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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Le royaume d'Aryon  » Le royaume d'Aryon » Les côtes
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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Sam 1 Mai 2021 - 18:04 #
    Saison chaude année 979

    Calixte, cinq ans et deux jours, regardait l’onde aux reflets huileux tapant avec fracas contre la coque de bois sombre du bateau au ventre bombé. Assurément les nombreux trésors ayant pris place dans l’énorme cale avaient satisfait l’appétit féroce du navire marchand, et celui-ci fendait maintenant les flots avec l’indolence vacillante d’un homme repu. Curieux de ce paysage en teintes de bleu profond et des remous dessinant des ombres fantastiques quelques vagues plus loin, l’enfant s’était approché du bord du bastingage, s’était hissé sur une pile de caisses solidement attachée au ponton, et ses petits doigts s’étaient noués avec prudence aux cordages à proximité. Passer par-dessus bord serait du plus mauvais effet. Et pourtant, hypnotique dans ses mouvements répétitifs, la mer appelait son attention comme la flamme subjugue le papillon. Cramponnant un peu plus la large corde de ses mains, il se pencha encore davantage.

    Elle était venue le trouver le matin même, Deveen, dans son tailleur sévère et sa cape de voyage tout droit sortis des usines Devern. Il n’avait pas été le premier choix, il le savait ; il n’était jamais le premier choix. C’était sa sœur, Enora, qui aurait dû faire le voyage aux côtés de leur mère. Mais la petite fille avait été souffrante d’une fièvre tenace ces derniers jours, et les médecins avaient préconisé un repos salvateur pour lui permettre un rétablissement dans les meilleures conditions. Les Alkhaia de Eliëir n’étaient cependant pas maîtres de la Prévoyance pour rien, et les solutions de rechange, de contrepartie et d’arrangement faisaient partie de leur éventail de ressources quotidiennes. C’était donc Calixte, que l’on affilierait aussi plus tard à l’entreprise familiale, qui avait pris la place de son aînée aux côtés de Deveen pour ce voyage maritime visant à rencontrer une partie des partenaires, et adhérents, de la Prévoyance. Une poignée de conseillers et serviteurs accompagnait la dame et son fils. Ainsi que l’une des nourrices.

    Intrigué par ce qui lui semblait être son reflet dans le miroir aqueux, ridiculement petit, Calixte se pencha encore un peu. Les yeux écarquillés d’émerveillement, la bouche arrondie sur une syllabe d’étonnement muet.

    La dernière fois qu’il avait pris la mer, cela avait été sur le bateau de croisière familial. C’était d’ailleurs l’une des rares fois où, jusque-là, on l’autorisait à voguer sur l’onde. Il plaidait régulièrement sa cause, parfois même soutenu des braillements de Gwen-Aël sa petite sœur, auprès des nourrices pour qu’elles le laissassent grimper à bord de ces fiers navires qui mouillaient l’ancre aux quais du Grand Port. Mais celles-ci, emmaillotées des exigences de la famille des Alkhaia de Eliëir, n’avaient jamais cédé à ses suppliques. Les excursions maritimes étaient toujours restées l’apanage des têtes de familles, et elles n’avaient jamais rien eu de très divertissant. Longeant usuellement la côte suffisamment pour s’arrêter dans la première crique, et y restant pour la journée, tandis que les adultes discutaient entre eux verre à la main et que les enfants s’impatientaient dans les jupes de leurs nourrices. Calixte n’avait jamais compris l’intérêt de ces balades en mi mesure, mais Enora lui avait répété plusieurs fois qu’il comprendrait lorsqu’il serait grand.

    Cinq ans et deux jours c’était grand, mais il ne comprenait toujours pas. Quelque chose le retint par le col de sa chemise alors qu’il se penchait un peu trop par-dessus le bastingage, et son regard ambré se posa par-dessus son épaule avec surprise.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
    Informations
    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Dim 2 Mai 2021 - 17:42 #

    Installé à la poupe du bateau, les bras déposés sur le bastingage, j'observe tranquillement les flots - relativement calmes - qui nous guide au gré des vagues. C'est une journée comme tant d'autre il faut bien l'avouer, le navire avait fait plusieurs escales, nous avions remplit les cales, vendu quelques marchandises, rachetés d'autre pour les vendre à un autre port, un autre client, une autre société... L'habituel spectacle auquel on s'adonne chaque jours lorsqu'on est marin sur un navire marchand... Je soupire doucement, laissant mon regard se perdre dans l'immensité bleue avec un léger sourire en coin. C'était il y a déjà quelques mois...

    Quittant la demeure familiale, assurant à ma mère que je reviendrai aussi vite que possible, l'aider à s'occuper de la maison, j'ai d'abord fait une escale auprès de quelques camarades. Certes, ma génitrice ne les aimait guère, une mauvaise influence selon elle, des personnages peu recommandables. Loué soit Lucy, elle ne savait pas que j'étais sans aucun doute le pire. Des adieu somme toute assez bref, je n'avais pas particulièrement d'intérêt à faire durer l'échange, avant de me diriger vers les quais. Je suis jeune, musclé, en bonne santé! Nul doute qu'il serait aisé pour moi de trouver un emploi sur les docks, au déchargement des marchandises ou à la manutention des caisses. Qu'importe ce qui me permettrait de gagner ma vie au final, c'était un besoin et non pas une passion.

    Un léger bruit me sort de ma rêverie, je tourne la tête pour entendre deux compagnons discuter. concernant nos passagers du jour... C'est vrai que c'est assez surprenant, la plupart du temps nous ne faisons pas dans le transport des personnes. Faut croire que le petit et sa mère - je suppose que c'est ce qu'elle est - ne sont pas n'importe qui. Peut-être des nobles? Sans doute en réalité, j'imagine qu'ils ont dû donner une petite fortune pour que le capitaine les accepte à bord, il n'est pas des plus sympathiques après tout. C'est un bon bougre mais avouons-le, il a les manières d'un sauvage et nul doute qu'il passe plus de temps sur son navire ou dans des troquets mal famés qu'auprès de la noblesse et surtout de la gente féminine... Faut dire, je l'ai toujours connu ainsi...

    Marchant proche des navires, je n'avais pas spécialement prévu de devenir marin. Après tout, la mer m'avait déjà prit beaucoup! Comment oublier que la dernière fois que j'ai vu mon père, il était sur un navire, prêt à explorer le monde pour faire le recensement de la faune du royaume... Il me faisait des signes, affirmant revenir vite. J'ai attendu, encore et encore jusqu'à ce que plus aucun espoir ne subsiste. Au final la mer m'effrayait et pourtant... Alors que j'approchais des docks, il y avait ce groupe de marins qui revenait du large, le navire rempli de ressources et autres victuailles, une bonne journée pour le commerce comme le disait l'un d'eux. Est-ce le navire ou l'homme qui hurlait ses ordres qui me fit la plus grande impression? Je l'ignore mais je me surpris moi-même à m'approcher. Un regard suspicieux, une question toute simple : "un problème gamin?" et ce fut ainsi que je rencontrai le capitaine. Le lendemain, je revenais sur les quais, un sac sur l'épaule, de quoi me changer et une nouvelle idée en tête : voguer sur ce navire et suivre les envies de l'océan! Il avait suffit d'une seule rencontre pour que je me retrouve marin, moi qui avait jusqu'alors peur de la mer je m'apprêtais à passer la majeur partie de mon temps sur ce vaste océan... Risible non?

    Je secoue la tête, cela ne sert à rien de resasser le passé. Nous avons encore à faire! Me redressant, je me retourne pour retourner vers l'avant et c'est alors que je le vois : le gamin! Penché vers l'océan, sur des caisses qui n'ont définitivement rien à faire là. Je m'élance et l'attrape par le col de sa chemise - mouvement reflexe plus qu'autre chose - alors que je craignais de le voir tomber. "Attention petit, faudrait pas tomber à l'eau hein? Tu veux bien descendre de ces caisses?" Dis-je en tentant de me montrer sympathique, faudrait pas non plus le terroriser, c'est qu'un gamin...
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Lun 3 Mai 2021 - 17:30 #
    Son regard surpris se posa sur la silhouette d’un grand. Pas d’un grand grand, mais un grand tout de même. Avec curiosité, les yeux ambrés s’arrondirent davantage, traçant avidement les traits au sortir de l’adolescence d’une peau doucement tannée. Un regard vif éclairait les prunelles sous une touffe auburn, faisant écho à l’enthousiasme de la voix jaillissant du buste solide. Comme Calixte était à la fois docile, affable, et terriblement intrigué, il hocha frénétiquement de la tête, les lèvres encore légèrement entrouvertes sur une interrogation muette, et sauta maladroitement des caisses qu’il avait gravies. Ses pieds s’emmêlèrent quelque peu l’un dans l’autre, et battant des ailes, il fusionna instinctivement dans un cordage avant d’en sortir aussi promptement pour chuter sur le grand.

    - Oups ! Pardon ! Est-ce que je vous ai fait mal ? fit-il en écarquillant encore plus les yeux, jetant un regard rapide au gaillard avant où sa nourrice l’observait les lèvres pincées.

    Ca avait toujours été Frila, sa préférée, celle dont le souvenir avivait chez lui un bonheur innocent. Frila et ses lourdes boucles brunes relevées dans un chignon qui se voulait sévère mais était tellement désorganisé qu’il évoquait davantage un champ de bataille qu’un sage pompon au sommet de sa tête. Ses yeux en amande étincelant d’un vert rappelant les grasses prairies sur lesquelles on les amenait régulièrement se dégourdir les jambes, au nord du Grand Port, loin des adultes affairés de la maison familiale. Son parfum discret, un peu sucré, qu’Enora disait tout à fait commun et presqu’indigne d’une personne au service des Alkhaia de Eliëir. Calixte, lui, avait toujours aimé ce parfum. Il lui rappelait la douceur et la bienveillance de la jeune femme. La gentillesse avec laquelle elle pansait ses nombreuses blessures maladroites. La patience qu’elle lui accordait quand tous les autres riaient de sa médiocrité. Enora lui répétait qu’il était bien bête de s’attacher à la nourrice. A cette femme payée pour sa présence comme son attention. Mais il préférait encore sa compagnie agréable, même monnayée, à celle d’Eurydice.

