Le départ

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Une île soudainement apparue dans le ciel, d'étranges "vaisseaux" mis au point pour la rejoindre, une mission simple : explorer les lieux et découvrir ce dont il s'agit! Est-ce dangereux pour le royaume? Pour le grand port? Y a-t-il des trésors, de nouvelles créatures, des artefacts? Et si l'objet de ma convoitise, ce mystérieux objets qui a atteint le statut de mythe se trouvait justement sur cette île? Une possibilité des plus probable puisque je ne l'ai trouvé nul part, sur terre comme en mer! Et puis, on ne va pas se mentir, la découverte de l'inconnu, l'exploration d'îles, la recherche de trésors... C'est un peu un appel que me fait la vie passée! Une possibilité de redevenir l'espace d'un instant ce capitaine que je suis toujours au fond de moi et de revivre, une dernière fois, l'aventure que j'avais l'habitude de vivre! Une sorte de véritable adieu à ce pirate que j'ai laissé disparaître sans lui offrir une fin digne de ce nom! C'est donc tout naturellement que je prends mon grand sac sans fond, remplit de tout ce que je juge utile, mon trident placé dans mon dos, je siffle Orisha qui se redresse et nous voici, parti vers une énième aventure mais peut-être la plus excitante depuis bien longtemps!

Le discours du roi n'a rien de bien intéressant : des conseils sommes toutes classiques pour tout aventurier qui se respecte! Jouer les héros n'apporte rien d'autre qu'une mort lente et douloureuse et, la plupart du temps, on ne laisse qu'un vague souvenir après notre départ! Quel dommage cependant de ne pas revoir la reine à la place du roi! Au moins l'aspect de cette dernière à de quoi motiver... Plusieurs vaisseaux sont à notre disposition et, si plusieurs groupes semblent déjà se former, se dirigeant vers les plus petits "véhicules", mon Rarwük et moi-même faisons volte-face, observant avec une certaine trépignation cet unique ballon aux couleurs cramoisies... Il n'y a pas d'aventure sans danger et soyons honnête, un objet aussi rare et ancien que celui qui m'intéresse? C'est certainement dans des ruines que j'ai le plus de chance de le trouver! Ajustant mes gants, je me dirige d'un pas conquérant vers l'embarcation! Malheureusement, nous ne sommes que deux Orisha et moi-même, il faut avouer que je n'ai pas réellement de personnes auxquelles j'aurais pu proposer pareille exploration cependant, je suppose que je vais bien trouver quelques casse-cous aussi téméraires que moi pour faire équipe et, éventuellement, servir mes intérêts! Bien-entendu, éviter les gardes semble une bonne idée, si jamais des sacrifices sont nécessaires mieux vaut éviter d'avoir à me justifier!

Embarquant, je reconnais bien quelques personnes lorsque mon sourire devient bien plus net! Une jeune fille blonde que j'ai connu plus ou moins intimement sous deux apparences distinctes est la première que je remarque réellement! Pour avoir déjà été en mission avec elle par deux occasions - et même si la première fois elle n'était pas dans son état normal - je sais qu'elle sera une partenaire de grande valeur! Autant donc la saluer et s'enquérir de sa disponibilité! Nous verrons pour le reste en temps et en heure!

- Lin, dépêche toi ! On va rater la première navette à cette allure !  

C’était la cohue dans tous les sens, nos divers sacs sans fond traînaient partout dans le logement de Lin. On avait décidé de dormir chez elle avant de rejoindre le rassemblement pour le départ pour l’aventure. Peut-être qu'il aurait été plus raisonnable de dormir à Grand-Port mais ça voudrait dire qu’on aurait dû tout préparer la veille. Nous avons des principes et je préfère dormir dans un lit familier. K’awill était tout excité, nous partons de nouveau à l’aventure et en plus, nous partons avec un autre aventurier que je connais bien. Nivix avait fait quelques missions périlleuses avec moi et pour affronter un endroit inconnu, il était l’homme idéal. Ayant promis à Lin que j’éviterai de me mettre dans de beaux draps, j’ai décidé de m’engager dans la partie exploration et non dans les ruines obscures. J’avais assez donné et surtout ma chérie souhaitait être de la partie. Raison de plus de partir côté débutant ! Oui, paye ton Saphir comme dirait certains mais dans la vie, on devient raisonnable. Puis au pire, on pourra embarquer avec nous quelques aventuriers débutants, ça ne me dérangerait pas. Plus de gens pour faire à manger et les tours de vaisselles.

