Faire des boutiques… Oui, une idée simple comme une autre. Se promener dans les rues de la forteresse ? C’est beau en cette période ? Nan, ça devait être son côté d’aventurière qui lui disait que ça pourrait être sympathique de découvrir de nouvelles choses en se baladant. Des restaurants ? Là, elle avait piqué ton intérêt… Oui ! Pas une mauvaise idée du tout ça ! Pour un anniversaire, on avait bien le droit d’aller à un restaurant et de profiter du moment pour s’acheter de bons plats ! Tu adorais ta cuisine et celle de Sia, mais il y avait toujours un petit truc dans les restaurants… L’ambiance ? Ou le simple fait de pas à avoir à cuisiner.
Sa prochaine idée est alors de faire un tour aux sources chaudes… Meh, tu étais moins ravi de cette idée. Vous aviez des sources chaudes parfaitement tranquilles ici et avec ton bras gauche, les bains publics n’étaient pas une bonne idée. Il y aurait des trucs magiques là-bas, mais bon… Nan, tu ne voulais pas refaire le rabat-joie, mais avec ton bras ce n’était pas une bonne idée.
Elle finit alors par te donner la patate chaude, te disant de faire ce que tu voulais. Tu te prépares à répondre en te relevant un peu, mais elle t’arrête du bout du doigt t’interdisant d’aller forger… Sans un mot, tu te rassieds, ayant l’impression de t’être fait couper l’herbe sous le pied. Sia te proposa même de t’apprendre la recette de ses pancakes… Tu te poses bien sur ta chaise, fixant le ciel… Puis la boite qui tenait tes nouveaux couteaux… Et enfin Sia. « Avec mon bras, je ne pense pas que ça sera une bonne idée d’aller dans un bain public… Et on sera tranquille si on veut prendre un bain ici au moins. » Tu te penches en arrière posant tes mains derrière ta tête… Te rappelant certains moments passer dans les bains qui ramènent bien vite du rose à ton visage.
Ignorant ton soudain changement de couleur, tu continues à répondre à Sia. « Je dois avouer que j’adorais utiliser mes nouveaux couteaux ou apprendre ta recette des pancakes, mais… Pourquoi pas plutôt un dîner à deux dans un restaurant de la forteresse. Tu as dit que je pouvais me reposer aujourd’hui… Donc on prendra notre temps. Un bain à la source, puis une balade à la forteresse et enfin un bon dîner dans un restaurant. Une bonne journée à deux à rien faire ! T’aimes l’idée ? »
Je fronce légèrement les sourcils en voyant qu'il rougit légèrement. Un coup de chaud ? Il n'aurait pas un coup de fièvre parce que quelque chose qu'il a mangé ne passe pas ? Mais il continue de parler comme si rien n'était et son rougissement part bien vite. Il me propose son idée et j'y réfléchis un instant, me tenant le menton en regardant dans le vide. Je ne connais pas vraiment de bon restaurant à la forteresse, plutôt quelques tavernes ou auberges où le rapport qualité et prix est bon, mais pas vraiment un restaurant. L'idée me plait, mais si on veut diner au restaurant ce soir, cela signifie que l'on va devoir rentrer de nuit à la forge. L'idée de marcher de nuit ne me dérange pas, mais cela reste plutôt dangereux dans la région.
« L'idée me plait ! On pourra voir sur place pour un bon restaurant, je n'ai pas vraiment de nom en tête. »
Je souris au forgeron. Le fait qu'il veuille passer la journée avec moi est vraiment agréable, je dois bien l'avouer. Par contre, il doit déjà être presque midi avec notre petit périple en forêt et le temps que l'on mange. Le jour se couche de plus en plus tôt en cette saison, on ne doit pas trop trainer si on veut pouvoir profiter de ce programme. Je me relève en souriant, regardant le rouquin avec un air confiant.
« Je te laisse finir alors. Tu as déjà pris un bain, mais pas moi ! Alors je vais me préparer pour au moins me laver avant que tu puisses te détendre dans les sources. »
Je range ma chaise et me dirige vers le couloir. Avant de sortir de la pièce, je m'arrête un instant et me retourne vers lui.
« Par contre, je me disais que si on veut diner dans un restaurant ce soir, on risque de rentrer de nuit. Si cela te dérange, réfléchis si tu veux changer le programme pour éviter cela ! »
Je reprends mon chemin et me dirige vers ma chambre sans attendre. En ouvrant la porte de cette dernière, je constate que j'ai oublié de refermer la fenêtre que j'avais ouverte pour aérer ma pièce. Un frisson me traverse alors qu'un courant d'air vient me glacer la peau et les os. Sans attendre, je me précipite pour refermer la fenêtre et me frotte ensuite les bras pour passer mon frisson et légèrement réchauffer ma peau.
Je récupère mes affaires de bain et des vêtements plus confortables pour me promener tout l'après-midi et prends ensuite le chemin de l'extérieur. Avant de sortir, je signale à mon maître que je me dirige au bain. Sans attendre de réponse, je m'élance en direction de la source. Le petit vent ambiant me glace rapidement la peau, mais je me dépêche pour rejoindre au plus vite l'eau chaude. Quand enfin j'arrive sur place, je prends à peine le temps de poser mes affaires et me déshabiller avant de me glisser dans le liquide chaud avec un petit soupir de bonheur. Qu'il est bon d'avoir ce genre d'installation à domicile... Finalement, Lyle a sûrement raison. Le bain ici, c'est sûrement plus agréable qu'en public à la forteresse.
Tu lui donnes ainsi l’idée du dîner à deux à la forteresse pour fêter ton anniversaire. Tu souris doucement lui répondant juste. « Ben voilà ! On fera notre balade à la forteresse pour trouver notre restaurant et on décidera sur place. Une pierre deux coups. »Elle se relève alors disant qu’elle allait prendre un bain à son tour. Tu hoches la tête, mais une étrange idée te fit rapidement détourné la tête vers l’opposé de Sia. Non, tu devais pas penser à ce genre de chose. Non seulement, vous n’auriez pas à cuisiner, mais tu règles rapidement l’affaire d’anniversaire. Vraiment, prendre un bain avec Sia, et puis quoi encore !
Tu secouas la tête en te relevant. Sia s’arrêta avant de sortir de la pièce pour te dire que vous risqueriez de rentrer de nuit. Ah ! Vrai que c’était dangereux la nuit dans cette région… Étrangement, tu n’as jamais eu véritablement de problème avec la faune ici. Quelques prédateurs faisant leur petit tour par ici pour chasser, mais aucun animal ne cherchait à t’agresser ou à te tuer… Selon ton vieux, ça serait justement grâce à l’étrange pierre noire que tu essayes jour et nuit de trancher. Ce machin repousserait les animaux dangereux et êtres maléfiques… Une légende de vieillard, mais sympathique… Tu pourrais peut-être la raconter à Sia tient, ça pourrait l’amuser.