    Eurydice fit mine de s’avancer à leur rencontre, sans doute pour lui reprocher à nouveau son insouciance – elle remercierait certainement le grand de son discernement de l’avoir ramené loin du bastingage, mais veillerait aussi à l’éloigner de la noble progéniture – mais elle fut soudainement alpaguée par Deveen accompagnée d’une poignée de ses conseillers. Profitant de cet instant pour virer un large regard humide vers le grand, Calixte lui saisit spontanément la main pour lui demander :

    - Vous travaillez ici ? Est-ce que heu, vous pouvez me montrer les cachettes du bateau ? Un grand bateau comme ça, doit y avoir plein de passages secrets ! J’aimerai bien les voir… C’est pas très drôle sur le bateau sinon. Et puis Eurydice…

    Nourrice Eurydice avait déjà été celle de Deveen et, encore avant elle, de grand-père Célestin. C’était une vieille dame qui semblait destinée à vivre, évoluer puis mourir, avec les Alkhaia de Eliëir. Fourbue aux exigences et intransigeances de la famille, elle était d’un caractère sévère et glacial qui avait très tôt mis Calixte mal à l’aise. Nourrice Eurydice ne participait pas aux piqueniques auxquels ont les emmenaient, ni aux festivités oisives qu’on leur permettait de fréquenter de temps à autres. Elle les surveillait de sa silhouette de chouettours aux mondanités du Grand Port, aux entretiens avec leurs précepteurs, lors de leur présence aux côtés des grands pour des affaires de la Prévoyance. La dernière fois que Calixte avait senti son regard perçant l’observer derrière ses bésicles, cela avait été aux précédentes présentations des jeunes gens de la noblesse. Bien entendu, l’attention avait été sur ces filles et garçons affleurant l’âge adulte, et entrant officiellement dans la cour intransigeante de la haute pour y représenter, satisfaire voire déshonorer leur nom, mais la fratrie Alkh’eir y avait assisté, comme la plupart des autres nobles lignées de la ville portuaire, pour commencer à s’en imprégner. S’y montrer. Enora et Kenneth avaient été à leur aise dans cet univers d’or et de vipères, mais Calixte n’avait, lui, gardé que le souvenir perturbant des yeux incisifs de nourrice Eurydice, et ses remontrances encore plus tranchantes.

    Elle était certainement la plus appréciée de leurs parents, la plus conforme à leurs désirs de garde, mais s’il remettait bout à bout tous les moments où il l’avait croisée, Calixte était certain que moins il la voyait, mieux il se portait.


    - S’il vous plait ? demanda-t-il encore d’une petite voix au grand.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
    Informations
    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Lun 3 Mai 2021 - 19:37 #

    Apparemment, mon intervention a fait son effet sur le petit gars. Il me regarde avec des grands yeux, la bouche entrouverte, hochant vivement la tête sans qu'un mot ne soit prononcé. Au moins, il n'a pas spécialement l'air effrayé de se retrouver ainsi face à moi, plus l'air surpris. Ce genre de surpris qu'ont les enfants lorsqu'ils se retrouvent face à l'inconnu, ce genre de surprise questionnement qui les pousse à toujours aller au devant du danger pour satisfaire leur goût de l'aventure, même si cela peut parfois être dangereux comme lorsqu'on se penche au-dessus d'un bastingage...

    Lorsque ma mère me voyait avec ce regard, cette intrigue dans les yeux, cette envie d'en savoir plus, elle soupirait souvent bien consciente que cela n'allait pas forcément bien se passer. Généralement, c'est lorsque mon père parlait des créatures du royaume, qu'il décrivait ces bêtes puissantes et majestueuses qu'il avait eu l'occasion d'étudier pour son emploi. Moi, j'écoutais ses histoires, les yeux grand ouvert, les étoiles brillantes dedans alors qu'il me décrivait l'apparence d'un crapaureau ou la majestuosité d'un blizzard... Ma mère lui disait de ne pas me mettre ces histoires en tête, que cela n'apporterait rien de bon et comme de fait, lorsque je quittais la demeure, allant jouer dehors, je m'imaginais vivre de grandes aventures, rencontrer des créatures inconnues, affronter des monstres redoutables et finissait bien souvent par revenir sale ou écorché de m'être aventuré là où je n'aurais dû aller, au grand dam de ma mère... Pourtant, jamais elle ne m'en a empêché, trouvant sans aucun doute que malgré l'état déplorable de mes vêtements à mon retour, il valait mieux que je vive ces aventures plutôt que de voir une réalité bien moins joyeuse? Un enfant doit rêver...

    Et en parlant de rêve et de choses incroyable, voici que le petit se prend les pieds l'un dans l'autre et... Disparait? J'observe sans réellement comprendre alors qu'il réapparait soudainement, me tombant littéralement dessus. Une chance que je sois robuste, je le rattrape sans choir et souris doucement. "Impressionnant! C'est ton pouvoir?" Lui dis-je, visiblement intrigué. Pas le temps de discuter pourtant, il me fait une réclamation inattendu, jetant par moment un regard à la femme l'accompagnant avec une sorte de frayeur dans les yeux... Un enfant doit rêver!

    J'ai cessé de rêver quand mon père est parti : plus d'histoires incroyables, plus de descriptions des créatures du royaume, plus de raison de réellement rêver en fait... Il est parti un jour sur son navire, direction la frontière afin de faire un recensement. Me saluant d'un signe de main, promettant de revenir avec de nouvelles histoires, des aventures plus incroyables encore alors qu'il les aura vécu. Mes yeux brillaient d'émerveillement mais petit à petit, les jours sont passés, puis les mois, les années et cette lueur rêveuse s'est éteinte. Les aventures n'étaient plus qu'un lointain souvenir, les rêves avaient fait place aux cauchemars et moi qui était un enfant si joyeux découvrait la réalité de la vie : C'était évident, le monde n'appartient pas à ceux qui rêvent trop, loin de là même et le retour à la réalité est souvent brutal : les dettes que mon père avait contracté nous apparurent enfin, le retour de flammes fut difficile à vivre en réalité : cette expédition n'était pas son rêve comme il le disait mais bel et bien une nécessité : organisé par le roi de l'époque, elle était censé lui permettre de se refaire, rembourser ses créances, respirer à nouveau... Il n'en fut rien puisqu'il disparu à jamais et avec lui, mes espoirs d'aventure. Les difficultés de mon père devinrent celle de ma mère et les miennes lorsqu'elle tomba malade! Je n'étais qu'un enfant et je ne rêvais déjà plus...

    Une nouvelle supplication, un nouveau regard vers la vieille dame qui n'a pas l'air commode et un léger sourire avant de tendre la main au jeune garçon. "Je vais te montrer! J'espère que tu es prêt pour une grande aventure!" Dis-je avec un petit clin d'oeil. Honnêtement j'ignore quoi lui montrer mais je suppose que tout vaut mieux que la réalité? Ce gamin doit encore rêver!
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mar 4 Mai 2021 - 16:03 #
    Le grand lui tendit la main, et Calixte l’attrapa sans hésitation, les yeux pétillant à nouveau d’espoir innocent. Une grande aventure ! Rien de moins que ça. Il pouvait sentir la fièvre de l’excitation faire frémir sa peau et accélérer le rythme de son cœur. Son imagination s’occupant de fournir milles trésors au travers des couloirs étriqués du navire comme derrière chacune des portes de celui-ci.

    La dernière grande aventure du petit garçon avait été avec Kenneth, quelques semaines plus tôt. Frila les avait emmenés aux écuries de la maison familiale pour leur cours d’équitation avec le vieux palefrenier Ambert, et comme dame Chouale leur monitrice s’était faite porter pâle quelques heures auparavant seulement, les deux adultes avaient concédé à leurs suppliques et les avaient menés hors des murs du Grand Port pour une petite promenade avec leurs poneys. En dépit de leur sortie matinale, les rayons ardents du soleil estival avaient eu rapidement fait de leur roussir les bras dénudés, et il n’avait fallu pas plus d’une demi-heure de balade pour que chacun fut en nage de transpiration. Calixte se souvenait encore de la sensation de sa chemise collant désagréablement à sa peau, et la brise tiède n’avait rien fait pour adoucir leur vadrouille bucolique. Néanmoins, fasciné par les paysages d’herbe jaunie par la chaleur et des fermiers moissonnant les champs alentours, intrigué par chaque chant de grillon détournant temporairement son attention, le blondinet ne s’était guère attristé des conditions quelque peu arides de leur sortie. Et puis, guidés par Frila et Ambert, les poneys avaient eu le droit de trotter vivement sur quelques centaines de mètres, arrachant de joyeux éclats de rire aux deux enfants. Jamais Calixte n’avait été aussi vite !

    Prêt à l’aventure mais tout aussi curieux de ce gentil grand qui le soustrayait courageusement au regard de nourrice Eurydice, Calixte suivit celui-ci en l’observant attentivement. Et en bavardant :

    - Vous êtes aventurier ? Capitaine ? C’est votre bateau ? Vous êtes déjà monté là-haut ? Tout là-haut ? Dans la… « vie J » ? Est-ce que vous connaissez touuuuuus les secrets du bateau ? Y a des fantômes ?

    Enora soutenait que les fantômes n’existaient pas, qu’ils appartenaient aux contes et merveilles, et que seuls les petits enfants pouvaient y croire. Mais le blondinet était certain d’en avoir déjà vus !

    La première fois qu’il l’avait vue, et dont il se souvenait car il était à peu près certain d’en avoir déjà gardé un souvenir flou par le passé, la silhouette blanche, éthérée, se tenait au coin d’une haute étagère de la bibliothèque, comme si elle hésitait entre la section des encyclopédies et celle des livres de science. Surpris plus qu’inquiet, et de plus en plus intrigué, Calixte l’avait observée de la porte entrebâillée par laquelle il venait de se faufiler discrètement. Dans la pénombre qui avait englouti la salle avec le passage des heures, il avait dû à sa vision juvénile efficace d’appréhender aussi vite l’intruse au fond des rayonnages. Comme il avait cependant été encore trop loin pour discerner correctement ses traits, il avait envisagé de traverser la bibliothèque à pas de loup, en longeant les étagères dans l’espoir de profiter de leur grandeur occultante. Ses pieds avaient ainsi commencé leur trajet d’espionnage, et il s’était avancé dans l’obscurité. Un éclat de voix dans le couloir d’où il était venu avait cependant attiré son attention, et sa chaussure avait tapé dans le bois d’une table. Inquiet d’être pris la main dans le sac que réellement alerté par l’étrange apparence de la silhouette, il avait cherché à se cacher sous le meuble qui l’avait trahi. Sa petite taille lui avait permis de se glisser aisément dans son abri de fortune, et il avait regardé, le cœur battant à tout rompre, les pans de la silhouette diaphane se tourner lentement dans sa direction. Pour s’y diriger.

    Sautillant toujours derrière le grand, il poursuivit :

    - Moi c’est Calixte ! Et j’ai cinq ans et deux jours, ajouta-t-il très sérieusement. Et vous c’est comment ?
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mer 5 Mai 2021 - 12:10 #

    Sans une once d'hésitation, le gamin se saisit de ma main, visiblement l'idée même d'une grande aventure lui met des étoiles dans les yeux. Tâchons alors de ne pas le décevoir mais que lui montrer exactement? Il faut bien avouer que pour moi, le navire est tout ce qu'il y a de plus ordinaire pourtant, au fil de sa question, l'enfant me donne tout de même quelques pistes à explorer.

