n'a rien à faire
dans le panier du chat
En dehors de ses préparatifs, l'Insomnie ouvrait comme à son habitude chaque soir, quelques heures après le coucher du soleil. Il y avait toujours peu de monde en début de soirée mais rapidement, à mesure que la nuit avançait, la pièce principale se remplissait et s'animait.
La soirée était déjà bien avancé, Ash faisait des petits tours dans les locaux afin de vérifier si tout ce passait bien. Il y avait eu quelques oublis de maquillage dans les loges et un manque de liqueur de poire dans les stock du bar mais en dehors de cela, tout se déroulait tranquillement.
Après avoir fait son tour du rez-de-chaussé, Ash se dirigea vers les escaliers est. Il passa par le couloir devant les petites salles de représentation privée et passa la porte vers la cage d'escalier. Une petite pièce dans laquelle ne se trouvait que quelques éléments de décoration et des escaliers menant à l'étage... Il les monta et arriva dans la petite salle d'accueil de la maison close. Un petit salon à la lumière tamisé et aux douces odeurs d'encens. Il y avait de grands sofa ainsi qu'un petit bar pour ceux souhaitant se désaltérer avant ou après l'effort. Il n'y avait pas grand monde dans cette pièce, la plupart des clients et filles de joies s'étant déjà trouvé une chambre à l'abris des regards indiscrets. Il n'y avait que le barman et un des gigolos qui attendait un potentiel client, allongé sur un sofa. Lorsqu'il vit le propriétaire arriver, il esquissa un sourire et se tortilla dans une position aguicheuse... A un autre moment, le jeune homme aurait accepté les avances du garçon mais il était encore tôt et il avait d'autres choses à faire avant de pouvoir profiter lui aussi des services de son établissement.
Il alla s'avancer vers le couloir quand quelque chose le heurta et émit un petit cri. Ash baissa les yeux et croisa alors le regard d'une jeune rousse qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent. Il leva un sourcil, son visage ne lui disait rien et elle était bien trop habillée pour travailler par ici. Une cliente peut-être ? Mais dans cette partie du bâtiment, il essayait d'avoir connaissance de tous les clients qui venaient profiter d'une petite partie de plaisir... Tout dans l'attitude de la jeune fille lui indiquait qu'elle n'avait pas l'air d'être venue pour cela.
- Oh excusez moi, tout va bien ?
Ce qu'elle faisait ici restait donc un mystère. Mais il lui proposa tout de même sa main pour l'aider à la relevé, bien curieux de savoir ce qu'une jeune demoiselle rodait dans les parages. Le barman du petit salon ne l'avait pas arrêté lorsqu'elle voulait aller plus loin ?
3ème lune de la saison fraîche de l'an 1 000
A la fin de ma journée avec le docteur Weiss, je décide de continuer la visite de la capitale, seule. Peut-être n'est-ce pas une si bonne idée que cela, mais je ne me fais pas de soucis. Tant que je n'ouvre pas la bouche, tout devrait bien se passer ! Et en même temps, je pourrais voir comment les habitants de la capitale se comporte. Si je dois venir ici souvent, je ne voudrais pas faire de faute en faisant quelque chose qu'il ne faudrait pas. Mais il ne devrait pas avoir tant de différence de culture qu'avec le Village Perché, non ?
Une fois la nuit tombée, je me met en route pour connaître tous les secrets de la capitale. Mais sans m'éloigner trop de la route principale, hein. Je veux bien être aventurière, mais pas trop quand même. Suivant le cours de l'eau de la rivière Luisante, je passe plusieurs ponts : II, III et finalement le pont XVI. Même si la nuit est tombée, beaucoup d'établissement sont encore ouverts. Comparé au Village Perché, la vie ne s'arrête pas avec la tombée du jour. C'est magnifique.
Je me retrouve rapidement dans une rue où une énorme queue s'est formée devant un établissement. "L'insomnie"...cela doit être un bar très connu de la capitale pour avoir autant de temps d'attente juste pour pouvoir entrer à l'intérieur.
Passant juste à côté, je me fais embarquer malgré moi dans la foule rentrant à l'intérieur. Et bien parfait tout ça ! Je me fais malmenée pendant quelques minutes, le temps que les personnes rentrantes se dispersent dans l'établissement.
