Panique à la foire estivale du Grand Port !
Alors que Zeny tentait (tant bien que mal) d’impressionner la galerie avec ses prouesses musicales et que Valentino était de permission, le chaos éclate.
En effet, une petite fille (lien cliquable) dénommée Darla Dorable a décidé de déchaîner ses redoutables pouvoirs d’illusion. La raison ? Darla a décidé d’être une génie du Mal.
Saurez-vous déjouer les pièges de la sadique Darla ? Ou serez-vous victimes des pièges tortueux de la demoiselle ?
Participants : @Valentino Rivolti & @Zeny Astley
Challenge RP : Durant toute la durée du RP, à cause des illusions de Darla, tous les PNJs que vous voyez semblent porter un mankini et posséder de saillants muscles. Cependant, ils gardent tous leurs têtes, et leur taille initiale…
Vous apparaissez également différents l’un à l’autre, mais vous êtes libres de choisir l’apparence de votre partenaire que vous voyez. Il conservera également sa figure initiale.
Ça commence par les animations en réalité! Comme dans toutes festivités, elles sont nombreuses et variés, ça va des manèges contrôlés grâce à des enchantement au tour de poney sur la plage en passant par les artistes. Et les artistes justement, parlons-en! Une musique plutôt agréable j'dois bien l'avouer, en tout cas un rythme que j'apprécie et qui me fait doucement taper du pied alors que j'approche de son auteur, c'est pas parfait mais il y a une bonne base chez ce type. Le problème c'est quand je le vois : je n'oublie jamais un homme que j'ai un jour arrêté, j'suis le genre de garde qui pense qu'un délinquant le restera toujours et qui n'accord que peu - pas - de seconde chance alors forcément, quand j'vois ce mec que j'ai déjà coffré une fois pour ses propos obscène à l'écart d'un homme, tapage nocturne, trouble de l'ordre publique et en plus refus d'obtempérer, j'm'attends forcément à ce qu'une merde arrive! Est-ce qu'il va encore injurier un concitoyen avec lequel il a un désaccord ou ses actions seront-elles encore plus obscènes cette fois-ci? Oui, je pars avec un mauvais a priori mais c'est sa faute!
Pourtant, ce n'est pas de lui que vient la catastrophe mais d'une jeune fille que je n'aurais jamais suspecté! La gamine monte sur scène, se mettant devant le musicien - et j'avoue que pendant un instant je me dis que c'est cette pauvre petite qui va devenir victime de ses injures - mais contre toute attente, voici qu'elle écarte les bras avec un sourire sadique et le monde semble littéralement changer devant mes yeux! On parle de vision de cauchemar là, le genre de scène sortie de l'esprit de l'homme le plus malade et en plus, je ne peux même pas y échapper : partout autours de moi, absolument partout : des hommes, des femmes, des enfants... Un chien? Putain même les animaux? Je vois leur tête mais pour ce qui est du corps, c'est un type bodybuildé en mankini... Lucy nous garde! Pourtant, alors que je pensais que l'horreur ne pourrait jamais atteindre un point plus culminant, je suis obligé de voir la réalité en face : il y a pire! Alors que je me tourne vers la scène avec l'envie de foncer sur la gamine pour qu'elle arrête cela - gamine qui n'est plus visible d'ailleurs - je vois ce qui est réellement la pire vision jamais vu : son visage n'a pas changé, toujours ce même air de con et ces lunettes ridicules! Le musicien est bien le même mais ce corps? Je le reconnaitrait entre mille : cette silhouette, ces cicatrices, ce bikini qu'elle portait lorsque nous sommes aller aux sources chaudes... Pourquoi je vois ce con avec le corps de Khalie??? Cette fois c'est plus fort que moi et enfin, l'horreur me fait sortir de mon mutisme.
"AAAAAAAAAAAHHHHHH Putain de bordel de merde! Faut que j'attrape cette gamine!"
Ce jour-là, il était chargé de faire le narrateur ainsi que les interludes musicales d’une représentation théâtrale qui mettait en scène un petit groupe de 4 aventuriers qui allaient lutter contre un Fiellon, et qui découvraient – et démantelaient – par la même occasion une conspiration pour renverser la couronne. Le scénario était très inégal, parfois tiré par les cheveux au point d’en devenir, parfois très plat et sans aucune saveur, mais la foule était au rendez-vous. Cela ferait un bon public pour ses chansons, lors de l’entracte. Lorsque la fameuse pause vint, Zeny empoigna sa mandoline et alla se positionner sur le devant de la scène. Il commença à jouer et la foule semblait contente, certains hochaient la tête en rythme, d’autres frappaient dans leurs mains… C’était grisant !
Soudain, sortie de nulle part, une gamine monta sur scène, devant Zeny, tout sourire. La surprise de la voir cloua le musicien sur place, aussi il n’eut pas le temps de lui demander de le laisser faire son boulot qu’elle leva les bras vers la foule et que le monde partit à vau-l’eau. La popstar, bouche bée, cligna des yeux plusieurs en regardant le public, comme pour essayer de vérifier qu’il ne rêvait pas : les corps des gens avaient totalement changé. Ils étaient tous devenus des espèces de super bonshommes au corps musculeux et puissant, vêtus d’une sorte de slip qui allait des parties aux épaules – quelle idée de porter un vêtement de la sorte –, tout cela en gardant leur tête d’origine. Certains types devaient trouver ça agréable de se voir dans un tel corps, mais la vision de gamins et de petites grands-mères avec de tels corps brûla si intensément la rétine de Zeny qu’il faudrait des années pour que sa mémoire n’efface ce traumatisme.
