Liory avait définitivement quelque chose d'envoûtant pour elle. Peut-être était-ce cette liberté qu'il affichait si aisément, cette assurance d'un confort émotionnel qui ne le bloquait pas. Il semblait plus libre que toutes les personnes qu'elle avait croisées, et d'une certaine façon, cela le rendait encore plus fascinant et attirant. Elle retirait ses mains de son visage à ses mots, le rouge de ses joues ne quittant pas son teint de porcelaine en dépit de son hôte qui se voulait rassurant.
A bien y réfléchir, il avait été prévisible qu'elle se retire ainsi au bout d'un moment. Les pas qu'elle faisait étaient visibles et courageux mais elle ne se voyait pas passer du rien au tout en un instant. Égarée dans ses songes, Gardenia fut prise au dépourvu par la main glissant doucement sur sa peau, provoquant un frisson qu'elle ne s'expliquait pas. Le contact de Liory n'était plus chaud, il était brûlant et une sorte de tornade flamboyante dansa furtivement en elle lorsque son regard croisa le sien. Un regard qui lui échappa lorsque le noble vint murmurer à son oreille prononcer des mots, dont plus que le sens, avaient eu une intonation étrangement séductrice.
Ce fut à cet instant qu'elle compris ce qu'il se passait et ce que ce contact physique avait d'aussi différent ; la raison pour laquelle elle ne pouvait pas comparer Laevis à Liory. La réponse était toute simple : le désir. Jamais un homme ne l'avait touchée ainsi et jamais elle-même n'avait osé s'en approcher ainsi. C'était tentant. Il était si proche et elle n'avait qu'à s'accrocher à ses vêtements, pourtant elle n'en fit rien, le laissant retourner s'asseoir alors qu'elle était en proie à une grande confusion.
Gardenia ne quittait pas le noble du regard. Il ne la forçait pas. Il lui disait ce qui était possible et qu'il ne s'opposait pas à tout ça ; mais elle ? Peur, désir, chaleur, envie, mais encore de la peur. Allait-elle y céder ?
D'une certaine façon. Gardenia, rassurée par ses mots, chercha à se ressaisir pour lui répondre aussi calmement que possible, malgré la très flagrante émotion sur ses traits.
— Merci. Mais vous savez...
Cette excitation soudaine d'une nouvelle expérience était différente des autres. La jeune femme baissa les yeux sur ses mains un instant avant de le regarder à nouveau.
— C'est impressionnant, confessa-t-elle. Ce sont de nouvelles sensations qu'il me faut comprendre et auxquelles je dois m'habituer. Vous toucher est différent. Ce n'est pas comme toucher mon amie.
Elle admettait cette différence. S'il n'y avait aucune honte à avoir, alors il n'y avait aucun problème à ce qu'elle formule ses pensées à haute voix, n'est-ce pas ?
— Le désir que cela crée, bien que très tentant, reste terrifiant. Si je n'avais peur de rien, j'oserais certainement vous toucher davantage. Mais j'ai peur. J'ai peur de me brûler les ailes et de regretter d'aller trop vite parce que je suis curieuse, j'ai peur de me blesser et de ne pas arriver à me relever.
Il arrivait que Gardenia puisse afficher une honnêteté toute honte bue, assumant pleinement ses émotions. Quand elle sentait que son interlocuteur était calme et réceptif, elle ne craignait pas de s'exprimer. C'était le cas ici présent. Nier son attraction et son désir soudains aurait été hypocrite de sa part et elle savait qu'il s'en doutait. Tout de même, un sourire quelque peu timide étirait ses lèvres.
— Sachez en tout cas que votre peau est très douce et agréable au toucher. Je suis heureuse que vous m'ayez autorisée à vous découvrir ainsi. J'ai également conscience du fait que ce soit une forme différente d'intimité. Avoir eu envie davantage n'est donc guère surprenant, à bien y réfléchir.
Un sourire plus franc ponctua ses mots. Elle craignait d'avoir mal et c'était normal. Elle avait eu vent de certaines douleur pouvant s'allier au plaisir et bonheur ; elle ignorait tout de ça mais cela la terrifiait toujours assez pour qu'elle n'ose s'y rendre immédiatement et d'elle même. Peut-être un jour aurait-elle le courage de s'y lancer, peut-être plus tôt qu'elle ne l'imaginait. Des mains sur elle, ses mains sur un autre, même si elle pouvait y songer et en avoir envie, elle restait encore inexpérimentée.
— Pourrais-je en avoir un autre ? demanda-t-elle en désignant son verre vide.
Se changer les idées semblait compliqué dans tous les cas. Elle n'arrêtait pas d'y penser, de revoir leurs mains entrer en contact. Étant celle qui avait initié le contact, elle rougissait également de son audace ; puis la main sur sa mâchoire et le murmure dans son oreille achevaient de faire revenir le rouge à ses joues. Même si elle ne le disait pas, il était clair qu'elle y repensait — beaucoup.
