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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Un chiraki dans la verrerie | Ivara
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    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
    Informations
    Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Mar 16 Fév 2021 - 23:05 #
    - Réveillez là.
    - Toi réveille là !
    - Je tiens à ma lame mon brave.
    - Et moi à mon fil. Cesse d’être un couard Louis.
    -  Vous êtes mal placé pour l’ouvrir Le Flan.
    - Leiftan.
    - Le Flan.
    - Mais taisez vous, bon sang ! Gémit Solveig en se tournant dans son lit, écrasant son coussin contre ses longues oreilles.
    - Ah bravo, bravo Louis hein ! Voilà elle est réveillée ! Bon et sinon beauté, tu comptes t’activer à quel moment ?

    Pour toute réponse la mi-chiraki s’agita sous les couvertures, se retourna et s’enfouit encore plus profondément.

    - M’est d’avis que vous allez être en retard.
    - En retard pour quoi ? Grogna-t-elle.
    - Pour l’escorte.
    - L’escorte ?
    - L’escorte.
    - Quelle esc-… OH ! Merde ! Sans crier gare elle sauta hors de son lit, s’agitant en tout sens afin d’attraper son pantalon qu’elle enfila tout en donnant un grand et parfaitement indélicat coup de genou dans sa table de nuit. - Putain ! Siffla-t-elle en tenant la zone meurtrie. Bien mal lui en prit puisque l’enchaînement malencontreux de son unique pied sur le sol avec la jambe inoccupée de son pantalon la mena droit à sa perte. Dans un fracas tonitruant elle chuta. Sa tête tapant la première, rebondissant sur le parquet ciré comme une balle rebondissante, s’en suivit le reste de son corps qui, par chance, n'écopa que de quelques ecchymoses -c’était bien assez.

    - En voilà des façons.
    -  Il faudra m’expliquer comment elle a survécu aussi longtemps.

    Pour sa part Solveig voyait non pas deux âmes artificielles mais au moins trois exemplaires de chaque, ce qui lui donnait l’irrésistible envie de prendre ses jambes à son cou. Difficilement et non sans voir de petites étoiles virevolter devant ses yeux elle se redressa, enfila son pantalon dans le calme, boutonna sa chemise puis daigna enfin préparer son paquetage. Sur son front, une bosse était doucement entrain de prendre place ; lorsqu’elle sortie dans la rue elle était plus proche de l’unicorne que de la chiraki. Les oreilles arqués vers l’arrière, l’air tout à fait morose, elle planta le regard dans la missive qu’elle avait reçu deux jours auparavant. Nul doute quant au destinataire, le sceau du bastion sud était on ne peut plus reconnaissable. «  Ivara Streÿk. Rue du crabe. Verrerie C’est sur la route du retour. Bosse glandeuse. » L’auteur n’avait certes pas signé, mais Solveig pu reconnaître l’écriture sans difficulté. Elle irait faire un petit détour à la logistique la prochaine fois qu’elle le pourrait, elle avait quelques oreilles à tirer. A cette idée ses traits se détendirent et elle se surprit à sourire. Pas longtemps cela dit, sa céphalée la rappela bientôt à l’ordre, battant comme un tambour sur le milieu de son front. Le voyage ne semblait pas commencer sous les meilleurs auspices, restait à espérer que sa protégée soit de bonne composition.

    - Rue du crabe… Rue du crabe… Marmonna-t-elle, le nez en l’air à la recherche de ce qu’elle cherchait. Son sens de l’orientation avait toujours été terriblement déplorable -ce qui rendait d’autant plus ironique le fait qu’on ait pu lui confier une escorte- mais ce matin, et en raison du retard qu’elle accusait déjà, elle avait laissé Louis se charger du trajet. Il les avaient menés sans soucis jusqu’à un carrefour à quatre voies, ne restait plus qu’à trouver celle qui était la leur. - Celle là ! Fit-elle en faisant sursauter un pauvre grand-père qui passait par là. Puis elle s’engagea dans l’allée.

    La boutique ne fut pas compliqué à trouver -et heureusement d’ailleurs. S’avançant, elle posa sa main contre la vitrine afin d’observer l’intérieur.

    - Aucune chance que j’entre.
    - Pourquoi donc ?
    - Du verre. Partout.
    - C’est le principe d’une verrerie.
    - Nigaud, ne vous souvenez vous pas de comment elle s’est étalée comme une loque ce matin, ou encore du verre qu’elle a cassé hier soir ?
    - Sans parler de l’assiette qu’elle à renversé la veille.
    - Et encore, était-ce pire que le pauvre homme qu’elle a manqué de renverser juste avant ? Non effectivement. Il vaut encore mieux que vous restiez dehors mademoiselle.


    Solveig caressa l’idée de les abandonner sur le perron. Malheureusement ils seraient bien capable de la retrouver et de lui faire payer au centuple. Si les deux âmes ne s’entendaient presque jamais, lorsqu’il s’agissait de faire de sa vie un enfer elles devenaient subitement des alliés de choix. Avant qu’elle n’eut le temps d’atteindre la poignée en verre finement ciselée, un léger ronflement parvint à ses tympans. Louis, sa dague, s’était endormis. Une âme de moins à gérer. Mais lorsqu’elle ouvrit la porte des senteurs l’assaillirent de toutes parts, embaumant ses narines comme si quelqu’un lui avait enfoncé la tête dans un pot pourrit. Immédiatement elle referma la porte et grimaça.

    - Lucy veut me tuer…

    Elle se contenta donc de toquer énergiquement à la porte, espérant que la jeune femme qu’elle devait escorter se décide à sortir.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Mar 23 Fév 2021 - 18:58 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Ivara



    1er jour.

    Dans un dernier effort, Ivara actionna le levier qui permit au monte-charge d’entamer sa lente descente vers le rez-de-chaussée de son commerce, L’Atelier. La subtilité résidait dans le fait que son véritable atelier se situait à l’étage, où elle laissait s’exprimer toute sa créativité. Elle remit en place une mèche blonde derrière son oreille, un large sourire animant le bas de son faciès. La sculptrice était fière de son œuvre et avait passé des jours à la réaliser. Et pour cause : elle était à taille humaine, ce qui l’avait obligé à utiliser de nombreuses stratégies pour pouvoir associer tous les morceaux. Elle était fière du résultat qui mettait en scène deux êtres s’embrassant. Mais elle ne l’avait pas sculpté pour son bon plaisir, c’était une commande destinée à être livrée dans le grand sud du Royaume, à proximité du Grand Port.
    C’était la première fois qu’elle allait livrer aussi loin. L’événement était particulier : la célébration de fiançailles. D’après ce qu’Ivara avait compris, c’était un cousin proche résidant à la Capitale qui voulait leur faire ce présent. Cependant, Ivara n’avait pas voulu passer par l’intermédiaire de la Compagnie Althair, secrètement développée par Inaros. Pour dire vrai, elle n’y avait pas pensé. Elle préférait éviter tout ce qui pouvait lui rappeler qu’un mercenaire habitait son corps et se fiait aux institutions totalement légales. Comme la Guilde ou la Garde. Ces derniers étaient une très bonne alternative et, même si elle avait d’abord douté qu’ils accordent de l’intérêt à sa requête, ils l’avaient prévenu deux jours auparavant qu’une des leurs l’escorterait jusqu’à bon port.

    Elle vérifia une dernière fois son sac sans fond, qui contenait beaucoup plus d’objets que la dernière fois qu’elle s’était aventurée hors des murs de la Capitale. Ces souvenirs lui donnaient des frissons, ça avait été un véritable fiasco. Mais cette fois serait différente, n’est-ce-pas ? Son Emport’Tout, sa cape caméléon, sa gourde fontaine… L’essentiel y était. Elle préférait assurer ses arrières, même si elle allait voyager avec quelqu’un qui avait passé sa vie à se battre. Ivara descendit quatre par quatre l’escalier, arrivant un peu après le monte-charge. Sa sculpture l’attendait, prête à être transportée. Le verre qu’elle avait créé pour l’occasion était extrêmement dense, elle ne risquerait donc pas d’être brisée durant le trajet. Le pendentif plume qu’elle y avait accroché se balançait lentement, suspendu sur l’une des oreilles des figures. Enfin, ça c’est parce qu’elle le savait. En réalité, la sculpture était déjà entourée et protégée par plusieurs grands tissus qui la dissimulait.

    C’est alors qu’elle entendit toquer énergiquement à la porte. Puisque c’était jour de fermeture, son petit doigt lui dit que ce devait sûrement être la personne qu’elle attendait. Elle se dirigea vers la porte, prête à accueillir celui qui l’aiderait dans son périple.
    C’était une femme, plutôt jeune mais qui semblait avoir de l’expérience, en témoignaient les balafres sur son visage. Ivara était un peu plus grande qu’elle, de quelques centimètres, et, bien qu’elle la dépassait, elle fut intriguée par les deux grands yeux qui l’observaient également. L’apparence générale de la femme était singulière et Ivara n’eut pas assez de cette fraction de seconde pour l’analyser en détails, sans quoi elle eut été beaucoup trop impolie.
    - Bonjour ! Vous êtes Solv… Euh... Solveig Prêth, c’est bien ça ? Ivara avait un peu buté sur le prénom, incertaine de l’information. Elle espérait ne pas s’être trompée et enchaîna aussitôt. Ivara Streÿk. Mais vous pouvez m’appeler Ivara ! Je n’ai pas encore terminé le transport de la sculpture dans le chariot. Il est juste derrière… Entrez, je vais en profiter pour fermer devant.

    Elle ne remarqua pas la grimace et l’expression de son interlocutrice, étant loin de se douter que les odeurs de la boutique la dérangeait. Lorsqu’elle franchit l’entrée, Ivara referma à clés la porte et désigna à la soldate ce qui se rapprochait le plus du monticule de tissus.

    - La voilà ! Si vous pouviez juste m’ouvrir la porte, celle du fond derrière le comptoir, c’est l’accès à la cour derrière où se trouve le chariot… Merci !

    Offrant un sourire sincère à l’autre jeune femme, Ivara prit une grande inspiration avant de charger sa création sur un transporteur à roulettes. Heureusement que son poids était divisé par deux, elle aurait été incapable de la soulever autrement. Mais la soldate vint rapidement l’aider. Il leur fallut une dizaine de minutes pour déposer la sculpture dans le chariot, veillant à ce qu’elle soit bien positionnée pour ne pas voler hors du chariot à la première bosse.

    - Ça a l’apparence du verre mais ça n’en est pas vraiment, c’est beaucoup plus solide. Presque incassable, même. On n’aura pas à se soucier de ça, expliqua Ivara tout en fermant la porte arrière.

    Son sac en bandoulière sur l’épaule, elle préféra mettre la capuche de sa cape de voyage sur la tête.  Les températures étaient encore relativement assez basses et le vent qui sifflait dans ses oreilles n’était pas des plus agréables.

    - Vous voulez que je conduise pour le début du voyage ? Je pense même que ça nous réchauffera d’alterner...

    C’était une simple proposition et, en attendant une réponse, elle prit place sur l’un des sièges du chariot.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
    Informations
    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Dim 28 Fév 2021 - 22:21 #
    Si quelqu’un avait prévenu la valkyrie que sa compagne de voyage serait aussi mignonne, nul doute qu’elle aurait bien moins maugrée au réveil. Avec un petit peu de chance elle se serait même levé du bon pied et n’aurait pas finit avec une bosse en travers du front. Faire la route avec quelqu’un d’autre que les rustauds qu’elle côtoyait d’habitude la mit en joie et même les effluves qui émanèrent de la porte entrouverte ne réussirent pas à entamer ce regain de gaieté. Elle fronça toutefois le nez.

    Contrairement à Ivara, Solveig n’était pas du genre à se fier aux conventions. Du moins elle n’en comprenait pas vraiment les limites. Pour certain il était outrancier de fixer une personne, pour elle ce n’était qu’un simple moment d’observation. Heureusement sa vision particulière lui permit de saisir rapidement tout ce qu’il y avait d’attrayant et d’intéressant chez la commerçante. Comme son sourire amical ou ses manière délicates, mais la garde faisait partie de ceux qui pouvaient voir encore au-delà. La précision de ses yeux lui permettait de saisir ce que nombre ignoraient. Ainsi elle remarqua le rayon de soleil, qui fendit les interstices d’un toit pour venir se perdre dans la chevelure couleur de blé de la jeune femme, le courant d'air qui lui lui donna immédiatement une tout autre dimension, reflétant la lumière comme l’aurait fait une rivière d’or liquide. Il y avait également ses grands yeux bleus, où elle jura voir des touches de verts mais il se détournèrent d’elle bien trop vite pour qu’elle put y faire plus attention. Enfin il y avait son grain de peau, si fin et délicat que Solveig se demanda s’il n’allait pas se déchirer au moindre contact avec l’extérieur.

    - C’est bien ça ! Répondit-elle du tac au tac, d’un ton enjoué, grimaçant finalement lorsque la sculptrice l’invita à entrer. « Jolie mais tyrannique… L’un de va pas sans l’autre j’imagine. » Songea silencieusement la chiraki en s’engageant à sa suite. Plus que jamais elle regretta de ne pas porter d’écharpe, de cache nez ou de tout autre chose qui pourrait empêcher l’air vicié d’entrer dans ses poumons. Elle se contenta de soupirer, une odeur puissante montant au passage dans ses narines puis elle avisa la statue -ou plutôt le monticule de couverture– que lui désigna Ivara.

    - Vous êtes sûre que vous ne… Elle imaginait mal la blonde capable de porter une telle charge toute seule. - Oh… Laissa-t-elle échapper en voyant le diable. Dans le monde de la chiraki trop de choses se réglaient grâce à la force brute, elle était toujours surprise par les moyens détournés que pouvaient emprunter les gens. Mais cela la ravissait également, adepte de curiosité en tout genre elle perdit un instant à observer l’ingéniosité d’Ivara. Ou l’étendu de sa propre stupidité, cela restait à définir. Quand l’objet de sa présence fut chargé -non sans un petit coup de main au final- elle s’échappa en direction de la porte qui lui avait été indiqué et la lui teins ouverte sagement, ce qui n’était pas pour lui ressembler mais dans ce palais de verre et de fragilité Solveig savait à quel point elle était en mesure de faire des dégâts. Les deux jeunes femmes installèrent ensuite l’œuvre dans le chariot.  La jeune Prêth se félicita intérieurement de ne pas avoir Calixte pour compagnie, même si la création était plus solide que prévu elle était prêt à parier qu’il aurait réussit à la briser.