Un type beugla qu’il fallait qu’il chope cette gamine, et attira l’attention de Zeny. Il ne savait pas vraiment d’où, mais la tête de ce gars lui disait quelque chose. Et son corps aussi, d’ailleurs. Pourquoi lui n’avait pas le même corps que les autres ?? Aux yeux de Zeny, la tête du type en question était vissée en haut du corps d’une femme aillant la quarantaine, mais toujours aussi bien conservée. S’il n’y avait pas eu les cicatrices et traces de brûlures, l’aventurier n’aurait pas reconnu le corps de la Patronne…
La gamine le tira de ses pensées en ricanant fort avant de lâcher, tout en s’enfuyant de l’estrade, à travers la foule :
« Tremblez devant la puissance de ma magie, bande de nullos !! »
Ne sachant pas vraiment quoi faire, l’artiste restait planté là, sur scène… Il avait l’air bien stupide – plus que d’habitude – et cela ne manqua pas d’attirer l’attention de gens du public. L’un d’eux, un marchand que Zeny avait déjà escorté dans une quête, lui lança :
« Eh ben alors ? Tu comptes continuer ton spectacle ou quoi ? »
Sortant de sa torpeur, l’homme aux cheveux bleus secoua la tête, comprenant à peu près la situation. Vu le manque de réactions du public, il comprenait qu'il était seul à être touché par ces illusions, excepté pour le type qui avait beuglé contre elle. Lui, c'était sûr, il devait en avoir pris plein les mirettes aussi. Il sauta au bas de la scène, avec peu d'entrain. Le pauvre bonhomme n’avait aucune envie de s’occuper de ça, surtout que c’était le boulot de la garde de gérer ce genre de choses… Mais il fallait bien reconnaître que plus vite ce serait fini, mieux ce serait : il n'avait aucune envie de passer des heures à zyeuter des passants au corps musclé et dénotant totalement de leur visage... Il partit en courant aux trousses de la gamine en assurant à la foule que le grand aventurier et popstar Zeny Astley leur reviendrait vite pour la suite de la représentation, mais qu'il avait une urgence à gérer. Au détour du premier virage, il s’arrêta net : elle était là, à une vingtaine de mètres, tournée vers lui et les bras levés une fois de plus.
« T’aurais pas du m’suivre, le moche ! »
Sous les yeux de Zeny, deux grognours portant un chapeau de paille, une chemise à fleur et des lunettes de soleil apparurent. Là, c’en était trop, il n’avait aucune chance de gagner. Il était sur le point de tourner les talons quand le type au corps de la Patronne parut à ses côtés.
« Ah tiens, euh, salut ! Alors euh… Eh ben, allez hein, faut qu’on se batte, hein ! Donne tout mon gars je… je suis juste… Juste derrière toi hein ! »
J'pars donc à la course derrière l'auto-proclamé artiste - même si j'veux bien lui reconnaître un certain rythme et un certain talent - déterminé à mettre la main sur cette gamine pour lui apprendre qu'un pouvoir si terrible, si horrible, si grand d'une certaine manière ne s'emploie pas aussi casuellement! Comme le disait ce bon vieux Oncle Ben : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités! Sauf que la course s'arrête vite lorsqu'au détour d'une rue, je vois le courag... Le lâche jeune homme qui tourne les talons alors que la gamine sourit de son air espiègle entouré de deux grognours habillé de manière absolument ridicule! Sérieusement, qui porte ce genre de chemise? Me voyant, le jeune homme semble reprendre du poil de la bête... Ah non d'accord, il parle de se battre mais il se planque derrière moi comme une pucelle qui a peur d'un galant lui proposant de voir le loup... C'est d'un affligeant...
"Et ben bravo! Quand c'est pour insulter des gens en musique là on est présent mais quand il est question de se battre y a plus personne hein? Laisses-moi faire et apprends!"
Et je m'élance, le courage du lion, la force de l'ours pour tabasser deux grognours! J'y vais à mains nues bien-sûr comme un vrai bonhomme et lorsque je frappe, je passe à travers ma cible? Une illusion? Je me retourne avec surprise alors que le grognours me frappe de sa patte et... Me touche? Une attaque sans réelle puissance, plus une gifle sur mon torse musculeux que l'assaut d'un animal sauvage et, voyant la jeune fille partir en courant je souris doucement. "Ce ne sont que des illusions! Attrapons cette gamine sans plus tarder!" Et je m'élance de nouveau, je la vois elle et ses petites jambes ne pourront pas me fuir longtemps! Elle entre dans un bâtiment, je veux la suivre et tombe nez à nez avec... Une femme? Magnifique, environs quarante ans mais parfaitement conservée! Vêtue... Peu? C'est le moins que l'on puisse dire puisqu'elle est en sous-vêtement
"Euh... Pardon de vous dérangez madame, Lieutenant Rivolti de la garde sud, une jeune fille vient d'entrer chez vous et nous tentons de l'attraper..." Pas de réponse? Elle reste juste là, belle, grande, digne à me regarder sans un mot...
