Pour le reste, la taverne reste fidèle à elle-même, nous avons gagné de la place avec cette disposition, nous pouvons aisément asseoir une cinquantaine de personnes par rapport au trente d'auparavant. Niveau rentabilité ce sera mieux mais, j'avoue que j'aspire à tout replacer comme avant assez vite, j'aime le confort et le calme relatif de mon établissement. Soudain on frappe à la porte, je vais vite ouvrir et accueille avec un grand sourire Faolan Sealtar! Le cuisinier et moi-même nous sommes rencontrés grâce à l'intervention de la directrice de l'orphelinat! Elle me l'a chaudement recommandé et je dois avouer que mes rencontres avec le jeune homme m'ont conforté dans cette idée!
"Bonjour Faolan! Merci d'être venu si tôt, entre je t'en prie!" Pas besoin de le présenter à Saryna, elle a fait pas mal de démarche avec moi donc ils se sont déjà rencontré. Je dois dire que la belle hybride a été d'un grand secours durant cette période de transition entre ma disparition dans ce naufrage et la réouverture de ce soir. "Comme tu peux le voir, on t'a fait de la place dans le fond. On va utiliser ces tables pour mettre le buffet comme convenu!"
Pas le temps d'en dire bien plus malheureusement car une nouvelle personne frappe à la porte. J'abandonne donc Faolan aux bons soins de Saryna et vais ouvrir la porte sur le livreur de la maison Arakne! Comme prévu Kâ m'a fait livrer une bonne quantité de tonneau de vin de son vignoble personnel! Je reçois la livraison et l'homme me fait savoir que mon ami passera certainement dans la soirée pour profiter d'un verre en bonne compagnie! Je sais que Kâ n'est pas forcément friand de ce genre d'animation - contrairement à son père - mais je suis heureux de voir que mon ami fait l'effort pour la réouverture de ma taverne. Finalement Kurt arrive avec son groupe et installe son matériel... Une bonne chose donc!
Les heures passent alors qu'on se prépare, finalement une heure avant l'ouverture je vais me changer afin d'être prêt le moment venu! Pour l'occasion je porte une chemise rouge qui reste naturellement ouverte sur mon torse musclé et un pantalon blanc. Ça change de la veste en cuir habituelle mais, pour l'occasion autant faire en sorte d'être bien vêtu. Les derniers préparatif sont fait, tout le monde est en place, j'ai même une magnifique serveuse pour une fois en la personne de Saryna! Tout va bien se passer! Nous ouvrons les portes et les premières personnes - des clients habitués - commence déjà à entrer alors que je les salut avec ma bonne humeur habituelle.
"Bonjour et bienvenu à l'aventurier téméraire!"
Quand Faolan arrive, nous sommes déjà présents pour l’accueillir et le laissons s’organiser. Devon lui parle de la disposition et quand ce dernier repart pour ouvrir de nouveau la porte, je m’assure avec notre invité qu’il aille tout ce qu’il lui fallait pour cuisiner à son aise. Je lui fais faire le tour rapidement du propriétaire et lui montre surtout l’endroit où la nourriture était entreposée. Bien évidemment, je vérifie quand même ce qu’il venait d’arriver et il s’agissait là de la livraison des tonneaux de vin. Ce qui touchait à l’alcool était du domaine de monsieur alors je ne m’en mêlais pas.
Bon, le temps file et tourne et il me faut encore me préparer. Alors j’embrasse mon aimé et file aussi rapidement que possible à la maison pour me changer. Ce dernier avait choisi une tenue pour l’occasion et en cachette, je me suis procuré des vêtements pour que nous allions bien ensemble. Alors j’ai choisi une tenue dont vous ne penserez jamais me voir à l’intérieur, mais, hey! C’est pour mon homme et si cela peut nous ramener un peu plus de cristaux, je ne vais pas dire non! Du coup, une fois prête, j’appelle Nephalie pour qu’il m’accompagne jusqu’à la taverne.
Nous faisons donc notre petite entrée et je fais comme si de rien n’était, alors que j’avais relevé ma longue chevelure en queue de cheval. Une jupe tailleur rouge met en valeur mes longues jambes bien qu’à mes pieds se trouve une simple paire de soulier doré pour accompagné la petite ceinture de la même couleur à ma taille. Et sur mon torse sciait un magnifique chemisier blanc à manches longues dont quelques boutons n’étaient pas attachés. Si Devon avait le droit de se montrer, moi aussi je pouvais le faire dans la limite du raisonnable. Nephalie se met donc à courir entre les tables à la recherche de quelque chose d’intéressant alors que nous faisons les tout derniers préparatifs.
Étrangement, je me sens nerveuse, j’ai peur de faire des bêtises, mais c’est en partie pour nous qu’on fait cela. C’est pour m’aider et c’est pour notre avenir ensemble. Alors tout peut ne bien qu’aller, non?
Alors, dès nos premiers clients entre, je me mets au côté de Devon et offre mon plus beau sourire et en même temps que ce dernier, je les salue. Bien évidemment je leur laisse le temps de s’installer à la table et comme il y a peu de clients, j’imagine que Devon voudra les saluer. Après tout, cela fait plusieurs semaines qu’il avait disparu. J’espère qu’il ne s’enferma pas derrière son comptoir sans prendre le temps de discuter. Ça ne lui fera que du bien.
Confortablement installée sur le rebord de sa fenêtre, l’aventurière observait le soleil crépusculaire couver de sa lueur vespérale les habitants de la Capitale. Ses jambes se balançaient dans le vide, heurtant les tuiles carmines de l’auberge où elle séjournait depuis deux longues semaines. Souhaitant reprendre la route pour le Village Perché le lendemain, Aelith avait décidé de passer une soirée reposante, enveloppée dans la chaleur d’un plaid cotonneux. Après son retour d’excursion au Temple, elle avait écumé les demandes de quête de la Guilde, dans l’espoir d’y dénicher quelques missions trépidantes. Malheureusement, elle n’avait rien trouvé de bien fantasque à se mettre sous la dent, si ce n’est une escorte de noble qui lui avait filé sous le nez.
Un rire gras attira son attention. Trois hommes aux cheveux grisonnants et à l’air jovial traversaient la ruelle en contrebas, en se bousculant gentiment. L’un d’eux croisa son regard.
« Hey Ael’ ! l’interpella l’un d’eux, qu’elle reconnut comme l’un de ses anciens compagnons de quête. Ça fait un bail. Tu fais quoi seule, en une si belle soirée, au bord de ta fenêtre ? L’Aventurier Téméraire vient de rouvrir, tu devrais te joindre à nous. Dans mes souvenirs, c’est pas ton genre de laisser passer une occasion de t’enfiler des chopes. »
L’Aventurier Téméraire hein ? Elle n’était pas une grande connaisseuse des tavernes qui pullulaient dans la Capitale, mais son nom l’attirait bien. Qui sait, peut-être que cette soirée briserait la monotonie des derniers jours qui s’étaient écoulés ? Elle était prête à tenter le coup. Tant pis pour sa nuit de repos, elle décalerait son départ de quelques jours.
Elle se laissa glisser le long du toit incliné, et atterrit aux côtés de ses futurs camarades de beuverie. La proximité de sa chambre avec la ruelle était une aubaine, qui lui évitait un passage par le vestibule et une conversation barbante avec l’aubergiste à l’odieux parfum floral. Sans parler de ses mouchoirs en dentelle qu’il secouait à tout va ! Aelith emboita le pas au petit groupe, tout en les écoutant narrer les derniers ragots emplis de mystère qui faisaient jaser le peuple.
