C’est étrange à quel point les rêves peuvent nous montrer des choses peut probable et je dois dire que cette nuit, mon imagination a décidé de faire des siennes. Enfin, peut-être est-ce simplement mon subconscient qui le désirait – après tout, qui ne rêve pas du parfait amour? Oui, j’ai trouvé le mien – du moins, je l’espère – mais on peut toujours avoir quelques espoirs supplémentaires, non? Je revenais d’une dure mission qui avait duré quelques semaines et la fatigue était bien présente, mais lorsque je mis les pieds dans le bastion, l’un des gardes responsables de surveiller l’entrée m’avait tendu une lettre dans laquelle y étaient notés quelques mots; « Rendez-vous dans ma chambre. » C’est sans aucun doute que je m’y dirige, puisque je reconnais l’écriture de Valentino et puis qui vous vouliez que ce soit sinon? Je cogne à sa porte et celle-ci s’ouvre doucement dans un léger grincement, la pièce est plongée dans une ambiance tamisée n’ayant que pour éclairage quelques chandelles. Une odeur florale semble volée dans l’air et un rapide coup d’œil me laisse voir une traînée de pétale de rose allant jusqu’à sa salle de bain personnel. Suivant la trace, une nouvelle enveloppe m’indique de profiter d’une bonne douche. Je hausse les épaules et bien évidemment, je comptais déjà me laver alors je le fais, même si je suis seule. J’imagine qu’il a prévu quelque chose pour moi? En sortant, enrobé d’une simple serviette, je retrouve finalement Valentino entouré de fleur pour cacher partiellement son corps qui me regarde avec son éternel sourire de beau gosse. Je ne peux qu’éclater de rire et le rejoindre pour me blottir contre lui alors qu’il me serre tout contre lui en me murmurant à l’oreille qu’il m’aime.

À ce moment, je me réveille en sursaut en inspirant comme si je cherchais de l’air pour réussir à respirer. Comme à son habitude, Valentino avait fait irruption dans la chambre sans même prendre le temps de frapper à la porte tout en déclarant joyeusement que nous avions du boulot. Cela me prend un certain temps pour réaliser ce qu’il se passe et je finis par m’asseoir sur le matelas avec une tête à faire peur. Le visage à moitié endormi, une chevelure en pagaille je peine à le voir. Heureusement que Calixte n’est pas là, parce qu’il aurait eu tous les droits de le mettre dehors.

« Tu sais que je déteste quand tu fais cela… Si tu continues à faire ça, un de ces jours, ça va mal finir. »

Les réveils n’ont jamais été quelque chose de facile pour moi, alors je m’étire les bras vers le haut et baille un grand coup avant de pousser les draps pour finalement me lever directement sur le lit, pour m’en approcher.

« Je connais des moyens plus agréables d’être réveillé, tu sais? Par exemple, tu pourrais faire cela! »

Je profite de ma hauteur pour l’attirer vers moi et passer mes bras autour de son cou pour capturer ses lèvres avec les miennes, bien que je ne prolonge pas spécialement le baiser. Après tout, il est venu ici pour parler boulot et non passer un moment agréable avec moi dans ma chambre. Puis, c’est tout de même une règle que nous avons instaurée, pas de pelotage ou quoi que ce soit d’autre dans la chambre par respect des autres. Je pousse donc un soupir et finis par m’éloigner et sauter en bas du lit. Déjà faut bien que je me vêtisse et sans faire preuve de pudeur, je retire mon pyjama, même s’il ne cachait pas grand-chose – comme la plupart de mes vêtements – pour enfiler des vêtements normaux et sans trous surtout.

« Bon, et si tu me parlais du boulot pour que je me prépare en conséquence… »

Bon, déjà, si nous prenons la mer en direction de l’Archipel, c’est que nous en avons certainement pour quelques jours. Donc je dois à tout prix amener des vêtements convenables pour la traverser. Ensuite, il serait donc question d’enquêter sur des trucs foireux – en reprenant son expression – mais il ne me dit pas réellement de ce qu’il s’agit. Dans quelle partie de l’Archipel allons-nous? Est-ce qu’il s’agit du conservatoire, d’une île lambda où des gens qui ne devraient pas y être ont été vus, est-ce que nous allons à l’étoile du sud? Bref, ce n’est pas très précis comme explication. Enfin, j’imagine que nous n’avons pas besoin de couverture pour nous y rendre… Je me prépare donc, amenant avec moi ce qui me semble juste – en même temps avec des sacs sans fond, il est quasi possible d’amener toute sa garde-robe. Juste qu’on ne doit pas être pressé par le temps à ce moment-là. Du coup, si je dois partir, cela veut donc dire que je dois amener avec moi Naamah – pas trop le choix d’ailleurs – puisque le palefrenier ne désire pas s’en occuper pour le moment.

* Naamah, es-tu réveillée? *
* Oui, petite humaine…*
* Nous allons partir et tu viens avec moi, enfin nous…*
* Nous? *
* Oui, Valentino et moi. *

Difficile d’expliquer à une créature qu’elle ne le connait pas et que je compte faire les présentations. D’ailleurs, je me demande ce que va dire Valentino en la voyant. Elle est plutôt étrange et je crains qu’elle fasse peur à certains individus de l’Archipel, mais bon, je ne vais pas la laisser seule ici quand personne ne veut en prendre soin quand je ne suis pas là.

Je suis donc Val’ jusqu’à sa propre chambre dans le but de récupérer un troisième membre pour notre bande et il s’agit de Aja, son drarbustre, qui semble avoir bien grandi. S’il amène son familier, ça ne lui dérangera pas que j’amène le mien, non? Bon il y a une grande différence de taille, mais voilà!

« En parlant de familier… dis-je avec hésitation, je dois amener le mien avec nous – j’ai pas trop le choix en fait. Sinon personne ne s’en occupera… »

J’ai un petit sourire en coin et je lui ai fait l’annonce alors que nous nous étions mis en route pour sortir du bastion. Je fais un arrêt rapide à l’écurie, laissant Val et son compagnon à l’extérieur pour me diriger vers la stèle de Naamah, ma skurr.