Bon ceci ne résout pas mon problème, je devais ranger toutes mes affaires dans mes sacs alors que je ne sais pas dans quoi on s’engage.

- Chérie ! Je prends le nécessaire de voyage et de randonnée. Assure toi de prendre tous tes trucs là.  

“ Trucs “ voulait dire tout simplement son matériel magique dont je ne comprends rien mais qui étaient fort utiles.

- Moi je prends aussi mes trucs à moi !  

C’est à dire, mes armes, mes carreaux magiques, mes pièges.

- K’awill, tu as fais ton sac ?  

Le voilà qui sautille partout et ouvre ses sacoches avec sa truffe.

- Oui maitresse. Moi tout !

Je fourre mes tissus magiques dans mon sac, attrape les vivres et mets tout ça sur le dos.

- Je suis prête !  
- Moi aussi !

On attendait maintenant Lin et notre petite troupe part pour rejoindre la navette. Le voyage est rapide puis on rejoint l’attroupement. Il y avait plein de monde et je retrouve Nivix au point de rendez-vous. C’est alors qu’une hôtesse de la succursale de Grand-Port arrive à grandes enjambées dans notre direction.

- Carciphonaaaaa !

Elle s’arrête devant reprenant son souffle.

- Oui Myriam ?  

Je sens le regard de Lin sur moi. Je sais qu’elle n’a pas toujours confiance en moi mais cette jeune femme travaillait à la guilde et je m’entendais plutôt bien avec les hôtesses.

- On m’a chargé de te dire que tu n’es pas toute seule dans ton escouade.
- On me donne des nouveaux à protéger ?  
- Non.. Non… pire  !
- Comment ça pire ? Un examinateur ? Un noble ?  
- Non, encore plus pire ?
- La Reine ?  
- Mais non, un conseiller !

Oh non, pas ça. Pourquoi je mérite un pareil traitement?

- Callahan.
- AAAAAH, Jack !  
- Tête d’oeuf ?
- Oui, c’est bien tête d’oeuf. Mon bon vieux Whiskeyjack.  
- Tu le connais ce conseiller ? Ce n’est pas l’autre grincheux là ?
- Non Myriam. C’est le nouveau conseiller. Un chic type, tu devrais le rencontrer.  
- Ah… tu sais les conseillers. Ils n’ont jamais bonne réputation.
- Je te le présenterai à notre retour. Merci de nous avoir prévenu. Je vais aller le chercher du coup.  

La jeune hôtesse finit par partir et je pars en quête de mon ami. Il doit traîner dans le coin celui-là puis avec lui, on ne s'ennuie jamais. Je sens que cette mission sera épique !  

Il y avait des missions plus intéressantes que d’autres, plus périlleuses également mais celle pour laquelle Solveig s’apprêtait à embarquer était au-delà de ça. Parce que pour la première fois de sa vie elle ressentait une forme d’angoisse, une excitation lancinante qui avait raccourcis ses nuits depuis qu’elle savait qu’elle participerait à l’exploration, mais surtout une terreur indicible parce que cette fois cela ne se passait pas dans le nord, ni à l’est. Le mal avait atteint ses terres, celles ou vivait sa famille, ses amis, son amour et surtout son fils. D’une nature toujours intrépide, à la limite de l’inconscience -en plein dedans à dire vrai – la garde n’avait cure de risquer sa vie, parce qu’elle en était maîtresse et qu’une part égoïste d’elle-même savait pertinemment que quoi qu’il advienne d’elle, quelqu’un serait là pour remplacer le vide qu’elle laisserait. Mieux que personne elle savait que le temps guérissait toutes les blessures. Toutefois, elle ne pouvait tolérer que les siens fussent en danger, d’aucune façon. C’est donc poussé par un instinct presque animal et une forme de stupidité suicidaire qu’elle avait fait acte de présence.