L’Aventurier Téméraire, qui se trouvait dans une rue parallèle, fût atteint en quelques minutes à peine. D'une démarche chaloupée, la jeune femme pénétra dans la bâtisse boisée. Une salle accueillante, illuminée par la lueur tamisée de chandeliers, se dévoila à elle. Elle suivit ses compagnons jusqu’à la table centrale, où un groupe d’habitués était déjà installé. Elle salua au passage le gérant et une serveuse vêtue d’une jolie jupe écarlate.
« Bonsoir ! Hm, je vais démarrer la soirée doucement. Un hydromel, s’il vous plaît !»
Des tables recouvertes d’une nappe blanche au fond de la salle attirèrent son regard.
« Oh ! On dirait qu’un festin nous attend, ajouta-t-elle joyeusement. »
Il est assez songeur sur toute la future marche à suivre pour le travail actuel quand il quitte son logement du moment sous une alors qu’il commence à neige par sa faute. Il ne fait pas vraiment attention à cela, comme souvent avec sa météo, alors que Melta lui tente d’attraper les flocons encore et encore. La neige est toujours là quand il frappe à la porte de l’établissement et même s’il est heureux d’être aussi bien accueilli il est toujours des plus songeur et le neige continue à tomber encore et encore, même une fois qu’il s’installe pour préparé le buffet après avoir saluer poliment et avec plein d’entrain le couple.
Après il est un peu perturbé par la lettre qu’Asha lui a envoyée hier en même temps. Elle lui demandait simplement des nouvelles, pour lui, mais aussi Melta. Rien de bien grand ou important, mais c’est la première fois qu’elle fait cette démarche depuis la naissance du petit. C’est presque machinalement qu’il se met à commencer à préparer les plats alors que Melta joue tranquillement dans son coin avec Guimauve, leur glooby, lui racontant une histoire de poisson qu’il a péché avec un enthousiasme tout ce qu’il y a de plus enfantin.
La neige tombe toujours alors qu’il commencer à faire cuire les gloot farcis avec le maïs sur le grille. Pas un mot ne sort de sa bouche, il sifflote plus par habitude qu’autre chose et il cherche quelque réponse dans sa songerie. Peut-être que préparer les coupelles de salade de fruit frais de saison ou encore les sirops de fruit pour de futur sorbet à la demande lui changera un peu les idées. Peut-être, mais en attendant il met en place quelque légumes et viandes en libre service qu’il n’y aura plus qu’à lui apporter une fois la composition du plat choisit et qu’il cuisinera sur le moment. L’assiette faite par chacun est un peu un test pour lui, afin aussi de voir ce que les gens sont comme alliage quand ils choisissent par eux même de quoi mettre dedans.
Nous approchons de l'heure fatidique, Saryna va également se préparer et, si elle est véritablement ravissante, je dois avouer que je plisse les yeux en voyant les boutons ouverts du chemisier. Définitivement, je n'aime pas spécialement la voir ainsi cependant, un regard sur mon torse découvert me rappel que je n'ai définitivement pas le droit de faire le moindre commentaire, cela serait bien hypocrite d'un certain point de vue et puis, la tenue de Saryna est portée sans exagération aucune, ce n'est pas comme si elle exposait volontairement sa poitrine à la vue de tous! Bref, les derniers préparatifs fait nous accueillons les premiers clients, quelques habitués qui sont ravis de la réouverture forcément, quelques nouveaux visages également ce qui me fait bien plaisir! Le groupe joue une musique d'ambiance pour l'instant, inutile de faire bouger les clients sur des rythmes endiablés en début de soirée mais, je ne doute pas de Kurt pour gérer cela!
Je me dirige donc vers une table centrale, certes c'est Saryna qui fait office de serveuse ce soir mais, je peux bien profiter du contact avec les clients temps qu'ils n'y en a pas trop. J'approche donc de la table avec un plateau, suffisamment de verres pour toute l'assemblée et trois bouteilles d'eau. "Un hydromel pour la dame et pour vous messieurs?" Les commandes sont prises, je place donc les verres devant chacun des convives et ouvre une bouteille d'eau, l'un des habitués met un petit coup de coude à la demoiselle avec un sourire complice. 'Tu vas voir c'est impressionnant!" Et alors que je verse l'eau, cette dernière en coulant change de couleur pour devenir plus ambrée, laissant soudain se faire sentir les arômes du miel. Je remplis ainsi le verre puis passe au suivant tout en discutant. "Un festin en effet très chère! Faolan est un cuisinier remarquable et je suis sûr que vous ne manquerez de rien! Aujourd'hui est jour de fête alors buvez à votre soif et mangez à votre faim!" Dis-je alors qu'un de ses compagnons me demande dans une boutade si j'ai mis longtemps pour trouver ce petit discours ce à quoi je ris de bon coeur. "Malheureusement je suis demandé ailleurs mais si vous avez besoin de quoi que ce soit, je vous laisse aux bons soins de ma compagne Saryna."
Ainsi je m'excuse et vais servir quelques autres convives en riant et en discutant, la soirée est jeune donc cela se passe plutôt bien pour l'instant. J'approche ensuite de Faolan qui semble perdu dans ses pensées alors qu'il prépare sa cuisine et je me plante devant lui avec un grand sourire chaleureux.
"Tout va bien mon ami? Oh je ne vais pas te déranger longtemps pendant tes préparations, ce que tu as mis en place semble délicieux! Si tu veux boire quelque chose n'hésite pas, naturellement pour toi c'est la maison qui régale!" Dis-je en riant, je ne vais quand même pas faire payer mon partenaire et encore moins le laisser travailler sans boire!
Enfin, au retour, tout se met en place rapidement et nous accueillons finalement nos premiers clients. Ne connaissant personne, je ne peux pas dire qui font partie des réguliers, mais j’imagine que ça sera simple à voir. Déjà, ceux qui ne sont pas habitués à son pouvoir et qui ne réagissent pas lorsqu’il amène un plateau avec des bouteilles d’eau le sont certainement. Ceux qui le regardent suspicieusement doivent être ici pour la première fois. Enfin, ce dernier accueille finalement un groupe d’aventurier et je le suis pour voir comme il s’y prend. Après tout, réouverture veut aussi dire première fois pour moi. Je me suis pratiquée avec ce dernier afin de parfaire mon habileté à porter le plateau rempli de verre d’eau, mais c’est lui que je servais et non un inconnu. Alors ma nervosité était toujours bien présente et ce l’était même pire!
Je tiens donc le plateau devant moi tel un bouclier contre ma poitrine et je regarde le groupe avec un sourire nerveux. « Oui, bonsoir, si vous avez besoin de quoi que se soit, vous pouvez m’appeler. Je suis Saryna et il me fera plaisir de vous servir ce soir. » Mes griffes jouent nerveusement sur le plateau. « Je vous souhaite de passer un agréable moment et merci d’avoir choisi l’Aventurier Téméraire. » Ma voix était un peu bégayante, mais je m'en étais plutôt bien sortie, non? Enfin, je les saluai brièvement et partit accueillir de nouveaux clients afin de les conduire jusqu’à une nouvelle table tout en prenant le temps de me présenter. En effet, j'étais nouvelle ici et voir le patron prendre une employée ne devait pas être commun. Dans tous les cas, je restai alerte afin de pouvoir répondre à tout moment à l’appel d’un convive!
Melta est heureux avec Nephalie, c’est son nouvel ami visiblement, c’est tellement simple à son âge de se faire des amis. Tout peut devenir un ami en quelque seconde, que ça soit un foulard, une peluche, une squatteuse à un repas, une inconnue dans la rue, un aventurier dangereux et ainsi de suite. Vraiment, il n’y a pas de limite pour le moment dans l’esprit de l’enfant pour s’approcher des gens autour de lui. La seule fois où cela s’était mal passé, c’était à cause d’une perturbation de magie pour tout le monde et cela avait fini bien tout de même. Alors rien de spectaculaire qu’il tente de faire ami-ami avec un drarbuste.