    - Ça à l’apparence du verre mais ce n’est pas du verre… ? Marmonna Solveig avant d’être coupée dans sa réflexion par la voix d’Ivara.

    - La laisser conduire ? Vraiment ? Êtes vous sûre très chère ? Louis, sortant enfin de sa torpeur, s’adressa directement à Ivara.
    - Je conduis très bien ! S’indigna immédiatement la chiraki.
    - Je t’aime beaucoup Sol, mais il a raison. Surenchérit son gant, Leiftan.
    - Vous n’avez rien à y redire quand il s’agit d’Adonis !
    - Parce qu’Ado’ ne trimballe pas un chariot.
    - Sans compter qu’elle est débrouillarde.
    - Dites tout de suite que je ne suis pas utile !
    - Nous n’irions pas jusque là mademoiselle, Adonis ne sait pas tirer de flèche.
    - Qu’est-ce que…
    - Mais si elle savait ça serait quelque chose !
    - A n’en point douter.
    - Vous avez finit ? Grogna-t-elle.
    - Comptez vous conduire ? Demandèrent ses âmes à l’unisson.
    - Non. D’un geste elle désigna Ivara. - Je vous présente Ivara que nous accompagnerons jusqu’à sa destination. Quant à eux, elle désigna sa dague et son gant. - Louis et Leiftan sont mes âmes artificielles. Ils ne sont pas facile à vivre mais ils ne sont pas méchant.

    Immédiatement un bavardage de fond se fit entre les âmes, l’un discutant de la beauté indéniable et presque irréelle d’Ivara, l’autre de la façon péjorative dont Solveig les dépeignait. Cette dernière ne leur porta aucune attention et souris avec franchise à la jeune femme.

    - Comme ils l’ont dit, je doute que me laisser conduire dans les rues exigus soit une riche idée. Ils sont usant mais lucide. Je prendrais votre relais lorsque nous seront sur les chemins de campagne ! Se faisant elle hissa d’abord ses affaires puis elle même dans le chariot, prenant place sur le banc. - Ah et vous pouvez m’appeler Sol ou Solveig peu importe. Vous pouvez me tutoyer aussi. Je n’aime pas le vouvoiement, enfin je l’emploie par habitude. Il paraît que c’est une question de politesse. Je dois dire que je ne vois pas en quoi vouvoyer quelqu’un ou le tutoyer peut bien changer le respect que je lui voue mais d’après Yud… Le capitaine c’est ainsi que se veulent les conventions. Et qui suis-je pour les outrepasser ? Enfin bref, imaginez que je suis juste euh… Une amie ! Décréta-t-elle en tapotant dans ses mains, ravie. - En tout cas vous avez eut de la chance, il est rare que la garde sud soit envoyée à la capitale. A quelques jours près vous n’auriez pas eut de soldat disponible. D’ailleurs c’est étonnant qu’ils déploie une unité pour une simple livraison… Hum… Vous devez avoir une sacrée réputation. C’est la première fois que vous livrez hors de la capitale ? Tout en posant la question elle se pencha vers Ivara afin d’appréhender sa réponse, curieuse - et trop bavarde, comme toujours.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Jeu 4 Mar 2021 - 13:52 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Ivara


    Une certaine gaieté de cœur et de joie de vivre transparaissait dans l’attitude de la soldate, ce qui acheva de mettre la sculptrice presque parfaitement à son aise. Elle redoutait toujours - et presque encore plus qu’avant - de commettre un impair qui pourrait la trahir sur sa situation qui l’avait suffisamment usée pour qu’elle commence sa transition vers un tout autre état d’esprit. Si elle était comparée à une fleur, elle était en train de développer ses propres épines. Ces aiguillons n’en étaient qu’à leurs prémices et ne faisaient pas encore bien mal, mais ils aidaient et confortaient la jeune femme dans ses prises de décisions. Elle se sentait un peu moins fragile, un peu moins prise au dépourvu lorsqu’elle devait négocier en se glissant dans la peau de cet autre. Elle avait affronté plusieurs cas de figures où elle s’était emmêlée les pieds. Elle était aussi tombée tête la première à de multiples reprises. Plus que jamais, elle avait essayé d’apprendre de ses erreurs. L’allégresse dont faisait preuve Solveig était donc plus que bienvenue. Ivara lui en aurait presque été reconnaissante. À la place, elle aurait pu tomber sur un rustre bougonnant et peu sympathique. Le genre de cliché qu’elle se faisait un peu des gardes, surtout depuis qu’Inaros s’était immiscé dans sa tête. Il fallait préciser qu’elle n’avait que très rarement été en contact avec cette faction. Les dernières fois remontaient toujours à un événement auquel était lié le mercenaire.

    La question, d’apparence si innocente, produisit pourtant quelque chose à laquelle Ivara n’était pas préparée. Elle avait vaguement entendu parler de ces âmes artificielles, sans avoir l’occasion d’en croiser ou d’en posséder une. La tisseuse de verre fut surprise d’entendre qu’elles avaient aussi des prénoms. Ses yeux mirent un certain temps à les repérer, bien que Solveig les désigna, et elle dissimula sa gêne par un petit rire, ramenant sa senestre devant sa bouche. Le spectacle qu’ils avaient produit avait eu son effet, son éclat de joie durant un peu plus longtemps que ce qu’elle voulait vraiment.

    - Oh, je… Je ne m’attendais pas à ça ! J’ai été un peu surprise, expliqua-t-elle aussitôt en espérant ne pas avoir froissé Solveig et après s’être calmée. Louis, Leiftan, enchantée.

    Et elle se mordit la joue pour ne rien ajouter, laissant la centaine de questions qui avait jailli dans sa tête mourir sur ses lippes. Les deux âmes contribuaient à la bonne ambiance générale et mettraient sûrement beaucoup d’entrain et d’ardeur au voyage. Ivara rendit son franc sourire à la soldate, acquiesçant tout en montant à son tour sur le chariot, côté conducteur.

    - Appelez… Appelle-moi Ivara, dans ce cas. Je suis habituée au vouvoiement avec mes clients, alors je comprends ce que veut dire ton capitaine. Mais, puisque nous sommes entre nous, autant nous en débarrasser !

    Elle attrapa les rênes et toute la petite troupe se mit en route. La sculptrice connaissait bien les rues de la Capitale, un peu exigües mais praticables. Le cheval était une vieille bourrique, mais elle le louait tout comme le chariot, et n’avait donc pas vraiment eu le choix du canasson. Au moins, elles étaient sur un élément stable qui roulait relativement bien.

    - C’était une demande un peu spéciale. On m’a prévenu y’a deux jours que tu viendrais. Je pense que c’est surtout parce que celui qui m’a commandé cette sculpture avait l’argent nécessaire et qu’il tenait à ce que sa sculpture arrive à bon port. J’ai jamais livré aussi loin, c’est une première ! Mais ça me rend heureuse et… Un peu fière, aussi !

    Se mordant l’intérieur de la joue une nouvelle fois, elle s’empêcha d’en ajouter davantage. Mais qu’est-ce qu’elle avait envie de parler ! Elle se rendait doucement compte que de tels contacts lui avait terriblement manqué. Tout semblait particulièrement simple aux côtés de Solveig, alors qu’elles étaient ensemble depuis moins d’une heure. « Ne t’emballe pas, Iva. Reste calme. Ne commence pas à trop en raconter même si tu en meuuuurs d’envie ! Souviens-toi avec la Lehnsherr, la dernière fois. Bon, ok, la situation était largement différente. Mais rappelle-toi quand même ! Ne pas trop en dire. Reste calme… Même si ça fait du bien d’avoir une conversation normale avec quelqu’un. Respire… ! » , se réprimanda Ivara toute seule.

    - Et toi, que faisais-tu de passage dans la Capitale ? C’est vrai que c’est plutôt une aubaine que tu sois présente. Autrement, j’aurais eu le droit à un vieux ronchon pas content de quitter les murs de la ville !

    Un bref instant, elle tourna son faciès vers la combattante pour lui sourire, puis riva ses yeux droits devant elle pour ne pas écraser un piéton par inadvertance. Heureusement, le chemin jusqu’aux portes de la Capitale se déroulait sans encombre.

    - Tes… Tes âmes artificielles, elles ont une conscience propre ? Se hasarda-t-elle à questionner. Je… Je veux pas les vexer si c’est le cas ! Je suis juste un peu curieuse de savoir comment une dague et un gant peuvent se mettre à parler. C’est un maléfice ?

    Parce que dans les rayons des maléfices qui plaçaient une conscience dans un autre corps - ou objet - matériel, elle était bien placée pour en parler. Et, puisqu’elle n’avait pas eu l’occasion d’en voir avant, elle tenait peut-être là quelques réponses sur le fonctionnement de quelque chose. Autant qu’elle se raccroche à cet espoir, même s’il était probablement vain. C’était ce qu’il y avait de mieux pour son mental.
    Et puis, elle avait surtout été incapable de laisser toutes ses questions sans réponse. Elle en avait encore une foule à poser. C’est bien pour ça qu’elle était revenue sur le sujet.

    - Au moins, tes journées doivent être bien remplies avec ces deux-là. Ils ont de la conversation.

    Contrainte d’arrêter le chariot parce que quelqu’un avait la priorité, elle en profita pour regarder son compagnon de route. Ses yeux étincelaient, brillants de curiosité. Elle avait hâte d’entendre la réponse de Solveig. C’était toujours plaisant d’entendre les autres narrer leurs péripéties. Et puis, avec son métier, elle devait sûrement en avoir des tas. La manieuse de verre s'imaginait déjà dans quelles circonstances elle avait pu recueillir ses âmes un peu particulières.

    Le groupe se remit en route quelques minutes plus tard, poursuivant son premier périple jusqu’à la sortie de la ville.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Ven 5 Mar 2021 - 22:03 #
    Si ses journées étaient bien remplit ? C’était le moins que l’on puisse dire. Que ce soit en raison de son travail, de son fils ou de ses compagnons de route elle n’avait jamais une minute de répit. Une rythme de vie qui n’aurait probablement pas satisfait bien des gens mais dans lequel Solveig s’épanouissait parfaitement, elle et son hyperactivité maladive. Toutefois elle ne crachait pas sur des moments comme celui-ci ou elle n’avait rien d’autre à faire que regarder le paysage et écouter une demoiselle, somme toute candide, lui poser des questions. Après réflexion elle accepterait plus souvent ce genre de voyage car celui là en tout cas promettait d’être amusant. Baillant aux corneilles elle avait laissé tout le loisir à Ivara de parler, d’une bavarde à une autre elle ne pouvait que comprendre le besoin impérieux de déblatérer tout ce qui lui passait par la tête. Dans le cas de la garde, elle ne se rendait même pas compte de ce qu’elle disait dans la majeur partie des cas. Comme si le filtre dont la majorité des humains étaient dotés ne lui avait pas été fournis à la naissance. D’aussi loin qu’elle se souvenait cela lui avait posé moult problème, et pas qu’avec ses amis. Mais elle était ainsi faites, et ne voyait absolument pas le mal à parler beaucoup, ni à dire ce qui devait être dit. C’est ainsi qu’elle attendit tranquillement, tout comme ses âmes, de pouvoir discuter. Lorsque ce fut fait, Leiftan, qui l’écoutait avec avidité depuis le début fut le premier à répondre.

    - Tu n’as jamais vu d’âme artificielle ma belle ? Pourtant c’est rependu ! Enfin… Dit-il en soupirant.

    Ne voyant pas la nécessité de continuer à le porter Solveig le retira et le posa sur le banc. Immédiatement il se mit à bouger, soulignant ses paroles de gestes grandiloquents semblable à ceux de n’importe quel humain.

    - Sans compter qu'il en faudra plus pour nous vexer ! Mh… Quoi que concernant Louis… Il accusa un instant d’hésitation. - C’est un vieux de la vieille, le genre qui n’évolue pas avec son temps si tu vois ce que je veux dire. Des fois je me demande si il a même conscience de son état.

    - Il en a conscience et tu le sais très bien. Rétorqua Solveig en s’étirant sur son banc, étendant ensuite ses jambes puis passant ses bras derrière sa tête. - Elles ont une conscience propre, mais aussi un libre arbitre. Du moins quand elles peuvent bouger. Leiftan est un bon compagnon mais pour ce qui est des explications c’est une catastrophe.

    - On ne peut pas être bon partout ma lady ! Dit-il en imitant la pose des bras de Solveig avec les quelques doigts de tissu.

    - Effectivement. Ils ont aussi leur personnalité. Louis est… Comme un petit vieux ronchon. Je me demande même si il a un jour aimé être une dague, j’imagine que c’est pour ça qu’il a été vendu. Je l’ai moi-même acheté par hasard. Il dort beaucoup alors quand j’ai acheté la dague… Eh bien je n’ai pas su tout de suite ce qu’elle contenait. Et comme pour confirmer ses paroles le ronflement de ce dernier ce fit entendre. - Il est trouillard aussi et je suis bien contente qu’il ne puisse pas bouger, sinon je ne pourrais jamais l’emmener au combat. Ah et il s’évanouit très souvent aussi. Elle haussa les épaules l’air de dire « c’est ainsi » puis reprit la parole. - Leiftan quant à lui est…

    - Une âme exceptionnelle ? Vaillante ? Délicate ? Cultivée ?  Intrépide ! Charmeuse peut-être ? Débita le principal concerné.

    - Bavarde. Trancha la demi chiraki.
    - Ça marche aussi. Maugréa-t-il.
    - Eheheh… Elle planta un doigt dans le gant qui émit un frisson avant de se tortiller plus vers Ivara. - Les âmes ne sont pas des maléfices, elles sont créer artificiellement -ne me demande pas de te dire comment je n’en ai aucune idée – puis insufflée dans des objets. Leiftan est une nouvelle âme par exemple, j’ai moi-même choisit l’objet. Tu devrais t’en acheter une Ivara, ce sont de sacré compagnon de route. Le seul problème là dedans c’est de tomber sur une âme qui a bon caractère.