Une fois n’est pas coutume Solveig arriva à l’heure, voire presque en avance au rassemblement. Son sac charrié sur ses épaules, le tintement de sa dague le long de sa cuisse et son teisheba qui évoluait autour d’elle comme une nébuleuse d’éclairs bleuâtre, elle fendit la foule à la recherche d’un visage familier. Et ce ne fut que lorsque le roi entama d’une voix forte et déterminée -qui aurait incité même les plus couards à se jeter sous une calèche pour ses beaux yeux- un plaidoyer sur les échos que leurs noms laisseraient, ainsi qu’un monticule de blabla qui n’avait ni queue ni tête pour la chiraki, qu’elle tomba enfin sur ce qu’elle cherchait. Il n’était pas un visage parmi tant d’autre, il était celui qu’elle avait eut envie de voir. L’un de ceux qui rendait sa présence ici inévitable. D’une certaine façon, elle aurait préféré ne pas l’y voir, c’eut été bien plus rassurant. Malheureusement elle ne pouvait se mettre en travers de sa route ou le mettre sous cloche ; personne ne méritait un traitement aussi cruel. Tout ce qu’elle pouvait espérer ce fut qu’il revienne indemne. « Il est capable de se tuer en montant dans le ballon... » songea-t-elle en jetant un coup d’œil à leur vaisseaux. Elle chassa néanmoins ces pensées ; Calixte avait survécu pendant vingt six ans malgré son incapacité notoire à ne pas s’attirer des ennuis, ce n’était qu’une fois de plus. Maigre consolation que celle-ci mais elle s’en contenta.

A grand pas elle s’approcha de lui jusqu’à pouvoir lui toucher l’épaule. Un sourire chaleureux étirant ses traits elle enlaça le jeune coursier d’une étreinte peut-être un peu trop solide. Mais si ce devait être la dernière, autant qu’elle fut mémorable. Enfouissant son visage dans son cou elle nimba ses narines de son odeur, ses tympans de ses battements réguliers et de sa voix. Comme il allait lui manquer... Enfin, au bout de quelques secondes, elle s’écarta de lui et laissa ses doigts griffus courir sur sa joue.

- J’espère que tu as pris tout le nécessaire. Ta boite du parfait maladroit ? M’est d’avis que tu en auras besoin. Elle le regarda longuement d’un air neutre, cherchant ses mots. Des émotions éparse et toutes différentes se bousculèrent dans ses yeux vairons. Avait-elle seulement besoin de parler ? Les long discours n’était pas sa tasse de thé. Ouvrant la bouche elle la referma aussi sec sans qu’aucun son n’en sorte, puis elle se hissa et vint lui dérober un baiser. Doux, chaleureux, inquiet également. Sa main se fit caressante sur sa joue et ce ne fut qu’à contre cœur qu’elle le libéra. - Je dois rejoindre mon groupe… Souffla-t-elle. - Mais avant… Faisant glisser la bandoulière de son sac elle fouilla dedans pour en sortir un pompon de la taille d’une paume de main, d’un blanc immaculé il avait l’air d’un petit nuage poilu. Solveig le lui posa dans la main avant de refermer ses doigts dessus. - Certaines choses méritent d’être senti plus qu’entendu. Si l’espoir vient à te manquer… Utilise le. Puis d’un geste sec elle rehaussa son harnachement sur ses épaules et tourna les talons. Maintenant à plusieurs enjambées du soldat elle se retourna. - Ah au fait, j’ai promis à Sam que tu mangerais avec nous quand on rentrerait. Du coup tu n’as pas le choix. Tu dois revenir, et en état pour partager un repas. Son rire franc retentit alors qu’elle lui adressait un dernier regard avant de se retourner complètement pour disparaître dans la foule, à la recherche de son équipe.

