…
Bah !
-Hehehe. Ricana t-elle en bombant inutilement le torse, par fierté et directement flattée dans son ego. Les personnes à être sur la même longueur d'onde que moi sont rares, j'suis contente de voir que t'en fait partie. Et oui, j'ai de nombreuses conquêtes héhéhéh, pour ça que j'donne des cours de drague même si personne ne m'embauche pour ça.... À cette dernière partie pleine d'une vérité plus que douloureuse, son air se fit lugubre l'espace d'un instant. Mais cela ne dura pas longtemps car elle continua de vive voix : Si tu veux continuer à chanter mes louanges, c'est le moment ! Huhu.
En réalité, ses conquêtes n'étaient pas si nombreuses que ça, la plupart des femmes qu'elle accostait préférant fuir les grossièretés et la beauferie sans limite et sans finesse de la blanche. Toutefois, aux yeux de la naïve et innocente Zilith, ce nombre, aussi petit soit-il, devait quand même paraître énorme.
Et est-ce que le compteur allait monter ? Se demanda la citoyenne en sentant la douce et chaude main de la rose sur sa joue. La réponse lui apparut rapidement et clairement lorsqu'au lieu de sentir des lèvres collées sur les siennes, elle sentit la main s'écraser sur son visage. Étrangement, la citoyenne se sentit un peu….déçue. Mais soulagée aussi car ça aurait pu être pire. Une baffe, un coup de tête, un poing dans le ventre faisant vomir les parts de pizza qu'elle avait ingurgité tout à l'heure...Oui, c'était des scénarios qui étaient arrivés auparavant parmi les nombreux échecs et râteaux qu'elle s'était prise. Elle s'en sortait pas si mal tout compte fait !
-Voyons, j'ai juste peloté tes joues et le dessus de ta tête. Répondit-elle du tac au tac avec son éternel sourire en coin tout en emboîtant le pas de la noble. Et si je voulais VRAIMENT te peloter, ce n'est pas l'occasion qui manque à la maison, teehee.
Pour souligner sa blague, elle leva les deux mains et agita ses doigts de manière lubrique comme si elle tenait deux…balles. Deux balles. Pas qu'elle se le permettrait réellement cela dit vu la nature de la noble. Mine de rien, Astrid savait quand même respecter certaines limites. Toutefois, vivre avec elle n'était pas sans danger, comme l'avait montré l'épisode du bain.
-Pffff ! Je raconte jamais de sornettes, mais je peux faire des sorts nets et sans bavures comme m'a appris Erland, mon poto le magicien ! Haha ! Puis oui on a le même âge mais eeeeuh….elle hésita un instant et se fit violence pour réfléchir un minimum afin de ne pas sortir une énormité. Maaaaiiiiiiis t'es plus jeune d'expérience, voilà, ahem.
Pfiou, elle s'était bien rattrapée. Du moins le jugeait-elle.
-Eeeh moins vite Zilith, et laisse moi un peu la bouteillleeee ! *burp*
Une ivrogne dans toute sa splendeur, s'exclamant fort, trop fort, et rotant sans se soucier du regard des autres passants qui s'éloignèrent des deux jeunes femmes en leur lançant des regards dédaigneux.
Le reste du chemin jusqu'à leur maison fut long et ardu, avec de multiples obstacles se dressant devant elles comme pour les empêcher de rejoindre leur lit douillet. Tout d'abord leur sens de l'orientation moins performant qui les avait trahi à trois reprises, leurs jambes dont les pas étaient beaucoup moins assurés, les blagues nulles de la femme à tout faire qui s’enchaînaient sans connaître la fatigue, des crottes de chien sur le sol qui avaient bien failli les mettre à terre, et bien d'autres absurdités.
Mais telles des héroïnes, elles finirent par triompher du mal nommé « alcool » et arrivèrent saines et sauves devant la porte. L'ouvrir fut un autre combat en soi, mais une fois fait, Astrid et Zilith ne se firent pas prier pour retrouver le confort de leur petite demeure sans prétention.
-Pfwaaaaaah ! Maison ! S'exclama la citoyenne en levant les bras pour s'étirer.
Comme un peu plus tôt, la farceuse fut assaillie par ses familiers toujours aussi contents de la revoir même si ils ne s'attardèrent cette fois pas longtemps à cause de son odeur et de ses cheveux qui sentaient encore fort le rhum. Et parce que Zilith faisait partie de la famille, ils allèrent également l’accueillir avec joie.