    De nouveau elle tendit la main pour enfiler son gant ; ce dernier lança une blague subtile mais néanmoins vaseuse sur le passage des doigts de Solveig dans les tréfonds de son être. Un rire idiot plus tard il se tue afin d’écouter la conversation qui avait reprit alors que leur haridelle s’engageait sur la voie royale aux portes de sortie de la ville.

    - En tout cas je suis contente d’être tombée sur toi ! Avant ça j’étais en mission près de la Forteresse et tu peux me croire ni la compagnie, ni le temps ne sont sympathique. Et puis ça va faire un moment que je ne suis pas rentrée à la maison, ça ne peut pas faire de mal. Non ? Elle émit un petit rire et glissa un regard en coin à la blonde. - Tiens, toi qui disait n’avoir jamais livré aussi loin, tu es déjà aller au Grand Port ? Tendant la main elle se saisit d’une des mèches blondes d’Ivara. - Tu as plutôt des airs nordiques à vrai dire ! Puis elle rit tout en la relâchant, attendant sagement qu’elle réponde à ses interrogations. - En tout cas si tu veux faire un séjour touristique dans le coin, vient sonner chez les Prêth. Ma sœur est une statue de granite, ça devrait te plaire. Railla-t-elle.  
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Lun 22 Mar 2021 - 17:06 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Ivara


    La discussion qu’ils avaient tous les quatre offrait un aperçu de l’ambiance qui dominerait tout le long du trajet, du moins l’espérait-elle. La tisseuse pouvait se rendre compte des personnalités bien distinctes et propres du gant et de la dague. Qu’une telle singularité existe la rendait encore plus curieuse et faisait naître encore plus d’interrogations. Une idée, fugace et affreuse, traversa même son esprit. Durant un court instant, elle se demanda si elle pouvait transférer la conscience du mercenaire dans l’une de ses sculptures. Elle pourrait la créer sur mesure et, puisque le gant semblait pouvoir se déplacer, peut-être Inaros pourrait-il aussi animer la statue ? Mais sa bonté naturelle chassa rapidement cette pensée. Elle ne pouvait pas se résoudre à enfermer Inaros dans du verre, lui qui avait connu la chair. En écoutant les explications de Solveig, ce ne semblait pas être le cas de Louis et Leiftan. De toute façon, elles sont conçues artificiellement. À quoi tu t’attendais ?.

    Ivara jeta un coup d'œil au gant lorsque celui-ci fit une blague de mauvais goût, se demandant comment elle avait pu voir le jour. Certainement dans l’atelier d’un grand enchanteur, mais dans quel dessein ? Vivrait-elle éternellement ? Pouvait-elle réellement ressentir des sentiments si propres au caractère humain ? Ivara se doutait bien que la joyeuse soldate n’aurait pas les réponses à ses questions. Ce dont Ivara ne se rendit pas compte, c’est qu’elle s’intéressait à certains éléments techniques auxquels elle n’aurait accordé aucun crédit auparavant. C’était bien la maniaquerie de l’homme à tout faire qui résonnait dans sa propre tête. Cependant, les deux esprits se mélangeaient petit à petit et trop subtilement pour que la manieuse de verre s’en rende compte - contrairement à Inaros qui avait déjà remarqué avoir certaines pensées qui ne lui appartenaient pas.

    - Si un jour je me mets à faire plus de route, j’y penserai ! Merci pour tes explications, Solveig. Je suis installée à la Capitale depuis peu et mes parents n’en ont jamais eu…

    Un mensonge de plus à ajouter à sa liste. Ce compagnon de route, elle l’avait déjà mais elle ne pouvait pas en parler et la mention de ses ascendants voila son regard pendant un instant. Elle était certaine qu’un tel présent aurait fait plaisir à son paternel, pour l’accompagner dans sa retraite bien méritée.

    - Et merci à toi aussi, Leiftan ! Même si c’est répandu, je ne sors pas beaucoup de mon atelier et je n’ai jamais vu un de mes clients en avoir une… Ou alors, il la cachait très bien. Et pour Louis... Ce doit être terrible d’être une dague un peu, euh, trouillarde.

    Elle fit bifurquer leur convoi dans une énième rue, apercevant au loin les portes de la ville. Ils s’en rapprochaient assez vite, suffisamment pour qu’ils les franchissent et que toute la troupe se retrouvent bien vite en-dehors de la Capitale. Bien que cloîtrée dans son atelier à longueur de journée, elle avait eu l’occasion de sortir un peu par les plaines ces derniers temps. En général, ça ne se passait pas toujours comme elle l’avait prévu et elle en ressortait souvent avec quelques bleus. La faute au mercenaire, évidemment. Cette fois, elle espérait être plus préparée. Le vent frais lui faisait finalement du bien et elle prit une grande inspiration pour s’imprégner des odeurs de campagne. Une véritable citadine. Le paysage était radicalement différent de celui qu’il venait de quitter. Ici, malgré les routes, la verdure dominait. Il y avait aussi les champs qui offraient une multitude d’autres couleurs au panorama, bien qu’en cette saison il ne pousse plus grand-chose. Quelques villages se dessinaient au loin. Ses parents vivaient dans l’un d’eux. Elle ne pourrait pas s’arrêter pour aller leur rendre visite, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des mois, et la culpabilité s’immisça dans son cœur.
    Heureusement que la bonne humeur de Solveig était présente pour permettre à la jeune femme de ne pas s’enfoncer dans ses idées noires.

    Elle eut un geste de recul et de surprise lorsque les doigts de la chiraki s’emparèrent d’une de ses mèches blondes. Peu habituée à être touchée, elle ne s’y était pas attendue. Les épaules un peu crispées, elle essaya de se détendre tout en adressant un sourire d’excuse à Solveig.

    - Désolée, mauvais réflexe…, elle grimaça pour ponctuer sa phrase et s’empressa d’ajouter. Tu trouves que j’ai des airs nordiques ? Je ne crois pas qu’on m’ait déjà parlé de ça… J’ai bien une cousine qui est de service à Forteresse, mais c’est tout… Elle a grandi à la Capitale, comme moi ! Et, puisqu’elles étaient aussi bavardes l’une que l’autre. Tu l’as peut-être croisé ! Elle s’appelle Bridget. Ce serait rigolo. Je crois qu’elle est lieutenant là-bas ! J’ai un peu de mal à retenir les grades… Enfin, si tu ne l’as pas croisé, c’est pas bien grave puisque la compagnie n’était pas si bonne ! Ça te permet au moins de passer par ici pour m’accompagner jusqu’au Grand Port, je ne suis pas contre. Je n’y suis jamais allée. Vous avez des spécialités là-bas ? Des choses que je dois absolument voir avant de repartir ? Enfin, tu viens de me parler de ta soeur et de guide touristique mais je ne voudrais pas vous embêter… Ils doivent tous être impatients de te revoir.

    Et, puisqu’elle attendait quand même que Solveig réponde à ses questions avant d’enchaîner, pour ne pas qu’elles soient noyées sous un flot d’informations, elle attendit patiemment ses réponses.

    - Tu penses qu’on va tomber sur des bandits ? Pour tout te dire, la dernière fois que j’ai dû livrer quelque chose, le manoir avait été piégé par une sorte de… Une puissante magie qui m’a fait tomber dans les pommes. Celui qui m’accompagnait est aussi tombé dans les pommes. C’était un aventurier.

    Un aventurier dont elle n’avait plus de nouvelles et c’était peut-être pour le mieux.

    - Enfin, à part pour faire de la revente, je ne vois pas pourquoi on viendrait s’attaquer à la sculpture. Et puis, personne ne sait qu’on part là-bas. Bon, à part l’acheteur. C’est pour un cadeau de mariage ! Tiens, d’ailleurs, tu me dis quand tu veux prendre les rênes !
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Mer 24 Mar 2021 - 22:19 #
    Il aurait fallut être aveugle pour ne pas se rendre compte du mouvement de recule qu’avait effectué Ivara. Solveig ne s’en offusqua pas, d’une nature tactile il n’était pas rare que les gens n’apprécient pas les contacts aussi direct. Cela faisait donc bien longtemps que les esquives de ses vis-à-vis étaient devenue monnaie courante, ce qui ne l’empêchait pas de continuer. De toute façon, comme elle aimait à le dire « Chassez le naturel, il revient au galop ». Sans la déranger un instant de plus elle se ré-adossa au banc, fermant les yeux pour écouter les paroles de sa camarade pendant que le soleil du matin réchauffait doucement son visage de ses rayons. Si elle écoutait distraitement, oubliant plus ou moins les détails qui ne l’intéressait guère, elle prêta toute l’attention qui fut du à un nom. Bridget. Il lui parla plus que de raison et un pli concentré naquit entre ses sourcils blanc. « Bridget, Bridget… » répéta-t-elle en boucle. Puis soudainement, une cascade de cheveux d’or, la droiture d’un manche à balais et une armure d’apparat que Lucy elle-même aurait pu jalouser ! « Le solstice ! » s’écria son esprit alors que sa bouche s’ouvrait sur un simple « Oh » étonné. La ressemblance entre les deux jeunes femmes n’était pas frappante, même si elles étaient toutes deux dotées de traits fins, ceux d’Ivara étaient plus juvéniles que ceux de sa cousine. Toutefois, elles partageaient la même chevelure à se damner.

    Solveig n’était pas de ceux sachant cacher leurs émotions, aussi, dès que son cerveau réussit à mettre le doigt sur l’identité de la cousine de la sculptrice, son visage s’éclaira et un sourire qui monta jusqu’à ses oreilles zébra son visage. Prenant sur elle, elle n’interrompit pas le flot de parole, et tenta même de se concentrer dessus afin de ne pas répondre complètement à côté de la plaque. Mais déesse qu’il était difficile d’empêcher ses pensées de filer à toute allure.

    - Pour ta cousine, ce n’est pas une grande blonde qui à l’air d’avoir un manche à balais dans le soupirail rectal ? Demanda-t-elle de but en blanc. - Si c’est bien elle je l’ai rencontré au bal du solstice, au palais, pendant la saison froide ! Gigotant sur son assise, elle darda un regard vif sur Ivara. - Elle est amusante ! On dirait Thépa en blonde ! Elle pouffa, sans se rendre compte qu’en dehors d’elle et ses âmes personnes ne savait qui était Thépa. Malheureusement Solveig n’était pas du genre à s’arrêter sur ce genre de détail, aussi elle poursuivit avec un débit de parole vertigineux. - Du coup je ne l’ai pas croisé effectivement, je n’étais pas à la Forteresse même. Enfin si, mais seulement pendant une nuit alors… Après j’ai été dépêché sur un campement du septentrion. Bref, pas là où on trouve un lieutenant ! Un sourire vide d’émotion flotta sur ses lèvres lorsqu’elle repensa au temps qu’elle avait passé aux abords de la cité enfouie. A Galéa qui, pour faire vivre sa famille avait été prête à mettre en péril un royaume, à la cité en elle-même sombre et mortelle dont elle aurait pu jurer que les ombres la guettait encore et surtout à Calixte et à la chose qui grandissait en lui. Un frisson parcourus son échine et il lui fallut un élan sincère de volonté pour sortir de sa torpeur. Ses yeux vairons revinrent se poser sur la jeune femme à laquelle elle sourit simplement.

    - Le pichon braisé. Tu dois absolument manger le pichon braiser de la taverne qui donne sur le quartier touristique! Il y a aussi les quais à visiter, si tu aimes les bateaux. Des birèmes, des voiliers, la navale… Je déteste ça… Les bateaux… Soupira la chiraki. J’ai le mal de mer. Ironique quand on sait que je suis née au Grand Port. Va comprendre. Elle haussa les épaules. - En tout cas tu as de quoi faire et si tu veux mon avis, tu devrais surtout aller faire un tour à la Ville Aquatique. La grande oubliée mais crois moi, si il y a un endroit à visiter c’est bien celui là ! Tu as déjà vu une ville sous une bulle ? Et le marché au coraux ! La coupole de Saphir ! De nuit ! Ses mains se mirent à applaudir d’elle-même alors que ses oreilles étaient toutes dressées et dirigées vers Ivara. - Il faut vraiment que tu prennes des vacances au sud !

    Son entrain fut coupé net par les réflexions impromptue de sa nouvelle amie. Son doigt passa sur son menton avant qu’il ne monte jouer avec l’une de ses propres mèches de cheveux.

    - Difficile à dire. Fouillant dans son sac à dos elle sortie une carte qu’elle déplia sur ses genoux. - Ici c’est la capitale, là le grand port. Je compte emprunter la voie royale autant que possible. Elle est bordée de villages et d’auberges, ce qui veut dire qu’il y aura également des gardes. C’est le chemin le plus gardé. Cependant… Elle montra du doigts un léger crochet sur la carte. - Ici, j’aimerais passer par la plaine. La voie est un peu moins sûre  mais elle nous ferait gagner un jour ou deux. Et on ne s’éloignerait pas tant que ça de la voie principale. Quand la souffleuse de verre eut finit de regarder la carte, Solveig la roula de nouveau avant de la ranger puis elle tendit les mains pour prendre les rênes. - Profitons des grandes routes, je vais prendre le relais. Je te les rendrais avant d’entrer dans le prochain village !

    Ainsi elle intervertirent leurs places. Solveig, que la chaleur grandissante mettait de bonne humeur se montra encore plus bavarde. Elle lui raconta à quel point sa petite sœur, lieutenante par le passé, avait réussit à se hisser dans les hautes sphères de la garde avant elle, puis elle lui conta également sa déchéance et la mort de la Valkyrie Adilys dont elle avait prit la place. Lorsqu’elles s’arrêtèrent pour le repas du midi, Solveig sortie de son sac quelques mets déjà préparés qui leur permettraient de tenir jusqu’à Merilen, le village où elle avait prévu de faire halte pour la nuit. Il ne fallut pas moins que l’équivalent de deux fois le repas d’Ivara pour sustenter la chiraki, qui, si ça n’avait tenu qu’à elle aurait bien mangé une part de plus. Ensuite elles reprirent la route. Bien en peine dans les petites rues exigu des villes et village, la soldate préféra reprendre la place de conductrice maintenant pour la libérer dès qu’arrivèrent les premiers signes de civilisations. Elle était prête à parier qu’elle aurait été parfaitement en mesure de briser au moins une roue à leur chariot.

