Est-elle assez belle? Sa robe n'a-t-elle pas trop de plis? Ce que Faolan a préparé pour l'occasion lui plaira-t-il? Elle en a des questions en tête la petite poupée alors qu'elle avance d'un pas décidé - du moins au départ - dans les rues du grand port en direction de ce qui est censé être la caserne si les informations qu'on lui a donné son exactes! Oh bien-sûr, cela n'est pas certain, elle aurait sans doute dû demander à l'un de ses compagnons de se renseigner pour elle, rien ne permet d'affirmer que la personne à laquelle elle a demandé son chemin ait été sincère et n'ait pas simplement répondu rapidement, entre un sursaut et un tremblement, pour voir s'éloigner cette étrange demoiselle! Après tout, bien-sûr il y a les regards sur sa personnes, les murmures, les questionnements alors que les gens se tournent vers elle lorsqu'elle marche... Elle ne les entend même pas, ou bien ne veut-elle pas les entendre? Ce n'est sans doute pas le moment de les écouter de toute façon, qu'importe ces voix s'élevant sur son passage, elle n'est plus qu'à une courte distance de son objectif, plus qu'à une courte distance de le rencontrer! Il serait dommage de faire demi-tour maintenant n'est-ce pas? Surtout après un si long voyage!

Partie de la capitale avec cinq compagnons, elle en a fait de la route la petite poupée! Un chemin long, parfois difficile, un chemin qu'elle ne se pensait pas capable de parcourir il y a quelques mois encore! Pourtant, son objectif bien en tête, son courage saisit à deux mains, elle a prit la route avec une seule idée en tête : rencontrer le seul membre de sa famille encore vivant mais également le seul qui ignore son existence : son père! Naturellement, elle est anxieuse, bien incapable de dire comment les choses vont se passer... *Sera-t-il là?* Se demande-t-elle consciente que si tel n'était pas le cas, elle ne saurait où le chercher. *Va-t-il me croire?* Se questionne-t-elle en sachant qu'elle n'a aucune manière de prouver ses dires si ce n'est le nom de sa mère - éventuellement ce bout de papier confié par Lin qui pourra probablement l'aider - et sa parole qui ne pèsera peut-être pas bien lourd... *Non! Il va me croire! Maman me l'a dit! C'est mon père il va le sentir!* Tente-t-elle de s'encourager comme si les choses fonctionnait ainsi! Après tout, arborant son plus grand, son plus beau et probablement son plus effrayant sourire, elle avance alors, forcément, la vie va lui sourire n'est-ce pas?

Soudainement pourtant, malgré toute cette confiance qu'elle tente de faire croire qu'elle possède, son pas est plus lent! Ralentissement automatique alors qu'elle aperçoit les contours d'un bâtiment ne laissant aucun doute sur sa nature : la caserne du grand port! Dernière ligne droite, la révélation l'attend au bout du chemin! Est-elle seulement prête? S'arrêtant devant la vitre d'un bâtiment, elle passe une main sur sa robe pour la défroissé, regarde son reflet en imitant le geste de soupirer - chose impossible pour elle qui n'a malheureusement pas de souffle - comme pour se donner du courage! Serrant un peu plus son panier repas, manquant sans aucun doute d'en écraser le contenu constitué de quelques petits gâteaux, elle sent une panique toute nouvelle, une peur qu'elle n'avait jamais ressentie jusque-là ou plutôt, qu'elle s'évertue à repousser depuis toujours : "Et s'il ne veut pas de moi?" Demande-t-elle à haute voix cette fois-ci! Son absence? Elle pourrait l'attendre! Son manque de croyance? Elle pourrait trouver un moyen de le prouver! Mais s'il refuse simplement de la voir, de lui parler, de l'accepter! Si même en apprenant que cela est vrai il ne voulait simplement pas d'elle? Que pourrait-elle faire alors? Voilà sa plus grande peur! Que lui, plus que quiconque, l'homme auquel elle doit la vie, la repousse comme l'ont si souvent fait des inconnus par le passé! Est-elle seulement prête à affronter cela?

Un pas de recule, une peur viscérale qui la saisit! Impossible! Elle veut fuir, mieux vaut ne jamais savoir que d'être à jamais abandonnée! Pourtant, une "main" se dépose sur sa joue... "Ça va aller Fedora! Je suis avec toi..." Grimmy! L'âme artificielle qui habite un jouet pour enfant, la poupée qui appartient à une autre poupée maintenant... Lui qui s'amuse souvent à jouer les monstres effrayants, faisant généralement usage d'une voix caverneuse se montre ici d'une extrême douceur! Un ultime soutient sans lequel elle serait sans doute partie en courant! Un hochement de tête suivi d'un premiers pas! Elle ne peut pas fuir! Un second pas suivi du troisième! Elle doit savoir! Et la voici qui s'avance effrayée, tremblotante, hésitante mais avec un grand, beau et effrayant sourire sur le visage vers son destin!

Poussant la porte de la caserne, la voici dans un lieu qui lui semble familier! Sans dire que ce soit la parfait copie de celle de la capitale, elle y voit tout de même quelques points commun. Naturellement, il y a un comptoir servant sans aucun doute d'accueil pour les gens nécessitant l'aide de la garde! La petite poupée s'avance, doucement, vers ce-dernier en regardant à droite et à gauche à chacun de ses pas! Est-ce le lieu qui l'impressionne? Elle est pourtant bien plus directe que cela d'habitude! Peut-être espère-t-elle apercevoir son paternel? Cela serait surprenant cependant, elle ignore même à quoi il ressemble finalement! Arrivant au niveau du comptoir, elle pose ses deux mains de tissu dessus et observe le garde qui s'y trouve.

"E... Excusez-moi?" Demande-t-elle d'une petite voix alors que l'homme lève sur elle un regard surpris! Elle en a l'habitude cependant, cette fois cela la met un peu plus mal à l'aise... Acceptera-t-on seulement de la laisser voir l'homme le plus important de la caserne sans une bonne raison?

"Puis-je vous aider... Mademoiselle?" Dit-il visiblement hésitant.

"J'aimerai voir le capitaine Al Rakija s'il vous plaît..." Ose-t-elle avouer d'une voix peut-être plus basse encore.

"Avez-vous rendez-vous?" Questionne-t-il alors que la petite poupée secoue vivement la tête, manquant pour l'occasion de perdre la tête qui s'agite sur son buste, provoquant un petit mouvement de recule du garde. "Le capitaine est un homme occupé, sans rendez-vous..." "Mais c'est important!" Le coupe-t-elle avec détermination, ses yeux inexpressifs fixant l'homme qui lui fait face... Il regarde la demoiselle, semble même avoir un petit rictus avant d'hausser les épaules. "Et quelle est cette raison si importante?" "Et bien... Je... Je..." Commence-t-elle, elle ne veut pas le dire, impossible de dire à qui que ce soit qu'elle est sa fille! Bon, elle l'a déjà dis à de nombreuses personnes mais, de toute manière l'homme ne la croira sans doute pas... Elle s'apprête à abandonner, se disant simplement que Dame Lucy lui envoie un signe pour lui dire que c'est peine perdue lorsqu'une main se dépose sur sa tête? Elle ouvre de grands yeux - aussi grands que faire se peut vu son état - et tourne la tête vers un homme qui sourit à pleine dent, les cheveux noir et un cache-œil sur le visage...

"Dis donc Billy! Si la demoiselle dit que c'est important j'pense que tu peux "déranger" le capitaine! C'est pas comme si la gamine risquait de faire quoi que ce soit entourée de gardes..." "Lieutenant Rivolti je..." "Pas d'excuses Billy, préviens juste le capitaine qu'une charmante demoiselle demande à le voir! On en reparlera une autre fois toi et moi! Mademoiselle, bonne journée!" Dit alors son mystérieux sauveur en tournant les talons avec un signe de main... Fedora le regarde partir sans réellement comprendre ce qu'il vient de se passer alors que le garde au comptoir contacte le capitaine... Alors ça y est? Elle va rencontrer son père?