Certaines personnes continuaient leur chemin tout droit, là où de la musique pouvait se faire entendre. D'autre tournaient à gauche ou restaient parler dans l'entrée. Ne voulant pas prendre de risque, je tourne sur ma droite, là où il y a beaucoup moins de personne.
Lumière tamisée, il fait beaucoup trop noir pour voir où je met les pieds. Je me suis prise les pieds de nombreuses fois dans des objets invisibles. A croire que mon pouvoir se retourne contre moi...
Ne trouvant pas de sortie et ayant peur de faire demi-tour pour me retrouver une nouvelle fois prise dans le tourbillon des personnes rentrantes, je remarque qu'un escalier monte, et je m'empresse d'y monter.
A l'étage, tout est plus calme, la musique de l'étage d'au-dessus se fait moins entendre. Dès la fin de l'escalier, je tombe sur un petit bar, où un travailleur nettoie frénétiquement des verres. Je m'approche de lui en faisant le moins de bruit possible.
Vu ma petite taille, le comptoir du bar m'arrive au milieu du front, et je suis obligée de me mettre sur la pointe des pieds pour voir d'un peu plus près. Le barman ne me voit pas, et j'en profite pour regarder toutes les boissons qu'il a derrière lui. Il y en a tellement...la seule fois où j'ai bu de l'alcool, c'était avec Papy, et je ne me souviens que d'une partie de la soirée. Je me suis réveillais le lendemain dans mon lit, et après un sermon de plus d'une heure de sa part, il m'a fait promettre de ne plus jamais boire sans lui.
Je laisse le barman tout seul pour m'intéresser à une autre personne qui venait d'entrée dans la salle. Un homme très bien habillé s'allonge sur un sofa, sans prendre attention à ma présence. Il discute pendant quelques temps avec le barman, et je profite du brouhaha pour prendre le couloir sur la gauche. Mais dès la première porte passée, je me stoppai. Des bruits étranges s'échappaient. Des gémissements ? Quelqu'un souffrait ? J4ai failli pousser la porte en demandant si quelqu'un avait besoin d'aide, mais rapidement, j'entendais des rires. On dirait que tout se passe bien, finalement.
Je commence à retourner dans le petit bar quand je rencontre un mur qui n'était pas là tout à l'heure.
- Aïe !
Je me retrouve rapidement par terre. Mais ce n'est pas ça qui m'inquiète. C'est surtout le bruit qui est sortie de ma bouche, et qui a révélé ma position. En levant la tête, je me rend compte que le mur en question est en faite un jeune homme assez grand, qui me tend une main pour m'aider à me relever. Mais trop surprise par cette présence, je recule de quelques centimètres, en faisant traîner mes fesses sur le sol.
- O-oui, tou...tout va bi-bien...
J'essaye de ne pas croiser son regard. S'il me perd de vue, j'en profiterai pour filler d'ici à toute vitesse. Je ne sais pas si le lieux est privé ou non, et, clairement, je n'ai pas envie de créer des problèmes alors que c'est mon premier jour à la Capitale !
n'a rien à faire
dans le panier du chat
- Tout va bien alors, mais dîtes moi, puis-je vous demander ce que vous êtes venu chercher ici ? Il ne me semble pas que... vous soyez l'une de nos clientes ?
L'attitude de la demoiselle était bien trop gênée et timide pour que ce soit le cas et ce n'était certainement pas une employée. Ash mettait un point d'honneur à connaître toutes les personnes travaillant pour lui, d'autant plus à l'étage. Cependant, la manière dont la jeune femme est arrivée là l'intriguait. Il avait donné pour instruction au barman de cet étage de faire redescendre toutes les personnages n'étant pas concernées par l'étage.
le jeune homme hésita, ne souhaitant pas se montrer trop autoritaire mais il ne souhaitait pas que les visiteurs puisse gambader à tout va dans ton établissement. Ses clients privilégiés appréciaient la discrétion du cabaret et Ash tenait à ce que ça reste le point fort de la maison. Il glissa une main sur l'épaule de la jeune femme pour être sure qu'elle ne puisse pas s'enfuir et lui fit son sourire le plus professionnel :
- Si ce n'est pas le cas, vous n'avez rien à faire ici mademoiselle, puis-je vous demander comment êtes vous arrivé jusqu'ici ?
Au même moment, on entendit des bruits de pas dans l'escalier. Un homme avec une fort belle moustache apparu sur les dernières marches. Il salua le barman et le propriétaire qui lui rendit son bonsoir en resserrant sa prise sur l'épaule de la demoiselle :
- Bien le bonjour Monsieur, des envies particulières pour ce soir ?