Premièrement, qui était ce gars qui lui rappelait une vieille histoire dont Zeny lui-même ne se rappelait que très vaguement. Il y avait des années de cela, il avait été arrêté dans le Grand Port pour avoir insulté en chanson un marchand qui l’avait envoyé bouler lorsqu’il avait demandé une ristourne pour sa merveilleuse personne. Est-ce qu’il avait été impliqué dans l’affaire ? En tout cas, ce n’était pas le marchand en question : l’aventurier se souvenait très clairement de sa tronche de cake, et elle n’avait rien à voir avec celle du gars qui venait de lui faire la remarque. Peut-être qu’il était garde, et qu’il avait participé à son arrestation ? Sûrement. En tout cas, il avait une sacrée mémoire.
Deuxièmement, quel genre de fou furieux se jetait à mains nues contre des grognours ?! Certes, ils étaient en tenue de vacanciers. Certes, ils avaient l’air ridicule. Certes, il s’avéra finalement que ce n’étaient que des illusions. Mais tout de même !! Le type s’était jeté à corps perdu dans un combat que seul un surhumain aurait pu gagner. Déjà que combattre un grognours seul, même en équipement complet, pouvait donner du fil à retordre, mais alors deux d’entre eux, et sans arme ? Le gars était dingue. Et ce n’était pas peu dire, de la part de Zeny, de reconnaître que quelqu’un était fou à lier.
Le type entra dans un bâtiment peu après, et Zeny le suivit, après quelques secondes passées figé sur place. Les illusions l’avaient bien effrayé, mais il avait envie de présenter des excuses à l’homme. S’il était bien un garde comme le soupçonnait le musicien, il fallait lui montrer tout le respect qui convenait. Entrant dans le bâtiment, Zeny lança :
« Scusez-moi m’sieur le garde, c’était y’a longtemps tout ça, et puis j’suis pas fait pour me battre m… »
Il se stoppa net, repérant la femme qui leur faisait face. Sa tenue était assez suggestive, mais ce qui attira l’attention de l’aventurier, c’était qu’il n’y avait pas trace de la gamine. Elle n’était pas dans la pièce, et la porte au fond était fermée. Ici, il n’y avait qu’eux trois, ainsi qu’une coiffeuse, quelques sièges, un canapé, et une grosse bibliothèque coincée contre un mur. Bien qu’il ne fut pas le plus malin des hommes – loin de là même –, Zeny était capable d’évaluer que son comparse d’infortune au corps modifié était rentré trop vite dans la pièce pour que l’enfant puisse atteindre la porte, l’ouvrir, la fermer, et s’enfuir. Cette femme… C’était forcément une illusion !
S’avançant vers elle nonchalamment, la regardant de haut en bas avec un sourire narquois aux lèvres, Zeny regarda à tour de rôle la femme qui ne pipait mot, puis son compère, puis la femme… Ha, il n’était peut-être pas malin, et pas fait pour se battre, mais lui au moins n’était pas figé comme un puceau face à sa première paire de seins devant cette femme. Il ricana légèrement. Qu’est-ce qu’il avait dit déjà ? Ah ! Oui…
« Et ben bravo ! Quand il s’agit de faire des réprimandes aux gens là on est présent, mais quand il est question de repérer des illusions, y’a plus personne hein ? Laisse-moi faire et apprends, » dit-il en tournant vers son compère, moqueur. « C’était bien ça ? »
L’instant d’après, il se retournait tout en donnant son meilleur crochet du droit pour faire disparaitre l’illusion.
Qui n’en était pas une.
Son poing heurta de plein fouet la mâchoire de la femme, ce qui ne manqua de surprendre tout le monde présent dans la pièce – Zeny le premier. Elle tourna de l’œil dans l’instant et s’étala au sol, inconsciente après cette démonstration qualitative des talents de boxeur de l’aventurier. Il n’était pas doué pour se battre contre des grognours, mais il n’avait aucun mal à mettre à profit l’entraînement militaire que sa mère lui avait prodigué pour mettre KO une pauvre femme innocente qui n’avait pour seul tort que d’être là au mauvais moment, au mauvais endroit.
Alors que son corps heurtait le sol, la gamine sortit de derrière le canapé en courant, ouvrit la porte, leur fit une grimace en criant qu’ils étaient vraiment trop nuls et qu’ils puaient la crotte de fiouk, et s’enfuit, les laissant seuls avec le corps inconscient d’une femme sur les bras, et le dilemme de poursuivre la gamine ou de s’occuper de cette pauvresse.