Sia te fit signe en partant et… Tu étais seul… Que faire… Tu te retroussas les manches et décidas donc de t’occuper. Tu ne pouvais plus forger aujourd’hui donc… Le temps que Sia prend son bain… Ouais, tu avais assez de temps. Tu partis vers ta chambre pour mettre un t-shirt assez simple et ample. Tu pris un bandana que tu plaças sur ton front et l'attachas… Maintenant, au nettoyage !
Oui, tu étais un workaholic, mais pas juste de la forge. Tu devais travailler pour t’occuper. Tu te reposais le soir en dormant ou en mangeant… De plus, tu pourras te reposer dans la source, donc tu avais tout l’intérêt du monde à bien utiliser ton temps libre. Tu commenças donc à faire un grand nettoyage. Une chance que tu travailles assez vite ! Tu commenças donc par retourner les chaises sur la table et ranger les affaires qui traînent. Une fois cela ranger, tu commenças à nettoyer le parquet avec un bon coup de serpillière avec de l’eau. Le sol était pas trop sale et il n’y avait pas trop de tâches. Une fois, cela fait, tu attendais que ça sèche tranquillement en t’occupant de sortir le linge dehors. Tu n’étais pas aussi professionnel qu’avec ta forge, mais les années à rester seul et à faire cela t’avait permis d'atteindre un assez bon niveau. Tu arrivais à bien rythmer les différentes tâches ménagères. Tu t’en rendais un peu compte, mais… Ton anniversaire, c’était aussi celui de ta forge et du magasin vu que ton père te l’avait donné à ton anniversaire… Il fallait bien s’occuper d’elle un peu… Oh ! Demain, tu feras un nettoyage complet de la forge, comme ça, tu seras tranquille en retournant travailler dedans !
Je me relève un instant pour me savonner entièrement le corps aussi vite que possible, essayant de rester hors de l'eau le moins longtemps possible. Dès que j'ai fini, je me plonge à nouveau et me rince le corps. J'observe les bulles du savon légèrement flotter à la surface de l'eau, me plongeant profondément dans mes pensées. Je reste ainsi, le regard dans le vide jusqu'à ce qu'un bruit attire mon attention. Je m'enfonce un peu plus dans l'eau pour rester la plus discrète possible. Je suis enfoncée jusqu'au nez, attendant de voir s'il s'agit de Lyle ou d'un animal qui rode. Je n'ai rien avec moi, la seule chose me permettant de me défendre étant mon marteau que j'ai laissé avec mes vêtements.
Un jeune nérouj sort alors d'un buisson, s'approchant dans l'eau chaude qui vient laper, curieux. Il repère alors mon odeur et ma présence, relevant sa tête dans ma direction. Il semble légèrement confus de voir une fleur ainsi flotter sur l'eau, un léger instant d'hésitation propre aux jeunes animaux avant qu'il ne fuit je ne sais où. Dès que je n'entends plus rien, je me relève et observe les alentours. Rien. Plus un animal. Je sors de l'eau et récupère rapidement une serviette pour me sécher avant d'être frigorifiée. Dès que je suis à peu près sèche, j'enfile mes vêtements propres et décide d'enrouler mes cheveux dans mon linge. Je les sècherai une fois rentrée.
Je prends alors le chemin du retour, revenant dans la petite maison. Quand j'arrive, je surprends mon maître en plein ménage. Il a réussi à trouver le temps de faire tout ça en ma courte absence ? Je soupire en constatant qu'il ne semble pas vouloir se reposer aujourd'hui. Il est irrécupérable. J'attire alors son attention en toquant légèrement contre le mur.
« J'ai fini. Si tu veux, tu peux aller profiter des sources pour te détendre... ou faire ce que tu veux. Je vais trainer un peu dans ma chambre avant qu'on parte. Tu sais où me trouver. »
Je lui souris et prends alors le petit couloir pour prendre la direction de ma pièce privée.
Au bout d’un moment, alors que tu finissais de plier le linge, Sia arriva en toquant contre le mur pour te prévenir qu’elle avait fini et… Que tu pouvais faire ce que tu voulais ? Ce que tu voulais à l’exception de forger donc… Au moins, tu allais pas te plaindre de ne pas avoir assez de temps pour te préparer ce soir. Tu n’allais que très rarement manger à la forteresse, genre… Deux fois par an peut-être ? Tu le faisais uniquement quand tu n’avais rien à manger ou que tu n’avais vraiment pas la moindre idée de quoi manger. Mais c’était ce genre d’occasion rêvée pour aller prendre un plat plus spécial et peut-être découvrir de nouvelles saveurs.
Tu fis signe de tête à Sia et finis donc de ranger le linge. Tu allais pouvoir te détendre à la source un coup… C’est bien la deuxième fois que tu t’y rendais aujourd’hui. Tu n’avais plus le droit à ta forge, donc c’était logique que tu ailles te détendre ailleurs… Tu te dis alors que tu pourrais bien faire autre chose non ? Oui, tu pouvais te détendre, mais… Tu y allais pour la deuxième fois et… Tu commenças à te demander ce que tu pouvais faire d’autres à la place de cela et puis des souvenirs commençaient à doucement te revenir… Tu pris donc le linge et le déposa devant la porte de Sia en toquant doucement pour la prévenir. Elle finirait bien par ouvrir la porte et voir le linge à ses pieds probablement.
Tu retournas dans ta chambre, fouillant l’endroit et voyant le coin de ta chambre, tu commenças à avoir une petite idée de ce que tu pouvais faire… Tu pris l’équipement dans le coin, vérifias l’état, puis ressortis de ta chambre pour aller à la porte de Sia et lui demander à haute voix. « Sia ? Vu qu’on a été un peu coupé court la dernière fois et qu’on a encore pas mal de temps… Tu ne voudrais pas aller encore pécher avec moi ? »Tu n’avais pas grand-chose à faire et il est vrai que tu ne passais pas beaucoup de temps avec elle… Tu te souvenais seulement que la demoiselle avait apprécié pécher avec toi la dernière fois.
J'y fais des rencontres étranges. Un monde à la fois très net et incroyablement flou. Je revois mon repas avec Lyle, les éclats de rire qu'il arrive à m'arracher. Je revois aussi cette immense pierre noire, sa couleur me paraissant bien plus sombre et sa taille devenant encore plus impressionnante. J'y vois au loin ma famille, présents à une distance que je peux atteindre, plus je m'approche d'eux et plus ils s'éloignent. Quand j'abandonne l'idée de les retrouver, le rouquin apparait proche de moi, comme une lueur d'espoir dans ce monde solitaire. Reviens alors nos nombreuses disputes et prises de tête qui le font s'éloigner de moi un peu plus. Mon rêve se mue doucement en cauchemar et je ne sais comment m'en sortir seule.
Hé ! Réveille-toi !