Liory souleva la bouteille, hésitant pendant un petit moment. Au vu de son pouvoir, l'ivresse n'en serait-t-elle pas décuplée ?
Et à l'inverse, ne se devait-il pas de l'encourager dans la découverte de nouveaux plaisirs ? Finalement, l'argenté haussa les épaules pour lui même.
-Vous pouvez bien sur, le vin est un nectar bien doux, même s'il existe des choses bien meilleurs, mais vous le découvrirez assez vite je le pense
Un sourire de renard s'afficha sur ses traits alors que le verre se remplissait, le spiritueux tournant de façon hypnotique dans le verre. Gardénia semblait avoir bien des lunes de retard sur la vie, si le contact d'un homme avait de tels effets, qu'est ce qu'un tendre baiser pourrait provoquer chez elle ?
La question tourna un moment dans son esprit, avant de s'évaporer. Mieux valait penser à autre chose avant d'avoir une envie soudaine de réponses.
-Guère surprenant oui, et totalement naturel, n'ayez pas peur de vous même des milliers de gens ressente des choses similaires sans en souffrir. Bien que dans votre cas cela soit un peu particulier.
Alors laissez moi vous promettre de vous pardonner toutes les bévues que vous pourriez penser avoir commis.
Tel un chat devant un oiseau, Liory était d'avantage curieux qu'autre chose. Ses yeux observant la moindre réaction de la jeune femme, alors qu'il se permit d'ajouter.
-Avoir peur du désir, me parait assez étrange l'avoue. Je n'ai jamais su lui résister, et je dois dire que se laisser guider par ses émotions est souvent grisant. Mais je conçois que cela puisse faire peur... Si la caresse se faisait plus passionnée ? Si la curiosité devenait une recherche frénétique ?
Plonger dans une recherche de sens sans fin pouvait paraitre comme un abime sans fond. Mais l'argenté ne doutait pas de la volonté de la demoiselle pour y résister.
Avec un peu d'aide cela dit.
-Et si nous faisions un jeu ? Vous pourriez me parler de vos envies du moment ? Les détailler ?
Si vous n'êtes pas expérimentée, peut être pourrais-je vous guider et démystifier cet inconnu qui vous effraye tant ?
Lui même finit par se servir un verre, le savourant plus doucement, sentant le liquide sucrer rouler contre sa langue puis son palais alors que ses yeux ne quittaient plus son invitée
Le verre remplis, Gardenia se questionna sur sa propre résistance à l'alcool. Il y avait bien une fois où elle avait entendu parler de ce qu'on appelle communément la gueule de bois, mais elle n'avait jamais vu les conséquences directs ni même eu de détails à ce sujet. Enfin, si Liory la servait à nouveau, c'est que ça devait être bon alors, non ?
Elle portait à nouveau le verre à ses lèvres, écoutant le noble avec attention. Plus la conversation avançait, plus elle sentait qu'elle avait besoin de courage pour oser s'aventurer sur ce terrain car seule Laevis était sa partenaire de discussions romantiques en règle général, et même entre elles, il y avait encore quelques secrets timides. Et, définitivement, ce n'était pas facile d'avaler cette boisson ; elle ignorait d'ailleurs que les bulles faisaient leur petit effet et que sa tolérance à l'alcool était proche de nulle. Étrange. Elle se sentait un peu étrange. D'autant que le regard de Liory n'avait plus tout à fait la même signification, maintenant. Le rose persistant sur ses joues, Gardenia baissa le regard sur son verre, observant les bulles sans vraiment y faire attention.
─ Je ne saurais trop vous dire... mmh...
Elle réfléchissait. Le silence s'installa pour qu'elle se donne le temps de songer à ce qu'elle désirait, ce qui lui faisait envie, pouvait la toucher. Comment savoir ? Elle n'avait aucune expérience, comment pouvait-elle être sûre de ce qu'elle voulait ? Tout de même... elle avait envie d'y répondre.
─ De la douceur, commença-t-elle. Si je devais franchir ce pas, je voudrais que ce soit simplement avec une personne douce, en qui j'ai confiance. Je veux être celle qui choisit, non pas être choisie.
C'était quelque chose qui la faisait fuir, s'était-elle rendue compte. Être l'objet d'un désir était quelque peu déroutant et même assez effrayant car cela impliquait des attentes et des espoirs qu'elle ne se pensait pas capables d'assumer et des charges qu'elle n'avait pas voulues. Voulant vivre pour elle-même, et seulement elle-même, elle peinait encore à trouver un juste milieu dans les relations humaines ; encore plus dans la romance, qu'elle ne connaissait pas.