J'm'apprête à lui parler calmement - j'perds peut-être mon temps mais étant garde, j'peux pas brusquer une citoyenne, mon rôle c'est de la protéger - sauf qu'avant que je puisse ne dire quoi que ce soit, voici que l'autre petit criminel qu'est Zeny s'approche. D'abord il baragouine quelques excuses que me font à peine arquer le sourcil mais, lorsqu'il voit la femme, il reprend cet air supérieur, narcissique et détestable que je lui ai déjà connu. Sérieusement, quel genre de connard a autant d'égo que cela? - Je vous emmerde! - Et voilà qu'il reprend mes paroles contre moi sauf qu'il parle de déceler les illusions... Nouvel éclat de surprise dans le regard de la belle dame et avant que je ne puisse dire à Zeny de mettre fin à son action, le voici qui décroche un coup de poing phénoménale à cette pauvre femme qui s'écroule au sol dans un bruit sourd alors qu'elle frappe le plancher... Sérieusement? Mais il est pas foutu de réfléchir ce con? Et en plus, la gamine sort de sa cachette et se moque ouvertement de notre gueule en reprenant la fuite...
"Mais qu'est-ce qui m'a foutu un con pareil? Discuter avant d'agir, c'est trop demandé? Putain qu'est-ce qu'on va faire maintenant? Tu mériterais que je t'enferme pour agression d'une pauvre femme!"
"Lady Prestance? Lady Prestance que vous arrive-t-il?" Oh merde... En plus la dame est noble vu le valet qui accourt... "Que s'est il passé ici?"
"Ben on voulait parler avec votre dame mais elle répondait pas et..." "Lady Prestance est muette! Qu'avez-vous fait bande de monstre? Garde! Garde! Appelez la garde!" Et en plus il attaque une femme qui peut même pas expliquer pourquoi elle ne répondait pas... Je jette un regard noir à mon "compagnon" et quand je reporte mon regard sur le duo, les deux sont soudainement affreusement musclé avec ce même maillot rose horrible qui me brûle la rétine! La gamine est encore dans les parages et elle s'amuse!
"Écoutez monsieur, je suis le lieutenant Valentino Rivolti, j'vous assure que cette agression ne restera pas impunie. Là, j'poursuis un dangereux criminel donc veillez sur votre dame, j'reviens vous voir plus tard! Zeny, tu me suis, tu ne t'éloignes pas et tu ne frappes plus personne sinon j'te jure que j'recolle ton cul en cellule avant la fin de cette journée!"
Et j'l'attrape par le poignet pour le tirer dans mon sillage et traverser la maison à la poursuite de la gamine qui n'est sans doute pas loin! Une fois de l'autre coté, la porte extérieur franchie, j'ignore complètement où je me trouve : des personnes toujours vêtues de la même manière, une putain de jungle, des animaux qui n'ont rien à foutre au grand port et le rire de cette gamine qui me siffle aux oreilles, proche et lointain à la fois... "Quel pouvoir redoutable... Et le musicos? T'as pas un talisman d'indépendance ou une connerie du genre? On pourrait se servir de sa lueur pour savoir si on approche d'une illusion ou non parce que là, j'reconnais pas spécialement les rues que j'ai l'habitude de patrouiller..."
Encore hébété de son échec cuisant, en raison de la grande confiance qu’il avait placé dans son action pourtant héroïque si tout s’était bien déroulé, Zeny se laissa traîner par le garde qui l’avait attrapé par la manche en l’appelant par son nom. Comment savait-il son nom, d’ailleurs ? L’aventurier était sûr de ne pas l’avoir dit devant lui… Le type se souvenait d’un détail pareil des années après le fameux incident du marchand qu’il avait insulté en chanson ?! Décidément, sa mémoire n’était pas que bonne, elle était tout bonnement stupéfiante ! Quel foutoir ce devait être dans ses pensées, avec autant de choses dont il se souvenait…
Le musicien frissonna rien que d’y penser. Lui, son truc, c’était d’avoir la tête, de ne pas trop réfléchir et faire ce qui lui plaisait. Si ça ratait, tant pis. Si ça passait, tant mieux. Mais il n’aimait vraiment pas quand il devait penser à pleins de choses en même temps – sauf si c’était pour la musique. Il n’était pas malin, pas fait pour les travaux intellectuels, et ça lui allait bien comme ça.
Ils débouchèrent finalement sur l’extérieur après avoir traversé en trombe toute la maisonnée qui s’affolait à cause des cris désespérés du majordome, loin derrière eux. Là, ils firent face à un spectacle que Zeny trouva sublime. Des arbres tropicaux, toutes sortes d’animaux, de beaux rayons de soleil… Ah quel plaisir… Il avait l’impression d’être loin, très loin d’Aryon et de tout ce qui constituait ce pays…
Puis le lieutenant au corps de la Patronne le ramena à la réalité. Apparemment, c’était encore une illusion. Quel dommage… Elle était si belle, si agréable. Il était sûr qu’il aurait pu écrire de superbes chansons en restant là quelques heures. De quoi faire un tube de l’été, et devenir en un rien de temps une célébrité connue de tous en Aryon ! Fichtre, quel rabat-joie ce garde.
« J’ai rien comme ça, m’sieur… » dit-il, pantois aussi de ne pas pouvoir aidé que d’avoir été ramené à la réalité.
Il se libéra ensuite de la poigne de Valentino et s’avança vers ce qu’il savait être une illusion. Humant l’air, il trouvait que l’odeur ambiante ne dénotait pas trop avec ce que leur donnait à voir cette sale gosse. Il avança et avança encore, s’enfonçant doucement mais sûrement dans ce piège tendu par l’enfant, émerveillé par tant de beauté. Bien qu’elle était malicieuse et se payait leur tronche, il fallait bien reconnaître qu’elle avait un talent indéniable pour la mise en scène de ses pouvoirs. Vraiment, Zeny voulait rester là.