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Son mystérieux sauveur parti, voici que la poupée se retrouve seule - enfin pratiquement puisqu'il y a Grimmy avec elle - avec le garde qui refusait de déranger le capitaine précédemment. Si elle a parfaitement comprit, c'est un lieutenant qui est venu à son secours et, de ce fait, le jeune homme qui lui faisait obstacle précédemment s'empresse d'obéir aux ordres ce qui fait apparaître sur le visage de la jeune noble son plus grand, son plus beau et son plus effrayant sourire! Il faut croire que finalement, Dame Lucy est avec elle en cette journée! Rien ne pourra mal se passer après cela n'est-ce pas? L'homme - après un mouvement de recule habituel en découvrant la dentition de la demoiselle - se redresse sans doute pousser par sa prestance de garde et l'invite à le suivre! *Compte-t-il donc m'emmener directement jusqu'à mon père?* Se demande-t-elle alors qu'une nouvelle fois, une certaine panique se fait sentir! *Suis-je réellement prête?* Se questionne-t-elle? *Que vais-je lui dire?* S'interroge-t-elle... Malheureusement elle n'a pas vraiment penser à cela avant de se décider à venir aujourd'hui! Elle ne peut définitivement pas simplement lui dire de but en blanc qu'elle est sa fille! Cela ne serait pas convenable! Comment pourrait-il simplement croire cela? Que faire? Que dire? Comment agir?

Alors qu'elle est perdue dans cette inquiétude, elle ne remarque même pas que l'homme s'est arrêté et lui rentre involontairement dedans, tombant vers l'arrière vu son poids plume, atterrissant sur les fesses alors que le choc décroche sa tête de ses épaules ce qui provoque un sursaut vers l'arrière du garde qui vient juste de se tourner pour regarder la jeune fille... "Veu... Veuillez attendre ici! Je vais chercher le capitaine!" Dit-il en tournant les talons alors que la jeune fille replace correctement sa tête... "Qu'est-ce qu'il lui prend?" Se demande-t-elle à haute voix alors que Grimmy se hisse sur son épaule en regardant le garde qui s'éloigne. "Drôle de personnage..." Confirme-t-il alors que la poupée regarde autours d'elle puisqu'elle est laissé à elle-même. Un bureau? Sans doute pas celui de son père, il semble bien peu personnel en réalité, elle imagine autre chose! Dans son esprit, elle a déjà une idée bien précise de l'homme auquel elle doit la vie! Probablement bien trop idéalisé mais, elle n'est qu'une jeune fille après tout! Puisqu'il n'y a rien à faire ici - elle se voit mal fouiller l'endroit, cela ne se fait pas! - elle décide de s'installer sur une chaise et d'attendre patiemment! Certes, ce n'est pas son fort mais il faut bien faire une bonne première impression!

Sauf que cela est long! Très long! Si long!!! *Est-ce que le bureau est si loin que cela?* Se demande-t-elle dans un premier temps. Remarquant bien vite que cela est peu probable, après tout ce ne serait pas réellement pratique que le capitaine soit à une distance telle qu'il soit injoignable en cas d'urgence... "Peut-être que..." Elle n'ose finir sa phrase : peut-être qu'il refuse de la voir? C'est possible après tout, pourquoi accepterait-il? Elle n'a donné aucune information au garde en service alors il est possible que le capitaine, l'homme le plus important du bastion, refuse de faire le déplacement pour une inconnue qui n'a même pas donné le motif de sa visite! Elle commence déjà à considérer cette possibilité comme l'unique raison lorsqu'un bruit la fait revenir à elle : des pas? Elle lève la tête vers cet homme qui approche : Un grand sourire sur le visage, une veste parfaitement ajusté, un insigne brillant sur sa tenue... Elle n'a pas besoin de cela cependant, c'est lui! Elle en est certaine! Elle ne sait pourquoi mais elle le ressent - à moins que ce ne soit l'attente qui lui fait voir uniquement ce qu'elle veut? - c'est son père elle en est persuadé! Elle a tellement de chose à lui dire, tellement de questions à lui poser et pourtant, alors qu'elle est enfin face à lui, elle le regarde la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau, incapable de dire le moindre mot.

"C'est ça le capitaine? Pas si impressionnant..." "Grimmy!" Se fâche-t-elle même si elle devrait sans aucun doute plutôt le remercier puisque son intervention l'a sortie de sa torpeur. D'un mouvement, elle se lève, se mettant sur ses deux pieds pour lever la tête vers l'homme - bien plus grand qu'elle - qui lui fait face. "Je suis désolée de te..." Commence-t-elle avant de secouer la tête, elle est bien trop familière! Après tout il ne la connait pas encore... "De vous déranger..." Se reprend-t-elle. "J'ai fais la route depuis la capitale pour vous rencontrer, c'est extrêmement important!" Commence-t-elle mais bien vite, Fedora retombe dans ses travers, peut-être même l'affolement de la situation empire-t-elle ces-derniers? "Le chemin depuis la capitale est affreusement long! En plus il est arrivé plein de choses incroyables! Nous avons rencontré une vieille femme avec des loups qui voulait construire un pont! Il y a des gens surprenants non? Heureusement je n'ai pas abimé la robe durant le voyage! Enfin, mon autre robe pas celle-ci, celle-ci je l'ai faite faire spécialement pour aujourd'hui! Elle est belle pas vrai et..." "FEDORA! Calmes-toi!" Une fois encore, l'intervention de Grimmy est salvatrice! La poupée s'arrête soudainement et, si elle en été capable, elle pourrait sans aucun doute rougir de cette situation... Posant ses deux mains sur sa bouche, elle regarde le capitaine de la garde de ses grands yeux inexpressif, si elle continue, il va finir par partir en se disant qu'il perd son temps!

"Pardon!" S'excuse-t-elle... "Je suis Fedora... Fedora Sanward!" Dit-elle en guettant son visage pour voir si son nom, et donc celui de sa mère, déclenche une réaction quelconque.

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Souriant, sympathique, amical et gentil! Ce sont exactement les mots qu'elle pourrait présentement utiliser pour décrire le capitaine Yuduar! Malgré l'intervention maladroite - pour ne pas dire totalement incorrecte - de Grimmy ou encore les paroles volatiles de la jeune fille qui ne semble pas savoir comment aborder un sujet réellement important, il reste souriant, riant même, lui offrant un clien d'oeil complice et lui pardonnant sans une once d'hésitation ce comportement qui aurait pourtant de quoi pousser les gens à l'impatience... Pire encore, le voici qui fait une annonce qui vient directement se greffer dans l'esprit de la demoiselle de tissu : lui aussi parle souvent au point de se perdre dans ses récits? *Serait-ce de lui que je tiens cela?* Se demande-t-elle? En effet, personne d'autre chez les Sanward n'est aussi bavard que la demoiselle! Que ce soit son grand-père ou sa mère, de leur vivant, les deux étaient bien plus discret et souvent, la jeune fille monopolisait la parole! Cela était mit sur le fait que ce soit une enfant lorsqu'elle était jeune, en grandissant on a mit cette générosité vocale sur sa condition et le fait qu'elle ne pouvait pas aisément discuter avec d'autres - une explication relative mais pouvant être logique - mais en entendant ces paroles venir de la bouche de celui qu'elle sait être son père? Peut-être est-ce une explication plus simple encore?

S'est-elle perdue dans ses pensées? Sans aucun doute! Elle n'en ressort que quand son interlocuteur se présente et hoche vivement la tête - un peu trop vite peut-être - lorsque le capitaine signale qu'elle le sait déjà! En effet, après tout elle a demandé spécialement à le voir ce qui implique une certaine connaissance même si elle ignorait jusqu'à son apparence il y a peu encore! À nouveau, elle pourrait sans aucun doute rougir alors qu'il fait une remarque sur le fait d'être appelé pour une affaire importante. *L'ais-je dérangé?* Se questionne-t-elle. *Il est vrai qu'il doit avoir nombre d'affaires importantes à traiter...* Se dit-elle. Mais avant qu'elle ne puisse se confondre en excuse pour l'avoir ainsi importuné, un nouveau clin d'oeil et un visage souriant vient la rassurer! Une blague! Rien de plus qu'une petite plaisanterie faisant écho à sa demande certes mais une plaisanterie tout de même qui semble enlever un poids des épaules de la jeune noble. Qu'aurait-elle bien pu faire si elle avait réellement réclamé sa présence lors d'un moment critique?

