Est-ce que du coup tu voudrais jouer à ce jeu avec moi ? Je te donne trois mots et tu me racontes une de vos anecdotes en les plaçant dedans, puis tu m’en donnes aussi trois et cette fois c’est moi qui te raconte une des versions qu’il a pu m’offrir de vos aventures en ajoutant les mots en plus. Après, si tu préfères que je parte moi sur un autre sujet, je peux aussi.

Cela ne te dérangeait pas, au pire tu inventeras de belles histoires pour détendre un peu plus l’ambiance de cette nuit.

— Du coup, en mot, je te propose… Hum… Orange, sapin et bûche. Autant faire simple pour le début !

Visiblement, elle se prend tout de suite au jeu. C’est tellement fluide dans sa manière de raconter l’histoire que tu as presque l’impression qu’elle a fait cela toute sa vie. Enfin, pas vraiment, en fait, c’est nul et on dirait un peu une enfant de dix ans qui raconte quelque chose de ton point de vue, mais c’est aussi cela qui est amusant dans ce jeu-là. En arrière-plan, dans les sons environnants autour de vous il y a une voix assez fluette qui semble chanter, cela t’interpelle un peu avant de reporter ton attention sur Java. Parler de tout cela semble lui faire autant de bien qu’à toi de l’entendre.

— J’irais un jour lui faire un coucou de ta part, cela sera amusant, peut-être qu’il aura lui aussi une autre version de l’histoire. Je t’avoue que celle-là m’était totalement inconnue. Pour le coup, j’ai celle parfaite pour enchaîner !

Tu te redresses un peu, la voix en fond se fait un peu plus fort au fur et à mesure, c’est une belle berceuse mine de rien si on se concentre dessus. Aucune idée de qui ne fait ses vocalises à cette heure si, mais cela ira bien avec ton histoire. D’une certaine façon, sans vraiment t’en rendre compte tu te mets à suivre le rythme du chant pour raconter l’histoire suivant, comme on raconterait quelque chose pour endormir les petits. D’ailleurs, tu vas commencer de cette façon.

— Il était une fois, deux gardes, un homme et une femme, d’une complicité rare. Aucun des deux ne semblait avoir le moindre secret pour l’autre, pourtant, une sombre affaire de vol de savon faisait rage. Ils ne s’accusaient pas mutuellement, mais l’homme était persuadé que c’était à l’aide de son pouvoir de duplication que le larcin horrible avait été fait. Pourtant, de l’autre côté, ça avait été de précieux mouchoir broder qui avait été dérobé. Les deux se crêpaient le chignon depuis le début de la matinée dans l’auberge qu’ils occupaient alors qu’ils étaient en route pour retourner à la garnison après avoir triomphé de voleur de crocpoule qui avaient au final été libérés tout seuls comme des grands après avoir attaquer le voleur en équipe. Au bout d’un moment l’aubergiste décide de mettre un terme à la dispute en proposant un concours de nourriture pour régler ce conflit somme toute stupide. Les deux acceptèrent et ce fut la femme qui vaincu haut la main le défis, mais elle ne s’arrêta pas de manger pour autant. Elle continua sans jamais se stopper, plat après plat sous le regard horrifier du gérant des lieux qui avoua être le voleur pour qu’elle cesse de le ruiner. Il avait fait l’erreur de dire que tant qu’il ne serait pas rassasié tous les mets seraient gratuits pour les deux participants. Il voulait faire un peu de spectacles à la base pour une animation dans son auberge et il finit avec les poches et cuisines vides.

Une fois l’histoire terminée tu retournes ton attention sur Java pour lui donner la suite de tes mots, mais à la place tu l’as trouve endormis. La voix en fond derrière s’est stoppée et tu fixes la Lieutenante sans trop comprendre.

— … c’était si chiant que cela ?

