Vous entendez une sonnerie et vous réveillez au beau milieu d’un bâtiment que vous n’avez jamais vu. Vous vous retrouvez dans ce qui ressemble à un restaurant où le monde entre et sort comme dans un moulin, vous commandant des sandwichs à plusieurs étages, tout aussi invraisemblables les uns que les autres, le tout à une vitesse incroyable.
Vous devez travailler sous le regard constant d’un étrange œil enfermé dans un cristal au-dessus des postes de travail et des cuisines.
Mais que se passe-t-il ici ? Et, surtout, quel est le jouet du menu enfant ?
Participants : @Fedora Sanward & @Sia Zmeï
Challenge RP : Vous ne possédez plus vos objets magiques et ne pouvez compter, si vous en avez besoin, que de vos pouvoirs de base.
Se levant difficilement, chose encore étrange vu qu'elle ne ressent normalement pas la douleur ou l'engourdissement, Fedora se tourne vers la première personne qui arrive finalement au niveau du comptoir, les séparant elle et l'autre inconnue de cette foule sans visage. Elle voudrait lui demander ce qu'il se passe, ce qu'elle fait ici, quel est cet endroit même? Sans doute cette vision dont elle ignore si elle est réelle ou non pourrait lui répondre? Pourtant, sans qu'elle ne sache pour quelle obscure raison, alors que sa voix s'élève, c'est une toute autre question qui passe le rempart de ses lèvres. "Votre commande?" Tapant sur une sorte de machine couverte de touche qu'elle n'a jamais vu précédemment dans le royaume d'Aryon, pas même dans les livres de sa bibliothèque ou d'enchantement de Lin, voici qu'elle note donc des informations qu'elle ne comprend pas elle même : un sandwich huit étage composé d'ingrédients qui, même sans avoir la possibilité de manger, elle le sait ne vont définitivement pas ensemble! Pire encore, alors qu'elle prend la commande, presque aussi vite l'autre jeune fille se met à confectionner le sandwich? Est-elle réelle? Fait-elle partie de ce monde? Elle voudrait lui poser la question mais déjà, un autre client prend la place du premier et, sentant le regard brûlant de l'oeil sur le tissu composant sa peau, elle se contente de demander à nouveau : "Votre commande?"
Combien de client passe-t-elle ainsi? Elle ne saurait le dire, il lui semble qu'ils sont de plus en plus nombreux, qu'ils exigent de plus en plus de sandwich, de plus en plus vite... *Ce n'est qu'un mauvais rêve, ce n'est qu'un mauvais rêve...* Se répète-t-elle mentalement mais cet étrange cauchemar ne semble pas vouloir s'interrompre. Soudain, tournant un regard sans émotion - mais qu'elle imagine suppliant - vers la jeune fille partageant son calvaire, elle se surprend à briser ce qui semblait une règle en parlant pour demander autre chose que la prochaine commande. "Que se passe-t-il?" Aussitôt, l'oeil se tourne vers elle, fixant la jeune poupée comme s'il pouvait sonder son âme... Mais où est-elle?
Mon regard tombe alors sur un étrange œil accroché au plafond, coincé dans un cristal. Il me fixe de façon intense, prenant une teinte rouge dangereuse. Un frisson parcoure mon échine, mon corps semble réagir à l'aura menaçante de cet objet magique. Devenant moi-même un pantin, mon corps s'active pour commencer à préparer les commandes. Les listes de plats à préparer s'affichent sur un tableau magique, des noms ne me disant rien, pourtant je semble savoir quels ingrédients prendre, dans quel ordre les assembler, puis empiler les étages encore et encore. De façon mécanique, je cuisine ainsi plusieurs sandwichs aux étages toujours plus nombreux. Je deviens lentement un pantin rejoignant le mécanisme de cette étrange boite à musique. Peu à peu mon esprit semble s'effacer, emporté par la routine des mouvements.