    Merilen était l’un des grands villages sur la route du Grand Port, son commerce était florissant et il était surtout connu pour produire l’une des meilleures bières du royaume. Ainsi il regorgeait de taverne, d’auberge, de bière et surtout d’ivrogne. Toutefois l’atmosphère était légère, les gens détendus et agréables contrairement à ce que l’on pouvait attendre. La nuit tombant l’ambiance changeait quelques peu ; si elle ne devenait pas hostile, il n’était tout de même pas recommandé d’aller faire un tour seul la nuit. Par chance, Solveig connaissait plutôt bien le petit village pour y avoir séjourné à plusieurs reprise. Elle guida donc Ivara au travers du dédale de petites rues. Au loin l’horizon se teintait d’une douce couleur orangée qui annonçait le début de la soirée, c’est à ce moment que Solveig tapota le bras de sa compagne pour lui indiquer de s’arrêter.

    - C’est ici. Dit-elle en désignant un petit établissement. Ce n’était rien de grandiose – aucune chance d’y trouver la fine fleur de l’aristocratie – et il était principalement fréquenté par des aventuriers de tout bord et quelques gardes. Sautant de la carriole, avec sa besace dont sortie une nébuleuse bleue qui émit des éclairs, elle se tourna vers la jeune femme. - Je te laisse aller réserver les chambres. Je vais m’assurer qu’on s’occupe de notre monture et de mettre ton œuvre à l’abri ! Au passage elle lui confia son sac à dos, qui pesait largement son poids puis partie tranquillement au rythme des sabots fatigués de l’haridelle. Dès qu’elle gagna l’écurie attenante, un jeune garçon se précipita à sa rencontre avant de la saluer bassement.

    - Bonjour m'dame !
    - Bonjour, dit distraitement Solveig, - J’ai besoin que tu t’occupes de mon cheval et montre moi ou je peux ranger le chariot.

    D’un coup de nez le garçon lui montra un encastrement un peu plus loin. Fugace fut le sourire qu’elle lui offrit avant de s’atteler à libérer sa bête. Quand ce fut chose faites, elle manœuvra de façon à ce que leur cargaison soit le moins visible possible. Quand ce fut fait, elle s’assura en soulevant le drap qu’aucun morceau de verre n’avait décidé de se fendre. Tout était parfaitement en ordre.  

    « Reste ici et surveille pour la nuit. »
    «  Obligé ? »
    « Je n’ai personne d’autre pour ça Aza... » Soupira-t-elle mentalement.
    « Pas seul. » Grogna le teisheba.

    Retirant son gant, qui protesta, elle le déposa sur le banc.

    «  Je te laisse Leiftan. Si il se passe quoi que ce soit, préviens moi. Même si je dors. »
    « Humpf… Oui. » Grommela l’esprit primitif.

    - Toujours les mêmes qu’on plante dans la grange ! Râla Leiftan, coutumier des petites excentricités du teisheba.

    - A plus tard ! Et sans demander son reste, Solveig fila à l’intérieur de l’auberge pour retrouver Ivara. Il ne fallut pas longtemps pour la trouver, entre ses cheveux blonds qui étaient aussi discrets qu’un fut de bière dans un magasin de verre et les œillades que lui lançait la table d’aventuriers à côté, il était difficile de ne pas la voir. Un léger sourire aux lèvres, elle prit place en face d’elle, se laissant choir sur sa chaise. - Je vais finir avec les fesses plates à ce rythme ! Gémit-elle.    
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Lun 29 Mar 2021 - 18:43 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Ivara


    Bridget et Ivara ne se ressemblaient pas tellement, mais elles étaient bien de la même famille. La première était aussi plus âgée que la deuxième et, en plus de ne pas exercer dans la garde, Ivara n’avait pas à subir les intempéries et le froid du grand nord. Finalement, il ne leur restait que cette chevelure blonde en commun. Leurs jeux d’enfants avaient rapidement été abandonnés par le devoir de Bridget envers le royaume et la déesse. Elles s’étaient recroisées il y a peu, dans des circonstances que la sculptrice de verre aurait aimé différentes et, bien qu’elles se soient promis de se revoir et qu’elles s’échangent quelques lettres, elles n’en avaient pas eu l’occasion. Ainsi, apprendre que sa cousine s’était rendue au bal du Solstice sans même prendre la peine de venir la voir la vexa légèrement. Elle n’était aussi pas certaine d’approuver complètement la description de Solveig, mais au vu des caractères des deux soldates, cela ne l’étonnait pas. Enfin, jusqu’à ce qu’elle précise qu’elle l’ait trouvé amusante, ce que confirma Ivara en un grand hochement de tête. La demoiselle aux yeux vairons, aussi pipelette qu’elle, ne se départissait pas de sa joie de vivre à son plus grand ravissement. La tisseuse de verre lui posa ensuite quelques questions sur sa sœur, Thépa, osant même lui demander si elle aussi possédait les petites particularités physiques de Solveig. Elle s’était ensuite un peu empourprée, demandant à Solveig de la pardonner si elle estimait cette question trop maladroite. Puis elles enchaînèrent sur les spécialités du sud. Ivara ne s’était jamais rendue ailleurs que dans la Capitale et dans le petite village, juste à côté, où elle avait vécu plus jeune. Elle savait monter à cheval et conduire une charrette, ce qui était déjà pas trop mal pour ce vers quoi elle s’était destinée. Puis quelqu’un, elle ne savait pas trop où, en avait décidé autrement en lui collant un mercenaire dans la peau qui s’était occupée de l’entretenir physiquement. Alors, oui, elle se sentait plus endurante, plus musclée et plus apte à soulever des charges, mais elle n’était toujours pas sortie plus loin que la Capitale pour autant. Voyager dans Aryon ! C’était une idée tentante, qu’elle réalisait actuellement - si tant est qu’un déplacement lié à des motifs professionnels soit vraiment de sa volonté propre d’explorer un peu le royaume. Enfin, avec tout ça, jamais elle n’avait pensé à prendre des vacances et encore moins aussi loin de chez elle ! C’était une raison de se questionner pour savoir si elle allait se poser quelques jours là-bas. Inaros approuverait sûrement… Quoique, avait-elle vraiment besoin de l’avis du mercenaire pour prendre des vacances et être là où elle voulait ? Il était déjà au courant qu’ils se déplaçaient pour assurer une livraison et, de toute façon, Ivara ne s’était pas attendu à ce qu’il puisse refuser quoique ce soit. Lasse de sa situation, elle avait besoin d’indépendance et de liberté.

    Ivara approuva le chemin choisi par Solveig lorsqu’elle lui montra une carte d’Aryon. Il restait sûr et, en même temps, prendre un raccourci au travers des plaines semblait être un moindre mal. Et elles parlèrent, encore et encore…

    En arrivant à la première étape de leur voyage, Ivara admira les constructions des maisons de Merilen. Elles étaient différentes de ce qu’elle avait l’habitude de voir. Mais le soleil commençait déjà à se coucher, ce qui ne laissait pas la possibilité à la jeune femme d’en découvrir davantage. Elle se fia complètement à la soldate qui la conduisit jusqu’à l’auberge. En y arrivant, elle descendit à son tour de leur moyen de locomotion et s’étira les bras et les jambes. Quelques-unes de ses articulations craquèrent, surtout celles des épaules, et elle se réjouit de pouvoir passer la nuit dans un lit. C’était d’ailleurs la toute première fois qu’elle allait dormir dans un établissement comme celui-ci ! Elle espérait donc que la literie serait confortable, et que ce ne serait pas un nid à punaises… Mais elle faisait suffisamment confiance en l’autre jeune femme pour se dire qu’elle ne l’aurait pas conduit jusqu’à un trou à rats. C’est donc tout naturellement qu’elle la laissa prendre soin de son ouvrage, vérifiant juste avant au passage avec elle que tout était en ordre, et prit le chemin le plus long pour aller jusqu’à la porte du relais. Elle avait bien besoin de se dégourdir les gambettes. En entrant, elle constata que l’ambiance était plutôt sympathique, détendue et conviviale. Par-delà le brouhaha des conversations, il y avait aussi un fond musical qui était de la meilleure des augures. Elle fit les réservations nécessaires pour deux chambres, puis commanda également le repas. Elles l’avaient bien mérité, après autant d’heures passées sur les routes. Son pantalon en toile lui collait les fesses, ce qui était assez désagréable. Elle avait hâte de pouvoir se changer !

    Puis, elle s’installa à une table libre et attendit que son acolyte revienne. Une question la taraudait toujours : devait-elle ou non prévenir Solveig qu’elle aurait sûrement des sautes d’humeur dès demain matin ? En règle générale, et dès qu’ils le pouvaient, ils s’étaient mis d’accord pour faire croire qu’il y avait des jumelles dans l’histoire. Or, Solveig allant rester exclusivement avec Ivara, c’était l’autre solution qui était préférée, à savoir… Déclarer une espèce de maladie mentale, des sautes d’humeur, qui intervenaient assez fréquemment et qui ne devaient pas inquiéter la personne avec qui elle était. Elle aurait bien aimé pouvoir dire la vérité mais, eh, c’était une option qui n’était pas du tout envisageable. Une serveuse déposa deux chopes de la bière locale sur la table, et Ivara la remercia avec un sourire chaleureux. Cela l'empêcha de soupirer toute seule, elle serait obligée de mentir à l’attachante Solveig et ça ne l’enchantait pas du tout. Elle avait l’horrible sentiment que toutes ses relations se basaient exclusivement sur le mensonge.

    Plongée dans ses réflexions, elle ne fit pas attention aux regards des aventuriers juste à côté. Ce fut Solveig qui l’en extirpa, et elle lui adressa un sourire bienveillant et compatissant.

    - Pareil ! Je n’en peux plus et j’ai bien hâte qu’on puisse aller dormir bien au chaud ! Tout s’est bien passé ? Elle ne doutait pas que Solveig avait correctement fait son travail, mais la question méritait quand même d’être posée. Si j’ai bien compris, il y a un potage de légumes ce soir mais aussi une belle pièce de sanglier. Ce sont les aventuriers qui l’ont chassés. Ivara attrapa ensuite sa pinte et la leva pour trinquer avec la soldate. À notre voyage !

    Ivara but une bonne gorgée du breuvage, appréciant sa texture et son goût.

    - Il faut aussi que je te parle de quelque chose…, commença-t-elle à dire, un peu hésitante sur la formulation qu’elle allait employer. C’est à propos de demain… Rien de grave, je t’assure mais… J’ai… J’ai quelques sautes d’humeur, par moment. Je ne contrôle pas vraiment et… Il se pourrait bien que ça arrive pendant notre voyage, alors je préfère te prévenir.

    Ce n’était pas très clair comme explications et, devenant rouge de honte sur sa condition, elle cacha son faciès derrière la boisson en enquillant une deuxième gorgée. Peut-être but-elle un peu trop vite, parce qu’elle manqua de s’étouffer et qu’elle se mit à tousser en devant placer ses deux mains devant sa bouche pour éviter de cracher sur qui que ce soit. Désormais encore plus rouge et ayant un peu chaud, elle s’éventa une fois la crise passée et adresse un regard d’excuse à Solveig.

    - Enfin… Voilà… Rien de bien grave mais parfois j’ai aussi des pertes de mémoire sur certaines choses…

    Elle préféra s’arrêter là, attendant la réaction de la jeune femme. Inaros ne tarderait pas à faire son apparition, d’ici une paire d’heures. Avec le voyage, elle se sentait en plus extrêmement fatiguée et aurait beaucoup de mal à maîtriser son heure d’endormissement. C’était toujours à ce moment-là que se pointait l’homme à tout faire et qu’elle disparaissait pour les vingt-quatre heures suivantes.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Dim 4 Avr 2021 - 21:22 #
    Dormir bien au chaud… Une perspective alléchante qui échappait à la jeune femme depuis bien trop longtemps. Ses dernières missions l’avaient entraînés loin du confort d’un lit moelleux, d’un feu de bois revigorant et d’un repas chaud. Dans son souvenir tout n’était que froid et grisaille, vent et blizzard. Elle frissonna tout en songeant à la qualité de cette auberge. Loin d’être aussi cosy que sa chambre chez ses parents mais dont le matelas serait probablement plus confortable que celui au bastion, elle se félicita d’avoir pensé à cet endroit. Sans compter que les prix étaient abordables. Et puis il y avait la bière. Surtout la bière.  

    - A ton œuvre. Dit-elle en trinquant à son tour. - Qui est en parfaite sécurité. Cachée aux écuries, j’ai laissé mon familier là-bas et Leiftan. Si il se passe quoi que ce soit, je le saurais ! Dit-elle en tapotant sa tempe pour signifier qu’ils étaient liés au-delà de simples mots. Après seulement, elle bu à son tour une gorgée salvatrice de houblon.

    Tout autour d’elles les clameurs montaient, d’un côté un aventurier grincheux parlait du grognours qui avait détruit son camps la veille alors que de l’autre c’était un marchant qui se plaignait des temps de voyages de sa cargaison, ainsi que du temps d’attente aux portails de téléportation. Solveig ne leur prêta qu’une oreille distraite, offrant toute son attention à la souffleuse de verre ainsi qu’au jeune garçon de service qu’elle héla. Juste avant que la blonde ne prenne la parole elle commanda deux repas. D’un hochement de tête le garçon disparu dans la foule qui ne cessait de s’agrandir.  

    - Dis moi tout, s’enquit-elle, curieuse comme tout. Elle se pencha même vers l’avant pour déposer son menton dans la paume de sa main. Elle s’était attendu à bien des annonces mais celle-ci la laissa silencieuse, pour une fois. La jeune femme souffrait donc d’une sorte de maladie ? Un contre coup de son pouvoir peut-être ? Solveig n’aurait su le dire, cependant cela toucha son intérêt ; au détriment d’Ivara.