Parce que tu ne pensais pas raconter aussi mal les histoires, merde…

Un battement, deux battements, trois battements de paupière bien longs, comme au ralenti pour être certain de ce qui vient de se passer et soudain un petit rire qui sort de ta bouche sans aucune retenue. Pour le coup tu ne t’attendais pas un réveil dans ce style là. Cela n’est pas grand-chose, mais c’est agréable tout de même de savoir que ce n’est pas toi qui l’as endormi ou en tout cas pas complètement.

— Oui, je l’ai entendue aussi la chanson, mais je ne pensais pas que cela accompagné à l’histoire t’endormirais. Si ce n’était pas avec un aussi grand contre coup je te proposerais bien un coup de bot avec mon pouvoir, mais la fatigué après serais encore plus grande… Il m’avait dit pour le sommeil qu’une fois tu t’étais même endormi alors que tu allais mettre des moufles en fourrure de Solnar et que vous étiez en pleine patrouille. Une sombre histoire de pont et de singe aussi, mais ce n’était pas celle que je racontais. Au fait, si tu as des soucis pour dormir j’ai de bons remèdes pour cela, mon truc c’est un peu les soins aussi.

Tu ne veux pas lui demander de pourquoi elle a mal dormi. Parce que tu te doutes un peu, toi-même tu as eu du mal à trouver le sommeil à l’approche de cette rencontre. Ton cerveau a encore un peu de mal à savoir si ce n’est pas qu’un songe et qu’à tout moment cela va redevenir un cauchemar ou que tes yeux vont s’ouvrir sur le plafond de ta chambre et tout sera à refaire depuis le début.

Remontant le cours de ta mémoire tu lui refais, mots pour mots la fin de l’histoire après avoir mentionné pour la première fois le mouchoir. Le rythme est un peu plus rapide et cette fois tout du long tu fais attention à ce qu’elle ne tourne pas à nouveau de l’œil. C’est vrai que la fatigue se voit sur son visage et une part de toi s’en veut un peu de la retenir égoïstement. Une idée te vient une fois le récit terminé et, parce que ce n’est pas compliqué en plus, tu lui proposes.

— On peut aussi se revoir plus tard dans la semaine, juste on se revoit ici et on continue notre jeu, enfin, si tu es partante bien entendu. En plus on pourrait prendre de quoi grignoter et boire tranquillement. Avec tous les préparatifs pour le Solstice et ta nouvelle prise de fonction, il ne faudrait pas que tu flanches à cause d’une recrue un peu trop curieuse. Est-ce que cela t’irait ?

Après tout, si cela devient des rendez-vous réguliers cela ne serait pas un mal non plus. Cela mettrait ça un peu plus dans le concret de ce qui arrive là tout de suite aussi. Tu la fixes avec un éclat un peu de crainte au fond de ton regard. C’est fou de comment tu peux te sentir faible parfois dans toute cette situation et pourtant ne pas vouloir que cela stop pour autant.

Tu voudrais que toujours existe vraiment. Si ce mot n’était pas un mot, inventer pour simplement faire croire en un idéal impossible cela serait tellement bien. Cela te sert la gorge parce que lui aussi avait parlé de toujours et de promesse pleine de ce mot, mais au final la mort avait rompu toutes ses paroles plus fragiles que du cristal. Il ne sera pas toujours là pour essuyer tes larmes, il ne sera pas toujours là pour te féliciter, il ne sera pas toujours là pour te soutenir, il ne sera pas toujours là pour couvrir tes arrières, mais il sera maintenant pour toujours absent de ta vie physiquement.

Il y a une envie de pleurer qui monte dans ta gorge que tu réprimes autant que possible avec un de ses sourires que tu sais si bien faire. Ceux qui disent que tu es d’accord et parles plus que ta voix, pourtant tu fais un effort pour parler en même temps, lui dire qu’il n’y a aucun monde où tu ne veuilles pas la revoir. Elle est un peu une façon pour qu’il soit encore là un peu plus longtemps après tout. De ne pas le perdre avec le temps qui passe. La mémoire peut être parfois immonde pour te faire oublier des détails qui sont pourtant si importants des êtres chers disparus.