« Mais après tout, pourquoi sortir d’ici ? On est si bien, c’est si beau ! Regardez, y’a même des espèces d’animaux que j’ai jamais vu ! Roh les belles chansons que je pourrais écrire en restant là… Non vraiment, lieutenant, on devrait vraiment res… » dit-il en se tournant soudain vers le militaire.
Zeny se coupa net dans son élan en voyant à nouveau la tête de Valentino posée sur le corps de la Patronne. Tout bien réfléchit… Non, il fallait qu’ils se sortent de là.
« Ouais, nan, oubliez, j’ai rien dit. Alors, comment qu’on fait pour la trouver, vu qu’on a rien pour dissocier le vrai du faux… »
D’office, il supposait que le lieutenant, s’il avait un pouvoir magique, était incapable de dissiper des illusions : sans quoi il n’aurait pas une pierre de machin-truc à Zeny – il ne se rappelait déjà plus le nom mais avait déjà entendu dire que ça servait pour dissiper les illusions, justement. Lui-même n’avait pas telle corde à sa mandoline. Le musicien était capable d’améliorer les capacités physiques de ses cibles, pas de supprimer une illusion. Et puis, améliorer les capacités d’une illusion, ça ne peut pas fonctionner !
Soudain, il tape de son poing dans sa main. L’éclair de génie de sa vie vient de lui traverser l’esprit. Il ne sait pas comment, Lucy ne sait pas comment, personne ne sait et ne saura jamais comment, mais voilà : Zeny a eu une bonne idée. Probablement la meilleure qu’il ait jamais eue. S’il essayait d’user de son pouvoir sur les animaux, ça ne ferait rien. Ni aux animaux, qui sont des illusions, ni à lui-même. Tant que l’effet ne s’active pas, il n’a aucun des contrecoups de son pouvoir !
« Ok alors ! En fait. Lieutenant. Moi, je peux booster les capacités physiques avec mon pouvoir magique. Vous comprenez ? Les capacités PHYSIQUES. Une illusion, ça a pas de capacité physique, du coup je peux pas déclencher vraiment mon pouvoir dessus, pas vrai ? Du coup, j’vise au hasard, et quand je tombe sur un truc que j’arrive à améliorer parce que mon pouvoir se déclenche, PAF vous foncez et vous chopez la bête, ça vous dit ?! »
En plus, faut avouer qu'il ne s'aide pas spécialement : le coup de poing à la noble muette c'était une erreur que j'peux pardonner, ça m'est aussi déjà souvent arrivé de foncer dans le tas sans réfléchir, c'est aussi pour cela que la commission ne m'apprécie pas spécialement. Dans les faits, ça se passe bien généralement mais encore une fois, preuve est faite que parfois, cela peut déraper. J'ai dis au majordome que ce crime resterait pas impuni mais dans les faits, on va s'assurer que la dame n'ait rien et Zeny va lui présenter des excuses et ce sera bon... Pour peu qu'elle ne porte pas plainte sinon j'devrais taper sur les doigts du musicien mais voilà, ce sera juste ça! Par contre, quand il propose de rester ici et de ne pas se défaire de cette foutue illusion, je soupire de manière sonore... Il commence son explication ridicule concernant la beauté du lieu et des musiques foireuses qu'il pourrait composer avant de se reprendre : un éclair de lucidité miracle!
"Les endroits magnifiques c'est pas ce qu'il manque à Aryon, va voir la coupole de la ville aquatique de nuit et tu l'auras ton inspiration! Pour l'heure, faut arrêter cette gamine parce que son pouvoir peut être dangereux! Elle pourrait s'arranger pour que tout le monde voit les autres en monstre et déclencher des bains de sang en ville tu t'en rends compte? Tu pourrais vivre avec ça sur la conscience toi? Moi non!"
Jusque là, elle fait juste des farces mais c'est pas une raison pour écarter toutes les possibilités... Puis, j'veux pas continuer à voir cet idiot sur le corps de Khalie, c'est un coup à me faire faire des cauchemars! Bon, faut réfléchir à un moyen de trouver cette gamine, elle doit pas être loin! J'peux bien sûr me dire que les vibrations qu'elle provoque en se déplaçant peuvent aider mais c'est pas la seule à marcher ici. Puis bon, rien ne me permet d'affirmer qu'elle n'a pas juste changé son apparence avec une illusion... Soudain, aussi incroyable que cela puisse l'être, Zeny a une idée... Non, pire encore : une bonne idée! Certes va falloir compter sur la chance mais c'est mieux que rien! Par ailleurs, j'doute qu'une gamine puisse réellement lutter face à moi sur le plan de la force physique, même si Zeny lui file un boost.