    La vigie... Oh oui j'y suis déjà monté. Passage obligatoire pour tout nouveau, cela ne faisait que quelques jours que j'étais sur le navire lorsque la nouvelle tomba : c'était mon tour de monter au sommet du grand mat. Je n'ai jamais réellement eu le vertige mais, il faut bien avouer que je suis plus à mon aise sur le plancher des vaches qu'à plusieurs mètres d'altitude. Pourtant, lorsque l'ordre est tombé, je ne pouvais pas spécialement refuser, surtout pas en étant le petit nouveau... Prenant donc mon courage à deux mains, je me suis accroché à la corde et j'ai commencé mon ascension avec une certaine appréhension. Le plus important, ce n'est pas spécialement le cordage qui sert à monter, c'est plutôt l'impression de solitude que l'on ressent lorsqu'on monte de plus en plus, alors que le pont semble devenir plus petit, l'océan semble devenir plus gigantesque et l'on se sent minuscule face à l'immensité bleu. J'ai appris, à mes dépends, que regarder vers le bas n'est pas une bonne idée, que même si l'on a pas spécialement le vertige - ou qu'on croit ne pas l'avoir - cela peut surprendre et donner des raisons d'avoir peur au plus courageux des hommes... Prenant mon courage à deux mains, j'ai pourtant terminé cette montée et là, quelle ne fut pas ma surprise exactement? La vision au sommet du navire, en position de vigie, est absolument sublime! L'océan qui se dévoile à perte de vue, le soleil qui se reflète sur l'océan, faisant briller d'une lueur divine l'étendu azure, le souffle du vent qui caresse le visage... La sensation de solitude se mue en un sentiment étrange d'émerveillement et de liberté.

    Reportant mon attention sur l'enfant, je secoue doucement la tête comme pour répondre d'une seule fois à ses nombreuses questions, l'entraînant dans mon sillage vers le centre du bateau, hors de vue de cette dame et de son regard qui semblait oppressant pour le p'tit gars. "Je suppose que tous les marins sont un peu aventurier? Je ne suis pas capitaine, pas encore mais je le serai un jour!" Dis-je avec confiance, je n'ai pas l'intention d'être manœuvre toute ma vie après tout. "Je suis déjà monté au sommet oui, est-ce que tu aimerais y aller? Je n'ai encore jamais vu de fantômes sur le navire et concernant les secrets... Je l'ignore mais nous allons peut-être en découvrir de nouveaux ensemble?" Je me gratte doucement le menton faisant mine de réfléchir à quel secret incroyable nous pourrions découvrir... "Cinq ans et deux jours? Et bien, tu es un grand bonhomme Calixte! Moi c'est Brent." Lui répondis-je alors que machinalement mes pas m'amène vers la cale comme une grande habitude.

    Dès le départ, une routine s'était installé et cela depuis le premier jour de travail. Notre navire faisait dans le commerce des marchandises alors forcément, ce que je voyais le plus du vaisseau, c'était la cale! Une journée de travail classique constituée en de nombreux pas et des caisses que je portais de la cale vers l'extérieur, vers la cale de nouveau au gré des échanges entre notre navire et les différents clients. En réalité plus qu'un véritable navire commerçant, j'étais surtout membre d'un bâtiment de transport : achetant sur les îles pour revendre plus cher sur le port et, pour être honnête, je faisais plus de manutention que je ne servais de clients. La cale, c'était un peu mon secteur de travail particulier, je devais vérifier ce qu'on y faisait entrer, comptabiliser ce qui sortait, m'assurer qu'il n'y avait aucune incohérence entre les deux chiffres et faire attention au vol également... Bien-évidemment, puisque nous étions tous ensemble en mer, les vols ne risquaient pas de passer inaperçu et puis, au bout de peu de temps les nouveaux connaissaient tous l'équipage donc, c'est bien un problème avec lequel je n'eu pas réellement à m'inquiéter. En fait, matelot sur un navire marchand, ce n'était somme toute pas très différent du travail sur les docks...

    "Tu vas être mon assistant Calixte! Nous allons voir s'il y a des fantômes qui se cachent dans nos marchandises d'accord?" Alors que l'on arrive dans la cale dans laquelle d'autres membres d'équipage sont déjà en train de s'affairer.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mer 5 Mai 2021 - 17:16 #
    - Oh oui, j’aimerai bien monter tout là-haut ! Est-ce que c’est si haut qu’on voit tout le monde du monde ?

    L’aventurier-marin bientôt Capitaine Brent était déjà monté en haut de la tourelle qui surplombait le navire, et ça, ça en disait long sur ses capacités et sa bravoure ! Calixte se dit qu’il avait vraiment eu de la chance de tomber sur ce grand-là. Et peut-être qu’un jour, lorsque lui-même aurait un peu plus que ses cinq années et deux journées déjà honorables, il serait aussi fort que lui. En tout cas, Brent semblait être déjà tout disposé à l’y préparer en faisant de lui son assistant, et Calixte était tout empressé de jouer ce rôle.

    Il avait déjà eu un rôle similaire, quelques lunes plus tôt, lorsque Frila les avait introduits pour un après-midi dans les cuisines. L’heure n’avait pas été encore à l’empressement pour la réalisation des mets du souper, et une douce ambiance léthargique s’était abattue sur les lieux. Seul un commis était resté pour surveiller les rares préparations poursuivant leur cuisson, dresser les petits gâteaux qui seraient certainement demandés pour le goûter, et garder au chaud une eau presque bouillante pour le thé ou le café que les maîtres de maison risquaient de demander à tout moment. Le reste du personnel profitait d’une pause bien méritée, qui serait écourtée bien assez vite avec les obligations du dîner. Sur une longue table autour de laquelle des chaises avaient visiblement été rajoutées hâtivement – là n’était visiblement pas leur place, elles occupaient presque tout le passage dans ces cuisines étriquées – le nécessaire pour la confection de sablés avait été méticuleusement arrangé afin de servir la cause de Frila. Si l’on n’encourageait guère la descendance Alkh’eir à s’adonner à d’aussi basses besognes, il y avait dans l’art de la préparation culinaire tout un volet de valeurs intéressantes qui valait la peine de s’y attarder. Ainsi, bien que l’objectif premier de l’activité fût certainement ludique pour Frila, c’était le type d’organisation qu’elle était invitée, et aidée, à réaliser avec les enfants, afin de développer certaines de leurs capacités. C’était aussi généralement la raison pour laquelle Enora s’échinait à briller sur ces temps d’activité, rendant ce qui aurait pu relever du divertissement innocent une compétition implacable. Calixte avait donc été heureux que Frila, pour une fois, l’eût nommé assistant principal pour la préparation des sablés. Jusqu’à ce qu’Enora ne fût si jalouse, qu’elle sabotât toute leur entreprise. Enfin, peut-être. Le fait était que leurs gâteaux furent étrangement parsemés de gravillons, et que si le commis n’avait eu l’œil avisé, ils auraient pu causer quelques dégâts. Frila, d’une gentillesse extrême mais pas moins ferme lorsque la situation le requerrait, avait longuement sermonné Enora. Bien qu’elle niât y être pour quoi que ce fût.

    - Assistant Calixte, répéta le blondinet, faisant rouler les mots sur sa langue.

    Ça sonnait vraiment bien ! Et puis si Brent n’avait pas encore vu ni de fantôme, ni de secrets, à bord du vaisseau, c’était certainement car il n’avait eu d’assistant jusque-là. On pouvait être le meilleur des aventuriers-marins, si l’on n’avait pas la bonne équipe avec soi, certaines merveilles pouvaient nous éluder un moment.

    - Vous avez des frères et sœurs, Brent ? Moi j’ai deux grandes sœurs et un grand frère. Parfois je fais aussi leur assistant, mais seule Gwen aime bien quand c’est moi son assistant. C’est quoi des marches en disent ? Qu’est-ce qu’elles disent ces marches ? Vous pensez qu’elles veulent pas dire où sont les fantômes ?

    Une fois, avec Gwen-Aël, ils avaient ainsi joué aux détectives. Elle s’était nommée Sherlil Olms, et elle l’avait rebaptisé John Ouatsonne. Ils étaient alors gardés par nounou Minh. Un très gentil garçon tout juste sorti de l’adolescence, plein de bonnes volontés mais terriblement lunatique. Être surveillé par Minh était toujours très amusant pour les enfants - et très libertaire - mais aussi plus riche en blessures et remontrances par la suite. Sur un - long - moment d'inattention de leur nounou, les deux petites têtes avaient poussées leurs investigations au-delà de la pièce principale de la demeure des domestiques, et s’étaient aventurés dans l’étroit couloir bordé d’ombres qui desservait les diverses commodités. Suivant la piste du bouton perdu de la peluche gloot pour laquelle leur équipe Olms-Ouatsonne avait été mandatée par les plus hautes instances, ils avaient joyeusement gravi les marches étroites menant vers les chambres des employés et avaient poursuivi leur exploration sans aucune préoccupation pour l’intimité de ceux-ci. Après tout, ils avaient été en mission ! Ils avaient visité deux petites pièces et avaient pénétré dans celle de nourrice Eurydice, lorsque Calixte avait aperçu, à l’angle de la minuscule salle d’eau privée, un pan du fantôme de la bibliothèque. D’aussi près, il avait pu observer les volants de sa jupe diaphane et le galbe d’une jambe gracile habillée d’une bottine surmontée d’un joli nœud. Avant qu’il n’eût pu s’aventurer davantage vers l’ectoplasme pour apprécier aussi les traits de son buste voire de son visage, une créature moins merveilleuse avait mis le grapin sur détective Olms et rappelé son attention. Une chouettours.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Ven 7 Mai 2021 - 1:12 #

    "Bien mieux que cela. On voit tout l'océan et tu sais ce qui est bien avec l'océan? Il est infini!" Dis-je en faisant un mouvement exagéré de mon bras comme montrant une étendue qui couvrirait tout l'horizon. Ce n'est pas totalement vrai bien-entendu, bien qu'il soit immense, l'océan et comme toute autre chose. Il a une fin, elle est juste plus difficile à définir d'une certaine manière.

    Mon père avait l'habitude de me dire cela, lorsque j'avais une question sans réponses, une énigme que je ne pouvais résoudre, il me répétait que la solution était probablement là-bas, à l'autre bout de l'océan... C'était sa réponse favorite quand il ne voulait pas réellement expliquer une chose. Il faut dire que, nous habitions sur une petite île des archipels, au-delà des terres de notre petit village, il n'y avait rien d'autre que cette étendue d'eau salée. Il n'y avait donc pas de plus grand mystère pour moi que ce-dernier, qu'est-ce que l'on trouvait à l'autre bout de l'océan exactement? Généralement, mon père riait alors que je fixait la surface de l'eau, un rire fort qui semblait faire écho aux vagues les plus animées. C'étaient mes moments préférés! Dans ce genre d'instant, mon père et moi nous installions sur le petit ponton proche de ma maison, à cet endroit exact où il m'avait apprit à pêcher. Les yeux observant l'horizon, cette ligne imaginaire au niveau de laquelle le ciel et la mer se rejoignent, je lui demandais de me raconter des histoires, de me parler du bout de l'océan, des merveilles que l'on pouvait y trouver, des créatures fantastiques que l'on pouvait y découvrir et lui... Il le faisait! M'inventant mille et un récits - à moins qu'il ne les ais entendus lors de ses passage au grand port - mais dans tous les cas, j'étais réellement heureux...