Java t’amuse, elle ne le sait certainement pas, mais sa façon d’être te donne le sourire. Magnus à fait un bon choix en la prenant en Lieutenant, mais si, clairement, tu as eu des doutes lors de son discours d’investiture et que tu t’es moqué de cela. Elle avait la confiance de ton frère et du coup un peu la tienne de base. Ce soir est juste magique, mais même pour toi cela est peut-être un peu trop d’un coup. Elle est fatiguée même si elle veut se montrer forte et toi tu as les nerfs à fleur de peau, mais l’idée du camping ici te plait bien.

Une prochaine fois, un prochain soir. Voilà ce que tu lui proposes avec toujours ton sourire le plus joyeux possible. Dormir dans vos chambres respectives, prendre un peu la mesure de ce qui est arrivé ce soir, préparer vraiment de quoi se faire un pique-nique et soirée pyjama en plein nature, même si ça reste dans ce parc. Puis le truc du thé te fait dire qu’il faut que tu en apportes du bon, pas juste des plantes pris au hasard pour faire une tambouille sans gout ou alors immonde. Peut-être qu’avec de la chance cela sera parfait, mais tu ne veux pas compter là-dessus.

Tu fais mine toi-même de bailler en disant qu’au final toi aussi la fatigue te rattrape, que cette gamine à la berceuse devait faire un effet assoupissant ou assouplissant, tu fais genre de ne plus savoir quel mot cela est exactement, puis avec une certaine précipitation, tu l’invites à prendre tout pour le camping le surlendemain. Le lendemain c’est trop tôt pour mettre tout de suite en ordre tout pour le prochain rencard. Tu as déjà en tête ce que tu vas prendre en sucrerie et boisson, parce que tu as clairement dit que tu t’occupais de cela, le tout sans alcool et que tu la laissais gérer le reste. Prenant ton courage à deux mains, juste avant de partir tu lui offres un câlin furtif avant de filer aussi rapidement que tu le peux à la garnison. C’est cliché, mais tu en avais besoin avant de partir.

Tu dormis mieux cette nuit-là et la suivant que celle que tu avais pu avoir avant depuis que tu avais toi-même envoyé cette missive. Le surlendemain, les bras charger de ton paquetage soirée en plein air, tu allais, encore une fois au pas de course, sur les lieux du rendez-vous. Cette fois tu étais bien plus détendu que la première fois, bien moins apprêté comme un rendez-vous galant et il y avait bien plus de nourriture et de boisson. Cette fois, toi aussi tu mangerais, le stress ne rongerait pas tes nerfs.

Tu cours presque pour rejoindre Java, tu as mieux dormi, mais tu as toujours le cœur qui bat la chamade à l’approche de cette nouvelle rencontre. Pourtant cela devrait être plus simple, c’est la seconde fois. Elle a déjà accepté la façon dont tu es visiblement et c’est un peu comme si tu la connaissais déjà quelque part avec toutes les histoires de ton frère. Tu sais très bien refouler en toi ce qui dérange et ton sourire est bien en place. La comédie peut à nouveau commencer.

— Cela va super bien ! J’ai apporté plein de sortes de thé qui sentent trop bon et que j’ai arrangé moi-même, à la base ils sont là pour mes soins, mais il y a aussi des coups de boost et juste je trouve qu’ils sentent bon. Bon, après, si tu es plus alcool, j’ai une bouteille de vin qui vient de… hum… un bureau d’un gars trop souvent aviné de mon avis chez les grattes papiers du régiment. Pastis n’est pas méchant, comme beaucoup de personnes ici, juste son souci de boisson est grave, sa femme nous remerciera de ne pas lui rendre sa bouteille, promise !