Heureusement, il est inutile d'y penser - ou du moins elle s'en convainc - préférant sourire de son grand, beau et effrayant sourire que d'imaginer que sa présence puisse être inopportune! Après tout, si elle commence à se mettre dans cet état d'esprit, il sera difficile d'aller au bout de cette discussion qui commence! C'est qu'elle ignore toujours comment elle va lui annoncer cette grande nouvelle! Reprenant place suite à l'invitation du capitaine, elle le regarde sans ciller - elle en est incapable de toute manière - alors qu'il lui demande la raison de sa venue! Une grande nouvelle en effet qui la touche personnellement c'est le moins que l'on puisse dire mais comment l'annoncer?

Comment le dire exactement? Elle ne peut pas être trop directe, ce n'est pas le genre d'information que l'on lance ainsi sans aucune forme! Après tout, certes cela risque d'avoir un impact sur son existence à elle mais, elle a aussi réfléchie aux conséquences que cela risque d'avoir sur sa vie à lui! Dix-neuf années! Que s'est-il passé durant tout ce temps? Alors qu'elle grandissait dans l'ignorance même de l'existence de cet homme auquel elle doit la vie, lui a aussi vécu! Débarquer dans sa vie n'est déjà pas forcément une mince affaire, elle ne peut pas le faire inconsidérément. Une prise d'inspiration - inutile pour elle - pour se donner un certain courage, des paroles pensées pour amener le sujet sans trop en dire, elle peut juste espérer qu'il aura la patience de l'écouter jusqu'au bout... Selon ce qu'il a montré jusque là et ce que Lin lui a dit, elle peut y croire et puis, avec un peu de chance, le nom de sa mère provoquera peut-être une réaction?

"Il y a un peu plus de dix-neuf ans, tu..." Commence-t-elle. "Vous pardon... Vous n'étiez pas encore garde, par contre vous parcouriez la route comme aventurier." Affirme-t-elle comme une manière indirecte de prouver qu'elle sait de quoi - et surtout de qui - elle parle. Mettre le contexte est sans aucun doute la meilleure choses à faire pour ensuite passer à la partie qui est réellement importante de cette histoire. "Lors de vos voyages, vous avez rencontré ma mère : Eleanor Sanward... Vous souvenez-vous d'elle?" Demande-t-elle plein d'espoir! Après tout si ce nom évoque un souvenir dans l'esprit du capitaine, la suite sera sans doute plus simple à expliquer!

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Un vif hochement de tête lui confirme qu'elle accepte naturellement le tutoiement! Une certaine joie aussi à l'idée que cela sera habituelle ensuite n'est ce pas? Et pourtant... Une légère déception, peut-être même une pointe de tristesse? C'est possible oui! Pourtant, elle avait tout de même songé à cette éventualité, il était parfaitement possible que le capitaine ne se souvienne nullement de la mère de la jeune noble! Après tout, puisqu'elle-même n'avait jamais entendu parlé de son propre père avant le dernier aveu de sa défunte parente, cela devait sans doute signifier qu'ils ne s'étaient pas forcément revus! Dans les faits, elle avait supposé que, peut-être, l'ancien aventurier devenu capitaine avait refait sa vie, oubliant même jusqu'au visage ou au nom d'une dame de haute famille rencontré bien des années avant! Certes, elle avait tout de même l'espoir que ce ne soit pas le cas, cela aurait sans aucun doute été plus simple pour amener le reste de cette histoire, pour donner aussi une certaine crédibilité à cette annonce qu'elle est venue faire mais, malheureusement, elle va devoir s'en passer! Comment alors le convaincre de la véracité de ses propos s'il n'a aucun souvenir d'avoir passé un moment intime - au moins un - avec Eleanor Sanward?

Qu'elle éclaire sa lanterne? Une question qui est légitime en réalité, après tout si elle connait le capitaine, anciennement aventurier, il est possible qu'elle connaisse la nature de leur rencontre! D'un certain point de vue c'est le cas en effet mais, comment se sont-ils rencontrés? Pour quelle raison? Qu'ont-ils fait avant de se rapprocher dans une nuit, sans doute chaleureuse, qui a eut pour conséquence la naissance d'une jeune fille? Impossible de le dire! Elle ignore ce qui les as rapproché, où se sont-ils vus la première fois? Pourquoi? Elle ignore même si cela n'a été que l'histoire d'une soirée ou une relation plus sérieuse - même si elle doute de cette seconde option vu l'ignorance du capitaine en ce qui concerne sa mère - malheureusement elle n'a aucun détail à donné si ce n'est ce que sa mère lui a révélé avant de s'éteindre définitivement : Yuduar Al'Rakija était aventurier, il est parti sans savoir qu'elle attendait son enfant et il est devenu capitaine de la garde! De maigres informations qui, excepté pour la naissance de la jeune héritières, sont de notoriété publique!

"Je... Je l'ignore..." Avoue-t-elle en baissant un peu le regard. "Ma mère ne m'a pas réellement parlé de tous les détails et, malheureusement je n'ai pas eu l'occasion de lui en demander plus." Dit-elle, une nouvelle pointe de tristesse dans la voix. Cela fait quelques mois maintenant qu'Eleanor Sanward n'est plus de ce monde mais, cette douleur dans le coeur de la demoiselle de tissu est encore bien présente naturellement. Surtout alors qu'elle en parle aussi ouvertement maintenant avec un homme qui l'a connu mais ne s'en souvient pas... Grimmy, bien conscient que la situation s'enlise visiblement, vient tapoter la tête de Fedora comme pour lui donner le courage nécessaire! Après tout, elle peut tout de même tenter de lui faire se souvenir de la femme même s'il ne remet pas réellement un nom sur son visage, peut-être se souviendra-t-il tout de même d'elle?

"Ma mère, Eleanor Sanward, habitait la capitale, dans le domaine Sanward bien-entendu! Tu l'as rencontré il y a un peu plus de dix-neuf années maintenant! C'était avant ma naissance alors forcément, je n'ai pas la date précise malheureusement! C'était une belle femme, une longue chevelure blonde contrairement à moi et elle était déterminée, suivant plus ses envies que les conventions... Je sais que mon grand-père n'appréciait pas spécialement qu'elle soit en contact avec un aventurier mais, cela n'avait que peu d'importance pour elle..." Clame-t-elle en souriant doucement. Oui, sa mère lui avait laissé d'excellents souvenirs! Son seul regret étant qu'elle ne lui ait pas plus parlé de cet homme qui est son père, qu'elle ne lui ait pas donné plus d'informations concernant leur rencontre, leur relation - sans entrer dans les détails bien-sûr - des armes en réalité pour l'aborder, lui parler, lui faire savoir qui elle est car la voici, face à face avec son géniteur sans aucune preuve de cette vérité si ce n'est sa bonne foi et les paroles de sa mère... Bien-sûr, il reste aussi cette lettre donné par Lin si jamais il refuse d'y croire mais, acceptera-t-il seulement de l'accompagner jusqu'à l'atelier de la jeune femme s'il ne croit pas son histoire?

"Malheureusement... Ma mère est décédée il y a quelques mois... C'est, lors des derniers instants de sa vie qu'elle m'a parlé de cet aventurier devenu capitaine, elle m'a dit de venir te voir, d'entrer en contact parce que... Parce que... C'est à dire que... Tu... Tu es..." Commence-t-elle alors qu'une intense incertitude la prend... Comment réussir à dire ces derniers mots? La voici qui panique ce qui provoque une réaction inattendue de la part de la poupée, l'autre poupée du moins, celle animée par une âme artificielle qui regarde Fedora, puis Yuduar, puis Fedora, puis Yuduar et qui finit par dire tout simplement. "Tu es son père!" Le temps semble alors s'arrêter, Fedora ouvre grand la bouche en se tournant vers Grimmy qui se dit sans doute qu'il a bien fait... Comment a-t-il pu? Et voici que la jeune et noble poupée se sent prise d'une profonde crise de panique qui ne doit sans doute pas se voir extérieurement alors qu'elle se tourne vers son père, que va-t-il faire?