    Le vent du large souffle sur mon visage, emportant avec lui quelques gouttelettes d'eau salé provenant de la mer - à moins que ce ne soit une larme? - alors que le jeune garçon répète, avec un certain plaisir, son nouveau rôle d'assistant ce qui me fait doucement sourire. Un enfant est si simple à satisfaire en réalité. Je lui propose donc de commencer par la cale, aller voir s'il y a des fantômes dans les marchandises et sa réponse m'arrache un petit rire. Bien-sûr, il n'a que cinq ans après tout, je me penche devant lui, posant un genou au sol et je lui fais signe d'approcher. "Je vais te dire un secret Calixte... Les marches refusent de parler lorsqu'on s'en approche trop... Pourtant elles parlent, écoute..." Et je lui fais signe de ne rien dire et d'écouter.

    La première remarque que je me suis faite lorsque je suis monté sur le navire, c'est qu'il n'y a pratiquement jamais de moment de silence! Le vent qui me soufflait dans les oreilles, les vagues qui venait se briser sur la coque, les oiseaux qui tournaient autours de notre embarcation et les marins qui se déplacent sans la moindre délicatesse pour s'atteler à leur tâche... Non, un navire n'est définitivement pas un endroit calme, même la nuit ce n'est pas mieux en réalité! Les bruits restent les mêmes et il faut toujours quelqu'un en faction pour s'assurer que l'on tient le cap, que la mer n'est pas trop agitée, qu'aucune créature ne nous attaque... Mais surtout, je pense que le bruit qui m'a le plus marqué, c'est celui que l'on entend lorsqu'on arrive à faire abstraction des autres : le bois qui craque! Est-ce à cause des pas qui le martèle, des intempérie qu'il subit ou simplement parce qu'il est vieux? Je l'ignore mais j'ai remarqué assez vite que le bois émet souvent des complaintes grinçante comme s'il tentait de nous dire quelque chose... Un bruit que l'on m'a dit que je n'entendrais plus au bout d'un moment, lorsque prenant peur - après tout c'était ma première fois sur un navire - j'ai affirmé que l'on allait couler et que l'on m'a rit au nez... Un bruit que malgré tout, j'entendais toujours.

    "Tu entends les marches? Peut-être qu'à toi, elles voudront bien te parler! Allons voir." Dis-je en me relevant, reprenant la main du petit bonhomme nous reprenons la route pour descendre vers la cale.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Sam 8 Mai 2021 - 15:20 #
    Un secret ! Ecarquillant les yeux, s’approchant encore plus de Brent, Calixte écouta avec grande attention les propos suivants de l’aventurier-marin. Et puis, suivant ses consignes, se penchant un peu en avant pour tenter de distinguer la conversation des marches, le blondinet se concentra de plus belle. Usuellement, en dépit de sa bonne volonté, il n’était guère adroit dans la réalisation de ce qu’on lui demandait. Mais peut-être réussirait-il tout de même à entendre ce que les marches avaient à dire !

    Ils étaient jeunes, encore, dans la fratrie de Calixte. Mais les Alkhaia de Eliëir avaient toujours été convaincus qu’il n’y avait pas d’âge pour débuter une éducation de qualité, ni d’âge pour se passer d’activités purement oisives. Ainsi, Enora, Gwen-Aël, Kenneth et Calixte avaient, comme tous les autres enfants de la famille, bénéficié de l’instruction de précepteurs privés dès leur plus tendre enfance. Les cours, bien évidemment, étaient tout de même adaptés à leur niveau de développement, et leur intensité dépendait de leur capacité de concentration. Deveen n’attendait pas la même assiduité d’Enora, l’ainée, que de Calixte, le cadet. Néanmoins, en dépit de ces arrangements fonction de son âge, le blondinet savait qu’il se révélait d’un niveau bien médiocre par rapport aux autres. Le pire de son calvaire, peut-être, résidait dans l’instruction de l’étiquette. Pour les autres activités à la fois ludiques et instructrices qu’on lui proposait il pouvait presque décemment s’en sortir à force de persévérance, mais il semblait que dans la gestuelle millimétrique dictée par les us et coutumes de la haute, sa maladresse déployait malheureusement toute sa préséance. Le dernier cours, par exemple, sous l’œil sévère de nourrice Eurydice et les consignes du couple Vindzor, Calixte avait passé son temps à se cogner contre tous les coins et arrêtes du mobilier autours duquel on leur avait demandé d’évoluer dans l’imitation d’un repas en bonne compagnie. Cela lui avait valu les railleries d’Enora, et les remontrances de leurs instructeurs. Et puis, comme Deveen avait saisi ce moment pour prendre des nouvelles de l’éducation de ses enfants, la fin de soirée avait été des moins amusantes pour le blondinet. Il l’avait passée à répéter les grâcieux mouvements que l’on attendait de lui avec une gaucherie de plus en plus prononcée à force de tenter de contrôler toutes ses articulations récalcitrantes, et puis, bien incapable d’atteindre le niveau demandé par les adultes, avait été puni avec majoration de devoirs. Déçu de ses performances, l’enfant avait accueilli les corvées supplémentaires avec tristesse, mais la volonté de surpasser ses défauts avait fini par alléger son humeur.

    Tendant attentivement l’oreille, fronçant les sourcils à mesure que le langage des marches lui demeurait opaque, Calixte se dit qu’il n’était peut-être pas très doué, non plus, en langage de marches. Les crissements du bois lui parvenaient comme une mélodie aux accords connus mais au tempo imprévu, mais nul murmure intelligible ne lui parvenait de ce chant persistant.

    - Je comprends rien, avoua-t-il avec déception à Brent, en se demandant si lui aussi allait accuser ses compétences médiocres. Mais tout le bateau chante ! nota-t-il. Est-ce que vous, vous le comprenez ? poursuivit-il, le regard à nouveau rempli d’étoiles. Oui, allons voir ! Peut-être qu’on les comprendra mieux là-bas, et qu’elles nous raconteront pleins de secrets. Y a des trésors, sur le bateau ? Et des créatures ? Méchantes ou gentilles ? Gwen dit que tous les endroits où il fait noir il peut y avoir des mânes. Eno dit que ce sont des bêtises, mais qu’il en y a certainement un chez les domestiques.

    Enora aimait bien essayer de leur faire peur. Mais Calixte, lui, était d’une curiosité surpassant généralement la peur. Comme l’instinct de survie.

    - Y a des familiers sur le bateau ? Vous avez des familiers ? Au domaine on a pleiiiiin d’oréilles-ouille. Deveen dit que c’est bien pour la Prévoyance.

    Une fois, ils avaient poussé leur exploration jusqu’au bâtiment des bureaux de la Prévoyance. C’était Frila qui avait consenti à les y amener, Gwen-Aël, Kenneth et lui. Comme cela faisait déjà quelques jours qu’ils s’étaient ligués pour la harceler de ce caprice, elle avait finalement cédé en leur faisant promettre d’être sage. La structure ressemblait de l’extérieur à un donut et, comme l’architecture des lieux avait dû évoluer en hauteur dû fait de sa localisation dans l’enceinte du Grand Port, elle surplombait les tourelles des autres bâtiments comme l’auréole d’un saint. Ses parois épurées, bâties de verre et de la pierre nacrée des environs, lui permettaient de conserver un visuel léger et discret dans un environnement qu’elle aurait pu sembler écraser. La flore locale, luxuriante, avait fini d’y apporter une touche de douceur en végétalisant certaines de ses parties. Dans les bureaux cachés en son sein, les membres sélectionnés par et pour la Prévoyance s’activaient. C’était là que tous leurs dossiers étaient créés, traités, archivés. C’était là que les têtes pensantes, aidées de leurs oréouilles, mettaient à jour les grilles imbuvables de l’assurance. Mais surtout, c’était là que le coffre-fort de celle-ci était jalousement gardé. Frila les avait accompagnés à l’orée des aires de travail de leurs aînés, et ils avaient retrouvé Enora, accompagnée de nourrice Eurydice, dans le bureau de l’un de leurs grands-oncles. Du fait de son statut d’ainée, elle était initiée aux arcanes de la Prévoyance. Et sans doute qu’Eurydice désapprouvait grandement qu’on eût distrait l’héritière directe des Alkh’eir, car le regard qu’elle adressa à Frila à leur arrivée était des plus glacials. Mais Calixte, bien vite plus intéressé par les curiosités du lieu que l’éventuel conflit entre leurs deux femme, ne s’y était guère attardé.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Lun 10 Mai 2021 - 18:24 #

    Un léger sourire en coin alors que le gamin se penche légèrement vers l'avant, fermant même les yeux pour se concentrer sur les sons l'entourant. Je me demande ce qu'il va entendre, ce qu'il va imaginer également, certes les craquement du bois ne sont pas réellement des paroles mais, ils peuvent raconter une histoire à qui y fait suffisamment attention... Je sais que personnellement, mon imagination n'avait absolument aucune limite fut une époque.

    Il suffisait d'une parole, une affirmation ou un début d'histoire pour que mon esprit s'imagine déjà une aventure folle. Il faut dire qu'avoir un père qui partait sur la route la plupart du temps pour son emploi, cela avait de quoi motiver mon esprit fertile. J'ignorais que la vie peut être difficile, j'ignorais les problème que les autres avaient, les grands comme on les appelle innocemment lorsqu'on est enfant - sans réellement se rendre compte que beaucoup n'ont jamais réellement "grandi" - pensant que forcément, on vivre également des aventures incroyables plus tard, lorsqu'on en aura l'âge. Armé d'un bout de bois que je brandissait comme une épée, je partais sur les chemins de mon petit village, de ma petite île, imaginant affronter des créatures incroyables pour sauver les pauvres habitants terrifiés. Je m'imaginais gravir les échelons, rentrer dans la garde jusqu'à occuper le post le plus important : celui de commandant. Maman disait toujours que la garde était là pour protéger le peuple, qu'ils étaient plus valeureux encore que les aventuriers... Elle a cessé de dire ça, et moi d'y croire, lorsque mon père a disparu et qu'elle s'est retrouvée écrasée par les dettes, sans personne de réellement valeureux pour l'aider...

