Alors qu’Ayah et Vlad sont en pleine patrouille de routine le long des côtes, des éclats de voix se font entendre. Un peu plus loin, à l’ombre dans un bosquet, deux personnes profitent de la fraicheur marine à l’ombre des arbres. Ils n’ont pas l’air bien dangereux ni agressifs mais leur tête ne revient pas aux deux gardes… Ils ressemblent à s’y méprendre à un duo de malfrats qui sévit depuis quelques semaines dans le secteur sous le surnom de « Bloody Lovers ».
Sia et Aord, à la base, c’est le travail qui vous avait amené là (ensemble ou non, à vous de décider le pourquoi du comment). Mais face à l’océan et sous le soleil de plomb, un peu de repos n’est jamais de trop. Mais voilà que la Garde débarque sous la forme de deux loustiques armés jusqu’aux dents et tout sauf en paix… Il va surement falloir se montrer très persuasifs avec ces deux là…
Participants : Ayah Stormsong, Vlad Greywind, Sia Zmeï, Aord Svenn
Challenge RP : Aord et Sia : Vous devez convaincre les Gardes de votre innocence en parole et les accuser d’être les fameux Bloody Lovers
Ayah et Vlad : Montrer, par tous les moyens possibles et imaginables, votre amour. (un petit bisou n’est pas suffisant)
Le frère sectionna le fil de couture qu’il utilisait. Voilà une bonne chose de faite ! Aord s’essuya la sueur qui perlait abondamment à son front quelle fournaise. Le bruit des vagues à l’extérieur semblait l’inviter à tout laisser tomber pour se jeter à l’eau et ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Il avait fini son travail pour la journée et l’après-midi commençait à peine. Une petite baignade ne pouvait pas lui faire de mal. La tentation était bien trop forte et le frère lui céda bien volontiers. On n’avait pas idée de s’imposer de telles conditions de travail quand on avait la mer au pas de sa porte. Il rangea donc son matériel et nettoya la morgue de fond en comble avant de sortir enfin pour respirer l’air frais au beau milieu de l’après-midi.
Le soleil cuisait lentement la terre de ses rayons et aucun nuage ne venait l’en empêcher. Finalement, il faisait encore plus chaud à l’extérieur. Aord pressa le pas, voulant à tout pris atteindre l’eau avant de finir rôti comme un poulet. Dès que ses pieds touchèrent l’eau salée, il se déshabilla, ne gardant qu’un short et se jeta à l’eau en poussant un soupir de contentement. Il s’était souvent baigné dans le lac près du temple lors de son initiation, mais la mer s’était autre chose. Bien entendu, il resta près de la côte, car ses talents de nageur laissaient à désirer. Il se souvint du moment où il avait failli se noyer après sa rencontre avec Valravn et un frisson lui traversa le dos. Non, plus jamais il n’irait nager en eaux profondes, jamais …
Après une bonne demi-heure de baignade, le frère sortit enfin de l’eau et chercha un endroit pour s’abriter du soleil. La plage était prise d’assaut à cette heure-ci et tout le grand-port venait y passer la fin d’après-midi. Il dut marcher un moment avant de trouver un endroit à l’écart. Un petit bosquet à l’ombre que les habitants n’avaient pas remarqué. La cachette idéale pour se reposer sans être dérangé. Fier de sa trouvaille, le religieux poussa les branchages pour se frayer un chemin, mais s’arrêta net. Une jeune femme s’était déjà accaparé l’endroit. Le jeune homme s’arrêta une seconde pour contempler l’étrange fleur qui sortait d’une de ses orbites. Ça, c’était pour le moins original, mais il en fallait plus pour l’impressionner. Après tout, il avait bien rencontré une poupée vivante sur cette même plage. Elle tourna finalement son regard vers lui et Aord essaya d’être le plus rassurant possible.
Bonjour, est-ce que cela vous dérangerait si je m’installe avec vous ? La plage est noire de monde à cette heure-ci, impossible de trouver de l’ombre !
Il lui fit son plus beau sourire, bien que le tableau fût entaché par l’eau qui ruisselait sur son corps et lui donnait plutôt l’air d’un chien mouillé. Il croisait les doigt pour qu'elle accepte, hors de question de se refaire tout le chemin pour trouver un autre endroit ou pioncer au calme.
Je soupire en regardant ma petite sœur en train de s'excuser à la chaîne devant moi. Après des semaines à travailler à la forge avec Lyle, j'ai enfin pu trouver quelques jours pour revenir voir ma famille à la Capitale. Sio m'a promis de passer du temps avec moi et même une petite journée à la plage entre frangines. Tout était prêt : le rendez-vous pour se téléporter, je me suis trouvée un bikini, j'ai préparé un petit pique nique et j'ai même déjà réfléchis ce dont on peut discuter. Mais tout ceci, c'était sans compter l'appel de l'aventure qui me retire ma sœur une nouvelle fois.
J'observe donc ma petite dragonne adorée me supplier et s'excuser. J'avoue que j'étais un peu excitée à l'idée de cette journée à la plage rien que toutes les deux, et voilà que tout tombe à l'eau. Je ne profite que de quelques jours de vacances avant de regagner les montagnes pour poursuivre mon entrainement intensif. J'espérais profiter d'au moins une journée en sa compagnie avant de repartir. Nous avions tout organisé, et tout est annulé au dernier moment. Je finis par céder en poussant un long soupir. Je ne peux pas résister au visage suppliant de mon adorable petite sœur. Cela me fend le cœur de la voir afficher un regard si triste et désespéré.
« Très bien... Mais tu me promets de passer une journée avec moi avant que je ne reparte... »
Je détourne le regard pour éviter de croiser l'illumination qui éclaire son visage de joie. Elle vient me faire un câlin à m'en étouffer. Malgré le contact, je souris et vient lui caresser la tête. Ce n'est pas grave, je n'aurais qu'à continuer de réfléchir sur mon projet d'armes et d'armures que je cherche à fabriquer sous la tutelle de Lyle. Sio semble avoir lu dans mes pensées, parce qu'elle redresse le visage pour venir me fixer avec un air très sérieux.
« Siaaaaa ! N'espère pas rester enfermée ici ! Tu vas à la plage et tu profites pour nous deux ! C'est tes vacances, alors reposes toi. En plus c'est moi qui ai choisi ton bikini. On a tout préparé, tu ne vas donc pas t'ennuyer. »
Elle passe soudainement d'une moue boudeuse à un air taquin tout en s'approchant pour parler plus bas.
« Et puis... Qui sait ? Peut-être que tu trouveras un beau mec... Je veux dire... C'est bien un forgeron très musclé et tout, mais un ermite... Il y a franchement mieux ! »
Je penche la tête sur le côté, peu sûre de comprendre ce que ma sœur raconte. Elle parle de Lyle ? C'est le seul forgeron ermite que je connais après tout... Mais qu'est-ce qu'elle sous-entend ? Le fait d'être ermite rend une personne moins jolie ? C'est un concept que je ne connais pas... Et puis, pourquoi ma sœur s'intéresse soudainement au fait que je puisse rencontrer des hommes beaux ? Devant mon air dubitatif Sio me pousse dans la chambre pour que j'aille me changer et lui montrer ma tenue "estivale". J'enfile donc mon maillot de bain ainsi que ma robe légère que ma sœur m'a offerte. Elle est blanche avec des bretelles fines et elle m'arrive au-dessus des genoux. La matière est très légère, je n'ai donc pas trop chaud. Ma sœur vient sublimer ma tenue en posant un chapeau de paille sur ma tête et en venant refaire le nœud du ruban qui maintient la robe dans mon dos. Elle me donne ensuite le panier de pique nique que j'ai préparé, ma bourse avec quelques cristaux et mon pass de téléportation. Elle me pousse ensuite vers la sortie en me souhaitant une bonne journée. Pas certaine qu'elle soit si bien en étant seule...
Finalement, après mon arrivée à la plage, je dois avouer que j'ai plutôt bien profité de ma solitude et de l'air marin. La journée est magnifique et je sens que la puissance de ma fleur est à son maximum. Les différentes petites blessures de mes muscles qui ont été accumulées avec mon entrainement vont pouvoir mieux se guérir ainsi. Pour la fin de matinée j'ai profité d'avoir peu de touristes pour me baigner et prendre un bain de soleil, puis je me suis installée dans un petit bosquet pour pique niquer. Je digère maintenant en gribouillant dans mon calepin à l'ombre de l'arbre auquel je suis adossée.
Ma tranquillité est alors perturbée par l'arrivée d'un homme. Mon regard se dirige vers lui et je le détaille pour voir à qui j'ai affaire. Il semble sortir de l'eau et chercher un peu d'ombre et de fraicheur. Il semble un peu surpris par ma fleur, mais il me demande de façon très polie s'il peut s'installer pour aussi profiter de l'ombre. Je lui souris gentiment et essaye de donner ma voix la moins froide possible.
« Bien sûr. Installez-vous donc. »
Je retourne à mon croquis tout en glissant un regard vers l'homme. C'est ça les beaux hommes dont me parlait ma sœur ? Je ne sais pas, je trouve cela difficile de juger l'apparence d'une personne... Je chasse ces idées de mon esprit et me reconcentre sur mon croquis. Seulement quelques minutes après l'arrivée de l'homme, un couple arrive et interrompt notre tranquillité. Visiblement, ils ne semblent pas vouloir s'installer ici...
Les alentours de Grand Port représentaient une destination idéale pour ceux qui éprouvaient le désir de se dorer la pilule au bord de la mer… Il était vrai que c’était un endroit plutôt agréable l’été, mais la saison apportait avec elle sur les côtes toutes sortes d’hurluberlus de nature à troubler la tranquillité…
Ce jour-là, Ayah avait été missionnée pour patrouiller le long de la côte pour s’assurer que tout se passe bien et pour bien montrer aux potentiels fauteurs de troubles que la Garde du Sud veillait au grain, même pendant la saison des tongs et maillots de bain.
Mais elle n’était pas seule, et son binôme n’était autre que Vlad Greywind : son compagnon.
La jeune femme n’aimait pas particulièrement mélanger vie privée et vie professionnelle, mais il semblerait que la hiérarchie se fasse un malin plaisir de lui mettre des bâtons dans les roues de ce côté-là.
Bah oui, comment ils voulaient que les deux gardes se concentrent pleinement sur leur assignation quand ils formaient un couple tout récent : quelques semaines.
Ayah restait donc plutôt distante malgré elle, se comportant avec Vlad comme s’il avait s’agit d’un autre camarade du régiment.
Quoique… En fait non…
Elle se comportait avec lui d’une façon un peu différente que s’il s’agissait d’un ami du régiment : un peu plus froide. Habituellement elle n’avait pas grand-chose à faire des racontars, mais elle avait vraiment un blocage avec ça.
Toujours était-il : ils patrouillaient tous deux sur la longue route qui longeait la côte, en tenue de fonction et armés. La soldate regardait parfois avec envie les gens se baigner dans des tenues plus adaptées aux assauts lancinants de l’astre solaire…
Elle se surprit à vouloir rentrer sur le champ pour revenir et profiter elle aussi d’une bonne baignade en mer.