Profitant du spectacle, les yeux de la femme à tout faire tombèrent sur la banderole toujours accroché dans le salon qu'elle avait faite tantôt. Ah, c'est vrai.
Donnant une tape dans le dos de la rose qui avait tant grandi depuis leur première rencontre, Astrid lui dit :
-Encore une fois, toutes mes félicitions Zilith pour ton nouveau boulot. Je me suis biieeennnnn amusée ce soir et ça m'a fait énormément plaisir de passer du temps avec toi ! Donc on pourrait….retourner dans une taverne quand tu veux, un de ces jours ?
Parce qu'elle aimerait revoir la noble bourrée, heh.
Zilith se sentait de plus en plus chez elle, dans ce qui s’approchait plus d’un taudis que d’une maison -pour une noble en tout cas. Si les premières lunes dans ce lieu n’avaient pas été des plus évidentes, elle s’y était faites, elle réussit même à esquiver la marrée de familiers qui se jeta à corps perdu dans les bras d’Astrid. Non pas qu’elle ne leur vouait pas une certaine affection, mais contrairement à la jeune femme ensevelie de créature, Zilith n’étaient pas de ceux qui aiment se rouler par terre. Peut-être qu’un jour, elle s’y laisserait aller, mais pas celui – ci. Il lui faudrait plus qu’une simple bouteille. Néanmoins, quelques uns des familiers finirent par venir la saluer avec plus de mesure ; elle les gratifia chacun d’un geste affectueux avant de s’en retourner vers l’intérieur. Rien n’avait changé depuis leur départ quelques heures auparavant. Sauf peut-être, manquait-il des aliments sur la table. Pas très judicieux de leur part d’avoir laissé cela en état cela dit, elles ne pouvaient s’en prendre qu’à elle-même. Un peu plus loin, accroché en haut de l’un de leur vieux mur trônait toujours la banderole. Mais alors que Zilith allait s’extasier dessus, repassant avec nostalgie les différentes épreuves qui l’avaient menées à ce moment précis, une main s’abattit sur son épaule et ne manqua pas de la faire sursauter.
- Je… J’sais pas si c’t’une bonne idée… Marmonna-t-elle encore groggy par l’alcool avant de se tourner vers Astrid. - J’crois que j’comprend mieux pourquoi on m’dit qu’il faut pas boire… Hum… Ses épaules ses haussèrent et elle regarda ses pieds. Bien que saoul, son caractère n’en restait pas moins le même. - Merci… Ses yeux se levèrent pour lancer un regard à la dérobée avant de se reposer sur le sol. - Pour l’bannière et tout le reste. Subitement, comme elle le faisait très souvent, elle joignit ses mains et se mit à les tortiller dans tout les sens. - L’boulot… Les livres… « Maudit soient-ils » pensa-t-elle cependant. - Tout. Et sans crier gare elle alla se lover contre la poitrine d’Astrid, enlaçant sa taille de ses bras puis fermant les yeux pour apprécier sa chaleur. Elle n’était pas si mal, ici.
Oui, au final, ça n'avait pas été une SI mauvaise soirée que ça, selon les standards d'Astrid. Pour Zilith par contre…probablement pas la meilleure nuit de sa vie.
Aussi, ce fut une réelle surprise pour la femme à tout faire que d'entendre le mot « merci » de la part de la jeune noble. Elle haussa les sourcils et jeta un regard d'incompréhension à sa camarade :
-Merci ? J'devrais plutôt m'excuser si tu t'es pas amus...ooooooooh. Atta, même les livres ? Haha, eh, de ri… ?
Elle n'eut ni le temps de finir sa phrase ni de fermer sa bouche et faillit bien trébucher en arrière lorsque Zilith enlaça soudainement la citoyenne qui ne s'y était pas attendue. Mais il ne fallut pas longtemps pour qu'elle la serre fermement contre elle à son tour, une main derrière son dos, l'autre derrière sa tête. Dans ce moment de paix et de calme peu habituel qui dura un long moment où même les familiers se turent, la blanche inspira profondément, souriant à l'odeur de rhum se mélangeant avec celle de la rose. Deux odeurs bien familières.
-De rien. Dit-elle finalement dans un souffle, tout en caressant affectueusement les cheveux de son amie. Merci à toi aussi, pour le collier, ton travail et pour...ta simple présence. On se sent quand même moins seul en sachant qu'il y a quelqu'un qui nous attend à la maison.