Le cuisinier écarquille un peu les yeux de surprise à l’entente de la voix de Devon, un très léger vent de surprise se fait, et il sourit en se grattant un peu le cou. Il ne devrait pourtant pas être aussi surpris, mais il est un peu trop dans ses pensé aujourd’hui, pas que cela l’empêche de travailler, mais, quand il regarde dehors, c’est un peu étrange de voir une couche de neige recouvrir le tour de l’établissement alors qu’il y a un soleil de plomb à quelque mètre de là.
— Oh ! Oui, tout va bien, je me suis perdu un peu loin, j’avoue que je ne m’attendais pas à recevoir un courrier aujourd’hui et… hum… Cela m’a fait un peu neiger. J’espère que cela ne gênera pas le retour des clients. Après, on peut voir ça un peu comme une attraction et…
— PAPA !
— Quoi Melta ? On ne crie pas, s’il te plait.
— Fait bonhomme neige avec moi.
— Je travaille, ce n’est pas le moment.
— S’te plait.
— Melta, je travaille, donc non.
Les yeux du bambin se remplissent de larme de crocodile suite à cela et il s’accroche à son pantalon avec toute sa force d’enfant en tirant un peu dessus. Le cuisinier se sent toujours tout faible face à ce genre de regard et ne sait jamais trop quoi faire. Céder n’est pas la bonne solution, en tout cas c’est ce qu’il se dit, mais quand une larme commence à couler des yeux de son fils qui renifle un peu trop vite et fort pour que cela soit réel. Il le sait pourtant, le gamin lui fait le coup à presque chaque fois qu’il souhaite quelque chose, il devrait se montrer ferme et ne pas céder, mais à la place il soupire, met une casserole pleine d’une future sauce à mijoter, retire rapidement son tablier et se tourne vers Devon alors qu’il met une met une main dans la tignasse de son fils qui a arrêté sa comédie, certain d’avoir réussi.
— Je reviens, je suis désolé… J’ai mis la sauce à cuire et… J’en ai pour cinq minutes, je vais lui réexpliquer qu’il ne doit pas faire ça aussi.
Aussi rapidement qu’il le dit, il fait sortir l’enfant et l’aide à faire un petit bonhomme de neige devant, ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup de neige de base, en lui réexpliquant effectivement que papa travail, qu’il n’a pas le temps de jouer tout de suite, qu’il a Guimauve et Nephalie avec lui, qu’il peut courir autant qu’il le veut dehors, mais pas en intérieur et que s’il est sage ce soir il y aura des petits pains au lait. L’enfant hoche la tête, le seul truc qu’il a vraiment suivi c’est les pains au lait et ça, Faolan en est parfaitement conscient. Le cuisinier retourne à l’intérieur une fois cela fait, remet son tablier, se lave les mains, mélange la sauce sur le feu pour être certain que cela ne brule pas au fond, met les pommes de terre qu’il a préparées plutôt à cuir dans les cendres dans un coin du feu pour les faire cuire et retourne voir Devon.
— Je me suis, normalement, occupé pour que ce genre d’incident n’arrive plus… Il a encore un peu du mal à comprendre que je dois travailler… Au fait, est-ce qu’il a un plat que ta compagne et toi souhaitez ? J’ai oublier de demander cela la dernière fois et si je peux aussi vous faire plaisir en même temps que de contenter les clients, enfin, ça serait bien quoi.
Puis cela fera qu’il se sentira un peu moins coupable aussi d’avoir coupé son travail pour faire un mini bonhomme de neige avec son fils. Après il n’était pas non plus à l’abri que son fils fasse la même demande à d’autres gens que lui, client compris, mais c’était une autre histoire.
Aelith observa, circonspecte, Devon s’approcher de sa table avec une carafe d’eau. Tandis que tous les regards se braquaient sur lui, emplis d’impatience, il se pencha pour remplir les verres avec la boisson cristalline. Lorsque le fluide s’égaya d’une splendide teinte ambrée, la moue dubitative de l’aventurière s’effaça pour laisser place à un sourire épaté. Aussitôt servie, elle empoigna son verre pour laper son breuvage, les yeux brillants.
« Délicieux ! Ah, que ne donnerais-je pas pour avoir un tel don ! J’en suis jalouse. »
Le tavernier lui vanta alors les mérites de son chef cuisinier, et l’invita à s’adresser à Saryna avant de s’éloigner. Cette dernière se présenta d’une voix timide, nerveusement dissimulée derrière son plateau. Visiblement, elle débutait dans le métier. Aelith la remercia d’un sourire sincère. Un des aventuriers sauta sur l’occasion pour lancer un chant paillard. Il se mit debout sur sa chaise, sa choppe pointée vers le ciel, et beugla d’une voix nasillarde.
« Elle a très bien parléééé,
Buvons à sa santééééé
Buvoooons, buvoooons, à sa santéééé »
L’air, bien que simpliste, fût repris par toute la tablée. Bras dessus, bras dessous, les aventuriers se dandinaient en chantonnant. Lors du dernier couplet, l’un deux, un peu éméché, attrapa Aelith par la taille pour l’enlacer maladroitement. Habituée à ce genre de dérive, elle répondit à son étreinte en entourant ses bras autour de son cou pour valser avec lui joyeusement. Lorsque le contact de l’ivrogne se fit un peu trop pressant, elle l’éloigna d’un coup de coude bien placé.
« La soirée vient à peine de commencer et t’es déjà bien beurré mon grand. Va donc grignoter un peu, ça te remettra les idées au clair. »
Pour sa part, la danse lui avait donné chaud. Elle s’éloigna vers la porte d’entrée pour prendre un bol d’air frais. Lorsqu’elle poussa le battant boisée, ses pupilles se dilatèrent sous la stupéfaction. De la neige ? A cette période de l’année ? Elle interpella la serveuse qui servait une table non loin.
« Il semblerait que les cieux aient aussi décidé de fêter la réouverture de l’Aventurier téméraire, plaisanta-t-elle. Vous savez à quoi c’est dû ? »
Tout en écoutant la réponse de Saryna, elle contempla le paysage qui s’offrait à elle. Non loin, un enfant s’amusait en compagnie de deux familiers devant un bonhomme de neige. L’esprit joueur, Aelith forma une boule avant la poudreuse qui tapissait le pas de la porte. D’un mouvement ample, elle envoya son projectile sur le petit garçon.
« Touché ! s’exclama-t-elle joyeusement en lui tirant la langue. »
Sans lui laisser le temps de répliquer, elle s’engouffra à nouveau dans la taverne.
Le suivant du regard, naturellement mon attention se porte sur chaque petit détail de ma taverne, c'est techniquement la seconde ouverture de l'Aventurier Téméraire, la première était bien différente... À l'époque, j'étais encore un jeune homme d'une vingtaine d'année, la trentaine n'avait pas encore frappé à ma porte! Au moment de l'ouverture du bâtiment j'étais seul! Je me souviens que Leila vendait encore des fruits et légumes avec sa mère alors que je me tenais derrière le comptoir. J'étais dans un état de stress intense! Première fois que je quittais la vie d'aventurier pour faire autre chose et naturellement, les questions assaillaient mon esprit! Allais-je bien faire? Est-ce que nous allions avoir du succès? Les revenues seraient-ils suffisant pour en vivre! J'ai attendu de longues minutes - peut-être même des heures - sans voir le moindre client lorsque, soudainement, la porte s'est ouverte et qu'un groupe d'une quinzaine d'individus est entré en riant! "Bah alors Devon, c'est à ça que ça ressemble ton établissement?" Un groupe d'aventurier qui revenait d'une quête, à leur tête : Asia! L'une de mes ancienne coéquipière qui menait d'une main de fer d'autre compagnons avec lesquels j'étais déjà parti en quête! Pas de musique, pas de serveuse, pas de bouffe! Juste moi qui servait des boissons à mes amis avant qu'ils ne repartent pour une autre mission... Je secoue doucement la tête, oui, cette ouverture était bien différente! J'espérais secrètement revoir Asia, à l'époque j'avais cinq excellents amis dans la guilde, j'ai appris le décès de quatre d'entre eux, elle est la seule qui serait encore vivante aux-dernières nouvelles, j'espère que cela est vrai!