─ Je ne parle pas simplement d'amour car je ne sais pas ce qu'implique réellement ce sentiment, mais je veux simplement être à l'aise, ne pas craindre un jugement ou un faux pas, je ne souhaite pas non plus hésiter. Je veux juste être sûre de moi lorsque cela se fera. Pour que personne n'en ressorte blessé ou déçu.
Les yeux venant soutenir le regard de Liory, elle ne réalisait pas la confiance avec laquelle elle avait prononcé ses mots. Elle savait ce qu'elle voulait, bien plus qu'elle ne le réalisait et surtout, elle ne semblait pas se bercer de violentes illusions sur un plaisir qu'elle ne connaissait pas.
─ Est-ce que vous me désirez ? demanda-t-elle calmement, plus sereine avec la conversation maintenant.
Sa réflexion était censée... Innocente et encore pleine d'illusion, mais censée. Le noble prit quelques instants à la réflexion avant de lui répondre, tachant de trouver les mots justes, sans pour autant se montrer trop hautain.
-Vous avez là des désirs simple, mais oh combien difficile à satisfaire. Par le temps qui courent, l'amour est rarement une chose mise en avant. Surtout dans notre caste si particulière.
La richesse et le pouvoir sont notre, mais notre partenaire est plus souvent imposé que choisis...
C'était donc à la fois une demande simple, respectable, mais oh combien particulière. Si votre famille choisissait votre premier compagnon, elle ne le faisait pas par rapport aux sentiments, ou au caractère.
Si elle voulait réaliser ses désirs, sans doute devrait-elle prendre les devant
Sirotant le verre qu'il avait dans les mains, ses yeux se firent plus fins alors qu'il plissait ses paupières pour mieux penser à tout cela.
-Puis-je me permettre un conseil dans ce cas ?
Ne laissez pas votre famille décider pour vous si tel est votre souhait. Vivre coupée du monde n'aide pas à obtenir ce que vous voulez, et vous laisse à la merci d'un mariage qui ne vous plairait guère.
Croyez moi sur ce point, mieux vaut être une anguille quitte à être parfois mal vu...
Ce n'était pas comme s'il échappait à cette sanction depuis plusieurs années. Feignant une forte occupation ou des maux soudains pour éviter la moindre réunion de la grande famille Alkh'eir.
Mieux que cela il allait jusqu'à ne jamais ouvrir leurs lettres pour prétendre ensuite ne jamais les avoir reçues. Un jeu du chat et de a souris compliqué mais qui pour l'instant s'avérait payant.
Et la question finale, fut posée, déclenchant non pas un air embarrassé, mais un regard plus intense, aiguisé par un mince sourire.
-Voilà une question des plus directes Gardénia... Une à laquelle je ne devrais pas répondre pour des raisons de bienséances. Cela dit... Au sein de ma propre demeure, entre vous et moi, je peux bien m'exprimer de manière peu romanesque n'est ce pas ?
Laissant cette question rhétorique en suspens, il vida son verre d'un trait, le reposant avec tout le calme et la maitrise d'un homme ne craignant pas ses propres désirs.
-Il serait difficile de ne pas le faire ma chère, vous êtes d'une vivacité d'esprit plus qu'appréciable, et votre physique à de quoi aiguiller même le plus impassible.
J'avoue sans peine donc que vous m'êtes plus que désirable, un peu comme ces Lys blancs que l'ont peut voir dans les plus beaux jardins du palais, de magnifiques fleurs destinées à ,n'être cueillies que par quelques élus
L'argenté ne bougea pas de son siège, attendant avec une appréhension toute humaine de voir l'effet de ses paroles sur la belle noble, tachant de masquer cette interrogation muette qui tournait dans son esprit
-Cela dit, il n'est nul question de moi mais bien de vous, que désirez vous, qui désirez vous ? Maintenant que votre soif de réponse est assouvie, permettez moi d'épancher mon propre désir de connaissance envers vous...
Ce qu'il disait était vrai et elle en avait bien conscience. C'était même, pour ainsi dire, ce qui la poussait à partir et s'aventurer à l'extérieur. Elle avait surpris des questions sur son avenir, à entendre son père qui voulait la marier un peu comme pour s'en débarrasser et sa mère qui faisait barrière, presque malade à l'idée de voir sa seule fille vendue comme une bête, tout en sachant qu'elle souffrirait comme nulle autre femme. Gardenia y avait ô combien réfléchit à tout ce que cela impliquait et c'était la goutte qui avait fait déborder le vase. Le regard de la jeune noble en devenait quelque peu douloureux à ces pensées, de réaliser que sa patience n'avait finalement pas été récompensée et que sa docilité n'avait été qu'un prétexte pour l'oublier.
