Les présentations furent rapides, mine de rien, avant que tout le monde reparte sur son petit bonhomme de chemin. Bon, tour rapide des effectifs, avant qu'il les oublie pour la plupart d'ici quelques temps. Dante Noctis, donc, était le nom à apposer sur cette silhouette. Ouais, normal qu'il l'ait croisé, s'il est Sentinelle. On se plaint, chez les cuirassiers, de rester un peu trop en arrière au niveau du palais. Imaginez seulement être vingt-quatre heure sur vingt-quatre aux basques d'une gamine capricieuse. Enfin, il doit avoir ses temps morts, puisqu'il est bien présent ce soir. Et c'est un beau titre honorifique...Halsya se présenta à eux, et Hryfin l'accueillit comme il se doit : en levant légérement son verre, puis en avala le contenu, avant d'en reprendre un petit ; faut bien que les serveurs justifient leur salaire.

A peine le capitaine eut l'occasion d'évoquer sa volonté de ne pas voir l'assemblée commencer à se mettre sur la gueule -oui, aucun risque que ça arrive, quand on regroupe les plus énervés du royaume autour d'un lourd banquet permettant d'avoir la gorge bien hydratée et la peau du ventre bien tendue, n'est ce pas ?- que ce fut la première chose que voulut faire Beth. Bien entendu, c'était donc elle la petite bagarreuse de la bande dont il avait déjà entendu parler. Il avait aucune envie de s'engager dans une bataille d'ego, en tout cas, pas ce soir, Ô non, que l'aveugle ne s'inquiète cependant pas ; si un jour, elle cherche quelqu'un pour quelque épreuve physique que ce soit, elle n'est pas prête pour ce que Hryfin peut produire dans cet aire d'activité.

'' Euh, peut-être une prochaine fois, Beth. Va voir ce groupe là bas, ils ont l'air...Assez chauds. '' Une belle bande de cuirassiers, qui n'ont pas vraiment compris le sens de ''soirée tranquille''. '' Fait quand même gaffe à toi hein. ''

Tara lui susurra à l'oreille qu'elle allait quelque peu bouger, Fort bien, qu'elle sociabilise, rien que dans ce cercle restreint, il y avait déjà trois semi-inaptes sociaux en la personne de la prétorienne, de la blanche et du grand lui même. Tout de même méfiant, il suivait sa nouvelle copine du coin de l’œil ; il ignore encore assez les effets que l'alcool peuvent avoir sur elle, et cela ne le tarde pas de le découvrir. Bon, elle rejoignait une tête qui lui était complètement inconnue, son regard se balada de bas en haut, observant la silhouette de cette femme aux cheveux blancs et courts, avec une robe...Eh, vraiment très jolie hein, mentons pas. Mieux vaut détourner les yeux, surtout qu'il y a foule autour d'elle, des fois que la petite jalouse refasse des siennes comme avec Lyriss. En parlant du loup, elle s'était dirigée vers une femme aux airs taciturnes et qu'il reconnut pour une fois ! Lunarya, une autre cuirassière. Oui, le féminin est important, puisque déjà que c'est un groupe plutôt boudé, il l'est d'autant plus par les femmes. Y a qu'à voir, sa copine est prétorienne, sa meilleur amie, voltigeuse, et ses connaissances également. Alors, si on compare les différentes opportunités...Halsya et Dante ont l'air proche ; sans doutes partagent-ils une chambre, genre d'information qu'il connaîtrait, s'il en avait une lui même. Autant les laisser, il serait plus gênant qu'autre chose. Le bras de fer avait essuyé un refus catégorique. Retrouver Tara... Il n'a pas envie de l'incapaciter, déjà bien qu'elle ait pu lui parler même à demi mots, lâchons du leste. Le plus évident reste le due de femme qu'il connaît déjà. En premier lieu, s'excuser face au capitaine est la meilleure chose à faire.

'' J'imagine que vous avez fort à faire. Du coup, capitaine, je vous laissez vaquer à votre soirée. Dante, Halsya, au plaisir, on se revoit tout à l'heure ! '' Il commença à tourner les talons en finissant son nouveau verre, avant de s'arrêter et retourner la tête. Le désert. Essaye d'en parler. '' Ah et, capitaine... ''. Non. Laissons. '' Hm. Faudra qu'on se voit, plus tard. Ce serait...Bien. Allez, salut ! ''

Essayant tant bien que mal de garder cette face de personne un peu sympathique et guillerette, manège qui n'échappera à quiconque le connaît un peu, il se dirigea vers les deux femmes, non sans piquer un plateau ou se battaient en duels trois verres et une bouteille presque vide, de toutes façons, qui rétorquerait aux actions de ce grand bonhomme ? Ensuite, il se planta à côté de Lyriss, de nouveau, faisant face à Lunarya. Ah, des connaissances, un peu d'intimité, si on peut dire, c'est cool ! Son sourire se fit un peu plus franc.