« Hey ma belle… » que je dis en ouvrant la porte pour venir la caresser. « On va faire un petit voyage en bonne compagnie. »

Je n’ai plus besoin de l’attacher, puisque ma peur de la voir s’enfuir est passée. Puis, je sais qu’elle n’est pas mauvaise et je lui fais confiance. La créature me suit doucement et je suis la première à sortir suivi d’elle. Bien évidemment, je ne la cache pas de ma grandeur et dès que nous sommes à l’extérieur, elle semble vouloir se cacher du soleil avec son aile.

« Voici, Naamah… C’est une skurr nocturne. Normalement, nous sortons surtout de nuit elle et moi. » Ça explique pourquoi les matins sont dur pour moi, puisque je ne dors que très peu à cause de cela. «  Ce n’est pas toujours facile, mais je l’aime beaucoup, puis elle est spéciale…Elle pourra certainement nous aider dans notre mission, en espérant que ce soit de nuit… »

J’échappe un petit rire nerveux en déposant une caresse sur son encolure écailleuse. Qu’allait en penser ce dernier?

Je me gratte l’arrière de la tête un moment avec un petit sourire en coin. Il n’a pas spécialement tort, après tout, c’est en effet une monture, mais bien plus que cela. Et quand une monture à la capacité de te mettre en lambeau, je peux comprendre la réticence de vouloir en prendre soin, même si je sais que Naamah ne fera jamais cela.

« Et bien, ce n’est pas réellement qu’une monture tu sais, c’est un familier combattant et c’est le premier spécimen que j’ai croisé…alors je peux comprendre s’il ne désire pas s’en occuper puisqu’il ne connait pas la créature en tant que telle. Puis, je ne peux pas le forcer à se lever la nuit pour en prendre soin. »

Il est vrai que la lumière du jour n’est pas ce qu’elle préfère, mais une fois que nous serons à l’ombre ou bien à l’abri sur le bateau elle pourra s’y reposer. Plus active de nuit que de jour, évidemment, elle sait tout de même se déplacer en journée même si ses compétences sont meilleures de nuit. « Elle ne souffre pas, seulement le soleil l’éblouit plus que la normale. C’est pas réellement pour la faire combattre que je l’amène, tu sais, mais seulement pour avoir un œil sur elle. » Mais c’était plutôt gentil de sa part de proposer de passer par des endroits ombrageux.

Circulant au travers des rues, je sais que nous sommes parties pour une mission lui et moi, mais nous ne sommes pas encore arrivé sur les lieux, alors on peut tout de même profiter un peu d’être que tous les deux, non? Alors j’observe doucement sa main avant d’y glisser mes doigts et je ne peux m’empêcher de sourire puisque – sans même le vouloir – nous formons une forme de cœur de nos mains, avant que je ne vienne lier mes doigts aux siens. Je sais qu’il n’est pas trop démonstratif et quand il a en tête quelque chose, je ne peux pas lui enlever. Enfin, j’ai au moins attendu que nous soyons éloignés du bastion pour faire cela. Je ne voudrais que l’on nous fasse des remarques, même si nous n’avons jamais abusé de notre relation pour quoi que ce soit. Je suis traitée comme tous les autres, on me remet des tâches – même les plus ingrates – et je les fais tout simplement sans bouder ni démontrer mon mécontentement. Après tout, personne n’aime nettoyer les chiottes.

Nous arrivons finalement au navire sur lequel nous montons. Bien évidemment j’installe dans un endroit confortable Naamah, pour qu’elle puisse dormir le long du voyage et j’indique aux membres de l’équipage  que malgré son apparence, elle n’est pas dangereuse. C’est un familier comme les autres et je retourne finalement auprès de Valentino. Après tout nous avons un peu de temps à tuer. Alors peut-être qu’il pourra me parler un peu plus de ce qu’il a appris ou sait.

« Du coup, tu ne sais rien d’autre de ce que tu m’as dit? Sait-on au moins par où commencer et où nous devons chercher, parce que bien qu’il s’agit de petites îles, ça va prendre un sacré temps si on doit chercher tout l’Archipel pour de simple parole anonyme… »

Je ne sais pas ce à quoi il pense alors que je m’avance en sa direction, mais son petit sourire avant qu’il ne recrache sa fumée dans les airs, m’indique qu’il ne s’agit certainement pas de mauvaise chose. Je ne le questionne pas, puisque je sens que cela pourra finir en connerie. Après tout, on parle bien de Val’ ici et quand il ouvre la bouche c’est très certainement pour dire une bêtise alors je me pose à ses côtés. Appuyant mon dos à la rambarde et mes coudes sur cette dernière, je tourne doucement ma tête en sa direction pour lui demander un peu plus de détails.

Une aiguille dans une botte de foin à étoile du sud? Il se passerait donc des choses illégales dont le propriétaire serait au courant, mais comme il le dit, difficile de se présenter en tant que garde si on veut avoir des résultats. Sauf que si je me souviens bien, l’étoile du sud c’est en endroit rempli de nobles qui ne savent pas trop quoi que faire de leurs cristaux, non? Alors il va falloir y aller sous couverture lui et moi et j’ignore pourquoi on se retrouve toujours dans une situation comme celle-ci.

« J’ai l’impression qu’on se retrouve toujours entouré de noble toi et moi. S’il ne faut pas se présenter comme deux gardes, il faudra nous trouver une bonne couverture alors. J’espère que tu as amené de beaux habits, parce qu’à l’étoile du sud, il n’y aura que des bourges à la recherche du meilleur endroit où dépenser leurs cristaux. » Mais bon, on ne peut pas trop en discuter aussi ouvertement, après tout si on est là pour passer incognito il faudrait qu’on en parle en privé pour éviter qu’une oreille tendue entende ce que nous avons à dire. Il suffirait que deux matelots en discutent comme ça autour d’une pause clope avant le prochain voyage en mer pour que la rumeur se mette à circuler que deux gardes se sont « infiltré » à tel endroit.