Elle jeta un coup d’œil à sa moitié et le surprit en train de regarder distraitement vers la mer lui aussi. Suivant son regard, elle comprit qu’il était en fait très absorbé par un groupe de jeunes filles en maillots de bain et se renfrogna légèrement, un peu contrariée.
Un peu jalouse ? Peut-être…
Il reporta son attention sur elle à ce moment-là et elle détourna les yeux, un peu prise de court.
Ayah n’était pas du genre à entrer en conflit, même pour des histoires de jantes féminines (oui Vlad, des jantes), et ne voulait pas montrer grand-chose de ce qu’elle avait ressenti à ce sujet.
Elle garda donc ses observations pour elle et reporta son attention sur les autres personnes qu’ils étaient chargés de surveiller. Elle commençait toutefois à avoir une légère douleur au crâne à cause de tout ce temps qu’il passait sans ombre, il était temps de s’arrêter.
« Tu ne voudrais pas qu’on fasse une petite pause ? » Demanda-t-elle, levant les yeux vers Vlad. « Trouvons-nous un peu d’ombre… »
Sans surprise, son compagnon ne refusa pas cette proposition et ils avisèrent ensemble un petit bosquet un peu plus loin sur la route. Les quelques arbres qui le composaient offraient aux pauvres hères chassés par les rayons implacables du soleil une ombre salutaire.
A première vue, ils ne virent personne, mais le bosquet pouvait éventuellement cacher quelques touristes et réfugiés de la chaleur… Ils passèrent néanmoins avec soulagement à l’ombre d’un frêne.
Soupirant légèrement de contentement de s’arrêter après cette longue marche, Ayah se permit de briser la glace qu’elle entretenait elle-même envers Vlad et prit doucement les mains dans les siennes :
« Désolée… J’ai toujours un peu de mal à concilier notre vie de couple avec le travail… » Dit-elle timidement, en lui adressant néanmoins un sourire jovial. « Mais disons que pour le moment on est en pause ! Pas vrai ? »
Elle s’approcha de lui en se hissant sur la pointe des pieds pour déposer un rapide baiser sur ses lèvres. Profitant de ce moment de bonheur et considérant qu’ils étaient maintenant plutôt à l’abris des regards, elle l’enlaça en le regardant dans les yeux.
« Au fait… J’ai quelque chose pour toi… Ce n’est pas grand-chose mais je… »
Des éclats de voix proches l’interrompirent et elle tressauta légèrement de surprise, regardant par-dessus son épaule en direction de laquelle provenait le bruit.
Il y avait quelqu’un d’autre ? Ma foi, ce n’était pas particulièrement étonnant…
Ce qui l’aurait été fut qu’ils soient réellement seuls sous ce bosquet.
Ayah s’écarta de son amant et entreprit de jeter un discret coup d’œil derrière le tronc du frêne, se cachant derrière ce dernier. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle voulait rester si discrète… Pour ne pas déranger peut-être ? Elle avait entendu une voix d’homme, puis une réponse plus calme de femme.
Elle eut une drôle d’impression à la vue d’un homme musclé, à la peau basanée et portant sur le visages diverses cicatrices… Il était assez légèrement vêtu… Mais hormis cela elle avait l’impression de le reconnaître…
Mais où est-ce qu’elle l’avait vu ? Se tenant le menton, elle continua d’observer le suspect avec intérêt. Elle avisa bien vite une autre silhouette pâle non loin de lui, également vêtue de manière pour le moins estivale. Elle ne put pas la voir distinctement de là où elle était, mais devina bien vite qu’il s’agissait de la femme qu’elle avait entendu.
C’est alors qu’une idée la frappa comme l’évidence même !
Elle était persuadée que ce visage mutilé était sur un avis de recherche !
Habituellement, elle n’était pas spécialement douée pour reconnaître les gens, mais cette fois elle en était sûre !
Ce type était bien Joseph Boudin, et cette femme à ses cotés ne devait être autre que Martine Boudin…
A deux, ils formaient le redoutable duo des « Bloody Lovers », qui terrorisait les touristes fortunés le soir quand les plages se désertaient : les délestant de leurs possessions.
Elle se tourna vivement vers son amant et s’approcha de lui, la mine perplexe :
« Vlad… Ces deux-là… Je crois qu’ils sont recherchés… » Commença-t-elle à voix basse. « C’est Joseph et Martine Boudin : deux individus suspectés de former l’organisation des Bloody Lovers. Il y a des avis de recherche dans le Bastion les concernant, tu te souviens ? »
Fronçant les sourcils, elle passa sa main sur la garde de son épée légère, bien décidée de faire en sorte de mettre hors d’état de nuire ces malfrats et de les livrer une bonne fois pour toutes aux mains de la Justice !
« Allons les appréhender. » Dit-elle, la mine sérieuse.
Un soleil de plomb les dardait de ses rayons lorsqu’’ils entamèrent leur patrouille. Il y avait pas mal de monde sur la plage et dans l’eau. Tout le monde était jouasse et on pouvait entendre de temps en temps quelques cris perçant d’enfant jouant dans l’eau.
Le garde regardait de temps à autre sa compagne, guettant la moindre faille dans sa glaciale expression. Elle restait de marbre, focalisé sur sa mission de patrouille. Son attention se perdit sur la plage, il se mit à penser qu’il ira bien piquer une petite tête afin de se rafraîchir…mais il devait tout d’abord terminer la patrouille.
Vlad était plutôt joyeux, mais ce n’était pas vraiment une émotion que partageait sa partenaire. Comme toujours elle avait du mal à mélanger sa vie professionnelle et personnelle, un sentiment compréhensible, mais quelque peu étrange, car elle n’était pas juste neutre envers lui mais plutôt froide, voir distante. Bon, ça lui passera peut-être.
Il se tira de sa rêverie et reporta son attention vers sa moitié, son expression avait changé du tout au tout. Elle semblait très contrariée mais qu’avait-il fait de mal ? Après quelques instants de surprise, il regarda brièvement de nouveau vers la plage et constata qu’un groupe de jolies jeunes femmes en maillots était présent. Le malaise, il ne les avait pas du tout remarqués lorsqu’il s’était perdu dans ses pensées.
Leur regard se croisa, mais elle le détourna aussitôt, évitant d’entrer en conflit avec lui. Il se sentit bête et ne sut quoi répondre, de peur de s’enliser davantage. Après quelques instants, la guérisseuse lui manifesta l’envie d’aller se reposer un instant à l’abri du soleil.
« Oui, c’est une bonne idée ! Tu sais tout à l’heure je… heuuu… Non rien, pardon, oublie ça. Je te suis ! »
Ils se dirigèrent vers un petit bosquet, le lieu semblait être parfait pour s’y reposer un instant. Une fois arrivé sur les lieux, le jeune homme se sentit revivre avec le poids de cette chaleur en moins sur les épaules. Ayah lui prit doucement les mains avant de lui glisser ces quelques paroles :
« Désolée… J’ai toujours un peu de mal à concilier notre vie de couple avec le travail… » Dit-elle timidement, en lui adressant néanmoins un sourire jovial. « Mais disons que pour le moment, on est en pause ! Pas vrai ? »
Sa compagne s’approcha de lui et lui déposa un rapide baiser sur les lèvres. Une délicate attention venant de sa part vue le froid glacial qui était présent quelques minutes plus tôt.
Comme à son habitude, le jeune homme ne pouvait pas résister à sa moue timide et son sourire enjôleur. Elle se mis à l’enlacer tendrement tandis qu’il imitait son geste en posant ses mains sur ses hanches.
« Au fait… J’ai quelque chose pour toi… Ce n’est pas grand-chose, mais je… » Commença-t-elle avant d’être interrompu par quelques éclats de voix non loin d’eux.
Ayah s’écarta de lui et se glissa derrière le tronc afin de jeter un regard discret vers la source sonore. Elle semblait captivée par la vue d’un grand homme basané, vu sa tenue et ses cheveux encore humide, il devait sortir de l’eau.
*Non, mais tout de même, elle le dévisage sans aucune gêne alors que quelques instants elle m’avait fait une moue de gamine alors que je ne regardais même pas les jeunes femmes en maillot. * Pensa-t-il.
Le jeune fronça les sourcils in moment, et observa brièvement la jeune femme au côté de l’armoire à glace. La fleur dans son œil droit n’échappa pas au regard du jeune garde et cela l’intrigua. Leurs visages lui étaient inconnus, c’était la première fois qu’il les rencontrait.
Après quelques instants à les observer, Ayah se tourna vers lui avant de lui chuchoter :
« Vlad… Ces deux-là… Je crois qu’ils sont recherchés… C’est Joseph et Martine Boudin : deux individus suspectés de former l’organisation des Bloody Lovers. Il y a des avis de recherche dans le Bastion les concernant, tu te souviens ? »
Les Bloody Lovers ? Ce nom ne lui était pas inconnu, il avait déjà entendu quelques collègues l’évoquer au bastion. Par contre, il n’avait pas vraiment fait de rapprochement entre les avis de recherches et leur visage : il n’était pas très physionomiste.
La soigneuse prit alors une mine sérieuse et plaça sa main sur la garde son épée, prête à entrer en action. Elle semblait vraiment sure d’elle et déterminée. Vlad lui faisait entièrement confiance, sans plus attendre, il porta la main à son épée et la dégaina lentement avant de s’approcher vivement des criminels Boudin.
« Vlad Greywind de la garde du sud. Vous les boudins lovers êtes en état d’arrestation pour trouble à l’ordre public. » S’exclama-t-il en s’approchant, prêt à les maitriser.
« Evitons toute violence inutile et coopérez, je vous prie. »
Le garde sortit une paire de menottes et les glisse rapidement et fermement aux poignets de l’homme. Dans un accès de jalousie en repensant à sa compagne et le regard qu’elle avait eu envers lui et se mit à bien serrer les liens.
« Vous serez escorter jusqu’au Bastion pour y être jugé. » Dit-il en lançant un regard vers sa partenaire, l’invitant à menotter Martine.
Ayah s’approcha de la femme, qui semblait si jeune et délicate, et prit fermement ses poignets pour les lier dans son dos. C’était presque trop facile, les deux suspects n’opposèrent aucune résistance, et même plus que ça, ils semblaient même se laisser faire, comme s’ils n’avaient rien à se reprocher.
Vlad eut un moment de doute, étaient-ce vraiment les bonnes personnes ? Quoi qu’il en soit il valait mieux être prudent, de plus sa compagne était catégorique quant à leur identité.
Merci beaucoup.
Et il se désintéressa d’elle. Il n’était pas là pour faire la causette à une inconnue, bien que son apparence soit pour le moins originale. Elle s’était aussi désintéressée de lui, alors il n’allait pas la déranger. Une bonne sieste l’attendait à l’ombre des arbres après une bonne journée de travail et rien ne pourrait venir le déranger ! Le religieux sortit un linge de son sac pour s’essuyer un peu, histoire de ne pas se réveiller dans une flaque. Puis, il s’allongea, les bras derrière la tête, utilisant son sac sans fond comme un oreiller. Ce que c’était bon d’apprécier la douceur du vent et le bruit des vagues … Le frère commençait déjà à rêvasser quand un bruit attira son attention. Il crut d’abord que c’était la dessinatrice, mais elle regardait autre chose. En tournant la tête, le frère vit deux personnes armées jusqu’aux dents qui s’approchaient d’eux. Instinctivement, Aord glissa sa main dans son sac pour saisir la poignée de son épée. Il ne laisserait plus personne le prendre par surprise.