Il ne fallut que peu de temps à la jeune femme pour capter l’odeur d’Athorias parmi toutes les autres et elle le rejoint. A ses côtés se tenait un grand gaillard qui manqua de lui causer un torticolis lorsqu’elle dû lever la tête pour le saluer. Agitant la main elle s’abstint de lui demander le temps qu’il faisait la haut.

- Solveig Prêth. Annonça-t-elle à l'attention du géant. - Valkyrie ! Je vous présente Azazel. Elle désigna le teisheba qui darda son regard abyssal sur eux avant d’émettre un sifflement désapprobateur. - Et pour finir Leiftan et Louis. Respectivement un gant de tir et une dague, Leiftan était d’une nature blagueuse et agréable tandis que Louis était un trouillard invétéré qui n’avait probablement aucune envie de se trouver là. Par chance il était la majeur partie du temps entrain de dormir et l’autre entrain de s’évanouir. Pour finir elle claqua une grande tape dans l’épaule d’Arthorias, manquant de lui adresser un « la forme mon vieux ? » qu’elle retint in-extremis.  Un sourire goguenard scotché aux lèvres, elle planta ses poings sur ses hanches et lança un tonitruant : - Bon on y va ? Dès lors que la voix du roi cessa de retentir. Elle écarta également tout ce qui pourrait entraver son travail, comme la présence de Calixte non loin, quelques part sur sa droite. Elle était prête ; du moins l’espérait-elle.

Il y avait eu les rumeurs, d’abord, amenées par les embruns, aussi fragiles que l’écume s’étiolant au contact de la berge. Et puis leurs voix s’étaient faites plus fortes, plus insistantes, forçant leur passage par-delà des crètes de l’océan pour mieux déferler sur le littoral et dans les plaines d’Aryon. Gagnant le Grand Port et la Capitale. Et assurément très vite la Forteresse voire la Frontière. Déversant sur leur passage une pluie de sable fin dont le grain était venu chatouiller les engrenages d’un Royaume temporairement assoupi. Il semblait qu’en Aryon, le calme ne durait jamais très longtemps. Et cela n’était pas pour déplaire à Calixte dont la curiosité sans borne se délectait, sans doute d’une manière tout à fait malsaine, de ce nouvel évènement. Sur les consignes de Feuille, il avait été parmi les premiers à se rendre aux abords de l’île perchée. Admirant les pentes vertigineuses de ses contours terreux, tremblants malgré la lenteur de leur évolution dans le ciel et chassant de leur morcellement craint tous types de créatures sur leur passage. Il avait observé la progression tranquille du mastodonte volant et le miroitement doré de sa trainée de sable – et étaient-ce là de larges dunes accrochées en remparts de l’îlot flottant ? – lui donnant des airs de mariée légendaire. N’y avait-il pas un conte ou deux, quelque part dans les augustes bibliothèques du Royaume, traitant de noces mythiques entre la terre et le ciel ? Et puis l’imposante plateforme, remplie de mystères inatteignables même par la plus puissante des longues-vues, s’était immobilisée au-dessus de la péninsule méridionale. Enclenchant le compte à rebours de l’exploration de ses secrets. Ravivant la flamme d’un Bastion alangui par la saison froide.