Du coup, j’attrape sa clope que je lance à la flotte et je lui attrape le bras au niveau du coude pour l’amener à ma suite jusqu’à notre cabine. Plutôt petite, mais au moins on est sûr que personne d’autre ne puisse entendre ou lire sur nos lèvres.  Je ferme la porte derrière nous trois, parce qu’il ne faut pas oublier Aja et je me tourne vers ce dernier.

« De quel établissement on parle du coup, parce qu’il faut au moins savoir vers quoi on se dirige. Si l’on veut bien enquêter, on doit se fondre dans la masse. Bon avec nos familiers, difficiles de rester discret, mais ça pourrait être une bonne chose. Après tout, quoi de mieux que de laisser venir les pies à nous… »

Oui, j’essaie de me mettre dans la peau d’un véritable noble et ce que les nobles aiment souvent, c’est les cristaux et la rareté et niveau rareté je crois qu’avec Aja et Naamah on est bien servi, non? Puis si on peut discuter avec certains d’entre eux sans que nous ayons à poser les questions ça évitera de lever des soupçons contre nous. J’espère seulement ne pas croiser de noble qui se trouvait à la fête de charité, mais bon avec un peu de maquillage, mon peigne magique et ma boîte de couleur, je peux très bien me changer sans que l’on puisse me reconnaître de loin.

Je ne peux pas réellement donner tort à Val’ bien que je ne pense pas spécialement la même chose que lui. J’aime pas spécialement les nobles, parce que pour la plupart ce sont de véritable prétentieux qui se la joue supérieur aux simples civiles alors qu’ils n’ont rien de plus qu’un titre ridicule et beaucoup de cristaux. Nombreux ne sont pas capable de faire quelque chose de leurs mains et que dire de l’éducation faite aux enfants. Pour ma part – et heureusement que je me suis rebellée, si j’avais écouté ce que me disait ma mère, je n’aurais jamais eu d’amis s’il ne venait pas de la noblesse. Elle m’avait formée pour que mes manières soient soignées et que je sois une belle jeune femme en quête d’un bon parti… Bien évidemment – et vous vous en doutez – rien de tout cela n’est resté. Mais imaginer tout de même que moi, Khalie Drak’gnir, j’ai déjà parlé comme ces petits prétentieux, j’ai porté des robes, ma mère me faisait toujours de belles coiffures et elle m’a même obligé à prendre des cours de musique… Bon j’avoue que la musique c’est plutôt chouette et que ça me manque un peu. Faudrait peut-être que je m’y remette un de ces jours, sachant que la dernière fois que j’ai touché à un instrument date de ma première rencontre avec Aslander. Ça fait un petit moment déjà – pas que je sois nostalgique de m’être fait entourlouper par cet homme, qui est maintenant mon ami – et je pourrais peut-être jouer quelques morceaux à Valentino.

« Je suis noble, j’ai des cristaux, est-ce que ça veut dire que tu penses que je suis une pourrie aussi à qui les cristaux brûlent les doigts? » demandai-je faussement outré avec un petit sourire en coin. Je me moque bien évidemment de cela, après tout, je sais qu’il ne me compte pas dans le lot et même si je possède le titre, je ne le fais pas savoir à tout le monde, puis je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. Je ne suis pas meilleure que personne, même si un rien m’emmerde, mais je ne suis pas supérieure à qui que ce soit.

D’ailleurs, quand il me fait savoir que ses fringues sont toujours magnifiques je ne peux que hausser un sourcil en le regardant de la tête aux pieds, alors qu’il porte sa chemise avec son col complètement ouvert alors que seuls trois boutons sont attachés au niveau de son abdomen. En plus, qui ose porter une chemise au-dessus de son pantalon de la sorte?! On dirait qu’il a été habillé par un enfant ou bien qu’il a pris un coup en trop et qu’il sait plus comment fermer les boutons. Enfin, le pantalon et les bottes, ça va, mais quand même!

« C’est pas en montrant ton torse à tout le monde que tu vas te fondre dans la masse, bref suis-moi! »

Et nous voilà maintenant dans notre cabine alors que ce dernier à un drôle de sourire sur les lèvres. Bon, je sais plus ou moins à quoi il doit penser, mais je n’en ferai même pas la remarque afin de me concentrer sur notre présence en ce lieu. Déjà, j’ai besoin qu’on discute sans qu’on risque de nous entendre et j’ai enfin droit de connaître l’endroit où nous allons; le casino d’Étoile du Sud.

« Si je suis chanceuse? Je sais pas, après tout je suis prise avec le pire lieutenant et chef de division de la garde du sud. Tu devrais l’entendre parler parfois… Un vrai casse bonbon. » dis-je en ayant croisant les bras alors que je lui jette un regard en coin. « Ah, si seulement tu pouvais le rencontrer » terminai-je en feignant un soupir tout en secouant la tête.

Je finis par me laisser tomber sur le lit que nous avions pour fouiller dans mon sac que j’y avais déposé. À l’intérieur, j’y avais mis un jeu de cartes plutôt spécial qui pourrait peut-être m’être utile. Enfin, je suis pas trop sûre, mais je le sors tout de même après un petit moment à fouiller – c’est pas tout ça, mais y commence à y avoir des trucs là-dedans – et le montre finalement à Valentino.

« J’ai trouvé ça l’autre jour. C’est un cartacousur… J’avais pas vraiment l’intention de l’utiliser un jour, mais ça pourrait nous être utile, non? Enfin, j’crois pas que de tricher nous attirerait les bonnes faveurs si je me faisais griller, mais j’vais le garder sous la main si jamais. Bref, on verra sur place, mais faudra vraiment faire de quoi pour nos vêtements. On doit sortir du lot, être beau et séduisant – oui tu l’es en tout temps, mais ce n’est pas ça que je veux dire. On doit avoir l’air de riches plein aux as prêt à dilapider notre fortune pour tout et rien. Alors on va te trouver une tenue digne de ce nom…  »  

Désolé Aslander, mais je vais nous calquer sur toi pour nous aider dans cette mission.