"On va tenter ton plan, c'est une bonne idée en réalité! Faut juste espérer toucher la gamine et pas un autre passant mais pour cela, j'peux sans doute aider..." Bon, je déteste cela mais il est temps de passer en forme hybride. Je tombe la veste, évitons de la déchirer et ma peau commence à virer au gris, bientôt la chitine recouvre mon corps, une carapace grise qui me rend plus solide, ensuite c'est la queue qui me pousse dans le bas du dos se terminant par un aiguillon des plus menaçant et finalement c'est ma belle gueule qui disparaît sous l'armure alors que les mandibule viennent couvrir ma bouche... Toujours aussi moche cette transformation mais utile cependant, la forme hybride étant plus précise que le passif de mon pouvoir, j'ai un nouvel avantage. "Pas besoin de frapper au hasard, je peux sentir dans les sol les vibrations que font les passants en marchant, une enfant produira des vibrations moins importantes, malheureusement je n'ai qu'une direction globale, je te dirai vers quel groupement de créature viser, tu me diras laquelle cibler exactement..." Sur ce, nous nous mettons en route. Nous marchons un petit moment dans cette jungle illusoire lorsque je la sens. "À quinze heures!" Un groupement de créatures inexistantes, je suis certain qu'elle est là mais ils sont trop proches et surtout, les illusions n'ont pas l'air de se mouvoir! Il faut que Zeny m'indique de laquelle il s'agit.
L’instant d’après, le type se transforma en une chose répugnante, un être à mi-chemin entre l’humain et une sorte de… scarabée ? Pour le coup, Zeny sèche totalement. Il ne reconnaît pas du tout la bête en laquelle Valentino s’est transformé partiellement, et il n’est pas capable de déterminer si c’est parce qu’il ne connaît pas cette bête ou si c’est parce que la transformation est si hideuse qu’elle est éloignée de l’animal de base… Toujours est-il que la traque se lance.
Après quelques minutes passées à déambuler parmi la faune et la flore luxuriante de cette illusion des plus agréables, le garde et l’aventurier finirent par approcher d’un groupe qui attira l’attention du militaire, si bien qu’il aboya dans leur direction, prêt à bondir. Le cri fit sursauter Zeny, qui s’était habitué à cette petite balade proche d’un safari entre amis – si l’on pouvait considérer un lieutenant de la garde transformé en une sorte de bestiole proche du scarabée comme un ami – et qui avait donc laissé son esprit vagabonder dans des contrées plus poétiques que celles dans lesquelles semblait vivre le garde.
Poussant un léger bruit guttural dont la sonorité ne ressemblait à rien de connu, le musicien sentit son cœur louper un battement. Il porta la main à son torse, ferma les yeux et prit une profonde inspiration avant de souffler à pleins poumons. Pfiou, quel fou furieux ce type ! Il prit une petite seconde – qui dut paraitre une éternité à son acolyte dégénéré – pour reprendre ses esprits, puis focalisa son attention sur le groupe qu’il lui avait désigné, et qui se trouvait à une dizaine de mètres : un rassemblement qui se déplaçait tranquillement, et comportant une chèvre jaune aux cornes rouges, un grognours en pagne de feuille de bananier, un zèbre se déplaçant sur ses pattes arrières comme s’il était humain et une espèce de grosse marmotte dotée de petites ailes et d’un chapeau melon.
Sans attendre une seconde plus – par peur de la réaction de Valentino – Zeny lança « Groove it, Eddie », et le fameux Eddie, cet être svelte au corps semblant être fait de pierre ponce bleutée, apparu derrière lui, une basse acoustique en mains. La demi-seconde qui suivit, Eddie se mit à jouer la seule mélodie que Zeny connaissait, nommée Hysteria, en visant tout d’abord le grognours : rien. Puis, il cibla la chèvre : rien non plus. Cependant, lorsqu’il décida de viser l’espèce de marmotte avec son pouvoir, celle-ci se mis soudainement à marcher plus vite.
« C’est la marmotte !! » beugla le musicien, ne réalisant pas qu’il venait tout juste de vendre leur plan à la gamine.
Celle-ci, d’ailleurs, n’était pas née de la dernière pluie – ou presque. La petite marmotte ailée se tourna vers eux, écarquilla de grands yeux et se remit à courir de plus belle, tout en laissant l’illusion se dissiper. Les animaux redevinrent des passants et la jungle inspirante retourna à son état de simples rues et ruelles du Grand Port. La déception de Zeny était à son comble, mais il n’eut pas le temps de révasser : désormais, autour de lui, des cris de dégoûts se levaient. Il voyait toujours le monde avec ce corps musculeux et huileux en mankini rose, mais, à en juger par les expressions des badauds, Valentino et lui n’étaient plus les seuls à subir ce tour de la petite sorcière…
J'sais pas trop ce que fait mon partenaire d'infortune pour le coup, aucune idée de comment fonctionne son pouvoir mais en tout cas, après un petit instant, il m'indique notre cible. Bon, un peu trop fort vu que la marmotte au chapeau melon - qui étrangement ne met pas de chocolat dans du papier alu - se tourne vers nous en écarquillant les yeux. Pas de doute, on tient notre gamine! Enfin, façon de parler, faut encore l'attraper et visiblement elle en a conscience puisqu'elle se met à courir tentant de prendre la fuite en faisant disparaître son illusion? Étrange, pourquoi? J'veux dire, elle aurait pu nous échapper plus facilement dans cette fausse jungle que dans la ville que je connais comme ma poche... Ah moins que... Elle ne peut pas maintenir une illusion complexe ou générale comme cette foutue végétation tout en faisant un effort donc, si on la poursuit, elle va forcément être à court de ressources! Faut pas la perdre!
