- Étude Endémique -
3e lune de la saison douce de l'an 1001

De nouveau, Evelyn glissa ses lunettes de jour devant ses yeux, avant de pénétrer dans la noirceur une fois de plus, suivant un long passage obscure. Une odeur tenace flottait dans l’air, s’intensifiant. Une odeur âcre, entêtante, exacerbée dans cet espace clôt; l’odeur fétide de la mort. Rien de bien rassurant, alors que les deux aventuriers progressaient dans un long boyau silencieux. Presque du suicide, pourraient dire certains; en réalité, le simple fait d’entrer dans une caverne en plein cœur des montagnes pouvait être considéré comme tel par une majorité de personnes.

Puis, Evelyn s’immobilisa devant une mare de sang et s’accroupit pour examiner le sol de plus près. Elle mit sa flèche de côté, le temps de toucher le morceau de queue écaillée, provenant sans aucun doute possible d'un lamia. Une traînée de sang, remarqua-t-elle ensuite, s’enfonçait dans le tunnel. Silencieuse, Westwood fit signe à Liory pour qu'il vienne voir tout ça de plus près, et lui murmura : - Lamia, c'est récent. Du moins c'était la conclusion d'Evelyn, et c'était assez curieux car elle n’avait rien entendu. La chasseuse se redressa et remit sa flèche à son arc. Cette situation avait de quoi inquiéter et elle se demandait si c’était la bestiole qui les intéressait, le tissenuit sombre, qui avait fait cela ou une autre dangereuse créature. Elle se mit à examiner les lieux, à la recherche d’indices.

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Evelyn regarda le projectile de Liory parcourir plus d’une centaine de mètres avant d’être immobilisé par une toile d’araignée. La toile des tissenuits était reconnue pour sa résistance, alors ce n’était pas totalement étonnant. Se profilait donc devant les deux aventuriers un long boyau en ligne droite. La première bonne nouvelle, c’était qu’il n’y avait pour le moment aucun risque de s’égarer. La deuxième bonne nouvelle, et qui était également une mauvaise nouvelle dépendamment de la façon de voir les choses, était qu’ils avaient trouvé un joli repère d’araignées. Evelyn n’avait pas l’intention de rebrousser chemin à la première flaque de sang et à la première toile d’araignée, et un regard à Liory lui confirma que c’était pareil de son côté.

En avançant, la chasseuse repéra un trou dans la roche au-dessus de leur tête. Un coup d’œil dans cette cheminée donna à Evelyn un léger frisson. Ne souhaitant pas rester une seconde de plus sous cette cheminée, Evelyn se déplaça, progressant doucement, prenant la parole à voix basse, chuchotant : – On sait où a disparu le corps du lamia. Une superbe nouvelle que voilà. – Dans ton pack, il te reste de quoi faire des torches?, demanda-t-elle toujours sur le même ton.

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Evelyn avait tendance à oublier que l’homme ne contrôlait pas seulement le métal, mais qu’il pouvait également le créer. Liory posa donc un geste rassurant et avisée en bouchant la cheminée. Ils pouvaient ainsi progresser, sans craindre que le danger ne vienne de là. Dans son kit d’aventurier, avec son nécessaire de camping, Liory avait donc quelques torches. La chasseuse remercia l’homme et sa prévoyance. Cependant, la situation ne s’annonçait pas très glorieuse. Ainsi, le duo rebroussa chemin pour une petite discussion au sommet, dans la lumière de la grande salle où ils avaient fait la rencontre de lamias. Cet endroit, comme le mentionna Liory, était un bon lieu de replis. Evelyn acquiesça, affronter les araignées dans leur nid serait très dangereux.

La chasseuse écouta le plan de l’homme. Concevoir des plans, ce n’était pas dans ses habitudes; les animaux qu’elle chassait habituellement ne nécessitaient pas ce genre de préparation. En créant le métal, Liory pensait pouvoir concevoir un bon piège à araignée et leur évité d’être submergé par les créatures. Evelyn hocha la tête et approuva en ses mots :

- Théorie et pratique sont deux choses, mais c’est un bon plan. De c’que j’en ai lu, les tissenuits craignent la lumière naturelle, je s’rais sacrément étonnée qu’elles décident de prendre un bain de lumière.

Et ainsi, à plusieurs mètres après l’entrée du tunnel, Liory se mit en action. Evelyn aurait bien aimé avoir un pouvoir utile dans ce genre de situation, mais à défaut elle resta concentrée sur leur environnement pour éviter les surprises. Elle profita également de la pause pour boire de l’eau, glissa sa pierre de feu dans une poche avant de ses pantalons, rangea ses deux torches à portée de main, accrocha son arc à son carquois et se saisit de sa dague de combat. À la suite de l’installation de ce piège, le duo remonta le long du tunnel. À l’aide de son arme blanche, la chasseuse trancha les toiles d’araignée sur leur chemin et en profita pour en récolter. Le but était double : récolter des ressources et attirer des araignées à eux.