Peut-être pas jusque là, mais c’est vrai que ce n’est pas elle qui vous fera un procès pour avoir moins de vomis sur elle quand elle apporte son repas à son homme. Cela avait tellement pué la dernière fois, pauvre femme.

— J’ai aussi des jus de fruits des producteurs du coup, ils sont pas mal. C’est des gouts qui changent des archipels ou de ceux de la capitale. Sinon, je mange de tout, du moment que cela me remplit correctement le bide et que j’ai de l’énergie après c’est ce qui m’importe le plus. Si c’est bon c’est un plus, mais après certain repas de l’académie je crois qu’on apprend tous à être mon exigeant sur ce qu’on a dans nos assiettes. D’ailleurs je me rappelle d’une fois où Poly avait rapporté un de ses repas de l’académie dans un sac fraicheur pour ma mère, elle avait hurlé sur le sujet pendant une semaine, ça avait été hilarant. Ça lui apprendra à dire que notre cuisinier n’était pas bon juste parce qu’elle avait pris un tour de taille, en plus ça lui allait mieux, enfin bon…

Tu babilles et t’installes, c’est aussi ta manière à toi de poser les bases de ton terrain de jeu pour la suite. Te remettre en confiance avant de reprendre le jeu, parce que tu veux le reprendre.

— Les fleurs sont jolies, de base ce sont des plantes, du moment qu’elles sont en vie j’aime toutes les plantes. Après, je t’avoue que si on pouvait voir les étoiles cela me conviendrait beaucoup plus. Je n’ai pas encore fait ma prière aux Astres en plus et les regarder en le faisait est plus… hum… fort ? Ça me fait sentir mieux grossièrement, enfin bon. Après c’est une histoire de religion et ça te gonfle peut-être, désolé pour ça. Après, vraiment, genre il y a un coin à fleurs plutôt sympathiques un peu plus loin, avec même certaine qui illumine dans le noir et avec un espace bien dégager pour vois le ciel. Puis je peux aussi aider à tout déplacer en plus.

Parce que vraiment, la proposition des étoiles, même si c’est égoïste, c’est ce qui te botte le plus et tu es déjà en train de voir pour comment déplacer la tente et la grille gourmand en te relevant.

— Et sinon, oui, les sacs sans fond ça aide pas mal, mais j’économise pour un me prendre un familier, ceux que je vise ne sont pas donner, mais bon, j’ai pu en voir en action pendant des assignations est c’est tellement classe et utile quand bien utiliser. Puis, chez les Faucon c’est mieux vu d’avoir un familier pour accompagner pendant les rondes. Au fait, toujours d’attaque pour le jeu ? Parce que si c’est le cas j’ai déjà en tête les mots pour commencer, ça fait boom dans mon esprit depuis hier soir, mais on verra ça une fois à nouveau installer.

Oui, chaque chose en son temps. Reprendre un peu ton souffle pour avoir autant enchainé ne serait pas mal en plus.

Tu avais pensé aussi à prendre quelque affaire chaude pour ne pas prendre froid, des ponchos vers et rouge offert par ta sœur. Un colis bien étrange que tu avais regardé longuement, mais qui importe, un cadeau est un cadeau, même si les choix de couleur te laissaient perplexe. Tu en sortis un de ton sac et t’habillas avec tout de même une certaine fierté.

— Au fait, ma sœur m’a envoyé cela pour rester au chaud, elle n’arrivait plus à se souvenir ma taille et en a pris des plus grands au cas où. Cela fait de super chemises de nuit, mais bref, tu en veux un pour ne pas prendre froid ou servir de coussin ? La couleur n’est pas à mon gout du tout, mais ils sont super pratiques !

Puis, quelque part, il y a une part un peu enfantine qui souhaiterait porter le même vêtement que Java là tout de suite. Par contre, tu tiques un peu et fronces les sourcils de manière à que le renfrognement semble naturel, forcé un peu le trais ne fera pas de mal.

