Hryfin avait royalement ignoré la tentative de Lyriss pour le faire revenir à leur jeu initial. N'abordant pas le moins du monde les sujets le concernant. Elle haussa un sourcil, ricanant brièvement. Il était fort pour éluder les questions à priori. Soit. Elle ne le forcerait pas. La fatigue et le peu d'alcool qu'elle pouvait avoir dans le sang suffisait à la rendre un peu moins tenace. Ce qui, pour l'heure, n'était peut-être pas une mauvaise chose.
Evidemment, elle n'avait pas vraiment l'intention de reprendre l'élevage de sa mère. Mais elle ne mentait pas sur le fait que ça avait pu lui traverser l'esprit. Lyriss n'était pas malheureuse et ne l'avait jamais été. Mais elle avait effectivement du mal à trouver ça place. Ca avait toujours été. Pas franchement de raison pour que ça change maintenant. Elle avait eu un ami au village perché qui lui avait dit qu'il n'existait pas de mauvais soldats. Seulement de mauvais chefs. Peut-être. En vérité elle ne s'était pas franchement attardée sur la question. Jugeant que la réflexion ne s'adressait pas à elle. Elle n'avait jamais estimé être un mauvais soldat.
Quoi qu'il en soit, elle ignora son haut désormais tâché par l'homme le plus délicat qu'elle connaisse, reportant son attention sur lui. "En fait, il ne m'a pas vraiment dit qui il était. Juste qu'il bosse pour la commission. Et très sincèrement, je m'en fiche". Assura simplement Lyriss qui n'avait jamais eu la moindre allégeance pour les titres, ou les couronnes. Elle respectait les gens qui le méritait à ses yeux. Indépendant de leur statut. Probable que Hryfin le sache depuis tout ce temps.
"Je ne sais pas si tu essaie de m'enrôler là, mais tes arguments sont foireux Hryfin". Rétorqua t-elle avec malice. Effectivement, le tableau qu'il en peignait était en fait assez sombre aux yeux de Lyriss qui était habitué à la liberté des patrouilles au village perché. La vie à la capitale n'était pas pour elle, c'était à ses yeux une certitude. "A vrai dire, le solde m'importe peu. Je me vois mal acheter une baraque avec une petite barrière et un jardin. Et puis quoi après? Des gosses?" Rétorqua t-elle en reprenant son verre sur la table, l'achevant d'un trait. Elle qui buvait peu, et avait également une petite carrure, le peu de vin ingurgité suffisait à brouiller sa capacité d'analyse. Elle se renfrogna. "J'aime ma liberté. Elle est relative. Mais je vais où je veux, quand je veux. En dehors de quelques assignations. Je crois que je ne supporterai pas d'être à la botte de quelqu'un". Précisa simplement la jeune femme avant de voir une main approché de la tâche sur son chemisier. Elle planta son regard dans celui de Hryfin alors qu'il achevait son geste. "Oui Hryfin. Mais là c'est ma poitrine que tu tripote". Prévint elle avant d'éclater de rire. Un fou rire parfaitement injustifié. Très certainement du à la fatigue et à l'alcool. Un rire franc, très rare chez Lyriss qui, sur le moment, ne savait pas le contrôler.
Ahlala, non mais quelle tête de mule. Heureusement, bien que, disons, pas le plus malin, le grand savait quand même quand est-ce qu'il fallait lâcher l'affaire, si bien qu'il ne retentera pas, dans la suite de la conversation, de prêcher la royale ou de la mentionner à outrance, il finirait par desservir la cause qu'il tente de défendre. Ça aurait été sympa de l'avoir à ses côtés, en tout cas, enfin, dans la royale, quoi. Il a pas vraiment eut le temps de beaucoup sociabiliser, depuis qu'il est arrivé ici, avec ses nouveaux frère d'armes bien sûr, les anciens d'ici, il les connaît presque tous. Ça fait bizarre d'ailleurs, car plus le temps passe, inexorablement, plus les nouveaux affluent, des nouvelles têtes qu'il a du mal à compter, apprendre et reconnaître.