Puis il lui répondait ; il la désirait. Il s'étalait un peu, la glorifiant quelque peu, mais elle avait sa réponse. Cet homme était habile de ses mots et prodiguait des conseils qu'elle écoutait attentivement, jugeant qu'il avait bien plus d'expériences à partager qu'elle n'en avait à raconter. Et ils en étaient là ; si elle le voulait, ce soir, elle pouvait sauter une barrière. Elle pouvait avancer d'un pas supplémentaire, oser une expérience unique, perdre une de ses nombreuses premières fois. Gardenia le fixait en songeant à tout ceci, se demandant si Liory était l'homme qu'il lui fallait ou si elle préférait attendre. Elle y songeait très sérieusement et cela pouvait se voir sur son visage, pensif ; peut-être ne devait-elle pas autant y réfléchir mais les enjeux pour elle valaient plus que l'assouvissement d'un désir. C'était confier sa fragilité autant physique que mental à quelqu'un, donner à quelqu'un le pouvoir de briser une partie d'elle.
Gardenia finit par expirer doucement, fermant les yeux. Qui ? Elle ne connaissait pas grand monde et, devait-elle faire un choix dans l'immédiat ? Non. Elle n'avait aucunement l'obligation d'agir maintenant, ce soir, ni même demain ou un autre jour. Elle ne fuyait pas les murs de sa demeure pour être piégée ailleurs et cela valait pour tout. Alors quand elle reposa les yeux sur Liory, elle était en paix avec son choix.
─ Personne.
Et pourtant elle savait qu'elle apprécierait son contact. Alors, elle s'expliqua davantage, consciente que ce seul mot ne servirait guère d'explication.
─ Bien évidemment, je mentirais si je vous disais que je ne songe pas à vous. Je ne veux juste pas faire de choix maintenant. Il y a des choses que je tiens à régler avant, des personnes à qui je veux parler. Car, comme vous l'avez vous-même si bien dit, je n'ai pas à laisser ma famille décider pour moi. Je n'en ai plus l'intention, c'est bien d'ailleurs pour cette raison que je suis chez vous ce soir et non dans ma chambre. Mais cela s'applique également à toute personne que je croise ; je veux avancer à mon rythme et choisir pour moi-même.
Elle baissa les yeux sur les mains de Liory dont elle se rappelait le contact, très doux et agréable ; elle n'oublierait pas son contact et elle en était bien consciente.
─ J'ignore ce que cette fois-ci pourrait signifier pour vous. A mon égard... je ne peux pas me précipiter juste par curiosité. Je sais que je ne suis pas prête. Pas encore.
A nouveau, leurs yeux bleus se croisaient. Elle ne doutait pas que Liory comprendrait ou qu'il respecterait son choix, étrangement. Qu'elle en vienne à le choisir lui, ou non, elle ne craignait pas que ce soir il s'en vexe. Ce n'était pas l'image de lui-même qu'il avait renvoyé et nul ne voudrait entacher sa réputation d'une nuit forcée. Liory était plaisant et désirable, c'était un fait qu'elle reconnaissait ouvertement ; il fallait juste qu'elle y aille à son rythme et qu'elle n'ait plus la moindre hésitation à ce sujet. Pour l'heure, elle en avait toujours ; et c'était ça qui la bloquait.
La réponse n'était pas vraiment surprenante, mais fort instructive. S'il suivait le cheminement de pensée de la demoiselle, cette dernière devait avoir un bon caractère, surtout s'il suivait ce qu'elle disait.
Etre tentée, tout en résistant à la tentation... Voilà une chose à laquelle lui même ne résisterait pas.
-Je n'ai jamais prétendu vous contraindre au moindre choix ma chère, vous êtes libre d'embrasser vos envies comme d'y résister. Comme vous le dites si bien, vos choix doivent être les votre seuls.
S'enfonçant dans son fauteuil avec un air satisfait, il déposa le verre sur un des accoudoirs, reprenant le petit cube d'argent qu'il façonna en ros élaborée. Une fleur de métal qui ne fanerait jamais, même malgré le temps et les saisons.
-Quel serait l'intérêt de quitter une cage pour foncer dans une autre. Si vous voulez mon avis, vous avez toute la force de caractère pour assouvir vos ambitions.
Se levant finalement, il lui offrit la fleurs, la lui déposant dans les mains avant d'ajouter.
-Madame... Chaque femme est unique, et chaque nouvelle expérience ne saurait être comparable à une autre. Ainsi je ne pourrais moi même vous répondre. Ou bien en vous mentant honteusement ce que je n'aimerai guère.
Ainsi, restons en là, je serais d'avantage heureux de vous voir évoluer qu'autre chose. Prenez donc votre temps, car ce dernier est de votre côté.
Ses pas le conduisirent devant sa fenêtre, ou le jardin d'été se développait encore, et ce malgré la neige qui recouvraient les rares toi que l'on pouvait voir.