    Une légère déception dans le regard de l'enfant alors qu'il affirme ne rien comprendre, je secoue doucement la tête, hors de question de le laisser se démonter de la sorte. "Malheureusement je ne les comprends pas non plus... Mais tu les entends! Ensemble nous allons sans aucun doute comprendre!" Dis-je dans une affirmation faussement exagérée. Bien-sûr nous ne comprendrons pas les marches, ce n'est pas le pouvoir dont je dispose de comprendre un objet cependant, cela aura le mérite d'occuper le jeune garçon durant le voyage. "Des trésors? Oui! Des créatures également, le capitaine à une familier avec lui. Par contre aucune n'est hostile et moi... Non, je n'ai pas de familier malheureusement." Je n'en ai plus serai plus juste en réalité

    Il s'appelait Frost. Un jeune griffroid que mon père avait ramené d'une de ses aventures pour devenir le compagnon de la famille. Ma mère n'appréciait pas spécialement d'avoir un animal pouvant être dangereux comme familier pour son fils mais, je l'aimais particulièrement. En plus, il m'aidait à comprendre ce pouvoir que j'étais loin de maîtriser d'une certaine manière. La glace nous liait... Je passais tout mon temps avec lui lorsque mon père était sur la route, il me tenait compagnie, m'accompagnait dans mes aventures imaginaires, gambadant joyeusement à mes côtés et montrant parfois les crocs aux plus grands qui se montraient méchants parfois. Plus qu'un familier, il était mon meilleur ami, peut-être même le seul? Il faut avouer que j'ai toujours été solitaire, je pense ne jamais m'être lié d'amitié avec personne depuis. Malheureusement, il a disparu en même temps que mon père... Pour cet emploi, il a prit Frost avec lui pour le protéger en cas de danger, je n'ai jamais revu ni l'un, ni l'autre.

    Alors que nous descendons dans la cale, les marches craquent de plus bel. Un regard interrogateur vers le jeune garçon, manière de le pousser à me dire qu'il comprend ce qu'elles "racontent" mais pas le temps de réellement s'arrêter car déjà, nous voici devant les marchandises transportées par le navire. "Et voici les trésors que nous transportons!" Dis-je avec entrain. Il n'y a certes rien qui soit réellement un trésor mais, certaines marchandises valent tout de même quelques cristaux...
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mar 11 Mai 2021 - 21:51 #
    Il y avait des trésors, Brent l’aventurier-marin le confirmait. Sautillant fébrilement sur ses petits pieds, Calixte se mit à imaginer toutes les belles choses emmagasinées dans le ventre rond du navire. Probablement des tonnes d’aliments délicieux, des bonbons à foison, des peluches de toutes les couleurs, tout un assortiment de jeux divers, et de quoi se déguiser en plein de personnages différents.

    Calixte avait toujours aimé se parer de costumes variés. Les nourrices s’escrimaient à lui faire enfiler de beaux vêtements sous l’impulsion des exigences de Deveen et Joaness, mais contrairement à son frère Kenneth qui aimait parader dans la soie et le velours, le blondinet aimait davantage enfiler les affaires d’un pirate ou d’une paysanne. L’attribution genrée des habits, si elle ne lui échappait guère, lui étant complètement insignifiante. Calixte était curieux par nature, et il n’y avait rien de plus intéressant que d’être quelqu’un d’autre pour quelques instants. Enora trouvait tout cela puéril, mais Gwen-Aël était toujours partante pour jouer avec lui. Une fois, Frila leur avait trouvé des déguisements de mantabu – parce que l’enthousiasme des enfants n’aurait su se cantonner au règne humain – et ils avaient couru à travers les passages fleuris du jardin de la demeure familiale en essayant d’imiter les créatures marines. Les jardiniers avaient été amusés de les voir débouler sous les arches couvertes de glycine en écartant les bras pour donner de l’envergure à leurs costumes de raies, mais Deveen avait été moins réjouie par leurs enfantillages, surtout après qu’ils se fussent empêtrés les pieds dans leurs vêtements et salement rétamés dans les buissons de rosiers. De longues estafilades avaient éventré les déguisements, laissant ici et là couler le carmin de leurs veines, et un patchwork d’ecchymoses avait recouvert leur peau sous-jacente. Ni Gwen-Aël ni Calixte n’aurait su dire ce qu’il s’était passé exactement, mais il était certain que leurs remontrances à la suite de l’incident avaient été exemplaires.

    Ils continuèrent leur route vers les trésors du navire, et Calixte se cramponna à la main de Brent pour ne pas tomber dans les escaliers. Peut-être avaient-elles des choses à dire dans une langue qui lui était opaque, mais elles essayaient surtout de lui mordre les genoux ! Bien décidé à ne pas chuter pour leur offrir ses jambes, l’enfant redoubla de vigilance.

    - Il a quoi comme familier le Capitaine ? Et vous aimeriez quoi comme familier, vous ? Moi j’aimerai bien un chiraki ! C’est fort les chiraki. Et très joli. Et ça a de graaaaandes oreilles toutes douces. Enfin, ça a l’air doux. Ou peut-être un agaela, pour me guérir quand je suis maladroit. Ou un shupon. Ou…

    Et poursuivant l’énumération globalement complète du bestiaire des familiers disponibles à l’adoption, le blondinet ne s’arrêta que lorsque Brent lui indiqua qu’ils arrivaient aux trésors. Et il avait raison, il y en avait plein ! Les yeux ambrés s’écarquillèrent à nouveau pleinement, et les lèvres rosées s’arrêtèrent sur l’arrondit d’un « ou » en suspens.

    - Y en a plein, plein, plein ! Est-ce qu’on peut tous les voir ? Y en a jusqu’où ? Y en a à vous ? Est-ce qu’il y a des gardiens ? Des gardiens comme nous, ou des familiers ? Est-ce que si quelqu’un essaie de les voler il y a une malédiction qui le punit ?

    Les punitions n’étaient pas rares, chez les Alkhaia de Eliëir. La famille avait une attente particulière pour sa progéniture, et il y avait un moule de devoirs dans lequel elle exigeait qu’elle se coulât. Il était cependant plus anecdotique que ce fussent les nourrices qui prissent ce rôle répressif, car Deveen aimait à gérer elle-même la bêtise comme l’insolence de ses enfants. Néanmoins, Enora, Gwen-Aël, Kenneth et Calixte avaient pendant des lunes été persuadés que les domestiques leur reprochaient leur conduite. Peut-être pas tous, peut-être pas tout le temps. Leur vision et raisonnement infantiles étaient perclus d’innocence, d’ignorance et de limitations. Mais il avait semblé qu’Eurydice les observait alors encore plus sévèrement de sa silhouette de chouettours, même dans les activités où elle ne les accompagnait généralement pas. Et que Frila se montrait plus froide, mal à l’aise de cette présence inhabituelle. Même Minh, pourtant d’une douceur lunatique, s’était montré beaucoup moins tolérant de leurs amusements.
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mer 12 Mai 2021 - 12:25 #

    C'est bien simple, en écoutant l'enfant on pourrait se dire qu'il désire absolument toutes les créatures existantes dans le royaume. C'est assez amusant en réalité, je suppose que j'étais comme lui avant d'avoir Frost d'une certaine manière? Il m'a cependant posé une question à laquelle je suis dans l'obligation de répondre, après tout on risque de le croiser! "Le capitaine, il a un léviaran! Une brave bête même s'il vaut mieux éviter de l'embêter..." Dis-je en souriant doucement. Il est parfois de bien mauvaise humeur et même s'il est gentil, il reste un familier pouvant se montrer dangereux...

    Nero en a fait les frais, il n'y a pas si longtemps d'ailleurs... Faut dire que bien que sympathique, le marin souvent enviné est parfois particulièrement énervant. Pour le coup, personne ne pourra dire que ce n'était pas sa faute. Le capitaine avait été formel, une chose qui n'arrive pas souvent en réalité, personne ne devait s'approcher des caisses de vin du domaine Arakne, elles étaient précieuses et surtout, c'était une commande pour un noble de la plus haute importance, le gouverneur du grand port. Ce n'était pas rare, lorsqu'on recevait du vin en marchandise, que le capitaine ouvre une bouteille. Un accord avec les fournisseurs ou parfois, un acte de piraterie inadmissible mais bon, une bouteille qui se brise en pleine mer, ce n'est pas spécialement rare n'est-ce pas? Mais ici, c'était absolument impossible! Le client trop important, le domaine Arakne payait trop bien et l'homme auquel les bouteilles devaient être livrés était bien trop puissant pour qu'on joue avec le feu! Pourtant, Nero ne l'entendait pas de cette oreille... Il avait déjà bien trop abusé de l'horrible piquette que l'on avait sur le navire et son nez - rougi par l'alcool - lui disait que ce vin là serait bien meilleur... Se rendant dans la cale pour subtiliser une bouteille, il ne s'attendait guère à ce que le familier du capitaine soit laissé comme gardien - à croire que notre supérieur s'attendait à une tentative de larcin - pensant sans doute qu'il pouvait tout de même se saisir de son graal, Nero fit l'erreur de tenter de se servir. Le coup de griffe qu'il reçu lui fit pousser un cri a relever les morts et même si ce n'était qu'un avertissement, la blessure était bien présente... C'est depuis ce jour que l'on se méfie tous du léviaran qui est pourtant si gentil en temps normal mais qui a prouvé qu'il ne faut toujours rester prudent avec un familier.

    Et voici que l'on s'arrête au niveau des "trésors" du navire. En réalité des marchandises qui vont nous quitter à la prochaine escale pour la plupart mais, j'imagine qu'un tel amoncellement de biens doit avoir l'air d'un incroyable butin pour un enfant de son âge? Riant doucement, je m'éloigne du garçon pour m'approcher d'une caisse que j'ouvre, plongeant ma main dedans, j'en sors une simple pomme que je tend à l'enfant.

    Une malédiction? Non! Des gardiens oui... Mais ne t'en fais pas, je suis l'un des gardiens!" Dis-je avec fierté.

    La vie sur un navire n'avait rien de spécialement facile, je l'avais compris assez vite. Pour certains, c'était la mer changeante qui était particulièrement difficile à vivre : pouvoir passer du calme à la tempête en un rien de temps et les adaptations que cela demandait. Pour d'autre c'était le sommeil le problème, les vagues nous ballotant constamment, les nuits courtes, les bruits ambiants n'aidaient pas spécialement... Heureusement, certaines personnes n'avaient guère besoin de sommeil et, c'était mon cas. Souvent la nuit, je me baladais sur le ponts, m'accoudant au bastingage et regardant l'horizon. Je me demandais ce que ma mère pouvait bien faire, si elle avait reçue les cristaux envoyés lors de ma dernière escale en ville, si sa maladie allait mieux, si les créanciers avaient enfin décidés de lui laisser un peu de repos. Je faisais mon possible pour cela... C'est en me voyant ainsi perdu dans dans mes pensées que le capitaine prit la décision : Si Brent n'a pas besoin de dormir, il peut surveiller durant la nuit! Que ce soit le climat changeant, les risques d'apparition de récif ou les tentatives de vol - rares mais existantes - j'étais devenu le gardien, celui qui veille la nuit pour que tout se passe au mieux pour les autres.

    "Alors Calixte dis-moi... Sais-tu pourquoi vous êtes sur ce navire toi et la dame? Cela n'aurait pas été plus agréable de faire le voyage sur un navire autre que marchand?" Après tout, même si le jeune garçon me permet de vivre une "aventure exceptionnelle" durant le voyage, j'me demande toujours pourquoi le capitaine a accepté des passagers... C'est pas dans ses habitudes.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Ven 14 Mai 2021 - 22:19 #
    Calixte n’avait aucune idée de ce que pouvait être un léviaran – en dépit de son enthousiasme sans bornes pour la question des familiers il était encore loin de connaitre toutes les bestioles du bestiaire – mais comme les trésors de la cale se découvraient peu à peu à eux il en oublia cette interrogation-ci.