Voici que Faolan revient, me sortant définitivement de mes pensées. Je secoue doucement la tête à sa question en souriant doucement. "Je te fais confiance Faolan ne t'en fais pas! Saryna est surtout carnivore pour être honnête, préférant la viande au reste et moi, j'aime découvrir de nouvelle saveur alors, fais ce que tu veux si tu as le temps! Ce n'est vraiment pas une priorité... Sur ce, je te laisse à tes préparations, je vois des clients qui meurent de soif!" Dis-je en riant et en retournant à une table non loin pour prendre les commandes et ramener, comme toujours, de l'eau qui se changera bientôt en boisson hautement alcoolisée.
Alors je dois dire que ma boule à l’estomac aujourd’hui est bien justifiée et je comprends tout à fait que ce dernier soit nerveux ou je ne sais quoi. Enfin, je ne sais pas en détail exactement comment fonctionne son pouvoir, mais dans tous les cas, je souris lorsque Devon s’approche de ce dernier pour discuter avec. C’est important de s’assurer que nos employés, même de courte durée, se sentent bien en notre compagnie et dans la taverne. Alors s’il a le moindre souci, j’espère qu’il nous en fera part.
« Alors mad’moiselle! C’quoi votre p’tit nom? J’vous ai jamais vu ici… l’interpella alors un joyeux bonhomme attablé non loin.
- En effet, je suis nouvelle et vous pouvez m’appeler Saryna.
- J’pensais pas que Devon trouverait une si jolie serveuse pour la réouverture!
- Vous allez me revoir bien plus souvent si vous êtes un régulier. Enfin, je ne suis pas réellement son employé si vous voyez ce que je veux dire. »
Je finis avec un petit clin d’œil en le laissant sur ces mots puisqu’une demoiselle semble me demander un peu plus loin. Celle-ci fait partie de l’un des premiers groupes à s’être installé et observatrice, elle semble avoir remarqué la neige en extérieur et s’était dirigée jusqu’à la porte pour mieux y voir.
« Et bien, si je ne me trompe pas, il s’agirait du pouvoir de notre cuisinier, mais je ne peux pas vous expliquer en détail. Heureusement, cela n’affecte pas l’intérieur du bâtiment. » Dis-je avec un sourire alors que j’observais mon familier s’amuser avec le petit Melta ainsi que guimauve le glooby de Faolan. Je siffle un petit coup et la tête du drarbustre se lève en ma direction et ce dernier trottine alors jusqu’à moi. Je m’accroupis pour me mettre à sa hauteur afin de lui délivrer une importante mission. « Surveille bien Melta, d’accord? S’il y a quoi que ce soit, tu rentres et tu nous avises. D’ailleurs, vous devez rester près des fenêtres pour que l’on puisse vous voir. Compris? » Bien évidemment le familier tourna légèrement la tête sur le côté et retourna aussitôt jouer avec l’enfant. Je soupire un moment. Peut-être qu’il me faudrait lui donner une magie? Après tout, Nephalie m’a toujours été d’une grande aide. Me remettant ainsi sur pieds, je regarde alors la jeune femme.
« Tout vous plait pour le moment? Vous avez besoin de refile? »
Un jour il faudra peut-être consulter un médecin pour le fait que son fils mange autant, mais ne semble pas prendre plus de rondeur que celle d’enfant de son âge. Est-ce que c’était simplement sa croissance ? Sa magie qui commençait à se mettre en place et qui demandait déjà pas mal de carburant ? Est-ce que même ce n’était pas juste lié à son pouvoir et du coup il faudrait le prendre en compte pour la suite ? Tant de petit questionnement qui laissait l’esprit de Faolan songeur et la neige tombant doucement autour sans que cela ne l’inquiète plus.
Avec juste un sourire assez confiant il laissa donc Devon partir et regarda un peu dans la direction de Saryna pour voir si tout semblait aller bien pour elle aussi. De son point de vue tout semblait bien aller. Pourquoi cela irait mal de toute façon ? C’est sur cette réflexion qu’il mit des boulettes de bouton à frire après les avoir pannés, lesdites boulettes tenaient en une seul bouché chacun. La plupart des plats étaient sur une base de viande ou de poisson, alors, dans un certain sens, Faolan se dit que ces hôtes et patrons du jour auraient de quoi se nourrir selon leur préférence.
Se mettant à siffloter devant ces casseroles il prépare des assiettes de avec quelque crudité de base, autant pour faire joli que pour un peu de goût si des personnes aimaient le croquant de la salade en attendant les premières commande ou envie, à fin de pouvoir ajouter le plus principal directement cuit dedans. Il tourna aussi les pommes de terre dans les cendres puis lava des fruits avant de les découper en morceau grossier et les mettre dans un mélange de sucre, eau, zeste de citron, limonade et des sachets d’hibiscus qui infusait dans le sirop préalablement cité. Une bonne base de salade de fruits fraîche et assez rafraîchissante. Parfait pour la saison chaude, même avec la neige qui tombe autour du bâtiment du coup.
Camille se retint de répondre. Il aimait trop Arthas pour le remettre à sa place, mais quand il se mêlait à ce point de son existence, même lui avait tendance à se dire qu’il outrepassait ses fonctions ! Après tout, il n’était que l’intendant de ce domaine… Enfin… Le jeune homme sourit, officiellement, il n'était que l’intendant. En fait, il était l’intendant depuis plus d’années que Camille n'en avait passé dans ce monde, il avait vu son grand-père, puis son oncle en prendre la direction. Il faut dire que les Hvit se succédaient vite, trop vite…
La maladie, les accidents, à croire que Lucy avait abandonné la famille. Pourtant, aucun d’eux n’avait jamais rien fait de mal à sa connaissance, même, ils étaient pour la plupart pieux et respectueux des dieux.
Le vieil homme revint à la charge :
- Camille-Aurele ! Veux-tu écouter s’il te plaît ? Tu t’isoles trop mon garçon, comment veux-tu être à l’aise avec tes contemporains ? Il te faut sortir, voir du monde, fréquenter non seulement les gens de ton rang mais les autres aussi ! Tu es le dernier maître du manoir de Hvit ! Il te faut connaître la vie.
Il ajouta, regardant le jeune homme avec une certaine appréhension :
- Et prendre femme.
A cette dernière phrase, son interlocuteur s’empourpra, mi-colère mi-gêne.
- J’ai le temps de prendre femme ! J’ai 20 ans ! Pourquoi veux-tu m’enchaîner.
- Je n’ai plus beaucoup de temps Camille, je suis un vieillard. Ton oncle aurait voulu te voir fiancé, et tes parents probablement aussi s’ils avaient suffisamment vécu. Il y a de nombreuses jeunes dames dont tu pourrais faire des compagnes, que tu pourrais aimer, point n’est besoin d’un mariage de raison. As-tu jamais connu une femme ? N’importe quelle femme ?
Camille manqua s’étouffer. Il tourna le dos, ne répondant pas, et saisit d’un geste vif son ouvrage en cours, une merveille de doigté tout en couleurs éclatantes…
Arthas Homestuck jeta au nécessaire de broderie un regard furieux. Il n’ajouta rien cependant, sachant combien son jeune maître et protégé y tenait, et quels ravages une dispute aurait sur ses nerfs.
- Promets-moi au moins de sortir ? Trouve une taverne sympathique, bien fréquentée, ça doit exister ? Tiens, un ami à moi m’a parlé de l ’«aventurier téméraire », il paraît que le tavernier a un pouvoir étonnant.