Une petite voix qui suffit à me tirer de mon songe. Je ne sais d'où elle vient, sûrement un fruit de mon imagination ou de mes rêves. Je me réveille en sursaut dans mon lit, entendant que l'on frappe à ma porte. Je me frotte l’œil en essayant d'émerger lentement et en quittant la chaleur hypnotique de mon lit. Je me lève et me dirige à la porte. En l'ouvrant, je ne vois personne et je pense un moment avoir imaginé le bruit que j'ai entendu. Quand je baisse le regard, je vois alors mon linge propre et délicatement plié. Je le récupère en souriant.
Je reviens dans ma chambre et range mes vêtements dans mon armoire. Quand j'y pense, au début Lyle n'osait même pas laver mon linge et nous faisions nos lessives à part. Mais progressivement il a commencé à laver mes vêtements et moi les siens. Bon, je l'ai déjà surpris à rougir de honte en tombant sur mes sous vêtements, mais c'est une preuve que nous nous sommes habitués à la présence de l'autre. Une fois cette tache terminée, je viens m'installer à mon petit bureau. J'y ouvre un petit carnet dans lequel je note exclusivement tout ce que j'apprends aux côtés de mon maître et l'évolution de mon entrainement. Plus je regarde mes notes et plus je me rends compte que le forgeron ne m’apprend plus rien. Je ne fais plus que m’entrainer et avoir l’occasion de travailler sur des commandes particulières. Rien de plus.
Je comptais rester plusieurs lunes, voire années auprès de Lyle, apprendre le plus possible de lui. Mais en voyant mes progrès, je risque de ne plus avoir besoin de ses enseignements au bout d’une année. Et j’approche déjà de la première moitié de mon année d’apprentissage. La saison chaude aura été riche en rencontres et en progrès, si bien que nous sommes déjà au début de la saison fraiche et mon maître ne m’apprend déjà plus rien. Il ne fait que m’observer travailler, me faire travailler encore plus et me forcer à corriger mes propres erreurs. Rien de plus. Je réfléchis un moment tout en notant mes observations de tout à l’heure sur cette étrange pierre que j’ai pu voir. Je ne pense pas que mon maître va m’apprendre beaucoup plus sur cet étrange minerai, il faudra que je l’observe moi-même à l’occasion.
C’est alors que la voix de mon maître se fait entendre de l’autre côté de ma porte. Un peu machinalement, j’organise rapidement ma chevelure encore ébouriffée et humide. J’essaye d’avoir un peu bonne allure avant de me diriger vers la porte en écoutant sa proposition. Je laisse quelque secondes passer alors que j’hésite à ouvrir la porte. Est-ce que ma tenue est bien ou non ? Elle est certes simple, mais plus chaude que celle que je porte habituellement pour trainer ici ou travailler. Elle est aussi légèrement plus chic puisque les matières sont de meilleure qualité. Je ne crois pas que mon maître m’ait déjà vue si habillée et j’ai peur d’avoir l’air ridicule à ses yeux. Je finis par me décider et ouvrir la porte. Tant pis si j’ai l’air ridicule !
« On peut pécher en cette saison ? Je pensais que les poissons étaient bien plus rares quand il se met à faire plus frais. Qu’il vaut mieux se rabattre sur le gibier qui s’engraisse avant la saison froide. Enfin, c’est toi qui sais, alors je te suis si tu penses que l’on peut avoir des bonnes prises ! »
Je souris à mon maître, essayant d’afficher un air doux et de masquer ma gêne de ne pas être présentable.
Tu te reculas un peu, croisant les bras et réfléchissant correctement à la saison, le moment, et si vous pourriez trouver quelque chose là-bas. Il était effectivement froid et ça allait continuer à se rafraîchir… Les poissons doivent donc descendre les fleuves pour aller vers les eaux plus chaudes… Donc si tu voulais récupérer des bons poissons, il aurait fallu que tu te rendes bien plutôt là-bas… Et certainement pas aujourd’hui. Tu te grattas l’arrière de la tête, n'osant pas regarder Sia après ton étrange proposition qui manquait de sens même à tes yeux maintenant. « Ouais… Ouais, t’as raison. Je dois avouer que je sais même pas dire exactement pourquoi j’ai pensé à cela. C’est pas la bonne saison pour la pêche, il aurait fallu faire ça plutôt pour choper de bons poissons. Désolé du dérangement. »
Tu fis alors demi-tour repartant vers la salle à manger… Qu’est-ce que tu pouvais faire ? Tu n’avais pas envie de retourner au bain, tu n’avais plus envie de pêcher… Qu’est-ce que tu faisais avant quand tu n’avais rien à faire ? Tu réfléchis quelques secondes avant de trouver ta réponse. Tu partis vers la cuisine et commenças à préparer de quoi faire un thé et des fruits secs à grignoter. Une fois cela prêt, tu rassemblas tout ça dans ton petit salon de thé. Tu ne savais toujours pas pourquoi ton père avait fait cet endroit. Mais c’était là qu’il aimait se détendre. Tu le voyais rarement trainer là, mais tu te souvenais bien de passer de rares journées à rien faire dedans, à dormir sur le tatami et te reposer.
Depuis que Sia était là, tu n’avais même plus pensé une fois à faire cela. Une fois dans la pièce, tu remplies tranquillement la bouilloire à thé et préparas le feu. Tu ne savais pas trop d’où ton père tirait cette culture, mais cette pièce était complètement différente du reste de la maison. Il t’avait dit que c’était sa femme qui l’avait spécifiquement demandé. Comme il t’avait enseigné, tu commenças à tranquillement préparer le thé. Là où tu devais frapper avec force et détermination à la forge, ici, tu faisais en sorte de prendre ton temps en restant précis. Ton esprit partant déjà ailleurs alors que tu essayais de nouvelles idées de forge pendant que l’eau bouillait.
Et si Lyle cherchait juste à passer un moment agréable avec moi ? Cette simple pensée me fait rougir et battre mon cœur plus rapidement. J’ai du mal de penser correctement aujourd’hui je crois. Je m’emballe pour un rien dès que je pense à lui. C’est juste que les choses ont été compliquées entre nous dernièrement et il essaye à sa manière d’apaiser tout ceci et de maladroitement nous donner une occasion de partager autre chose que le travail. Rien de plus.
Je prends une grande inspiration en calmant l’affolement de mon cœur et m’empare d’une brosse à cheveux. Je passe plusieurs minutes à démêler et coiffer ma longue chevelure, tressant légèrement les mèches sur les côtés de ma tête et les accrocher à l’arrière avec un ruban. Je finis de m’habiller, essayant de varier de ce que je porte à la maison ou à la forge. Alors je pars finalement sur une robe longue noire plutôt élégante. Elle reste simple, mais jolie. Parfaite pour se promener à la Forteresse... s’il veut toujours faire cela. Je termine de me préparer et sort de ma chambre, partant alors à la recherche de mon maître.