Une voix vient alors m'extirper. Mon regard se porte sur la poupée qui a arrêté de prendre les commandes. L'œil magique la fixe dangereusement, je sens à nouveau un frisson me parcourir alors qu'un autre œil me fixe. Je regarde la poupée avec un air suppliant. Lentement je bouge la tête pour lui signifier qu'elle ne doit pas s'arrêter, elle ne doit pas briser le rythme, je lui murmure un « non » muet. Pourtant, sa question hante mon esprit. Que se passe-t-il ? Mon corps m'envoie de nouveaux signaux pour me prévenir du danger de m'arrêter de travailler, mais mon esprit refuse de reprendre ce rythme insoutenable. Ayant goûté à la liberté de cette routine brisante, il demande plus. Mon regard n'arrive pas à quitter la poupée qui semble vouloir se libérer autant que comprendre ce qu'il se passe.
Un nouveau frisson me parcoure alors qu'une nouvelle sonnerie retentit. Les pantins qui s'affairaient jusque-là à mes côtés dans la cuisine s'arrêtent tous de bouger. J'ai l'impression que mon corps est alors libéré, j'arrête de travailler et lâche les outils que je tenais jusqu'à maintenant. Mon regard se tourne alors vers le cristal où l'œil me fixant prend lentement une teinte rouge particulièrement menaçante. C'est un dernier avertissement. Je regarde la poupée, un air plus combatif sur le visage. Un léger sourire étirant mes lèvres. Je ne sais pas si nous sommes coincées dans un mauvais rêve ou dans un bien étrange sort, mais je sais que je ne vais pas rester enfermée ici. Je ne suis pas un pantin, ni une commise de cuisine bonne à enchainer les étages de sandwichs aux noms imprononçables. Je suis une forgeronne, une aventurière et surtout une humaine. Je prends l'un e des pinces que j'utilisais pour attraper les ingrédients plus tôt, il s'agira de ma première arme dans le combat qui s'annonce.
« Il se passe, que je ne vais pas rester ici. »
À mes mots, le cristal qui me surveillait attentivement deviens complètement noir et une sonnerie stridente se fait entendre dans toute la cuisine. Les pantins s'animent et se tournent vers moi, leurs têtes sans visage me fixant de façon menaçante.
Visiblement non, elle peut le dire en voyant le regard de la jeune femme à laquelle elle s'est adressée, cela et le fait que l'oeil rougeoyant s'est tourné, menaçant, vers elle alors qu'elle semble murmurer quelque chose. Un hochement de tête, faire semblant de travailler, chercher une opportunité pour échapper au regard braqué sur elle, que peut faire la poupée d'autre que cela? Rien malheureusement, comme souvent elle est inutile, incapable de se protéger ou d'aider les autres, elle n'est pas taillée pour ce genre d'aventure la petite noble de tissu... Aussi, lorsque le système d'alarme se met en route et que tous les pantins à la solde du regard s'arrêtent, elle sait que les choses vont mal se passer. Malheureusement, alors que sa compagne d'infortune se saisit d'une pince pour se défendre, seule arme capable de l'aider dans cette situation pour l'instant, elle n'a absolument rien à porter de main pour lui venir en aide... Peut-être faudrait-il qu'elle songe à une sorte d'arme? Inaros n'avait peut-être pas totalement tord? Non! Elle secoue la tête, quelle idée stupide, elle n'est pas capable de se battre et faire du mal à quelqu'un? Elle n'ose même pas y penser!