Ouvrant cette dernière, il apprécia l'air légèrement plus frai de l'extérieur, dos à la jeune femme
-La soirée est déjà bien plus passionnante que je ne l'aurai espéré alors, alors n'ayez aucune crainte de me décevoir, ce n'est pas le cas
Ce n'était peut-être pas grand chose, mais qu'il lui laisse la liberté de choisir et respecte leurs différences était un détail qu'elle appréciait. Il l'écoutait, discutait, sans nécessairement chercher à la guider dans une direction ou une autre. En tout cas, ce n'était pas le ressenti qu'elle avait. Peut-être était-il si calculateur qu'elle n'y voyait rien mais elle en doutait ; quel serait l'intérêt à la manipuler de la sorte pour se voir offrir son affection ? Ce n'était pas comme si elle avait tant de valeur ou pouvait beaucoup rapporter, surtout pour un homme qui envisageait de repartir dans sa ville du sud.
Gardenia le suivit du regard lorsqu'il se leva, prenant entre ses doigts la rose en métal qu'il lui offrait. Un contact froid mais incroyablement poli, plus doux que la fleur d'origine en dépit de sa consistence et son matériau. Pendant quelques secondes, Gardenia ne pu s'empêcher d'être admirative devant le travail de Liory par le biais de son pouvoir, songeant qu'il pouvait créer de vraiment belles choses avec. Son père aurait beaucoup donné pour bénéficier d'un tel talent. Relevant le regard vers lui, Gardenia observa son dos un instant. Pourquoi avait-on autant voulu la protéger ? De qui ? De quoi ? Si les gens étaient comme Nivan, Hryfin, Camille ou Liory, que risquait-elle vraiment ? Même ce voleur avait semblé éprouver de la compassion, en dépit de tout le reste.
Se levant à son tour, Gardenia le rejoignit, gardant la rose dans l'une de ses mains. Elle s'arrêta juste quelques pas derrière, lançant un bref regard à l'extérieur. Le jardin était magnifique mais dire que Liory l'intéressait davantage que le paysage, ce n'était pas peu dire.
─ Liory, l'appela-t-elle tranquillement, j'ai une faveur à vous demander.
Elle attendit d'avoir son attention pour formuler sa requête, plutôt sereine. Étrangement, elle ne craignait ni la réponse, ni ce que cela pouvait impliquer.
─ Pourriez-vous m'apprendre à danser ?
Parce que nul ne pouvait la toucher, jamais la danse ne lui avait été enseignée. Mais peut-être qu'avec lui cet apprentissage n'était plus hors de portée, parce qu'elle ne redoutait pas son contact. Il savait, il en était conscient ; et elle acceptait de lui faire confiance.
─ J'ai toujours voulu apprendre mais je n'ai, comme vous pouvez le deviner, jamais eu cette opportunité. Mais j'ai confiance en vous. Accepteriez-vous de danser avec moi ?
Il ne lui fallait pas grand chose, en réalité. Du confort, de la confiance et Gardenia sortait de sa cachette timide, dévoilant une femme bien plus audacieuse que l'on imaginait au départ. Plus elle prenait de la confiance et plus elle se révélait joueuse, sociable et surtout curieuse. Consciente de ce que danser impliquait comme contacts, elle apparaissait en paix avec cette idée parce que c'était Liory.
Alors que la voix de Gardénia résonnait à nouveau dans la pièce, Liory ne put que se retourner. Ecoutant avec émerveillement sa demande. Les relations charnelles n'étaient pas de son choix, mais la danse était quelque chose de bien plus accessible.
Ses yeux se firent joyeux alors que l'argenté s'approchait de la noble.
-Vous apprendre ? Evidement ma chère, ce sera pour moi un honneur
Il se saisit avec délicatesse de la main de la demoiselle, l'entrainant avec milles précaution dans une autre pièce plus grande, ou une myriade de cristaux colorés attendaient sagement sur des étagères dédiées.
-La danse est à bien des égards plus intime que bien des actes, c'est un art, un divertissement mais aussi une forme de communication. Je ne peux pas prétendre à être le meilleur des professeurs, mais au moins puis-je vous guider pour que vous passiez un moment agréable.
L'abandonnant quelques instant, il partit vers les cristaux, manipulant leurs gammes avec expertises et les ajustant pour atteindre un niveau que la jeune femme trouverait tolérable. Avec un pas joyeux, il retrouva sa partenaire, effleurant la creux de sa main avant d'enrouler ses doigts autours des siens avec un air rassurant.
-N'ayez crainte, et suivez moi, laissez vous guider par la musique.
Son bras gagna le dos de la jeune femme, sa main se posant sur le creux des hanches de la demoiselle qu'il rapprocha de lui subtilement, presque collé à son propre corps, mais pas assez pour un réel contact. Une sorte d'entre deux qui laissait percevoir bien des choses, sans pour autant confiner à un contact physique permanent.