En avançant dans le couloir, je le repère dans le petit salon de thé, dépassant la pièce dans mon élan avant de reculer. Mon maître est là, assis très calmement à savourer ce court moment de tranquillité en savourant un thé. Je me sens à nouveau rougir et mon cœur s’emballer. Je me reprends en main avant de venir m’installer en face de lui et de prendre une tasse. Je lui souris, les joues encore légèrement rosies et j’évite de le regarder dans les yeux, essayant plutôt de fixer le point entre ses yeux.
« Je... Je peux aussi en avoir une tasse ? »
Mais qu’est-ce qu’il me prend aujourd’hui ? Je ne suis clairement pas dans mon état normal. Je me racle la gorge et attend sagement qu’il me serve. Quand c’est fait, je le remercie poliment et viens poser mes mains sur la tasse, baissant le regard pour fixer la surface de l’eau et humer l’odeur de l’infusion. Un petit moment de silence entre nous, un moment que je trouve gênant alors que j’ai envie de parler et sortir ces mots qui tournent en boucle dans ma tête.
« Ly’ ? Je me disais... Je sais qu’on ne peut pas aller pêcher parce que ce n’est pas la bonne saison... Mais si tu veux qu’on se promène ensemble... Plutôt que la Forteresse, tu pourrais me montrer des endroits dans les environs que tu apprécies ? Ou que tu aimerais juste me faire découvrir ? »
Ça fait maintenant plusieurs lunes que je suis ici et les environs je les ai découvert uniquement en explorant sur mon temps libre. Jamais nous n’avons pris le temps de vraiment nous promener ensemble.
« Ce n’est pas complètement comme la pêche... Mais je me dis que comme ça on peut discuter en marchant et c’est bien plus calme qu’à la Forteresse... »
Je me sens rougir à nouveau, sans savoir pourquoi. Alors je porte ma tasse à mes lèvres, essayant de masquer mon état en savourant le liquide chaud.
Prendre ton temps… Tu ne savais pas si c’était la cause ou la raison de votre problème, mais tu savais pertinemment que cette simple action était la cause de nombreuses choses dans ta vie et celle de Sia. Peut-être que vos rythmes de vie n’étaient pas très correspondant ? Tu te connaissais très bien, lorsque tu travaillais, tu étais capable de planifier sur de très longs termes et tu arrivais toujours à te tenir à ton planning peu importe le temps que ça prendrait. Elle avait plus l’habitude des personnes autour d’elle, mais tu étais ton maître… Donc tu devais aussi la protéger et t’occuper d’elle… Heureusement, la situation, c’était bien améliorer. Autant rester sur cette route.
Tu entendis alors que Sia entra dans la pièce, s’installant sagement face à toi. Elle te demanda sagement une tasse de thé et sans un mot, tu ouvras doucement les yeux pour prendre la théière et tu lui servis à boire avant de reprendre ton verre et de boire à ton tour… Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Tu la fixas de bas en haut et… Entre ses cheveux bien coiffer, une robe noire de très bonne qualité qui lui allait très bien avec ses cheveux platines… Elle était déjà prête pour aller à la forteresse ? Tu n’y avais pas pensée, mais depuis combien de temps, tu étais là ? Ta tasse était encore bien chaude… Tu étais devenu fou ou tu étais encore dans la lune…
Sia t’adressa alors la parole, tu la fixas en clignotant un peu des yeux, surpris qu’elle te parla si soudainement… Nan, c’était autre chose ? Mais quoi ? Tu étais attentif à ce qu’elle disait, elle te demandait si tu préférais te balader ensemble plutôt que se balader à la forteresse… Tu haussas un sourcil, te demandant si c’était une bonne idée de changer si rapidement de plan. Tu la laisses parler tranquillement, prenant le temps pour réfléchir à ce que tu pouvais faire par rapport à ses idées et surtout si tu connaissais vraiment de bons endroits.
Elle finit par affirmer que ce n’était pas de la pêche, mais que vous pourriez discuter plus calmement en marchant et ça serait plus calme qu’à la forteresse… Tu penchas la tête un peu sur le côté avant de regarder vers la fenêtre ouverte, observant la nature à l’extérieur, te demandant ce que tu pouvais montrer à Sia. « Je… Des endroits que j’apprécie… Te montrer simplement la forge serait étrange et je t’ai déjà montré mon petit sanctuaire… Mmmmh... Des endroits que j’apprécie… La montagne est grande et se balader prendrait du temps… Mais j’ai bien quelques endroits en tête. Le cœur de la vallée par exemple, on y trouve une magnifique clairière où les arbres sont majoritairement rouges et le sol est bien souvent recouvert de feuille rouge. C’est très… Rouge, je trouve ça personnellement beau, surtout en automne lorsque les arbres ont commencé à perdre leur feuille et toute la clairière devient rouge. Il y aussi des points plus haut dans la montagne où on peut avoir des beaux points de vue… Je pense en connaître certain dans la forteresse… Et si tu veux juste te balader… Je connais bien des chemins calme et entourer de nature, mais sans plus. »
Tu ramenas ton verre à tes lèvres, réfléchissant à ce que tu pouvais lui proposer d’autres, mais… Nan, aucune idée ne te venait. Elle t’avait donné un défi et tu n’arrivais pas à trouver une réponse satisfaisante… « Désolé, je vis ici depuis bien trop longtemps et… Et tout ce qui pourrait être beau ici est assez classique à mes yeux. Mais je ne serais pas contre l’idée de me balader à tes côtés. Le calme et la nature… Oui, je pense que peu importe où je me baladerais, avec toi ça sera plaisant. »Ouais, ça sera toujours mieux que se balader seul à travers la forêt.
Mon cœur se met à battre la chamade et j’ose à peine regarder le forgeron. Que m’arrive-t-il à la fin ? Je vis avec lui depuis plusieurs lunes et jamais je n’ai été ainsi. Je pose ma tasse sans rien dire, fixant l’eau alors que le rouquin continue de parler. Mes mains se serre contre la céramique, mes pensées défilant alors que je parais ailleurs. Je n’arrive pas à me calmer, j’ai l’impression que mon visage est en feu, j’entends mon pouls qui est rapide, j’ai chaud et j’ai du mal de tenir en place. Je n’arrive pas à faire preuve de raison.
Et puis me vient une pensée. Des mots que j’ai lus dans une romance et auxquels j’ai ri à l’époque. À cet instant, je le savais, je suis amoureuse de lui. Je repense à ce matin, à la vision de Lyle devant cette pierre noire. Depuis ce moment, je n’arrive pas à avoir un comportement normal. Est-ce ça l’amour ? Je n’en ai aucune idée. C’est la première fois que je me sens ainsi. J’ai bien lu des histoires, mais je n’ai jamais pu l’expérimenter moi-même. Je me perds ainsi dans mes pensées, et je me rends compte qu’un nouveau silence s’est installé entre nous. Je ne sais même pas ce qu’il m’a dit.