J'me mets à courir, j'sais pas trop si les gens hurlent et s'écartent parce qu'ils subissent aussi le pouvoir de la mioche ou s'ils ont juste peur de mon apparence actuelle, j'm'en balance les roustons en fait, le plus important c'est de choper la demoiselle qui est un peu plus loin que moi. J'la vois qui commence à tourner vers la gauche et j'souris doucement, vu la direction qu'elle prend, on pourrait la couper si on est assez rapide... J'regarde par delà mon épaule, j'ai juste Zeny avec moi c'est un pari risqué mais ai-je vraiment le choix? Il ne m'a pas faussé compagnie depuis tout à l'heure alors, faire confiance à un criminel que j'ai arrêté par le passé? J'crois pas réellement aux secondes chances mais, peut-être que j'suis trop manichéen parfois?
"Zeny, tu peux me booster? J'vais poursuivre la gamine, toi prends la prochaine à gauche puis la première à droite, tu devrais pouvoir la couper! J'comptes sur toi!"
Ouai, j'remets la fin de cette course poursuite entre ses mains en réalité. Sans un regard en arrière, j'accélère en commençant à abandonner la forme hybride, mine de rien la carapace ça me ralenti. J'tourne dans la même rue que la fillette et j'tente de la rattraper, comme prévu elle ne peut pas partir ailleurs que dans cette ligne droite, pour cause les autres rues sont barrés pour des rénovation. Sa seule chance c'est de fuir en ligne droite jusqu'à ce qu'elle puisse tourner dans la rue dans laquelle devrait s'engager Zeny! Soit elle tourne et elle tombe face à face avec lui, soit elle continue tout droit et faut espérer que mon partenaire du jour sera capable d'arriver à l'embranchement avant elle...
Les ordres que lui donne Valentino sont assez simples : gauche, droite, et booster le bonhomme. Sauf que le gars n’est pas au courant qu’il y a une portée, et ça, c’est une histoire qui peut poser problème. Malgré cela, Zeny ne se démonte pas et se focalise sur le garde pour qu’Eddie lui fasse goûter un peu du plaisir de Hysteria : la mélodie démarre, et les pas du garde se font tout de suite plus rapide. Déjà qu’il avançait à une sacrée allure – entraînement militaire oblige – là, le musicien est presque largué.
Paniqué, il prend tout de même à gauche, et court tout droit, toujours tout droit, en continuant de se focaliser sur le garde. Même s’il n’est plus à portée pour le moment, il finira bien par être à nouveau proche et sera alors affecté par le pouvoir. En revanche, il ne faudrait pas qu’ils aient besoin d’Eddie une fois de plus, car là ça ne serait plus possible pour Zeny d’user de ses talents…
Euh, c’était à droite ou à gauche la suivante ?
L’aventurier ralentit hésitant l’espace d’un instant, puis réalise que partir vers la gauche serait sûrement la pire idée qui soit : géographiquement, le garde avait continué vers sa droite lorsqu’il était entré dans cette rue. Du coup, il valait mieux aller à droite. Sûrement. Bon. Après tout, ça se tente non ?
N’étant sûr d’absolument rien, il s’engouffre dans la ruelle à sa droite et, quelques mètres avant qu’il n’arrive au carrefour, il voit la gamine débouler de la rue à sa droite, faire de grands yeux ronds paniqués en le voyant, et continuer tout droit, vers la gauche de Zeny.
« Reviens là gamine !! » crie-t-il en arrivant à l’embranchement.
L’instant d’après, un choc. Du coin de l’œil, juste avant l’accident, notre homme aux cheveux bleus avait remarqué la tenue du lieutenant qui arrivait à toute allure. Ils s’étaient rentré dedans de plein fouet, tombant tous les deux à la renverse. Mais les réflexes de Zeny s’activèrent et il bondit sur ses pieds en une fraction de seconde malgré qu’il fut quelque peu désorienté par l’accrochage. Il fit un pas et vacilla, sentit qu’il n’arriverait pas à continuer la poursuite pour l’instant malgré qu’il se fut relevé instantanément.
Eddie s’était volatilisé, mais sa chère mandoline était, elle, toujours là, dans ses mains. Tentant le tout pour le tout, il inspira profondément, arma ses bras en arrière, et lança de toutes ses forces l’instrument dans la direction de la gamine en poussant un cri rauque.
« Pourvu que ça l’assomme mais que ça la tue pas, pourvu que ça l’assomme mais que ça la tue pas… » pensa-t-il pendant le vol plané de l’instrument.
Certes, j'ai une bonne endurance, après tout j'suis quand même entraîné pour ça, mais faut bien l'avouer, cette sensation dans le corps suite à l'intervention de Eddie, c'est quelque chose! J'ai l'impression que je suis plus léger, comme si j'étais capable de courir des heures durant sans ressentir nul essouflement, nulle fatigue. J'suis certain qu'il doit y avoir des contrecoups mais pour l'heure, je me sens juste au top de ma forme! La gamine, on peut pas en dire autant, j'vois bien que je la rattrape, j'pourrais presque la toucher en tendant le bras! C'est le moment de mettre fin à cette course poursuite, je dirige ma main vers elle, j'vais enfin pouvoir l'empêcher de faire ses conneries, mais alors que c'est enfin proche de se terminer, un choc violent se fait sentir! Et merde.