La musique démarra doucement par un air de piano, sur lequel Liory commença à guider sa cavalière, la faisant tourner et faire quelques pas de bases, ses yeux se fermant presque alors que la mélodie le gagnait doucement.
Un violon apparut dans la mélopée, donnant un réel rythme à tout ceci, et avec d'infini précaution, l'argenté fit se mouvoir Gardénia en rythme, pas cadencé et soutenus, jusqu'à ce que la fusion entre l'homme et la musique fut complet.
Et qu'un sourire sans doute plus honnête et heureux n'apparaisse sur le visage du noble. Leurs corps si proches se mouvaient en rythme, formant une danse envoutante qui fit passer le temps bien plus vite qu'à l'accoutumée, jusqu'à ce que la fin du premier morceau ne se fisse entendre.
Liory rapprocha la jeune femme de lui, leurs visages plus proches que jamais
-Comment trouvez vous la danse Gardénia ? Cela vous semble t'il plus agréable que ce vous aviez pu voir jusque là ?
- Musique:
Il acceptait et Gardenia laissait derrière elle la rose, la posant en douceur sur la table, ainsi que sa cape qu'elle avait enfin détachée, tandis que son partenaire la conduisait vers une nouvelle pièce. Liory s'éloigna pour s'occuper de la musique, laissant la jeune femme un instant au milieu de la salle qu'elle observa, curieuse et admirative. L'ambiance chez Liory était plus chaleureuse que chez elle où tout n'était que marbre blanc, dorures et finesse des détails.
Lorsqu'il revint vers elle, Gardenia sentit une légère timidité la prendre ; et si elle se ratait ? Si elle lui marchait trop sur les pieds ? Risquerait-elle de se ridiculiser ?
Cependant rien de tel ne se produisit. Elle comprit rapidement ce que Liory avait voulu dire par acte plus intime lorsqu'elle sentit sa main sur sa hanche, la chaleur traversant le tissu pour entrer en contact avec sa peau. Leurs mains se touchaient à nouveau et la proximité de leurs corps lui fit manquer quelques battements de son coeur un peu affolé. Ce n'est rien, se disait-elle à répétition. Bien des femmes dansaient avec des hommes durant les soirées sans que cela ne semble perturber outre mesure. La danse était une tradition autant qu'un art, sans plus de signification ─ pensait-elle. Cette proximité était plus qu'intimidante et certainement très intime, plus encore qu'elle ne l'avait imaginé. La confusion de ses sentiments lui causa quelques pas maladroits, un temps léger d'adaptation durant lequel elle sentait son corps bafouiller entre les mouvements et la raideur provoquée par la situation.
Fort heureusement, quelques regards en direction de Liory la rassuraient progressivement et le calme qu'il affichait eut tôt fait de la toucher, lui permettant ainsi de se concentrer sur les pas qu'il effectuait. La musique était légère, adaptée pour son ouïe fine et elle lui en était très reconnaissante ; elle n'avait donc aucun mal à pouvoir entendre les notes virevoltant dans la pièce, le rythme et la mélodie. Quelques temps après et elle répondait à son sourire par un autre, heureuse de se voir danser et expérimenter pour la première fois cette activité à deux. Comme une gamine, elle se réjouissait le plus innocemment du monde, se laissant porter sans plus aucune gêne, abandonnée à l'activité. Elle dansait, légère, confiante et amusée, le sourire sur le visage et le bonheur brillant dans le regard. L'activité était si simple et pourtant si exaltante !
Puis vint la fin du morceau ; une fin ponctuée d'une proximité qui la prit quelque peu de court, où toute son attention se concentrait brutalement sur Liory la tenant toujours. Il lui parla mais dire qu'elle eut du mal à l'entendre n'était qu'ignorer l'intensité qui se déroulait ailleurs. Gardenia sentait son souffle sur son visage, ses lèvres, elle sentait cette chaleur et cette proximité à un niveau qu'elle découvrait complètement. Elle sentait son rythme cardiaque à lui mais également le sien à elle, complètement affolé davantage par ces contacts que par la danse elle-même. Les yeux bleus de la noble fixèrent un instant les yeux de Liory, se baissèrent brièvement sur ses lèvres, puis le regardèrent à nouveau en sentant son teint reprendre une couleur rosée.
Il ne réalisait probablement pas ; le tremblement qui lui traversa l'échine, la bouffée de chaleur, sa chair parcourue de frissons légers, son esprit s'embrumant quelque peu. Tout son être s'enflammait étrangement et une indescriptible faiblesse menaçait ses jambes. Si cette seule proximité arrivait à provoquer une telle réaction chez elle, qu'adviendrait-il d'elle si un autre pas était avancé ? Elle n'avait pas les mots, elle n'arrivait rien à dire. La réponse mourut dans son esprit avant même qu'elle n'y songe ; seul Liory, son souffle et sa proximité occupaient son esprit qui bataillait pour la ramener à la réalité.
