La session de tir finit par se conclure d'elle même, autant par manque de cible que d'énergie. Et ce ne fut pas pour déplaire à l'argenté qui vit avec un certains soulagement les courbatures tant promises par trop d'insistance s'éloigner à mesure que la situation se faisait plus calme.
Profitant de quelques instant pour ranger flèches et arcs à l'intérieur, déposant précautionneusement le tueur de dragon qu'il aurait pu jeter sans craindre pour son état, il ferma solidement le râtelier, laissant cette part guerrière de lui même derrière, pour se laisser tenter par son instructrice qui avait l'air au moins aussi fatiguée que lui, que lui s'il n'avait eut cette journée dans les jambes.
-Ce sera un plaisir alors, même si je crains qu'elle ne soit que purement fonctionnelle.
Modeste, et peut être légèrement trop prompt à dévaloriser ses possessions, il emmena la demoiselle à l'intérieur. L'endroit se révélait plus que fonctionnel, l'ancienne bâtisse qui avait servit de base à cette propriété ayant été entièrement reconstruite pour l'occasion.
Les murs affichaient un gris sobre, dont la patine était encore vierge de toute marque. Et s'il n'y avait eu cette senteur de bois du sud pour parfumer la pièce, cette dernière aurait sans doute embaumé l'odeur de la peinture fraiche.
Neuve mais confortable, elle affichait tout de même un certains charme, ses grandes poutres apparentes donnant un caractère certains à cette dernière.
Faisant avancer Amaryllis dans un salon élégant, Liory lui fit emprunter un escalier qui s'enfonçait sous la terre. Non pas un escalier sombre et inquiétant, prévisualisant un piège quelconque, mais une jonction aussi lumineuse que l'extérieur, donnant sur un fin couloir ou l'athmosphère se faisait plus humide et qu'une porte révéla être une pièce entièrement carrelée en bleu azur, et une fine couche de table vint accueillir les chaussures de la maitresse et de son apprenti du jour.
-Chose, promise...
Dit il en souriant, présentant par la même le bain en question, qui était un imposant bassin d'eau cristalline, une fine vapeur s'en échappant. Si Liory avait énormément de péché mignon, les bains en était un particulièrement tenace, le noble aimant passer de longues heures dans ses bains, flottant parfois à la surface, en laissant ses pensées s'envoler plus loin que bien des volatiles.
-Je mentirais si votre présence ne m'inspirait qu'une unique idée. Et à vous voir ainsi, une myriade d'entre elle m'assaillent, mais je préfère maintenir celle d'origine, et vous proposer un bain relaxant
Pour le reste.... qui peut savoir ?
Et qui voulait le savoir ? Perdu dans une maison loin des bruits de la ville, il n'y avait que pour seul témoins des murs aux lèvres closes. Et l'argenté préférait ne rien planifier d'autre que ce qui serait venu de lui même
S'asseyant sur un des rebords du bassin, il passa la main dans l'eau clair, souriant de voir que la température était bien plus chaude que d'autres bains ordinaires. Plus chaude et plus parfumée, cette dernière exhalant d'un parfum du vent océanique qui n'était pas sans évoquer la liberté qu'inspirait ces grandes étendues d'eau.
-Et si vous vouliez bien m'instruire d'avantage sur votre secret, je serais me montrer aussi silencieux qu'un mâne. Surtout s'il s'agit d'une manière d'égayer notre soirée
Retirant sa main de l'eau, juste à temps pour abaisser la lumière et la faire prendre une teinte pus douce, celle qui éclairait d'ailleurs les environs de la maison. Le soleil finissant par lui aussi détourner les yeux de la maison.
Néanmoins, elle ne pouvait pas nier ne pas avoir pensé que des installations dignes d’intérêts se trouvaient sous terre. Et, loin d’une cave aménagée, c’était un immense bassin cristallin qui se trouvait ici, avec tout le confort possible. Chauffé, illuminé et réglable, même au niveau de la senteur, Amaryllis ne pouvait pas nier qu’avoir ce genre de pièce serait très appréciable dans sa résidence. Sûrement lorsqu’elle aurait pris en responsabilités, et en salaire.
Elle s’avança donc dans la pièce, pieds nus sur le carrelage bleuté, prenant le temps de laisser son regard la parcourir. Elle revint un peu en arrière, pas pour fuir mais plutôt pour y déposer quelques affaires, à commencer par son épée bâtarde.