Calixte, en dépit de l’effervescence accrue à la Caserne du Sud ces derniers temps, ne se sentait pas particulièrement ému par l’apparition providentielle de l’île volante. Sa maladresse et sa malchance lui avaient appris la frustration et la résignation, l’univers en clair-obscur des espions l’avait rendu familier des affres accompagnant l’ombre et les secrets. S’il pouvait décemment craindre que l’îlot apportât son lot de complications, possiblement mortelles, dans sa région d’affectation, il redoutait davantage l’activité, bien plus immédiatement concrète et percutante, de la Cabale. Il était sensible, par contre, aux émois que cette terre de mystères et de dangers pouvait provoquer auprès de Solveig. La Valkyrie d’ordinaire si insouciante, si prompte à voir le bon côté des choses, en dépit de son impatience pour l’exploration, semblait surtout prête à en découdre avec cette étrangère potentiellement létale, venue s’installer sur leur territoire. Sur celui de sa famille de sang, et de celle des armes. Peut-être, aussi, de celle du cœur. Et le coursier, qui était aussi versatile que ce que sa curiosité et sa loyauté imposaient à ses sentiments comme à ses réflexions, se trouvait ainsi tout disposé à foncer tête baissée au fin fond de cette terre sablonneuse, afin de soutenir son amie dans sa belliqueuse entreprise. Comme naturellement ils étaient loin d’être les seuls à s’intéresser, notamment pour des raisons de curiosité et de prudence à l’île, la Couronne et la Garde leur avaient facilité la chose, et les deux collègues, ainsi qu’une floppée d’autres du régiment, avaient bientôt été envoyés aux abords de celle-ci. Ou, précisément, de la plateforme d’amarrage des Ballons Voyageurs de Javic. Cette expédition-ci, en plein air et saupoudrée du sable que la brise n’avait pas tout à fait éparpillé, aurait presque pu avoir des allures de colonie de vacances. Nonobstant l’ambiance circonspecte et presque solennelle planant au-dessus des groupes s’affairant.

Il fallut un temps à Calixte, qui avait rejoint le lieu avec une partie de la logistique du Bastion, pour retrouver Solveig dans la petite foule de courageux et de membres de l’organisation. Il lui sembla reconnaitre quelques têtes familières – la plupart des aventuriers et d’autres gardes – mais il ne s’attarda guère tout à l’idée pressante de rejoindre la Valkyrie avant que leurs chemins se séparassent. Ils n’avaient eu voix au chapitre, concernant leur escouade respective, et sans doute était-ce mieux ainsi. Si jusqu’à présent ils avaient toujours mené leurs assignations conjointes avec succès, elles n’avaient pas moins été régulièrement bouleversées de péripéties attribuables à leur bêtise comme leur malchance. Peut-être était-il plus sage qu’ils gardassent leurs distances sur une expédition aussi risquée.

Ils se trouvèrent au milieu de tous les autres, et les bras de l’espion se serrèrent instinctivement autour de son amie, alors qu’il en profitait pour prendre une pleine bouffée de son parfum. De sa chaleur. De son être. Il avait repassé à son doigt la bague contre-mouflet qui servait aussi, entre autres, d’équivalent de collier jumeau, et il espérait comme redoutait qu’elle s’en servirait au besoin pour le contacter. Sans doute en vain ; mais Calixte, dont la vaillance pouvait être ridiculement grande selon la motivation sous-jacente, était prêt à soulever chaque parcelle de l’île à la petite cuillère si cela devait lui permettre de retrouver son amie.

- Je l’ai, répondit-il dans un murmure tandis que ses yeux s’imprégnaient de chaque détail du visage face au sien. Et j’espère que tu as la tienne.

Apolline, sur son épaule, chantonnait quelque chose d’incompréhensible aux relents de « aindaaaaywilolwayzloviouuuu ». Alors qu’ils se séparaient doucement sur un baiser lourd de sentiments aussi variés que les éléments d’un tableau périodique, le coursier regarda avec curiosité Solveig fouiller son sac pour lui tendre un objet familier. Son cœur marqua un sursaut de ravissement surpris et une vague de chaleur, rayonnante de tendresse, diffusa jusqu’au bout de ses doigts. Récupérant avec émoi le pompom qu’il reconnaissait car il en avait acheté un similaire quelques lunes plutôt, il adressa un large sourire béat et reconnaissant à la Valkyrie, et réussit même à lui effleurer sa couronne de mèches claires d’un baiser avant qu’elle ne s’éloignât d’un pas volontaire.