Pourtant, elle hoche la tête. "Les portes par lesquelles passent les "clients"! C'est la seule sortie que je vois!" Affirme-t-elle dans un élan de courage alors que l'oeil se tourne vers elle, semblant comprendre qu'elle aussi prévoit une évasion... Soudain, le silence, plus d'alarme, un moment inquiétant prémise de la suite : une main se dépose sur son épaule, dans son dos, avec un réflexe elle se dégage se tournant pour voir que l'un des personnage sans visage, en file pour prendre la commande, est le responsable de cette "attaque". Apparemment même les clients ne sont que des esclaves sans volonté de cet oeil : des ennemis partout et aucun allié? Comment sont-elles censé échapper à une telle foule? Se rapprochant de son alliée, tout comme les pantins qui se sont arrêtés de travailler, elle se saisit du premier objet qu'elle trouve : une spatule! Pas très encourageant mais sans doute mieux que d'être sans arme? Trouver une issue, trouver une issue! Un passage vers les deux portes doubles... Et soudain, la réalisation... "L'esprit de ruche..." Murmure-t-elle plus pour elle-même qu'autre chose. "Ils agissent comme une ruche! L'oeil, c'est lui "la reine"! Si on trouve un moyen d'échapper à son regard on devrait pouvoir s'enfuir!"
La poupée parle alors d'esprit de ruche et du fait que ces yeux sont les "reines" de ces pantins. Échapper à leur regard ? Plus facile à dire qu'à faire, ces cristaux sont placés à plusieurs endroits du restaurant pour n'avoir aucun angle mort. Il va falloir se débrouiller pour obstruer la vision des yeux devant lesquels on passe devant. Me vient alors en tête les ingrédients que j'utilisais plus tôt pour confectionner les sandwichs à étage.
Sans attendre plus, je me précipite vers ma table de préparation où des ingrédients sont encore disposés. L'œil semble frémir, attendant de voir si je vais finalement me remettre au travail. Avec un regard de défi, je récupère un de ces fromages orangés et souple et le lance de toutes mes forces vers l'œil le plus proche. Je lui tire ensuite la langue dans une mimique enfantine. Le fromage semble resté accroché pour le moment, mais pour combien de temps ? Mais cette idée semble fonctionner, plusieurs pantins se sont arrêtés où semblent chercher à l'aveugle.
J'esquisse un grand sourire vers la poupée. Je récupère deux étranges bouteilles contenant chacune une sauce. Je garde la rouge pour moi et lance la jaune à ma coéquipière. Je lui fais signe de rester silencieuse en plaçant mon index devant ma bouche. Si nous rendons aveugle les yeux, il serait bête de nous trahir en parlant. Je m'approche d'un nouveau cristal qui se met immédiatement à s'énerver en me repérant et j'utilise ma bouteille de sauce pour l'asperger d'un long filet de sauce rouge. Rapidement, le liquide visqueux recouvre la surface du cristal, rendant l'œil à l'intérieur aveugle, dans le même temps plusieurs pantins se stoppent comme plus tôt. Je tends un poing avec un pouce en l'air vers la poupée et lui indique ensuite de mon index un autre cristal proche d'elle. Elle n'aura qu'à faire comme moi pour que nous puissions avancer.
Pourtant, il faut bien trouver une solution, comment sont-elles censé échapper à ce groupe qui semble leur vouloir du mal, les ramener dans la ruche, pour reprendre son analogie des abeilles, dans se défendre? Cela semble pratiquement impossible et pourtant, Lucy seule sait à quel point Fedora ne veut pas faire de mal aux autres, qu'ils soient ou non conscients de leur état et des actes qu'ils s'apprêtent à commettre. Elle ne voulait pas faire du mal à ces hommes qui s'en sont prit à elle lorsqu'elle a rencontré Lin, pas plus qu'à ces enfants qui ont tenté de tirer sur sa tête pour voir jusqu'à quelle distance pouvait s'étendre sa tête lorsqu'elle a eut le malheur de découvrir son pouvoir. Elle ne voulait même pas qu'Inaros fasse du mal à ces même enfants - devenus adultes - lorsqu'ils ont voulu retenter l'expérience des années plus tard... Comment alors échapper à la fureur de cette foule marchant à l'unisson?