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Pourquoi? Voici la seule question qui arrive à passer dans l'esprit de la jeune noble à cet instant précis. Certes, Grimmy ne pense pas à mal, il est évident qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il vient de faire! Après tout, c'est une âme artificielle, une "entité" créée qui ne réagit pas forcément comme les êtres humains mais tout de même, pourquoi? Il a sans doute voulu aider, faire tomber les silences et les hésitations, il a dû se dire qu'en prenant la parole, en révélant ce que Fedora ne parvenait à dire, il allait forcément bien faire non? Et pourtant non! La situation est catastrophique! Elle ne voulait pas le dire, pas ainsi, pas comme cela, pas si vite! Elle voulait prendre le temps de discuter, éventuellement lui rappeler qui était sa mère, peut-être même aurait-il pu arriver à cette constatation de lui-même ce qui aurait sans aucun doute mit plus de poids dans la balance pour qu'il la croit... Mais c'est trop tard maintenant, Grimmy a prit la parole, de sa voix gutturale qu'il utilise généralement pour tenter de faire peur au gens il a prononcé une phrase unique et maintenant... Maintenant quoi justement?

La jeune poupée n'ose pas bouger, elle est comme figée, pétrifiée par une crainte qu'elle ne pensait pas ressentir un jour. Heureusement elle n'a pas besoin de respirer pour vivre car il ne fait aucun doute qu'elle en serait incapable en cet instant... Et les premiers mots de son père - car elle sait qu'il l'est - ne vont sans doute pas l'aider à aller mieux, loin de là même! Un "pardon" marquant une réelle surprise, visiblement il s'attendait à beaucoup de chose mais pas cela, suivi presqu'aussi tôt par une interrogation : "il a dit quoi là?" Une question des plus logique mais prononcée avec une voix bien différente que celle qu'il avait jusque là : il n'y a plus aucun encouragement à continuer la discussion, à aller plus loin, à discuter de la raison de la venue de cette étrange demoiselle de tissu! Plus une sorte d'inquiétude, une anxiété sans aucun doute compréhensible vu la situation mais qui ne fait rien de plus qu'en ajouter un peu sur celle déjà présente de la jeune noble...

Était-ce une mauvaise idée? Elle savait pourtant que cela finirait par arrivé! Bien stupidement elle avait imaginé que les choses se passeraient bien, qu'elle n'aurait qu'à lui dire pour qu'il la croit, qu'il allait sourire en se rappelant sa mère et en comprenant que la poupée lui faisant face était sa fille... Belle illusion qu'elle avait perdu au court de la conversation mais sans jamais imaginé que cela pourrait se passer si mal! Si elle avait su, elle aurait dû laisser Grimmy avec Wilfred! Quoi que, si elle avait fait cela elle n'aurait même pas eu le courage de rentrer dans la caserne alors non, elle ne peut définitivement pas en vouloir à son compagnon même si de toute évidence, il vient de faire pire que mieux c'est une certitude... *Je suis désolée* Pense-t-elle. *Je n'aurais pas du venir!* Se dit-elle. Pourtant, aucun son ne parvient à sortir de ses lèvres alors qu'un nouveau silence - plus difficilement supportable que les précédents - pèse maintenant sur eux et elle ne sait que dire pour le rendre moins oppressant.

Encore une fois, c'est l'homme qui met fin à cette situation, prenant la parole d'un simple mot : ok? Elle relève sur lui ses yeux inexpressifs sans réellement savoir comment prendre cette parole : c'est tout? Il accepte cela ainsi? Cela lui parait pourtant affreusement irréaliste et... En effet! Ce n'est que le début... Une image de sa mère? Non, malheureusement elle ne possède rien de telle! Elle n'a pas pensé à prendre un cadre magique pour faire la route, elle avait également peur de briser l'un de ses précieux souvenirs il faut bien l'avouer également. Secouant négativement la tête, incapable de prononcer le moindre mot comme si on lui avait arraché la langue, elle qui est naturellement si bavarde pourtant se retrouve ici sans qu'aucun son ne passe ses lèvres... Pourtant, son père lui offre une porte de secours, une possibilité et c'est sans aucune confiance ou certitude qu'elle prend son courage à deux mains.

"Je n'ai pas de cadre magique ou de dessin mais... Je dessine bien! Je peux la dessiner!" Affirme-t-elle prise d'une confiance un peu désespérée sans doute, un dessin sera sans doute mieux que juste des mots après tout! "D'accord, dans votre bureau..." Répète-t-elle sans même avoir ne fut-ce qu'imaginer le tutoyer en cet instant... Son timbre de voix, sa manière de s'exprimer... Elle a sans doute fait une erreur, il n'est plus comme précédemment, le capitaine de la garde ayant sans doute prit le pas sur le reste mais, vu la situation, est-il en colère contre la poupée qui vient ainsi déranger sa vie? Jouant nerveusement avec ses doigts, elle attend simplement qu'il ouvre le chemin ou qu'il donne une directive quand il sourit de nouveau comme pour la rassurer sur ses intentions pour la suite : il s'est engagé! Un léger sourire revient sur le visage de la poupée, Lin avait raison : il est vraiment gentil! Se levant de sa chaise, elle hoche simplement la tête en guise de réponse et le suit.

Arrivée au bureau, elle entre sans se faire prier, bien consciente qu'ils pourront sans aucun doute parler plus librement ici et il faut avouer qu'elle regarde autours d'elle avec de grands yeux... Il faut dire que la demoiselle a aussi ses habitudes - bonnes ou mauvaises elle ne le sait pas réellement - et sa curiosité prend vite le dessus sur le reste. "C'est ton bureau? Je ne l'imaginais pas ainsi! J'aime bien! Il y a beaucoup de dossiers? Est-ce ici que tu travailles la plupart du temps? Le garde de tout à l'heure m'a dit qu'on ne te trouvait pas! Alors tu n'étais pas ici? Tu étais où? Est-ce que tous les capitaines ont un bureau ainsi?" Elle se tourne finalement vers l'homme avec un grand sourire et semble soudainement se souvenir de la situation. "Oh je... Je suis désolée... Si je peux avoir des feuilles et un crayon je pourrais dessiner maman..." Dit-elle en baissant doucement la tête, se maudissant elle-même pour cette faculté qu'elle a à omettre l'essentiel pour satisfaire les milles et unes questions qui lui passent en tête généralement.

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Pourquoi? Énormément de questions, trop sans doute? Elle n'y peut rien cependant... Tout dans cette pièce la fait s'interroger : cette armure est-elle celle qu'il porte en mission? Est-ce que tout les gardes doivent avoir une armure? Qu'est-ce que tout ces dossiers? Sont-ils tous important? Est-ce qu'il y a des photos de criminels recherchés dedans? Ce perchoir aussi, alors le capitaine a un familier? Et que dire finalement de ces dessins qu'elle remarque rapidement d'un coup d'oeil mais sur lesquels elle n'insiste pas spécialement? Il est fort probable qu'après la rencontre avec sa mère, l'homme ait refait sa vie, cela était l'une des suppositions faites par la poupée, l'une des explications sur le pourquoi elle ne l'avait jamais rencontré avant... Cela signifie-t-il qu'elle a un frère? Une soeur peut-être? Elle qui a toujours été seule, fille unique puisque sa mère a toujours refusé de faire entrer un homme dans sa vie, affirmant qu'elle n'avait pas le temps, pas le besoin, pas l'envie! Peut-être n'a-t-elle jamais oublié cet aventurier devenu capitaine de la garde? Ou bien ne voulait-elle simplement pas mettre la jeune Fedora, souffrant déjà de son pouvoir, face à un homme quelconque qui aurait pu être un soucis de plus pour la poupée, sacrifiant son bonheur pour celui de sa fille? Ce n'est pas impossible après tout...

Les questions se doivent d'attendre cependant, il y a bien plus important présentement et, même s'il répond brièvement concernant la pièce en générale, semblant même quelque peu amusé, comme toujours elle ne laisse pas le temps à son interlocuteur d'en dire plus, demandant papier et crayons pour réaliser un croquis de ce visage qu'elle connait si bien, qu'elle regrette de ne plus pouvoir voir aussi... Sans se faire prier, elle se dirige vers le fauteuil, laissant encore son regard parcourir la pièce, ajoutant mille et une question à sa liste déjà bien grande même si elle se retient - difficilement - de toute les poser. S'installant délicatement sur le meuble prévu à cet effet, elle sourit doucement alors que son père lui affirme qu'il n'est pas nécessaire qu'elle s'excuse. Oui, il est réellement gentil! Elle avait peur au départ en venant ici, peur de sa réaction, qu'il ne la croit pas, qu'il la chasse sans même l'écouter une fois qu'elle aurait parlé de parenté... C'est que, malheureusement, il y a peu de personnes prête à s'imaginer parent d'une telle jeune fille. L'apparence est bien trop importante la plupart du temps.

