Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    Poster une petite annonce Le Blizzard, Régiment de Forteressse est fait pour vous si voulez répondre à vos propres défis et servir le Royaume !L'Ordre des Célantia recherche encore deux joueurs pour incarner les archontes manquants : Sandro Deketzione et Oscar Gauss.L'Académie des Sciences recherche des érudits ou des individus assoiffés de connaissances.
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    L'Ordre des CélantiaDissimulés derrière la compagnie Althair, l'Ordre des Célantia regroupe tous les citoyens, aventuriers, gardes ou nobles à la recherche d'artefacts ou de reliques en lien avec le passé d'Aryon.
    Les belluairesLes Belluaires assurent la sécurité de la forêt du royaume. Réputés pour accueillir les « cas désespérés » de la Garde, mais aussi pour leur polyvalence et leur sympathie !
    Le blizzardLes gardes du Blizzard sont de valeureux guerriers. Postés au nord du pays. Pour eux, plutôt mourir que faillir. Voici leur force, voici leur courage
    Régiment Al RakijaGarde Sud. Multiples unités aux profils colorées, assure avec autonomie et indépendance la sécurité de cette région du Royaume. Atypiques, anti-conformistes, professionnels, à contre-pied de la classique image de la Garde.
    Les espionsRégiment de la garde dont les membres experts en infiltration et à l'identité secrète sont chargés de recueillir des informations sur tout le territoire afin d'assurer la sécurité de tous.
    On raconte qu’au terme du tournoi organisé par la maison Tanner, les leçons d’escrime connurent un soudain regain de popularité auprès de la gente féminine. La rumeur, récente et grandiose, voudrait que l’épée soit un excellent moyen de donner la chasse aux meilleurs partis du royaume. … Les filles de la cour feront longtemps des gorges chaudes en se rappelant de la souillon (anonyme) qui avait enlacé un conseiller royal (qu’on ne nommera pas).En savoir plus...
    A une journée de cheval de la Capitale, aux abords d'une petit village quelconque, un véritable massacre a eu lieu. Dans les décombres, on trouve pas moins d'une demi douzaine de corps, morts avant l'arrivée du feu. Que s'est-il passé exactement ? Qui a fait tout cela ? Personne n'en sait rien mais chose encore plus étrange : de longues heures après l'événement, un mist blanc à la crinière bleu y a été vu avant d'en repartir aussi vite. Autant dire que cet événement peu commun soulève bien des mystères...En savoir plus...
    Une maison supposément abandonnée a pris feu en pleine nuit, dans un village aux abords de la Capitale. Certains témoins racontent qu'un combat sanglant s'y est déroulé avant l'incendie. Plusieurs corps calcinés y ont été retrouvés.En savoir plus...
    La Couronne a annoncé la démission officielle d'Arban Höls au poste de Commandant du Royaume ! Si la fête et le discours donnés en l'honneur de son départ ont été dignes de ses nombreux services rendus à la Garde, la liste des invités s'est révélée étonnement courte et fermée. Il se raconte dans certains couloirs que la date de ce départ a été plusieurs fois avancée sous couvert du secret, et que cette démission ne serait pas aussi volontaire qu'elle le semblerait... On lui prête notamment des atomes crochus avec un écoterroriste tristement célèbre dans nos contrées. La Couronne a du moins assuré qu'Arban Höls pourrait désormais profiter pleinement de sa demeure fermière située au nord du Grand-Port, tel qu'il l'a toujours souhaité. Quelques Gardes seront également dépêchés sur place afin d'assurer sa sécurité. ... Ou serait-ce pour le surveiller ? Le poste de Commandant sera du moins provisoirement occupé par notre souverain, Grimvor Renmyrth, qui a réaffirmé sa volonté de protéger le peuple en ces temps incertains ! Il se murmure qu'une potentielle refonte de la Garde serait à prévoir, et qu'un successeur serait trouvé dans les prochains mois. A bon entendeur !En savoir plus...
    L’Astre de l’Aube au marché noir ? Ce matin, une rumeur des plus sombres se répandait dans les salons de la Capital. La célèbre Luz Weiss aurait été aperçue en train d’acheter des objets illégaux au marché noir ? Simple rumeur, tentative de décrédibilisation ou simple mensonge de couloir ? Impossible de le dire ! L’Astre de l’Aube dément officiellement que sa directrice puisse avoir de telles relations avec la pègre. Une mauvaise pub qui pourrait éclabousser l’organisation médicale si elle s’avérait vraie, mais pour l’instant ce ne sont que des rumeurs. Des rousses, il y en a beaucoup dans Aryon et ce ne sont pas toujours la célèbre Médecin à la chevelure flamboyante. Affaire à suivre.En savoir plus...
    Une flamboyante annonce est venue chambouler les bureaux de la Guilde des Aventuriers : un nouveau Saphir est né parmi l'élite de l'élite. Le désormais célèbre Jin Hidoru s'est ainsi fait connaitre au fil de plusieurs aventures. De la récolte d'herbe blanche, une enquête menée sur l'Île sombre au sujet de disparitions, la chasse d'une immense créature bloquant l'entrée du Grand Port ou même la révélation d'une affaire criminelle derrière un mystérieux pinplume dorée, Jin s'était également démarqué en revenant vivant des Ruines des corbeaux sur le Désert volant. Une étoile montante récompensée par l'insigne des Saphirs à suivre de près !En savoir plus...
    Une œuvre d'art s'arrache à prix d'or au profit d'un orphelinat ! La semaine dernière, la célèbre créatrice C. Cordoula, de la maison éponyme, a une fois de plus créé l'évènement en mettant aux enchères sa toute dernière pièce de collection : une paire de tongs de plage à l'effigie de la mascotte Wougy le woggo. De nombreuses personnalités s'étaient rassemblées en ce jour pour participer à la vente et l'engouement généré a dépassé toutes les attentes, surprenant même leurs organisateurs ! De nombreux noms ont tenté de faire inscrire leur patronyme dans l'histoire de cette transaction, dont une partie des bénéfices a été reversée à l’œuvre caritative l'Arche de l'Espoir et aurait été remportée par une des éminences de la Guilde après un incident impliquant une attaque de dinde.En savoir plus...
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    Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
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    Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Jeu 28 Oct 2021 - 11:45 #