Arrivé à l'intersection plus vite que prévu, voici que j'entre en collision avec Zeny qui déboule comme prévu mais avec un temps de retard. J'pourrais hurler, lui demander pourquoi il a prit autant de temps mais encore une fois, j'ai fais une erreur de jugement! J'peux pas forcément attendre d'un civile qu'il puisse gérer une course poursuite, j'lui ai donné des consigne en étant présomptueux de ses capacités, c'était une erreur dont il n'est pas responsable. J'tombe au sol suite au choc et j'regarde la petite qui s'éloigne... Putain elle va s'échapper! J'commence à me relever mais voilà que le musicien le fait avant moi et balance son instrument vers la demoiselle avec un hurlement vengeur... Sérieusement? En plus, la gamine entendant le cri se retourne, sans doute pour nous narguer une énième fois : grave erreur! Je vois son corps qui se décolle littéralement du sol alors que la mandoline vient frapper son visage dans un bruit "musicale" d'instrument à corde mécontent d'être cogné contre quelque chose...
"Merde... Tu l'as tué?" Étrangement, c'est la première question qui passe mes lèvres alors que j'me lève pour courir vers la môme. Certes elle était chiante mais, c'était qu'une enfant tout de même! Approchant, j'vois qu'elle saigne du nez, le coup a réellement été violent c'est un fait mais m'approchant, je soupire de soulagement : elle respire! "C'est bon, toujours vivante!" Dis-je, criant légèrement à mon compagnon. J'soulève la gamine inconsciente du sol et la dépose sur mon épaule comme un sac de pommes de terre avant d'approcher de Zeny. "J'pense que j'vais pouvoir m'en occuper à partir d'ici, l'emmenez à l'infirmerie de la garde et lui filer des travaux pour lui apprendre à pas faire de conneries, elle va laver les rues c'est moi qui te le dis!" Léger rire, j'regarde Zeny un instant avant de lui tendre la main. "Merci pour l'aide... Bon va falloir qu'on règle le souci de la noble que t'as assomé mais, tu m'as aidé jusqu'au bout et c'est toi qui l'a arrêté au final donc... Bref, Merci!"
Lorsqu’il entendit la confirmation du lieutenant que la gamine respirait encore malgré le choc qu’elle avait pris dans la tête, Zeny soupira de soulagement, probablement comme jamais auparavant. Il avait beau être parfois un peu bête, il était tout de même suffisamment intelligent pour réaliser qu’enchainer une agression injustifiée sur une pauvre noble sans défense et le meurtre d’une enfant n’était pas du tout bon pour lui, ni pour son avenir. L’espace d’une seconde après avoir lancé la mandoline, il avait eu une vision, où il se voyait enchainé, et honteux d’avoir donné la mort à une pauvre petite, aussi friponne soit-elle avec ses illusions. Le soulagement était tel que des larmes perlèrent même à ses yeux.
Bien vite, il les essuya d’un revers de sa manche et serra la main tendue par le militaire, avant de faire le salut que sa mère lui avait appris au Village Perché. Il n’était pas sûr que ce fut le même par ici, mais il tenait tout de même à se montrer respectueux.
« Soit, Lieutenant. Je vous suis, et ferais ma déposition à la caserne directement, avec vous ou vos collègues. Quel que soit mon châtiment, je l’accepterai ! »
Son ton théâtral ne tranchait pas pour autant avec la sincérité de ses propos. Il ramassa son pauvre instrument qui était désormais tout cassé, et dont il ne pourrait probablement plus rien en tirer à moins de dépenser plus que son prix initial en réparations. Il était temps de se trouver un nouvel instrument favori. Peut-être qu’un objet magique ferait l’affaire...
Balançant l’instrument sur son épaule, il suivit sans rechigner le soldat jusqu’à la caserne. Là, leurs chemins se séparèrent : il fut pris en charge par un autre garde, qui prit sa déposition, non sans lever les yeux vers lui plusieurs fois, l’air perplexe face aux déclarations étranges de l’aventurier. Il fut gardé quelques heures, le temps que sa version soit vérifiée et corroborée par le gradé, puis il fut emmené jusqu’à la demeure de la noble qu’il avait assommée plus tôt pour y présenter des excuses et savoir si elle souhaitait qu’il reçoive un châtiment. Là, après avoir expliqué qui il était, ce qui s’était passé et s’être excusé le front contre le sol de son comportement, il lui fut réclamé une représentation gratuite, à l’occasion de la petite sauterie que la dame organisait pour l’anniversaire de sa nièce, deux jours plus tard. Bien évidemment, il accepta et remercia platement la bonté dont la noble faisait preuve.
Des murmures de couloirs affirmèrent que, à ce moment-là, le regard de Lady Prestance avait scintillé d'une aura singulière. De même, parait-il que, le soir de ces malencontreux événements, de la musique avait été entendue dans la noble demeure, venant de la chambre même de la dame de maison, peu avant que…
Mais n’écoutons pas trop les chuchotements d’ombres anonymes ! Ce qui se passa dans cette demeure, ce soir-là, eh bien… Disons que cela appartient à la postérité.