C'est la jeune inconnue qui, sans surprise, est plus rapide et prompte à l'action! Contrairement à la noble sans expérience du combat ou de l'aventure, elle se met en mouvement. Pourtant, elle n'attaque pas leurs opposants, que du contraire! Elle se saisit de deux bouteilles de sauce, posées sur la table à laquelle elle faisait les préparation précédemment et s'en sers... Contre un oeil? Une technique aussi surprenante qu'efficace, maintenant aveugle, les mannequins - ou du moins ceux qui semblent en être
- s'immobilisent, ayant apparemment perdu toute cible. Cela ne plait cependant pas à l'oeil principale qui devient d'un rouge bien plus inquiétant alors que les autres automates se mettent à avancer avec un peu plus d'ardeur. Pourtant, cela semble être une voix de sortie, une issue à cette situation, pour peu qu'elles soient assez rapides pour immobiliser tout leurs agresseurs bien-entendu, et pour se faire, il va falloir mettre a profit les récipient de sauce!
Attrapant le pot jaune que lui lance la jeune femme, elle se tourne vers l'oeil le plus proche et l'asperge sans ménagement - enfin presque, il ne faudrait pas vider le contenant sur une seule cible - et cela fonctionne, comme précédemment voici qu'un groupe de leurs poursuivants s'immobilise, permettant aux deux jeunes femmes de traverser les mailles du filet même si d'autres se lancent à leurs trousses. Elle ne peut pas mentir, si la situation n'était pas si étrange et inquiétante, Fedora trouverait cela particulièrement amusant! Elle bloque la vision d'un autre oeil, rejoignant aussi silencieusement que possible sa coéquipière dans cette mission, assez rapidement, elles approchent des portes, sésame vers la liberté et d'un mouvement, Fedora l'ouvre! Enfin libre... Ou pas!
Devant eux, une rue, bondée de monde et flottant, se tournant vers elles d'un seul mouvement, encore plus d'yeux? Mais où sont-elles? Regardant circulairement, la poupée remarque une ruelle plus sombre, sans personne! C'est risqué mais, si personne n'y va, il y a peut-être une chance que les yeux ne s'y trouvent pas! Attrapant la main de l'inconnue et n'écoutant que son courage - et son instinct - la noble demoiselle l'entraîne d'un pas décidé vers la dite ruelle.
Nous finissons par nous libérer de cet étrange endroit, mais alors que l'air frais extérieur nous accueille, une myriade d'yeux se tournent vers nous. Je retiens un hoquet de surprise alors que je découvre ce spectacle horrifique où tous sont surveillés sous de nombreux angles. La poupée me tire à l'écart alors que je suis restée stupéfaite devant ces pantins sans âme qui se laissent inspecter sous toutes les coutures par ces regards presque pervers. Cet endroit me donne la nausée et finir légèrement à l'écart me permet de souffler et revenir à moi. Par Lucy, que m'est-il encore arrivé ?
Je reprends mon souffle en observant le paysage s'étendant vers le ciel. De hautes colonnes froides et grises semblables à de hauts bâtiments s'étirent vers le ciel, chacun cherchant à être plus haut que son voisin. Même le ciel semble triste, de lourds nuages bas et gris masquant le bleu du ciel, lui donnant une allure lugubre accentuant encore l'allure de l'enfer bétonné dans lequel nous nous trouvons. À cela s'ajoute ces nombreux yeux voletant un peu partout, des petites ailes le permettant de se déplacer alors qu'ils pivotent dans tous les sens pour ne rater aucune miette. De nombreux pantins se massent dans ce qui semble être des rues, obéissant sagement aux yeux les scrutant et avançant dans des files ordonnées.
Je me tourne vers la poupée, son visage ne pouvant afficher une expression, je ne sais ce qu'elle est en train de penser. Elle semble, comme moi, observer cet affligeant spectacle. Comment nous échapper désormais ? Je n'ai aucune réponse là-dessus, n'ayant aucune idée de l'endroit où nous sommes. Je repense à l'esprit de ruche et observe la façon dont les yeux se déplacent. D'une voix basse, j'ose adresser la parole à ma coéquipière d'infortune.