Je relève timidement le regard sur le forgeron. Je me sens rougir à nouveau, mais je me force à ne pas détourner le regard. Je prends une grande inspiration. Je veux lui dire ce que je ressens, me jeter à l’eau. Sortir ses sentiments pour que notre quotidien revienne. Je suis son apprentie, je ne peux pas avoir de telles pensées pour lui. Jamais il ne me verra comme plus que cela. Je ne dois pas espérer. Je dois lui dire cela et qu’il me rembarre pour que mes espoirs naissants ne subsistent pas.
« Je... »
Ma voix se coince dans ma gorge. Les mots ne veulent pas sortir. Je déglutis, souffle un bon coup, et me lance à nouveau.
« Je ne demande pas un endroit beau. Un endroit que tu apprécies, qui te tient à cœur. Je souhaite te connaître plus que cela. Montre-moi les lieux qui ont une signification pour toi. Un souvenir, une émotion, une leçon de vie. Ce que tu désires. Je veux découvrir les lieux qui t’importent et à travers eux te connaitre un peu plus. »
J’ai l’impression d’avoir mon cœur dans les oreilles. Ce n’est pas tout à fait une déclaration, mais déjà j’ai l’impression d’en avoir beaucoup dit. Je me sens rouge jusqu’aux oreilles et sûrement même dans le cou. Je n’arrive pas à lui dire que je tombe amoureuse de lui, peut être arrivera-t-il à s’en rendre compte de lui-même ?
La deuxième idée, plus simple, était juste des petits points de vue situé plus haut en montagne. C’était bien moins spectaculaire que le cœur de la vallée, mais c’était fort sympathique et plaisant. La vue était magnifique, on pouvait du décor… Le genre de paysage que tu verrais peint sur des grands tableaux de facilement plusieurs mètres de large. Tu étais même certain qu’à un endroit ou deux, bien haut, vous pouviez voir la capitale au loin… Et pour finir, le sommet de la montagne. C’était vraiment beau, mais ça prenait beaucoup de préparation pour y aller. Une fois là-haut par contre, la vue était infinie. Vous étiez au sommet d’un pic entouré d’une mer de nuage… Le paradis. Être en haut était comme se retrouver au bord du paradis, au point où tu te rappelais avoir eu l’idée d’essayer de marcher sur les nuages pour te balader dessus. Tu souris un peu, rigolant de l’idée avant de te tourner vers Sia…
Et fixant la demoiselle, tu voyais que quelque chose avait changé. Tu penchas la tête sur le côté, l’observant avec attention. La fixé comme ça t’aurait un peu gênée d’habitude, mais là, il y avait quelque chose de particulier… Son visage était plus rouge ? Elle ne te regardait pas et semblait très… Occupé. Tu n’arrivais pas à deviner pourquoi… Tu n'aurais pas dit une bêtise quand même ? Nan, elle n'avait pas réagi comme ça… Alors quoi ? Elle finit par te regarder, tu la fixes droit dans les yeux, trop occuper à te poser des questions sur l’instant présent plutôt que de profiter de ce moment que vous aviez à vous regarder dans le blanc des yeux. Pas très romantique dit comme cela, mais si tu te rendais compte que tu la fixais autant, tu aurais peut-être mieux réagi.
Elle t’adresse alors la parole, hésitant un peu à dire quelque chose… Et sa réponse fut énigmatiquement simple. Elle ne voulait pas un endroit beau, juste un endroit avec lequel tu as partagé des moments importants pour toi, qui aurait une grande signification… Des marques du passé de ta vie pour pouvoir le partager avec elle qu’elle puisse mieux te comprendre… C’était bien ça qu’elle demandait ? Tu relevas alors la tête, cherchant quoi dire exactement. Tu ne savais pas pourquoi, mais tu sentais que cette question avait de l’importance aux yeux de Sia. Elle voulait apprendre et grandir, mais aussi te connaître, lui donner une bonne réponse était capitale en tant que maître… Mais que dire.
« Je … Jeeee… » Tu essayais de trouver une réponse, mais tu te retrouvas très rapidement bloquer. Tu baissas alors le regard, fixant ta tasse entre tes mains, réfléchissant doucement. « J’ai été… Nan… Depuis que je suis petit, les seuls souvenirs et mémoire que je me suis fait… C’est ici, dans ce bâtiment, et dans la forge. J’ai parfois été à la forteresse, ou à la capitale sur de rares occasions, mais… Mes souvenirs, ma vie, mes expériences… J’ai tout vécu ici. Connais cette maison ou ma forge et tu sauras qui je suis. Et… Pour ce que je désire… C’est de découvrir de nouvelles choses avec toi. » Tes connaissances étaient limitées, cette maison était toute la simple signification que tu avais, mais depuis que Sia était arrivé, chaque partie de cette maison avait un nouveau sens, un nouveau but, une nouvelle émotion, une nouvelle vie. Vivre avec Sia était particulier, avait ses hauts et ses bas… Mais était une incroyable expérience à vivre.
Tu relevas alors la tête vers elle, souriant un peu, mais te rappelant son visage rouge, tu te relevas pour te rapprocher d’elle. Tu devais le savoir, sinon, votre soirée pourrait mal finir. « Ne bouge pas, je dois voir un truc. » Tu mis à genoux face à elle, posant une main sur son épaule, approchant fortement son visage du tien avant de relever sa franche et posant doucement ton front contre le sien pour sentir sa température. Tu restas comme cela, un petit moment, yeux fermés avant de te reculer. « Nan, ça va. T’es sûr que ça ira pour ce soir, tu es légèrement rouge pour le coup, ça m’inquiétait. »
Ce que je désire, c’est découvrir de nouvelles choses avec toi. Les battements de mon cœur repartent de plus belle à ses mots. Je ne sais pas trop comment réagir ni quoi répondre. Je me sens trop surprise pour oser bouger, je ne sais que dire sans risquer de juste bégayer, alors je rougis juste sans ciller, baissant même le regard pour me cacher légèrement. Est-ce que j’ai de l’espoir ? Évidemment que oui ! De telles paroles ne vont pas me laisser de marbre, et déjà mon esprit se met à interpréter cela et à s’emballer. Encore une fois, il vient l’arrêter en me parlant et en s’approchant de moi. Ne pas bouger ? Que veut-il ?
Le forgeron se met face à moi, posant une main sur mon épaule, il s’approche ensuite de mon visage. À ce moment, je ne sais plus comment réagir. Tout va trop vite pour moi. Je sens mon visage atteindre une nouvelle nuance de rouge alors qu’il pose son front contre le mien. Je me surprends même à fermer l’œil et approcher un peu plus mon visage du sien, espérant bêtement qu’il a pu interpréter mes paroles et que j’ai bien compris les siennes. Mais à la place, il se recule.
Ma température. Voilà ce qui l’intéressait. S’assurer que je n’ai pas de fièvre et que je ne suis pas malade. Je me sens débile à ce moment-là, le rouge de mon visage ne se calmant absolument pas. J’étais prête à l’embrasser alors que lui voulait juste vérifier ma température. Qu’est-ce que j’ai espéré au juste ? Je viens m’accouder à la table et cacher mon visage dans ma main en soupirant. C’est bien trop d’émotions d’un coup pour moi. Je crois que je ne suis plus moi-même. Je dois être malade, c’est la seule explication...