— Je ne suis pas une illuminée, si on veut crois, on croit, sinon, tant pis, c’est tout. Quelque part, c’est comme vouloir forcer une personne qui n’aime pas aliment à le manger tout de même. Tu risques plus facilement qu’on te le vomisse dessus qu’avoir un merci.

C’est un peu Bridget qui t’a permis de mieux comprendre cela. Il faut y aller de manière plus subtile et moins frontalement. La lieutenante avait eu ton respect et son culte avec, ta manière de parler des Astres était aussi plus douce maintenant, même si ça reste une évidence même pour toi. C’est les Astres à l’origine de tout, mais ce n’est pas le sujet du soir. Peut-être un autre soir.

Tu ris en voyant tous les petits cœurs en dessert et tes joues rougissent un peu, cela est amusant d’imaginer que tout cela est un rendez-vous galant. Elle n’est pas ton type de personne, mais cela t’amuse tout de même, puis elle est belle à voir même si ce n’est pas ce que tu recherches.

— Oh ! Je suis presque déçu que tu ne m’offres pas ton cœur en même temps, j’allais fondre avec de telle douceur moi.

Tout en disant cela, tu prends un chocolat et le manges avec un grand sourire, c’est un vrai plaisir à le sentir fondre sur la langue. Il y a même un cœur coulant à la framboise dans celui que tu viens de prendre, c’est des plus agréable. Un petit gémissement de plaisir sort de tes lèvres alors que tu avales le tout en préparant l’eau à chauffer pour le thé.

— Oui, Pastis, il doit se surnom à la fois où il a abusé de cette boisson-là et vomis sur sa femme qui était gentiment venue lui apporter son panier repas, il empester le vomi au pastis toute la journée et sa femme lui a vider une bouteille sur la tête à chaque fois qu’elle le croisait pendant un bon mois… Le tavernier du coin a fait fortune avec tout l’alcool dépenser. Pastis avait voulu faire condamner le tavernier pour les ventes des boissons, tout en laissant sa femme hors du procès, mais c’est lui qui est a fini avec une semaine de trou pour réfléchir de ses actes… Je ne comprends pas ce que sa femme fait encore avec lui, mais il semble savoir bien ramper et piétiner son ego pour lui faire plaisir et la garder… Avec ce genre de couple, comment vouloir se marier ? Franchement, pourquoi ça semble être le rêve de certains ? Polycaon disait que je comprendrais plus tard, mais plus j’avance, moins je comprends… Enfin bon…

Vous n’êtes pas là pour parler de cela, même si c’est un sujet que tu voudrais aussi aborder à un moment, juste peut-être pas maintenant. Puis il y a un jeu à reprendre en plus.

— Bon, pour le jeu, je vais te donner les mots. Cœur, fromage et boucton !

Le compliment est un peu étrange pour les ponchos, mais cela t’amuse plus qu’autre chose. Tu souris de toutes tes dents et prends place avec un certain plaisir au votre nouveau lieu de pique-nique. C’est parfait, beaucoup mieux, les étoiles ici sont visibles et prier pour elle sera beaucoup plus simple du coup. Presque comme une gosse tu attends d’entendre l’histoire de Java, cela te replonge en enfance, quand tu attendais la nouvelle aventure raconter par ton frère, une poupée ou un jouet entre les mains, les yeux pleins de magie et lui qui racontait tout ce qui lui passait par la tête. Il aurait dû être barde ou conteur d’histoire plutôt que garde si on regarde certains points de sa vie.