Heureusement pour les gardes, ils eurent la bonne idée de se présenter, ce qui détendit un peu Aord. Croyant à une blague, il éclata de rire quand il se fi appeler le boudin lover. C’était quoi encore ce truc ? On aurait dit un genre de partouze clandestine sur fond de barbecue. Clairement, il ne prenait pas l’homme au sérieux et le laissa donc s’approcher sans se méfier.
C’est une blague c’est ça ?
Il se leva en écartant les mains en signe d’incompréhension. *Clic, clic* Il assista, médusé, à sa propre arrestation. Le garde lui plaqua les mains dans le dos et le menotta rapidement.
EH ! Ouch …
Cet enfoiré ne mettait aucune délicatesse à l’ouvrage, Aord ressentait même chez lui une sorte de regard mauvais. Il prenait du plaisir à l’attacher ? Mais il n’avait rien fait ! Le religieux commença légèrement à paniquer tellement il ne comprenait rien à la situation. Les deux gardes semblaient convaincus qu’ils étaient des criminels, mais Aord n’avait rien à se reprocher. Par contre, la jeune femme à la fleur … Était-elle une criminelle recherchée ? Avait-il eu la malchance de choisir le seul bosquet qui abritait une délinquante. Bordel … Lucy lui en voulait vraiment …
Cependant, elle ne semblait pas en mener plus large. Pire, il crut reconnaître le même sentiment d’incompréhension quand elle se fit également menottée sans ménagement par la garde aux cheveux bleus. Peut-être que tout cela n’était que méprise après tout. Aord se laissa faire pour ne pas aggraver son cas, mais cela ne l’empêcha de protester vivement.
Je crois qu’il y a méprise, monsieur Greywind. Je ne suis pas un membre de ces boudins lovers. Enfin, c’est ridicule, je faisais juste une sieste à l’ombre ! Je travaille pour l’Astre de l’Aube et je m’appelle Aord Svenn vous pourrez leur demander !
Il essaya de l’entraîner avec lui, mais cette fois le religieux résista vivement au garde. Hors de question qu’il se laisse emmener devant un juge tant qu’il ne saurait pas pourquoi et de quoi on l’accusait.
Bordel, mais vous ne voyez pas que je ne suis pas celui que vous recherchez ? Je suis un frère de la déesse moi, pas un délinquant ! Regardez dans mon sac, j’ai ma robe de cérémonie !
Il tenta de se dégager des mains de Vlad pour pouvoir lui faire face en grognant. Il n’allait pas encore se battre pour sa liberté car il croyait avoir affaire à un garde, mais il en doutait de plus en plus.
Sur quoi vous vous basez pour nous accuser ainsi, hurla-t-il pour peut-être attirer l’attention d’un passant.
La femme vient vers moi et me passe aussi les menottes, mais avec moins de véhémence que son collègue. Jugés ? Directement ? Et les contrôles d'identité ? J'ai l'impression d'être victime d'une vaste blague puisque rien ne correspond à ce que Rid a pu me raconter de ses arrestations. Et pourtant mon frère n'est pas le meilleur exemple de réflexion et délicatesse... Je commence à penser que nous sommes victimes d'une arnaque quand l'homme se présente comme Aord et comme un employé de l'Astre de l'Aube. J'écarquille l'œil en entendant cela. C'est définitivement une arnaque. Ces deux là se font passer pour des gardes pour nous immobiliser et ensuite nous détrousser de nos cristaux et objets précieux.
J'observe le frère se débattre avec le garde du nom de Vlad et profite que du côté féminin les choses soient plus calmes pour essayer de discuter avec celle qui me retient.
« Vous n'êtes pas de vrais gardes, n'est-ce pas ? »
Je pars d'un petit rire nerveux avant de continuer.
« Non parce que de ce que je sais, une arrestation sans vérification d'identité, il n'y a que les faux gardes qui font ça... Surtout pour arrêter un frère de Lucy et une aventurière. »
Je continue de rigoler un peu nerveusement alors que ma remarque semble avoir un peu énervé la garde qui me retient.
« Alors vous espériez récupérer une belle somme de cristaux sur deux touristes ? Je vais retenir vos visages et avertir de vrais gardes dès que vous nous aurez relâchés. Croyez-moi que l'on va tout faire pour vous retrouver. »
Étrangement, je pense à mon frère en disant cela. C'est vrai qu'il n'est pas la personne que j'apprécie le plus, mais quand il s'agit de défendre ou venger ses petites sœurs il répond toujours présent.
Vlad avait passé les menottes à l’homme, qui se plaignit de l’indélicatesse du garde : elle leva les yeux vers lui. Son compagnon n’était pas du genre à faire preuve d’excès de zèle mais peut-être qu’il y allait un peu fort.
« Ne lui fais pas de mal, ils passeront devant le juge pour répondre de leurs actes. » Lui intima-t-elle avec une certaine douceur, l’air perplexe.
Elle se dirigea vers Martine Boudin, qui n’avait absolument pas fait mine de vouloir s’échapper en les voyant approcher. Pourtant elle aurait pu saisir l’occasion puisque son partenaire avait été neutralisé le premier. Ayah lui entrava donc les mains, serrant suffisamment pour qu’elle ne puisse s’en défaire mais prenant gare à ne pas provoquer de douleur.
Si Joseph Boudin était un grand basané, Martine était quant à elle une jeune femme toute menue avec une particularité des plus singulières : elle avait une fleur à la place de l’œil droit… Ce détail troublait beaucoup la guérisseuse qui se disait que les rapports auraient dû faire état d’un indice pareil.
Le problème était que le dessin de la suspecte semblait avoir été tracé par un macaque et représentait vaguement une personne humaine… La description indiquait que la demoiselle était de taille moyenne et souvent complètement emmitouflée dans un grand manteau. Mais cette fois elle était en tenu assez légère… Peut-être pour troubler les pistes ?
« Vous n'êtes pas de vrais gardes, n'est-ce pas ? »
Hein que quoi ? Pas de vrais gardes ? Ayah lui lança un regard surpris.
« Pardon, mais nous… »
Elle fut interrompue par un rire nerveux de la demoiselle et écouta avec une incrédulité grandissante les propos qu’elle tenait. Elle semblait plutôt bien au fait des formalités qui devaient intervenir lors d’une arrestation en bonne et due forme… Ah… Elle voulait jouer sa libération sur les vices de procédure ?
Continuant d’écouter la suspecte, elle se frappa légèrement le front du plat de la main quand elle se rendit compte que Vlad et elle s’étaient allègrement assis sur le règlement dans leur précipitation.
Elle essaya d’en placer une mais n’y parvint pas et laissa échapper un soupir tandis qu’elle écoutait Martine se mettre à insinuer qu’elle et son âme-sœur étaient de vulgaires bandits des grands chemins.
Ayah prit son mal en patience et attendit poliment que Martine ait terminé de se défendre pour essayer de remettre les choses en ordre.
« Écoutez. Nous sommes de vrais gardes… » Dit-elle, un peu perturbée en revenant dans le champ de vision de la jeune femme menottée. « Mais vous avez raison… Il y a un vice de procédure, et nous devons nous aussi respecter les règles. »
Elle lui montra son badge pour tuer définitivement toute sa ligne de défense qui consistait à l’accuser.
« Ayah Stormsong. De l’unité médicale du régiment Al Rakija. » Se présenta-t-elle calmement.
Elle la considéra avec une sorte de curiosité et ne trouva pas ce qu’elle cherchait des yeux :
« Vous dites être une aventurière… Mais je ne vois pas votre badge de la guilde. Indiquez-moi où je peux le trouver. Je ne me permettrais pas de fouiller dans vos affaires alors qu’on vous a déjà neutralisée. »
Mais la jeune femme n’eut guère le temps de lui répondre car son complice se mit brusquement à hurler comme un damné. Ayah regarda nerveusement autour d’elle, ce type voulait leur mettre la pression en attirant l’attention des passants et en leur laissant le rôle des méchants ? Il ne fallait pas qu’ils leur donnent de matière à entretenir ce malentendu.
Elle se redressa brusquement et s’approcha de Vlad et du suspect, gardant toutefois la jeune femme à l’œil au cas où elle tenterait quelque chose.
Elle échangea un regard avec son petit-ami et montra ses paumes à l’homme entravé en signe d’apaisement :
« Attendez. Calmez-vous s’il vous plaît. On peut régler tout ça dans le calme puisque vous semblez ne pas comprendre cette arrestation. » Dit-elle, un peu nerveuse.
Ayah détestait les situations de conflit et il émanait de cette scène une tension palpable, avec un homme passablement énervé. Quelque part, elle fut rassurée de savoir qu’il ne pourrait pas engager une bagarre avec eux.
Mais autre chose perturbait la soldate. Il y avait quelque chose de spontané dans l’attitude de ces deux personnes…
Y avait-il vraiment méprise sur la personne ?
Elle examina le visage de l’homme… Oui, elle était sûre qu’elle l’avait vu sur une affiche. Ses cicatrices étaient si reconnaissables.
Se pouvait-il vraiment qu’elle se soit fourvoyée à ce point ?
« Avez-vous sur vous des états de service qui pourraient nous permettre de confirmer votre identité ? » Demanda-t-elle poliment, mais quelque peu méfiante, elle voulait calmer le jeu pour retourner sur des bases plus propices aux échanges, mais elle ne savait pas si Vlad aurait la même patience qu’elle.
« Vlad. » Dit-elle en reportant son attention sur son amant. « Essaie de vérifier l’identité de la demoiselle. Elle dit être une aventurière, elle devrait donc avoir un badge pour le prouver. »
Joseph Boudin semblait un peu plus sanguin que sa…
Sa quoi au juste ?
Martine semblait tout de même plutôt jeune pour être sa compagne, peut-être étaient-ils plutôt frère et sœur… Le problème était qu’il n’y avait pas de signe évident de parenté entre eux : ils ne se ressemblaient pas vraiment.
Plus le temps passait et plus Ayah était mal à l’aise avec cette interpellation. Les deux semblaient vouloir jouer sur un vice de procédure pour forcer leur libération, mais cela ne devait pas se passer comme ça… Ce serait bien trop facile.
Néanmoins, pour apaiser la situation peut-être serait-il de bon ton de mettre un peu d’eau dans son vin ? La guérisseuse reporta son attention sur l’individu :
« Peut-être que mon collègue a un peu trop serré vos liens, calmez-vous, et laissez-moi vérifier un instant s’il vous plaît. » Dit-elle d’un ton neutre, tentant de rester parfaitement impassible, bien que sa voix trahisse quelque peu son stress.