'' Jme permets ! Lyriss, voici Lunarya, une femme de mon régiment ! Attention, elle mord. 'fin on m'a dit. Lunarya, ça c'est Lyriss, ma coloc' et, hm, une de mes amies les plus proches ? '' On a le droit de dire ça, quand on est casé ? Le regard assassin qu'il croit sentir sur sa nuque le fait dire que non. '' Jveux pas me vanter, mais c'est un peu grâce à moi qu'on la compte parmi nous ! Du coup, j'imagine que tout ça, ça s'arrose ? '' Il avait commencé à remplir les verres, pour en tendre un à Lyriss, puis un à Lunarya, se retrouvant ensuite un peu benet avec son plateau sur les mains, qu'il déposa religieusement -faut pas renverser, pas faire de ramdam, n'importe quel bruit de verre brisé pouvant déclencher comme une émeute ici- sur une petite table à côté d'eux, avant de se servir et reporter son attention sur la rouge. '' Eh bien, depuis ma journée d'intégration, on a pas eut le timing pour se le faire, ce verre, je me trompe ? Rattrapons ça ! ''

Et là, il commença de nouveau à tremper ses lèvres dans un liquide alcoolisé. En vrai, encore un peu, et il irait de lui même chercher Beth pour se la mettre au milieu de la salle, puis être viré manu militari par les armures vivantes du capitaine. Eh, ça vaudrait le coup en vrai ! Lui encaissait un peu, moins sur pour sa chère qu'il avait perdue du regard entre temps. Lyriss ne boit pas énormément et n'a pas l'alcool mauvais, mais impossible de se prononcer sur Lunarya. Il ne se rappelle pas l'avoir déjà vu boire. Ca promettait d'être...Intéréssant.

'' Et bien sur, ''Non merci Ryf, je ne bois que du thé et du jus'' - '' Phrase complétement prononcée de telle manière à se moquer de la façon de parler de sa collègue. '' – N'est pas une réponse que j'accepterais. ''

Avant que le grand ne débarque, je suis seule quelques instants avec la blanche. Dire que ce n'est pas mon truc ce genre de rassemblement est un euphémisme mais...

- Ils ont quand même l'air de s'amuser...

De la jalousie ? Oui. Au fond moi aussi j'aimerai avoir leur légèreté. J'aimerai pouvoir oublier tous mes problèmes ne serait-ce qu'une soirée et juste me laisser vivre. Mais, quoi que je fasse, mes pensées me ramènent toujours à lui, à elle, Elion et Kahlua... Comment oserai-je rire et sourire alors que vous êtes loin ? Alors que vous lutter chaque jour pour vivre décemment tandis que je suis là à profiter de ce qui me tombe directement dans la bouche ?

Oui Elion, à force que tu me le répètes, je commence à le croire moi aussi.

Et puis Hryfin arrive, avec ses grands sabots comme toujours. Lyriss hein ? Une nouvelle garde royale ? Et il est fier de l'avoir conduite dans notre régiment coincé à la capitale ? Oh, bien sûr, ça ne fait qu'un an qu'il est là et lui a déjà eu l'opportunité d'aller s'aventurer dans le désert... Alors forcément, dit comme ça, ça vend plus de rêve que ce qu'il en est réellement.

- Tu tiens vraiment à ce que je boive Ryf ?

Clairement, il ne se rend pas compte de ce qu'il me demande. Il me semble pourtant lui avoir dit lorsqu'il m'a proposé ce verre y'a un an... Cela dit, je suppose qu'il a oublié entre temps. Devrai-je lui rappeler ?

Probablement.

- Très bien. Je vais boire. A ta santé Lyriss, bienvenu parmi nous.

Je lève alors ce verre qu'il m'a donné dans la direction de la petite nouvelle, la regardant avec des yeux loin d'être chaleureux. Pas que j'ai quoi que ce soit contre elle. Ni même contre Hryfin, juste que... Que je ne suis pas d'humeur. Et qu'en plus, une petite voix dans ma tête me dit que ce que je fais n'est clairement pas une bonne idée.