« Je... Je crois que je couve un petit truc... »
Autant utiliser cette excuse pour m’en sortir. Je me sens terriblement honteuse. Ce moment devient bien trop gênant. Je prends le temps de me calmer un peu avant de relever un peu le visage, évitant de regarder dans sa direction. Je bois le reste de mon thé cul sec, la chaleur de l’eau venant presque me brûler la bouche, mais m’aidant à remettre les pieds sur terre. Je pose ensuite la tasse d’un coup sur la table.
« C’est rien de grave. Je dois juste m’aérer je pense. Le changement de saison, tout ça... »
Une excuse complètement nulle, surtout que je ne sais pas mentir. Il risque de s’en rendre compte, mais tant pis. Au moins, ça me laisse un peu de temps pour me ressaisir. Je prends une grande inspiration et me tourne vers le rouquin.
« Alors allons à la Forteresse comme prévu. Si tu veux découvrir de nouvelles choses, laisse-moi te montrer ce que j’ai moi-même découvert, montre-moi ce que tu connais et découvrons ensemble de nouveaux coins. Nous allons nous faire nos propres expériences et souvenirs. Ça te va ? »
J’essaye de lui afficher un petit sourire confiant. J’ai surtout envie de fuir en cet instant, et je me fais violence pour rester en place.
Elle confirma alors qu’il y a une chance qu’elle soit malade. Tu reprends ta tasse pour la remplir, la voyant vider sa tasse d’un coup sec, tu refais pareil avec la sienne. Elle justifia cela sur le changement de saison… « Ooooh … Tu penses que ça serait à cause de ta fleur ? » Tu savais que la fleur l’aidait à se soigner, mais peut-être qu’elle avait aussi des problèmes avec comme de légère migraine si on ne l'emmenait pas assez au soleil… C’est que d’habitude, elle s’habillait très léger, peut-être que c’était à cause de cela. Elle reprit sa respiration et se lança dans le fait que vous iriez à la forteresse comme prévu. Une visite à deux, chacun montrant les recoins qu’il connaît. Simple, mais efficace. Tu hoches la tête. . « Sans problème, on pourra trouver un restaurant comme cela sur le chemin et ça aiderait sur beaucoup de choses. Après, je pense pas mieux connaître la forteresse que toi… Un endroit intéressant… Je connais deux trois bonnes adresses de vendeur de matière première, ou d’outil pour forgeron… À part cela… Voilà, pas grand-chose. Mais je pense que je finirais par me rappeler un truc intéressant… J’espère. »
Tu la fixes de haute en bas, avant de simplement lui répondre.« On va pas partir tout de suite… Sauf si c’est ce que tu veux. Mais si tu veux vraiment prendre un peu d’air, habille-toi plus légèrement avant de partir… » Tu la fixes alors fronçant les sourcils avant de simplement te laisser tomber en arrière fixant le plafond.« J’y avais pas pensé, mais… Je me suis vraiment pas mal habitué à ta présence et à tes habitudes en vrai… Je me rappelle qu’avant j’aurais paniqué de te voir habillé si légèrement. » Mais maintenant tu avais fait de cela une habitude… Enfin, seulement avec elle. Tu savais que c’était assez exceptionnel, mais vous vous étiez mis d’accord… Une pensée te revient à l’esprit. Tu te relèves alors, jambes croisées et main sur les genoux. « Sia ? Je m’étais posé la question y a bien longtemps, mais… Tu te souviens de l’incident à la source chaude et de la discussion après comme quoi c’était pas grave de regarder le corps de l’autre s'il y avait pas mauvaise intention derrière ? Si je me souviens bien, tu as dit que tu me regardais aussi non ? Y à quoi a regardé exactement… Perso, moi, c’est juste que je n’ai jamais eu l’habitude de vivre avec une femme ayant un si… Une si grande habitude de se balader avec peu de vêtements. » Tu finis alors la phrase sur un léger rougissement.
Bon sang ! Qu’est-ce qui vient de te prendre ?! Tu t’en étais pas rendu compte, mais tu avais bien failli lâcher une chose que tu devrais pas… Oui, tu avais pris l’habitude de voir l’apparence de Sia, et maintenant, tu étais assez habitué à sa présence pour ne pas être vraiment gêné, mais… Tu avais du aussi le reconnaître, mais le corps de Sia était physiquement très charmant. Tu rougissais encore un peu repensant à cela et les vues auquel tu as eu droit durant son temps ici. Tu secouas ta tête et lui demanda alors pour changer de sujet. « Ce que je veux dire par là ! C’est que… Et bien, j’ai jamais été… Habitué à la présence d’une femme, et donc je sais que niveau coutume et ce genre de chose, je suis loin… Je veux dire que… Pourquoi est-ce que tu me regardais ? Voilà, oui, ma question… Pourquoi ? » Tu la fixas du regard, faisant en sorte de cacher le rougissement. avec un regard de confiance.
Je porte ma tasse à mes lèvres tout en réfléchissant à ce qu’il vient de me dire. Est-ce que le fait que je m’habille plus chaudement le perturbe ? Il a peur d’avoir fait quelque chose de mal ? Est-ce qu’il pense que c’est à cause de lui que je m’habille ainsi ? Alors que je me demande tout ceci, il attire à nouveau mon attention. En entendant mon prénom, je me tourne vers lui avec un petit « Hmm ? » l’écoutant tout en sirotant doucement mon thé. Mais je manque de le recracher ensuite, m’étouffant presque avec l’eau chaude. Je repose la tasse en toussant un peu.
Par où commencer ? Mon rougissement. J’avais complètement oublié cet épisode qui me revient maintenant en mémoire avec beaucoup de honte. Mes sentiments ont évolué depuis et je me sens bien plus gênée qu’à l’époque. Je me racle un peu la gorge en la laissant expliquer tout ce qu’il pense et ce dont il est curieux. Et il termine avec un « Pourquoi ? » Je reste un moment à réfléchir sans savoir quoi lui répondre. Un moment où je deviens très sérieuse et me plonge dans mes réflexions pour lui trouver la meilleure façon de me répondre.
« Et toi ? Pourquoi tu me regardes ? »
J’ai sorti cela d’un coup tout en réfléchissant et une fois que je me rends compte de ce que je viens de dire, j’essaye de me rattraper en rougissant.
« Ce que je veux dire... Toi aussi tu t’habilles assez légèrement, même quand il fait frais et que tu n’es pas à la forge ! Ce n’est pas commun. Donc je te regarde pour les mêmes raisons que tu me regardes. Je suppose ? »
Je sens mon rougissement prendre une nouvelle nuance, détournant le regard pour continuer bien plus bas et d’une voix bien gênée.