- Oh! J'ai l'honneur d'être accueilli par le patron en personne ! Bonsoir Ash... hm... Non, je vais rester dans mes habitudes, Abigail est-elle là ?
- Bien sur monsieur, on va aller vous la chercher, attendez ici un instant s'il vous plait.
Ash fit signe au barman qui s'inclina et fit le tour de son bar pour aller chercher la demoiselle en question dans les chambres. Le client ravi, s'assit sur un canapé assez loin du gigolo qui attendait patiemment un client, déçu que l'homme qui venait d'arriver soit hétéro...
Le propriétaire avait d'ailleurs failli oublier la demoiselle dont il tenait toujours l'épaule, mais son attention revint vers cette dernière :
- Si vous le voulez bien mademoiselle, vous allons continuer cette conversation dans un bureau, il y a un peu trop de passage ici...
Il avait volontairement omit de mentionner le nom de l'homme qui venait d'arriver, Ash ne souhaitait pas qu'une étrangère à l'établissement croise des clients de l'étage. Il passa sur une main dans son dos et l'invita doucement à prendre le couloir en face du bar... Il avait l'impression qu'elle pouvait disparaître à tout moment, il ne l'avait d'ailleurs même pas aperçue avant qu'elle ne lui rentre dedans aussi il ne la quitta pas des yeux et l'invita à rentrer dans la première salle sur la gauche où se trouvait un sofa et deux fauteuils en face d'un bureau...
3ème lune de la saison fraîche de l'an 1 000
Quand l'homme commence à parler sur un ton assez doux, j'essaye de me calmer. Mais beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Mon bégaiement n'allait pas partir de si tôt, mais j'arrive tout de même à me remettre debout.
- U-une cliente de qu-quoi ?
N'est-ce pas un bar, ici ? S'il demande si je consommerai des boissons, peut être bien, mais pas d'alcool. J'en ai déjà gouté une fois, et cela s'est très mal terminé. Heureusement que papy était là pour m'aider à rentrer chez moi...
Je sentais que malgré le ton doux que l'homme essayait d'avoir, son attitude et son corps se font rigides. Mieux vaut que je partes rapidement de là, on dirait que cet endroit n'est pas fait pour moi.
- Je ne va-vais pas vous déran-ranger plus long...
Au même moment, des bruits de pas se font entendre dans les escaliers. Une silhouette d'homme se fait enfin voir. Celui-ci porte un costume très classe et possède une moustache qui ferait jalouser tous les imberbes.
S'en suit une discussion des plus étranges à mes oreilles. Quelles envies pourrait avoir l'homme ? Est-ce un jeu ? Une cocktail particulier ? Cette Abigail doit être une serveuse qui doit faire de très bonnes boissons.
L'étreinte de l'homme -- que je sais maintenant s'appeler Ash -- se fait plus dure qu'avant l'apparition de l'homme au costume. Est-ce parce qu'il avait peur de lui ? S'il comptait sur moi pour le protéger, il avait mal choisi son bouclier...
- Je ne pe-pense pas qu'il faut conti-tinuer cette conver...conversation...
La seule chose que je voulais, c'est m'enfuir loin d'ici, retourner auprès du docteur Weiss, ou même dans la chambre d'hôte que j'ai loué pour mon séjour dans la grande ville.
Mais Ash me tient par les épaules, et je sens qu'il a glissé une main dans mon dos pour me pousser vers ce fameux bureau. Aucune possibilité de m'enfuir, donc...me raidissant à son contact, je marche tout le même, bien contrainte de suivre les ordres de l'homme.
Nous arrivons quelques secondes plus tard dans une salle, où il y a un bureau, un sofa et deux fauteuils. Je m'avance jusqu'au milieu de la pièce, et reste droite comme un i. Je ne peux plus bouger, complètement apeurée par ce qui peut m'arriver. J'ai envie de me mettre en boule dans un coin, fermer les yeux et devenir invisible. Pour une fois que mon pouvoir peut me servir à quelque chose, le voilà complètement inutile ! Ash ne me quitte absolument pas du regard. Aurait-il compris comment fonctionne mon invisibilité ?
Complètement à bout de nerf alors qu'aucune question n'a été posé, je me met à parler à vitesse grand V, impossible de m'arrêter.