« La reine. Nous devons trouver la reine. »
Je désigne les yeux qui semblent suivre un parcours précis.
« On doit pouvoir se faufiler. Observer leurs parcours et échapper à leur surveillance. Profiter des failles. La reine ou la chose contrôlant cet endroit doit se trouver dans la zone centrale de ce lieu. »
Je m'approche du bord de la ruelle, observant le parcours que font les yeux, mais aussi les pantins. Plusieurs "personnes" passent devant nous sans y faire attention, signe que les yeux sont ceux donnant réellement les ordres. Je prends encore quelques secondes à observer la danse qu'exercent tout ce beau monde. Je récupère alors la main de la poupée et la traine derrière moi alors que je me glisse entre des pantins. Je cale mon rythme sur le leur et suis cette masse de personnes semblant se diriger vers un endroit particulier.
Elle n'a nul besoin de reprendre son souffle, pourtant c'est elle qui reste inactif, se cachant aux yeux qui les survolent lorsque sa compagne d'infortune le fait, visiblement plus atteinte par cette réalisation que l'on ne pourrait s'y attendre par une demoiselle de tissu. Il faut dire qu'elle est bien humaine malgré son apparence et de ce fait, voir ces gens sans aucune volonté la touche sans doute plus que les autres? Après tout, sont-ils eux aussi des êtres humains? Difficile à dire et pourtant, comme souvent, elle voudrait simplement pouvoir tous les aider à se sortir de cette situation. Pour l'heure pourtant, elle en est incapable, impossible de se concentrer, de réfléchir sur une solution et puis, elle doit aussi penser à elle, sa survie, se sortir de cette situation pour revoir son père, ses amis, Twintania et Hope, et surtout Faolan! Mais comment quitter cet endroit? Finalement, c'est la jeune inconnue qui a la solution : La reine! Effectivement, si ces yeux obéissent à une force supérieur, une reine des abeilles, alors sans doute que la vaincre permettrait de libérer tout ceux sous son emprise? Voir même de les sortir de là?
Elle se laisse entraîner par la jeune femme, se mêlant à la marche des sans-visages, suivant en rythme le mouvement bien qu'elle déteste cela! Jamais elle n'a autant ressenti le fait d'être une poupée que maintenant, alors qu'elle avance, décérébrée, en suivant un mouvement sans en connaître la raison ou la destination. Étrange fait cependant, un regard vers l'arrière lui permet de savoir qu'elle est dans la file de ceux qui quittent le restaurant, faisant opposition donc à ceux qui y entre et visiblement, leur destination semble être un énorme bâtiment central d'où sortent les autres... Comme une boucle. Devant le bâtiment, plusieurs yeux semblent observer le passage, scrutant les mannequins qui se déplacent, vérifiant qu'il n'y a aucune défaillance dans le système... Est-ce ce qu'elles sont toutes les deux, des défaillances? Peut-être pour ce monde terne et froid? Pénétrant dans le bâtiment, la jeune poupée est immédiatement surprise : contrairement à ce qu'elle pensait, les pantins ne font pas une boucle, il y a une étrange machine qui semble les crées instantanément alors que l'autre file, celle dans laquelle les deux jeunes filles se trouvent, se dirige sans se poser de question vers une chute, un gouffre dans lequel ils sombrent! Comme s'ils venaient au monde uniquement pour aller consommer ces sandwichs avant d'avancer inexorablement vers leur fin.
Et au milieu, positionné sur une estrades, faisant dos aux deux jeune femmes : une "femme"? Difficile à dire, sa silhouette est féminine en tout cas, sa peau basanée comme le témoigne ses bras dénudés, des long cheveux sombre, légèrement bouclés qui descendent en cascade dans son dos... Impossible de voir son visage mais devant elle, un globe qu'elle observe, semblant lui renvoyer des images des quatre coins de ce monde et soudain, tous les automates s'arrêtent! D'un mouvement lent, presque glissant sur le sol, la femme se tourne vers les deux jeunes femmes et les pointe du doigt avant de leur faire signe d'approcher. Fedora ne sait trop que faire devant le visage de la "dame"... Un masque blanc, couvert d'une dizaine d'yeux qui semblent sonder son âme comme celui du restaurant et soudain, une voix s'élève de ce corps qui n'a pourtant ni lèvres, ni même bouche...