"Arrête Luna ! Tu vas déclencher un incident diplomatique si tu bois ! S'il te plait, on va trouver une solution pour le mariage mais, ne fait pas ça !"

Trop tard Haku, j'en ai marre de toujours faire attention, j'en ai marre de toujours être sage et de toujours tout faire pour être la guerrière parfaite. Alors au diable les conséquences. Et si cette soirée doit être la dernière avant ma déchéance, autant que je n'en sois qu'à moitié responsable.

- J'espère que tu en assumeras les conséquences.

Un dernier avertissement lâché sur un ton froid et dur avant que je ne vide mon verre d'une traite.

"Raaah, tu fais chier Luna ! On va tout perdre juste parce que tu as bu cette merde !"
- On a déjà tout perdu.

Et voilà, je sens déjà les barrières que je me dresse pour rester digne tomber les unes après les autres. Tout comme ce verre que je jette contre le mur non loin. Parce que je suis énervée ? Oui. J'ai une de ces rage en moi. J'aurai bien envie de tabasser tout le monde, mais surtout de me faire tabasser. Un comportement auto-destructeur ? De toute façon, je suis déjà détruite. Alors quelle importance ?

Et tout ça, c'est ça faute à lui ! Pourquoi il a tant insisté pour que je boive aussi ! Tout ça parce que quoi ? Parce qu'on se connait ? Parce qu'il veut m'aider ?! Parce que comme il est noble maintenant, il se croit mieux que.

"Luna attend ! Attend, attend, attend.
Attend.
Je viens de penser ! Hryfin ! Il a dit qu'il nous aiderai, non ?! Et... Il est noble ! Peut être qu'il voudra bien t'épouser !"

- Tsss, c'est stupide.

"Demande lui !"

- Si tu insistes. Hey Ryf !

Lassée, passablement énervée, mon regard se plante dans le sien qui doit se demander ce qu'il vient de faire comme connerie, mais ça, c'est pas mon problème.

- T'as dit que si j'avais besoin, tu serais prêt à m'aider non ? Bah j'ai besoin : tu veux pas m'épouser ?

Sam, de toute sa carrière, n’aurait pensé un tel évènement au sein de la Garde Royale. Les mascarades s’émissent en tout lieu, allant même entachées les plus prestigieux et dignes du continent. Son respect de la hiérarchie force le garde zélé à n’émettre aucune objection publique. Le constat du délitement des valeurs lui est déjà bien amer. Cependant, rien ne justifie de créer dissension et désordre envers une initiative de leur supérieur.

« Il s’égare. Il s’en rendra compte. »

Cette parole lui échappe lors de son apprêtement. Sa camarade de chambre semble s’être désisté ou profité d’une soirée libre pour d’autres divertissements. Le grand brun n’en a aucune idée, et il s’en préoccupe autant que le torchon servant à récurer ses bottes. Face à lui-même, il se lave au mieux pour la soirée. L’ordre donné a été détente et camaraderie ce qui dans l’esprit médiocre absout de l’uniforme tel un vulgaire habit de travail. Aucun code vestimentaire appliquait. Même pas une seule mention des couleurs de la Royale. Le trentenaire rejette cette idée et au lieu de préparer une tenue mondaine digne des bourgeois les plus véreux, il récure et poli son armure. Toujours aussi belle, il l’enfile non sans orgueil.

Le premier arrivé sur les lieux, Sam s’est tellement bien fondu dans le décor qu’aucun n’ose l’interpeller. Il accueille et salut son Major, qui lui fait une remarque agacée sur sa tenue. Maintenant, il fait mauvaise réputation de porter son uniforme dans l’Ile Forteresse. Le garde est choqué par cette inversion des codes. Un choc tel qu’il se repli à l’écart de la foule s’amassant et dont les grades, les rangs et les compagnies se confondent au gré des affinités. Dire qu’il aurait pensé ses camarades plus pudiques et loyaux, le garde zélé s’est fourvoyé. Il assiste au discours du Capitaine qui, et c’est peut dire, déçoit le sous-officier.