A l’énoncé du nom de l’endroit, son vis-à-vis eut une moue dubitative. L’«aventurier téméraire » ? Un endroit calme et bien fréquenté avec un nom pareil ?
Mais Arthas avait l’air si dépité, et si soucieux, qu’il fit un geste inclassable… Etait-ce un acquiescement ? ou un refus ? ou une marque de désespoir ?
- Fort bien, j’espère que je ne regretterai pas de t’avoir obéï et que je n’aurais pas besoin d’une escorte… Les aventuriers sont souvent tout sauf calmes et pacifiques.
C’est pour cela que particulièrement anxieux, Camille se tenait devant la taverne, sous une neige impensable à cette saison. La météo était-elle le reflet de son état d’esprit ? Il se sentait tout sauf calme et apaisé, en fait, même sans cet étrange phénomène, il était glacé jusqu’à l’os, empli de crainte et d’embarras.
Un petit garçon jouait avec deux familiers autour d’un bonhomme de neige…
Il sourit, un peu apaisé par la vue de l'enfant et des animaux, mais recula gauchement et vivement quand une jeune femme énergique sortit en trombe pour lancer une boule de neige à l’enfant et rentra tout aussi vite dans la taverne.
Prenant son courage à deux mains -une promesse est une promesse, et elle est plus importante encore quand on la fait à un ami- il mit la main sur la porte.
Un coup d’œil à la salle fit remonter sa peur d’un cran. La jeune femme aperçue était attablée à côté d’un groupe d’hommes chantant et beuglant. Une serveuse au physique étonnant, certes jolie mais dépoitraillée, circulait entre les groupes, et un colosse tatoué trônait derrière le comptoir…
Camille déglutit et avança bravement.
Après tout, une taverne où l’on tue les clients ne ferait pas longtemps des affaires, et Arthas était suffisamment futé et à l’affût des nouvelles pour être au courant si de telles choses s’étaient produites.
Il fit quelques pas dans la salle, cherchant du regard une table où il pourrait échouer loin des regards et boire en solitaire…
Oui, je sais. Je suis aussi poète.
J’aurais été moins poète, j’aurais dit que ça ouvre et ferme comme les jambes d’une fille de petite vertu. Ou d’un garçon, ne soyons pas sexiste.
Bref.
Ne le répétez pas, mais il existe aussi des fichiers dans les bureaux de la guilde qui recense l’ensemble des établissements créé ou géré par des anciens membres de la guilde des aventuriers. Oui, on aime la paperasse dans la guilde. Pourquoi ce fichier ? Parce que la guilde a une vocation profonde de rendre la vie des aventuriers plus facile. Autant en activité que lors de leur retraite. Alors, certes, chaque histoire est différente et certains ex-aventuriers portent des griefs difficiles à guérir, même avec le temps. Mais la guide des aventuriers, telle une mère aimante pour son enfant, n’oublie pas ceux qui font leur devoir et si elle peut les aider, ne serait-ce qu’un petit peu, elle n’hésitera pas. Bon, il va sans dire que ce fichier n’est connu que de quelques grattes papier fanatiques du rangement et des fichiers bien tenus et même s’il est plutôt à jour, il est encore plus rarement utilisé. La vérité est que ce n’est pas grâce à ce fichier que j’ai su que le propriétaire était un ex-aventurier, mais je voulais vous en parler, parce qu’on ne fait pas suffisamment attentions aux innombrables petites choses créé au cours des années et qui tombent dans l’oubli alors qu’elles partent de bonnes intentions. Quoiqu’il en soit, j’ai à cœur de respecter l’idée de ce fichier, c'est-à-dire, penser aux anciens et leur donner des coups de pouces. Fréquenter sa taverne en fait donc partie.
Le meilleur moment, c’est quand même d’arrivée dès l’ouverture, pour s’imprégner petit à petit de l’essence même de l’établissement et de la personnalité de ces propriétaires. Dont j’ignore tout, si ce n’est un passé d’aventuriers. Connaître, c’est se faire des aprioris et ainsi dénaturer son avis sur l’établissement. Il faut être propre comme un sou neuf pour voir la vérité vraie de la vie véritable. Malheureusement, je n’arrive pas dès l’ouverture, parce que Lou Trovnik, mon inestimable chef des examinateurs, ne voulait pas me lâcher à cause d’une sombre histoire de compte-rendu mal rempli : il manquait un mot parmi les trente pages du rapport de la commission des lois et règlements inusités de la guilde des aventuriers, un endroit où la plupart des gens dorment et où Trovnik réalise un monologue sur des anciennes règles toujours officiellement actifs mais dont tout le monde se fout. Heureusement, votre serviteur a su se sortir de piège qui aurait pu signer la fin définitif de cette agréable soirée. C’est donc avec un peu de retard sur le plan initial que je me retrouve devant l’établissement, après avoir observer, intrigué, un jeune homme qui a hésité entrer dans l’établissement ; sans nul doute un jeune homme cherchant le piquant de la vie dans les lieux de divertissements, et parfois de vice ; que sont les tavernes. Mais à devanture, je peux vous dire qu’il ne trouvera pas trop du deuxième. Elle m’a l’air bien trop respectable pour ça. Et vous savez quoi ? Ça me va parfaitement.
Je fais abstraction de la neige à l’extérieur, parce que quand on a soif, on ne fait pas forcément attention à ce genre de petit désagrément. J’aurais pu reconnaître le gamin, mais ça ne s’est pas fait. De plus, l’enfant était bien trop occuper à s’amuser avec la manne du ciel et de la cohérence météorologique que pour jeter un regard à votre humble serviteur. L’intérieur correspond plutôt bien à ce que je me suis fait de l’ambiance et je vais pas m’amuser à le décrire car d’autres personnes l’ont déjà très bien fait. Je jette un regard circulaire à la salle sans trop reconnaître de tête en particulier. Il y a bien cette jeune femme qui me fait penser à une aventurière que j’aurais pu croiser à la guilde. Et puis quelques types que j’ai déjà pu croiser dans un bar. Ou dans la rue ? Je ne sais pas. C’est bien ça le problème, c’est qu’à force de côtoyer beaucoup de monde, les visages se mélangent et on ne souvient plus vraiment de qui on a fréquenté.
De toute façon, j’ai soif.
Et la qualité des boissons jouent tout de même beaucoup dans la renommé d’un établissement. C’est sans surprise que je me déplace jusqu’au comptoir, lâchant quelques tapes amicales sur l’épaules à des gars qui me reconnaissent, sans que j’ai l’occasion de resituer leur trombine. Là, j’avise ce qui ressemble davantage au patron qu’à un client ; déjà, il est du bon côté du comptoir. Il refait le plein d’eau, visiblement, ce qui a le don de me faire hausser un sourcil. Les gens qui viennent dans les tavernes pour boire de l’eau, c’est tout de même un concept qui m’échappe. Ils ont qu’à aller à la source, ça ira mieux. Pas quand on peut déguster des préparations savoureuses, fruits du travail et de l’expérience de dizaines de générations autant que dans la production et la récolte des grains que dans le processus de fabrication jalousement préservé des œillades indiscrètes.
-Ola, mon brave ! Qu’avez-vous derrière votre comptoir ? De la lambic des frères Faro ? Une petite blonde d’Ollainbourg ? De la blanche de Saumure ? Je dirais pas non à une triple Kamel, aussi. Enfin, si vous avez de la Pierrefort dix, je dis pas non. C’est que c’est goutu, ça.