Elle passa dans le dos de l’interpellé, espérant qu’il ne se montre pas trop véhément. En observant les mains et les liens d’acier, elle constata qu’effectivement les menottes étaient un peu trop serrées, et pouvaient lui faire mal.
Elle se renfrogna légèrement. Pour desserrer les menottes il fallait ouvrir brièvement le verrou, ce qui laissait au suspect une infime chance de s’en libérer d’un geste brusque au bon moment s’il connaissait le système.
Fallait-il vraiment prendre ce risque ?
Ayah hésitait… Mais elle ne pouvait pas se résoudre à laisser cet individu souffrir à cause d’entraves trop serrées, tout gredin fût-il.
« Ne bougez-pas. » Lui intima-t-elle, essayant de se montrer autoritaire.
Elle attrapa doucement les liens et entreprit la manœuvre risquée de les desserrer, espérant que ce type n’en profite pas pour se libérer, ce qui donnerait lieu à une arrestation encore plus musclée.
La demoiselle au cheveu clair semblait nerveuse et se mettait à rire de temps en temps, tout en nous accusant de ne pas être de la garde, et même pire, elle nous prenait pour de vulgaires bandits détroussant sans aucune vergogne de pauvres passants en usant de l’autorité de la garde comme effet de surprise.
Ayah prit les devants et voulut apaiser la situation en se présentant à l’aide de son badge avant de demander au binôme criminel supposé de justifier leur identité.
Vlad maintenait toujours les poignets de Joseph, mais se rendit compte qu’il y avait peut-être été un peu fort sur ses liens. Il voulut lui donner un peu plus de mou lorsque ce dernier se mit à brailler comme un âne, sans doute pour ameuter quelques passants.
Une fois de plus, sa moitié prit l’initiative d’aller à la rencontre du soi-disant prêtre afin de désamorcer la situation pour aurait très vite pu prendre une tout autre tournure. Ameuter des gens n’aurait fait que compliquer l’arrestation des deux suspects.
« Attendez. Calmez-vous s’il vous plaît. On peut régler tout ça dans le calme puisque vous semblez ne pas comprendre cette arrestation. » Dit-elle, un peu nerveuse.
Ayah lui intima d’aller vérifier l’identité de la demoiselle qui se disait être une aventurière. Vlad laissa sa petite amie s’occuper du cas de Joseph et se dirigea doucement vers Martine. Elle ne semblait pas très hostile, mais tout de même nerveuse et agacer par la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement. Ce n’était pas vraiment l’expression d’un criminel se faisant arrêter.
« Pouvez-vous m’indiquer ou je peux trouver votre badge de la guilde mademoiselle ? » Demanda le jeune garde d’un ton neutre.
Il s’accroupit et entreprit de fouiller dans ses affaires brièvement, mais ne trouva pas l’objet en question. Vlad se releva et lança un regard perplexe vers la suspecte. Elle ne semblait pas vraiment à l’aise sur le fait qu’il fouille dans ses affaires de la sorte. Le jeune homme avait envie d’obtenir des réponses, car il doutait de plus en plus que ce soit la personne qu’il recherchait.
Il remarqua un croquis de dessin dans ses affaires, elle était tranquillement en train de dessiner avant que les gardes ne les appréhendent. Quelle sorte de criminel dessinerait tranquillement à l’ombre d’un bosquet ? Tout ceci était bien louche… Ayah, se serait-elle trompée sur leur identité ? Cela ne lui ressemblait pas du tout en-tout-cas, elle qui est si rigoureuse et professionnelle.
Le jeune garde se plaça dans le dos de la femme afin de lui saisir les poignets doucement pour l’amener vers le grand basané.
Vlad remarqua qu’Ayah était en train de toucher à ses menottes. Non, elle n’oserait pas le libérer, même brièvement juste pour desserrer ses liens ? À quoi pense-t-elle, vu la carrure du prêtre, ce n’était clairement pas une bonne idée, il aurait mieux valu que ce soit Vlad qui s’en occupe.
Elle s’approcha de lui en demandant s’il avait quelque chose pour justifier de son identité et s’était la bonne chose à faire. Il n’avait plus qu’à lui montrer les lettres officielles de l’Astre qu’il avait dans son sac et tout ce malentendu serait fini. Il sourit à sa sauveuse qui semblait bien moins stupide que son collègue, sans se douter une seule seconde qu’elle était à l’origine de tout ça.
Enfin ! Vous pouvez regarder dans mon sac, il contient des lettres officielles de la directrice de l’Astre vous pourrez ver …
Aord avait tourné la tête vers ses affaires, mais elles avaient disparu. Une décharge lui parcourut l’échine, son sac n’était plus là. Son sac et … son livre. On lui avait volé son livre et tout ce qu’il contenait, toutes ses mémoires, tous ces gens … Il chercha partout autour de lui pour essayer de le retrouver, mais aucunes traces de ses biens. Alors il vit rouge, les mots de l’aventurière lui revinrent à l’esprit. Ils ne se comportaient pas comme des gardes, non, ils étaient des voleurs. Des voleurs qui étaient venus pour une bonne raison … L’ouvrage, c’était leur cible et cette arrestation n’était qu’une mascarade. Aord avait pensé être tiré d’affaire après son enlèvement, mais voilà qu’on essayait encore de lui dérober l’héritage des Hvit. Et encore une fois, il impliquait une personne innocente dans toute cette histoire. Il eut un regard désolé envers la jeune fille menottée qui devait subir ça comme Nemue avait dû le subir avant. Il s’en voulait tellement d’avoir été si stupide, d’avoir cru être enfin en sécurité, que cette malédiction était partie.
Mon sac …
Il restait pétrifié, mais sa colère explosait. Ils allaient le lui payer … La voleuse n’avait pas pu voir son changement d’attitude, passant du calme à la fureur la plus noir. Il en fallait beaucoup pour enrager un frère de la déesse, mais aujourd’hui, ils avaient réussi à le rendre fou. Dès qu’il sentit ses liens s’ouvrirent, il éclata son coude sur le nez la femme et se retourna pour la saisir à la gorge. Sa poigne n’avait aucune douceur et écrasait sa trachée sans aucune retenue. Les yeux exorbités Aord hurla en la plaquant au sol.
Vous vous êtes assez foutus de ma gueule. Maintenant, dites-moi où il est ! Où est le livre ? Vous n’êtes pas des gardes, je ne sais pas qui est cette Ayah à qui vous avez volé ce badge, mais je sais très bien ce que vous cherchez.
Il se pencha sur la femme resserrant sa poigne et essayant de l’immobiliser avec ses genoux.
Vous êtes ces voleurs dont tout le monde parle ? Les Bloody Lovers ? C’était malin de votre part le coup de l’arrestation, mais vos collègues ont déjà essayé de m’avoir, ça ne marche plus. Je répète, OU EST LE LIVRE ?
La scène d’Aord attirait tous les regards et pendant ce temps les affaires de Sia avaient elles aussi disparu.
Ayah cherche maintenant ma plaque d'identification d'aventurière. C'est vrai que c'est un bon moyen pour moi de prouver mon identité. Je ne l'ai pas gardé autour de mon cou, je le fais rarement quand je ne travaille pas en tant qu'aventurière. Parfois je la garde dans mon sac ou dans une poche. Aujourd'hui je l'ai prise avec mon pass et les aient tout deux laissés dans mon panier de pique nique. Je m'apprête à l'autoriser à fouiller mes affaires, quand Aord semble s'impatienter et s'énerver. Est-ce que l'autre garde serait en train d'abuser de son grade pour faire pression sur le pauvre frère ?
Je les laisse agir, ne cherchant pas à fuir quand les gardes échangent leurs rôles. J'aurais préféré que la femme continue de s'occuper de mon cas, elle semble plus réfléchie et calme que son camarade. Je lui lance un regard mauvais, mais j'obtempère quand il demande où se trouve mon badge. Du menton, je lui indique mon panier avec mes affaires. Il prend le temps de fouiller mon panier et regarde même mes croquis. Je grimace en le voyant inspecter mes dessins, je n'aime pas trop l'idée qu'une personne autre que Lyle ou Sio regarde mes idées. Je n'ai pas vraiment le choix, alors je prends mon mal en patience.
Il revient alors vers moi, il ne semble rien avoir trouvé. C'est une blague ? Il n'est pas foutu de trouver une plaque d'identification ou même mon pass de téléportation dans mon panier ? Je le sens me saisir. Il ne va quand même pas me faire une fouille au corps maintenant ? Je résiste un peu pour lui donné plus d'informations, mais c'est alors que le frère de Lucy éclate de colère. Voler un badge de garde ? Je n'y ai pas pensé... C'est vrai que le fameux Vlad n'a pas présenté le sien, alors réussir à faire un faux ou voler un seul badge est difficile, mais pas impossible. En plus de ça, le frère dit que ses affaires ont disparu. Je tourne le regard vers les miennes, et elles ont aussi disparu à leur tour alors qu'elles étaient encore là il y a quelques secondes. C'est une mauvaise blague ?
Je vois rouge à mon tour. On vient de me voler mon panier avec mon pass, ma plaque d'identification et en plus mon carnet à croquis contenant tous mes projets et idées, mais aussi les enseignements de Lyle que j'ai noté. Ce carnet m'est très cher. Le frère éclate de colère et frappe la garde et commence à les accuser d'être les Bloody Lovers. Ce nom me dit vaguement quelque chose, mais je ne prends pas le temps d'y réfléchir. Je profite que le garde n'est plus concentré et essaye de rejoindre sa collègue pour venir lui mettre mon pied dans l'entrejambe. Comme m'a déjà conseillé mon frère "un bon coup dans l'entrejambe peut te sortir d'un mauvais pas". Je mets en pratique ses enseignements. Heureusement pour moi, l'homme n'a pas de protection pour ses parties et je le vois se plier de douleur. J'en profite pour lui remettre un coup dans les jambes pour le faire définitivement tomber. Une fois à terre, je viens me placer sur son dos, un genou à la base de sa nuque et l'autre dans son dos. Je mets tout mon poids, mais je sais que je ne suis pas très lourde alors je dois faire vite.
« Où sont vos complices ? Crachez le morceau ! Je perds aussi patience ! »
Le Garde eut le souffle coupé, tout se déroula tellement vite, l’instant d’après il l’attrapait par la gorge en la plaquant au sol. Il n’eut pas le temps de réagir face à cette violence gratuite envers sa compagne, que sa prisonnière en profita pour lui décoller un joli coup dans les parties… Quel délicat geste envers la « jante » masculine !
Vlad n’eut pas le temps de réagir qu’une vive douleur l’immobilisa sur le choc et se laissa tomber au sol. Il n’eut pas le temps de toucher le sol que la jeune femme l’aida à le rejoindre plus rapidement d’un coup dans les jambes et vint s’appuyer sur son dos pour l’immobiliser.
Il venait de se faire mettre au tapis par une frêle jeune femme, résultat de son petit moment d’inattention, néanmoins, elle n’avait pas jugé utilise de le bloquer les bras.
« Où sont vos complices ? Crachez le morceau ! Je perds aussi patience ! » Dit-elle avec détermination.