Bien évidemment il réussit à manipuler à merveille ma plaisanterie sur mon supposé lieutenant prétextant que ce n’était pas très gentil pour Emeor ce que je disais et qu’il allait tout faire pour me changer de division. Je ne peux m’empêcher de sourire, même si je ne rajoute rien à cela. Je n’ai pas l’intention de me moquer qui que ce soit, bien qu’avec Valentino ce n’est pas pareil. Il est le premier à m’embêter quand il le peut, alors je ne me gêne pas pour faire de même avec ce dernier. Du coup, je sors un objet qui me donne droit à ses remontrances et je pousse un grand soupir tout en roulant mes yeux pour bien le montrer le blanc. Vous ne pensiez quand même pas que j’étais devenue une toute douce et gentille jeune femme parce que j’étais maintenant en avec ce dernier? On ne change pas en si peu de temps les amis.

« Déjà, même si ce sont des cartes qui peuvent servir à tricher, ça ne veut pas dire que je vais les utiliser comme tel. Justement, c’est parce que je suis garde et que j’ai une certaine morale que je ne les utiliserai pas pour ce pour quoi elles ont été créées. » Je plonge un instant mon regard en plissant les yeux. « Je vois que tu as une haute estime de moi, c’est plaisant à entendre. »  Oui j’ai interprété ses paroles et il n’a pas dit cela, mais j’ai compris son message comme tel pour ma part. Puis que je sois garde ou pas, tant que je n’utilise pas ces cartes dans le but de gagner quelques choses ou des cristaux, ces cartes sont tout à fait correctes. De plus, si elles peuvent nous aider dans notre enquête, pourquoi ne pas s’en servir han?! Suffit juste de savoir à qui parler pour échanger les jeux de cartes… S’il y a des cristaux en jeu, certains croupiers ne refuseraient pas un petit bonus supplémentaire. Mais bon, ça je le garde pour moi. Déjà vu la tronche qu’il tire, je me dis qu’il n’apprécie certainement pas mon idée.

Je m’appuie donc sur le matelas de mes deux mains, me penchant légèrement vers l’arrière alors que je croise mes jambes sur le lit. À quoi ressemble un riche qui dilapide son argent? Je ne peux pas vraiment lui donner de nom, mais je peux au moins l’aider à se vêtir comme tel, même si je ne pense pas que Val possède ce genre de vêtement dans sa garde-robe. « Un noble qui dilapide sa fortune? C’est un noble qui ne calcule pas, qui paie des tourné à tout le monde, qui aime avoir le centre de l’attention et qui joue tout ce qu’il a en poche sans se soucier de revenir la bourse vide – et j’parle pas de ces bourses-là! » que je précise rapidement en lui pointant de l’index un endroit bien précis puisque je le connais bien. « Ce ne sont pas tous les nobles qui ont peur de perdre leurs cristaux. Souvent, ils ont une entrée d’argent, tout de même tu sais. Tu crois que je me serais permis d’acheter Arlequin en doublant la mise qui était déjà très haute si je ne savais pas que derrière j’avais un coussin pour me rattraper. Et même chose pour Naamah, ce ne sont pas des familiers donnés. » Cela a même causé un retardement sur mon achat de ma propre demeure. «  Enfin, tu as besoin de soulier propre, un pantalon propre, une chemise aux couleurs unie et une veste qui s’agence à ton pantalon. Pour les couleurs, je peux m’arranger, j’ai amené ma boîte de couleurs et pour la chevelure j’ai mon peigne magique. Mais je doute que tu aies tout cela… »

Pour ma part j’avais quand même prévu quelques vêtements propres et heureusement parce que je me serais bien mal vu me promener vêtus ainsi dans le casino. On ne m’aurait certainement pas laissé entrer puisqu’il faut sûrement un code vestimentaire.

« Bref, on va sûrement devoir ce prendre une chambre quelque part, alors on ce changera là en même temps d’y laisser nos sacs et de garder que le nécessaire.Pour le moment, on a le reste du voyage à se prélasser! » Finissais-je finalement en me laissant tomber le dos contre les draps tout en poussant un grand soupir.

« Faudrait vraiment que tu prennes l’habitude de me dire tout ce qu’il y a à savoir sur nos missions avant qu’on se mette en route… Ça nous donnerait le temps de nous préparer pour de vrai… »

Je pousse tout simplement un soupir à sa remontrance. Mais qu’est-ce que j’en ai à faire de ces cristaux si j’avais gagné en « trichant » dans le seul but de peut-être trouver la source de notre problème. Il se passe des trucs pas nets, on ne sait pas quoi, alors, il faut penser à toutes les possibilités. J’aurai qu’à refuser les gains à la fin, je ne suis pas obligée d’encaisser. Mais bon, j’sais que Val préfère filer droit, et ce même si on doit s’inventer une identité. Juste que s’il faut trouver un truc louche, c’est pas en ayant l’air du parfait couple qu’on va trouver notre problème. Mais bon, je comprends qu’on a pas la même mentalité. Je suis prête à pousser mon personnage à fond s’il le faut pour le bien de la mission, mais voilà.  C’est lui le lieutenant et il m’a choisi pour que je l’accompagne alors je dois m’adapter à sa façon de faire et ne pas faire qu’à ma tête.

« C’est bon j’ai compris… Je vais le ranger dans mon sac et ne plus le sortir. » Pour aujourd’hui, cependant, ça ne veut pas dire que je ne vais pas l’utiliser pour faire quelques farces, bien évidemment, sans chercher à gagner quelque chose derrière.

Bref, je m’installe confortablement sur le lit continuant ainsi de parler et il semblerait qu’il ne soit pas heureux que je l’empêche de faire sa sale blague. J’ai un petit sourire victorieux sur le coup parce que je commence quand même à bien le cerner, mais bon, je fronce tout de même les sourcils lorsqu’il me répète une phrase dont j’avais entendu en provenance d’une collègue… Celle qui ne doit pas être imitée. Je tiens à rappeler que c’est mon comportement actuel qui n’a rien à voir avec les nobles qu’on ne doit pas imiter. Après tout, se vêtir de vêtements pleins de trous montrant bien trop de peau à leur goût. C’est outrageux, de la débauche, je vais très certainement finir dans la rue entre deux boîtes de carton à côté de Philippe le sans-abri!