- Je suis vraiment désolée. Ce n'est pas ce que vous pouvez penser ! Dehors, j'ai vu une queue, je me suis dit que c'était un restaurant vraiment super cool. Je ne voulais pas rentrer, de base, mais je me suis fait prendre dans la foule et me voilà dans le bâtiment. Comme je n'avais pas envie de me faire pousser, encore une fois, je suis partie là où il y avait le moins de monde ! J'ai vu un escalier, je suis montée. Là, le barman laver des verres, mais comme je ne faisais pas de bruit, il ne m'a pas vu. Puis il y a un homme qui est arrivé. Lui aussi ne m'a pas vu ! Le chemin vers l'escalier étant pris, j'ai voulu voir s'il y en avait un autre, d'escalier. Mais je suis tombée sur une porte avec des bruits bizarres à l'intérieur. Je pensais que quelqu'un était en danger ! Mais rapidement, plus aucun bruit, donc je suis repartie vers le premier escalier, comprenant qu'il n'y avait que celui-là pour redescendre. Puis là, je vous est foncé dessus et puis...et puis voilà.
Je reprend enfin mon souffle, complètement essoufflée. Ce résumé rapide devrait suffire à prouver mon innocence, non ?
- J-je...peux par-partir ?
n'a rien à faire
dans le panier du chat
Elle n'opposa aucune résistance lorsqu'il l'emmena dans un des bureaux de l'étage. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la salle, Ash ferma la porte et poussa un soupire intérieur. La jeune femme en face de lui avait plus l'air d'être une brebis égarée qu'une espionne... Mais généralement ses derniers était plutôt doués pour cacher leurs fonctions. Le jeune homme ouvrit la bouche pour réitérer sa question, mais il vu doublé par la demoiselle qui s'expliqua à vitesse grand V.
Ash l'écouta jusqu'au bout, les bras croisés et sans l'interrompre... A la fin du récit il finit par porter sa main a sa tête pour masquer son soupire. Tant d'histoires pour une si petite chose...
- Bon... je pense avoir cerné toute l'histoire. Nous ne sommes pas un restaurant mais un cabaret, cependant l'étage est réservé a nos clients privilégiés dont vous ne faîtes pas parti.
Il se redressa et tendit la main vers la jeune femme, paume ouverte espérant lui montrer qu'il lui voulait pas de mal :
- Je ne voulais pas vous effrayer, vous allez pouvoir partir bien évidemment. Cependant, permettez que je vous offre un verre pour m'excuser du malentendu ? Préférez-vous peut-être que l'on retourne dans la grande salle ?
La jeune femme se montrerait peut-être moins effrayées s'il y avait du monde autour et ne se trouvait pas enfermée en tête à tête avec le patron de l'établissement ?
La demoiselle avait l'air sincère dans ses propos et réellement perdue. Cependant elle avait visiblement visité les locaux et Ash ne pouvait pas être certains de la véracité de ses dires. Est-ce qu'il se montrait trop prudent ? Peut-être, mais la discrétion de l'étage était ce qui faisait la renommé de la maison. Ironiquement. Le patron ne pouvait pas laisser partir une petite souris sans savoir exactement ce qu'elle a vu et être certain qu'elle n'en parlerait pas... Il n'avait aucun moyen de lui soutirer de force la vérité, il allait devoir se montrer inventif.
Souriant à son interlocutrice, la main toujours tendue dans l'attente qu'elle la prenne pour l'accompagner au rez-de-chaussée, il rajouta :
- D'ailleurs, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Ash Soven, je suis le propriétaire de l'établissement. Puis-je connaître votre nom ?
3ème lune de la saison fraîche de l'an 1 000
Toujours le souffle court, j'essaye de respirer de nouveau normalement, mais l'atmosphère environnante ne m'aide pas beaucoup. Être enfermée comme ça, seule dans une petite pièce, avec un inconnu, me donne des envies d'hyper ventilation...
Même quand l'homme me tend la main pour me dire que tout va bien, j'ai l'impression de n'être qu'une toute petite souris sous le joug d'un énorme chat. Je sens les yeux de l'animal me transpercer, et je ne peux que trembler.
- Un...un ver-verre ?