Vlad reprit rapidement ses esprits et restait focaliser sur ce qu’était en train de subir sa compagne. D’un geste vif du bassin, il déstabilisa sa tortionnaire et repris rapidement le dessus sur elle. De ses bras, il la jeta vivement sur le côté sans réellement lui prêter plus d’attention.
Le garde se releva, oubliant sa douleur à l’entrejambe grâce à une fulgurante montée d’adrénaline. Son visage s’assombrit un instant tandis qu’il s’immobilisa à quelques pas du prêtre.
« Lâche la… Tout de suite… » Dit-il à l’attention de l’agresseur de sa bien-aimée sur un ton glacial.
Sans lui laisser le temps de s’exécuter le garde s’élança vivement vers le prêtre et se jeta sur lui, le faisant lâcher sa prise grâce à son élan. Il le projeta au sol de toutes ses forces, le faisant reculer sur quelques mètres. Vlad se positionna dos à Ayah qui gisait sur le sol, encore sonnée par le coup qu’elle avait reçu. Il se mit en garde et adopta une posture défensive, prêt à tout pour défendre son être aimé.
Défendre un camarade pour lui était normal, mais là, c’était différent, Ayah n’était pas une simple collègue, elle était également sa raison de vivre. Une détermination à toute épreuve pouvait se lire dans le regard du jeune garde.
Il prit quelques instants pour évaluer la situation : Ayah était sonnée, car elle venait de se prendre un méchant coup dans le visage, le prêtre était libre de ses mouvements et passablement énervée, sa complice, quant à elle, était toujours menottée. La guérisseuse étant dans les vapes pour le moment, Vlad ne pouvait pas faire front seul. Il lui fallait absolument reprendre le contrôle de la situation afin de pouvoir porter assistance à sa partenaire.
Le pouvoir de Vlad lui était d’aucune utilité dans ce genre de situation. Il ne pouvait compter que sur ses aptitudes physiques, mais bien qu’il eût envie de rentrer dans le lard du basané, il se résigna à adopter une position plus pacifique. Son visage s’adoucit légèrement et il leva les mains à hauteur de torse en direction du dit religieux.
« S’il vous plaît, je pense qu’il y a un malentendu. Nous n’avons pas votre livre ou vos affaires. Manifestement, il semblerait que nous vous aillions confondues avec des brigands. »
Pensant que les paroles ne suffiraient pas à apaiser l’homme, Vlad porta doucement sa main à son arme, la dégaina puis la déposa à ses pieds, montrant sa bonne volonté. Il restait toutefois sur ses gardes, prêt à maîtriser son adversaire si l’envie lui prenait de l’attaquer.
« Si je comprends bien, on vous a dérobé votre livre et vous mademoiselle, tous vos effets ont également été volé ? » Demanda-t-il calmement.
Le jeune homme ne put s’empêcher de reporter son attention sur Ayah. Elle semblait toujours mal et du sang s’écoulait de son nez. Il récupéra un linge en tissu afin de l’essuyer grossièrement puis plaça ses mains de part et d’autre de son visage avec délicatesse. Il caressa ses tempes de ses pouces un instant, le regard triste de la voir ainsi. Elle ouvrit doucement les yeux, et semblait revenir à elle. Vlad restait inquiet et l’aida à s’asseoir doucement.
« Ayah ? Ca va mon coe… »
Il n’eut pas le temps de terminer sa question qu’une silhouette fit irruption d’un buisson non loin d’eux en prenant la fuite. Un comportement extrêmement suspect qui alerta le jeune garde. En un éclair, il dégaina une dague de jet, la marqua de son pouvoir et la lança en direction du fuyard.
L'instant d’après, Vlad se retrouva dans le dos du fuyard qui était en fait « une » fuyarde. Il l’attrapa par les épaules afin de l’immobiliser. Un objet tomba de ses sacs, il s’agissait vraisemblablement d’un bouquin. Vlad fut frappé comme par un éclair à la vue de cet ouvrage. Serait-ce le fameux bouquin du prêtre ?
Désireuse d’épargner des douleurs inutiles à leur suspect, Ayah avait pris l’initiative de tenter de desserrer les liens. L’homme lui semblait compréhensif et avait commencé à évoquer des lettres de la directrice de l’Astre de l’Aube qui prouverait sa bonne foi.
L’Astre de l’Aube ? Vraiment ?
La jeune soldate avait entendu parler de cette organisation médicale, évidemment, puisqu’il s’agissait de son domaine de prédilection. Mais elle n’en avait rencontré aucun membre. Néanmoins, si cet étranger était vraiment en mesure de lui présenter une preuve qu’il faisait bien parti de cet ordre elle aurait du mal à l’appréhender…
L’écoutant tranquillement, elle entreprit de déverrouiller les liens juste après qu’il se fut interrompu : il semblait perturbé. Elle sentit bien une tension palpable, mais ne se rendit pas compte de la fureur qui enflait dans l’individu quand elle fit l’erreur de tourner la clé dans la serrure.
Dans une explosion de fureur, le coude du suspect vint la frapper en plein visage et elle le lâcha. Très surprise et sonnée par le choc terrible qu’elle venait de recevoir, elle tituba en portant une main à son nez tandis qu’un filet de sang chaud commençait à s’en échapper.
Quelques instants après, elle sentit d’abord deux grandes mains il comprimer la gorge puis le contact du sol tandis qu’il l’envoyait à terre, continuant de l’asphyxier dans sa colère. Probablement ne le faisait-il pas réellement exprès mais elle n’arrivait plus à respirer.
Elle grimaça de douleur et porta ses mains à sa gorge, tentant d’écarter celles de son agresseur pour pouvoir respirer, mais n’y parvint pas et tenta de se débattre, mais elle n’en eut pas la force et le manque d’oxygène menaçait de lui faire perdre connaissance.
Sans qu’elle ne voie vraiment ce qui se passait, la pression sur sa trachée disparut et elle prit une grande inspiration avant de tousser : reprenant abruptement son souffle. C’était douloureux, le bougre n’y avait pas été de main morte… Mais elle avait une sorte d’impression de ne rien sentir, elle ressentait l’agitation autour d’elle et entendait les voix, mais tout était très lointain.
Elle sentit bientôt une présence et une voix familière qui l’aidait à se redresser.
Elle rouvrit lentement les yeux pour voir Vlad un peu vaguement tandis qu’elle revenait à elle.
« Vlad ? Qu’est ce qui… » Commença-t-elle, un peu hagarde.
Elle ne finit pas sa phrase et soutint son regard quelques temps, un peu perdue, mais rassurée de le savoir près d'elle tandis qu'elle reprenait peu à peu ses esprits. Il y avait dans les yeux du jeune homme une inquiétude très touchante qui la fit sourire malgré elle :
« Il ne m'a pas loupée... Désolée, c'était idiot de ma part. »
Acceptant de bon cœur l'assistance de son conjoint, elle s’assit, la douleur au niveau de son nez irradiait en vagues désagréable et elle prit le tissu qu’utilisait Vlad pour interrompre le saignement.
« Ayah ? Ca va mon coe… »
Il ne termina jamais sa phrase. Son compagnon s'était interrompit et avant tourné son attention un peu plus loin avant de disparaître subitement.
L’esprit quelque peu ralenti par le choc, Ayah le chercha des yeux, confuse. Son regard passa sur la jeune femme aux cheveux blancs, toujours menottée, puis sur le prêtre, qui se tenait à quelques mètres de là : celui qui venait de l’agresser dans une fureur assez inattendue. Elle espérait qu’il se soit calmé, où du moins qu’il n’était pas homme à s’acharner sur une personne déjà à terre.
Elle lui jeta un regard perplexe, elle ne se souvenait pas vraiment de tous les détails de ce qu’il lui avait rugit à la face au moment de l’agression mais se souvint de la mention d’un livre :
« Quel livre ? » Parvint-elle à articuler péniblement, la voix un peu déformer par son nez bouché.
L’attention de la guérisseuse fut aussitôt captée par du mouvement un peu plus loin. Elle reconnut Vlad qui était manifestement en train d’appréhender une nouvelle personne. De là où elle était, et l’esprit un peu embrumé qu’elle avait, ne lui permirent pas de faire directement de lien, tout était très confus dans cette situation.
Maladroitement, elle se releva, un peu titubante et considéra quelques instants son adversaire en se tenant toujours le nez, mais affichant une mine résolue. Il était libéré de ses entraves :
« Calmez-vous… Il y a un terrible malentendu… »
Elle lança un regard désolé vers l’autre jeune femme, se posant de plus en plus de questions, mais elle n’avait pas franchement envie de la libérer maintenant, surtout que Vlad était un peu plus loin. D’ailleurs, que faisait-il au juste ?
Il était aux prises avec une silhouette de femme qui semblait très désireuse de s’échapper, à quelques mètres de là. Vlad entreprenait de l’immobiliser mais ne sembla pas remarquer la seconde forme qui se mit à le charger dans son dos : une silhouette d’homme de grande carrure.
Son cœur manqua un battement, et elle pensa tout d’abord que le prêtre se mettait à nouveau à attaquer le soldat, mais il était toujours là, face à elle…
Mais alors… Qui était l’attaquant de Vlad ?
« Attention ! » Parvint-elle à s’exclamer à l’attention du garde.
Peut-être son avertissement arrivait-il trop tard. Peut-être qu’il n’y avait pas suffisamment de temps de réaction pour que le soldat puisse réagir, mais le nouvel homme le percuta de plein fouet et ils commencèrent à s’affronter à mains nues.
Très inquiète pour son compagnon, Ayah fit mine de se diriger vers lui, mais elle n’avait pas encore tout à fait récupéré du choc qu’elle venait de recevoir. Le soldat ne devrait pas avoir de mal à prendre l’avantage sur son adversaire, mais le problème était qu’il était seul contre deux, et qu’elle ignorait qu’ils étaient potentiellement armés.
La médecin lança à son premier suspect un regard méfiant, espérant qu’il ne l’agresse pas à nouveau alors qu’elle apportait assistance à Vlad qui lui se faisait clairement agresser sous ses yeux. Puis son attention se reporta sur la scène, elle ne savait pas trop comment agir sans que le prêtre pense qu’elle s’en prenait à nouveau à des innocents…
La situation était très compliquée…
L’individu semblait penser qu’elle et Vlad étaient des criminels s’en prenant aux passants, comment réagirait-il si elle joignait le combat pour défendre Vlad ? S’en prendrait-il à nouveau à eux ?
Peut-être… C’était un risque non négligeable.
Mais qui étaient donc ces deux personnes qui semblaient tenter de s’échapper et que le soldat essayait tant bien que mal de retenir ?
Ayah distingua une petite forme qui était tombée sur le sol… Un livre ? LE livre ?
Elle pria pour que ce soit ce qu’elle pensait… Elle ne voyait vraiment pas d’autres issues pour rétablir la vérité et dissiper ce terrible quiproquo.
« Regardez ! Ce ne serait pas votre fameux livre ? » Dit-elle, nerveuse, à l’adresse de son premier agresseur.