Lorsqu’il se pose à mes côtés en se laissant littéralement tomber sur le matelas, mon corps tout entier subit le rebond et je suis projetée à ses côtés. Bien évidemment, je me redresse, parce que j’ai pas vraiment envie de discuter avec un dos et encore moins de me prendre un coup de batte de Aja qui a décidé de sauter sur ce dernier. Je profite alors de ce moment pour ébouriffer ses cheveux d’une main rapide. « Bah, écoute, ta magnifique chevelure échevelée n’ira pas avec ce que j’ai en tête. Et je ne dis pas que t'es sale, juste que ta veste et ta chemise à trois boutons, ça ne fera pas l’affaire » puis j’appuie finalement mon menton sur son épaule le fixant avec un grand sourire moqueur. «  D’ailleurs, pour te sentir aussi grognon parce que je t’ai pas laissé faire une mauvaise blague de bourse, c’est que t’as sûrement besoin de te les vider plus souvent han… »


Bon, j’avoue c’est de mauvais goût, mais bouder pour ce genre de truc c’est vraiment ridicule. Bref, je m’éloigne alors un peu de lui, alors qu’il me savoir que je n’ai pas tort concernant sa mauvaise manie de m’embarquer dans une mission sans trop en parler.  Bien sûr, qu’il a peur que d’autres connards se trouvent dans nos rangs, je peux le comprendre, mais il ne faut pas devenir paranoïaque pour autant. Si ça se trouve la corruption, elle est déjà bien installée et connait les détails de chaque mission. Je parle pas du capitaine bien évidemment, mais faut pas chercher le mauvais partout. Du coup, je dépose une main sur sa cuisse tentant là un geste réconfortant en y faisant une pression tout en la bougeant de devant en arrière. Bref, rien de bien folichon.

« Hey… faut pas que tu t’isoles pour autant. Y’a pas que des connards et faut pas se laisser miner le moral à cause de cette histoire. Puis bon, on était quand même dans ma chambre et non dans la cafétéria. Calixte n’était pas là, mais on peut lui faire confiance, tu sais. S’il y avait bien un endroit où on pouvait parler des détails de la mission, c’était là non? »

Je lui donne un coup d’épaule pour tenter d’alléger l’atmosphère. On se prend bien trop souvent la tête pour un rien, mais faut savoir s’arrêter au bon moment avant que ça n’explose. Puis si je suis l’une de ses seules sources de lumière, je ne veux pas assombrir davantage son moral.

« Enfin, profitons du temps qu’il nous reste pour relaxer, ne pas se prendre la tête, puis de toute façon, je crois qu’Aja n’aime pas les tensions. Han? » que je dis en tournant la tête vers ce dernier pour lui gratouiller le dessous de la mâchoire.  « Il préfère quand son maître et sa copine sont heureux et qu’ils se font des câlins et plein de bisous, dis-je d’une voix un peu enfantine voir un peu débile. Meuh non, il préfère quand on lui fait des câlins! »

Bien évidemment, on se chamaille, on crée parfois des débats qui auraient pu être évité, mais que voulez-vous, c’est ça que ça fait quand deux grands bébés forment un couple. Parce que oui, même si Valentino à trente-quatre ans maintenant c’est le pire des gamins et bien évidemment que j’en suis une aussi. Vous ne pensez quand même pas que la technique du silence est une technique qui m’est inconnue? Après je suis une experte dans l’art de bouder et ce n’est certainement pas lui qui va me montrer comment faire. Le silence est mon plus grand atout suivi des gros soupirs forts et bruyants alors s’il croit que ça m’affecte lorsqu’il ne dit rien, il se met le doigt dans l’œil.

Enfin, on est peut-être deux gros bébés, mais au moins on est là pour se soutenir. J’ai une pleine confiance en lui et il m’a clairement fait savoir que c’était pareil pour lui. J’veux pas qu’il devienne parano, qu’il s’isole de toute le monde et qu’il perde la confiance qu’il portait à certains de ses collègues. Bon, il voit bien les efforts que je tente de faire, mais je le surprends tout de même à soupirer alors que je suis en train de caresser Aja. Je lui jette un petit regard en coin avec un petit sourire conspirateur et quand j’abandonne finalement le familier, c’est pour sauter sur Val’ en poussant sur ses épaules pour que nous tombions tous les deux allonger sur le matelas. « Tu me juges c’est ça? » demandai-je avant un grand sourire avant de passer à l’attaque venant lui offrir un bon gros bisou, bien baveux. Il prend une tête de "t’as osé?" et les hostilités commencent jusqu’à ce que je déclare forfait. Bon faut dire qu’avec une clé de bras bien faite difficile, de ne pas abandonner. Vous ne pensiez quand même pas qu’il y allait se passer autre chose, non?

Bref, on a quand même eu le temps de se reposer avant d’arriver à bon port, j’avise Naamah par la pensé que nous sommes maintenant arrivés et le soleil semble déjà commencé à se coucher. Ce qui est plutôt bien. Elle ne sera pas handicapée par la lumière du jour et nous n’aurons pas à attendre trop longtemps que le casino s’anime.