Voulait-il mettre quelque chose à l'intérieur ? Un poison ? Une drogue ? Qu'est-ce qu'il voulait me faire ? Je suis sûr qu'il a des potions de vérités...et je sais que ça existe ! Enfin...j'en ai entendu parler...une simple rumeur, de Mamie Yaga...oui, fallait-il vraiment prendre pour vrai ce qu'il sortait de sa bouche ? Je me souviens qu'elle s'était baladée complètement dénudée dans les rues du village perché en criant que le grand fléau allait sortir de terre. Elle est peut-être un peu folle, au final...
Ne pouvant pas me défaire si facilement de la toile dans laquelle je suis, j'accepte d'un mouvement de tête de son invitation. Ash fini par se présenter, en tant que propriétaire de l'établissement dans lequel nous sommes. Ah...oui...il fallait vraiment que je tombe sur lui...
- Chrys...Chrystielle Ke-Keyser...Vétérinaire...
Je n'avais vraiment rien à faire ici...Restante droite comme un I, j'attend qu'Ash le chat propriétaire me tende un verre. Qu'allait-il avoir à l'intérieur ? De l'eau ? De l'alcool ? Sainte Lucy, s'il vous plait, pas d'alcool. Cela fini toujours mal...Et s'il vous plait, faîtes aussi qu'il n'y a pas de chose bizarre à l'intérieur...
n'a rien à faire
dans le panier du chat
- Enchantée mademoiselle Keyser... Suivez moi je vous prie, nous allons redescendre. Vous vous sentirez certainement plus en sécurité si il y a du monde autour n'est-ce pas ?
Il ouvrit la porte du bureau et indiqua à la demoiselle de passer devant. Le chemin pour redescendre était le même que pour monter, elle ne devait pas se perdre une seconde fois, d'autant plus sous l’œil attentif du brun.
Tout en fermant la porte derrière lui, il prit la parole, espérant pouvoir détendre un peu plus la jeune femme :
- N'ayez crainte, je vous mentirez en vous disant que je ne souhaitais pas vous effrayer mais je ne compte pas vous faire de mal. Croyez moi, ce n'est pas dans mon intérêt.
Ils se redirigeaient tout deux vers l'entrée du cabaret, il y avait déjà plus de monde. La grande salle était fermée mais les clients allaient et venaient librement, le personnel au guichet accueillait toujours de nouveaux clients et les orientaient selon leurs demandes et les grandes portes de l'entrée étaient ouverte sur la rue animée en face du cabaret.
- Allons dans la grande salle si vous le voulez bien ? Je vous dois un verre après tout
Elle n'allait tout de même pas s'enfuir à ce moment ? Cela ne ferait que signer sa culpabilité et elle serait vite rattrapée... Alors Ash détacha son regard d'elle pour ouvrir les portes et glisser un regard à l'intérieur : actuellement Sakuna se représentait sur les planches, toujours aussi élégante et délicieuse que le premier jour où il l'avait rencontré. Il faisait plus sombre que dans l'entrée, ayant seul quelques cristaux de lumières sur les planches et au niveau du bar, la musique rythmait l'intérieur et la salle était bondée mais il y aurait toujours une place pour le propriétaire quelque part.
- Que voulez-vous boi...
Lorsqu'Ash se retourna, la jeune femme avait disparu. Il ne l'avait pas entendu ni senti partir...
3ème lune de la saison fraîche de l'an 1 000
Ash me demande de redescendre. Je comprend que je ne suis pas forcément la bienvenue ici, mais il faudrait mieux l'indiquer ! Des sens interdits ? Des chaînes ? Ou même un panneau avec écrit "interdit de passer sous peine de sanctions" ! Hooo non...pas de sanctions...j'espère que rien ne va m'arrivait....
Nous redescendons donc rejoindre la foule du rez-de-chaussé. Il y a encore plus de monde que quand je suis arrivée. Je sens que je vais me faire écraser de partout...
- J...Je vous su-suis.
Enfin, j'essaye du mieux que je peux. De par ma petite taille, ma timidité et mon pouvoir, personne ne me voit. Tout le monde bouge dans tous les sens, et ne fait pas forcément attention à ce qui se passe au niveau de leur torse. Je me fais donc balader de droite à gauche, à rentrer dans tout le monde.
Je me fais tellement rentrer dedans que je perds de vue mon guide, et me retrouve de nouveau seule dans une foule d'inconnue. Aaaaah....comment faire ? Je ne peux pas sortir comme ça, ça ne se fait terriblement pas. Mais je ne vais pas pouvoir le retrouver toute seule. Demander à quelqu'un ? Oula non, vraiment pas... Peut-être que je devrais remonter et essayer de demander aux personnes qui était à l'étage ? Non, non plus. A part Ash, personne ne m'a vu. Essayer de me faire voir ? Mais comment ? Je ne vais tout de même pas monter sur scène pour faire une annonce ! Oooouuula non, vraiment pas du tout...