« C’est que... tu n’es pas si mal que ça, à regarder. »
Je l’avais dit. Je l’ai toujours pensé sans oser le dire, mais Lyle a toujours eu un physique attirant. Certes, ce n’est pas cela qui m’intéresse chez quelqu’un, mais je ne pouvais le nier. Je sais qu’il a ce physique en raison du travail acharné qu’il produit, mais ce ne sont pas vraiment ses muscles où son physique musclé qui m’attire. C’est plus... un ensemble ?
« Tu es... charmant je dirais. »
Le forgeron est du genre très galant, voire prude même s’il montre une très grande naïveté pour de nombreuses choses. Il reste curieux et souhaite apprendre, lentement sortir de sa coquille. Alors oui, cette part de lui, les expressions qu’il peut faire, la douceur dont il peut faire preuve malgré son physique de pierre ont fini par me charmer. Et je suis en train de lui balancer cela en espérant qu’il ne me repousse pas trop violemment.
Tu les posas donc, face à face et les réactions te prouvèrent que tu avais bien raison de les poser… Ou que tu venais de faire une grande erreur. Seul l’avenir finirait par te l’expliquer. Tu l’entends se racler la gorge, la réponse était si complexe que cela ? Nan, gênante… ? Tu… Tu ne savais pas trop pourquoi, mais ton rougissement ne partait pas… Tu ne t’inquiétais pas vraiment de ton apparence, tu vivais seul, mais maintenant que Sia était là… Vivre avec elle… Avoir son avis… Son point de vue sur toi et tes habitudes… Tu avais commencé à être bien plus attentif à ce qu’elle voulait et ce que tu pouvais faire pour elle… Et surtout l’avis qu’elle avait de toi… Tu l’avais bien compris avec le froid qu’il s'était installé entre vous… Cette douleur n’était pas un sentiment classique ou normal. Tu ne savais pas dire pourquoi, mais tu mettais de l’importance sur l’état de ses sentiments par rapport à toi…
Et toi ? Pourquoi tu me regardes ? La réponse était simple, mais… Bien plus compliqué à dire. Tu la regardais, car tu n'étais pas seulement curieux, tu la regardais car… Comme tu l’avais pensé lors de votre première rencontre… Elle est belle… Tu justifiais au début que c’était parce que tu voulais la regarder de face sans perdre la tienne, mais… Maintenant, tu ne pouvais plus vraiment dire cela…
Tu te grattes doucement la nuque, voyant ta faute… Mais elle finit par se reprendre, te mettant en exemple à sa place. Toi aussi, tu t’habillais légèrement… C’est pas faux. À force d’être à la forge, tu t’étais habitué à avoir une tenue légère pour supporter la chaleur. Et maintenant, tu te baladais torse-nu sans même réfléchir, la protection sur ton bras te servant d’habit.
Tu haussas les sourcils alors, baissant un peu la tête lorsqu’elle te dit qu’elle te regardait pour les mêmes raisons que tu la regardais… Parlait-elle de l’excuse que tu lui avais donnée ou… Le fait que tu la regardais encore maintenant, car tu la trouvais vraiment séduisante… Tu étais séduisant ? Nan, pas moyen. Tu chassas cette pensée en secouant un peu ta tête de gauche à droite et prenant une autre gorgée de ton thé. Mais est-ce que c’était vraiment pour cela que tu la trouvais charmante ? Son physique ?
Elle t’achève alors, disant que tu n’étais pas si mal à regarder… Charmant même… Charmante… Tu rougis encore un peu baissant la tête et rigolant un peu. « Charmant ? Tu devrais regarder qui dit cela avant de donner un compliment pareil. » De longs cheveux d’argent. Une peau blanche comme la neige, une fleur ornant un visage doux et froid, un œil rougeoyant comme le plus beau de rubis… Une attitude froide, mais encourageante, cherchant toujours à aller de l’avant. Tu voyais beaucoup de toi et pourtant… Tu la voyais surtout meilleure que toi. Elle arrivait à avancer là où tu t’arrêtais, elle parlait avec les autres sans mal, elle voulait explorer le monde, rendre les gens fiers d’elle… Au contraire de toi…
- « Je… Pense que le sentiment est partagé, je sais pas si tu me regardes pour les mêmes raisons, mais… Oui, toi aussi, tu es très charmante… » Tu commenças à rougir, regardant sur le côté. Mais alors que tu portas ton thé à tes lèvres, une vision te repassa à travers l’esprit… Le jour où elle c’était réveillé dans ton lit avec une tenue plus que légère… Tu commenças alors à tousser, rapidement avant de te prendre.« *tousse tousse* Pas juste physiquement. Tu es très belle *tousse* Mais y a pas que cela. » Tu toussas encore un peu, reprenant ta respiration et ta réponse. « Je… Au début, je te fixais, car j’étais curieux, je vais pas le nier. J’ai toujours vécu seul… Et voilà qu’une demoiselle avec une fleur à l’œil vient vivre chez moi en portant bien moins de vêtement que je pense… Et tu dois savoir à quel point c’était compliqué de te regarder sans me croire pour un simple pervers… » Tu rigoles alors un peu de cela, te rappelant du passé… Mais tu gardas le visage rouge, n’ayant pas le courage de parler plus que cela. « Disons… Disons juste que même si j’ai pris l’habitude de ta présence… Et… Te regarder est toujours aussi plaisant… Que ça soit face à face, ou lorsque tu travailles… » Tu baisses la tête, ne disant plus un mot… Te posant une seule question… Est-ce que c’était normal que ton visage brûle autant ?
Il ne s’arrête pas, continuant sur sa lancée en m’expliquant pourquoi il me regardait au début. De la curiosité principalement. Et puis il s’est habitué et trouve toujours cela aussi plaisant de poser ses yeux sur moi. J’évite de le regarder, ne sachant ni où me mettre, ni quoi dire. Un silence un peu gênant s’installe alors entre nous, aucun n’osant dire quelque chose de plus tandis que nous sommes deux tomates. Après quelques minutes, je parviens à reprendre un peu de contenance même si je reste rouge. J’aligne ensuite timidement quelques mots, chuchotant plus qu’autre chose.
« Et bien... euh... Merci... C’est gentil... Je crois ? »
J’ai l’impression que l’intensité de la brûlure de mes joues augmente et je cherche désespérément un moyen de me calmer ou de changer de sujet. Je repasse notre conversation dans ma tête, essayant de trouver un détail sur lequel rebondir, un moyen de détourner la conversation, n’importe quoi. Et puis, je repense à sa remarque sur ma tenue.
« Au fait... Ma tenue actuelle ne te plait pas ?... Tu m’as dit de l’habiller plus léger... »
Je me gratte un peu la joue, ma timidité ne voulant plus partir. Je me racle un peu la gorge, essayant de m’expliquer.
« Je souhaitais changer un peu... Je n’ai pas vraiment l’occasion de porter de tenues aussi jolies en travaillant... Mais si ça ne te plait pas, j’en ai plein d’autres ! »
Je m’emballe un peu, et j’essaye de me rattraper.