Premier arrêt, l’auberge luxueuse afin de nous procurer une chambre. Bien évidement, on a eu droit à quelques regards, mais suffit d’agiter quelques cristaux sous leur nez pour qu’ils nous laissent tranquille. D’ailleurs, je précise quand même que personne ne doit rentrer dans notre chambre, pas même la femme de ménage. Du coup, on se dirige vers la chambre, le grand luxe; grand lit avec rideau, grande baie vitrée avec petit balcon, une grande salle de bain comprenant un grand bain, douche vitrée et toilette. Bref, ce n’est pas tout le monde qui peut se payer ça et comme c’était mon idée, c’est bibi qui a payé. On se lave, on se prépare et se fait tout beau. Heureusement, j’avais prévu quelques trucs dans mes sacs, dont quelques bijoux parce qu’avec sa manie de ne rien dire on fini par s’y habituer. J’avais pris une jolie robe, rien de trop révélateur et rien de trop moulant pour éviter que l’on voie sous cette dernière mes armes que j’avais sanglées à mes cuisses. Comme je ne pourrai pas me promener avec mon petit sac sans fond, il faut que je trouve des astuces. Je choisis des couleurs qui s’agencent à la tenue de Valentino et choisis une belle coiffure longue et lisse sans ajout de couleur pour ma part. Un maquillage bien léger donnant presque l’impression de ne pas être moi et bien évidemment je masque de font de teint ma cicatrice qui parcours ma joue pour éviter que l’on me reconnait. Sait-on jamais. Pour Val, je lui fais une coiffure lécher vers l’arrière, mais avec un peu de volume, en laissant une mèche de beau gosse tomber à l’avant.

« Je suis prête à partir, on amène les familiers ou pas? »

Évidemment que Valentino allait se moquer un peu suite à mon changement d'apparence, mais bon c'est tout de même une transformation extrême même pour moi et je dois dire que j'ai pas pour habitude de mettre des tenues de soirée de ce genre. Bon, il faut dire que je ne vais jamais dans des soirées chics qui m'obligent à mettre des robes. Parce que faut pas être con, une robe, c'est fichtrement inconfortable et ça limite les mouvements. Faut faire attention quand on s'assit, faut aussi retenir notre souffle quand il y a un corset, c'est pesant sur les épaules. Je ne comprends simplement pas celles qui doivent en porter à longueur de journée. Dans tous les cas, je fais qu'un faux rire en retour à sa réplique alors qu'il se marre et je m'attelle à replacer cette tignasse hirsute mal coiffée afin de lui donneur un air un peu plus... comment dire, noble? Ça lui va quand même bien, même s'il apprécie pas de son côté. Pour ma part, je termine vite fait de me préparer et je le fais savoir à ce dernier quand nous avons terminé.

Il semblerait que la réponse à ma question soit des plus évidente. Nous amenons nos compagnons avec nous parce qu'il n'était pas prévu que nous laissions enfermée les nôtres. Bon, il faut dire que Naamah est resté à l'écurie de l'auberge parce qu'elle est bien trop grande pour entrer ici. Il faudrait peut-être que je pense à lui donner une magie de rétrécissement pour qu'elle puisse me suivre où que j'aille. Je me sentirais mieux que de savoir qu'une belle bête comme elle, soit à la porter de main de n'importe qui. Enfin, je compte sur elle pour qu'elle me fasse savoir si quelque chose ne va pas.

*Tout se passe bien Naamah?*
*Oui*
*Très bien, Aja et toi allez venir avec nous ce soir, alors soyez sage.*
*Toujours sage, petit dragon, non*

Je rigole doucement et nous voilà maintenant en chemin pour le casino. Évidemment qu'il faut ouvrir l'oeil et je me contente de hocher la tête pour lui faire comprendre que j'ai bien compris le message, même si à ce moment, quelqu'un nous interpelle comme s'il sortait de l'ombre. Ça façon de s'exprimer et de regarder autour de lui comme s'il avait peur que des gardes lui tombent dessus ce qui est plutôt triste au vu de nos métiers. Le pauvre, il ne sait clairement pas sur qui il vient de tomber. Enfin, il complimente Naamah, parle de course et quand Valentino cherche à parler du casino, ce dernier nous fait savoir que ce n'est pas à l'intérieur puisque ça ne serait pas bon pour les affaires. Du coup, ces courses ne sont pas déclarées ce qui veut dire que les paris ne sont pas contrôlés... On se regarde un moment silencieusement et sans même avoir à discuter, d'un commun accord silencieux on suit le bonhomme.

*Naamah, quoi qu'il arrive, reste tranquille, d'accord?*
*Toujours tranquille*

J'sais qu'elle est toujours tranquille, mais elle risque d'attirer l'attention et bien des gens voudront venir l'inspecter surtout si on me l'enlève pour la préparer pour la course. Enfin, j'espère qu’on n’en arrivera pas à ce moment-là. Même si dans le doute, nous avons tous les deux la possibilité de communiqué mentalement.  

« Du coup, comment cela fonctionne? J’imagine que nous devrons inscrire notre belle Naamah et que l’un de nous devra rester avec?
- Ouais, y’aura des inscriptions. On viendra voir vot’ familier voir s’il peut courir avec les autres. On ne voudrait pas qu’il y aille des accidents. Mais pour le reste, des gars viendront la chercher pour la préparer. Ce sont les meilleurs, vous inquiétez pas, elle sera ent’ bonne main!
- Très bien je vois. Ce n’est pas plus mal, me direz-vous. Ça nous évitera de nous salir, n’est-ce pas mon cher? »

Je m’accroche au bras de Val’ en faisant une légère pression sur son biceps. Je suis peut-être de la garde, je suis peut-être sous couverture, mais cela ne m’empêche pas d’éprouver des sentiments et d’avoir peur pour mon familier. Que va-t-elle penser? Est-ce qu’elle comprendra que ce n’est pas vrai, que je ne l’abandonne pas? Je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit, mais au moindre signal, je serai prête à remuer ciel et terre pour la sortir du pétrin.

Enfin, le larbin nous fait passer par des ruelles jusqu’à nous faire entrer par une porte jugée secrète. Bien évidemment, il nous fait reculer pour pas qu’on entende et il donne un code pour que cette dernière puisse s’ouvrir. C’est un second bâtiment, plutôt chic et propre, parce qu’il ne faudrait pas brimer l’image du casino et puis ce sont quand même des nobles qui se présentent ici. Y’a de la décoration, des tapisseries ornées de motifs dorés, un mur de la gloire, y’a même un petit bureau où nous attend une jeune femme toute souriante qui semble observer bien trop longtemps mon partenaire à mon goût. J’sais qu’il est plutôt beau gosse, mais essaie au moins d’être moins évidente, non?