    - Une perte de mémoire ? Tu as tenté de consulter ? Elle fit tourner le liquide ambré dans sa chope. - Peut-être qu’un guérisseur pourrait s’occuper de ça. A quel point changes-tu de comportement ? Je veux dire, moi je t’aime bien, je n’ai pas envie que demain tu tentes de m’étouffer avec mon coussin dans mon sommeil ! Dit-elle en faisant mine de râler. Se tapotant le menton elle poursuivit. - Il y a des choses à dire ou ne pas dire pour éviter ces...Sautes d’humeur ? Elle se serait volontiers concentré sur ses sens pour épier les réactions d’Ivara mais elle préféra ne pas se jouer de sa nouvelle amie, et pour se faire elle se concentra sur le contenu de son verre qu’elle goba sans crier gare. Un second le suivit de près et ce ne fut que l’arrivée des plats qui évita une troisième victime. Finalement elle haussa les épaules. - Moi ça m’est égal. Tu restes Ivara.

    Solveig n’était pas une personne compliquée, il était difficile de s’attirer sa colère ou son amertume. Et si quelques génies y étaient parvenu elle ne pensait pas que ce soit dans les cordes de la sculptrice. Pas plus qu’elle n’aurait pu imaginer que ce n’était pas elle. Qui aurait pu imaginer tel scénario ? C’est donc tout à fait sereinement qu’elle avait poursuivit sa soirée, dévorant par deux fois le repas qu’elle commanda, buvant le double si ce n’était le triple de bière. Finalement, au bout d’une heure et demi, elle voyait deux Ivara et chantait à tue-tête des mélodies aux paroles douteuses avec leurs voisins de tablée. Tout à coup l’un d’eux s’écria « L’arène va bientôt ouvrir ses portes ! » et elle l’imita sans comprendre la teneur de ses paroles, elle devait les crier c’était tout ce qu’elle ressentait en son fort intérieur. Enfin, une petite accalmie se fit sentir et l’ambiance redevint plus intimiste. Parfaitement pompette la garde s’adossa nonchalamment à sa chaise, un coude passé par dessus le dossier. Ses yeux vairons se mirent à courir sur le joli visage en cœur de la blonde et elle lâcha :  

    - T'es jolie. Un ange passa tandis qu’elle sembla réfléchir avant de poursuivre. - Alors, r'conte moi ! J'suis sûre que t'as plein d’amourettes amusantes à me r'conter. Avide de ragot, Solveig se pencha sur la table, dans l’attente d’une de ces histoires croustillantes dont elle raffolait tant.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Mer 21 Avr 2021 - 22:29 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Ivara


    La sympathie de Solveig balaya rapidement les dernières traces rouge sur les joues de la blonde, qui ne s’était jamais imaginée qu’on puisse être aussi avenante et gentille avec elle ; la raison s’incarnant en un mercenaire violent qui lui procurait le sentiment d’être souillée et indigne de recevoir la confiance d’autrui et de la bienveillance. Le breuvage alcoolisé aidait aussi. Sa faible constitution ne lui permettait pas d’encaisser la boisson sans ressentir, assez vite, un léger étourdissement. Elle se mettait aussi à rire bien plus fort tandis que sa langue se déliait - encore plus si c’était possible - pour répondre aux questions de Solveig. Certaines personnes auraient détesté être au milieu de cette conversation. Telles deux véritables pipelettes, il n’y avait pas eu un instant de répit depuis qu’elles se connaissaient et aucune ne se sentait lasse ou fatiguée de cette parlotte. Bien au contraire !

    - Et bien… Non ! Voyons ! S’exclama-t-elle de vive voix, horrifiée à l’idée d’essayer de tuer la garde dans son sommeil. Pendant un instant, elle imagina que le mercenaire l’aurait peut-être fait pour un de ses maudits contrats. Moi, je ne le ferai jamais. Malheureusement, je ne le contrôle pas. J’ai bien tenté de voir du monde mais il n’existe aucun remède.

    Un petit mensonge supplémentaire. Ils n’avaient jamais été voir personne. D’une part parce que c’était bien trop loufoque pour qu’ils espèrent être pris au sérieux par quelqu’un - même le plus aliéné des guérisseurs ou des enchanteurs. D’autre part, parce qu’Inaros était un criminel recherché avant de décéder et qu’il avait tué sa propre mère avant de fusionner dans le corps de la sculptrice. Aux yeux d’Ivara, qui respectait pourtant l’ordre, l’autorité et la hiérarchie, il était impensable que son commerce, qui n’avait que quelques lunes et qu’elle tentait de monter en réputation à la sueur de son front, soit impacté par la présence de cet individu. Elle n’était pas certaine que la justice lui trouve des circonstances atténuantes car, en y regardant de plus près, elle avait couvert plusieurs des méfaits de l’homme à tout faire.

    - Pas de mot magique, ni de danse rituelle ou de, euh, sort à lancer pour que ça ne se déclenche pas. D’après ce qu’on m’a dit, dans ces moments-là, il vaut mieux éviter de trop me parler…

    Inaros détestait ce genre de conservations qui, pour lui, était une perte de temps. Nul doute qu’il enverrait peut-être paître la jeune femme si elle commençait à vouloir trop parler. Ou bien il se renfermerait sur lui-même, ne répondant que par de vagues marmonnements inaudibles. Ivara ne savait pas trop, elle se fiait à ce qu’elle avait déjà vu de lui ; et ils ne se voyaient qu’une minute par nuit, ce qui était bien court comme temps pour se faire une réelle idée et appréciation de l’autre.

    - Mais, ce que tu me dis me touche… Merci Solveig, ajouta-t-elle avec un sourire sincère, posant durant quelques instants sa main sur celle de la garde pour lui témoigner son affection.

    Vint ensuite le repas, qui chassa définitivement les mauvaises idées d’Ivara. Les simples plaisirs de la vie suffisaient en général à la satisfaire, en l'occurrence un bon repas, de la musique et une agréable compagnie étaient très largement suffisants. Le léger tourni s’était transformé en un tourni un peu plus prononcé, bien que son estomac se remplisse aussi de nourriture pour l’aider à absorber l’alcool.

    Cela lui paraîtrait surprenant dans quelques heures, lorsqu’elle serait enfermée dans son propre corps et « endormie », mais elle s’amusait. Elle se divertissait même follement, chantant avec Solveig et les aventuriers des mélodies à faire frémir d’horreur les âmes innocentes. Cette fois, ces joues étaient rouges à cause de la chaleur et de la boisson. Quelques mèches blondes s’étaient échappées de sa coiffure et la sueur sur son front y avaient collées les plus courtes d’entre elles. Les retirant, elle adressa un sourire d’allégresse à Solveig, s’adossant elle aussi sur sa chaise en l’imitant. Elle étira ses bras, tout en rêvassant durant quelques secondes. Là-haut, un lit l’attendait mais elle ne pensait même plus à Inaros.

    Elle se sentait pleinement libre de faire ce qu’elle voulait, ce qui n’arrivait que très rarement. Il y a peu, elle avait également senti cette sensation et Solveig venait de mettre le doigt dessus en lui posant cette question.

    Affichant un sourire un peu niais avec ce compliment, elle balaya l’air d’un geste de la main tout en se rapprochant à son tour de la table. L’heure était aux confidences. Ivara n’avait jamais eu d'amies suffisamment proches pour partager ce genre de moments dès qu’il y en avait besoin, mais elle avait eu des amies et elle avait déjà eu ce genre de conversation. Replongeant quelques années en arrière, elle plaqua pendant un bref instant le bout de ses doigts sur ses lèvres, tout en chuchotant.

    - Tu lis dans mes pensées ! J’étais en train de me dire que je n’avais pas passé de moments aussi amusants depuis la dernière fois.

    Et, puisque Solveig méritait un peu plus d’explications et que sa parole s’était libérée depuis bien longtemps…

    - Parce qu’avec ce que je t’ai dis, je ne peux pas vraiment… Flirter. C’est plutôt compliqué. J’ai eu quelques amourettes oui, plus jeune encore. Mais tu dois savoir ce que c’est ce genre d’amourettes… Ça dure très peu de temps. Et j’étais beaucoup à l’atelier de mon père, pour l’aider, alors je ne pouvais pas vraiment… Même si certains clients ont déjà tenté, mais sous l'œil de mon père, brrr… Ça me gênait tellement ! En plus, certains étaient vraiment trop âgés... Elle s’interrompit pour boire une énième gorgée, d’eau cette fois, avant de reprendre comme si elle racontait une histoire. Mais dernièrement… J’ai réussi à passer au-dessus de, euh, ma « maladie » et je me suis lancée ! Il était si beau ! C’était un aventurier… Il avait de beaux cheveux, tout doux et d’une blancheur… Tu aurais dû voir ça ! En tout cas… Elle plaça son index près de ses lippes, ajoutant plus intimement. Les aventuriers ne volent pas leur réputation de chasseurs de monstres. Ils ont de ces muscles ! À se damner !

    Puis, Ivara se redressa, avec un sourire sur les lèvres, ne remarquant pas tout de suite l’expression de Solveig lorsqu’elle ajouta.

    - Et toi ? T’es toute aussi jolie ! J’espère que c’est pas un milieu trop macho et que tu as quelques histoires à raconter !

    Ses paupières commençaient à être un peu lourdes, mais elle résista, se pinçant légèrement la joue pour se remettre d'aplomb et écouter.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Dim 25 Avr 2021 - 22:04 #
    « La dernière fois ? » s'interrogea Solveig tout en gigotant sur sa chaise pour se rapprocher un peu plus de la jeune artiste. Les ragots étaient un pan entier de sa personnalité, elle les aimaient, les chérissaient comme de vrais petits trésors. Toute curieuse qu’elle était, elle ne perdait jamais une occasion d’en entendre et en l’occurrence Ivara semblait parfaitement disposée à lui faire part des siens. Les oreilles tendues vers elle, prêtent à saisir la moindre de ses hésitations, même ses yeux habiles étaient préparés à faucher le plus petit rougissement. Et la blonde ne lui fit pas défaut, évoquant des amourettes passagères, des flirts inappropriés et autres joyeusetés.

    «  Oh oui je comprend ! » songea-t-elle dans un petit rictus. Toute sa vie n’avait été que relation légère. Sauf deux fois.  La première de ces deux relations avait été un désastre si tant est que le terme fut assez fort. Son premier compagnon, malgré tout l’amour qu’elle avait pu lui porter, avait réduit en cendre la jeune femme qu’elle était à l’époque, piétinant sentiments et fierté sans une once de remords. Si bien que pendant presque dix ans Solveig avait prit grand soin de fuir toute forme d’attachements amoureux, se laissant aller au grès de ses rencontres dans des chevauchés charnelles plus épiques les unes que les autres. Puis un jour, c’était Calixte qui était venu pointer le bout de son nez. Elle ne l’avait pas vu arriver, pas plus que lui jugea-t-elle. Toujours est-il qu’au fil des lunes et des aventures, des lettres et des tourments, le jeune coursier avait construit son nid au plus profond des sentiments de la valkyrie. Lorsqu’elle s’en était aperçue, elle avait voulu fuir -comme lui l’avait fait auparavant. Elle l’avait ardemment désiré. Pourtant jamais elle n’en fut capable, la peine de l’éloignement était plus lourde que sa peur de franchir de nouveau cette limite. Il demeurait néanmoins quelques part, profondément enfouie, une peur indicible qui ne demandait qu’à rejaillir au moment opportun.

    La description de l’amant d’Ivara provoqua chez Solveig une réaction plus que visible ; elle se rembrunit. Oh Fauve n’était certainement pas le seul aventurier aux gros muscles – à la petite cervelle – et aux cheveux blancs. Solveig en était la preuve vivante – bien qu’elle ne soit pas aventurière. Pour autant, elle ne put s’empêcher de faire une remarque.

    - Les hommes aux ch’veux blancs sont des goujats. Crois en mon expérience ! D’ailleurs, elle traça à l’aide de ses doigts deux lignes invisibles, l’une partant de sa tempe jusqu’à la joue opposée en passant par le nez, l’autre prenant une bonne partie du front si ce n’est son entièreté. - Si tu croises un aventurier avec ce type de balafre, des cheveux blancs et qui s’appelle Fauve. Fuit. Parole de Prêth.  Il aura des abdos à se damner mais, un doigt griffu vint se planter dans la poitrine d’Ivara, - Tu ne dois pas céder. C’est un fourbe de la pire espèce. Le genre qui te bercera de belles paroles, t’abreuveras de ses envies mais lorsque tu en auras besoin il s’évaporera comme de la fumée. Instinctivement le poil de ses oreilles se hérissa et elle émit un feulement plus animal qu’humain. - Un connard. Pesta-t-elle en rasseyant correctement, sur sa chaise, bras croisés contre sa poitrine. Maintenant fortement, agacée, Solveig ne connaissait qu’une seule façon de contre-carrer cette émotion désagréable ; son remède se trouvait à une longueur de bras. Le tendant elle attrapa sa choppe et en vida la moitié en un claquement de doigt. L’effet fut presque immédiat ; ses épaules se détendirent, son poils se lissa à nouveau et bientôt elle laissa échapper un soupire d’aise avant de reposer les yeux sur sa compagne.