« Laissons les choses se faire, je ne pense pas qu’il y ait besoin de tout prévoir. La spontanéité est bien plus… amusante. »
Sa tirade avait toujours affiché ce petit sourire, alors qu’un bruit métallique se fit entendre, le bruit d’une lame que l’on dégaine. L’acier refléta la lumière tamisée de l’endroit alors qu’elle tournait dans sa main adroitement, finissant par attraper la poignée de celle-ci. Pour ne pas avoir l’air louche, elle porta la lame jusqu’à sa corne droite, et, d’un petit geste sec, en coupa un copeau, avant de répéter l’opération sur la gauche pour les maintenir à une longueur à peu près similaire. Même si elles n’étaient pas toujours exactement symétriques, c’était assez disgracieux de les déséquilibrer.
La lame ne tarda à retirer son fourreau, puis sa consoeur bien plus imposante qu’elle avait posé un peu plus tôt. Elle se réavança ensuite, complètement désarmée cette fois, jusqu’au noble, allant le rejoindre au bord du bassin, laissant échapper un petit soupir de plaisir en laissant le bas de ses jambes entrer dans l’eau bien chaude et très agréable, avant de tendre un petit copeau au noble.
« Si vous voulez connaître ce petit secret... »
Son ton légèrement mystérieux, elle attendit simplement que Liory ne s’en empare avant de glisser l’autre copeau entre ses lèvres, frissonnant légèrement en sentant le goût de la matière résineuse en train de fondre sur sa langue. Elle aurait pu l’absorber directement depuis ses cornes mais c’était plus convivial de faire ainsi. Le goût en lui-même n’était pas extraordinaire, même si assez original, pas si éloigné que cela d’un bonbon aux plantes, bien qu’un peu plus boisé. Pas si formidable que cela, surtout la première fois qu’on y goûtait. Mais le goût n’était pas vraiment le plus important.
« Laissez simplement le petit bout fondre comme une friandise, même si je vous déconseille d’abuser de cette friandise là en particulier... »
Elle continuait de le regarder, son ton toujours assez calme, analysant ses réactions. Normalement, l’action de la chose devrait commencer à se faire sentir assez rapidement chez le noble, au fur et à mesure que la dose fondait. Pas de quoi le rendre fou, mais de quoi sentir son esprit doucement se relaxer, oublier, et sentir ses sens se faire un peu moins discrets. Amaryllis, d’ailleurs, pouvait sentir encore mieux les nuances océaniques de l’endroit, et le bain se faisait un peu plus agréable au niveau de ses jambes. Un effet subtil. Un petit soupir ravi perça ses lèvres, même si elle se retint de faire la moindre action pour l’instant, attendant de voir ce que cela allait provoquer chez le noble. Se laisserait-il un peu plus aller et abandonnerait-il un peu de sa retenue? Elle avait hâte de le découvrir. Surtout qu’il y était moins habitué qu’elle. Et il avait aussi un peu moins la constitution pour y résister.
Un petit secret ? Bien malgré lui, Liory raffolait de ces petites confidences qui ne dépasseraient évidement pas les murs de cette pièce. Le noble avait ses secrets, dame Tylwaen également. Et il n'était aucunement question de jouer de ces derniers.
Cela dit, l'argenté fut extrêmement surpris de la voir se saisir d'une lame, et quelque peu horrifié de la voir se couper une de ses si jolie cornes en deux petits morceaux.
Intrigué, Liory la suivit dans le bassin, observant ce petit morceau d'elle. Il n'avait l'air de rien ainsi, et si pas un seul instant il ne supposa ce dernier être du poison, le noble prit quelques temps avant d'ingurgiter cette étonnante substance.
En bouche, le gout fut surprenant, non pas qu'il c'était attendu à quelque chose de particulier, mais cela lui rappelait quelques friandises de sa jeunesse.
A la différence que ces dernières ne lui avaient encore jamais procuré une telle sensation de bien être.
Le poids sur ses épaules se fit plus léger, tout comme ses courbatures qui semblèrent s'envoler en même temps qu'une certaine notion de retenue.