Un sentiment des plus réconfortants. Certes elle avait également eu ses familiers avant, mais...ce n'était vraiment pas pareil. Que ce soit dans sa précédente vie ou dans son enfance, elle avait toujours eu quelqu'un pour l’accueillir : sa femme, ses parents….Depuis qu'elle avait décidé de vivre à la capitale, seule, il n'y avait plus rien eu de cela. Peut-être était-ce là l'une des raisons pour lesquelles elle allait boire la nuit tombée au lieu de rentrer chez elle directement.
Maintenant que cette petite maison n'était plus aussi vide, elle était bien heureuse d'y revenir. Toutefois, même si Zilith avait décidé de prolonger sa collocation, viendrait un jour où elle irait ailleurs. Du moins, Astrid en était persuadée.
Cela étant, avec une si jolie jeune femme dans les bras et après plusieurs verres, il était difficile pour la citoyenne de résister à l'envie de profiter de la situation. Tout en se faisant violence pour ne pas céder, Astrid déposa un simple baiser sur le front de la noble.
-Allez, il se fait tard mine de rien hehe. Au dodo ! Mais avant ça...
À contrecœur, elle se défit de la chaleur de l'étreinte de sa colocataire et alla chercher une carafe d'eau qu'elle tendit à la rose :
-Je te conseille de boire beaucoup d'eau, pour éviter de regretter demain matin. Sinon tes plans vont tomber...à l'eau, heh. Puis va te brosser les dents et zou, dans nos lits respectifs ! Sauf si… tu veux qu'on en partage un ce soir ? rajouta-t-elle avec son éternel sourire narquois, incapable de ne pas faire de blague et de rester sérieuse plus de deux secondes.
Zilith s’apprêtait à protester lorsque une carafe d’eau prit place entre ses deux mains. Une lueur incrédule brilla dans ses pupilles, et ce ne furent les maigres explications, ni la phrase incompréhensible concernant l’eau qui l’étouffèrent, au contraire. - Quels plans… ? S’enquit-elle sans comprendre de quoi il retournait exactement. Ce qu’elle fut certaine de comprendre toutefois, c’est qu’il était l’heure de se coucher. Une mine triste à s’en damner s’afficha soudainement sur son visage et c’est les pieds traînant qu’elle regagna sa chambre. Autour d’elle l’univers se mit à tanguer comme sur le pont d’un bateau. Le sol était mouvant, tant et si bien qu’elle dû se rattraper à son armoire par deux fois alors qu’elle cherchait un pyjama -heureusement elle avait eu la jugeote de poser la carafe dès qu'une étagère s'était présentée. Enfin, lorsqu’elle réussit à mettre la main sur le fameux morceau de tissu, il lui fallut pas moins de deux essais et quinze minutes pour mettre ne serait-ce que son premier pied dans la jambe de son pantalon. Rapidement son sol se recouvrit de vêtements.
Assise sur le bord de son lit, la jeune femme fixait le sol avec un air mécontent. Sans savoir, ni même comprendre pourquoi, elle ne voulait pas aller se coucher ? Était-ce cela ou simplement la peur de la solitude, car si Zilith s’en accommodait plutôt bien en temps normal, là, assise sur le bord de son lit, les contours de sa silhouette baignée dans un faible rayon de lune, elle se sentie plus seule que jamais. Elle fit donc ce qu’aucune personne sensé n’aurait fait, tout du moins pas une Hesediel.
Sur la pointe des pieds, tel un maître espion maladroit, alcoolisé et aussi discret qu’un fenrir dans un magasin de porcelaine, elle traversa sa chambre. Ouvrit la porte qui grinça comme si elle avait été en fer forgé et planté ici depuis dix milles ans, la claqua comme s’il s’était agit de la porte des enfers. Les familiers relevèrent la tête, certains grognèrent de mécontentement, d’autres la suivirent du regard sans vraiment comprendre pourquoi la jeune femme s’obstinait à faire tant de bruit. Le calme ne revint que lorsque ses pas s’arrêtèrent devant la chambre d’Astrid. Elle resta un moment, debout dans le noir à hésiter. Un haussement d’épaule, une main sur la poignée, un nouveau grincement suivit d’un claquement à réveiller les morts et elle se glissa sous la couverture. Sur son chemin jusqu’au lit, elle shoota dans quelques objets qui jonchaient le sol et reteint à grand peine un gémissement de douleur lorsque son petit orteil embrassa l’encadrement en bois. Mais ses efforts furent récompensés par la chaleur qui émana rapidement à ses côtés. Sans se demander si cela pouvait bien déranger Astrid, elle s’endormit comme une bûche, tout contre elle.