« A quoi bon réunir la Garde Royale, si ce n’est que pour boire et bavasser. Pourquoi nous rabaissez au pratique des rues et des mondains ? Si je veux me mettre une mine et draguer des filles sans valeur, je sais où aller. »

Des marmonnements que le bruit ambiant camoufle aisément. Il regarde de l’extérieur l’allure ridicule de ses confrères et consœurs. Il y avait là un mélange de mondanité noble et de grivoiserie des tavernes. Pour la première de sa vie, Sam a honte de son grade d’adjuvant des Sentinelles. La beuverie, il n’est pas contre, mais hors de l’enceinte de l’Ile Forteresse. En tenue de potiche, en plus ? Il n’y a rien de plus méprisant. Aucun cérémoniel et sans mention de la famille royale, auquelle nous devons tout ! Ce n’est plus supportable. Un véritable cauchemar. Sam se voit obliger, par son rang, s’assister à ceux qu’il nommerait…

« La déliquescence de la Royale. »

Une agitation particulière attire son attention. Le sous-officier n’avait pas conscience qu’un spectacle animalier aurait lieu. Un rapace voltige et tente de faire peur à des spectateurs. Apparemment, cela n’a pas plu.

« Affligeant. »

Finalement, il semble que cette agitation n’est clairement pas prévue au vu de la réaction agacée du Capitaine. Des renforts viennent interrompre ce qui aurait pu être le seul évènement remarquable de la soirée. Les fauteurs de troubles fuient face à cette remontrance. On appelle ça des gardes royaux. Parlant peu avec autrui, il prend véritablement conscience de la lâcheté croissante dans la Royale. Il se demande clairement la différence entre un garde royale et un boutiquier s’écrasant comme une bouze face à la moindre résistance, abandonnant sans peine son intégrité. C’est trop ! Sam se décide à intervenir de ce pas.

« Excusez mon intervention. Je ne sais que pensais d’une garde appelant le Capitaine, telle une gamine menacerait ses frères en appelant leur père. Je comprends encore moins, que les victimes d’une attaque par un animal doivent contenir leurs velléités. On se demande bien pourquoi les animaux ne sont pas conviés à des…  soirées. Je ne connais pas votre rang, mais si je vous dois le respect, n’est-il pas plus judicieux de montrer plus de justesse dans vos jugements ? »

Le trentenaire regarde la chouette avec dédain, avant de fixer la garde aux cheveux d’argent. Il faut avouer qu’il n’aurait jamais pensé que de tels modèles de féminité se cachait derrière les armures. Cela l’agace d’autant plus de les voir l’exacerber par des robes ou des jupes à la moindre occasion donnée. Il se retient fortement d'éviter les insultes à ce sujet.

« Il en est de même pour vous, la dresseuse de rapace. Si vous ne voulez pas attirer l’attention sur vous, apprenez ce que l’on nomme le bon sens. Laisser les animaux, dehors. Vous ne faites que torturer cet oiseau dans ce bor… cette célébration. Et votre allure de minoré fait peine à voir. J’ai du mal à me dire que nous partageons la même profession. »

Une soirée comme un récital se devait d'avoir son lot d'accord discordant, que ce soit de la part d'une garde ayant laissée son rapace se servir des autres comme de perchoir, ou bien d'un garde un peu trop zélé qui avait sciemment décidé d'ignorer la consigne de se vêtir dignement.
Mais là ou il aurait pu faire une remontrance à l'adjudant Zouch, le capitaine préféra laisser les autre se charger de son cas, sa place n'étant pas à briser les non dit.

Le Prétoriens en lui hurlait devant cette sentinelle se pensant en droit d'en remontrer aux autres, mais il avait abandonné la première compagnie pour être au dessus de tout ça. Et si au fond de lui, il resterait pour toujours un fier membre du cercle intérieur.
Seul geste qu'il put se permettre ce soir : le capitaine soupira, adressant un signe à Hryfin avant de se reculer un peu hors de la foule, prenant quelques instant pour rejoindre un des groupes de prétoriens ou de nombreux visages amicaux attendaient son passage.
Tancred, vêtu comme si le climat n'était qu'un mythe arborait une veste légère contenant à peine sa carrure, alors que Ciaran à l'inverse arborait une robe brodée d'une épaisse fourrure.

-Et bien, tu as pris ton temps Artho

Déclara le géant en mettant une claque dans le dos du blond, manquant de lui faire renverser son verre.

-Les esprits s'échauffent déjà ?

Demanda la jeune femme en observant de loin la scène qui se déroulait lentement loin d'eux. Seule Tara était au centre de l'action, la prétorienne attirant bien des regards de sa compagnie

-Tu parie sur qui au juste ? Zouch ?

-ça va pas non, Tara l'étale, ça fais pas un plis !

Déclara la prétorienne avant de se tourner vers le capitaine, l'interrogeant du regard. Ce par quoi, le capitaine répondit par un sourire entendu que tous comprirent

-Je ne peux pas souhaiter que mes hommes se mettent à se battre au milieu d'un repas, ça ne serait pas très professionnel.