    - Une histoire à te raconter hein… Un rire franchit la barrière de ses lèvres et elle se pencha vers Ivara pour murmurer sur le ton de la confidence : - Tu connais sûrement, au moins de nom, le Capitaine de la garde du sud… Al Rakija. Si elle n’était pas capable de poser un visage sur son nom, elle devait toutefois l’avoir déjà entendu. Rare était les citoyens d’Aryon qui n’avait pas encore entendu parler du capitaine fantasque et de ses frasques, sans parler de son escadron des Valkyries surnommé à tord « Le harem ». - Eh bien sache que les gardes non plus, n’ont pas leurs pareils en matière de muscles et de damnation. Sauf peut-être Calixte qui, pour sa part, était tout en grâce maladroite et en finesse. Mais pour ce cas, c’était une histoire qu’elle ne voulait pas évoquer comme une simple anecdote, elle était bien plus que cela. - Si tu vois ce que je veux dire… Ajouta-t-elle d’un air innocent, presque en sifflotant. Patiemment, elle attendit que ses paroles fassent leur chemin dans l’esprit de son amie puis, comme elle l’avait fait un peu plus tôt, elle tendit la main et lui pinça doucement la joue. - Tu veux aller dormir ? Il était aisé de remarquer la fatigue sur ses traits.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Lun 26 Avr 2021 - 16:39 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Ivara


    En entendant les propos de Solveig, Ivara faillit s’étouffer à son tour avec son verre d’eau. Elle se retint même d’en recracher une bonne partie, faisant appel à toute sa volonté restante pour garder contenance et ne pas trahir le moindre signe suite à ces révélations. Le problème étant que, ce Fauve, c’était bien lui dont il s’agissait. Elle toussota légèrement, remarquant aussi que Solveig s’était rembrunie et enfoncée au fond de sa chaise en croisant les bras. De toute évidence, ces deux êtres avaient été liés par une histoire, d’amour de toute évidence, qui ne s’était pas bien terminée. Quelques minutes plus tôt, elle aurait creusé le sujet, ici, elle préférait l’éviter et ne pas en demander plus. L’aventurier aux cheveux blancs avait eu l’honnêteté de lui dire qu’il ne chercherait rien avec la sculptrice, pas plus qu’une aventure sur l’oreiller. Ils s’étaient mis d’accord, elle-même étant loin de chercher tout ça. Savoir que Solveig avait pu se faire piéger, par mensonge de l’aventurier ou par les propres sentiments de la demoiselle, donnait envie à Ivara de la prendre dans ses bras pour la réconforter.

    Elle n’en fit pourtant rien, un peu tétanisée par ce coup du sort. Son bras droit s’était arrêté à mi-parcours, retombant mollement sur la table. Il existait tout de même des milliers d’âmes dans ce Royaume. Quelle était la probabilité pour que ça arrive ? Mais Solveig enchaîna rapidement sur ses propres histoires.

    - Le capitaine Al Rakija…, marmonna-t-elle en posant son index gauche sur son menton, réfléchissant. Non, je ne l’ai jamais vu ! Mais je veux bien te croire. Il n’est sûrement pas devenu Capitaine pour rien !

    Et elle renvoya son clin d'œil à l’expéditeur, lui signifiant qu’elle avait très bien saisi ce qu’elle lui racontait. Ces histoires-là étaient plus légères, et elle avait aussi envie de comprendre que les deux jeunes femmes avaient, peut-être, la même propension à enchaîner les amourettes et à profiter de leur vie. Mais elles ne se connaissaient pas encore, elles n’avaient fait qu’effleurer ce qui les constituaient en tant qu’individus. C’était une affaire de temps. Et de confidences.

    L’alcool et la fatigue furent autant de facteurs à la non-réaction d’Ivara lorsque Solveig attrapa sa joue. Elle ne recula pas comme la première fois, se laissant faire en acquiesçant avec nonchalance. Elle était fatiguée, c’était indéniable. Étirant ses bras, elle laissa échapper un bâillement qu’elle couvrit rapidement avec sa paume de main.

    - Oui… On devrait y aller… Enfin on, seulement si tu es fatiguée aussi.

    Elle avait retrouvé son sourire. Les aventuriers à côté étaient loin de somnoler, toujours prêts à repartir dans des chansons paillardes ou à enquiller une énième choppe. Et, tandis qu’elle s’apprêtait à se lever, elle ne put s’empêcher de lâcher.

    - Il faudra que tu me dises pourquoi il a eu le droit à tous ces jolis surnoms. Je suis sûre qu’il les a mérités, mais… Ma curiosité me donne envie d’en savoir plus.

    Elle se leva ensuite de sa chaise, tout en faisant un signe à Solveig.

    - Je vais me coucher, on aura sûrement l’occasion d’en parler plus tard !

    En deux temps et trois mouvements, elle était dans sa chambre et elle s'affala dans son lit, en pyjama. Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était suffisant pour passer une bonne nuit de sommeil. Du moins, elle l’espérait. Elle devait d’abord affronter quelqu’un d’autre avant de pouvoir se reposer. Elle ferma les yeux, se préparant à la confrontation.

    Il était là, adossé contre un mur et attendant qu’elle débarque.

    - Il va falloir qu’on parle rapidement… On est pas à la Capitale.
    (soupirant) - Mais encore ? Tu es en train de fricoter avec un autre aventurier à l’autre bout du Royaume ? Tu t’es téléportée ?
    - Arrête avec ça, c’est grotesque et ridicule. C’est pour...
    - Une livraison, c’est ça ? Et tu t’es déniché un bon toutou pour…
    (haussant le ton) - Arrête ! Tes insinuations m’insupportent, C’EST MON CORPS ! MON CORPS !
    - Ton corps mais nos actes. Et faudra bien qu’tu finisses par l’comprendre. Tiens, t’vas voir c’que j’vais en faire, « d’ton corps ».
    - Salaud ! Qu’est-ce tu comptes faire ?!

    2ème jour.

    Il se réveilla, un grand sourire sur les lèvres. Pour une fois, il n’avait pas haussé la voix. Ils ne se supportaient plus. La conversation était devenue difficile, voire même carrément impossible. Désormais, chacun se contentait de glisser des insinuations perfides. La veille, Ivara avait même complètement refusé de dialoguer.

    Le mercenaire n’avait plus qu’à découvrir ce qui l’attendait et, surtout, de qui elle s’était rapprochée. Il était persuadé que, puisqu’elle avait découvert que l’idée qu’elle puisse coucher avec d’autres hommes l’insupportait car il trouvait ça répugnant, elle s’adonnait à ces plaisirs charnels fréquemment.

    Or, il était seul dans ce lit. Rassemblant les quelques souvenirs d’Ivara où il avait accès, il essaya de reconstituer ce qui s’était passé la veille mais, à part une dague qui parle, un mal de fesses et un long chemin dans la campagne, il ne vit rien de probant. Ah, il y avait bien cette sculpture et un visage féminin qui revenait assez souvent. Mais son identité et leurs conversations restaient floues. Ce n’étaient pas ses souvenirs.

    Rassemblant ses affaires pour se préparer, il prit soin de bander sa poitrine et d’attacher ses cheveux en une longue tresse avant de sortir de la pièce. Au vu de l’architecture du lieu, il était dans une taverne. D’ailleurs, il entendait le bruhaha ambiant, plus bas. Il décida donc de rejoindre la salle commune, se demandant si quelqu’un le reconnaîtrait là-bas.

    Sa fierté lui interdisait de penser qu’il aurait dû écouter Ivara. Il saurait se débrouiller et mener l’enquête.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Jeu 6 Mai 2021 - 21:53 #
    Solveig regrettait amèrement. Hier soir, lorsque Ivara était sagement allée se coucher, qu’elle avait pensé à la suivre, un groupe de joyeux lurons l’avait alpagué et invité à partager quelques verres d’une bière rarissime. Du moins d’après eux car au stade où en était son ébriété cela aurait pu être du vinaigre que ça n’aurait pas fait grande différence. Ensuite ils avaient enchaîné avec une partie de carte où la soldate avait manqué de perdre sa bourse, heureusement sa vue aiguisée lui avait rapidement permit de reprendre le dessus et récupérer sa mise. Ensuite elle s’en était retourné vers sa chambre et le lit confortable qui l’y attendait. Malheureusement une heure -peut-être deux- plus tard, Azazel s’était chargé de jouer les réveils matins. Agité par la présence de plus en plus de monde ; principalement des cavaliers venant chercher leur monture et qui se contrefichaient bien de la carriole entreposé sous une vieille couverture en toile de jute. Ainsi parée de valise digne de ses plus long voyages sous les yeux, elle avait descendu les marches quatre à quatre afin de rallier l’écurie.

    Comme elle l’avait prévu, tout était en ordre. La bâche n’avait même pas bougée d’un pouce. Il n’y avait qu’Azazel, tout agité, qui manquait de foudroyer les imprudents qui approchaient. Ces derniers n’étaient d’ailleurs pas sot et faisaient tous de large détour pour l’éviter. L’envie de pester après le familier fut bien présente mais elle s’en abstint, la fatigue était plus forte. Elle décida donc d’échanger un cristal de petite monnaie en échange du harnachement de leur vieux cheval. Le garçon d’écurie trépigna, ravie de gagner un sous de plus puis lui promis que tout serait en ordre pour le moment où elle et son amie voudrait reprendre la route. « Parfait. » songea la mi-chiraki avant de retourner à l’intérieur.

    Dans la grande salle les tables commençaient à peine à se remplir, l’aube avait percée l’horizon depuis un bon moment maintenant et le soleil dont les rayons timides s’étaient teintés d’un rouge orangé profond était maintenant d’un jaune doré resplendissant. Une belle journée les attendaient.

    La jeune Prêth prit place à l’une des tables qui jouxtait celle qu’elles avaient occupées la veille. Dès qu’elle fut installé elle commanda des dizaines de victuailles ; son estomac criait famine. Lorsqu’elle eut terminée, sa compagne de route n’était toujours pas là. Elle décida donc de l’attendre patiemment en mangeant. Mais une fois encore lorsqu’elle eut terminée pain et fromage, rien ne vint. Décidant de l’attendre pour la troisième brassée de nourriture, elle quitta sa table, prête à monter les marches pour aller à sa rencontre. Ce ne fut pas nécessaire, puisque Ivara daigna enfin pointer le bout de son nez. Toutefois son attitude était différente, c’était évident. Ses cheveux blonds étaient noués en une longue tresse, sa poitrine avait aisément perdu deux tailles et son air lui parut bien moins jovial.

    « Peut-être qu’elle aussi a la gueule de bois ! » Railla-t-elle tout en regardant son amie lui passer sous le nez sans la remarquer. Ni une ni deux, elle lui flanqua une grande claque dans le dos, digne de celle qu’elle réservait à ses compatriotes masculin de la garde puis glissa avec un peu plus de douceur son bras autour de ses épaules avant de l’entraîner à sa suite.

    - J’ai cru que tu te réveillerais jamais ! La nuit à été aussi éprouvante ? Demanda-t-elle avec un air mi amusé mi suspicieux. - J’ai déjà commandé à manger, l’gamin des écuries amène la charrette dans une trentaine de minute et ta statue est en parfait état. Dénouant son étreinte, Solveig retourna s’installer à sa place initiale, piochant immédiatement une pomme dans la corbeille de fruit au centre de la table. Elle croqua dedans tout en posant les yeux sur Ivara. - T’as l’air aussi aimable qu’une porte de prison ce matin, madame est grognon le ventre vide ? Ou peut-être que la petite sauterie d’hier soir était trop violente ? Se moqua la chiraki. - Aller vient. Elle se dépêcha d’engloutir le fruit puis d’attaquer le reste du petit déjeuner.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Mer 19 Mai 2021 - 20:07 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Inaros


    Son premier réflexe fut de dégainer la lame dans son gantelet et de la placer sous la gorge de celle qui venait d’oser lui donner cette tape dans le dos. Par chance pour Solveig, il n’avait pas son gantelet et il esquissa donc qu’un piètre mouvement de son index, fulminant encore plus. Cette journée n’allait pas être de tout repos et, il le prévoyait, insupportablement longue. Cette réalité le frappa de plein fouet lorsqu’il se rendit compte que c’était bien l’insupportable blonde jacassante qui était son compagnon de route. Tout ce qu’il retenait, c’est qu’elle était bruyante, très bruyante, et qu’elle lui donnait déjà mal au crâne. Elle avait aligné plus de mots qu’il n’en avait été capable en une dizaine de minutes et, avant même de pouvoir répliquer quoique ce soit, il se retrouvait devant une table garnie de victuailles. En y réfléchissant bien, cela ne lui ferait pas de mal de se remplir la panse… Bien qu’il se sentait aussi légèrement vaseux. Il avait besoin de boire de l’eau.

    - La sauterie ? Râla-t-il, comme s’il n’avait finalement retenu que ce mot dans tout le touintouin produit par la demi-chiraki ; il venait de repérer ses deux petites oreilles. J’ai fais des choses qu’je pourrais r’gretter c’matin ?

    Il toisa la femme en se demandant, pendant quelques secondes, si c’était avec elle que la sauterie aurait pu être trop violente. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, rapidement, se réfrénant de maudire Ivara et ses impulsivités. Elle avait très bien pu manigancer son coup avant qu’ils ne se rencontrent dans ce demi-monde étrange pendant une minute, se réfugiant dans sa chambre pour qu’il se réveille seul sans savoir si… Ses sourcils se froncèrent. Si elle lui avait fait ce coup-là, il commençait à vraiment mal le vivre.

    - J’vais chercher d’l’eau

    Une fois chose faite, il reprit place sur la chaise face à Solveig - dont il ignorait toujours le prénom - et l’analysa davantage, après avoir ingurgité cul sec plusieurs gorgées. Il ne l’imaginait qu’être aventurière. C’était bien eux qui se chargeaient de certaines escortes, non, puisqu’elle avait parlé de statue dans la charrette ? Ivara, dans sa lubie, avait probablement refusé de passer par la Compagnie Althair qu’il s’était embêté à monter sur pied avec une sacré équipe. Elle avait la carrure pour. Elle semblait plutôt forte et apte à manier une arme. De plus, le salut avec lequel elle l’avait accueilli était plus du ressort des aventuriers. Il était loin de se douter qu’elle était garde, et encore plus qu’Ivara se serait tournée vers eux.

    Au fil de ses réflexions, il attrapa une pomme qu’il grignota à son tour, avant de jeter son dévolu sur plusieurs gâteaux. Manger lui faisait du bien, le rendant peut-être même un peu moins grognon. Il releva la tête après cinq bonnes minutes.

    - C’est quoi l’programme du jour ? On passe par où ?

    Son langage était un peu plus chartier que celui d’Ivara, son « accent des rues » était aussi plus prononcé, bien qu’il ait fait des efforts dessus. Il ignorait si la femme y ferait attention. C’est alors qu’il sursauta en entendant une voix. L’intonation était basse, mais assez haute pour qu’il l’entende de là où il se trouvait. Il plissa les yeux, essayant de déterminer d’où elle parvenait, avant de se rendre compte que cela venait de la ceinture de l’aventurière. Haussant ses sourcils, il décida d’ignorer cette voix.