« Si tu veux, tu peux choisir ce que je porte... Ça ne me dérange pas, et ça me permettrait de savoir ce que tu aimes... »
Je rougis à nouveau avec intensité, évitant de le regarder en attendant sa réponse.
Cependant, le reste de sa phrase fut plus particulier. Elle t’expliquait qu’elle ne portait pas vraiment de belles tenues en travaillant, chose à laquelle tu n’étais pas d’accord ! Toutes les tenues lui allaient très bien et si elle portait une tenue pour travailler, alors cette tenue était adaptée. Son bien-être était la chose la plus importante à tes yeux. Elle disait qu’elle aurait bien voulu mettre de plus jolies tenues… Tu pouvais choisir ce qu’elle devait porter… Quoi ? Tu te remets à la fixée, penchant la tête sur le côté. « Choisir ce que tu portes ? Tout ce que tu portais me plaît alors choisir spécifiquement une tenue sera compliqué… »
Tu te reculas un peu fixant le plafond, pensant aux différentes tenues qu’elle portait habituellement et ce qui pourrait lui aller. « Tu le sais bien, très bien même que je préfère ton bien-être avant tout. Et on en avait déjà discuté, pour que tu puisses t’épanouir, il faut que tu sois dans un milieu idéal pour toi et pour que tu puisses faire ce que tu souhaites… » Tu croises les bras, réfléchissant à haute voix.« Une tenue qui t’irait bien. La plupart de tes tenues te vont bien, donc ça va être dure de choisir. Je disais que tu devrais porter une tenue plus légère, car j’étais perturbé que tu portes soudainement des tenues plus lourdes, mais maintenant que tu as expliqué, c’est parfaitement logique. La plupart de tes tenues sont bien, donc d’en décider une sera difficile. Sinon une tenue qui m’a marqué. Ta toute première tenue en arrivant, j’imagine ? Mais c’est juste, car je l’ai relié à toi. Sinon durant l’été, ta tenue débardeur avec short que tu portais assez souvent, t’avait l’air le plus à l’aise avec et ça t’allait vraiment bien. Ta tenue te va aussi très bien, le contraste entre le blanc et le noir te va à ravir, surtout avec ta fleur qui se mari parfaitement avec le reste de la tenue, elle n’est pas faite pour la forge, mais c’est un bon choix pour une balade en ville. J’imagine que les tenues plus chargées ne peuvent aussi bien aller que les tenues légères. Comme ta robe de nuit, elle met bien ton corps en va… »
Ouvrant grand les yeux et passants soudainement au rouge vif, tu te relèves alors, en frottant ton pantalon. « En clair tout te va bien ! Bon ! Je vais aller voir pour des vêtements pour la forteresse ! »Tu partis alors droit vers la porte, espérant ne pas être retenu sur ton chemin vers ta chambre. Pourquoi tu avais pensé à cela ?! Et pourquoi avoir répondu à haute voix ?! Tu disais simplement ce que tu pensais en revoyant tous les moments que tu as passés avec elle, te rappelant de chacune de ses tenues. Bien sûr que tu finirais par te rappeler de ce moment ! Mais pourquoi ne pas avoir réagi plutôt pour te taire !!! Tu voulais juste retourner dans ta chambre, faire un trou dans le sol et hiberner tout l’hiver durant !
Il me parle de mon bien-être, que c’est le plus important pour que je m’épanouisse. Je perds un peu de mes rougeurs, hochant doucement la tête avant de revenir siroter mon thé. Je me souviens de ses paroles, et il m’a répété ces choses plusieurs fois. Lyle tient réellement à mon bien-être et cela fait battre mon cœur à nouveau un peu plus fort. Il m’explique son point de vue : je porte toujours des choses légères et soudainement, je porte une robe qui cache beaucoup de peau. C’est vrai que c’est surprenant, mais logique quand on sait que l’on va se promener dans une ville qui devient de plus en plus froide avec le changement de saison.
Il commence ensuite à détailler les tenues qui l’ont marqué. Celle à mon arrivée, en y repensant je souffle un petit rire. C’est vrai qu’un homme prude et innocent comme lui qui s’imaginait les femmes bien plus vêtues -normal quand on est habitué aux personnes du nord- voit une jeune femme arrivée avec une robe courte et laissant voir plus de peau que nécessaire. Il faut me comprendre aussi, je n’aime pas vraiment porter des couches de vêtements, surtout quand il fait beau comme ce jour-là. Et cette tenue, je l’utilise pour combattre même si elle ne me protège pas réellement.
Il continue sur la tenue estivale qui est celle que je porte souvent pour travailler. Il trouve qu’elle me va bien et que si elle est adaptée, c’est une bonne tenue. Il complimente aussi la robe que je porte actuellement et je le remercie tout doucement, de façon à peine audible. Vient alors ses dernières paroles. Même s'il s’arrête dans sa phrase, je rougis à nouveau violemment. Trop tard, je sais ce qu’il voulait dire et je me sens gênée. Lyle m’a déjà fait comprendre qu’il me trouve jolie même s’il est rarement si direct.
La gêne est trop pesante et le forgeron fait le choix de la fuite stratégique. Je le laisse faire en hochant simplement de la tête quand il annonce qu’il va se changer. Il vaut mieux. Dès que je me retrouve seule, je lâche un gros soupir en essayant de calmer les battements de mon cœur. Je profite de cet instant de solitude pour finir mon thé en revenant à moi. Je range ensuite le petit service à thé et regagne ma chambre. Je m’isole ainsi le temps de pouvoir évacuer toute la tension qui me prend, ralentir mon pouls et surtout revenir à moi.
Je me jette sur mon lit comme une enfant, enfouissant mon visage dans mon oreiller. Je me rappelle avoir vu ma sœur une fois dans un état similaire plus jeune, ne la comprenant pas à l’époque. Maintenant, je comprends. Je n’arrive plus à me maîtriser. Je viens alors me défouler contre le coussin, criant un peu dedans et étouffant mes paroles gênées que j’essaye de faire sortir. Quand je me reprends enfin, après plusieurs minutes, je finis sur le dos. Je soupire légèrement et me redresse.
Je vois ensuite mon cristal de souvenir sur mon bureau. Je me saisis de l’objet et l’active, l’image de Brent avec Sio se diffusant dans mon esprit. Une fois la séquence terminée, j’hésite un instant. Je finis par porter l’objet à mon front et y insuffle ma magie ainsi que le nouveau souvenir. J’essaye de le retranscrire aussi fidèlement que possible : Lyle imperturbable, méditant face à cette pierre noire, le ciel bleu, l’herbe brillant légèrement, le petit vent qui vient bouger ma chevelure qui me cache la vue. J’essaye de repenser autant que possible à ce moment pour l’imprégner de la manière la plus fidèle possible. Quand j’ai fini, j’entends mon maître qui m’appelle. Un peu gênée, je cache l’objet dans un tiroir et quitte ma chambre, les joues légèrement roses de ce que je viens de faire.