Et si tout ses compagnons connaissaient son avis, ils se contentèrent de rire en observant la scène.
Une bagarre générale ne serait certainement pas très reluisante, mais on oubliait assez facilement que ces quelques soldats réunis dans la salle étaient ce que le royaume comptait de plus combattif, les doctrines des cuirassiers et des voltigeurs misant sur l'agressivité avant tout

Il adviendrait ce qu'il adviendrait. Voilà tout

Pardon, quoi ?

Comment ça, l'épouser ? C'est quoi cette vaste blague ?

Hryfin avait commencer par s'étouffer avec sa boisson, d'abord à cause du choc initiale de la demande, aussi aléatoire que choquante. Puis ensuite, l'alcool permit d'étouffer son rire. Qu'est ce qui lui était passé par la tête, d'un coup ? Ne dites pas l'alcool, c'était qu'un verre pour l'amour du régiment ! Non, impossible de prendre ça au sérieux, mais comment on répond à ça ? Une telle demande, c'est juste impensable, surtout quand sa petite amie se tient à, genre, quelques mètres de là ? Outre sa ''noblesse'', Ryf n'a absolument rien d'un bon parti. Il finit son verre d'une traite, avant de se lancer dans une petite crise de rire.

'' Non mais Luna, t'es pas sérieuse dis moi là j'espère ? Mais qu'est ce que c'est que tu veux que jrépondes à ça ? Non mais non c'est mort. Je- ''

''Dois trouver une échappatoire''. Des mots qu'il réussit à retenir ; quoique, il ne le saurait même pas, ça commence à faire pas mal de verre, même pour un grand costaud comme lui. Sauf qu'autour de lui, il ne se passait pas grand chose. Sa taille était aussi un atout dans ce genre de soirée, un véritable mirador pouvant observer les alentours. Quelque chose à trouver, quelques chose à trouver...Commençons par retrouver Tara dans ce tumulte. Ah, elle était là bas. Visiblement aux prises avec un autre Garde Royal ; inconnu au bataillon pour lui. Sans doutes un voltigeur ou une sentinelle, de fait. C'est dommage qu'à part les gens de son régiment, il ne connaisse pas tant de monde que ça.

En vrai, elle était difficile à rater.

De nombreux regards s'étaient tourné vers cette petite échauffourée, qui n'était pour l'instant qu'un simple haussement de ton. Valait quand même mieux intervenir avant que ça dégénère, et si ça devait être le cas, eh bien, c'est sans doutes Beth qui serait bien contente, une bonne grosse mêlée générale, des coups qui volent partout, elle doit raffoler de ça, et c'est bien plus intéressant qu'un simple bras de fer. Il pose son verre vide, en attrape un autre dans la foulée ; le descend cul sec. C'est pour le courage. Ses yeux vinrent se planter dans ceux de Lunarya.

'' Du coup, c'est non. Et scuze moi, mais jsuis demandé ailleurs. ''

Demandé ? Non, la prétorienne gérait d'une main de maître, pas que la situation, elle même également. Pour ce qu'il sait, mal lui parler, c'est se manger aussi bien des mots plus hauts que les autres et quelques coups si on a de la malchance. Ses mouvements attiraient aussi les regards, les intentions du cuirassier étant plus qu'évidentes. On touche pas aux siens ; à ceux qu'il tient. Serais-ce que de trop l'infantiliser et la surprotéger que d'intervenir ? Peut-être. En avait-il quelque chose à faire ? Absolument pas. Un nouvel acteur arriva sur scène, de nombreux yeux tournés vers eux. Se glissant à travers la foule, il déboula derrière le garde important sa dame, posa lourdement et puissamment sa dextre sur son épaule, le surplombant de toute sa hauteur.

'' Écoute, reste tranquille ; on passe une bonne soirée, on se détend enfin, pas le moment de casser l'ambiance. Et j'tenterais pas d'abuser de la patience de Tara. Sauf si tu comptes finir à l'infirmerie ? ''

Ose, pitié, qu'il puisse mettre ces menaces en application, qu'il se passe quelque chose, un minimum. De quoi se faire virer manu militari par les supérieurs et les automates, se prendre des remontrances qui iront sur le dos d'un excès d'alcool et du relâchement de la pression. Qui agirait en premier dans ce cas ? Ryf ? Tara ? Il n'avait pas précisé qui serait le premier à escalader les échelons de la provocation.