Compréhensible que, genre, Lyriss ne veuille pas de vie posée, donc pas de maison, de gosses, rien. Ça semble très solitaire, même pour lui qui en a l'habitude. Tout ça, ça ressemble à une suite logique, pas un objectif, une envie, mais presque comme une obligation ? Passé un certain âge, il se voit peut-être plus courir dans les rues à la poursuite du premier mécréant venu, allez, accéder à un poste de planqué au sein de la garde royale, ça doit bien exister, à un moment. Et quand c'est fait, quoi après ? On se fait chier comme un rat mort. C'est en tout cas sa vision des choses, qui n'excuserait en rien le fait de juger celle de Lyriss. Aucun commentaire ne fut émit sur tout ça.
Par contre, grosse force à elle, c'est bien la seule représentante de la gente féminine ou il peut, certes de manière non délibérer, toucher la poitrine sans se prendre un gros revers. Après, elle est dans une exagération complète, il l'a pas ''tripotée'', tout au plus touchée, si on veut être correct sans trop en faire des caisses. La réaction était quand même inattendue...Attention, bien heureux de ne pas se faire tarter ou devoir tergiverser, mais une sorte de fou rire n'est pas la réponse appropriée à cette situation. Décontenancé, Ryf avait à la fois un sourire mais les sourcils renfrognés.
'' Alors, normalement c'est pas la réaction qu'on a si ? Et puis force pas, j'ai pas tripoté roh ''
On peut mettre le tout sur le dos de l'alcool, du geste au final déplacé de Hryfin à la réaction étrange de la garde.
'' Après, bon, pour La Coincée, j'imagine qu'un contact comme ça, c'est déjà insurmontable, hein ? Que Lucy bénisse ta chasteté, si t'appelles ça tripoter !''
Et là, c'était à lui de ricaner, de concert avec le rire sonore de Lyriss. C'est là qu'on voyait qu'après tout, ils s'entendaient encore bien malgré le temps, puisque de souvenir, quiconque la touchait, en ou hors service, avait l'insigne honneur de perdre quelques dents, et ce, qu'elle soit ivre, ce qui était déjà assez rare, ou non. Tout ça était bien sympa, mais la pluie battant les fenêtres ne devait pas les faire oublier le pourquoi du comment ils étaient réunis actuellement ; le temps était toujours menaçant, et la femme avait encore du trajet à faire pour arriver à bon port. Observant la pendule, cela faisait déjà quelques temps qu'ils conversaient et faisaient les idiots.
'' Par contre, jsais pas si tu pars tôt, mais ltemps commence à filer, hein. ''
Ce n'est pas une volonté de la virer ou de la mettre au lit -quoique, il s'agirait peut-être d'une bonne idée-, juste que les longs voyages, ça le connaît, et il veut pas la ralentir. D'autant plus qu'actuellement, elle a l'air bien atteinte, hein. Aucune idée d'à quoi. Mais ouais.
Il est vrai que la situation n'appelait pas forcément à rire. Mais Lyriss n'était pas habituée à l'alcool et le peu de vin qu'elle avait bu boire, coupler à la fatigue d'un long voyage, suffisait visiblement à lui embrouiller légèrement l'esprit. Assez pour le faire rire, de bon cœur. Chose suffisamment rare pour être notifiée. Surtout lorsque l'on connait l'origine de son hilarité. Hilarité qui d’ailleurs, se tue petit à petit, remplacé par une moue boudeuse alors qu'elle croisait les bras sur la dite poitrine. Sujet de leur improbable discussion. "Hey, je vous ferais dire, monsieur Danvil, que je suis moins chaste qu'il n'y parait". Souligna t-elle avec malice. Vrai ou faux, il ne le saurait pas. Ceci dit, probable qu'il la connaisse assez maintenant pour savoir qu'elle se fichait assez de l'avis des autre pour ne pas avoir à mentir sur des choses aussi futiles. Mais pour l'heure, c'était une pente glissante qu'il ne valait mieux pas explorer davantage. Elle restait assez lucide pour s'en rendre compte.