- C’est une promesse, Valkyrie Solveig Prudence Prêth, répondit-il la tête aussi légère que son cœur lui pesait d’amour. Pour toi comme pour moi !

Et tournant les talons à son tour, s’astreignant à la discipline pour ne pas user de la propulsion de ses bottes d’allégresse, glissant la duveteuse petite boule blanche dans son tatouage de rangement, il se mit en quête des camarades d’escouade qui lui avaient été attribués.

Apparemment quelqu’un avait eu l’idée de l’associer avec Xylia et Jin Hidoru. Calixte, qui croyait peu au hasard depuis qu’il avait rejoint les espions, pensait qu’il y avait là la main de Lichael, ou peut-être même d’Ombre. Il espérait que c’était l’idée du premier, ayant plus confiance en son jugement qu’en celui de la Maître-Espion. Repérant la silhouette reconnaissable de sa cadette derrière les corps musculeux de quelques aventuriers vérifiant leurs paquetages, le coursier accéléra le pas et en deux bonds – littéralement – fut sur la jeune femme pour l’embrasser de ses bras enthousiastes.

- Lia ! Prête pour l’aventure ? lui demanda-t-il avec un grand sourire bien que ses yeux cherchassent avec attention la raison de la tension qui semblait habiter ses membres. Est-ce que tu as toutes tes affaires ? Tes armes ? Hé c’est nouveau ça, non ? Tes objets de pouvoir ? Ton matériel de camping ? Tes rations ?
- Ton cristal de massage et ta vazéline ?
- Quelques bouquins ?
- Erotiques. J’en ai de nouveaux pour toi.
- Ton cristal de communication et…
- SOLEIL DE MA VIE !! hurla Apolline droit face au tympan gauche de Calixte qui, dans un automatisme ancré par de longues lunes mais pas du tout approprié pour l’occasion, balança férocement l’âme artificielle dans le décor alentour.

Dans le rassemblement relativement serré des braves prêts à aller explorer l’île volante, la trousse fendit l’air pour s’écraser brutalement sur le front d’une jeune femme qui avait tourné la tête vers eux, l’attention probablement attirée par les éclats de voix. Rebondissant contre l’empreinte écrevisse qu’elle venait de laisser sur sa cible involontaire, Apolline éclata de rire tandis que le coursier rougissait d’embarras. Récupérant d’un geste leste celle-ci et la fourrant dans son sac-à-dos, il adressa une floppée d’excuses à l’inconnue avant de retourner auprès de Xylia. Et Jin.

- Salut ! Prêt ? demanda-t-il dans un sourire contrit à l’aventurier.

« J'espère que tu f'ras attention. Aux autres, je veux dire. J'me fais pas de soucis pour toi. Je crois. »

« Je t'ai déjà expliqué une fois j'crois, mais j'peux partager mon pouvoir avec toi pendant quelques temps. Il suffit juste que je t'autorise à porter mes masques. Ce que je viens de faire. »

« Merdouille, si j'm'attendais à ça ! C'est fou de te croiser ici... Et en même temps, pas tellement. » se dit-elle en observant la foule qui s'agglutinait pour pouvoir rejoindre le campement en hauteur. « Je n'ai pas de groupe non, j'ai été envoyée pour assister qui en aurait besoin. Mais du coup... J'accepte ! POUSSEZ-VOUS. » lâcha-t-elle à un homme qui tentait de voler sa place légitime.  

« Louise. » se présenta-t-elle simplement, avant de remarquer que Dalhia s'était rapidement désintéressée d'elle pour fixer un nouveau venu. Celui-ci s'était rapproché à peine leur trio formé et bientôt, il les rejoignit sans même leur demander leur accord.