Il fallait que ce soit une prétorienne pour agir aussi prétentieusement. Il se croit tous supérieurs par leur titre. Leur titre fait entrer dans ce qu’il appelle le cercle intérieur. Aujourd’hui, il ne semble t’être qu’une imitation ridicule des sectes les plus nauséabondes dont le gourou serait le Capitaine. Sam se demande toujours à quoi ils servent à part que, parmi eux, il sera surement désigné le prochain Capitaine de la Royale. Plus le temps passe, plus les choses empirent.

Après que la prétorienne s’offusque comme une petite fille et sorte un bloc note, un géant tente de l’intimider à son tour. Mais on touche le fond, il croit qu’en agissant en prince charmant, il va pouvoir la culbuter ou quoi ? Le garde souffle et pousse les grosses mains du grand idiot pour s’en éloigner.

« Je suis le plus calme, ici. Ce n’est pas moi qui m’excite dès que l’on me contredit ou menace pour je ne sais quelle raison. »

Sam se mets sur la défensive. On cherche clairement à le faire taire car il dérange ce qui se prétende l’élite. Il refuse cette situation abjecte, haussant même le ton.

« Je ne pensais pas que mes mots pouvaient autant offenser une prétorienne. Le flairons de notre garde, n’est-ce pas ? Qui préfère défendre l’absurde plutôt que ses camarades ? Ce n’est pas moi qui aie défendu un rapace enragé. Je mérite donc un passage à tabac pour votre intervention ridicule et mal avisée. Un sens de la justice plutôt aiguisé, Prétorienne Long. Je n’en fais que le constat. »

Le garde en armure applaudit de façon provoquante, avant de se présenter. Il va certainement finir en liste noir pour cette altercation, mais trop, c’est trop.

« Je suis l’adjudant Zouch, garde royal de la compagnie des Sentinelles. Notez le bien et prenez votre temps. Il serait dommage que vous ne puissiez pas vous relire, si jamais vous avez un trou de mémoire. »

Il daigne un regard vers le géant en rut, avant de continuer, toujours avec le même dédain.

« Casser l’ambiance ? Je crois que l’on est ici à cause de cet oiseau. Prétorienne Long, tenez votre chien en laisse. Il semble vouloir partir au quart de tour. »

Il sent bien la tension montée. S’il doit se battre, il le fera. Mais le premier qui donnera le coup et celui dont les mots ont trop manqués pour pouvoir débattre.

La fête continuait de battre son plein et il y avait de plus en plus de personnes qui arrivait. Trop d’agitation, trop de monde pour le pauvre petit pouvoir de Beth. Elle n’arrêtait pas de regarder à droite et à gauche, enfin tourner son pouvoir dans le sens qui lui permettait de mieux appréhender. L’ensemble commençait à se déliter petit à petit. Après un dernier coup de soupire, elle s’approcha du lieu où il y avait de l’alcool.

Elle n’en avait jamais bu. Le premier boque qu’elle porta à ses lèvres fut de la bière. Elle fit une mimique face au gout. Bon dieu, comment on peut boire cela. Les autres se gardent se mirent à rigoler d’elle ce qui lui donnait un air plutôt mauvaise. On lui proposa autre chose, un autre alcool. Cette fois ci, ce fut du vin. Malgré le gout de l’alcool qui la faisait tousser elle aimait bien. Cela rappelait certains plats qui avait ce gout. L’aveugle se mit à remercier les autres tandis qu’elle arpenta la pièce la main sur sa chope de vin et le bout à ses lèvres.

Elle parvint à des moments à esquiver les autres avant de les toucher. Foutu onde, c’était un véritable mélimélo, une belotte de laine. Une agitation la fit se redresser un peu vers cette dernière. Elle entendit la voix de Tara, sa coloc, elle semblait au prise avec un type. Un soufflement s’échappa de ses narines comme le faisait si bien penser à un taureau. Mais bon, la Lionne Aveugle était plutôt animale qu’autres choses.

Ainsi, elle commença à s’avancer vers eux, un peu intriguée. L’agitation la faisait par moment chier si vous m’autorisez ce terme. Elle n’aimait pas les problèmes, surtout quand cela venait de personnes cherchant la zizanie. En s’approchant, elle fit virevolter sa robe essayant d’en apprendre un peu plus cette conversation. Elle eut un sentiment mauvais quand l’âme vint parler du chien en laisse. De quel droit il ose parler ainsi de ce type. Elle eut une idée d’un coup et en s’approchant de plus en plus d’eux, elle se prit volontairement les pieds dans sa robe et envoya son verre en entier de vin sur Sam. Elle eut juste le temps d’amortir sa fausse chute qui paraissait vrai avec ses mains.