Elle ramassa la clé des menottes qui étaient tombée quand elle avait été mise à terre. En voyant ce livre, et ces deux personnes aux prises avec Vlad elle avait eu la honteuse conviction qu’effectivement elle avait été à l’origine d’une horrible situation.
Il fallait que ça cesse !
Elle jeta les clés dans la direction du prêtre, qu’elle pensait maintenant innocent, pour qu’il puisse libérer sa camarade. C’était une sorte de gage de bonne foi qui, elle l’espérait, toucherait le prêtre maintenant qu’il avait probablement vu qu’elle ne pouvait pas avoir son livre…
« Il faut que vous me croyiez ! Tout ceci est une terrible méprise ! » Lança-t-elle avant de rejoindre Vlad, tentant de maitriser la silhouette féminine.
« Joseph espèce d’abruti ! Qu’est ce que tu fous bon sang ! T’es vraiment en train de te laisser dominer par ce gringalet ?! »
« T’es marrante toi, on en est là par ta faute ! Pourquoi t’as choisi ce moment pour te barrer ?! Ils étaient en train de se foutre sur la gueule ! Tu veux pas te montrer utile pour une fois ? » Répliqua l’autre costaud.
Aord roula comme un sac, ne sachant plus vraiment quoi penser. Un éclair de lucidité avait réussi à percer son instinct de survie. Ne valait-il mieux pas fuir ? Abandonner ces monstres ici avec leur bien, avant qu’il ne le tue ou qu’il soit obligé d’en faire de même, encore … Mais il y avait la jeune femme, elle n’avait rien à voir là-dedans. Comme avec Nemue, il se salirait les mains pour protéger les victimes de sa bêtise.
Aord se releva, prêt à défendre sa peau. Il se mit en garde face à l’homme. Il défendrait sa vie jusqu’au bout. Mais ce qu’il vit dans ses yeux, ce n’était pas le regard d’un meurtrier. L’inquiétude s’y lisait et il ne pouvait s’empêcher de regarder la femme allongée sur le sol. Étaient-ils des assassins ? Ils n’en avaient pas l’air et pourtant le religieux devait rester sur ses gardes. Un faux pas et il finirait comme le frère Corvus, mort dans une cave sombre. Le souvenir de ce qui était arrivé au frère supérieur lui souleva le cœur et renforça son envie de se battre.
C’est alors que tout se passa extrêmement vite. Une femme s’enfuit depuis les buissons en emportant avec elle un sac et le faux garde se jeta à sa poursuite. Ou plutôt, il se téléporta à sa poursuite. Aord resta interdit et stupéfait par ce qu’il se passait. C’était peut-être sa chance de s’enfuir ? Il attrapait l’autre prisonnière et ils pourraient se sauver sans demander leur reste. Mais une chose le retint, la mention de son livre. C’était elle qui l’avait volé ? Ou plutôt eux, car son compagnon vint à sa rescousse. C’était quoi le problème de tous ces couples, à venir emmerder les célibataires en pleins milieux de l’après-midi ? Juste pour ça ils méritaient ce qui leur arrivait. Toutefois, Aord joua la carte de la prudence, il attrapa la clé et s’empressa de délivrer l’aventurière. Il lui adressa un hochement de tête entendu avant de lentement se baisser pour ramasser l’arme lâchement abandonné par son propriétaire. Une fois ses mains sur la poignée de la rapière, il se sentit mieux. Ce n’était pas le genre d’arme dont il avait l’habitude, mais elle ferait l’affaire. Il s’approcha, ne voulant pas aider le pseudo garde pour l’instant. Il voulait être sûr que c’était bien eux les voleurs. Par terre gisait un carnet dont quelques feuilles s’envolèrent exposant à la vue de tous des dessins griffonnés. Ce n’était pas du tout son livre qui était solidement rangé sous clé dans un coffret en bois.
C’est alors qu’Aord aperçut son sac dans les bras de la femme. La fameuse Martine et il se remit à voir rouge. Cette fois, il n’hésiterait pas. Levant l’arme devant lui il se précipita sur eux.
Joseph transforme toi, y en a un autre qui arrive, hurla la voleuse à son comparse.
Un hurlement animal lui répondit et le sang de Vlad gicla sur le sol tandis que son adversaire transformait sa tête en celle d’un ours. Il l’avait mordu au bras pour lui faire lâcher prise et parvint à ses fins. La femme se plaça alors devant lui et une violente bourrasque le souleva de terre pour l‘envoyer valser sur Aord qui eut juste le temps de jeter l’épée pour ne pas qui s’embroche dessus. Ils roulèrent tous les deux pendant que les Bloody Lovers s’enfuirent à toute jambe, les laissant tous fatigués et blessés.
Le garde semblait vouloir régler les choses de manière pacifique maintenant. Je le vois poser son arme tout en semblant faire des gestes de paix au frère de Lucy. Il demanda confirmation de ce qui nous a été volé tout en allant s'enquérir de l'état de l'autre garde. C'est alors que j'entendis un mouvement de mon côté borgne. Avant que je ne réagisse, le garde est déjà aux prises avec ce qui ressemble à une fugitive. Ayah se mit alors à se défendre à nouveau oralement disant qu'il s'agissait d'une méprise. Pourquoi ces deux personnes ne semblent pas reconnaitre la femme qui vient d'apparaitre ? Il ne s'agit pas de leur complice ? Est-ce que nous ne nous serions pas tous trompés sur nos identités ?
Alors que je ne comprends plus rien à la situation, Aord vient me libérer. Il récupère ensuite l'arme que Vlad a abandonné plus tôt et rejoint le garde et les voleurs. J'aperçois d'ailleurs le fameux livre qui a été mentionné et reconnaît mon carnet à croquis. Alors ce sont eux qui ont volé nos affaires ? Plus le temps de tergiverser. Je rejoins la mêlée pour essayer d'au moins aider à maîtriser les deux fuyards, mais avant que je ne puisse faire quoique ce soit, du sang gicle et un homme à tête d'ours mord Vlad. S'ensuit une violente bourrasque qui fait voler le garde sur le frère. D'ailleurs ce dernier lâche son arme alors que les deux voleurs s'enfuient.
Je ne prends pas le temps de réfléchir et récupère l'arme à terre. Je m'élance à la poursuite des deux fuyards et quand j'aperçois enfin leurs silhouettes, je lance la lame en direction de la femme. Je loupe de peu ma cible, mais parvient à infliger une coupure au bras de Martine. Cette dernière lâche le sac qu'elle tenait et continue sa fuite sans son butin. Je laisse les deux voleurs partirent et vais récupérer le sac qui est tombé. Je suis essoufflée et la poussée d'adrénaline que je viens de ressentir ce calme déjà.
Je récupère le sac et commence à faire demi-tour et constate que personne ne m'a suivi. En chemin, je retrouve mon panier dans un buisson avec son contenu éparpillé à côté. Je ramasse le tout et rejoint le bosquet de plus tôt. Mon carnet est encore à terre, son contenu éparpillé et plusieurs feuilles sont tâchées de sang. Vlad est à terre en train de recevoir les premiers soins de la part de sa compagne. Aord n'est pas loin, semblant épuisé et attristé à l'idée d'avoir perdu ses affaires. Je dépose mon panier à côté de mon carnet et me dirige vers le frère. Je lui tends son sac.
« J'ai réussi à récupérer ça, mais je ne sais pas s'il y a tout dedans. »
Je me détourne alors pour reporter mon attention sur le garde. Je viens m'accroupir et regarde la femme blessée qui tente de soigner son compagnon. Cette dernière semble légèrement affolée ou sous le choc de tout ce qu'il vient de se passer. D'un ton posé et d'une voix douce, je propose mon aide.
« Je peux faire quelque chose pour vous aider ? »
Elle se sentait responsable de tout ça. Pourquoi avait-il fallu qu’elle soit si sûre d’avoir reconnu un criminel alors que manifestement il n’en était rien ?
Joseph Boudin, le vrai, était aux prises avec le soldat qui parvenait à lui tenir tête malgré la constitution tout à fait respectable de son opposant. Un vrai ours… Et elle ne pensait alors pas si bien dire.
La méprise était certes fort grossière, mais il fallait bien avouer qu’elle n’était pas totalement impardonnable. Joseph, le vrai, était un grand gaillard barbu au visage marqué de quelques cicatrices : même carrure, même couleur de cheveux, à peu près la même taille de barbe que Aord…
Bien sûr, en le regardant de plus près on voyait bien la différence entre les deux hommes, mais les portraits des avis de recherche n’étaient pas si précis.
Quant à Martine Boudin, elle n’avait vraiment pas grand-chose à voir avec la jeune femme qu’ils avaient appréhendée. C’était une femme de taille moyenne, cheveux bruns, assez longs, attachés en une tresse qui pendait sur son épaule droite : la madame tout-le-monde par excellence qui n’attirait pas particulièrement l’attention autour d’elle.
Il était difficile de lui affecter un signe distinctif pour la représenter sur une affiche de recherche…
Peut-être cela était-il à l’origine de l’aspect approximatif de son portrait ?
Au moins ils allaient peut-être réussir à arrêter ces individus : les vrais Bloody Lovers ? Vlad continuait de tenir tête à Joseph tandis que, malgré le coup qu’elle venait de se prendre, Ayah ramenait fermement les mains de Martine dans le dos de cette dernière pour la maîtriser : les positionnant dans un angle inconfortable qui empêchait l’interpellée d’user de force pour se libérer.
Du coin de l’œil, elle vit la charge du prêtre dans leur direction, l’arme de Vlad en main. Venait-il pour les aider ou allait-il encore s’en prendre à eux ? Ayah regarda perplexe dans sa direction tout en continuant de maintenir Martine.
« Restez où vous êtes ! » Lança-t-elle à son adresse, peu désireuse qu’il se mêle de cela.
Joseph transforme toi, y en a un autre qui arrive
Ayah resserra sa prise de surprise tandis que l’homme poussait un rugissement bestial alors que sa tête se métamorphosait subitement. Son nez s’allongea, de même que sa mâchoire, de laquelle jaillirent d’impressionnants crocs. Le visage de l’homme se couvrit d’une épaisse fourrure noire.
Un pouvoir de métamorphose ?! Il ne manquait plus que ça !
Les mains occupées à retenir Martine, la jeune femme ne put qu’assister impuissante à la scène de Vlad subissant une terrible morsure dans le bras de la part de l’homme-ours. Elle se crispa d’inquiétude en entendant son bref cri de douleur, suivi de quelques jurons bien pensés, mais elle tint bon sa prise sur Martine.
En temps normal, les choses ne se seraient pas déroulés ainsi, ils étaient sensés être des gardes et incarner la force de la loi, mais il fallait bien reconnaître qu’ils n’incarnaient présentement pas grand-chose.
Mauvaise journée ou relâchement ? Difficile à dire… Il allait falloir tirer des leçons de tout ceci et se remettre vite à l’entrainement.
Une espèce d’impressionnante bourrasque se leva et frappa Ayah qui relâcha brusquement sa prise sur Martine qui alla immédiatement se poster à proximité de son complice et leva les bras vers l’avant. Une nouvelle bourrasque se leva et souleva brusquement Vlad, l’envoyant percuter violemment le prêtre les envoyant tous les deux rouler dans le décor.