"Vous n'êtes pas d'ici! Comment êtes vous venus dans mon royaume?" Elle ne semble pas agressive, plus interrogative, comme si cette "défaillance" n'était pas un problème mais plus une énigme pour elle.
« Aucune idée. Mais nous aimerions le quitter. »
Au moins, la poupée ne semble de ce monde gris et morne. Vient-elle aussi d'Aryon ? C'est une possibilité. Le regard scrutateur de la femme nous inspecte, un air que j'interprète comme suspicieux, mais aussi légèrement amusé, sur le masque lui servant de visage. Mes instincts me crient que nous ne sommes pas en sécurité, les poils de ma nuque et de mes bras se hérissant en une chair de poule. Cette femme ne nous veut pas de mal pour le moment, mais elle ne nous veut pas de bien non plus. Elle désigne alors l'immense gouffre où se jette les pantins.
« Il n'y a qu'un moyen de quitter mon royaume. »
Hors. De. Question. Elle semble remarquer mon expression de méfiance, ses yeux se plissent en une expression que j'interprète comme de la malice. Le globe devant elle vient alors afficher les images de nous deux en train de prendre les commandes et les préparer au restaurant. La femme ne nous lâche pas de ses yeux multiples, gardant cette expression malicieuse et malsaine.
« Sinon, vous pouvez retourner à vos postes. Rejoindre mon royaume.
- Jamais. »
Ma réponse est sortie de façon directe. L'expression de la femme change alors, une certaine forme de déception perceptible, suivie d'une sorte de colère. Le temps des négociations est terminé. Elle abaisse sa main sur le globe, sans un mot les nombreux pantins se mettent à se mouvoir. Ils se dirigent vers nous et viennent nous saisir. Deux pantins se saisissent de la poupée, alors que deux autres viennent m'attraper. Je me débats et me libère de mes "agresseurs" alors que la poupée semble plus en difficulté. Rapidement, d'autres se jettent sur moi et viennent m'empêcher d'aider ma coéquipière. Je me débats, jouant de mon corps, utilisant les nombreuses techniques que Java m'a appris pour me défendre. Certains pantins finissent fracassés au sol, leurs membres se détachant du reste du corps qui se brise, telle une poupée faite d'argile. Il en faudra une dizaine pour réussir à finalement me maintenir et m'empêcher de me débattre. On nous approche alors du gouffre, avant de nous jeter, tout s'arrête et la "femme" s'approche de nous.
« Bon retour chez vous. »
Sa voix est neutre, ni froide, ni chaude. Comme si elle faisait un simple constat. Elle exécute un mouvement rapide de la main et les pantins nous jettent dans le gouffre. Je me sens tomber et happée par les ténèbres, avant de ne plus rien voir, je lance un dernier regard vers la poupée. La reverrais-je ? Allons nous mourir ? L'obscurité s'empare de moi avant que je ne puisse me poser d'autres questions.
J'ai l'impression de tomber et me retrouve dans mon lit. À la forge Obsid. Cette sensation désagréable de chuter alors que mon corps est allongé sur mon lit. Je me relève en un sursaut, inspectant mon corps. Je n'ai aucune marque ou signe distinctif quelconque. Seule chose étrange, j'étais dans mon lit, habillée. Était-ce un rêve ? Ou ai-je réellement vécu tout ceci ? Et cette poupée ? Peut-être n'aurai-je jamais les réponses à mes questions. La voix de Lyle m'appelant pour le petit déjeuner fini de me rendre compte que je suis bien de retour. Je suis à la maison. Chez moi.