Approchant d'elle la feuille et se saisissant du crayon elle commence son œuvre, certes elle ne pourra sans doute pas réellement rendre honneur à la beauté de sa mère - bien qu'elle dessine parfaitement bien - sans compter que Yuduar l'a connu plus jeune, les images les plus marquantes dans la tête de Fedora sont celle d'une femme un peu plus âgé que lorsqu'elle a rencontré son père cependant, elle suppose que la différence ne sera pas si grande que cela et que ses traits seront reconnaissables... Elle s'arrête cependant de dessiner alors qu'une question lui est posée, relevant son regard vers cet homme, elle secoue doucement la tête de droite à gauche en guise de négation, se pinçant légèrement les lèvres hésitant sur sa réponse... Effectivement, c'est bel et bien cela la chose importante, c'est bien pour cela qu'elle ne pouvait s'adresser qu'à lui et ne pas révéler la raison de sa venue au garde à l'entrée... De toute façon il lui aurait sans aucun doute rit au nez, l'invitant sans aucun doute - plus ou moins poliment - à quitter les lieux en arrêtant de raconter n'importe quoi... Pourtant, il y a une erreur dans le questionnement du capitaine...

"Je ne le pense pas, je le sais!" Affirme-t-elle, animée d'un courage qu'elle ne se connaissait même pas. C'est que, maintenant qu'ils en sont là, inutile de tourner autours du pot... Elle rebaisse la tête pour reprendre son œuvre, laissant la mine du crayon faire apparaître lentement mais sûrement le visage de sa défunte mère. "Maman n'a jamais eu personne dans sa vie..." Dit-elle en se concentrant sur son dessin. "Elle aurait pu, elle avait nombre de prétendant mais elle a toujours refusé! Elle disait qu'elle n'avait pas de temps pour un homme, qu'elle avait plus important à faire, que j'étais sa priorité..." Affirme-t-elle un léger sourire sur le visage. "Je pense qu'elle ne voulait juste pas m'infliger une autre personne dans ma vie, quelqu'un qui serait là pour elle mais qui n'accepterait pas mon pouvoir ou dans les yeux duquel je n'aurais lu que de la peur ou du dégoût..." Continue-t-elle... "Pourtant, au dernier moment, elle m'a parlé de toi! Affirmant que tu es mon père! Elle ne m'aurait pas envoyé vers n'importe qui, pas sans certitude, elle ne m'aurait pas menti... Je sais que je suis ta fille et c'est la raison de ma venue ici oui!" Affirme-t-elle en relevant le regard avec un grand, beau et effrayant sourire avant de pousser vers lui la feuille sur lequel apparaît maintenant le visage d'une femme, assez belle - peut-être même embellie par l'esprit d'une enfant qui dessine sa mère? - mais qui est assez proche tout de même du visage de Eléanore Sanward. "Et voilà! Elle était plus jeune quand tu l'as connu mais, c'est ainsi que je me souviens le mieux d'elle... Tu te rappelles pas vrai?" Demande-t-elle plein d'espoir, priant intérieurement Lucy que ce dessin suffira à raviver la mémoire de son géniteur.

Codage par Libella sur Graphiorum

Peu de réponses en retour au récit de la jeune noble, en même temps est-ce que le capitaine de la garde avait réellement besoin d'en dire plus? Il s'était contenté d'écouter la jeune demoiselle qui lui faisait part de ses certitudes, cette vérité absolue que personne n'aurait été en mesure de contredire! Après tout, aurait-elle seulement accepté de croire les paroles d'un autre protagoniste qui aurait nié les derniers mots de sa précieuse mère? Non, jamais elle n'a remit cette affirmation en question, jamais elle n'acceptera que cela soit faux s'il n'y a pas des preuves irréfutables que ça l'est! Après tout, jamais sa mère ne lui aurait menti! Quel aurait pu être l'intérêt? Et maintenant, alors que son oeuvre est terminée, qu'elle a également terminé ses explications quant à cette absolue certitude qu'elle fait face à son géniteur, que même Grimmy, tranquillement installé sur la tête de la jeune noble, est silencieux et observateur dans cet échange, la voici qui se pince légèrement les lèvres retenant son souffle - enfin, elle l'aurait fait si elle avait un souffle - en scrutant le visage de ce père qu'elle découvre petit à petit durant cette rencontre.

Ses yeux se plissent alors qu'il fixe le portrait, sa voix répète une première fois ce nom qui a tant d'importance pour la jeune fille et, petit à petit, les traits de cet homme qu'elle a sans doute souvent rêvée, lorsque le besoin de dormir se faisait sentir en son être, changent... Un sourire chaleureux, tendre même, qui se trace, ses yeux qui deviennent également rieurs comme animés de l'éclat d'un souvenir agréable! Il se souvient! Elle le sait, juste en regardant ce visage, juste en voyant cet émotion qui passe dans son regard, la voici qui sourit également en réponse même si aucun mot n'a encore été échangé! Il se souvient! C'est la seule chose dont elle avait besoin pour qu'il puisse y croire et pour que, même si cela ne sera probablement pas facile, cette conversation puisse réellement avoir lieu! Après tout, difficile de convaincre un homme de la réalité concernant une descendance qu'il ne se connaissait pas s'il n'a même pas idée de qui serait la mère de cette dite descendance!

Une nouvelle fois, le nom d'Eleanor Sanward est prononcé mais, cette fois, il n'y a plus ce questionnement, cette vibration dans la voix marquant le doute, il sait de qui il parle et il le dit d'ailleurs! Cela ne le rajeunit pas! Pas réellement non, après tout dix-neuf années sont passées depuis leur rencontre à la noble dame et à lui-même, dix-neuf années : l'âge de Fedora! Elle baisse doucement les yeux à son compliment, une certaine gêne qui pourrait sans aucun doute donner de belles couleurs rosées à son visage si elle était capable de rougir! C'est étrange, ce n'est pas la première fois qu'on lui fait un compliment pour ses capacités artistique mais, celui-ci est tout particulièrement émouvant! Parce qu'il a permit de raviver sa mémoire ou simplement parce que c'est le premier compliment que lui fait son père? Seule la poupée le sait! "Je... J'aime bien dessiner..." Répond-t-elle simplement en jouant un peu avec ses doigts avant de relever la tête pour plonger son regard inamovible dans celui de son interlocuteur, un grand sourire heureux - même s'il ressemble à tout ses autres sourires - fixé sur le visage.

Quelques secondes passent dans ce silence qu'aucun des deux partis ne semble vouloir couper, ils se regardent simplement l'un l'autre comme s'ils cherchaient quoi dire, situation étrange pour Fedora qui n'a pourtant pas l'habitude d'être avare en parole... Ce qui, comme un échos de sa propre personnalité, semble également être le cas de Yuduar! Ce-dernier est en effet celui qui brise le silence pour une affirmation dans laquelle la jeune fille se retrouve irrémédiablement : elle non plus, alors qu'elle a pour habitude d'abreuver les conversations de longs monologues auxquels les gens n'ont que rarement le temps de répondre, se retrouve ici muette comme une carpe et, ce heureux hasard, cette similitude dans la situation provoque un nouvel écho alors que son rire se répercute en réponse de celui de l'homme lui faisant face. Un rire nerveux? Sincère? Difficile à dire en réalité mais elle se sent mieux dans cet éclat de voix que dans un silence contemplatif qui ne se termine pas.