Une tournée rapide pour la table deux, on remet également un verre à la demoiselle en faisant une petite blague au passage, faudrait pas que je devienne moins sympathique parce qu'il y a du monde! J'vide mes bouteilles rapidement, du vin également pour le coup faudra vraiment que je pense à remercier Kâ pour ce qu'il m'a fait livrer! J'espère qu'il passera comme il l'a promit! Pour l'instant, la porte s'ouvre sur un tout autre homme! Visiblement mal à l'aise, il semble pas réellement être à sa place ce qui me fait doucement sourire j'vais pas mentir! Des gens timides ou gênés j'en ai déjà vu dans mon établissement, la plupart du temps suffit d'une bonne discussion et d'une excellente mousse pour que les gens se sentent un peu plus à leur place! J'retourne donc en direction du comptoir pour prendre une bouteille d'eau avant d'aller le voir sauf qu'à ce moment exact : un autre client entre dans l'établissement... Beaucoup plus direct, l'homme se dirige immédiatement vers le comptoir et je comprends qu'il va prendre de mon temps - chose qui me convient parfaitement après tout - un regard vers Saryna pour lui demander d'aller voir ce que désire l'inconnu timide et je me tourne vers le nouveau venu.
"Bien le bonsoir mon brave! Bienvenu à l'Aventurier Téméraire!"
Un homme bien sympathique on ne va pas se mentir! Il me semble l'avoir déjà rencontré mais j'me souviens plus réellement d'où une chose est sûre c'était pas dans mon établissement vu qu'apparemment il n'est pas réellement conscient de ce que je peux servir ici! Cependant, mon visage s'illumine doucement d'un bien grand sourire alors qu'il m'énonce, ma foi, bien des noms de bières qui m'intéressent au plus haut point! Certes, je n'ai jamais eu l'occasion de les goûter malheureusement à cause des conséquences néfastes de mon pouvoir cependant, un tavernier digne de ce nom se doit de les connaître! "Demandez et vous aurez mon bon ami! La Pierrefort Dix? Un excellent choix! Cela fait bien plaisir de voir un connaisseur doublé d'un homme de goût!" Je sors donc une chope pour mon nouvel ami ainsi qu'une bouteille d'eau. "Première fois ici n'est-ce pas?" Lui dis-je en commençant à servir ce breuvage incolore qui se change en une belle mousseuse. "On s'est déjà vu ailleurs cependant? L'impression de vous connaître mais j'sais plus vraiment d'où malheureusement..."
M’étant redressé pour répondre au questionnement sur l’origine de la neige, je m’étais pas la suite empressée de vérifier que tout se passait bien de son côté. N’étant pas des plus à l’aise avec le côté sociable du boulot et surtout pas dans cette tenue que j’avais voulu mettre dans le seul but d’aller avec celle de mon conjoint, je ne suis donc pas la première à réaliser l’arriver de nouveaux clients. Un raclement de gorge me fait tourner la tête en direction de Devon qui me faisait des petits signes furtifs de m’occuper du nouveau venu. Bien évidemment, en le regardant vite fait, celui-ci ne semble pas être des plus à l’aise. Au moins je ne suis pas seule. Alors je salue rapidement la demoiselle, m’excusant auprès d’elle de devoir la quitter aussi rapidement et m’approche aussitôt du nouveau venu.
« Bienvenue à l’Aventurier Téméraire! » dis-je en me mettant devant lui, mon plateau rond faisant office de bouclier devant ma poitrine. Quelques traces de griffures s’étaient gravées dans le bois face à la nervosité que j’éprouvais d’être ici. Bien évidemment, j’observe rapidement les environs cherchant une table tranquille où ce dernier pourrait s’installer. Sa nervosité était palpable jusqu’ici et l’entourer de gens bruyants et qui risquaient de l’enquiquiner était certainement la dernière chose qu’il désirait. Heureusement, la salle n’était pas encore pleine et il restait des tables non occupées, dont une dans un coin. « Puis-je suggérer la table au fond? Vous y serez bien tranquille. Aucun risque qu’on vienne vous chercher des noises. » Bien évidemment, mon but était aussi de libérer le chemin pour permettre aux gens de circuler rapidement entre leur table et le buffet qui était mis à la disposition de chacun. « Suivez-moi! » dis-je aussitôt tout en me faufilant habilement entre les tables. À défaut de ne plus être entourée d’arbres, j’esquivais au moins des tables en bois ainsi que des chaises et leur propriétaire temporaire. Un bref regard vers Faolan me fait voir que nous n’avions pas fait d’erreur sur le cuisinier qui était concentré à sa tâche.
Une fois arrivée à la table, je lui pointe donc cette dernière, afin qu’il puisse s’y installer confortablement.
« Je m’appelle Saryna, si vous voulez quoi que ce soit vous n’avez qu’à me faire signe et viendrai auprès de vous pour répondre à vos besoins. Un buffet est mis à la disponibilité de tous, alors n’hésitez pas à vous servir. D’ailleurs, par quoi vous laisserez-vous tenter? Nous avons reçu du vin de la grande famille Arakne, sinon qu’importe votre choix, Devon pourra vous en servir un verre. »
Ceci expliquait aussi pourquoi nous n’avions pas de carte des vins et alcool puisque le pouvoir de Devon lui permettait de toute faire en général.
- A vrai dire, je ne sais pas ce que je veux boire… Je n’ai pas l’habitude… Quelque chose de léger ? Vous croyez qu’il a ça ?
Il regarda le barman costaud derrière son comptoir, ça devait être lui Devon. Etait-ce ce propriétaire dont Arthas avait parlé et qui avait un pouvoir extraordinaire ?
Un autre homme était entré juste derrière lui, le genre de type qui connaît toujours tout le monde et que tout le monde connaît. Camille ne put s’empêcher de lui jeter un regard étrange, à la fois de l’envie pour son assurance et de la réprobation pour son manque de discrétion. Il avait une folle envie de sortir son nécessaire à broderie pour se calmer un peu mais se retint, à n’en pas douter dans un endroit comme celui-là, il divertirait toute la salle à ses dépens.
- L’aventurier téméraire ? c’est un nom comme ça ou il y a vraiment de vrais aventuriers ici ?
Oui, la question était bête, et mal formulée, mais au moins il n’avait pas bégayé ! A vrai dire, il avait quand même parlé trop haut, on l’avait sans doute entendu jusqu’au comptoir ! Mais après tout, à défaut d’une jolie conquête comme l’avait rêvé Arthas, peut-être pourrait-il faire avancer l’autre affaire, celle qui LUI le préoccupait beaucoup plus que prendre femme ou « s’initier » à la pratique de…
Il devint tout rouge, l’avait-elle vu ? Effroyablement vexé il admit qu'en effet il faudrait probablement qu’il se sociabilise mais il doutait que ce type d’endroit ait les vertus nécessaires pour qu’il y parvienne. Pas plus que la Cour ceci-dit où les nobles ne paraissaient avoir d’autre passe-temps que d’espionner leurs semblables et de médire les uns sur les autres.
Lui, avait d’autres aspirations… Il aurait voulu lier connaissance avec des gens qui aient les mêmes inclinaisons que lui, mais l’observation de la nature, des animaux, des fleurs et arbres… La plupart de ses relations se gaussaient lorsqu’il en parlait. Il avait un peu plus de succès en proposant de longues courses à cheval, mais généralement c’était une compétition féroce pour arriver le premier, alors que dans l’esprit de Camille ce n’était qu’un prétexte pour établir un contact agréable avec sa pouliche, et l’environnement.
Quand à jardiner… Qu’il puisse prendre du plaisir à tomber la veste, retrousser ses manches, et s’abîmer les mains au point d’en faire pleurer la manucure en maniant des outils… Oui, ses semblables le prenaient pour un fou, mais l’ennui, c’est que les autres devaient également le penser.
Il resta donc planté, un demi sourire embarrassé sur les lèvres, fixant la serveuse en se demandant s’il ne lui faisait pas perdre son temps.