    - On ferait d’ailleurs mieux d’y aller. Plus vite c’te journée s’ra passée…

    Et il donna le la en tapant des paumes sur la table pour se donner une impulsion et se lever. Il remonta rapidement dans la chambre où il s’était réveillé, rassembla ses affaires et, son sac sur le dos, redescendit tout aussi vite. Il avait hâte de quitter cet endroit, où il s’était peut-être déroulées certaines affaires qu’il préférait ignorer.

    - Allez, on y va l’aventurière…, ordonna-t-il presque en passant devant elle une seconde fois.

    Il s’approcha de la porte, l’ouvrit et inspira un grand bol d’air frais. Non, il n’était définitivement pas prêt à affronter cette journée.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Jeu 27 Mai 2021 - 18:30 #
    Maussade était un mot faible pour désigner le jour sous lequel se montrait Ivara. Ses paroles se perdaient entre deux grognements et son regard pétillant avait laissé place à celui d’un poisson mort, surmonté d’un éclair de colère et de sourcils froncés de temps à autre. A croire que sous cette crinière dorée se cachait plus d’une personnalité ! Néanmoins elle n’avait pas oublié les mises en garde d’Ivara concernant cette « maladie » et ne se formalisa pas. Il n’était pas nécessaire de s’attarder sur un mystère déjà élucidé. Mais elle devait tout de même concéder une chose ; le cerveau humain resterait toujours une énigme à ses yeux. Tout comme sa capacité à oublier des séquences lorsque l’alcool était trop présent. Tout bien réfléchit Solveig n’avait pas l’impression que la soirée d’hier fut si arrosée. La sienne peut-être, après s’être laissé emportée dans le flot des jeux de cartes et de hasard, la bière avait coulée à flot jusqu’à l’y noyer. Mais Ivara, elle, avait fuit la cacophonie bien plus tôt et sans tituber qui plus est. Faisait-elle partie de ces gens à la tolérance alcoolique minime, songea-t-elle avec intérêt en le regardant quitter leur table.

    Lorsqu’elle revint une idée parfaitement saugrenue avait prit forme dans son esprit. Son regard vairon la suivit, sublimé par une lueur d’amusement évidente mais contre toute attente elle garda le silence, sauf pour répondre aux questions évidentes. Les mots d’Ivara lui parurent plus cru, plus sec. Un accent qu’elle n’avait pas la veille perçait également dans les notes devenues disgracieuses de sa voix. Jusqu’à quel point la Ivara de la vieille était-elle devenue imbuvable ? Elles quittèrent la table pour rejoindre les écuries.

    Silencieuse, Solveig se demandait avec un sérieux sincère comment elle pourrait bien redonner le sourire à son amie. Il lui tardait de retrouver ses yeux céruléen si joyeux, son timbre chantant et son rire si facile à obtenir.  

    - Toujours par le même chemin. Dit-elle d’un air distrait, empruntant une petite porte dérobée qui leur permettrait d’atteindre leur chariot sans avoir à passer par la rue principale. Le jeune garçon les attendaient de pieds fermes, pas peu fier de son labeur. Le vieille carne avait le poil lustré, les sabots vernis et l’œil presque vif. Azazel était perché sur le banc pour surveiller le petit palefrenier.

    - L’est pas très commode vot’ bestiaux… Mais vot’ gant c’qu’e chose !

    - Faut dire que le gamin est bon public ! Répondit Leiftan dans la foulée, gigotant sous l’une des pattes du teisheba. - Puis il a de la conversation. Et il bosse bien. Enfin, tu vois l’idée.

    - Je vois que tu me demandes de lui laisser un pourboire. Répondit simplement Solveig en laissant quelques cristaux tomber dans la main dudit garçon d’écurie, plus qu’elle ne l’aurait dû.

    - Dépense le correctement. Elle lui tapota la tête avant de le dépasser pour s’installer à l’avant de la charrette, côté passager. Son regard revint se poser sur celui d’Ivara. - Je prendrais ton relais hors de la ville. Ne risquons pas une catastrophe à nouveau ! Elle tapota la place à côté d’elle jusqu’à ce qu’elle daigne s’y installer. Quand se fut chose faites, elle attendit qu’ils eurent démarrer pour reprendre la conversation.

    - Tu ne te souvient vraiment de rien concernant hier soir ? Il lui fut compliqué de dissimuler le sourire qui faisait tressauter le coin de ses lèvres. - Pourtant tu avais l’air… Satisfaite. Et du bout de la griffe, elle caressa la dessus de sa pommette. Son manège aurait pu durer un peu plus longtemps, si seulement elle n'avait pas laissé échappé un gloussement qui avait fendillé son masque de femme comblée pour faire place à un air parfaitement hilare.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Ven 6 Aoû 2021 - 17:15 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Inaros


    Il n’avait même pas jeté un coup d'œil à la marchandise, ce qui témoignait du peu d’intérêt qu’il y accordait. Ivara, elle, se serait précipitée sur son œuvre pour vérifier son intégrité et aurait remercié la palefrenier, le teisheba et Leiftan.

    Inaros voulait juste que cette journée passe le plus rapidement possible et se déroule sans accroc. Il n’y avait pas une minute à perdre.

    Le convoi se mit en route avec Inaros aux commandes. Il avait déjà entendu parler d’objets dotés d’âmes artificielles. Habitué du marché noir, il avait même déjà eu l’occasion d’en rencontrer quelques-unes avec des caractères bien trempés. Mais celles-ci… Qu’est-ce qu’elles étaient pipelettes ! Elles ne laissaient presque pas une seconde de répit au mercenaire et à l’aventurière. Cette dernière n’avait pas nié lorsqu’il avait glissé cette remarque, il pensait donc que c’était son métier. Après tout, il n’y avait bien que les aventuriers pour protéger et guider les convois marchands, hein ? Il y avait bien aussi la Compagnie d’Archibald Jefferson, qui se remettait doucement sur les rails, mais il se doutait bien qu’Ivara ne les aurait pas appelés. C’était bien plus amusant de l’emmerder de la sorte.

    Il se surprit à grimacer aux premières bosses de la route. Combien de temps avaient-elles voyagé hier ? Bien plus qu’une paire d’heures, au vu de ses courbatures. Heureusement, surtout suite aux explications évasives de son interlocutrice ( « Toujours par le même chemin. »), il remarqua un panneau qui lui indiquait qu’il quittait le village de Merilen. Il essaya de se remémorer les cartes qu’il avait déjà vu avec Archibald pour planifier les chemins qu’emprunteraient les convois Althair. C’était approximatif, mais il était à peu près certain qu’il pourrait réussir à raccourcir le parcours en empruntant ces trajets-là. Ils étaient moins sûrs mais plus rapides, et il était capable de se défendre. Un coup d'œil à la chiraki lui disait qu’elle aussi.

    Plongé dans ses réflexions, il sursauta lorsque l’un des doigts de l’autre femme effleura sa pommette. Sa main droite lâcha les rênes pour attraper le poignet de celle qui avait osé le toucher. Son geste avait été vif mais précis, ce qui trahissait une certaine habitude. Son regard, noir, se planta dans le sien et il serra les dents en la voyant se payer sa tête.

    - Si on avait fait quoiqu’ce soit, tu s’rais même pas capable d’voyager aujourd’hui. répliqua-t-il, la mâchoire crispée et avec un sous-entendu lourd.

    Cela faisait bien des lunes qu’Inaros n’avait pas partagé un tel moment avec une compagnie féminine et il préférait ne pas y penser. Son unique but était de retrouver un corps, pas de perdre du temps là-dedans.

    Cet incident eut le mérite de le renfermer encore plus sur lui-même et de ne le faire répliquer que par monosyllabe sitôt qu’on lui adressait la parole - si cela arrivait. Ils sortirent enfin du grand village et, comme demandé par l’aventurière, il était temps de lui redonner les rênes. Ce fut là qu’Inaros sortit de son silence.

    - J’pense qu’on d’vrait couper par là, rentrer dans la forêt et suivre un ch’min que… Que j’connais bien. Ivara, elle, ne le connaissait pas et le mercenaire ignorait ce qu’elles avaient bien pu se raconter. Qu’importe, il préférait exposer son plan. Les routes sont moins sûres, mais on gagnera au moins trois jours de voyage.

    Et chacun y trouverait son compte, il en était certain. Sauf si ça l’amusait de passer son temps avec quelqu’un d’aussi causant qu’une pierre. Quoique, dans leur monde, certaines pierres pouvaient sûrement parler. En attendant une réponse, il arrêta le convoi sur le bas-côté et descendit du chariot pour se dégourdir un peu les jambes. Il fouilla dans sa sacoche sans fond pour en sortir sa gourde fontaine, qu’il utilisa pour se désaltérer.

    - J’gagne du temps, tu gagnes du temps. C’parfait. Et puis, t’as l’air d’bien pouvoir t’battre. Un jeu d’enfant, non ?
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Sam 28 Aoû 2021 - 21:46 #
    Le sourire de Solveig ne fit que s’élargir. Ivara quelque soit le syndrome dont elle était affecté, était tout aussi charmante sous cette forme mais d’une manière différente. Si la première qu’elle avait rencontré lui faisait penser à un oisillon sortie du nid et éveillait son instinct protecteur et affectueux, celle ci lui donnait l’impression d’être un véritable bosquet d’épine et Lucy seule savait comme l’adage « qui s’y frotte s’y pique » lui convenait. A son grand malheur cela faisait écho aux traits provocateurs et téméraires de la valkyrie. Les doigts qui s’enroulèrent fermement autour de son poignet ne firent qu’accentuer cet intérêt soudain. Elle avait été surprise, c’était indéniable mais elle l’avait vu amorcer son mouvement. Elle avait capté la rétractation de sa rétine et l’éclat de colère qui avait fusé du fond des iris où elle ne reconnaissait plus la jeune femme de la veille.

    - Est-ce que tu es sûre de ça ? Demanda-t-elle dans un sourire plein de malice avant de retirer avec lenteur son poignet des doigts calleux de la jeune artiste.

    Le reste de leur trajet fut un véritable monologue entre Solveig et ses âmes. Ivara, toujours aussi morose se contentait de grogner par moment tandis qu’à d’autre, notamment lorsqu’elle lui lançait des coups de coude amusé, elle la fusillait du regard. Louis et Leftan se joignaient volontiers à la discussion mais l’ennuie prit bientôt le pas sur les bavardages et ce fut l’arrêt de leur chariot qui sortie la garde de le sommeil où elle s’était de nouveau laissé glissé. Hagard, elle tourna la tête en direction de son amie avant d’observer les alentours sourcils froncés.

    - Hm… Elle tourna la tête en direction du chemin proposé par Ivara puis tourna la tête dans sa direction. - Mh...De nouveau la route chaotique. Elle plissa les yeux. - Mh… Je… Un baillement monstrueux lui arracha un petit couinement et elle s’étira langoureusement sur sa place, manquant de flanquer un coup de poing en plein dans le nez de son accompagnatrice qui par chance avait du voir le coup venir et avait fuit leur voiture in-extremis.

    - Les routes sont sacrément moins sûre tu veux dire ? A son tour, elle quitta nonchalamment son siège pour réatterrir sur le sol sans l’ombre d’un bruit. En quelques pas agiles elle travers le chemin qu’ils empruntaient pour aller observer celui qu’Ivara leur proposait. Moins bien aménager, de nombreuses pierres sortaient de terre comme des excroissances vouées à rendre leur cheminement plus complexe. Les arbres haut assombrissaient indéniablement l’endroit, dilatant les pupilles de la chiraki. Levant le nez vers le ciel elle huma l’air un moment avant de daigner se retourner et revenir sur ses pas. - Il n’y a pas eut de passage depuis un moment… Mais le vent… Oui le vent pouvait parfaitement repousser les odeurs traînantes que laissaient les corps chauds des humains. Solveig contourna leur vieille monture pour faire face à une Ivara d’une humeur toujours aussi massacrante. Ses yeux l’observèrent un moment comme si ils essayaient de voir à travers son corps, aucune hilarité ne perçait son masque de neutralité. Lorsqu’elle croisa ses yeux céruléens elle ne cilla pas et ce ô combien la sculptrice pu lui lancer un millier d’éclair.

    - Je peux me battre. Je sais me battre. Dit-elle simplement alors que ses oreilles s’agitaient sur le haut de sa tête, cherchant à analyser constamment l’environnement dans lequel elle se trouvait. - Mais toi, en es-tu capable ? Quand bien même la jeune femme qui lui faisait face lui semblait aussi féroce qu’un Fenrir, elle n’avait jamais décelé chez elle la moindre once de violence. Non pas que Solveig ne soit pas en mesure de les protéger toutes les deux, au contraire mais ce soudain revirement de situation l’inquiéta. - Allons-y. Déclara-t-elle subitement. Après tout, si sa commanditaire elle-même se sentait prête à affronter les vices de la forêt, qui était-elle pour l’en empêcher ?

    Alors qu’elle passait à son côté afin de rejoindre la place du conducteur, elle ne put s’empêcher de se pencher imperceptiblement dans la direction de la blonde, un sourire mutin habillant son visage. - Crois moi. Si on avait passé la nuit ensemble, c’est toi qui ne serait pas capable de voyager. Et tel une flèche, elle se retira avant que la jeune femme n’ait le temps de réagir, regagnant d’un bon félin sa nouvelle place. Pendant un instant, elle songea à Calixte et la possibilité de lui présenter Ivara. Un sourire plus grand encore souleva le coin de ses lèvres tandis qu'elle faisait manœuvrer leur cheval dans la bonne direction.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Ven 29 Oct 2021 - 17:33 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Inaros


    C’est que la donzelle semblait posséder des capacités surhumaines lui permettant de déceler des odeurs que son propre nez n’était même pas capable de percevoir à moins d’un mètre. Ses oreilles n’étaient pas un accessoire dont elle s’était attifée le matin même et, à n’en pas douter, ses pupilles verticales n’étaient pas le résultat d’un énième effet de mode. En y réfléchissant bien, elle n’avait pas été véritablement surprise qu’il puisse arrêter son poignet. Elle s’était même probablement laissée faire. L’agilité avec laquelle elle descendit de leur carrosse, sa posture et la grâce de ses mouvements reflétaient les talents de la supposée aventurière. Inaros en aurait presqu’était impressionné. Pour une fois, ce n’était pas un guignol qui avait été envoyé à la sculptrice pour l’escorter. Cette femme était capable de se battre, il n’en doutait pas. Un demi-sourire anima son faciès et il tapota sa hanche. Il n’avait peut-être pas ses armes redoutables qu’il chérissait tant, mais il avait au moins pu convaincre Ivara de ne jamais se déplacer sans une dague. Il y avait encore des choses à revoir, surtout en sachant qu’elle l’avait rangée dans son sac de voyage et non pas à portée de main pour pouvoir se défendre en cas d’attaque surprise. Il l’avait pourtant prévenue, si quelqu’un faisait le lien entre la sculptrice et le mercenaire… Cela pourrait mal se passer pour la blonde.