Et alors que le silence retombait doucement, laissant percevoir le bruit de la pluie sur les fenêtres de la bâtisse, Lyriss se rappela pourquoi elle s'était retrouvée ici. Elle ne répondit pas tout de suite à son hôte, observant sans un mot les gouttes de pluies rouler sur la paroi de verre. Elle réfléchissait à sa proposition. La Garde Royale. Même si elle savait bien qu'elle avait exagéré en l'évoquant, plus tôt dans la soirée, elle n'était toujours pas certaine du fait qu'elle y trouverait sa place. Une petite voix dans sa tête la sommait malgré tout d'essayer. Comme lui répétait sans arrêt sa mère: "Si tu veux vivre seule, tu dois te faire ta place dans ce monde". Elle souriait toujours à cette annonce. Comme si ces paroles avaient besoin d'être prononcées. Elles tombaient sous le sens pour la jeune femme qui se moquait toujours de sa mère lorsqu'elle les lui répétait.
Elle reporta son regard sur Hryfin. Elle avait retrouvé son sérieux. Son sourire avait disparu alors qu'elle se levait. Prenant mesure de la fatigue qu'elle ressentait alors. Elle s'étira, toujours sans un mot. Elle ne chancelait pas le moins du monde. Le fou rire était passé. Et probable qu'elle donne désormais l'impression d'avoir radicalement changé. "Tu as raison. Je devrais partir tôt demain si je ne veux pas arriver la nuit. Tu es sûr de vouloir prendre le canapé? Je peux dormir dessus hein." Reprit elle simplement, sans évoquer de nouveau la Garde Royale. Elle préférait prendre le temps d'y réfléchir en pleine possession de ses moyens.
'' Oui, oui, bien sur, allez, on va admettre que je te crois, va. ''
Faux. Voyons, tout ce qu'il sait du passé de la garde, du temps qu'ils ont passé ensemble à servir à la capitale avant son départ, tout ce qu'elle venait de lui dire et hey, même, toute cette soirée tendait à prouver le contraire. Bon, elle avait pas mal bu. Certes, c'est un bon point, une petite pastille verte à lui donner. Jusque là, c'est à peu près tout.
Ce furent les dernières paroles de la femme qui brisèrent le silence, le sérieux était revenu sur son visage, et cela se ressentait dans l'atmosphère générale de l'habitation. Pour ce qui est du canapé...S'il l'avait proposé, c'est que cela ne le dérangeait pas outre mesures, même si par pure honnêteté, il serait beaucoup plus à l'aise là haut, dans son lit, plutôt qu'allongé ici, surtout quand on prend en compte sa stature ; heureusement pour lui, le mobilier était dans les tous cas à sa convenance, adapté à sa morphologie un peu au dessus de la moyenne de la plupart des Aryonnais, ce qui faisait que même sur le canapé, il dépasserait pas d'un mètre, ce n'est donc pas ridicule comme proposition. Il fit un mouvement négatif de la main, balayant encore une fois, espérons pour toute, la surproposition de Lyriss.
'' Non, vraiment, monte, repose toi bien, tu seras mieux, et c'est normal. Les draps sont propres, si c'est ça qui t'inquiète ! ''
Il rit de sa bêtise, mais en vrai, même s'il peut parfois donner une apparence négligée, il n'est pas rustre ni sale, il a eut une éducation, quand même, pas de noble, non, il avait déjà fuit le foyer bien longtemps avant ça, les cérémonies et tous ces trucs de bourges, ces courbettes gênantes, tous ces protocoles, ces étiquettes, hugh, non merci. Les deux s'échangèrent un ''bonne nuit'' rapide, l'hippogriffe observant la dame monter les escaliers pour profiter d'un sommeil plus que mérité.