    - Vous êtes l’un des gardiens ? répéta-t-il en écarquillant davantage les yeux pour poser un regard admiratif sur Brent.

    Il avait vraiment eu de la chance de tomber sur l’aventurier-marin-gardien presque Capitaine !

    - Génial ! Vous avez un super pouvoir ? Une super arme ? Pour défendre les trésors. C’est quoi les plus beaux trésors que vous ayez eu à protéger ?

    Calixte, comme la plupart des enfants – et certainement de quelques adultes – avait toujours aimé les histoires. De celles qui permettaient de voyager, rêver, et s’évader vers d’autres terres et sous d’autres visages, de quitter le quotidien morne de la routine et des devoirs. Il aimait celles un peu superficielles mais régulières de Frila, celles extraordinaires de Minh, et même celles plus austères et percluses de morale d’Eurydice. Comme Kenneth appréciait davantage les récits héroïques, et que les filles étaient globalement indifférentes au contexte, il n’était pas rare que les contes prissent une tournure chevaleresque. Et comme Frila racontait souvent les mêmes, les quatre enfants avaient peu à peu pris l’habitude de mettre en scène les fabuleux tableaux qu’elle leur décrivait. Ils avaient beaucoup ri lorsque qu’elle avait repris la chronique des aventuriers Doppo, Murillo, Haraldson et Meridius, et qu’ils avaient investi la chambre de Gwen-Aël pour laisser libre cours à leur imagination et leurs enfantillages. Enora avait fouillé les affaires de sa sœur pour dénicher de quoi prendre l’apparence auguste du Roi ayant auparavant accompagné les aventuriers, Kenneth avait mis la main sur une épée de bois dont il avait compté user pour pourfendre les opposés à la Couronne, et Gwen-Aël avait aligné une rangée de peluches pour qu’ils s’en servissent comme familiers. Quelque part sur la fin de la soirée, alors que l’obscurité avait embrassé les courbes du domaine Alkhaia de Eliëir et que les dernières minutes d’éveil s’effilaient pour les petites têtes, Calixte avait sauté sur le lit de sa sœur et attrapé sa blanche couverture pour s’en draper, afin de mimer l’une des créatures de cauchemar que les braves du récit étaient dits avoir affrontée. Dans un gloussement, Gwen-Aël lui avait couru après armée d’un gloot duveteux, et Enora avait assommé Kenneth de plans d’attaque alambiqués. Et puis, comme il évitait les bras de Gwen-Aël pour se réfugier auprès de ceux Frila, désireux d’inclure sa nourrice préférée dans leurs naïfs amusements, il avait d’une exclamation enthousiaste déclaré « je suis le fantôme appelé par dame Frila ! ». La soudaine tension dans les mains de la jeune femme, qu’il avait instinctivement prises dans les siennes, avait attiré son attention, et son regard, légèrement gêné par le drap voilant sa tête, avait mis un temps pour saisir la source de son inconfort. Dans l’encadrement de la porte de la chambre, jaugeant d’un œil peu amène sa collègue, se tenait nourrice Eurydice. Nul doute que c’était l’appellation inappropriée qui leur avait valu, à tous, quelques remontrances.

    - La dame ? Deveen ? releva Calixte en traçant d’un doigt curieux les reliefs d’une caisse. C’est Enora, ma sœur, qui aurait dû l’accompagner, pour ce voyage. Mais elle est tombée malade, et Deveen ne pouvait plus repousser le voyage donc elle m’a pris moi. Avec nourrice Eurydice. Monsieur Drian, madame Parly, madame Vidal et monsieur Darmanin. Moi, j’aurai préféré nourrice Frila, mais Deveen ne voulait pas. Je crois que c’est parce que nourrice Eurydice ne voulait pas.

    Agrippant les bords d’une large boite, il se hissa sur la pointe des pieds pour tenter d’en apercevoir le contenu.

    - Je ne connais pas les autres bateaux. Moi j’aime bien celui-là ! Vous avez été sur beaucoup d’autres bateaux ? Y en a des plus grands ? Des mieux ? Avec plus de trésors ?

    Puis une sombre idée lui traversa l’esprit, et il leva un regard inquiet vers Brent.

    - Ou on vous embête peut-être avec Deveen et les autres ?
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Dim 16 Mai 2021 - 3:02 #

    Il en faut bien peu pour voir des étoiles dans les yeux d'un enfant. Je souris doucement alors que mon nouvel "assistant" s'émerveille de se trouver en présence d'un gardien du trésor, d'ailleurs il ne manque pas de me demander si j'ai un super pouvoir. Je me tourne vers lui en riant doucement, posant un genou au sol pour me retrouver à sa hauteur, j'ouvre la main paume vers le haut devant lui.

    "Une super arme? Oui on peut dire cela regarde..." Et voilà que devant ses yeux, une légère fumée commence à apparaître, résultat du refroidissement de l'air alors que bientôt, apparaît dans ma main une petite création de glace, rien de dangereux bien-entendu je ne compte pas mettre une lame à proximité d'un enfant. "Et voilà! Je peux contrôler la glace... Chouette non?" Dis-je en souriant. "Et le trésor le plus fabuleux que j'ai gardé..."

    La réflexion n'est pas bien longue... Nous avions fait une longue traversé, rejoignant une petite île au fin fonds des archipels alors que nous étions parti du grand port. C'est le genre de mission que l'on accepte rarement, en réalité pour une fois nous n'allions rien acheter et rien revendre, nous avions juste été engagé pour servir de transporteur. Pour que le capitaine accepte pareille mission, nul doute que la paie était excellente. D'après le capitaine, l'homme nous ayant engagé ne pouvait pas faire appel à un navire de transport, trop risqué apparemment. Pourtant, il nous l'assura : rien d'illégal dans cette transaction, juste une précaution! De toute manière, je n'avais aucun doute sur ce fait, notre navire n'emploie pas uniquement des enfant de coeur mais l'honnêteté et la légalité on toujours été une priorité pour nous. Bref, le voyage se passa sans réel encombre, c'était inhabituel voir même étonnant de faire le voyage avec le navire complètement vide, aucune marchandise à revendre, aucun bien à échanger mais apparemment, cela était nécessaire. Arrivé au petit embarcadère de l'île, un homme nous attendait avec plusieurs gardes du corps, des hommes grand et impressionnant juste à leur physique. Ils gardaient une bonne vingtaine de caisse fermées ayant le logo d'une compagnie spécialisée dans les vivres. Surprenant d'imaginer autant de gros bras pour protéger des caisses de bouffes mais bon, les nobles ont des lubies étranges et moi, j'étais pas spécialement payé pour poser des questions.

    On chargea donc sur le navire les caisses, plutôt lourdes on va pas se le mentir mais dépendant de la forme des rations, rien d'anormal sur ce point. C'est au moment de charger la dernière pièce qu'on a apprit la vérité : l'un des mousses s'est emmêlés les pieds en descendant dans la cale, il a évité la chute dans les escaliers mais pas la caisse qui a dégringoler les marches : s'ouvrant en frappant le sol, elle cracha son contenu avec la même générosité que Roger se vide l'estomac par-dessus bord lorsqu'il abuse de la gnôle... Des minerais : des putains de minerais de toutes les formes et toutes les couleurs. Apparemment, on faisait le transport pour une véritable mine de cristaux magiques servant à un enchanteur bossant pour le palais. Définitivement le plus grand trésor que j'ai jamais dû garder, l'idée c'est que des pirates ayant connaissance du transport n'attaqueraient pas un navire marchand donc c'était soit disant plus sécuritaire... J'me sentais pas en sécurité personnellement...


    "Le plus grand trésor, c'était un coffre rempli de déguisements que l'on a offert à un orphelinat de la capitale!" Ouai, ça valait beaucoup moins mais nul doute qu'un gamin imaginatif sera plus intéressé par des déguisements que par des cailloux valant encore plus de cailloux...

    Alors le gamin à une soeur et plus que ça encore : il est sur le navire non pas avec une dame mais avec tout un régiment? Sans doute des nobles vu qu'il parle de nourrice, c'est pas tout le monde qui a les moyens d'en engager une ça non. J'demanderai sans doute plus tard au capitaine pourquoi on a prit des passager, pas sur qu'il le sache le petit. Plusieurs questions sur les navires, décidemment il aime savoir des choses. Par contre, une légère inquiétude dans sa dernière question et j'me charge de la chasser d'un bon rire et d'un ébouriffement de ses cheveux.

    "Qu'est-ce que tu racontes? Bien-sûr que non tu ne m'embêtes pas, tu es mon assistant tu te souviens? Et puis je comptes sur toi, durant la traversé faut que tu m'aides à veiller sur les trésor! D'ailleurs, tu vois quelques chose qui te plait?" Je le questionne en désignant d'un mouvement de bras l'ensemble de la cale.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Lun 17 Mai 2021 - 21:46 #
    Brent, l’aventurier-marin-gardien, s’agenouilla devant lui pour lui montrer la super arme, et Calixte se désintéressa aussi vite du reste des trésors pour consacrer au jeune homme toute son attention. Il ne fut pas déçu.

    - Woaaaa ! s’exclama-t-il d’une grossière onomatopée qui aurait fait pâlir Deveen de honte. Génial !

    Un hiver, lorsqu’il était plus petit encore et qu’Enora avait son emploi du temps encore libre de la Prévoyance, nounou Minh avait eu l’autorisation de les amener à la patinoire privée de la noble famille du domaine attenant à celui des Alkhaia de Eliëir. Au cœur de la saison froide, même les terres méridionales s’étaient couvertes de givre et les flocons parsemaient de temps à autres les plages dorées d’une couche éphémère de nacre. Il était plus rare qu’un large manteau de blanc se déposât sur le Grand Port, mais cela n’empêchait guère les riches familles de débourser de coquettes sommes de cristaux pour obtenir dans le giron de leur demeure de jolies couches de poudreuse, de belles étendues glacées pour y patiner, voire de larges blocs de glace pour y sculpter. Ou, tout du moins, y inviter d’exotiques artistes venus du nord pour tailler les blocs et les délecter de leurs talents. Ce n’était pas tellement le cas des Alkh’eir. Engoncés dans leurs traditions et enchaînés à leur Prévoyance, il était rare qu’ils organisassent telle débauche de magie oisive à des frais complètement indécents. A moins qu’ils ne fussent certains d’obtenir un avantageux retour sur investissement, ils préféraient se contenter de ferrer l’attention de leurs pairs par des mondanités plus sobres. Cela ne signifiait pas, en revanche, qu’ils refusassent les invitations aux extravagantes démonstrations de moyens de leurs égaux. Ni de leurs voisins. Les quatre enfants avaient rapidement été émerveillés par l’écrin glacé qui avait enveloppé le domaine, et ils avaient tiré nounou Minh chacun de leur côté, presqu’à l’écarteler, vers tout un tas de curiosités. Ils s’étaient frottés à la petite reproduction d’un fenrir bleuté, laissant leurs doigts se coller contre le pelage froid, lustré par les instruments. Caressant son museau voulu intimidant mais qui, sous la chaleur des mains enfantines, s’était arrondi de manière comique. Ils avaient couru entre les statues moins dégradées des tanhiwas et des kartoghans, qu’ils avaient appris à reconnaitre et à craindre. Ils s’étaient laissé tenter par les sucreries givrées distribuées par les domestiques de leurs nobles hôtes. Puis ils s’étaient mêlés, du côté de la patinoire, au petit groupe d’héritiers et héritières de bonnes familles. Nounou Minh les avait perdus plusieurs fois, un par un ou tous en même temps. Lorsque nourrice Frila était venue les chercher alors que les rayons orangés du début de soirée emplissaient le ciel, le jeune homme avait semblé soulagé que ce ne fut pas Eurydice. Brièvement. Nourrice Frila ne s’était pas montrée très agréable avec son collègue, et Calixte, qui jouait à proximité au guide des montagnes avec un autre petit garçon, avait été étonné de l’entendre se plaindre qu’il aurait dû être son rôle d’accompagner la fratrie à cet évènement. Naïvement, il avait alors songé que Frila aimait peut-être bien la neige, ou qu’elle aurait aimé aussi faire de la patinoire avec eux. Mais comme son nouveau copain lui indiquait des terres inconnues entre deux tables couvertes de petits gâteaux laissés à disposition, il s’était vite désintéressé de la conversation alambiquée des deux grands.