...bah. Avec un haussement d'épaules et un soupir, elle alla caresser ses familiers - qu'il était chou Ribou - une dernière fois avant de rejoindre la salle de bain pour faire rapidement sa toilette afin de ne pas continuer à sentir le rhum. Une fois satisfaite, elle ne perdit pas de temps pour enfiler une chemise de nuit avec des motifs de canaris pour ensuite sauter dans son lit deux places en évitant automatiquement les divers objets qu'elle avait laissé traîner sur le sol. Livres, bouteilles, feuilles, objets magiques, et même des...ahem..jouets….de différentes natures….La liste était longue. Aussi longue que certains jouets.
L'alcool couplé à la fatigue eut vite raison de la citoyenne qui s'endormit rapidement, laissant son esprit voguer dans le monde des rêves jusqu'au moment où les rayons du soleil viendraient caresser (avec violence) son visage. Elle fut momentanément réveillée en entendant la porte claquer mais ne s'en préoccupa pas davantage, replongeant bien rapidement dans un profond sommeil en sentant une nouvelle source de chaleur à ses côtés. Probablement un familier qu'elle serra tendrement contre elle avec un air ravi. La paix et la tranquillité.
Comme d'habitude, le soleil fit le travail ingrat qui lui avait été confié : réveiller la soûlarde qui ouvrit peu à peu ses yeux dans la souffrance, la bouche ô combien pâteuse. Étonnamment, sa tête ne pulsait pas comme elle avait l'habitude de le faire….Ah oui, elle était partie dormir raisonnablement tôt et sans trop boire. Enfin, selon ses critères. Mh mh. Elle se rappelait encore de la soirée d'hier, ce qui était bon signe.
Maintenant…
...Est-ce que quelqu'un pouvait lui expliquer pourquoi par Lucy elle avait Zilith qui dormait dans ses bras ? Dans son lit ? En pyjama ?
La citoyenne resta interdite et paniqua l'espace d'un instant. Ivre, elle n'aurait quand même pas profité de sa camarade… ? Non non non. Impossible. Elle se souvenait d'avoir résisté à la tentation ! Et maintenant qu'elle regardait les alentours, c'était bien SA chambre, et pas celle de la noble.
La seule conclusion qui vint à elle fut que la rose s'était infiltrée. Quant à la raison…
La femme à tout faire resta couchée et observa l'air paisible de son amie qui continuait ses rêves. C'était une occasion en or pour….lui faire une farce.
Avec un grand sourire, la blanche déboutonna entièrement sa chemise et l'ouvrit, ébouriffa davantage ses cheveux, puis s'appuya sur son coude afin de poser sa tête dans le creux de sa main tandis que les longs doigts fins de l'autre main vinrent doucement caresser et jouer avec les cheveux si doux de sa colocataire.
Ses doigts se baladèrent longuement et continuèrent lorsque celle-ci décida enfin à ouvrir les paupières.
Avec un air aguicheur, Astrid lui susurra :
-Enfin réveillée, ma belle ? Je ne t'aurais pas cru si...entreprenante hier soir heh. Vraiment, une nuit des plus torrides et j'ai bien cru que tu ne me laisserais pas fermer l’œil de la nuit tellement tu étais curieuse. Peut-être à cause des livres imagés que je t'ai donné? Haha. Heureusement que les murs sont assez épais vu comment tu criais mon nom…co-qui-ne.
Elle détacha les syllabes de ce dernier mot et se fit violence pour ne pas éclater de rire face à cette blague de piètre qualité qui n'amuserait probablement qu'elle.
« Des rayons tangibles... » Grommela sa conscience endormit. Zilith daigna enfin s’agiter un peu. « Les rayons de soleil ne peuvent pas saisir ! » C’était vrai ça, ils ne le pouvaient pas. Alors pourquoi, diantre! Sentait-elle une prise certaine sur ses cheveux. Soudain ses yeux s’ouvrirent.
Zilith avait toujours été d’une extrême timidité, de cela avait découlé une maladresse récurrente et presque maladive. Bon gré mal gré elle s’en accommodait. Tout comme elle supportait chaque jour ses rougissements intempestifs, ces bouffées de chaleur qui venaient réchauffer chaque parcelles de son visage dès qu’elle étaient dans une position désagréable et qui signifiait chacune de ses émotions à ses interlocuteurs. Mais aucune ne fut aussi intense que celle qui lui fit louper un battement ce matin là. Instinctivement ses muscles se tendirent, s’écartant avec force et vigueur de la femme à tout faire. Ses pieds encore embourbés dans le méli-mélo de draps, ne firent qu’accélérer l’inévitable. C’est dans un grand « BOUM » qu’elle atterrit lourdement sur le sol.