« Bonjour et bienvenue! Dit-elle finalement en se levant pour contourner son bureau. C’est vraiment une bête magnifique que vous avez là. Nous n’en avons jamais vu de la sorte! Je peux m’en approcher? Demanda-t-elle en regardant Val’ sans daigner me regarder.
- Oui, vous pouvez vous approcher de MA belle, dis-je aussitôt toujours en gardant un sourire. C’est un cadeau que m'a offert mon chéri pour notre anniversaire de mariage! Il est adorable n’est-ce pas?
- En effet, très charmant… dit-elle en me jetant un coup d’œil du coin de l’œil, tout en paraissant légèrement déçue. »

Et BIM! Maintenant elle va le laisser tranquille, ce n’est pas non plus une pièce de viande! Enfin, j’avise Naamah de rester gentille alors que la jeune femme l’inspecte doucement et même lorsqu’elle pose sa main contre son encolure celle si se contente de tourner la tête dans sa direction.

« Elle est sublime. C’est la première fois que je vois cette créature. De quoi s’agit-il?
- C’est une Skur nocturne, mais il ne faut pas se fier à son apparence. Elle est adorable.
- Du coup, vous êtes là pour la course, c’est bien cela? Demanda-t-elle alors qu’elle retournait derrière son bureau pour sortir de la paperasse, alors qu’elle notait déjà la race.  Votre nom et celui de la créature?
- Shelly Maplebee et voici Naamah.
- Naamah a déjà participé à des courses par le passé?
- Non, ce sera sa première fois, mais nous l’avons bien entraîné.
- Elle a déjà eu des comportements violents envers d’autres créature ou humain?
- Non, jamais.
- Très bien, des hommes viendront inspecter la créature et si tout se passe bien, nous poursuivrons avec les modalités de paiement pour l’inscription. Vous pouvez attendre ici, je vais aller transmettre les documents. »

Alors que la jeune femme nous avait laissés seul, je me tourne aussitôt vers Valentino. J’ai besoin de savoir ce qu’il pense de cette histoire. Après tout, j’ai pas trop envie de laisser Naamah entre les mains de n’importe qui surtout si on a été envoyé pour inspecter et chercher la merde qu’il pourrait y avoir potentiellement. Leur gentillesse n’est que façade selon moi, mais bon.

***

Quelque part, plus loin dans le bâtiment Stacy, la jeune femme de la réception, s’était approché les papiers en main auprès d’un homme d’une bonne stature. Elle lui avait remis aussitôt le document avec un grand sourire.

« Je veux cette créature, mon petit papa d’amour…
- Hmm, encore une autre à ajouter à ta collection?
- Cette fois-ci, elle en vaut vraiment la peine.
- Très bien, je dirai à nos hommes de faire particulièrement attention à celle-ci.
- T’es le meilleur, mon petit papounet! Dit-elle en lui faisant une grande accolade. D’ailleurs, ne faites pas trop de mal à l’homme qui accompagne cette Shelly… Il me plait bien aussi! »

L’homme soupira et roula des yeux avant de lui sourire. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour la cadette de la famille Sykes.

Valentino est resté silencieux tout le long de l'échange entre la demoiselle et moi-même, mais le savoir à mes côtés m'aide grandement. Comme de fait, mon familier me sera enlevé sans que je ne puisse la surveiller ce que je n'aime pas du tout, mais voilà. Une fois l'échange terminé, la femme se lève donc de son siège et s'éloigne donc dans un couloir nous laissant seuls. Je me retourne vers Val' qui ne fait que me sourire. Il semble avoir une idée derrière la tête et c'est d'ailleurs celle qu'il applique. Il appelle donc son familier qui était resté derrière nous et sur qui nous n'avons pas mis l'emphase, mais dès qu'il prononce son nom, il se met à tourner tel un chien a qui on donne de l'attention. *Petit dragon, stupide* qui me parvient à l'esprit et qui me fait pouffer de rire. Naamah est typiquement la créature la plus condescendante que j'ai pu voir, mais c'est ce qui fait son charme parce que je sais que peut importe ce qu'elle dit, derrière se cache un petit peu d'amour. Même moi, elle aime bien m'appeler petite humaine, mais ça me va. Au moins, il y a de l’interaction et on ne s'ennuie jamais. Bref, pour revenir à notre mouton, Valentino envoie donc dans une mission des plus discrète le familier qui n'a rien de ce genre de talent. Je plisse les yeux, incertaine, et je suis prête à tout moment de lui courir après pour prétexter que ce dernier a décidé de visiter les couloirs sans qu'on aille pu l'arrêter. Quoi que si c'est Val' qui y a va, ça devrait mieux passer.

« T'es sûr que c'est le bon compagnon pour une mission discrétion? Parce que bon...je veux pas juger, mais voilà... »

Enfin, Val' me regarde un moment avec  un visage qui voulait tout dire. C'était surtout une sorte de "attend tu vas voir" et éventuellement, ce dernier cesse de bouger et c'est comme s'il ne me voyait plus. En tout cas j'ignore quel genre de magie il partage avec son familier, mais j'ose espérer qu'il s'agit de quelque chose d'utile. Quand il reprend finalement ses sens, je le regarde un peu inquiète, mais à la fois curieuse. Après tout, moi aussi j'aimerais bien savoir ce qu'il a vu, sauf qu'il ne me dit rien et garde un air sérieux en attendant le retour de son familier qu'il caresse. Me laisser sans information me stresse un peu, mais bon c'est récurant avec lui et il apprécie bien les surprises donc je dois m'attendre à tout!

Enfin, la jeune femme revient accompagnée de deux hommes en précisant que tout est bon et que ces gentils messieurs vont bien s'occuper de ma belle, sauf que Valentino ne semble pas voir cela du même oeil, puisqu'il se rapproche aussitôt de l'un d'eux en lui mettant l'un de ces coups en plein visage. Sur le coup, j'en reste bouche bée et j'ai la bouche grande ouverte. Je ne sais pas dire, s'il est con, irresponsable ou impulsif, mais je ne pense pas que frapper le premier homme qui vient par là sans lui parler de ses droits est mieux que de tricher dans le but d'obtenir les informations qu'on a besoin. J'crois que la logique de Valentino est biaisée...