    - Des déguisements !? répéta le blondinet avec enthousiasme. Pour un orphelinat. Dans un orphelinat, il y a des orphelins, réfléchit-il en songeant à ce qu’il avait appris jusque-là. Ça ne doit pas être facile, d’être orphelin. Moi j’ai Deveen et Joaness, mes parents. Et puis Eno, Gwen et Kenny. Ils sont aussi gardiens sur le bateau vos parents, Brent ?

    Avant de s’assombrir temporairement dans le doute, puis de retrouver tout son éclat comme le jeune homme lui ébouriffait les cheveux.

    - Oui, assistant Calixte ! acquiesça-t-il de nouveau avec joie. Heu… hésita-t-il en parcourant d’un regard fébrile les marchandises entassées. Allons voir ! décida-t-il en attrapant la main de Brent pour le tirer énergiquement derrière lui. Comme ça on va vérifier qu’on n’ait pas besoin de garde… gardien… gardienner ?... on va vérifier les trésors et que y ait pas de voleurs. Ni de fantômes.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mer 19 Mai 2021 - 1:36 #

    Un petit tour de passe-passe. C'est la seule chose que je viens de faire avec mon pouvoir et qu'en j'y pense, même si cela semble l'impressionner, le voir disparaître pour réapparaître ensuite était tout autant, voir même plus, impressionnant! Je suppose qu'un enfant ne se rend pas compte de ces choses là? J'hoche la tête lorsqu'il parle de l'orphelinat comme un lieu dans lequel se trouvent des orphelins, impossible de dire qu'il fasse erreur sur ce point. Il énumère les membres de sa famille - en tout cas je le suppose - et me pause ensuite une question sur mes parents... Mon visage s'assombri un instant.

    Ma mère aimait beaucoup l'océan auparavant, mon père également bien-sûr mais lui, c'était plus évident... Pour vivre sur une île de l'archipel c'est un peu obligatoire je suppose? Du moins je l'Ai toujours cru, je ne vois pas qui resterait au beau milieu de l'étendu salée sans l'aimer au moins un peu... Je ne faisais pas exception à la règle bien-évidemment, trouvant dans le mouvement et le bruit des vagues quelque chose de doux et de relaxant... Cela a changé pourtant. Nous avions reçu une lettre, quelques mots parfaitement impersonnels, signe que l'on se moquait ouvertement de ce que ceux-ci allaient provoquer. L'on se souci bien peu des paysans dont l'on détruit les vie lorsqu'on est riche est puissant : le navire employé par monsieur Albin Mull a été retrouvé éventré sur une île perdue au milieu de l'océan. Nul trace de lui aux alentours. Après plusieurs jours de recherches et des ressources dépensées pour le retrouver, les dites recherches ont été abandonnés. Pourquoi auraient-ils cherchés plus pour un simple chercheurs animalier et botanique envoyé faire un recensement? Sa disparition fut synonyme de mort! Ma mère s'écroula en pleurs et plus jamais elle n'approcha la mer qu'elle regardait à présent comme le monstre qui lui avait dérobé mon père. Contrairement à elle, c'est à ce moment que je me suis dis qu'un jour je prendrai un navire pour parcourir l'océan, étant enfant je suppose que je refusais d'accepter sa mort? Me disant qu'il avait juste disparu mais que si on ne retrouvait pas le corps alors il y avait de l'espoir... Le fait qu'il ne revienne jamais et les années, j'ai oublié cette idée stupide de le retrouver. Il n'était jamais revenu, soit il était mort soit il nous avait abandonné, dans un cas comme dans l'autre, je n'avais aucune raison de le rechercher.

    "Non mes parents ne sont pas sur ce navire, c'est bien pour cela que j'ai besoin d'un bon assistant!" Dis-je en retrouvant le sourire, nul besoin de broyer du noir et de faire se poser des questions au gamin. Je le suis docilement alors qu'il m'entraîne entre les marchandises, nous passons proche de quelques autres marins qui me regardent surpris de me voir avec un enfant mais je me contente d'un haussement d'épaules. Parfois, m'arrêtant à une caisse, j'aide le petit à voir ce qu'elle contient : des fruits et légume, des bouteilles, quelques vêtements... Nous achetons et vendons de tout ou presque. "Et dans cette caisse? Quelque chose à signaler?" Dis-je alors que je lui montre une caisse contenant quelques objets magiques tels que des tempus ou autre gourdes fontaines.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Ven 21 Mai 2021 - 17:13 #
    - Oh, commenta naïvement Calixte à la réponse de Brent. D’accord ! Il faudra me montrer comment bien travailler, ajouta-t-il sérieusement. Enora dit que je suis un « seau pas des brouillards ». Elle doit avoir raison, je sais même pas ce que c’est, accorda-t-il sans émoi en haussant les épaules.

    Ils traversèrent plusieurs passages, croisant d’autres marins qui posaient sur eux un regard surpris. Peut-être étaient-ils intrigués de voir l’aventurier-marin-gardien accompagné d’un assistant. Et pourtant…

    Pourtant Calixte se souvenait d’en avoir vus, de braves Capitaines et leurs seconds, hommes ou femmes, se tenant fièrement sur le ponton de leur navire, accompagnés d’aides, mousses, ou petites frimousses. Sur les quais du Grand-Port, on croisait toute sorte de personnages, et de la jetée on avait vue sur tout un tas de bâtiments grouillant de silhouettes cosmopolites. Il était rare que les enfants des Alkhaia de Elieïr y fussent conduits, mais à l’occasion de la dernière réunion familiale, l’auguste voilier à leur nom avait été préparé. Et alors que l’équipage domestique fourmillait de part et d’autre de la passerelle afin d’organiser l’évènement et accueillir comme il se devait les maîtres de celui-ci, Calixte avait pu profiter de quelques minutes de flottement sur les quais pour y observer la foule de badauds. De marchands. De gardes et d’aventuriers. Laisser ses sens humer l’air iodé vicié des déchets humains rejetés dans l’eau stagnante du port, écouter le chant des mouettes comme les cris plus ou moins grossiers des travailleurs alentours, contempler l’organisation efficace existant sous la zizanie apparente des lieux. On lui avait fait emprunter l’appontement pour gagner le bois louvoyant du navire, et il s’était précipité, accompagné de ses sœurs et son frère, au gaillard avant pour jouir de ses hauteurs et mieux épier la scène portuaire. La curiosité en exergue, il avait étudié les visages jeunets des enfants, à peine plus âgés qu’Enora, s’affairant sur les cargos marchands.

    Ils passèrent de caisse en caisse, et Calixte se laissa hisser avec enthousiasme au-dessus d’elles. Il était heureux de pouvoir laisser libre cours à sa curiosité, mais aussi d’être en compagnie de quelqu’un qui ne passait pas son temps à critiquer sa médiocrité.

    - C’est quoi ? demanda-t-il alors qu’ils vérifiaient le contenu d’un coffre rempli d’objets magiques.

    Celui qu’il tenait entre ses doigts maladroits ressemblait à une petite pieuvre, et il semblait que l’on pouvait en actionner les oreilles.

    - J’ai vu ça chez nourrice Frila, nota-t-il avec intérêt. Mais je sais pas c’est quoi.

    C’était un début d’après-midi d’hivers particulièrement humide et froid. Comme leurs précepteurs n’avaient pu venir au domaine en raison des rues verglacées, les quatre enfants avaient profité du temps de loisir alloué pour dégourdir leurs membres frigorifiés en courant dans les sombres passages du manoir, de foyer en foyer. Nounou Minh leur avait répété, une ou mille fois, de ne pas se précipiter dans les couloirs bordés de lourdes tapisseries mais aussi de décorations fragiles ou dangereuses, mais leurs esprits inattentifs et énergiques avaient rapidement eu fait d’oublier ses consignes. C’était ainsi que, défiant toute prudence, ils avaient poussé le jeu jusqu’à sautiller vers les quartiers des domestiques. L’idée de Kenneth, initialement, avait le mérite de les éloigner des foudres de leurs parents qu’ils risquaient bien moins de croiser dans la demeure réservée aux serviteurs. Ils étaient donc sortis en trombe pour glisser sur la patinoire de pavés gelés, et avaient atteint le perron du bâtiment visé, plus ou moins en un seul morceau. Le menton de Gwen-Aël avait accusé la rencontre avec le sol, et les genoux de Calixte celle avec une marche. Comme les lieux avaient été déserts, nounou Minh les ayant temporairement perdus de vue et le reste des domestiques vacant à leurs occupations, la fratrie s’était rapidement désintéressée de l’âtre mourant pour s’aventurer dans les couloirs privés des serviteurs. Enora avait tenu à leur faire une visite professorale de l’endroit, et ils s’étaient introduits dans les quelques pièces non fermées à clef. Ils avaient ainsi eu le plaisir de trouver nourrice Frila, fraichement revenue de ses congés, une malle en plein déballage sur le lit et d’étranges objets souvenirs sur le bureau. La jeune femme avait paru mécontente de les voir s’introduire dans sa chambre, mais elle s’était vite ravisée pour leur adresser le plus beau des sourires et les embrasser un à un.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Lun 24 Mai 2021 - 15:36 #

    Je dois avouer que le petit me fait de la peine, entre sa gouvernante qu'il tentait de fuir et cette affirmation : un sot pas débrouillard? Est-ce réellement une manière de qualifier un enfant qui n'a que cinq ans et deux jours? Si j'ai bien compris, la dénommée Enora serait sa soeur, c'est du moins ce que je pense avoir saisi de son explication précédente lorsque je l'ai interrogé sur la dame l'accompagnant... Je le regarde un petit instant en souriant. "Je doute qu'elle ait raison! Après tout, tu es déjà assistant gardien alors que tu n'as que cinq ans et deux jours!" Dis-je en souriant. Il faudrait toujours encourager les enfants!