- Qu-qu-quoi ? Coassa-t-elle de sa voix pâteuse et enrouée. - Je n’ai… Je n’aurais… Elle regarda la chemise ouverte de la jeune femme. - C-c’est… Son visage vira au rouge pivoine, à tel point que même le blanc de ses yeux sembla se parer de rose. - Je ne suis pas ce genre de personne ! Gémit-elle en prenant sa tête entre ses mains. Ni une ni deux, elle arracha la couverture du lit, l’enroula autour de ses épaules et partie comme une furie jusqu’à sa chambre. L’agilité dont elle fit preuve que cela soit pour éviter de se cogner le pied ou de marcher sur un familier était effarante mais lui permis de regagner sa chambre en un temps records. Elle se planqua ensuite sous sa couverture, comme si cette dernière pouvait réellement lui servir de rempart avec le reste de l’univers. De là, elle pria Lucy de cesser de la tourmenter mais également que ce soit faux. Ses pêchés étaient déjà grands, elle n’avait pas besoin d’ajouter celui là à sa liste.
- Je ne sortirais plus jamais d'ici ! Tonna-t-elle.
En voyant les yeux de la rose se poser sur sa chemise ouverte, Astrid ne résista pas à l'envie de lever les bras pour s'étirer langoureusement en poussant un gémissement satisfant, dévoilant encore plus de peau que nécessaire pour embarrasser la noble qui avait toujours détourné le regard quand la citoyenne se baladait en sous-vêtements dans la maison. Elle prenait parfois (souvent, trop souvent) un malin plaisir à la taquiner et la voir tant rougir. Aussi en voyant la teinte qu'avait pris le visage de son amie, elle éclata finalement de rire, fière de sa farce totalement débile. En essuyant une larme qui perlait au coin de son œil, elle s’apprêta à annoncer entre deux bouffées d'air que tout ceci n'était qu'une vaste blague de mauvais goût de sa part, une énième farce douteuse parmi tant d'autres. Toutefois, Zilith ne lui en laissa pas le temps car elle prit rapidement la fuite pour s'enfermer dans sa propre chambre dans un grand claquement de porte.
Le grand sourire d'Astrid et son rire furent bien vite remplacé par une mine surprise. Elle s'était attendue à une réaction des plus impressionnantes venant de la timide et prude noble, mais pas qu'elle puisse prendre la fuite aussi rapidement sans laisser la citoyenne s'expliquer. Et puis...elle était partie en déclarant qu'elle n'était pas « ce genre de personne ». Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Qu'elle ne dormait pas avec quelqu'un en étant ivre, ou qu'elle ne dormait tout simplement avec avec les femmes en général ? Son cœur se resserra à cette idée. Elle avait peut-être fait une bêtise et était allée trop loin dans sa blague avec sa camarade. Elle qui s'était dit qu'elle ferait en sorte que Zilith aille dans les tavernes boire avec elle plus souvent...Elle allait sûrement devoir faire une croix dessus à cause de son canular.
Oubliant de se couvrir davantage, la blanche quitta son lit douillet qui l'aurait bien gardé quelques heures de plus et fit face à la porte menant dans l'antre de la jeune noble. Elle s'exclama après avoir toqué :
-Ziliiiith ? Sors de ta chambre ! Boude paaaaaaaaaas !
Refus catégorique. Hmmm….
-Je vais préparer le petit-déjeuner, tu veux quoooiiiii ?
Aucune réponse. Elle en voulait de toute évidence à Astrid. Peut-être avait elle compris que ça n'avait été qu'une farce, peut-être pas. Résignée, songeuse, et un peu triste également, la citoyenne alla dans la cuisine. « Je ne suis pas ce genre de personne ». Cette phrase résonna dans sa tête encore une fois. Zilith avait bien dit qu'elle préférait les hommes et il n'y avait pas si longtemps elle demandait encore si il était normal que des femmes aiment des personnes du même sexe, mais de là à réagir comme ça et s'enfermer dans sa chambre...ça avait un peu peiné la citoyenne.
Ou peut-être était-ce le fait de s'être retrouvée dans le même lit que la farceuse qui l'avait tant gênée… ? Ce ne serait pas la première fois qu'elle se faisait rejeter, mais ça faisait quand même un peu mal. Un peu beaucoup, étrangement.
Bah ! Zilith sortirait une fois qu'elle aurait faim, elles s'expliqueraient, Astrid s'excuserait, et leur vie continuerait normalement! Enfin, elle l'espérait.
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