-Pardon, toute cette agitation, vous allez bien ? Quelle tête de linotte je fais.

Elle s’approcha d’eux et essaya de voir à tatons où elle avait touché l’autre homme et discrètement, elle envoya un petit clin d’œil à son amie.

-Laissez moi vous aider à éponger ce mélange.

- Tu vois Haku, je te l'avais dit. De toute façon, c'est toujours pareil !
"Non mais il a peut être pas compris ! Redemande !"
- Non je redemande pas ! Ça m'énerve déjà assez comme ça !
"Sinon tu fais une annonce général, y'en a bien un dans la salle qui veut de toi non ? Je veux dire, dois y avoir plus de cinquante mecs dans cette assemblée !"
- NON ! NON JE LE FERAI PAS ! T'AS PAS COMPRIS ?! ON EST FOUTU, C'EST TOUT ! ON PEUT BIEN CREVER LA BOUCHE OUVERTE QUE JAMAIS PERSONNE NOUS AIDERA !

A commencer par Hryfin. Et franchement, là, j'ai les nerfs et je lui en veut vraiment pour avoir oser me dire "si tu as besoin je t'aiderai" et finalement quand j'ai besoin, y'a plus personne ! Y'a jamais personne ! Depuis le début, j'ai toujours raison, les gens sont tous des connards imbus de leurs personnes !

Alors j'attrape un autre verre, le vide d'une traite comme mon collègue l'a fait et je suis le géant une bonne minute après lui. La seule différence, c'est que mes poings sont serrés à n'en plus pouvoir et que mon visage ne reflète que ma colère et ma peine. De la peine oui, du désespoir surtout. Des larmes que je ne sens même pas couler tellement je suis énervée... alcoolisée ?

- T'ES QU'UN CRETIN HRYFIN ! TU DISAIS ETRE MON AMI MAIS EN VRAI, TU VAUX PAS MIEUX QUE LES AUTRES ! TOUS ! DES L'INSTANTS OU ÇA VA VOUS FAITES DES PROMESSES MAIS DES QUE ÇA SE COMPLIQUE VOUS DISPARESSEZ LA QUEUE ENTRE LES JAMBES HEIN ?! ET ON SE DEMANDE POURQUOI JE PREFERE RESTER SEULE ?! POURQUOI JE DEMANDE JAMAIS D'AIDE ?! C'ETAIT SI COMPLIQUER QUE ÇA DE RESPECTER UNE PROMESSE ?! TU... TU ME DEGOUTES ! JE TE DESTESTE ! JE VOUS DETESTE TOUS !

Et sans aucune délicatesse, je pousse alors le cuirassier violemment, jusqu'à ce qu'il heurte le type derrière lui, et pouvant potentiellement entrainer une réaction de domino. Et, le chagrin rattrapant ma colère, je ne regarde même pas le résultat de mon action, me retournant violemment en faisant voler ma longue tresse dans la tête des gens qui regarde et choisissant de fuir la situation alors que je viens de hurler sur tout le monde à gorge déployer.

Et j'aurai surement pu fuir directement vers la porte si rien n'avait été sur mon passage. Mais quand on pleure et qu'on enfouie sa tête dans ses mains, on ne voit pas devant soit, et on heurte des armures qui trainaient par la pour impressionner la galerie. Assez violemment pour tomber en arrière et être encore plus ridicule.
Heureusement, avec de l'alcool dans le sang, on ne se sent jamais ridicule. Et on a pas mal au crâne non plus à cause du choc. Mais on est quand même un peu sonné. Assez pour arrêter de pleurer et s'énerver à nouveau.

Ah, l'alcool, quel breuvage merveilleux.

C'est à se demander ce qu'il foutait là. L'ambiance était que trop pesante, trop oppressante, lui qui aime habituellement tous ces grands rassemblements quand ils sont faits dans la joie, la bonne humeur et l'entente mutuelle, le voilà dorénavant réfractaire au fait de se mélanger ainsi avec tous ceux qui sont sensés former ses pairs. Le grand ne savait plus quoi faire, entre ignorer tout le monde ou en empaffer un, quitte à se prendre les foudres des armures, ou les véhémences des autres gardes royaux, de toutes façons, ici, qui peut le stopper ? Pas grand monde. La vraie grande question était donc ; qui allait-il démarrer en premier ?