A cet instant-là, la guérisseuse fut déchirée entre le devoir de se lancer à la poursuite des fuyards et le besoin impérieux d’aller s’enquérir de l’état des deux autres, et particulièrement de celui de son amant. Torturée par cette décision, elle fit d’abord mine de s’élancer à leur poursuite mais une forme passa rapidement à son coté, la dépassant prestement.
« Non ! Attendez ! C’est dangereux ! » S’exclama Ayah en voyant la jeune fille partir à leur poursuite, ces gens étaient violents.
Toute armée fut-elle, la soldate s’inquiéta de la voir ainsi s’élancer seule mais ne put rien faire pour l’en empêcher.
* Quelle galère ! * Pensa-t-elle, serrant les dents de frustration.
L’intéressée disparut derrière un fourré, laissant la soldate seule, en proie à son dilemme : les deux fuyards avaient disparu de son champ de vision, et il y avait un camarade blessé à soigner.
Ne réfléchissant pas davantage, elle s’élança maintenant en direction du prêtre et de Vlad et s’agenouilla avec précipitation aux côtés de son compagnon, évaluant son état, la mine préoccupée.
« Vlad… » Murmura-t-elle tandis qu’elle distinguait une petite moue de douleur sur le visage de son âme-sœur.
Il faisait en sorte de minimiser sa blessure, mais elle n’était pas dupe : ça devait être vraiment douloureux.
Fronçant les sourcils, elle prit délicatement son bras et examina la plaie : les traces des crocs laissées par l’homme-ours laissaient échapper un flux inquiétant de sang, la lésion était assez profonde…
Une morsure d’ours quoi… ça n’arrive pas tous les jours, même à la caserne.
Fort heureusement, la vue du sang n’indisposait pas Ayah le moins du monde, elle en avait vu d’autres, et des bien pires.
Ignorant le prêtre dans un premier temps, elle posa ses mains autour de la blessure de son petit-ami :
« Ne bouge pas, ça prendra un peu de temps mais je devrais avoir assez d’énergie pour soigner ça. » Dit-elle avec douceur.
Un halo turquoise émana de ses mains tandis que son pouvoir commençait à transférer son énergie dans le corps du blessé, commençant doucement le pouvoir de réparation. Elle pouvait cependant échanger quelques mots pendant le processus sans que cela ne perturbe ce dernier.
« Je suis tellement désolée Vlad… J’ai tout fait de travers sur ce coup-là. » Dit-elle, une expression sincèrement affligée et tourmentée sur le visage.
Ils purent échanger quelques mots avant que la jeune femme à la fleur blanche ne revienne auprès du prêtre : avec les affaires. Ayah laissa échapper un soupir de soulagement en constatant qu’elle ne semblait pas blessée.
Après quelques instant, l’inconnue s’approcha d’eux et leur proposa son aide avec une douceur qui contrastait beaucoup avec les derniers échanges qu’ils avaient eut avec elle.
La soignante fut quelque peu surprise, mais soulagée de voir que ce n’était plus une ennemie.
La tension retombant progressivement, un léger sourire barra son visage :
« Je… Non pas vraiment, il me faut juste un peu de calme pour que je puisse utiliser mon pouvoir pour le soigner. »
Une drôle de sensation enfla en elle… De la honte ? La soldate se sentait responsable de toute cette situation : du malentendu, des vices de procédures, de toute cette violence, de l’air abattu du prêtre et surtout : des blessures sanguinolentes de Vlad…
Un voile d’affliction et de honte passa sur ses yeux tandis qu’elle détournait le regard vers la blessure de Vlad, se sentant incapable de regarder ces gens qu’elle avait injustement accusé dans les yeux tandis qu’elle faisait son Mea Culpa.
« Je vous dois des excuses. A ma grande honte je suis responsable de tout ce quiproquo »
Elle s’interrompit quelques instants, pensive et gênée, cherchant les mots justes.
« Je… Ne tenez pas trop de rigueur à mon camarade… La vérité est que c’est moi qui ai eu des soupçons. Mon camarade n’a fait que suivre ma conviction. Finalement les gens que nous recherchions se sont échappés, et vous avez été malmené pour rien finalement… Nous assumerons les conséquences de nos actes auprès de nos supérieurs » Ajouta-t-elle avec une sorte de calme résolu et une grande sincérité.
Ayah s’élança vers la fuyarde afin de porter assistance à son partenaire et immobilisa la fuyarde. Le jeune homme ne portait pas vraiment attention sur ce qu’il se passait du côté du binôme féminin. Son attention était entièrement dirigée vers son robuste assaillant. Les coups qu’il lui portait étaient très primaires, mais empreint d’une grande violence, il ne valait mieux pas se laisser atteindre par l’un d’eux. Le soldat esquivait quelques-unes des attaques qu’il subissait, guettant une ouverture afin de le maîtriser, ce qui ne tarda pas trop.
L’assaillant lui décolla un direct du droit visant à percuter le menton du jeune garde. Ce dernier fit un mouvement rotatif sur ses appuis laissant glisser son bras gauche le long de celui de son adversaire puis saisit son poignet fermement de sa main droite. Il accompagna son geste et utilisa sa propre force afin de le déstabiliser et lui tordit le poignet en maintenant fermement son coude. L’homme le plia en deux de douleur face à cette clé de bras parfaitement exécuté.
La situation étant revenue sous son contrôle, il voulut alors lui demander de décliner son identité, mais l’information vint à lui au même moment. La femme que maîtrisait Ayah était donc la vraie Martine Boudin et l’homme qu’il était en train de maîtriser était son complice Joseph du même nom. L’histoire commençait à s’éclaircir aux yeux de Vlad, il y avait eu une méprise totale sur l’identité du premier binôme qu’ils avaient appréhendé.
Sans trop savoir pourquoi Vlad entendit Ayah ordonner à une personne de rester ou elle était, mais il n’eut pas le temps de regarder dans la direction qu’elle semblait indiquer par son alerte. Dans la foulée, la femme maîtrisée par la jeune soigneuse intima son complice à se transformer.
*Se transformer ? Mais en quoi ?* pensa Vlad, relâchant son attention une fraction de seconde.
Il n’en fallut pas d’avantage pour que Joseph reprenne l’avantage sur lui puis subitement, sa force se décupla faisant céder la prise du garde. Le visage de l’homme se métamorphosa en ce qui semblait être un ours. L’homme avait le même regard en étant changé en demi-bête, et ce regard allait parfaitement avec cette nouvelle apparence. C’était donc ce sa vraie nature ? Vlad se laissa surprendre par la bête qui lui mordit le bras fermement, lui arrachant un bref cri de douleur à l’image de la brève violence de la morsure.
Sans comprendre vraiment pourquoi Vlad se sentit envoyé valser par une violente bourrasque. En cet instant, il souffrait de la morsure qu’il venait de subir, et n’eut pas le temps de réagir, porté dans les airs, il attendant que sa chute se termine. Ce vol plané fut interrompu par un choc puis il se mit à rouler quelques mètres avec l’objet ayant amorti sa chute… Enfin l’objet, l’homme pour être plus précis. En Effet ce n’était ni plus ni moins que le prêtre s’étant présenté sous le nom de Aord.
Le jeune garde était dans les choux, il s’assit avec difficulté, maintenant son bras meurtri contre lui, essayant de limiter les pertes de sangs. Quelle galère, c’était vraiment la pagaille, le binôme de bandit prenaient la fuite, bien que l’aventurière tente de les rattraper. Pour le moment c’était sa blessure qui l’inquiétait principalement, elle allait pas mal l’handicaper.
Une voix rassurante venait alors à sa rencontre et le jeune homme leva les yeux vers elle, essayant de dissimuler au mieux sa douleur, car il ne voulait pas l’inquiéter.
« Vlad… » Murmura-t-elle avec compassion. Elle prit délicatement son bras et examina la plaie and de la recouvrir de ses mains afin de le soigner.
Ayah lui intima de ne pas bouger le temps qu’elle fasse son office. Un halo bleuté émanait des fines et délicates mains de la soigneuse tandis que Vlad ressentait une sensation de fraîcheur bien familière.
Le garçon observait le visage de sa bien-aimée et constata qu’elle semblait vraiment tourmenter par quelque chose. On pouvait y lire la culpabilité voire même de la honte et cette vision l’attristait au plus haut point.
« Je suis tellement désolée Vlad… J’ai tout fait de travers sur ce coup-là. »
C’était donc ça, elle se flagellait pour la décision qu’elle avait prise d’arrêter le prêtre et l’aventurière quelques minutes plus tôt. Elle n’était pas entièrement responsable sur ce coup-là, les deux gardes formaient une unité et leur responsabilité était partagé.
« Ne dis pas ça… C’est aussi de ma faute, j’ai passé les menottes aux suspects bien trop rapidement alors qu’ils n’avaient même pas décliné leur identité. » Dit-il calmement sur un ton réconfortant et doux.
« En plus, je dois t’avouer que j’ai eu un excès de jalousie envers le prêtre quand je t’ai aperçu le regarder tout à l’heure. » Ajouta-t-il avec un air très gêné.
Ses sentiments l’avaient poussé à agir ainsi et cela le gênait de l’admettre, mais mieux valait-il se confier au plus tôt auprès de mon aimée, plutôt que de ruminer tout ça trop longtemps.
Le jeune homme releva timidement les yeux vers sa compagne qui mettait toujours du cœur à l’ouvrage pour le soigner. Elle semblait vraiment absorbée par sa tâche et ne détourna pas le regard de la blessure.
« Je t’aime et je suis désolé d’avoir agi ainsi… » Se confia-t-il à voix basse auprès de l’amour de sa vie.
Après quelques instants, la jeune aventurière s’approcha du couple de gardes afin de proposer son aide avec une certaine douceur. Ayah sembla se décrisper un instant et répondit qu’elle n’avait rien besoin de plus que de calme pour utiliser son pouvoir.
Visiblement, l’aventurière au cheveu clair avait réussi à ramener quelques affaires au prêtre, ce qui était une bonne chose, bien qu’imprudente d’avoir foncé ainsi vers les fuyards.
L’attention du blessé se reporta alors sur sa compagne, il se préoccupait beaucoup d’elle et de ce qu’elle pouvait ressentir en cette délicate situation. La honte semblait la gagner, elle ne savait plus où se mettre et semblait désireuse d’exprimer ses regrets. Après quelques instants, sans doute, pour chercher les mots, elle s’excusa magistralement auprès du prêtre et de l’aventurière sur la méprise d’identité dont ils avaient été victimes. De plus, Ayah défendit son camarade en prenant l’entière responsabilité de ce qu’il c’était passé.
S’en était de trop, elle ne pouvait pas continuer de se flageller ainsi. Vlad décala son bras, interrompant temporairement la guérison que lui portait sa compagne et prit son visage entre ses mains avant de plonger son regard dans le siens.