Il continua sur sa pensée, murmurant sans même s’en rendre compte « J’aurais dû venir à cheval, au moins la balade aurait été agréable, même avec cette neige bizarre, il est quand même plus plaisant de parcourir la campagne que de s’enfermer… ».
Il la regarda, il la pensait déjà partie, remarque elle n’avait pas répondu, ni à sa question sur les boissons possibles -il n'osait demander un thé- ni sur les aventuriers.
Ceci-dit, des mercenaires lui iraient tout aussi bien, après tout, ce n'était que de la recherche, une enquête, de nombreuses personnes devaient être compétentes dans ce domaine. Restait à savoir les reconnaître... Il soupira, regardant partout autour de lui s'il avait été vu, mais les autres clients semblaient avoir bien autre chose à faire que s'occuper de lui !
Rassuré, il tourna les yeux vers le buffet. Quitte à être là, autant en profiter ?
Ah bah voilà, ça se transforme en bière. De la mousse. Une odeur de bière. Sa choppe a l’air différente du truc que j’ai, parce que les aromes sont plus développés que pour la mienne. Il me tend ça avec un sourire. Je sais pas trop comment réagir, l’habitude de quand je demande une choppe, j’ai une bière directement tiré du tonneau. Et puis, comme le robinet ferme pas très bien, ça coule un peu sur le bord et quand on met sa patte contre la chopine, ça vous empreigne la peau. Ça vous rend vivant. A trop faire propre, on perd les convenances. J’en reviens à ce qu’il me dit. On s’est déjà vu ? Le problème, quand on est populaire comme je le suis, c’est qu’on croise beaucoup de gens et j’ai un peu honte de le dire, mais j’oublie parfois les gens. Mal avoué, faute à moitié pardonné. Mais les têtes se mélangent et dans l’euphorie des soirées chaleureuses des tavernes du royaume, on finit par croiser pas mal de monde sans avoir partagé un nom, à défaut d’une choppe ou de trucs plus intimes.
Bon, a priori, j’ai rien partagé d’intime avec celui là. Je m’en souviendrais.
-C’est… possible. Je suis examinateur de la guilde, alors j’ai tendance à pas mal bouger dans tout le royaume. Les routes sont aussi nombreuses que les tavernes. Autant d’occasion de se rencontrer. On m’appelle Jack.
Toujours utiliser un pseudonyme pour avoir un minimum de vie privé. Même si les gens sont respectueux et n’empiètent pas sur votre jardin secret, on est jamais trop prudent. C’est quand vous tombez sur des gens peu scrupuleux qu’il est trop tard. Si vous leur en avez trop dit, ils utilisent ça contre vous et c’est pas très bien. J’ai pas eu cette malchance et je voudrais pas que ça m’arrive. Je dis pas qu’ils n’ont pas l’air honnête, hein, mais c’est juste bizarre cette histoire de choppe magique. Justement, je me concentre sur le breuvage. Je l’approche de mon nez et je respire lentement les effluves de la boisson. Ça sent la Pierrefort. Ça y ressemble en tout cas. Et c’est clairement pas ma gourde qui aurait fait pareil. Je goutte parce que ça a passé le premier test ; ça doit pas être mauvais. Je fais tout le cérémonial du gouteur. Les mouvements de mâchoires, le regard levé vers le plafond, dans le vague et la bouche en cul de poule. J’avale.
C’est très étrange.
Au gout, c’est ce que j’ai demandé. Mais foncièrement, ça l’est pas. C’est une petite voix dans ma tête qui me le dit. Il y a quelque chose de profondément malaisant dans cette choppe de Pierrefort et je vois très rapidement d’où ça vient. La magie. J’avais pas compris avec ma gourde, parce que je ne connaissais pas la bière imité par la magie de la gourde. Dans le cas présent, je connais le gout de la Pierrefort et je peux comparer avec ce breuvage. Mais il manque quelque chose, quelque chose qui ne peut pas être créé par magie. Car chaque bière a son histoire. Des champs du royaume puisant dans la terre et les cieux l’énergie de faire de belles céréales, recueilli par les mains et les outils de gens aimant leur travail et leur région. Des brasseurs de pères en fils, se léguant à chaque génération les instruments d’une fabrique centenaires et des secrets de fabrication jalousement gardé du commun des mortels. Jusqu’à obtenir le nectar suprême. Une bière. Le fruit du labeur de tant de gens. L’union de l’homme et de la terre. Chaque gorgée de ce breuvage, c’est écouter son histoire, c’est serrer les mains de ceux qui l’ont porté. Une gorgée, c’est une rencontre. Et la magie ne peut pas remplacer ça.
-Mmh. Pas mal oui.
C’est qu’il a l’air tellement satisfait de son petit tour que je préfère éviter de dire ce que je ressens. C’est encore trop soudain. Je vais plutôt chercher à comprendre, parce qu’il y a un autre truc qui me chiffonne.
-Du coup, vous avez des choppes magiques qui transforment les liquides en alcool pour à peu près toutes les boissons du monde ? Parce que moi, ma gourde magique, elle fait un truc pas très bon, mais j’aurais pas cru qu’il en existait pour toutes les types d’alcools différentes. Ça doit pas être pratique. Surtout que vous devez les confondre au bout d’un moment, non ? Quand il y a du monde. Enfin, vous savez mieux que moi, hein.
Du coup, comme il ne savait pas réellement ce qu’il voulait prendre, mais qu’il recherchait quelque chose de léger, je ne pouvais pas réellement lui offrir de mes conseils. Je suis une vraie quiche dans le domaine et ne consomme que du fort pour ma part parce que ça avait le don de me réchauffer lors de nuits glacées lors de la saison froide.
« Comme je vous ai dit, Devon peut vous offrir de tout. C’est ce qui rend la taverne si particulière. » dis-je en souriant. Après tout, sans le pouvoir de Devon je ne pourrais pas en dire autant. Bien évidemment, je referme aussitôt mes lippes sur mes dents pointues afin de ne pas apeurer ce dernier qui me questionne finalement sur le nom de la taverne bien que sa question était drôlement formulée et son ton un peu plus élever? Gardant mon sourire, bien que mes dents toujours invisibles, je me dois de lui répondre.
« Et bien, il y a de tout ici, noble, civil, aventurier voir même des membres de la garde. Tout le monde est le bienvenu, mais le nom provient surtout de Devon. Il était aventurier autrefois, un peu téméraire si j’en crois ses dires. Mais bon, il est d’un bon vivant… »
Enfin, je dois avouer qu’il était plutôt bizarre comme personnage et c’est bien la première fois que je le croise. Il semble s’absenter un moment comme perdu dans ses pensées et finit par murmurer quelque chose dont je ne compris pas totalement mis à part quelques termes tels que cheval, neige et campagne. Je secoue la tête, ne cherchant pas à comprendre totalement.
« Bon, installez-vous confortablement, je vous ramène quelque chose de léger à boire. »
Je me dirige rapidement vers le comptoir passant derrière ce dernier et salut d’un bref mouvement de tête l’homme avec lequel échangeait Devon. Loin de moi l’idée de les interrompre, mais je dois tout de même faire mon travail et nous avons bien des clients assoiffés.
« J’ai besoin d’un breuvage léger. Il me semble assez timide, alors peut-être quelque chose de subtil.
- Très bien, on va lui faire goûter à quelque chose de simple... Pourquoi pas un moût de pomme de Saint-Nicolas! »
Ce dernier se dépêche donc de sortir ce dont il a besoin, une bouteille d’eau ainsi qu’une coupe dans laquelle il fait couler le liquide qui semble se transformer au moment même où il sort de la bouteille. Remplissant et colorant par la même occasion la coupe d’une jolie teinte dorée et pétillante.
Je remercie vite fait ce dernier avant de retourner à ma table pour remettre la boisson au grand blond.