Sam faisait un candidat de premier ordre ; plus petit que lui, plus fragile que lui, une grande gueule qui ferait que certains seraient potentiellement pas mécontents que ce caquet soit rabattu, surtout que ses paroles ne font rien pour apaiser la tension naissante de cette interaction, et cet énervement qui ne faisait que monter, monter et monter. Oh, ce n'est plus qu'une affaire d'un bully qui s'en prend de près ou de loin à sa petite amie, non, c'est devenu personnel à partir du moment où il l'a traité de clébard. A peine l'hippogriffe eut-il le temps de le choper par le col en grommelant que l'intervention peu fortunée d'une personne brisa tout cet élan.

En vrai, entre nous, Beth ferait aussi une bonne candidate, non ? Un incroyable détournement d’agressivité, mu par une chute, volontaire ou non, le brun ne saurait le déterminer tant le mouvement semblait crédible -quoi de plus normal, pour une aveugle?- que risible -''EH REGARDEZ L'AVEUGLE LA ELLE EST TOMBEE AHAHAH-. Mais c'est pas elle, qui voulait se faire un bras de fer ? C'était peut-être l'occasion. Comme une armure automatique, Hryfin se tourna lentement vers Beth, ignorant de ce fait le pauvre Sam pester contre cette tâche de vin qui allait faire...Eh bien, bien tâche sur son équipement propret de sentinelle. Qui vient équipé de telle manière aux soirées aussi ? Visiblement lui et un bon paquet d'autres personnes en vrai.

Encore une fois, le garde royal ne s'était pas fait remarquer que de par sa taille, mais aussi de part sa gargantuesque capacité, ostensiblement developpée plus que de raison ce soir, à s'attirer les pires emmerdes et quiproquo que les terres d'Aryon n'aient jamais vus, car c'est Lunarya qui revient à la charge. Elle parle trop vite, trop fort, il avait juste beaucoup trop de mal à se concentrer sur ses mots, encore plus sur ses expressions, aucune idée de si elle est triste, déçue, en colère, et pourquoi. Circonspect, il avait juste les sourcils froncés tout en se grattant le menton face à cette tirade. Puis il se sentir partir en arrière, de deux ou trois pas, juste de quoi bousculer l'attention première de sa haine, même de la raviver tant qu'on y est.

A quoi bon ?

Il avait été témoin du titubement irrégulier et pathétique de Lunarya, qui ne tient décidément absolument pas l'alcool. Du relatif silence qui les entoure aux regards amusés et consternés, il n'en prit pas ombrage. Seulement, la situation était gênante. Il donnerait tout pour s'enfuir, comme hanté par des fantômes, c'était pas encore le moment de faire son grand retour, pas le moment de revenir, après tout, ça ne date que de quelques jours hein, ces événements. Dans un profond soupir, il se retourna vers Tara, ne lui offrant qu'un demi sourire.

'' Euh, Tara, jsuis désolé, t'attendais ptet beaucoup de cette soirée, mais...Jpenses que jvais rentrer hein. Hésite pas à passer après si tu veux, OK ? ''

Oui, il ignorerait royalement toutes les autres personnes ce soir, son seuil d'interactions sociales avait atteint sa pleine capacité. A la limite, juste retrouver sa blanche dans la foule, facile, c'était celle qui était un peu à l'écart, laissée là où ils étaient précédemment avec Lunarya. Elle n'avait aucunement l'intention de suivre cette furie alcoolisée ; grand bien lui en a fait. C'était maintenant auprès d'elle qu'il allait se justifier, dans une ambiance qui reprenait peu à peu.

'' Jrentre. On se retrouve à la maison, jpenses pas que jdormirais. Tara passera ptet. Essaye de passer une bonne soirée ; te monte pas l'bourrichon. Bref. ''

Tournant de nouveau les talons, il se faufila tant bien que mal entre sentinelles, cuirassiers et voltigeurs jusqu'à l'imposante porte d'entrée, fit un signe de main lointain à son capitaine -qui comptait un peu aussi pour tout le monde présent, tant qu'à faire- et sortit de la caserne. Le temps était toujours clément, la nuit était tombée, bien moins sombre qu'en pleine saison froide. Et c'est ainsi qu'après un long soupir, il s'enfonça dans les rues étroites pour rejoindre son domicile. La vie à la capitale...En grande communauté ainsi, entouré de tant de gens, gardes royaux comme gardes réguliers...Était-ce vraiment fait pour lui ?