De son côté, Ryf n'était pas encore sur le point de dormir. Le concert de la pluie frappant aux carreaux, ainsi que le crépitement du feu, c'était un duo des plus agréable. Soupirant, il se leva pour se diriger vers la salle de bain. Sans doutes qu'une douche rapide l'aiderait à relaxer ses muscles, et aiderait la fatigue à arriver. Sous l'eau brûlante, la froideur du monde extérieur lui paraissait bien lointaine. Quelques instants après, il se retrouvait allongé sur ce fameux canapé, sur le dos, mains derrière la tête. Généralement, l'alcool aide à dormir, dans son cas, c'est à la fois vrai et faux. Ça l'aidait, mais il passerait d'abord par tout cette phase chiante ou il se met à penser beaucoup, à tout et rien, avant de finalement s'endormir. Sa dernière pensée avait été qu'il ronflait, la nuit. Anecdotique, direz vous. Oui. Sauf quand on accueille quelqu'un, qu'on a aucune idée de la lourdeur du sommeil de l'autre, et que le son monte au lieu de descendre. Allez, on verra bien. La bonne nuit.
Lyriss fit le choix de ne pas surenchérir, bien que l'envie était bien présente. Sans doute valait-il mieux ne pas s'aventurer sur certains terrain. Étonnant, quand on sait que la prudence n'a jamais été son fort. Mais soit. Elle était épuisée par ses dernières aventures et le peu de vin qu'elle avait pu absorber ne l'aidait pas vraiment. Sans doute eut-il été plus raisonnable de s'avouer vaincue pour ce soir et monter simplement se reposer comme il le lui suggérait. "Il y a intérêt". Se contenta t-elle ne prononcer d'une voix malicieuse, esquissant un rictus amusé. Pas qu'elle le soit particulièrement à l'idée d'imaginer pourquoi ils ne le seraient pas.
Chassant ces idées absurdes de son esprit, elle adressa un bref signe de la main à Hryfin avant de prendre la directement de l'étage où se trouvait la chambre de son hôte. C'est avec un soupire qu'elle en poussa la porte, glissant sa main sur son visage, comme si elle pourrait en faire disparaitre la fatigue. Idée stupide. Refermant la porte, elle alluma la chandelle qui se trouvait sur la table de chevet, baignant le lieu d'une lueur dansante et quelque peu réconfortante. Sans regard balaya la pièce alors qu'elle s'asseyant sur le lit, posant ses mains sur ses cuisses. Elle resta immobile un instant, écoutant la pluie battante qui martelait la toiture. Son regard se perdit un moment au plafond alors qu'elle défaisait machinalement sa ceinture de cuir, la laissant tomber au sol.
Elle acheva de se déshabiller sans trop s'en rendre compte. Laissant choir ses habits au pied du lit, tout en conservant ses sous vêtements. Elle se glissa sous les draps, appréciant le confort d'un véritable lit. Allongée sur le côté, elle glissa son bras sous l'oreiller, avant de se redresser pour souffler la chandelle. Dehors, le temps ne s'améliorait pas. Ce n'était pas un problème, elle savait Ulrik au chaud. Elle l'était aussi. Ordinairement, le sommeil de Lyriss était très leger. Mais cette nuit là, ni la tempête, ni les ronflements de son hôte n'eurent raison de lui. Elle ne se réveilla que lorsque le soleil était déjà haut dans le ciel.