-C'est un secret qui me semble loin d'être désagréable
Dit il doucement en traversant le maigre espace qui les séparaient, formant une légère onde à la surface de l'eau. Cette image était d'ailleurs exactement la même que les pensées du noble qui voyait chaque geste se répercuter doucement, venant cela dit toujours à la même séduisante personne.
Comme si elle c'était faite plus imposante dans son esprit, le noble fut attiré par elle de façon presque irrémédiable.
-J'en vois bien des risques, il est vrai, mais tomber sous votre charme n'a jamais été du à une quelconque drogue j'en ai bien peur
Sa main se frayant un chemin jusqu'à ses hanches la rapprochant doucement de lui sans pour autant se montrer brusque, la drogue n'altérant nullement sa tendance à la douceur avec la gente féminine, bien au contraire.
Plongeant les yeux dans les siens, il ne put s'empêcher de sourire de façon mutine avant d'ajouter.
-La spontanéité m'oblige presque à faire quelque chose, mais peut être que cela se montrerait déplacer
Dit il en déposant un baiser furtif sur les lèvres de la demoiselles, plus une caresse à vrai dire qu'un réel baiser, une invitation plutôt qu'une exigence qui n'attendait qu'une simple réponse.
Le bassin à force de reculer finissait par les envelopper jusqu'à la taille, les isolants encore un peu plus du monde, mais les eaux resteraient elles calmes encore bien longtemps ?
Plus sereine, plus calme, l’endroit était parfait pour oublier, et pour se laisser oublier, surtout avec un noble aussi séduisant. Loin d’être prétentieux, il était de plus un gentleman accompli et un hôte des plus agréables comme elle n’en avait que peu connu. Surtout dans un milieu où certains se sentent parfois supérieurs de par leur rang.
Elle se laissa faire dans un premier temps, calmement, laissant ses mains se poser sur son corps, se rapprocher de lui, ses lèvres doucement entrer en contact avec les siennes, ce qui lui arracha un petit frisson d’excitation. Était-ce elle qui l’avait amené où elle le souhaitait, ou bien l’inverse? Quelle importance y avait-il à réellement compter les points de tout de façon?
« Ou bien peut-être sous-estimez-vous le risque de tomber sous mon charme? Je n’ai pas précisé de quelle friandise je parlais… »
Taquine, la rousse haussa légèrement un sourcil, glissant une caresse de sa main sur la joue de l’argenté, n’hésitant à se rapprocher à nouveau dans le même mouvement pour capturer ses lèvres avec les siennes d’une manière bien plus intense. Elle se laissa aller quelques secondes, avant de reprendre un petit peu de distance, ainsi que son souffle.
« Je suppose que la chose la plus déplacée en ce moment serait de se baigner à moitié habillés… »
Un fin sourire joueur sur les lèvres, son autre main se mit doucement à le débarrasser des vêtements qui lui restaient, sans trop qu’elle ne s’éloigne de lui. Entourés d’une eau chaude et de murs sourds à ce qui allait suivre, elle était comme dans une bulle, et parfaitement disposée à se lâcher complètement, et à s’abandonner à lui. La seule chose qu’elle garderait sur elle serait, bien évidemment, une certaine bague, à un de ses doigts.
Elle ne tarda pas, une fois un peu plus dénudés, à repasser à l'offensive, l’entraînant un petit peu plus vers le centre du bassin comme une sirène entraînerait une de ses proies vers les abysses. Même si elle ne l’attirait pas avec des promesses vaines, se laissant aller vers une nouvelle étreinte alors que ses mains se mettaient à danser sur sa peau, et que ses lèvres retrouvaient les siennes encore un peu plus intensément.
Son coeur battait fort dans sa poitrine, son esprit était embrumé tant par les sensations que par son pouvoir, comme dans une nappe de brume alors que de légères volutes de vapeurs s’échappaient encore du bain qu’ils partageaient après une journée de labeur. Même si le labeur n’avait principalement pas été le sien en début de journée, celui qui suivrait sera sûrement partagé en toute discrétion.
En toute discrétion, mais bruyamment tout de même.