C'est le cas du moins jusqu'à ce qu'une question ne vienne ternir cet échange si simple! Le moment qu'elle craignait d'une certaine façon... Son pouvoir! Non pas que cela la dérange d'en parler, c'est devenu une habitude dans la plupart de ses rencontres que de devoir expliquer précisément quels sont les tenants et les aboutissants de son apparence... Cependant, ici ce n'est pas une rencontre quelconque! Comment réagira exactement le capitaine du sud lorsqu'il saura que sa fille ne peut pas réaliser la plupart des actions métaboliques normales d'un être humain? La prendra-t-il pour un monstre? Il n'a jamais semblé le penser durant cette discussion mais ici, on ne parle plus d'une simple gamine qui vient chercher secours auprès du capitaine de la garde mais d'une jeune femme qui affirme en être la fille... Ce n'est pas réellement le même scénario. "Non merci..." Commence-t-elle. "Je... Je ne peux pas réellement boire..." Avoue-t-elle hésitante. "C'est... Compliqué..." Conclue-t-elle en jouant avec ses doigts, signe visible de sa nervosité.

Et encore, cela n'est la réaction qu'à son offre d'avoir quelque chose à boire... Bien-entendu, comme elle s'y attendait, la question concernant son pouvoir ne tarde pas réellement! Il est vrai qu'elle a utilisé cette apparence comme l'une des raisons justifiant que sa mère n'ait jamais rencontré personne. Il fallait donc s'attendre à une curiosité sur ce point! Imitant comme toujours le geste de soupirer, elle dépose ses deux mains sur sa robe au niveau de ses genoux, tirant nerveusement sur le tissu alors que Grimmy, sentant bien la situation, tente de l'apaiser en tapotant sa tête.

"C'est effectivement mon pouvoir... Je suis capable... Non pas réellement!" Se reprend-t-elle. "J'ai été capable de me transformer en poupée!" Dit-elle en relevant le visage pour voir la réaction de son père. "J'ai découvert mon pouvoir lorsque j'avais environs cinq ans je crois?" Se questionne-t-elle elle-même. "J'ai donc pris l'apparence d'une poupée et depuis et bien, je suis incapable de redevenir humaine..." Avoue-t-elle en scrutant les réactions de son interlocuteur. "Il faut bien avouer que cela n'a pas toujours été simple! Se faire des amis avec cette apparence n'a rien de facile, les autres enfants avaient peur de moi, ils refusaient de jouer, ils étaient même parfois - souvent - méchants..." Avoue-t-elle. "Mais mon pouvoir n'a pas que des mauvais cotés!" Se reprend-t-elle soudainement. "Je ne me blesse jamais, je n'ai pas besoin de dormir ou de respirer, j'ai appris à coudre pour me réparer en cas de coupures..." Dit-elle en tentant de venter les bon points de ses capacités, comme si les mettre en avant pouvait les rendre plus importantes que le négatif. "Ce n'est pas si mal non? Maman... Maman disait toujours que lorsqu'on sourit à la vie, la vie finit par nous sourire! Elle avait raison! J'ai continué à sourire malgré tout, malgré les coups, les insultes, la tristesse, la peur et maintenant... Maintenant je suis là! Je t'ai trouvé! La vie sourit maintenant pas vrai?" Demande-t-elle dans une exclamation qu'elle tente de rendre assurée même si, de toute évidence, elle est plus motivée par l'inquiétude et, peut-être, un besoin d'être rassurée?

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Elle ne peut retenir un petit rire, son tout de même cristallin malgré son apparence qui n'a rien de bien enchanteresse. C'est un réflexe, peut-être nerveux plus qu'autre chose en réalité, mais il faut avouer que la réaction du capitaine est amusante alors qu'il se rend compte que son verre est bien trop rempli. Et puis, il semble en rire lui-même alors pourquoi tenter de se retenir? La vie est tellement plus simple, tellement plus belle lorsqu'on rit! Se replaçant comme elle le peut, toujours nerveuse à cause du sujet alors qu'il la rejoint, elle secoue vivement la tête - un peu trop sans doute - en posant sa main sur sa joue pour éviter une chute de cette dite tête, ce qui ajouterait forcément aux question, alors qu'il s'excuse suite à son offre. "Ce n'est rien... Tu ne pouvais pas savoir!" Affirme-t-elle simplement. Comment aurait-il pu? Certes elle est une poupée mais elle doute que tous les hybrides, toutes les personnes ayant la capacités de se transformer souffre de l'incapacité de boire par peur de voir le liquide soit resté bloqué dans leur bouche, soit tomber dans cette jointure creuse où devrait se trouver leur cou... Un détail qu'elle préfère tenir pour elle-même présentement, son père en apprend déjà assez sans rajouter le fait que ses membres ne sont reliés à son corps que par des chaînes...

Vient ensuite l'explication de son pouvoir, un récit qui n'a rien de bien agréable pour la poupée mais qui est malgré tout nécessaire. Encore une fois, inutile de rentrer dans les détails! Elle est ce qu'il voit d'un certains côté et bien plus que cela encore même si, cette vérité, peu ont acceptés de la voir. L'effrayante poupée, moquée, blessée, esseulée! Non, sa vie n'a pas été un long fleuve tranquille, elle ne peut pas dire que Dame Lucy lui ait souvent sourit par le passé et pourtant... Du courage, de la détermination, une certaine force de caractère! Personne ne pourra dire qu'elle ne possède pas ces nombreuses qualités qu'elle considère bien plus grandes que ses défauts et d'ailleurs, elle le revendique! Elle n'est pas venu ici pour se plaindre ou pour se faire plaindre par cet homme qu'elle a tant voulu rencontré! Que finirait-il par croire? Qu'elle n'est ici que pour jouer sur la corde sensible ou pour trouver une épaule compatissante? Croirait-il alors qu'elle n'est pas réellement sa fille mais qu'elle tente de se faire passer pour telle à grand renfort d'histoires larmoyantes? Très peu pour elle! Après tout, il y a une règle qu'elle a toujours respecté et qu'elle clame haut et fort d'ailleurs : Sourit et la vie te sourira!

Est-ce son récit ou cette phrase toute particulière? Elle ne le sait pas mais la réaction du capitaine Al Rakija est peu discrète puisque, alors qu'elle prononce cette affirmation qu'elle tient de sa mère, il tousse fortement, semblant s'étouffer avec cet alcool qui ne semble pas baisser dans son verre tant il était rempli. Voyant l'homme qui semble avoir du mal à reprendre son souffle, la petite poupée se lève immédiatement de sa chaise, tendant sa main vers lui comme pour venir à son secours mais, le temps d'agir, il semble aller mieux et elle reste ainsi, le bras tendu dans le vide pendant un moment alors qu'il termine de tousser dans son coude... Une nouvelle excuse, affirmation qu'il a avalé de travers. Alors cela n'a rien à voir avec son histoire. "Est-ce que ça va?" Demande-t-elle, la voix tremblotante d'une inquiétude que ses traits n'affichent pas alors qu'elle n'arrive même pas à sourire à sa réaction qui, bien que cocasse, n'enlève cette pression sur le petit coeur de la poupée. Que pourrait-elle faire s'il s'étouffe? Elle n'y connait rien en premier secours... Elle sait se recoudre mais elle doute que cela aide dans le cas d'un étouffement...

Un rire et une affirmation plus amusée qu'autre chose termine de la rassurer alors qu'elle repli son bras, jusque là toujours tendu, vers elle-même pour poser sa main sur son coeur dans un mouvement signalement son apaisement. Elle relève la tête alors qu'il parle d'une arme dont elle se serait équipé, l'observant sans réellement comprendre alors que ses lèvres s'étire dans un magnifique sourire et qu'il nomme justement cette action, le fait de sourire, comme l'arme de la poupée. Un réaction qui ne se fait pas réellement attendre alors qu'elle sourit de plus belle, affichant ses dents pointues de toute leur longueur en hochant la tête. "Oui!" Affirme-t-elle sans aucune hésitation... Sourire, elle sait le faire! Se réinstallant sur sa chaise, elle regarde son interlocuteur avec attention alors qu'il désire en savoir plus. Rien de plus naturel en réalité, ce n'est pas tout les jours que l'on croise une poupée humaine qui affirme être notre enfant!