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Un bruit alerta Evelyn, qui cessa immédiatement son activité et rangea les quelques bouts de fils qu’elle avait récolté dans une poche latérale de son sac à dos pour les mettre en sureté, et échangea de nouveau sa dague contre son arc; glissa sa dague dans son fourreau à sa hanche gauche, attrapa son arc dans sa main gauche. La silhouette d’un tissenuit apparut ensuite; elle était massive, laide et imposante. Et le tissenuit venait accompagné de ses gentilles et nombreuses amies.

La chasseuse alerta aussitôt son partenaire du danger, lequel souligna ensuite l’évidence de la situation avec un - Je crois qu'on l'a trouvé !, ce à quoi la femme répondit par un : - Tu crois!

Westwood encocha rapidement une flèche qu’elle décocha aussitôt, puis imita judicieusement l’homme en rebroussant chemin. À trois reprises, la chasseuse ralentit pour bander son arc et tirer une flèche derrière elle, puis couru pour distancer leurs poursuivants. Elle visait uniquement les plus petites araignées, lesquelles étaient nombreuses et se rapprochaient rapidement. De sa longue enjambée, elle rattrapa Liory et ils arrivèrent à leur piège.

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Evelyn se retourna pour faire face au piège installé par son partenaire de quête, pour faire face aux assaillants qui passèrent l’entonnoir. Elle leva son arc tout en reculant; et elle recula sans regarder où elle mettait les pieds. Mais elle avait déjà emprunté ce tunnel; ce dernier était droit et ne comportait aucun obstacle à cet endroit. La scène se déroula rapidement, en quelques secondes à peine, et Evelyn devait avoir confiance que Liory saurait se débrouiller.

La chasseuse encocha une flèche. Elle tira sur la corde de son arc, de deux doigts de sa main droite, main gantée comme toujours. C’était un combat rapproché, elle n’avait pas besoin de bander l’arc à son maximum. Elle libéra une première flèche, sur une première créature. Sans attendre de savoir si cette flèche allait être fatale, elle encocha une seconde flèche, visant aussitôt une seconde araignée. Elle effectuait ses mouvements d’instinct; des mouvements qui avaient été répétés un nombre incalculable de fois, toujours identique. Evelyn libéra sa deuxième flèche.

La première flèche n’avait pas atteint sa cible. Evelyn n’eut pas besoin de regarder pour le savoir; elle le sut au son que produisit sa flèche en ricochant sur la pierre du tunnel. Sa seconde flèche siffla en fendant l’air, traça son chemin vers la seconde araignée et s’enfonça entre les multiples yeux; ladite araignée s’effondra au sol. Reculant toujours, Evelyn reporta son attention sur l’ensemble de la scène.

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L’avancée des trois araignées restantes fut stoppée de façon momentanée par l’intervention de son partenaire. Suffisamment de temps pour permettre à Liory de siffler Evelyn pour obtenir son attention et lui dire : - Il faut en garder une en vie, je suis sur qu'on pourrait réussir ! Une drôle d’idée que voilà, tenter de garder l’une de ses créatures en vie au péril de leur propre vie, mais Evelyn faisait confiance à son partenaire; en réalité, au vue de la situation la confiance s’imposait; restait à voir comment ils allaient s'y prendre.

La chasseuse libéra une flèche précédemment encochée, lequel projectile fila en direction des araignées qui se dispersèrent avec vivacité, et le projectile ne toucha ainsi que le sol. L’une des créatures bondit alors en direction d’Evelyn, qui se projeta contre une paroi du tunnel pour l’éviter. Sa main gauche tenait son arc; sa main droite se referma aussitôt sur le manche de sa dague de combat, qu’elle tira de son fourreau de cuir pour accueillir la créature belliqueuse qui revint à l’assaut. Un vif coup de lame donné de bas en haut tua l’araignée. Westwood porta aussitôt son attention sur Liory pour lui apporter son soutien.

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Son partenaire aventurier se retrouvait dans une mauvaise posture, gardant les mandibules de la dernière araignée à distance de son visage à l’aide de son arc géant. Un face à face entre l’homme et la bête, pour que les deux puisse apprendre à mieux se connaître! Liory lui avait dit qu’il désirait conserver l’une de ces bestioles en vie, pour le bien de cette mission, alors Evelyn échangea son arc et sa dague pour une torche, qu’elle alluma à l’aide de sa pierre de feu, relevant par le fait même ses lunettes de jour sur sa tête pour éviter d’être aveuglée par cette soudaine source de lumière. L’on disait que ces araignées-là craignaient la lumière provenant de source naturelle. La chasseuse approcha sa torche de l’assaillante pour la forcer à reculer et permettre à son partenaire d’agir.