C’est un éclat de rire non contenu et plein de vie qui sort de ta bouche à la fin de l’histoire. C’est un peu comme si tu l’avais vécu sur le moment, un peu comme lui aussi l’aurait raconté. Enfin, c’est ainsi que tu t’imagines qu’il aurait pu raconter tout cela. Pendant quelque seconde tu te demandes ce que cela aurait donné si vous aviez pu faire ce jeu à trois et non à deux comme là. Avec lui ça aurait donné quoi ? Est-ce qu’il aurait ri aussi ? Est-ce que tu serais même ici actuellement ? Est-ce qu’elle en serait là elle aussi ? Pourquoi se poser ce genre de question qui fait si mal maintenant ? C’est simple, parce que ça ne t’avait jamais paru aussi vrai qu’en ce moment qu’il soit mort et que vous raconter certain de ces souvenirs pour ne pas l’oublie. Ton sourire ne fane pas pour autant, ce n’est même pas triste pour une fois, cela fait même du bien. C’est étrange non ?

— Vraiment tout cela pour du fromage à la base ? Enfin je dis cela j’ai bien eu tout une histoire avec une histoire des sous-vêtements ici… Enfin, ça, ce n’est pas l’histoire du soir. Voyons voir…

Tu te plonges dans tes souvenirs, fais remonter les histoires qu’il racontait, cherches celle qui correspond le mieux. C’est un peu étrange de le faire avec elle qui les a vécus, mais en même temps cela donne tout un autre angle et façon de voir cela. Puis ça en donne de nouvelles histoires en prime.

— Il m’avait parlé d’une assignation qui avait été donnée à la suite de plainte contre un barde. Cela lui semblait complètement stupide à la base d’avoir une vraie enquête pour un homme qui récitait des poèmes tout ce qu’il y a de plus classique. Seulement, après deux d’entre eux il s’est passé des choses étranges dans la taverne où vous étiez pour en apprendre plus sur l’homme, surtout qu’à la base aucune autre information que « Bouger votre cul, on veut des infos » n’avait été donnée.

Tu mets l’ambiance en place, avec presque la même flemme que lui quand il en parla, l’agacement dans la voix pour indiquer que cela avait été soulant de n’avoir rien, de nager en eau trouble d’un bout à l’autre sans rien pouvoir faire.

— Il disait qu’il allait manger un chaperon quand ce dernier a eu toutes ses plumes qui se sont mises à pousser et d’un coup se redresser du plat et courir dans tout les sens comme s’il avait toujours été en vie, juste sans tête. Héroïquement vous avez voulu défendre l’auberge du chaperon possédé, mais tout plein d’autres plats ont commencé à agir étrangement. Tout dans les assiettes semblait prendre vie, exactement comme dans les poèmes du barde, qui lui, sans aucun souci, continuait de les dire tranquillement. Il disait qu’il avait fallu une bonne heure de bataille contre la nourriture pour se rendre compte que ce type continuait de parler, sans s’arrêter e racontant simplement ce qui se passait.

Cela te fait un peu rire toute seule en imaginant la situation, parce que vraiment, quand il racontait cela les deux semblaient avoir été complètement à fond dans le combat contre la nourriture rebelle et avaient entrainé toute l’auberge avec eux en prime.

— C’est quand tout s’est arrêté d’un coup et qu’il a fait passer son chapeau pour la quête à la fin que tout le monde a compris que c’était son œuvre et qu’il a été arrêter, alors qu’il proclamait faire tout cela au nom de l’art. Il parait ensuite que c’est tout de même vous deux qui avez tout nettoyer et réparer chez l’aubergiste parce que vous considériez tous les deux y être allé trop fort, mais d’après lui, ce n’est pas de sa faute et uniquement des tiennes pour ne pas avoir retenu ton envie de manger manger l’ennemie et provoquer sa colère encore plus grande.

C’est presque comme si tu revivais la fois où il l’avait raconté la première fois, même s’il manque plein des détails qu’il te donnait dans ton histoire à toi. Seulement tous les ressortir ça fait un peu trop lui, ça fait un peu trop mal. Tu n’as pas envie de pleurer, pas en si bon début.

— Cette fois, corsons cela un peu ! Partons sur pirate, ours et courgette.

Cette fois tu te demandes bien ce qu’elle va arriver à trouver avec cela.