    Je me suis toujours considéré comme un enfant chanceux. Il est vrai que ma famille n'avait pas forcément énormément de cristaux mais cela n'avait pas une grande importance. J'avais bien plus important - du moins je le croyais en ce temps-là - le soutient de mes parents. Peu importe ce que je pouvais dire ou faire, le rêve fou que je pouvais nourrir, ma mère se contentait de me regarder en souriant et de m'affirmer que, si j'y croyais vraiment alors j'y arriverai. C'est bien simple, pour elle c'était un peu une vérité absolue, elle avait cette habitude d'affirmer que les seules limites que l'on avait étés celles que l'on s'imposait! De ce fait, elle ne m'en imposait pas, pas plus que moi d'ailleurs! J'ai vécu avec le soutient de mes parents comme le plus beau des cadeaux, le plus grand des plaisir avec la certitude de réussir tout ce que je pourrais entreprendre! Une chance unique que bien peu avaient sur l'île qui m'a vu naître en réalité...

    Est-ce parce qu'il est noble? Peut-être les gens de la haute société ont-ils déjà tout ce qu'ils veulent? Peut-être pensent-ils un peu stupidement que maintenant qu'ils sont là, il n'y a plus la moindre place pour l'erreur, l'incertitude ou le rêve? Je l'ignore mais ce gamin ne semble pas recevoir les encouragements et le soutient que tout enfant devrait recevoir. C'est pour cela que pendant les quelques instants de cette traversée, j'ai bien l'intention de changer ce fait! Le voici qui sort un objet de la boîte dans laquelle nous fouillions et je souris doucement. Il veut en savoir plus et c'est très bien, les questionnements, la soif de connaissance sont deux choses formidables.

    "Un dumctopus de bain! Il permet grâce à une commande vocale de jouer des airs de musique ou de les enregistrer... Enfin de musique... Pas toujours!" Dis-je en riant doucement.

    Mon père en possédait un, il n'était certes pas obligé de l'utiliser dans le bain mais c'est là qu'il le faisait la plupart du temps... Il disait que le contact de sa peau avec l'eau froide lui permettait de réfléchir, de remettre ses idées en place tout simplement. Pourtant, ce n'était guère pour la musicalité qu'il utilisait cet objet, il en faisait plutôt une sorte de journal vocal de ses aventures, ses rencontres, ses découvertes... J'ignorais si ce qu'il disait dedans était vrai ou si ce n'était rien de plus que des inventions légèrement chantantes pour amuser son fils en réalité. Je me souviens juste qu'à chaque fois que venait l'heure de son bain, il s'enfermait avec cet objet et on pouvait entendre sa voix, à demi coupée, à travers la porte.

    "Dis-moi Calixte, aimes-tu la musique? Sais-tu jouer d'un instrument?" Je regarde mon jeune assistant, après tout, nombreux nobles apprennent la musique à un jeune âge.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Ven 28 Mai 2021 - 12:46 #
    - Oh comme l’animal de la mer, mais pour le bain, commenta Calixte en observant l’objet sous toutes ses coutures, établissant un parallèle entre celui-ci et ses livres d’images. Frila doit aimer la musique, ou… pas toujours, répéta-t-il en ne comprenant cependant pas ce à quoi Brent faisait référence.

    Reposant le dumctopus à sa place pour examiner ce qu’il reconnaissait être un tempus, il se perdit à nouveau dans quelques souvenirs.

    Ils avaient presque tous un tempus, sur le domaine des Alkhaia de Eliëir. Les membres de la famille, qui ne paraissaient pouvoir souffrir d’un moment de frivolité alors que la Prévoyance et ses méandres administratifs sollicitaient toujours plus d’attention, comme les domestiques, qui vivaient selon les exigences millimétrées – et chronométrées – de leurs employeurs. La richesse de ceux-ci, comme leur terriblement vain besoin d’asservir le temps – avait fait pousser aux quatre coins de la demeure familiale d’opulentes horloges aux mécanismes complexes ; rappelant à leurs hôtes la fortune soutenant et émergeant des fondations de leur entreprise. S’ils ne possédaient guère de montre, ni de tempus, les quatre enfants de Deveen et Joaness aimaient accompagner de pendule en pendule l’horloger qui les remontait, les astiquait et les réparait. Il y avait dans ses mouvements minutieux une grâce aussi hypnotique que le balancier oscillant sous ses doigts ou la rotation saccadée des rouages internes. Probablement plus résigné de ce public ignorant que réellement amusé par celui-ci, l’homme se laissait suivre par ces petits canetons accompagnés de loin par leur nourrice du moment. Ni Eurydice, ni Frila, ni Minh n’adressait jamais la parole à celui-ci, en dehors des politesses d’usage, même si Calixte savait que Frila avait été proche de lui. Il les avait vus, plusieurs fois, sur leur temps de repos, s’entretenir ensemble un fin sourire de connivence tracé sur les lèvres. Et puis, il en était certain, c’était l’intervention d’Eurydice et de sa silhouette de chouettours qui les avait séparés. Les rendant à nouveau étrangers l’un pour l’autre.

    Se délestant cette fois-ci du tempus, le blondinet attrapa une bague au diamètre ajustable. Que faisait-elle ici ? Avait-elle été égarée d’une caisse de bijoux ? Elle ne paraissait pas bien précieuse, mais sa présence au milieu des objets magiques interloquait l’enfant.

    - J’adore la musique ! Peut-être pas autant que Liory, mon cousin. Mais j’aime bien quand nounou Minh nous amène au parc et qu’il y a des musiciens. Même s’il n’a plus trop le droit, comme il nous perd. Maintenant c’est Frila qui nous emmène. J’aime bien Frila, répondit joyeusement Calixte. Deveen nous fait avoir des cours pour la musique. Moi je fais du piano et de la flûte, mais ne suis pas très doué. Eno a commencé le violon. Minh dit que c’est la « cacao phonie » quand on joue. Et vous, Brent, vous jouer de quelque chose ? Y a des musiciens sur le navire ? poursuivit-il avec intérêt.

    Brandissant l’anneau qu’il avait trouvé devant l’aventurier-marin-gardien, il demanda :

    - Et ça c’est quoi ? C’est aussi pour de la musique ?

    La réalité était qu’il avait déjà vu ce type de bague au doigt de beaucoup de grands. Ceux de sa famille en avaient généralement une version plus joliment ouvragée, mais il y avait une courbe reconnaissable dans cet objet magique que ses yeux curieux d’enfant ne pouvaient manquer. Il l’avait vu, aussi, aux mains de certains des domestiques. Ou dans la salle de bains de Frila, la fois où ils s’étaient aventurés dans sa chambre avec Gwen-Aël. Il aurait alors pu être surpris de voir là l’anneau qu’il n’avait jamais vu au doigt de la nourrice, mais il avait alors été plus intrigué par la silhouette diaphane, fantomatique, s’affairant dans la petite pièce plongée dans l’ombre. Et puis, la chouettours les avait rappelés à l’ordre.
    Aslander O'SullivanBrûlant comme la glace
    Aslander O'Sullivan
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
    Mer 2 Juin 2021 - 2:55 #

    J'hoche doucement la tête en confirmation à sa question : comme l'animal de mer effectivement. J'ignore si Frila aime tant la musique ou si elle a cet objet pour une autre raison mais, quelle importance exactement? Le jeune enfant semble se perdre dans la contemplation d'un tempus, un objet absolument exceptionnel selon moi... Je n'ai jamais eu la chance d'en avoir en réalité.

    Mon père prétendait qu'un marin doit savoir se débrouiller, il doit être capable de connaître l'heure du jour comme de la nuit uniquement en regardant le ciel! D'après lui, le soleil et les astres étaient notre meilleur indicateur. Mon père croyait dur comme fer aux astres, persuadé qu'il y avait dans les étoiles au-dessus du royaume une force supérieure qui guidait les habitants, les aidant dans les moments difficiles, les guidant dans les instants de doute... Après sa disparition j'ai longtemps contempler les étoiles, observant les astres en appelant leur aide de mes voeux... J'ai finalement comprit l'inutilité de cette action! Non, les astres ne veillent pas sur nous, pas plus qu'une prétendue déesse telle que Lucy! Nous ne sommes que nous, pauvres humains bien faible face aux aléas de la vie! Personne ne veille sur nous, c'est ce que j'ai compris à cette époque.

    Je sors de cette rêverie - plutôt cet amer souvenir - pour me reconcentrer sur le jeune homme : alors il aime la musique et en pratique effectivement? J'imagine que c'est chose courante dans la noblesse que de savoir jouer un instrument? Après tout, c'est plus souvent les enfants de grandes familles qui ont des précepteurs pour les arts plutôt que les roturiers... Secouant doucement la tête, je suis obligé de répondre négativement à sa première question.

    "Malheureusement, je n'ai pas de talent pour la musique... Je ne joue pas d'instrument mais j'aime beaucoup le piano. Nous avons effectivement quelques musiciens sur le navire mais là aussi je crains que l'on puisse surtout parler de "cacao phonie"!" Dis-je en riant doucement. Ils ne seraient sans doute pas heureux de m'entendre dire cela et pourtant...

    Il faut bien l'avouer, la mer n'offre pas énormément de divertissement parfois, un jour, alors que nous faisions une longue traversé des plus calme, trois compagnons ont décidé de pousserla chansonnette. S'installant au milieu du navire, sortant accordéon, luth, et autre instrument à vent que je n'avais jamais vu, ils se mirent en tête de nous divertir avec quelques morceaux... M'installant confortablement pour les encourager et profiter de leurs talents, je fus surpris de voir certains de mes compagnons prendre la fuite, prétextant une occupation ailleurs alors que d'autres, riants et se donnant quelques coups de coudes complices, prirent place également. Mon étonnement fut de courte durée cependant, alors que nos musiciens improvisés se mirent à jouer, tout devint plus clair : aucun sens du rythme, aucune harmonie mais de la volonté! Une volonté telle qu'on aurait pu croire qu'ils se battaient les uns avec les autres afin d'être celui jouant le plus fort! Un brouhaha tel qu'encore aujourd'hui, je me demande s'il s'agissait de musique ou de torture...

    Je ris doucement en repensant à cet instant, malheureusement, cela mêlé à la question du jeune enfant me fait manquer une respiration et voici que je tousse pour reprendre mon air alors que je m'étouffe. L'anneau qu'il me tend, une bague de contre-moufflet! Je regarde le petit un instant, me demandant sur comment expliquer exactement cela à un enfant...

    "Euh... Non, cela ne sert pas à faire de la musique... Vois-tu, quand deux adultes s'aiment très fort, parfois, il arrive que de cet amour naisse un enfant. Cependant, un enfant, c'est important et parfois, les gens même très amoureux ne sont pas prêt à en avoir un. Cette bague sert à leur donner plus de temps..."
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    Re: [FLASHBACK] Prélude au changelement, ou flashback-ception
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