Les tentatives de trouver une solution? Oui, bien-sûr ils ont essayés, son grand-père a investi une fortune à la recherche d'un moyen de la guérir. Aucun enchanteur n'y est parvenu, pas plus que des médecins, apothicaires, druides ou autre "spécialistes" qui ne comprenaient rien à ce qu'il se passait avec ce pouvoir afonctionnel... Au final, Fedora a vu plus de médecins dans sa vie que quiconque et cela sans jamais tomber malade! Une douce ironie n'est-ce pas? Elle s'apprête à répondre mais n'a pas l'occasion réellement, se faisant couper par une précision qui n'a rien de nécessaire : son apparence n'est pas un problème! Une affirmation sans doute faite pour lui ôter un doute, une phrase qu'elle aurait sans doute eu besoin d'entendre de la bouche d'autre personne mais pas de lui! Depuis le départ, il ne l'a jamais regardé avec crainte ou dégoût, ne lui a jamais donné l'impression d'être un monstre ou une créature quelconque... Elle se contente donc de sourire. "Tout va bien!" Lui dit-elle lorsqu'il l'invite à changer de sujet. "Je m'attendais à devoir répondre à des question en venant ici, surtout vu la nature de mon annonce!" Rit-elle doucement. Après tout, cela serait étrange qu'il accepte simplement cette affirmation d'être père d'une jeune poupée de dix-neuf ans sans aucune question sur elle ou son pouvoir! Elle était préparée - ou du moins tentait de l'être - vu la situation.

"J'ai évidemment vu plusieurs spécialistes, des enchanteurs et des médecins par dizaine... Surtout parce que mon grand-père voulait réellement trouver une solution... C'est mon pouvoir le problème pas moi, c'est ce que la plupart ont dit en tout cas! Mais sans y trouver aucune solution! La seule serait de m'équiper d'un dispositif anti-magie mais... Si je suis obligée de vivre sans pouvoir, ce n'est pas non plus un choix pas vrai?" Demande-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté... Et alors, une invitation : lui poser les questions qu'elle désire... Par où commencer? Elle a tant de chose à lui demander! Après tout, il est son père et elle ne sait rien de lui! Qu'est-ce qu'il aime? Est-ce qu'il a des familiers? Que fait-il de son temps libre? Elle ouvre la bouche plusieurs fois, la fermant aussi vite, cherchant ses mots comme souvent dans cette rencontre et finalement, un mot passe la barrière de ses lèvres, celui qu'elle ne pensait pas prononcer, celui qu'elle ne voulait pas prononcer mais qui se fait plus brûlant que jamais. "Pourquoi?" Demande-t-elle d'une petite voix. Car malgré tout, malgré qu'elle ne voulait pas spécialement poser cette question, une partie d'elle a besoin de savoir! Elle a grandit sans père et n'a jamais vraiment su la raison. "Pourquoi être parti?" Précise-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

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Le choix de ne pas choisir... Peut-être serait-ce plus simple en réalité? Juste accepter d'être celle qui n'a aucun pouvoir plutôt que celle qui ne le maîtrise pas? Accepter d'expliquer qu'elle est étrange plutôt que d'expliquer qu'elle est réellement humaine? Accepter au final de laisser les autres lui dicter ce qu'elle doit faire plutôt que de se battre pour qu'enfin on l'accepte telle qu'elle est? Oui, ce serait sans doute plus simple que de lutter, plus simple que de faire entendre sa voix, plus simple que de hurler à tout tête qu'elle est Fedora Sanward et non un horrible monstre ou une création étrange qu'un dément aurait mit au point... Plus simple sans doute mais certainement pas dans le tempérament de la jeune femme! Wilfred n'a de cesse de le dire : Pourquoi tombons nous Dame Sanward? Pour mieux apprendre à se relever et cela, la jeune noble sait le faire! Peu importe la douleur, les pleurs qui ne peuvent couler, les cris qui faisaient se serrer le coeur de sa pauvre mère, le dégoût dans le regard des autres, son sourire est son arme et sa combativité une force qu'elle refuse d'abandonner! Si elle acceptait de renoncer à son pouvoir, alors elle ne serait plus cette battante, elle ne serait plus personne en réalité! Choisir la facilité n'est pas dans son caractère, si tel était le cas elle ne serait pas ici après tout!

Le silence... Souvent elle l'a aimé, cela signifiait qu'il n'y avait personne pour l'insulter, pour hurler au monstre, pour la pointer du doigt. Pourtant, aujourd'hui, il la terrifie! Que peut-elle dire, que doit-elle dire? Qu'est-ce que l'homme qui lui fait face pense lorsqu'il laisse couler le liquide contenu dans son verre dans sa gorge en la regardant sans rien dire? Chaque instant passé la terrorise un peu plus! La peur du rejet probablement? Que quiconque la rejette cela ne fait rien, c'est presque habituel mais si lui la rejette elle sera réellement seule n'est-ce pas? Et pourtant ce n'est pas cela qui l'effraie le plus et elle s'en rend bien compte quand elle brise le silence : Pourquoi? Une question naturelle, sans aucun doute attendue vu la situation? Probablement pas si vite, il aurait sans doute été plus prudent d'y aller avec des interrogations plus simples, moins lourdes de sens également et malgré tout, au fond de son petit coeur de poupée, c'est cette question qui importe le plus! Elle se découvre un père, un homme amical, sympathique, doux, souriant dont elle ignorait l'existence il y a encore peu et, celle qui n'a jamais réellement quitté l'enfance malgré ses dix-neuf ans - celle qui n'en a jamais eu l'occasion en réalité - est incapable d'avancer sans réponse à cette question... Une réponse qui lui glace pourtant le sang car elle sait que cela pourrait être douloureux.

Une évidence qu'elle n'est sans doute pas la seule à savoir! Il suffit de voir le capitaine pour le comprendre : une longue gorgée d'alcool, un regard qui se baisse pour la première fois comme un aveu honteux! Pourtant, il n'a aucune raison d'avoir honte, il ne savait pas après tout mais elle suppose qu'un homme qui apprend qu'il a involontairement abandonné son enfant - car elle ne doute pas de l'être - doit forcément se sentir coupable au fond même si cela n'est pas forcément cohérent. Oui, naturellement cette question se devait d'être posée! Elle voulait... Non, elle avait besoin d'avoir une réponse! Au fond, elle avait grandit sans un père, sans présence masculine pour la consoler, la protéger, l'aimer tout simplement! Certes il y avait eu son grand-père pendant une partie de sa vie, Wilfred son majordome et Gaspard son cuisinier également mais, toute l'affection de ceux qu'elle considérait comme sa famille sur bien des points ne pouvait pas remplacer celle d'un père même s'ils avaient toujours été présents pour elle... Une vérité dont elle avait conscience maintenant.

Il n'est pas parti, une précision qui la fait doucement sourire. Oui il le pense sans doute, dans un sens il a raison : il ignorait pour la naissance de la jeune fille, il ignorait même la grossesse de sa mère! Il ne peut pas être tenu pour responsable c'est évident mais il est quand même parti! Il a prit la route, sans se retourner, a-t-il seulement tenter de savoir si l'une de ces nuits de jeunesse avait eu des conséquences? Sans doute pas et d'une certaine manière, c'est cela partir non? Pas de gants dans la réponse cependant, les faits, une explication logique, une rencontre de jeunesse qui a été mise à mal par le grand-père de la demoiselle - chose qu'elle n'a pas réellement de mal à croire - mais durant ce petit temps qu'il a laissé grandir, n'a-t-il jamais voulu revenir en arrière? Revoir cette femme, prendre des nouvelles? Ô, comme cela aurait été romantique qu'il brave l'interdit, qu'il affronte le père de cette jeune femme qu'était Eleanor, peut-être alors Fedora aurait-elle eu une vie heureuse avec ses deux parents? Mais non...

L'histoire se termine, sans réelle fin heureuse : lui n'a jamais tenté de la revoir, elle n'a jamais écrit pour lui dire qu'il était père et la jeune fille née de cette union... Et bien ce n'était qu'une enfant! Ce n'est pas le genre de sujet dans lesquels on implique une enfant après tout... Et de nouveau le silence, pesant, effrayant, même Grimmy ne bouge plus, ne pipe mot... Comme si le temps lui-même s'était arrêté alors que Fedora baisse doucement le regard. Qu'attendait-elle exactement comme réponse autre que cela? Comme le dit si bien son père : On ne peut que regarder ses choix et se demander s'ils étaient les bons...