« Il n’y a pas mort d’homme, ne t’accapare pas toute la faute, je suis autant responsable que toi. »
Ses paroles avaient une certaine intensité, visant à attendrir sa compagne afin qu’elle se sente mieux, mais visiblement elle semblait légèrement soulagée d’avoir dit ce qu’elle avait sur le cœur. Ayah était vraiment une personne sensible, altruiste et faisant preuve d’abnégation en toute circonstance. Son comportement était admirable, c’était une personne de valeur.
« J’espère que vous acceptez nos plus plates excuses monsieur Svenn et madame… Tiens, madame comment d’ailleurs ? Avec tout ceci, il me semble que nous ne connaissons même pas votre nom… »
Il fallait aller de l’avant, terminer de guérir le bras de Vlad et faire l’inventaire des affaires volées et récupérées. En tout cas, la tension semblait redescendre, bien que le prêtre restât passablement énervé de ne pas avoir retrouvé son ouvrage, mais au moins, cette fois, sa colère ne se portait pas sur les deux gardes. Peut-être le livre se trouvait dans le reste des affaires apporté par la demoiselle au cheveu clair ?
Une voix féminine le tira de sa colère et il leva les yeux pour voir l’aventurière qui lui tendait son sac. L’expression de gratitude qui apparut alors sur son visage était absolument inimitable. Tout d’un coup, la tension qu’il avait accumulée avec toute cette histoire redescendit et un vague de soulagement le parcourut.
Que la déesse vous bénisse.
Il lui attrapa les mains pour le remercier avant de récupérer son sac sans fond et de commencer à sortir son contenu précipitamment. Le soulagement ne dura pas très longtemps. Il sortit sa robe de cérémonie, ses papiers de l’Astre, ses outils, de la nourriture, sa gourde fontaine, toute sorte d’objets, mais il ne trouvait pas le coffret. En y repensant, c’était le seul objet qui pouvait intéresser des voleurs. Il était finement ouvragé et fermé par un code. S’ils avaient dû garder une seule chose de leur larcin, c’était bien ça. Désemparé, le frère s’aida d’un arbre pour se relever. Il posa sur le front sur l’écorce, incapable de décider quoi faire. Après tout ce qu’il avait fait pour protéger ce livre, voilà qu’il se le faisait voler par des bandits de grand chemin. Toutes ces vies … Perdues dans les mains d’imbéciles qui allaient le détruire sans aucun doute. Rien que d’y penser, le religieux en avait la nausée.
PUTAIN !!!!
Le frère donna un grand coup dans le tronc, mais ne refit pas à cause de la douleur. Son cri était empreint de colère et d’impuissance. Il tourna les yeux vers l’aventurière lui faisant bien comprendre qu’elle n‘avait pas ramené toutes ses affaires, mais il ne lui en voulait pas. Ce n’était pas de sa faute, par contre les deux incompétents qui pleuraient sur le sol …
Aord les fusilla du regard quand ils vinrent s’excuser, mais n’étrangla personne. De nombreuses émotions le traversaient en ce moment. Il se battait contre l’envie de leur éclater la tronche et celle de les plaindre. La jeune femme avait l’air vraiment pitoyable, des marques apparaissaient autour de son cou et Aord se sentit soudain très mal face à ce qu’il avait fait. Tout était allé beaucoup trop vite, et maintenant il regrettait … amèrement. Il baissa la tête.
Je … je suis désolé, de vous avoir attaquée et pour …
Il passa sa main autour de son cou pour accompagner son message. Désolé pour la strangulation … Il n’arriverait pas à la regarder dans les yeux alors il fixait son compagnon. Ses yeux glissèrent le long de son corps, suivant les filets de sang qui avaient taché sa tunique. Lui aussi avait eu son compte. Le frère repris un peu de constance et redressa la tête pour les fixer droits dans els yeux. I lavait de la peine pour eux, mais sa colère n’était pas passée :
Mais à cause de vous je me suis fait dérober un bien inestimable. Alors si vous voulez vous rattraper, aidez- moi à le retrouver je vous en supplie.
Ses yeux s’humidifièrent un instant.
C’était un objet très important pour moi …
Sa voix trembla à la fin de sa phrase. D’un vif mouvement du bras, il essuya ses yeux et alla rassembler ses affaires étalées sur le sol pour les remettre dans son sac. Il en profita pour enfiler sa chemise en lin pour ne plus sa balader torse nu. Il se retourna vers le petit groupe.
Je pars à leur recherche. Ne m’en empêchez pas, vous avez fait assez de mal aujourd’hui.
Il regarda l’aventurière.
Merci infiniment, désolé pour cette aventure.
Il lui fit un signe amical de la main avant de tourner les talons et de partir à la poursuite des voleurs, plantant les gardes sur place. Les boudins allaient le payer. Le payer très cher !
« Zmeï. Sia Zmeï. »
Je regarde tour à tour les deux gardes. Des excuses ne suffiront clairement pas. D'ailleurs, le frère de Lucy s'excuse à son tour. C'est vrai que nous ne sommes pas tous vraiment partis du bon pied. Malheureusement, avec tout ceci Aord a perdu un bien qu'il considère inestimable. Et il n'est pas le seul. Il semblait particulièrement affecté par la perte de cet objet, au point que les larmes lui montent aux yeux. J'ai un peu de pitié pour cette personne. Il finit par se rhabiller et annonce son départ et la poursuite des voleurs. Il me remercie également et file. Je pousse un soupir en me relevant.
« Par votre faute, ma journée de congé a été gâchée. Mon carnet que je chéris depuis des années a été détruit. Il n'a aucune valeur en cristaux, mais pour moi il est très important. De simples excuses ne suffiront pas. »
Je me tourne vers mes affaires et ramasse les feuilles éparpillées un peu partout. Je les range dans mon panier et j'espère que je vais pouvoir en faire quelque chose. Peut-être que je pourrais le réparer avec un peu de patience. En attendant, mon carnet est détruit et nombreux de mes croquis ne seront pas récupérables. Ces années de travail détruites en quelques minutes... Je ne vais pas pleurer la perte d'un objet comme le frère de lumière, mais je garde tout de même un goût amer. Mais comment ces gardes peuvent se faire pardonner ?
« Vous voulez un bon moyen de vous faire pardonner ? Trouvez la forge Zmeï à la Capitale et débrouillez-vous pour en repartir avec une bonne facture. Tant qu'on y est, vous pouvez trouver un garde du nom de Rid Doroy. Il vous apprendra sûrement comment mieux exercer votre métier. »
Je me relève en prenant mon panier. Je ne vais pas laisser un prêtre se battre seul contre deux voleurs. Visiblement ils ont en plus des pouvoirs à leur avantage. Je n'ai qu'un petit couteau pouvant servir d'arme, et rien d'autres. Je me débrouillerai bien ! Désolée Sofia, je sais que tu m'as appris d'être toujours prudente, mais parfois les choses font qu'il faille prendre des risques. Je m'élance à la suite du prêtre sans un mot de plus pour les gardes. Je cours un peu et finit par le retrouver marchant d'un pas déterminé. Je cours jusqu'à sa hauteur et le rejoint.
« Je n'ai peut-être pas d'arme avec moi, mais je ne laisserai pas un frère se battre seul contre deux bandits. Même en congé, mon âme d'aventurière ne pourrait tolérer cela. »
Pourquoi les choses avaient-elles autant dégénéré pour une simple erreur sur la personne ? Ils ne s’étaient pas montrés aussi violents que les civils et faisaient montre d’un sang-froid à toutes épreuve, malgré les coups et insultes qu’ils encaissaient.
Ayah soutint résolument son regard, sans le défier, sans le juger : juste un regard franc et sincère. La douleur dans son nez pulsait encore à intervalle régulier tandis qu’elle continuait de soigner son camarade et amant. La blessure se refermait lentement mais surement, mais le contrecoup fut un peu plus intense qu’il n’aurait dû l’être et une intense migraine l’assaillit, bien qu’elle tentât de ne rien en montrer. Elle détourna le regard, serrant les dents et fronçant les sourcils.
C’est alors qu’elle entendit l’homme commencer à s’excuser. Elle releva vers lui un regard surpris, mais son regard était assez fuyant et se posait plutôt sur la blessure de Vlad.
La guérisseuse haussa doucement les épaules et afficha un sourire entendu quand il mima vaguement le geste de la strangulation… Elle ne lui en voulait pas mais resterait sur ses gardes en la présence d’un individu potentiellement sujets à des accès de violence. D’autant plus qu’il ne paraissait pas complètement débarrassé de sa rancœur envers eux…
Elle continua d’écouter leurs doléances sans rien ajouter, certes, des erreurs avaient été commises, mais elle trouvait tout de même qu’ils n’étaient pas les seuls à blâmer, notamment en matière de déferlement de violence. Mais elle resta silencieuse, espérant que les choses se tassent, et n’ajouta pas d’éléments de discorde à leurs échanges.
Qu’était-ce donc que ce fameux livre qui faisait passer cet homme de rage à tristesse en si peu de temps ? Il devait avoir vraiment quelque chose de spécial : une grande valeur monétaire ? Sentimentale ? Mais elle sentait la tristesse de cet homme et eut de la compassion pour lui malgré ce qu’il lui avait fait subir il y a quelques minutes.
Le flux de soin sur Vlad et l’intense migraine qui l’assaillait ne lui permirent pas de répondre tout de suite, et elle se consacra pleinement à refermer la blessure de son âme-sœur. Mais l’intéressé ne sembla pas y tenir et entreprit de se rhabiller et de s’éloigner vivement, non sans indiquer qu’une aide serait fortement appréciée pour rattraper les malfrats.
Ayah n’était pas très optimiste, ils devaient déjà être loin à l’heure qu’il est… Néanmoins elle ne refuserait pas d’aider quelqu’un, d’autant plus que c’était son rôle en tant que garde d’amener les contrevenants devant un juge.
Ce fut au tour de demoiselle Zmeï d’entrer dans la danse. Enfonçant encore d’avantage le clou.
La guérisseuse soupira intérieurement : ces deux là oubliaient-ils que l’erreur était humaine ?
Elle encaissa à nouveau sans rien dire. Elle aussi semblait avoir perdu un objet de valeur. Elle se fit la réflexion qu’il serait intéressant de sensibiliser les gens sur la question d’emporter des objets de valeur avec eux à la plage.
Enfin seuls. Quand les deux individus furent partis Ayah eut tout loisir de finir de soigner Vlad, et cela ne prit pas davantage de temps :
« J’ai terminé. » Soupira-t-elle en se redressant, laissant son regard se perdre dans la direction qu’avaient pris les criminels et les faux-criminels.
Elle se mit debout et se stabilisa quelques instants, prenant le dessus sur ses maux de tête et les sensations de vertige temporaires dues à l’utilisation de son pouvoir. Avec l’expérience, elle avait appris à récupérer un peu pour au moins être en état de se mouvoir à peu près normalement, mais elle savait qu’il valait mieux éviter de recourir à nouveau à ce sort.
« On a vu de quoi ils sont capables… On devrait vite les rejoindre, même si je pense qu’il y a assez peu de chance pour que les voleurs reviennent de sitôt… »
Elle ramassa les deux paires de menottes qui gisaient à terre et en lança une en cloche en direction de son camarade, l’air déterminé :
« On ne sait jamais… »