Se redressant soudainement, elle constata la luminosité anormale. Un peu prise de panique, ne se remémorant pas tout de suite où elle se trouvait, elle sauta hors du lit et enfila ses vêtements en une fraction de seconde avant de dévaler l'escalier. Ce n'est qu'à cette instant qu'elle se souvint. Hryfin. Elle était chez Hryfin. "Mais...quelle heure il est?!" Clama t-elle soudainement comme si quelqu'un était censé pouvoir lui répondre. "Hryfin?" Questionna t-elle alors comme si elle n'était pas franchement sûre d'être chez lui. Fatigue, Alcool. Plus jamais.
Enfin, si on omet les battements de la pluie contre les volets et la toiture, des ricochets volatiles donnant l'impression que le déluge n'est pas bien loin. Ça change des voisins qui gueulent. Des enfants qui crient. Le temps humide et peu clément avait refroidi les ardeurs du voisinage. Le quartier n'est pas bruyant en lui même, mais toujours sur le qui-vive, le moindre bruit peut être un déclencheur et sortir Hryfin de son sommeil. Les aléas météorologiques ne font toutefois nullement parti du répertoire de sons capables de le maintenir éveillé. On ne peut en dire autant de ses performances vocales quand il dort ; exténué, l'alcool n'aidant pas, il devait ronfler comme jamais, un son puissant qui n'eut pas semblé déranger son invitée, puisqu'il eut la chance de ne se manger aucune droite dans son sommeil.
Il s'est même laissé surprendre à se réveiller un peu plus tard que d'habitude. Le soleil pointait son nez, signe que le mauvais événement climatique de la veille n'était plus qu'un mauvais souvenir. La météo d'Aryon, que voulez vous, c'est aussi aléatoire que les jeux d'argents tenus par les escrocs sous leur barbe et leur nez, conseil : vous n'en sortirez jamais gagnant, et jouer avec des mecs régulièrement poursuivis par les gardes devrait vous mettre la puce à l'oreille.
Aucune idée de si Lyriss était déjà réveillée et partie, au fond de lui, il espérait que non. Aucune volonté de l'accaparer ou la ralentir, seulement, un petit mot de remerciement aurait quand même été la moindre des choses, il la savait assez honorable et honnête pour ne pas partir sans rien dire ou laisser. Après, cela faisait tout de même un certain bout de temps, depuis ces retrouvailles, que leurs chemins ne s'étaient croisés. Avec une personne ordinaire, il préparerait le petit déjeuner ou équivalent, ferait en sorte qu'elle se sente bien et puisse repartir du bon pied. Mais la blanche est loin d'être une assistée, l'infantiliser de la sorte lui ferait plus de tort qu'autre chose, et on parle bien ici des deux protagonistes ; l'une pourrait mal le prendre et être blessée, alors que l'un se ferait sermonner pour rien.
Se levant lentement, un peu dans le brouillard quand même, le feu s'était laissé mourir dans la nuit. Tant mieux, pas comme si il allait de nouveau en avoir besoin. Il traîna un peu, réfléchissant à sa journée à venir. Rien de bien transcendant. On va laisser la belle dormir, un lancer de pièce qu'il est prêt à prendre ; soit agacée '' T'aurais pu me réveiller je vais être en retard ! '' soit reconnaissante '' Il est vrai que j'avais besoin de repos. ''. Premier réflexe, se diriger vers la salle de bain. Toujours, l'eau à eut un effet apaisant et revigorant sur lui, à condition d'être à une température si basse qu'aucun humain ne la supporte normalement. Quiconque passe après lui y perd son souffle, le cage thoracique ne suivant même plus le rythme de gonflement des poumons. C'est encore sous l'eau qu'il entendit les pas de la femme percuter les escaliers. Coupant l'eau, il eut à peine le temps de commencer à s'habiller que la voix paniquée de la garde lui parvint aux oreilles.
C'est donc habillé uniquement d'un pantalon un peu trop court pour lui, serviette sur la tête, qu'il sortit de la pièce pour rejoindre celle ou son amie se trouvait. Se frottant vigoureusement les cheveux, ses yeux se plantèrent dans ceux de la dame, un sourire naquit sur ses lèvre.