Allez, Chrys...bouge tes fesses et essaye de savoir où aller. L'homme m'a dit qu'il voulait m'offrir à boire. Donc à part le retrouver au bar, je ne vois pas du tout où il pourrait être. Donc nouvelle mission : trouver ce fameux bar. Mais c'est toujours une mission compliquée, avec tout ce monde. J'essaye pourtant de continuer à avancer, dans la direction qu'il me semble la bonne. Je joue des coudes, protège mon visage, et met un pied devant l'autre.
Au bout de cinq minutes de lutte acharnée, j'ai l'impression de n'avoir avancé que d'un mètre. Mais j'en vois le bout. Enfin ! Un comptoir me fait fasse. Maintenant, essayer de retrouver Ash. Un homme derrière le comptoir nettoie un verre. Est-ce une habitude, par ici, de nettoyer des verre ? Quand bien même, je lève la main pour essayer qu'il me voit.
- Ex...excusez-moi.
Mais avec le bruit environnant, il est compliqué pour l'homme de m'entendre. Ne voulant pas perdre une minute de plus, j'hausse la voix.
- EXCUSEZ-MOI !
Oserais-je dire que c'est pile le moment où un gros blanc se met en place ? Les dizaines de personnes autours me regardent comme si j'étais un phénomène de foire. Je sens mes joues rougirent comme ce n'est pas possible. Mais cela a parmi à l'homme derrière le bar de enfin faire attention à moi.
- Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Je...je cher-cherche...Ash ?
Le barman me regarde d'un air suspicieux, comme si je lui avais donné un mot de passe top secret que seul 5 personnes dans tout le Royaume peuvent connaître. Il me donne tout de même sa position, à une dizaine de mètre un peu plus loin, le long du comptoir.
Je le rejoins péniblement et, comme une enfant retrouvant enfin ses parents, je lui tire sur son haut pour lui montrer que je suis revenue.
- Je su-suis là...
n'a rien à faire
dans le panier du chat
L'homme survola d'abord l'entrée du regard mais ne vit pas la petite tête rousse de son invité. S'était elle déjà glissé dans la grande salle ? Malheureusement, avec la foule et les lumières tamisées de la salle de spectacle, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Il avisa l'un des agents de sécurité à l'entrée et lui fit signe d'approcher :
- Auriez vous vu une jeune femme, de cette taille à peu près, rousse.
L'homme secoua la tête. Elle n'était donc pas ressortie. Ash lui fit signe qu'il pouvait retourner à son poste et retourna à la porte de la grande salle pour pénétrer à l'intérieur. Sur scène, les danseuses se donnaient toujours en spectacle et l'ambiance était toujours animée. Il s'approcha du bar et s'installa sur l'une des chaises hautes en commandant un verre de whisky. Il avait les yeux fixés sur la scène quand le barman lui apporta sa commande et qu'une petite voix hésitante le tira de sa contemplation :
- Mademoiselle Keyser ?
Il poussa un soupire intérieur et s'arma de son plus beau sourire.
- Je vous ai perdue de vue, je pensais que vous vous étiez déjà faufilé dehors... Excusez moi de ne pas vous avoir accompagné jusqu'ici mais que souhaitez vous boire ? Je vous invite bien évidemment, installez vous !
Il désigna la chaise haute à côté du bar à ses côtés et fit signe au barman d'apporter ce qu'elle commanderait.
- Dîtes moi donc, le cabaret vous plait ?
3ème lune de la saison fraîche de l'an 1 000
Je suis contente...monsieur Ash n'a pas l'air d'être énervé. Je rougit un peu plus et baisse les yeux vers le sol, portant ma main fermée au niveau de ma bouche.
- Mer-merci...
Je finis par lever les yeux pour contempler la fameuse chaise haute...Faut-il vous rappeler que je mesure un pauvre mètre 52 ? Et oui ! Les 2 centimètres sont précieux, et font une grande différence !