« Voilà pour vous. Il s’agit d’un moût de pomme, très léger au goût, bien que quelque peu pétillant. Mais avec ça vous n’aurez pas la tête qui tourne. Enfin, si cela ne vous plait pas, nous avons toujours quelques jus fruités ou bien du thé voire même du café. »
Je lève doucement les yeux remarquant qu’on m’interpelle plus loin. Il semblerait que je vais jongler entre les clients bien plus que je ne le pensais. Je hoche la tête pour lui faire comprendre que je l’ai bien vu. « N’hésitez pas à me rappeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. Sinon, je peux vous suggérer le buffet si vous avez une fringale. Notre cuisinier est très doué! »
Sur ces belles paroles, je me dirige alors vers une nouvelle table où de nouvelles commandes semblent m’y attendre.
Dans tous les cas, j'attends sa réaction! La plupart du temps les gens ne se fatiguent pas à commander une telle bière, loin de là même! Les clients sont rarement des personnes ayant des exigences particulières, l'envie de boire une bière tout ce qu'il y a de plus normale après une dure journée les rend moins demandant quant à la sorte alors, quand j'ai un connaisseur, j'suis toujours heureux de mettre mes créations à l'épreuve. J'm'inquiètes pas trop en réalité, je sais que le goût sera au rendez-vous, faut pas croire que le pouvoir soit naturel non plus, c'est des années d'entraînement, d'étude dans des livres ou sur le terrain pour trouver l'exacte constitution de chaque boisson et pouvoir la restituer demande du temps et de l'expertise... Bien plus qu'on pourrait le croire! Pourtant, l'homme me pose une question à laquelle je ne m'attends pas et je dois avouer que je reste un moment sans réactions, sourcils arqués, avant de simplement me mettre à rire de bon coeur! Une chope pour chaque breuvage? Ce serait incroyable si la magie pouvait faire cela et surtout, horriblement mauvais pour les affaires! Mais pas le temps de répondre que Saryna me rejoint avec une question...
Léger et subtile... "Très bien, on va lui faire goûter à quelque chose de simple... Pourquoi pas un moût de pomme de Saint-Nicolas!" Et sans plus de cérémonie je reprends ma bouteille d'eau, une coupe et je verse le breuvage qui se transforme en la boisson désirée. Je le confie donc à la belle en me tournant ensuite vers mon sympathique examinateur. "J'crois qu'il y a une légère méprise mon brave ami! Le verre est tout ce qu'il y a de plus normal, c'est pas grâce à ce-dernier que l'eau devient alcool! Ça, c'est mon pouvoir! Pas celui de la chope! J'suis capable de changer l'eau en alcool, un procédé bien utile quand on dirige une taverner." Que j'lui dis en riant! Après tout, mon pouvoir est de notoriété publique, c'est pas comme si j'avais des raisons de le cacher. "Bon après, certes c'est pratique parce que ça me permet d'avoir des alcools trouvables nul part ailleurs mais ça demande aussi du boulot faut pas croire! Déjà je dois connaître l'alcool que je veux reproduire et ça, ça veut dire connaître sa composition exacte, son temps de fermentation, les techniques utiliser pour brasser la bière mais aussi produire rhum, whisky, vin ou autre... La température idéale à laquelle le servir également! Chaque détail est important y comprit "l'ingrédient" que j'utilise! Si l'eau a trop de minéraux elle dénature le goût de l'alcool, si elle n'en a pas assez l'alcool créé semble couper à l'eau justement..." Les gens ont tendance à croire que parce que c'est un pouvoir, je peux faire ce que je veux comme je le veux mais non, ce sont des heures et des heures de travail malgré tout!
"Par ailleurs mon pouvoir vient avec une contrainte : la moindre goute d'alcool et je roule sous les tables! Impossible pour moi de vérifier la qualité de mes créations donc je dois m'assurer de tout savoir sur l'alcool créé pour réussir à retranscrire sa saveur... Aucun rapport avec votre gourde magique qui doit servir une piquette désaltérante tout au plus non?" Dis-je en riant de nouveau de bon coeur! C'est la seconde fois que j'peux expliquer mon pouvoir ainsi, la première fois c'était avec Psolie : une brave petite bien sympathique! C'est plaisant de voir des gens s'intéresser au procédé de fabrication, au moins ça prouve que mes restitutions sont bien faites!
Le jeune noble tendit donc le cou en même temps que l’oreille. Il devait avoir l’air ridicule, mince et musclé, il avait un cou qu’il jugeait exagérément long, et le tendre en se tenant sur la pointe des pieds pour voir ne le raccourcissait probablement pas. Il avait aussi -du moins il le supputait- cet air idiot qui le poussait à ouvrir la bouche en cul de poule, il avait beau le savoir, il ne parvenait pas à se contrôler, et à émettre un « O » muet mais si ingénu. Cependant le membre de la Guilde des aventuriers lui paraissait imposant et le barman était trop solide pour qu’il aille se coller à côté. Il s’accouda donc au comptoir dans une posture qu’il espérait décontractée, le plus loin possible des deux hommes, et resta pour profiter du spectacle.
« Le propriétaire a un pouvoir étonnant » avait dit Arthas… Stupéfiant, invraisemblable, inouï… était plus proche de la réalité ! C’était autre chose que de ridiculiser ses maîtres d’armes en saisissant à deux mains une épée devenue fleur pour se protéger !
Buvant le contenu de son verre sans trop en saisir le goût, il cherchait quelle boisson exotique et alcoolisée il pourrait demander, pour vérifier qu’il ne s’agissait véritablement pas d’un tour de passe- passe lié aux chopes ou à une autre cause extérieure.
Il se doutait bien qu’avant lui d’autres avaient dû chercher à s’en assurer, mais son bon sens et sa foi en la rationalité l’empêchaient d’accepter une évidence ; surtout de cette nature.
Regardant tour à tour l’aventurier et le propriétaire, il fit le tour des bouteilles stockées par son grand-oncle Adalbert au retour de ses expéditions… Voyons… Du nectar d’Ambriosa, ça devait être courant, mais justement, il y avait des chances que le gros homme de la Guilde en ait bu, il pourrait donner son avis. Du whiskey de trictum maximus, plus communément nommé « whiskey trique-dure » par Arthas, Camille rougit imperceptiblement, mais… avec sa belle robe phoporescente, c’était une boisson plus rare et qui épatait les invités, même si en raison de ce dernier aspect justement Camille s’était toujours gardé d’y goûter. La taverne était suffisamment sombre pour que cela soit bien visible. Un vin d’Ascléria ? le goût en était commun et pas fantastique, mais les effets étaient garantis sur les gens comme lui qui avaient des soucis pour parler suffisamment et ses vertus revigorantes permettaient de faire un discours sans heurts… Un vin vieux aromatisé à la phume… ça suffirait pour prouver que ce type ne mentait pas, et il était presque sûr que l’aventurier apprécierait d’avoir le gosier en feu. Ces boissons n’étaient certainement pas si courantes dans ce type de taverne et avait toutes une particularité qui ne permettait pas de tricher.
Il sourit donc de toutes ses dents, et regardant les deux hommes réussit à prononcer d’une traite, sans blocage dans l’élocution ni bredouillage ou téléscopage de mots :
- Accepteriez-vous un test ? Je me doute qu’on a déjà dû vous mettre à l’épreuve -il regarda le barman- mais c’est si incroyable ? Monsieur s’y connaît sans doute mieux que moi en alcool, m’aiderait-il à faire le goûteur ? -il planta son regard, bien plus assuré qu’il ne l’était en réalité, dans ceux de « l’examinateur de la Guilde »-
Les yeux brillants, il ressemblait à un gamin auquel on promet un cadeau du solstice particulièrement original. Il attendit les réponses en jouant avec son verre.