'' Eh bien. C'est qu'on a bien dormi ! J'ai préféré t'laisser dormir. Tu seras peut-être en retard, mais la route est bien plus sure quand on est à fond ! ''
Serviette décalée sur ses larges épaules, il se dirigea vers le canapé, pour se poser de nouveau dessus, soupirant. Il n'avait pas beaucoup bu, si bien que les effets indésirables des fameux lendemain matin n'étaient pas présents. D'un geste de la main, il présenta sa cuisine.
'' Comme chez toi, j'ai ce qu'il faut pour ce matin. Y a même de quoi te faire un café. Hésites pas à emporter des trucs, la route est encore longue. ''
Et il parle en connaissance de cause. Elle pouvait allègrement se servir qu'il n'en aurait cure, au contraire, cela lui ferait plaisir, et assurerait un voyage plaisant à Lyriss. Egalement, elle est le bienvenue pour utiliser toutes les commodités dont sa demeure dispose, si elle souhaite s'apprêter ou bien, genre...Prendre un peu plus son temps. Il scruta le torse de la jeune femme, sourcils froncés, avant de ricaner et de la pointer du doigt.
'' Ton haut. Il est à l'envers, non ? ''
Les quelques secondes écoulées jusqu'ici lui permirent de se remettre en mémoire la soirée de la veille. Elle n'avait pas assez bu pour occulter les détails. Si bien que l’adrénaline du réveil en sursaut redescendait à mesure que ses souvenirs lui revenaient. Elle se savait en terrain amical. C'était toujours mieux que de se réveiller au milieu de nul part sans se souvenir de ce qui avait pu se passer la veille.
Elle se retourna alors que la voix de son hôte se faisait entendre. Dans un soupir, elle répondit à Hryfin d'une voix sans timbre. "A fond, je le suis toujours". Lança t-elle tout en prenant le temps d'attacher ses cheveux en chignon lâche. Elle pouvait donner l'impression de plaisanter, mais ce n'était pas le cas. Elle s'étira. Bailla. Comme pour contredire ce qu'elle venait juste de dire. Qu'il ne se méprenne pas, cela ne voulait rien dire. Elle était tout à fait apte à reprendre la route. Elle était coutumière des voyages. Elle appréciait le fait de se retrouver seule au milieu de nul part.
"Mais je ne dis pas non à un café". Avoua t-elle en lui suivant dans la cuisine alors qu'il remarquai son chemisier, mis à l'envers dans la précipitation. Baissant la tête pour le constater par elle même, elle le retira sans aucune pudeur pour le remettre à l'endroit. Elle portait un large bandage qui recouvrait la moitié supérieur de son torse, plus à l'aise pour voyager, plus facile à laver que les dentelle. Et puis Lyriss avait passé la majeure partie de sa vie dans une caserne. "Tu peux rire, ton pantalon est trop court". Lança t-elle mesquine, une fois son accoutrement rectifié. Elle pris le loisir de se servir un café. "Tu en veux?" Demanda t-elle comme s'il lui appartenait de le lui proposer. Comme déjà dit, Lyriss était chez elle partout.
Portant sa tasse à ses lèvres, elle resta debout, appuyant son épaule contre le premier mur venu, sans quitter Hryfin du regard. "Je ne vais pas tarder à repartir. J'aimerai éviter la prochaine tempête". Précisa t-elle alors que son regard se portait au dehors. La pluie avait cessé et le ciel semblait clair. Du moins, c'est ce qu'elle en percevait depuis la cuisine du Garde. Elle reporta alors son attention sur le grand. "J'ai repensé à notre discussion d'hier, peut-être que je devrais contacter ton Capitaine finalement". Reprit-elle comme pour préciser qu'elle songeait à postuler, pour finir. Sans doute avait elle besoin de voir autre chose que le village perché.