Le sentiment de manque venant le faire se réveiller lentement pour découvrir une noble bien plus proche de lui qu'il aurait été souhaitable
Leur proximité était envoûtante,la chaleur diffuse de son corps se répandant a travers ses vêtements alors qu'un étrange sentiment d'urgence emplissait.
Ses prunelles virent les lèvres de la demoiselles qui furent comme une promesse de mille plaisirs interdits.
Son esprit se fit plus confus alors qu'un geste presque ancré dans son esprit venait doucement rapprocher son visage du sien, leurs lèvres se frôlant alors que mes soufflent je semblaient faire plus qu'un
Ses bras se resserrent tendrement autour d'elle dans une étreinte qui n'avait rien de mortelle, leurs soufflent se firent synchrones et ce jusqu'à ce que les deux être respirent a l'unisson comme deux instruments savamment accordés
Ne restait que cette infime distance, quelques dixièmes qui parurent comme un gouffre a l'argenté qui ne désirait que le traverser pour goûter a ce plaisir interdit
Une lutte acharnée s'engagea avec son esprit, une partie désirant saisir cette opportunité alors que l'autre tenait à respecter la parole donnée plus tôt .
De façon subtile, la distance se réduisit pour être un frôlement encore plus terrible promettant milles plaisirs.
Et alors que tout allais basculer et son propre esprit cédé face à la noble, Liory se recula.
Un geste emprunt de douceur et secondé d'un rire aussi cristallin que salvateur : celui d'un homme qui venait de renoncer à la passion pour la raison.
Ses mains se défirent de la demoiselle non sans parcourir ses formes avec douceur
-Envoutant... Intime... C'est en cela que l'on pourrait qualifier la danse, mais également des adjectifs qui vous conviennent tout à fait
Cette nuit resterait un souvenir que jamais elle n'oublierait. Dans cette proximité grisante, un mélange de panique et d'euphorie semblait la gagner. Pas même la raison ne semblait se faire entendre, les sensations tourbillonnant en elle avec violence. Un désir qu'elle ne se connaissait pas, une envie de céder, une incapacité à pouvoir agir surtout. Gardenia avait déjà le sentiment d'être en contact avec lui. Toute la chaleur de son être, le désir mutuel et l'excitation du moment se mélangeaient, causant un éveil des sens qu'elle avait soupçonné possible : le plaisir.
Ce fut une ultime confirmation lorsque leurs lèvres se frôlèrent. Se sentant presque défaillir dans ses bras, Gardenia ne songeait plus qu'à son contact et son imagination provoquait des palpitations sauvages. C'était suave, chaud, terriblement sensuel ; Liory était désirable à un point qu'elle n'aurait pas pensé possible. Les mains de l'homme la tenant contre lui, elle était à un rien de se laisser porter par l'instant et sauter dans le vide vers une exploration inconnu. Elle manqua même d'être celle fermant les derniers remparts pour venir à sa rencontre mais Liory eut la présence d'esprit de se reculer.
La rupture de ce contact la ramena à la réalité et Gardenia prit progressivement conscience de la rafale qui l'avait presque balayée. Elle eut le regard dans le vide quelques secondes, confuse, puis pu enfin diriger ses yeux vers les siens. Elle était aussi rouge qu'une pivoine, visiblement perturbée, et les bouffées de chaleur n'avaient pas diminué ; au lieu de rigoler de la situation, la jeune femme se sentit envahie par la honte et elle plaqua ses mains sur ses joues, un peu paniquée.
─ Je... j'ai cru que j'allais m'évanouir dans vos bras... c'était...
... Intense. Que se serait-il passé si Liory ne s'était pas reculé ? Aurait-elle quémandé ce baiser ? Aurait-elle perdu pied, prit la fuite ? Nul ne le savait. Gardenia prit une inspiration, cherchant à se calmer ; regarder Liory, finalement, s'avérait difficile, car leur précédente proximité hantait encore sauvagement son esprit.
─ Liory, je...
La confusion était immense. Vraiment grande au point qu'elle en perde son assurance et les mots, confirmant qu'elle n'était pas encore prête à se risquer sur ce terrain là. Une main se posant sur son coeur encore en folie, elle offrit un sourire un peu perdu, partagé entre la confusion, la peur et la honte.
─ Merci. J'ai eu raison d'avoir confiance en vous.
Parce qu'elle aurait sûrement été incapable de respecter sa propre parole s'il n'avait pas reculé.
─ Je pense que... pour ce soir... je devrais m'arrêter là, confessa-t-elle, à peine plus apaisée. J'ai besoin de me calmer et repenser à tout ça, seule. Cette soirée m'a... apporté beaucoup plus que je ne l'aurais imaginé.