Bien évidemment, la jeune femme pousse un cri en voyant le premier se faire frapper et c'est pire encore lorsqu'il se présente comme le lieutenant Rivolti. Elle regarde de gauche à droite et s'enfuit aussitôt vers un couloir! Je plisse les yeux! Je ne dois pas la laisser fuir!

Alors je me mets à la poursuivre. Je suis sûre qu'elle a des informations importantes! En plus avec ce qu'a dit Valentino, j'imagine qu'elle désirait me voler mon familier et Valentino aussi? Dans tous les cas, je signale à Naamah de me suivre si elle y arrive, bien que les couloirs sont tout de même grands puisqu'il s'agit d'un endroit réservé un peu pour les familiers après tout. Comment les amenés jusqu'aux écuries dans ce cas? Je soulève ma robe par peur de tomber à cause de cette dernière et je cours du plus vite que je peux. C'pas avec des talons que je vais aller vite, mais tant que je ne la perds pas de vue, tout va bien. Je pourrai utiliser mon pouvoir au besoin. J'suis comme le chat et elle la souris, sauf que ce qu'elle ignore c'est que je souhaite de tout coeur qu'elle me mène dans des endroits intéressants. On parcourt des couloirs, on passe une porte, puis elle me mène vers un escalier que l'on descend rapidement qui mène à un changement de niveau, une nouvelle partie du bâtiment et nous voilà maintenant en extérieur. Il commence à y avoir du monde et si je dois me faufiler entre tous ses gens ça va mal se passer.

*Petite humaine derrière toi!*

Lorsque je tourne la tête, Naamah se dirige vers moi sans se soucier des humains qui lui entravaient sa route. Ceux-ci s'éloignèrent d'un bon surpris sans oublier les petits cris qui vont avec et la skur réussie à me rejoindre. Elle s'arrête à mes côtés, se penche pour me laisser monter sur elle, sauf que je n’ai pas vraiment le choix de me mettre en position princesse, les deux jambes du même côté à cause de cette foutue robe et on traverse la foule. Naamah semble savoir où elle va et bien évidemment on retrouve notre demoiselle en fuite qui a réussi à alarmer les gros bras, sauf qu'il semblerait qu'on soit maintenant proche des écuries, ce qui veut dire qu'il y a plein d'objets, dont une charrette qui sert à traîner les bottes de foin pour nourrir les animaux qui s’en nourrissent. Heureusement que je suis sur Naamah, car cela me permet de me concentrer sur ce dernier. Non seulement j’active le tatouage de plume qui se trouve sur mon avant-bras ainsi que celui de ma vision dans mon dos et je fais glisser le charriot sur les hommes qui se le prennent de plein fouet et qui n’ont pas d’autres choix que de se faire traîner par celui-là. Heurtant le mur en fin de compte, je désactive aussitôt mon pouvoir. Mon but n’étant pas réellement de les tuer écrasé, non plus. Je laisse ma monture me guider.

*Humaine pas loin, sentir odeur*
*Arrête-toi…*

Il y de nombreux box, ce qui veut dire qu’elle pourrait s’être cachée n’importe où. Je dois donc rester prudente, mais je descends tout de même de Naamah en me laissant glisser au sol et avance.

« Tu peux sortir de ta cachette, je sais que tu es là. Elle t’a senti, tu ne fais que ralentir l’inévitable. »

Toujours le silence, mais ma skur continue d’avancer en reniflant doucement l’air et le sol.

*Plus seule, humaine accompagnée…*

« Bordel! Mais t’es inutile toi! » s’écria alors la fameuse réceptionniste vers qui je cours aussitôt. Je m’arrête aussitôt devant la box où elle se cache la prenant sur le fait alors qu’elle a la main lever prête à frapper une pauvre bête qui n’a rien demandé.

« OH! Si tu lui fais du mal, j’te fais ta fête!
- Ah oui? Qu’est-ce que tu en as à faire des créatures des autres de toute façon?
- J’en ai à faire parce que je ne tolère aucune forme de violence envers eux! Maintenant tu vas gentiment te rendre sinon, ça n’ira pas bien pour toi.
- (Pouffe de rire) Comme si j’avais peur d’une petite noblieuse comme toi. Tu sais pas qui est mon père toi?
- Je m’en fiche de savoir c’est qui ton père, vous ne savez juste pas sur quel lieutenant vous êtes tombés…
- Mon père va agiter quelques cristaux devant son nez et il va sûrement les prendre comme le gentil toutou qu’il est.
- Tu crois qu’on est des pourris?
- Comme tout le reste de votre belle troupe du sud. C’est ce qu’on raconte partout, en tout cas. »

Bon j’en ai marre. Je fais un pas vers elle, alors qu’elle recule et j’incite la bestiole présente à prendre la fuite tout en mentionnant à mon amie de prendre soin d’elle. Une fois que nous sommes seules, je ferme la porte derrière moi en la faisant glisser sans même la toucher.

« À nous deux…. »

Et voilà, elle me saute dessus avec une certaine forme  d’agilité, ça se tire les cheveux, sa tente même de mordre et elle réussit. Mon bras saigne, je me prends des coups de poing que je lui retourne. On roule dans le foin, y’a de la paille qui s’emmêle partout et je me retrouve au-dessus d’elle. Elle se défend quand même bien, même si le combat pourrait paraître ridicule, mais de ce que je vois, elle semble posséder un pouvoir d’hybridation, parce que mine de rien, elle a de foutues dents acérées et de bonnes griffes. Enfin, je réussis tout de même à la maîtriser usant de la tactique de Val’. Agilement, je me déplace pour lui faire une clé de bras et je l’écoute chialer que ça lui fait mal, jusqu’à ce qu’elle me supplie d’arrêter. Je garde son bras en otage, la tourne sur le ventre et sors mes menottes que je lui enfile aussitôt.

« Bon, faut retrouver Val’ maintenant… » que je me dis à haute voix tout en levant la femme que je ne lâche pas.