Différence ou pas, il faut que je m'étale de tout mon long sur la chaise pour espérer pouvoir y monter. Un pied après l'autre, je prend appuis sur la petite marche de la chaise. Le torse est passé ! Maintenant, j'essaye tant bien que mal de passer le popotin, mais plus facile à dire qu'à faire ! A chaque fois que je tourne, je balance dans le mauvais sens, et suis obligée de retourner à ma position de base pour ne pas tomber.
Au bout d'une grosse minute de honte, j'arrive à poser mes fesses sur l'assise, et je fais tout pour ne pas croiser les yeux de monsieur Ash.
- Un...un jus de p-pomme, s'il vous...vous plait...
Le barman arrive avec ma boisson, et me jette un regard interrogateur. Je ne préfère pas prendre de l'alcool...seul papy et mes parents savent ce qui se passe, après un simple petit verre.
Je bois lentement le jus de pomme, en me retenant de demander une paille en seigle. J'aime bien le mélange que cela fait avec la pomme.
- Je...je ne connais pas du tout ce genre d'établissement...Au village perché, nous avons des fêtes où tout le monde danse et chante, mais jamais un bâtiment entier.
Je trouve ça magnifique ! Dire qu'ici, à la capitale, tout le monde peut danser et chanter quand ils le veulent. Le gens doivent être tellement heureux !
Je me permet de regarder tout autour de moi, en donnant le dossier de la chaise haute pour ne pas tomber lors de ma rotation. De jeunes femmes dansent sur une estrade, et de nombreuses autres personnes les regardent, attablées à des tables.
- Mais...pour-pourquoi personne ne danse ?
Il y a un assez grand espace devant l'estrade pour pouvoir danser en toute liberté, non ? Alors pourquoi personne ne le fait ? Est-ce à cause de la musique ? Je sais que lors de nos fêtes au village, les musiciens jouent pratiquement que des musiques de danse de groupe, et plus d'une vingtaine de personne est toujours présente sur la piste.
n'a rien à faire
dans le panier du chat
- Hm… Disons que c’est plus un lieu de spectacle qu’un lieu de danse. Ce n’est pas vraiment une fête, l’établissement est ouvert tous les jours de l’année, les gens y viennent pour apprécier les numéros et se retrouver.
Il sourit doucement devant la naïveté de la jeune fille. Elle ne pouvait pas feindre autant l’ignorance sans que cela soit naturel. Alors il se permit de se détendre quelques peu et rajouta :
- Si vous souhaitez aller danser, rien ne vous en empêche bien évidemment.
Se commandant un verre au bar, une silhouette féminine s’approcha doucement dans son dos et lui glissa une main sur les hanches. Les ongles longs et vernis de rouge, ses doigts étaient fins et parcouraient la chemise d’Ash, le faisant frissonner. Cependant il savait de qui il s’agissait, il avait reconnu Shey à son parfum. Il tourna la tête et des lèvres pulpeuses vinrent l’embrasser pendant que les mains baladeuses s’accrochaient dans son dos. Ils échangèrent un long baiser langoureux avant que le jeune homme ne coupe se moment en reculant :
- Bien le bonsoir Shey, qu’est ce que tu fais là ? Tu ne devais pas être à l’étage ?
La demoiselle était habillée de sous-vêtement quasi-inexistant et tous les regards s’étaient tournés sur elle sur son passage. La jeune femme appréciait être le centre de l’attention et en joua en posant ses avant bras sur les jambes d’Ash, assit sur le tabouret, pour se pencher en avant, fesses en arrière et se cambrant pour faire ressortir ses jolies courbes.
- Hm… si effectivement. Mais je venais te chercher
Elle esquissa un petit sourire plein de sous-entendu et Ash secoua la tête
- Non pas ce soir
Elle fit une moue faussement boudeuse
- Tant pis. Sinon je venais vraiment te chercher parce qu’il y a un soucis avec monsieur V.
Ash haussa un sourcil et soupira. Il se leva du tabouret, obligeant Shey à se redresser également et se retourna vers sa jeune invité, qui heureusement cette fois, n’avait pas bougé de place et fut facile à trouver :
- Excusez moi, j’ai quelques affaires à régler. En tout cas, n’hésitez pas à vous mettre à l’aise mais je vous le répète encore une fois, ne montez pas à l’étage sinon je considérerais que ce soir n’était pas juste un malentendu.
Un petit avertissement avec le sourire et il reprit :
- Passez une très bonne soirée mademoiselle.
Puis il tourna les talons et reparti avec Shey au bras.
|
|