Formuler à haute voix ce qu'elle pensait la rassura quelque peu. Elle parvenait encore à faire sens et rassembler ses idées, même si la honte d'avoir eu un instant d'égarement l'habitait encore. Il fallait qu'elle s'accorde un moment de répit pour assimiler tout ce qu'ils avaient échangé. Tant de choses étaient maintenant à prendre en considération qu'elle ne savait pour l'heure où se donner de la tête.
Il aurait suffit de quelques secondes de plus, ou d'un geste imperceptible pour que ce frôlement se change en baiser langoureux.
Cette interruption, motivée par sa propre parole ne fit que décupler son envie.
Mais l'argenté la cadenassa derrière un mur de résolution, fort peu enclins à revenir sur ses propres mots.
-Si l'on ne peut m'attribuer beaucoup de qualité madame, j'insiste sur le fait de n'avoir qu'une parole.
Et malgré le fait que j'ai failli manquer a cette dernière, je suis heureux de savoir que cela vous aura permis de m'apprecier
Retrouvant une contenance digne,le noble récupéra la cape de sa protégée ainsi que sa rose qu'il déposa dans ses mains
-Effectivement, et si cela me fend le cœur d'être séparé de vous, j'espère que vous reviendrez danser avec moi quand vos idées seront plus claires et votre coeur plus léger
Liory noua la cape de Gardenia autour de ses épaules avec toute la tendresse d'un amant, devinant que cette soirée touchait à sa fin
L'accompagnant jusqu'à l'entrée du jardin, il lui tint la main jusqu'au dernier moment, la fixant une dernière fois avant de lui sourire
-Si d'aventure vous éprouviez le besoin ou l'envie de revenir ici, sachez que ma maison vous sera toujours ouverte et que vous accueillir sera pour moi un honneur autant qu'un plaisir
La petite porte s'ouvrit sur la ruelle enneigée, contrastant avec le jardin d'été derrière, l'air froid se faisant sentir a la frontière entre les deux
-Prenez soin de vous Gardénia et tachez de rester aussi forte que je vous ai découvert ce soir
Qu'avait-elle fait pour être aussi chanceuse ce soir ? Il n'y avait rien, absolument rien qu'il ne faisait pas avec grâce à ses yeux. Gardenia ne cessait d'aller de surprise en surprise, de questions en questions. Elle apprenait beaucoup ce soir mais se découvrait tout particulièrement un intérêt soudain pour quelque chose qu'elle avait presque imaginé impossible pour elle ; une romance. Liory était doux à son égard et elle l'observait dans ses moindre gestes. L'attention avec laquelle il récupéra sa cape et sa rose, la délicatesse de ses gestes, et Gardenia le dévorait des yeux, presque admirative que l'on prenne soin d'elle de cette simple façon, sans rien lui imposer. Elle avait touché cet être, échangeant presque son premier baiser avec lui. Ils ne se connaissaient qu'à peine pourtant, mais elle ne rechignait déjà pas à lui tenir la main et sentir son contact, l'appréciant même plus qu'elle ne voulait bien l'admettre.
Elle le suivit, silencieuse, se remettant encore de ses émotions, marchant à ses côtés jusqu'à la sortie. Arrivée en courant et essoufflée, elle repartait dans le calme et le coeur en pagaille. Avant de repartir dans la rue, la demoiselle leva les yeux vers l'homme, voulant être certaine qu'il n'y aurait pas de malentendu entre eux ni même de secrets. Sa main toujours dans la sienne, elle soutint son regard, apaisée.
─ Liory, sachez que vous m'avez apporté en une soirée plus d'affection que l'on ne m'en a jamais offert. J'ignore à quel point vous avez conscience de l'image que vous renvoyez mais je veux que vous sachiez que je vous apprécie beaucoup, et vous me reverrez. Je viendrai vous trouver. Vous êtes un homme charmant, très séduisant mais surtout vous êtes bon. Je n'oublierai pas votre bienveillance à mon égard. Ne changez pas s'il vous plait.
Et sans lui laisser le temps de répondre, elle se hissa sur la pointe des pieds avant de déposer un furtif mais rapide baiser sur sa joue, comme un aveu ; elle savait qu'elle le désirait différemment. Ce n'était point de l'amour à ce stade pensait-elle, ou peut-être était-ce un début, faire la différence était impossible encore ; mais sur ce court échange, elle lui lâcha la main et, offrant un dernier sourire ravi bien que timide, elle s'éloigna, rabaissant la capuche sur sa chevelure avant de quitter la demeure, retournant chez elle. Plus que toutes les autres, cette rencontre semblait sortie tout droit d'un livre et l'excitation de cette soirée laisserait en elle une empreinte indélébile.