    Un peu plus gauche que celle qu’il avait désormais surnommée « la chieuse » dans sa tête, surtout à cause de sa dernière réflexion, il reprit place sur son siège. La joyeuse troupe s’enfonça dans la forêt, dirigée cette fois par la demi-chiraki. Rapidement, le soleil disparut derrière la cime des arbres et le mercenaire dût plisser les yeux pour distinguer le chemin. À côté de lui, la bronzée ne semblait pas éprouver de difficultés à les guider. Elle évitait racines, cailloux et nids-de-poule avec une facilité presque déconcertante. Et, dans le silence morbide qui régnait en ces lieux, leur convoi était des plus bruyants.

    Sa senestre sur sa dague et sa dextre sur le rebord du chariot, Inaros se cramponna un peu plus solidement. Il guettait les alentours, peu désireux de tomber nez-à-nez avec des bandits ou des créatures dangereuses. Il essayait même de retenir sa propre respiration, pour tendre l’oreille davantage et prédire la moindre arrivée. Plusieurs fois, il lui sembla percevoir quelque chose, comme si quelque chose ou quelqu’un se glissait dans les hauts fourrés qui bordaient le chemin. Leur monture le sentait aussi, ses oreilles plaquées en arrière ne laissaient pas de place au doute. Outre l’obscurité et le chemin tortueux, quelque chose d’autre dérangeait l’animal.

    - Toi aussi, tu l’as entendu ? demanda-t-il à son acolyte du jour.

    La question était rhétorique. S’il l’avait entendu, alors elle l’avait aussi déjà perçu. Ses épaules se crispèrent en une fraction de secondes. Son corps entier se préparait au choc de la confrontation. Inaros ne le voyait pas mais, à quelques mètres d’eux, deux créatures les avaient cernés de chaque côté et avançaient sans un bruit, prêtes à bondir pour les attaquer. Ces bêtes avaient quatre pattes et un pelage sombre qui les rendait presqu’invisibles dans cette forêt. Des loups d’ombre. Étaient-ils sur leur territoire ? Les informations d’Inaros seraient donc à revoir, il n’en avait pas eu connaissance. Enfin, elles seraient à remettre à jour seulement s’ils sortaient indemnes de cette situation.
    De toute façon, le mercenaire ne connaissait pour l’instant pas la nature de leurs ennemis. Il les entendait, se questionnant sur la raison qui les poussaient à simplement les suivre et à ne pas encore leur sauter dessus. Ses muscles étaient un peu raides, endoloris par le voyage de la veille et la mauvaise posture d’Ivara sur la banquette. Son soupir intérieur aurait pu résonner longtemps autour d’eux s’il l’avait lâché à haute voix. Comme il aurait aimé être aux commandes de son propre corps. Sa vie était un véritable enfer depuis des lunes.

    Il se rapprocha de son compagnon de voyage, oubliant pendant un instant que, si elle avait une ouïe plus performante que la sienne alors elle pouvait très bien percevoir ce qu’il racontait même un peu plus loin…

    - T’as les rênes. Si tu choisis d’foncer, tu s’ras seule. Moi, j’y vois rien. Par contre, j’peux m’battre. Peu importe c’qui a derrière nous. T’auras pas b’soin d’me couver. lui indiqua-t-il rapidement.

    Avec la sculptrice, ça aurait été une autre paire de manches mais bon, avec la sculptrice, ils n’auraient pas emprunté ce chemin et ils ne se seraient pas retrouvés dans ce pétrin. Inaros n’avait que faire aussi de la marchandise qu’ils transportaient. Si elle se brisait, il savait qu’Ivara serait ravagée et cela… Cela l’arrangeait plutôt bien. Plus il y réfléchissait et plus il avait envie d’attraper les rênes pour s’arrêter brusquement.
    Solveig P. PrêthLa Garde
    Solveig P. Prêth
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Jeu 9 Déc 2021 - 18:03 #
    Si elle les avaient entendu ? Plutôt deux fois qu’une. Cela faisait environ un kilomètre que les créatures les suivaient sans un bruit, se fondant parmi les ombres comme s’ils étaient elles. La première chose qui avait attiré son attention avait été l’odeur musqué qui s’était immiscé autour d’eux, il avait ensuite suffit que l’un d’eux fasse un faux pas. Bref, mais suffisamment conséquent pour que les yeux de Solveig accroche sa silhouette. Ensuite elle s’était contentée d’écouter avec attention. Ces créatures étaient fascinantes car loin d’être stupide mais trop bête pour berner des humains, trop agressives et impulsives également. Elle avait maintenu le cap un moment sans piper mot, leur haridelle n’en avait pas mené large longtemps et Ivara avait eut tôt fait de remarquer la situation. Elle ne l’aurait pas parié d’ailleurs, la demoiselle lui semblait si naïve et frêle la veille mais une nuit avait suffit à la transformer en une redoutable aventurière. Un sourire amusé avait sabré son visage tandis que ses iris s’étaient plantés sur son profil. Qui était donc Ivara ? Devait-elle se méfier d’elle ? Peut-être aurait-elle dû. Cependant ce n’était pas dans sa nature ; ses doutes s’évanouirent rapidement et elle claqua la langue pour faire accélérer leur coursier qui c’était subitement mit à danser.

    - Si on fonce dans un sens comme dans l’autre ce n’est pas une bonne idée. Le ch’val ne tiendra jamais deux lieues toutes brides abattues et moi si j’y vois mieux, je n’ai pas une vue parfaite. L’animal se mit à trotter de bon train. - Sans compter que si nous allons trop vite, la statue ne tiendra pas. On va voir si ils nous suivent. Les rênes claquèrent dans l’air, l’allure força de nouveau jusqu’à atteindre un petit galop.

    Une lieue passa dans un silence d’outre tombe qui ne fut perturbé par autre chose que le sifflement du vent dans les branches et le chant de celle-ci.

    - Armes-toi. Intima-t-elle à sa compagne sans lui jeter l’ombre d’un regard. - Ils ont encerclés la carriole. Ils n’attendront plus très longtemps. L’équidé renâcla, dégageant de ses lèvres une épaisse couche d’écume blanche. Le poil de son poitrail était trempé de sueur et ses yeux fous roulaient dans leurs orbites. - Il perd déjà du rythme. Continuez c’est se jeter directement dans la gueule du loup. Un petit rire lui échappa, pas peu fière de sa blague tandis qu’elle tirait sur les reines pour arrêter la carriole. Cette dernière branla puis s’arrêta dans un grincement tonitruant. - Bien. Soupira Solveig en accrochant les lanières à l’avant. - Le tout maintenant c’est de ne pas mourir et d’empêcher le canasson de se faire bouffer. Ça te semble jouable ?

    - Va bien falloir les gars… Rétorqua Leiftan.

    Sa phrase se termina à peine qu’un grondement rauque raisonna aux alentours. Tout les animaux de la forêt se turent, les arbres eux-même semblèrent tendre l’oreille. La garde fouilla dans son sac pour en sortir un petit tas de vêtement, qu’elle enflamma à l’aide de sa pierre de feu puis elle les jeta à même le sol humide.

    - Bien. Au moins, maintenant on est à armes égales ! Loin d’être affolée, Solveig se saisit de ses dagues.
    - Ah non ! Pesta Louis.
    - Tu es une dague Louis, de combat qui plus est. Ajouta-t-elle.
    - Il n’empêche que je n’aime pas ça !
    - Dommage !

    Un frisson parcourait son échine, redressait les poils sur sa nuque et sur sa tête. Les odeurs de mousse, de lichens et de terre lui prenaient les narines à l’aide de leurs parfum entêtant. Mais il y avait le musque qui suivait les loups comme une signature de leur arrivée, si Solveig ne pouvait les voir par delà du cercle de lumière orange et ocre qu’elle avait créé elle pouvait les sentir. Par moment elle apercevait la lueur d’un œil bleu cobalt.

    - Il était temps… Murmura-t-elle dans un souffle.

    Ce fut un choc d’une violence inouïe. Crocs et métal émir un crissement désagréable et la chiraki recula sous la masse volumineuse du premier loup qui heurta ses dagues. En un instant il avait disparu derrière le halo de lumière.

    - Sacré bestiaux…
    - J’ai cru mourir ! Gémit Louis.
    - Et c’est pas finit ! Avant que sa phrase n’arrive à son terme, une deuxième salve heurta la jeune femme qui dû laisser du terrain afin de ne pas tomber à la renverse. Dans le sol, la marque de ses bottes était imprimé sur plusieurs centimètres. - Chacun son tour… Un sourire délirant s’empara de son visage. L’animal qui la toisait était petit et agile, l’agressivité se lisait sur sa truffe striées de rides coléreuses. Sa langue lapait ses babines sans jamais décrocher son regard son adversaire. Solveig ne se fit pas prier et elle fut la première à mener la danse cette fois. Toutes lames dehors elle s’élança sans autre forme de procès vers le loup qui l’accueillit à croc ouvert. Les deux dansèrent à un rythme endiablé, parant les coups de l’autre avec les armes qui étaient sienne, infligeant des blessures de temps à autres lorsque l’inattention pointait le bout de son nez.

    De l’autre côté, le second animal n’avait pas demandé son reste et s’était attaqué à Ivara sans crier gare.  
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
    Lun 17 Jan 2022 - 0:33 #

    Un chiraki dans la verrerie

    Inaros


    Il serra un peu plus fort sa dague dans sa main, n’ayant pas eu besoin d’attendre le commentaire de l’aventurière pour lui demander de s’armer. Si la situation n’avait pas été aussi alarmante, il aurait presque trouvé les réflexions de la dague de la donzelle amusantes. Il avait, très brièvement, constaté que la demi-chiraki s’en sortait seule et sans le moindre problème. Sa dague parlante avait rencontré, à plusieurs reprises, les crocs et les griffes du loup d’ombre et il avait pu entendre ses jérémiades, mais sans la moindre onde d’empathie. Lui-même était bien trop habitué à tuer pour avoir des états d'âme.

    Il avait à peine eu le temps de sauter sur le sol et de rouler pour esquiver la première attaque du canidé. Il bondit sur ses pieds, se préparant à encaisser le second choc. Il ne tarda pas, et un coup de griffe lacéra une partie de ses vêtements et de son bras. Il étouffa un juron de douleur, lançant à son tour un assaut contre la créature à quatre pattes. Un coup de dague, un coup de pied, tourner son buste pour esquiver un autre coup. Il menait une autre danse, toute aussi effrénée et mortelle que celle de Solveig. Profitant d’un instant de répit, il chercha à tâtons du sable dans la petite sacoche qu’il portait à sa ceinture. Bienheureux fut-il d’en trouver, après avoir passé de longues minutes à échanger des coups avec une bestiole particulièrement féroce.

    Il en avait entendu, des récits à leur sujet. Personne n’avait envie de les croiser en forêt, et encore moins de les combattre. Ces ennemis étaient différents des humains, avec qui il avait bien plus l’habitude de se battre. Ils étaient encore plus imprévisibles, et leurs grognements ne donnaient pas d’indices au mercenaire sur leur prochaine attaque. Pourtant, le regard du loup semblait presque être celui d’un homme. Il s’était reculé, jaugeant celui qui parait ses coups et qui ne faiblissait pas encore. Et, Lucy savait comme Inaros avait déjà commencé à fatiguer de ce combat. L’alcool, le manque de sommeil, le voyage… Tous ces éléments qui l’empêchaient d’être au maximum de ses capacités.

    Une goutte de sueur perla sur son front, et il retint sa respiration en continuant de chercher, sans regarder, dans sa sacoche. Il ne savait pas s’il serait capable d’encaisser un autre coup, et son bras le lançait de plus en plus maintenant que l’adrénaline des premiers instants s’amenuisait.

    Enfin, il en trouva, et, il leva le poing, presque victorieux en laissant sa dague tomber sur le sol. Il n’en aurait plus besoin pour l’instant. Tout se passa très vite. Le blond élabora une slave de verre en fusion liquide -et brûlant- à jeter sur le loup qui, semblant lui aussi comprendre qu’un nouveau coup se préparait, se jeta sur le mercenaire.

    Son corps heurta brutalement la carriole et il entendit plusieurs de ses os craquer sous la force de l’impact. Le souffle coupé, il ne se demanda pas si la statue avait été amochée, bien trop concentré sur ce qu’il avait fait en même temps que le loup lui avait sauté dessus. Et pour cause, il l’avait aveuglé en brûlant ses yeux. La créature poussa un gémissement et, bien qu’épuisé par le combat et ce qu’il venait d’endurer, il poussa d’un coup de pied le loup pour se dégager. Il toussa à plusieurs reprises, retrouvant l’usage de ses poumons puisque sa cage thoracique avait été comprimée durant ce laps de temps, puis se précipita sur son assaillant pour l’achever avec sa dague. Maintenant aveugle, il espérait bien avoir sa chance et qu’il pourrait le dominer.

    Sa dague sur le sol, il la récupéra et se jeta sur le canidé pour achever son affaire. Il était fatigué, las, et ne savait pas s’il serait en mesure de continuer de combattre si d’autres adversaires se dressaient sur leur route. Il tourna la tête pour chercher Solveig et l’autre loup du regard, se guidant au bruit. La pluie décida alors de se joindre à la partie, de quoi égayer la journée -déjà horrible- du mercenaire qui, s’il n’avait pas éprouvé les sentiments si positifs d’Ivara pour l’aventurière, aurait déjà fui pour sa propre vie.

    - Elle est où… marmonna-t-il en contournant le chariot pour constater l’étendue des dégâts.
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    Re: Un chiraki dans la verrerie | Ivara
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