Il y eut un bref rire alors que la demoiselle se faisait plus audacieuse, ce qui n'était pas pour déplaire à l'argenté
-Un risque ? Mais voyons ma chère, je le suis déjà depuis votre arrivée, il serait difficile d'en faire autrement
Et alors que tout basculait vers une ambiance plus débridée et une leçon plus physique que la précédente, le bassin se fit plus agité alors que le noble se faisait tour à tour prédateur et proie, il s'accorda un dernier instant de lucidité avant de basculer
-Si j'aimerai vous voir avec une attitude cavalière, j'avoue qu'un complément de ce genre de politesse serait plus qu'appréciée
Dit il avant que les deux ne replongent dans une étreinte rendue bouillonnante, et pas seulement par la température du bain.
******
Le soleil était déjà haut quand Liory rouvrit les yeux, l'astre peinant à éclairer au travers des épais rideaux qui masquaient l'extérieur. Et l'argenté put discerner la chevelure rose de son amante de la soirée, ne pouvant s'empêcher de sourire quand les pupilles de la demoiselle s'ouvrirent elles aussi.
Encore à moitiés nus, après une nuit pleine de tourments et de jeux qui les avaient épuisés, comme l'indiquait l'état chaotique de la chambre, le noble déposa un léger baiser sur les lèvres de la demoiselle, sachant pertinemment que ce doux moment touchait à sa fin et que cette encartage aux bonnes mœurs ne durerait qu'un temps
Bientôt la rigueur reprendrait le dessus et les relations se feraient plus ordinaire, tant que le publique regardait néanmoins. Car bien trop heureux de partager un moment avec la charmante Amaryllis, Liory ne se voyait pas lui refuser une autre escapade dans le genre.
-Bien le bonjour belle endormie
Dit il en souriant à la demoiselle, s'étirant par la même, sentant chaque fibre de son être hurler sous les courbatures des différentes séances.
Au moins pouvait il se targuer d'avoir lui aussi fait travailler le corps de son instructrice. La contemplant une nouvelle fois, il se fendit d'un compliment des plus honnête
-Même sans vos friandises, je dois avouer être toujours sous le charme
Alors qu’elle devinait l’arrivée du jour par les rideaux, ses obligations se rappelèrent aussi à elle et même si elle n’était pas tant pressée par le temps, elle allait devoir se remettre en route vers le centre de la Capitale. Le fait de dormir ailleurs n’était pas un problème pour elle de tout de façon, elle n’était attendue par personne si ce n’était peut-être Meyla, qui était de tout de façon habituée à ce que sa maîtresse ne rentre pas. Et puis cela faisait aussi des vacances à sa domestique, en quelque sorte.
La galanterie de l’argenté la fit d’ailleurs sourire. Même après tout cela, il ne changeait pas réellement, surtout avec ses petits compliments qu’elle ne pouvait pas nier apprécier. Et comme toujours, la rousse, de son côté, répondait avec une certaine ironie.
« Bonjour, je ne ferais pas l’affront de vous demander si vous avez assez dormi, je pense connaître la réponse. »
Car même si la nuit avait été bonne, elle ne pouvait pas vraiment la qualifier de reposante. Néanmoins, même si elle ne pouvait pas nier que les souvenirs étaient très agréables, et plutôt intenses, ils peinaient toujours à combler le vide de son âme. Mais ce n’était pas là quelque chose qu’elle souhaitait montrer de tout de façon. Même si elle avait une image en tant que consultante, et une autre en tant qu’amante, ces deux facettes restaient des masques.
« Je resterai bien encore quelques instants, mais j’ai des obligations avec le Royaume qui m’en empêchent. Mais je reviendrais d’ici une petite semaine pour continuer ces exercices... »
Elle ne précisa pas desquels elle parlait alors que ses doigts venaient déposer une douce caresse sur la joue de l’argenté, quelques secondes avant qu’elle ne se redresse et ne s’étire légèrement, remettant rapidement sa chevelure en place. Comme elle l’avait annoncé, elle ne pouvait pas vraiment s’attarder ici, alors passé le temps de se refaire présentable - chose qu’elle n’était plus vraiment après cette nuit agitée, elle finit par se tourner vers le noble une fois encore.
« On se revoit bientôt. »
Elle n’avait encore jamais dis ça à ses amants d’un soir, mais elle n’était pas opposée à l’idée tant que leur relation restait claire et qu’il ne pensait pas constituer un véritable couple. Et à l’entendre parler, et faire, et surtout en constatant son imagination et ses idées, elle pouvait se douter qu’elle n’était pas la première. Et peut-être pas la dernière non plus.
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