Son père n'est pas responsable, sa mère n'a jamais parlé de lui avant la toute fin et elle n'a jamais cherché à demandé! Au fond d'elle, elle savait que cela ne servirait à rien! Quand elle fut en âge de comprendre, de se rendre compte qu'elle était la seule sans père, elle était déjà maudite par son pouvoir alors à quoi bon poser une question sur un potentiel géniteur? Qui aurait accepté de la reconnaître comme son enfant? Relevant finalement le regard, la jeune poupée arbore toujours ce même sourire, expression figé derrière laquelle elle s'est si souvent caché. "Je pense que grand-père ne l'aurait pas laissé t'écrire... Ils n'ont jamais réellement parlé de toi, pas directement, mais je sais ce qu'il pensait des gens qui ne sont pas nobles..." Dit-elle doucement, non pas qu'elle cherche à excuser sa mère sur ce point, après tout elle aurait aussi pu en parler à Fedora chose qu'elle n'a jamais fait. "Merci de ton honnêteté... Je ne comprends pas vraiment, je pense que je ne comprendrais jamais en réalité! J'imagine que c'est le genre de chose qu'il faut vivre pour pouvoir réellement le comprendre et, vu ma condition, je doute que cela m'arrive un jour..." Léger étirage de robe, elle sait qu'elle n'a pas réellement le physique pour faire tourner les tête - pas comme le font les jolies filles en tout cas - mais elle reste une jeune demoiselle avec les rêves et les espoirs que cela implique. "Au moins, tu n'as pas fuis... Je ne suis pas sûre que j'aurais pu le pardonner cela!" Dit-elle en riant doucement, comme si elle aurait pu dire quoi que ce soit si tel avait été le cas. "Je ne t'en veux pas... Ça n'a pas été facile de grandir sans père... Sans toi! Mais je ne crois pas que l'on puisse tenir quelqu'un pour responsable d'une chose qu'il ignore. Je crois aussi que maman n'a jamais essayé de te contacter à cause de moi d'une certaine manière? Je souffrais déjà du rejet des autres, de mes "amis" de certains domestiques, des passants... Je suppose qu'elle ne voulait pas m'exposer au rejet de mon père, pas avant qu'elle n'ait plus le choix du moins? Je suppose qu'au final, j'ai été victime de vos choix mais peut-être aussi avez vous été victime de ma naissance? Si je n'étais pas venue au monde..." Et elle ne peut pas réellement finir cette phrase, Grimmy réagit pour lui frapper sur la tête de toute sa force de poupée. "Ne dis pas ça idiote!" L'engueule-t-il alors que la jeune noble se reprend, riant de plus belle en se grattant l'arrière de la tête. "D'accord... Désolée Grimmy..." S'excuse-t-elle sans vraiment oser reposer son regard sur son père. Après tout, si elle n'était pas née peut-être les choses auraient-elles été différentes pour ses parents?

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Si l'intervention de son ami de tissu fait rire la jeune poupée, elle ne fait visiblement pas rire son père. Rien de particulièrement surprenant en réalité, après tout même s'il doute probablement de réellement être le géniteur de la jeune fille - le croire en n'ayant qu'une affirmation pour preuve serait bien étonnant - il ne doit tout de même pas trouver agréable qu'une "enfant" d'à peine dix-neuf ans n'ait une vision si sombre de sa propre naissance. Pourtant, il faut bien avouer qu'elle a de quoi se questionner sur la vie de ses parents si les choses avaient étés différentes non? Entre son apparence, le regard des autres, les sacrifices que sa mère a été obligée de faire pour protéger son enfant... Comment ne pas se poser de question? Pourtant, les paroles du capitaine de la garde sont, en cet instant, une véritable bénédiction pour elle. Certes on pourrait se dire que c'est assez dur comme manière de le dire, affirmer qu'Eleanor Sanward n'a jamais été victime de cette naissance, qu'elle a fait ses propres choix et qu'elle a donc vécue avec les conséquences de ces-derniers, cela pourrait sans aucun doute paraître un peu "froid" comme manière de le dire, crue peut-être même... Pourtant, la jeune poupée ne lâche pas son interlocuteur du regard, buvant ses paroles et ses explications avec l'attention qu'il mérite : une attention totale.

Car le discours ne s'arrête pas là, alors qu'il se penche vers la demoiselle au fur et à mesure que le flot de parole continue, il lui dit la seule chose qu'elle avait besoin d'entendre : elle n'a jamais regretté son existence! C'est vrai, elle le sait bien-sûr, mais elle avait tellement besoin de l'entendre, de se le faire dire... Elle a vu sa mère se couper du monde, de la noblesse, refuser certaines soirées quand sa fille ne voulait réellement pas y assister, repousser des prétendants qu'elle aurait pourtant pu marié, elle l'a déjà vu engueuler un passant, faisant fie de la bonne conduite à adapter en fonction de son statut parce qu'il dévisageait cette pauvre poupée... Oui, sa mère a vécue pour qu'elle soit heureuse et au fond, elle l'a toujours été en sa compagnie. Ce serait un bien grand manque de respect et de reconnaissance que de se dire qu'elle aurait été mieux sans elle. Elle le sait, mais elle avait sans aucun doute besoin qu'on la rassure, juste une fois, sur le fait qu'elle ne se trompe pas...

Souriant de nouveau, peut-être un peu plus sincèrement encore que les autres fois, elle observe le capitaine. Non, elle ne va sans doute pas lui dire qu'il ne la connaissait pas, au fond, elle pense qu'il la connaissait sans doute mieux que quiconque sur ce point. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Elle assiste à son étrange manège en silence, voit ses traits se déformer par l'esquisse d'un sourire heureux, témoin d'un bonheur qu'il semble revivre alors qu'il s'exprime à nouveau pour parler de ses enfants, ses autres enfants, ceux qui l'ont toujours connu contrairement à elle... Ô elle n'est guère jalouse bien-sûr, ce n'est pas le genre de Fedora que de convoiter ce qu'elle n'a pas. D'un certain point de vu elle est même heureuse, pour eux, pour lui aussi. Voir le bonheur qu'ils font naître en lui est agréable, peut-être à l'avenir pourra-t-elle également provoquer ce genre de réactions? Être dans les souvenirs heureux de son père? Qu'il parle d'elle avec la même joie et le même regard qu'il lui parle présentement de ceux qui sont ses demi-frères ou demi-soeurs? Elle ose l'espérer en tout cas.

"Non je..." Commence-t-elle. *Je ne pense pas tomber comme un cheveu dans la soupe?* Se questionne-t-elle mentalement avant de secouer doucement la tête, ce ne serait pas honnête de dire cela. "En réalité... J'avais peur que ce soit le cas." Avoue-t-elle en baissant doucement la tête. "Je... Je ne savais pas grand chose de toi, juste que tu étais le capitaine Yuduar Al'Rakija, au départ je t'ai même cherché à la caserne de la capitale et c'est là qu'on m'a apprit que tu étais ici." Dit-elle en riant doucement, se souvenant de ce gentil garde qui l'avait écouté lui parler de tout et de n'importe quoi. "J'avais peur de venir... Peur de t'effrayer avec mon apparence, peur que tu ne te souviennes pas du tout de maman, peur de déranger également..." Affirme-t-elle en relevant son regard figé. "Je me suis imaginé énormément de scénario, tout comme ta personnalité! Étais-tu gentil? Méchant? Serais-tu facile à rencontrer ou bien cela me serait-il impossible? Et une fois fait? Allais-je me heurter à un mur? Pire, allais-tu me chasser sans même m'écouter?" Demande-t-elle sans réellement attendre de réponse. "C'est difficile de débarquer dans la vie d'un homme après dix-neuf ans pour lui affirmer être sa fille sans rien savoir de lui... Mais..." Commence-t-elle. "Je suis heureuse de l'avoir fait! Tu es comme je te rêvais en fait!" Conclue-t-elle en riant. Comme elle se l'imaginait suite à la description de Lin, comme elle l'espérait en apprenant son existence. "Bien-sûr, je suis déçue de ne pas t'avoir connu plus tôt mais, je suppose qu'on pourra rattraper le temps perdu pas vrai?" Demande-t-elle avec espoir.

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