'' Je prendrais le café oui. Par contre, m'en veut pas, jvais moins m'exhiber que toi hein, y en a encore qui sont un peu pudique ! ''
Il rigola en s'approchant d'elle, récupérant cette tasse qui lui était toute désignée. Le café, c'est pas son truc favori, mais il est déjà du genre à rater le petit-déjeuner, partir prendre son service au dernier moment, heureusement sans nullement le regretter. Par contre, il ne rate jamais son breuvage noir et amer, qui réveillerait le plus mou des gardes ; donc tout l'effectif du grand port, au final. Pas qu'il connaisse tout le monde, surtout les petits nouveaux, complètement inconnus, mais quand il était gosse...Bon, c'était que deux ou trois hommes en uniforme qu'il idolâtrait, hein. Pas plus.
'' Ouais. Je penses que c'est la meilleure chose à faire. Tu te rappelles bien où on a laissé Ulrik hier soir ? ''
Il finit d'une traite son café. Il avait encore le temps de l'accompagner, si sa mémoire lui faisait défaut, sachant tout de même secrètement que jamais elle n'abandonnerait son cheval en lieux inconnus, elle pourrait retrouver l'endroit les yeux fermés si nécessaire, c'est donc par politesse qu'il posa la question. En tout cas, fort heureusement qu'il avait déjà avalé son café, puisque la déclaration de la garde le fit toussoter ; ah bon, vraiment ? Merde, si on lui avait dit qu'il pourrait réussir un jour à ne serais-ce que faire hésiter quelqu'un sur le fait de rejoindre la Garde Royale, il vous aurait rit au nez, force est de constater que ce jour est arrivé.
'' Ah, enfin convaincue par les arguments qu'j'ai avancés ? Ou bien par mon incroyable prestation, sans doutes ! ''
Un rire, assez jaune ; il sait lui même qu'il représente assez mal le corps dont il est membre, au grand dam de son capitaine, tristement. Ouais. Si seulement il était un peu moins direct ; un peu moins rentre dedans, qu'il prenait plus son temps et réfléchissait plus. Ce ne sont pas ses qualités premières, mais il travail dessus ; pas le but d'évoluer et d’escalader l'échelle sociale de la garde royale, non, juste s'améliorer lui même, pour son propre bien et celui de tous. Il se gratta le menton de sa senestre.
'' En vrai, c'est pas compliqué de le contacter ouaip. Et jte l'ai déjà dit, tu remplirais toutes les cases, ce ne serait qu'une formalité administrative. Jpenses même pas que t'ai de test à passer. Surtout s'il sait déjà de quoi t'es capable. '' Il haussa les épaules. '' Eh, dans tous les cas, jlui parlerais de toi déjà au préalable, ça tlaisse le temps de tâter le terrain, et pour Arthorias de préparer tout ce qu'il faut. Bon, sur ce. ''
Voyant bien qu'elle ne comptait s'éterniser plus, à raison, il l'accompagna jusqu'à la porte d'entrée, l'ouvrant en grand alors qu'elle finissait de ramasser quelques affaires, de s'habiller en conséquence, de faire un dernier tour.
'' Tu seras toujours la bienvenue chez moi, Lyriss. Hésite pas la prochaine fois que t'es de passage. Tu sais où j'habites maintenant ! Allez, j'espère te revoir bientôt, à mes côtés et dans une plus belle armure, avec un peu de chance. ''
Clin d’œil qui espéra entendu, et sur le pas de la porte, il tendit la main pour saluer la garde une dernière fois ; pas de salut, rien d'impersonnel ; et lui souhaiter bonne route. Le fait qu'elle ait ne serais-ce que réfléchis à cette proposition était une bonne chose. Il avait passé malgré les imprévus une bonne soirée, et serait ravi de la voir déménager et s'installer ici. La stabilité lui ferait pas de mal, pensait-il. Dorénavant, ce n'était qu'entre les mains de son capitaine. Et celles de la blanche.