    Les C.O.O.L
    (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)

    Chasse aux fantômes



    Vous vous endormez dans votre lit...

    Sans en être conscience, vous avez tous consommé dans la journée un fragment d'une pastille de rêve, et vous voila tous ensemble dans ce lieu cauchemardesque...

    Tout autour de vous, c'est désertique. La lumière du soleil est tamisée, rouge. Vous voyez des arbres morts dessiner d'étranges silhouettes sur le sol aride. Pas une goutte d'eau. Vous ne savez pas s'il fait nuit ou jour. Pas un brin d'ombre, pas un bruit... Seulement vous quatre.

    Informations



    Participants :
    - Lunar Le Fay
    - Ivara Streÿk
    - Luz Weiss
    - Violette Lehnsherr


    Le leader va recevoir sous peu les informations concernant la "chose" à débusquer ainsi que quelques explications supplémentaires sur son rôle !

    En dehors de cela, c'est un RP tout à fait classique que vous développerez en auto-modération...

    Objectif
    Une présence rode... Il va falloir la trouver, l'identifier et vous en débarrasser par tous les moyens possibles et inimaginables.  

    Il existe également trois défis cachés à réalisé pour gagner des points en plus. Bien sur, ces derniers ne seront pas dévoilés tant que vous n'aurez pas terminé le RP !

    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
    Informations
    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Lun 1 Nov 2021 - 19:39 #
    - Debout.

    Le regard baissé, Lunar fixait ses compagnons d’infortune d’un air dépité. Sous un ciel aussi rouge que du sang, le scientifique s’était éveillé sans trop savoir comment il était arrivé ici. Sa première supposition était, considérant la topographie et l’aspect du ciel, qu’il s’était retrouvé emporté par un quelconque malandrin dans une dimension de poche. Mais la théorie du jeune homme avait été mise à rude épreuve quand il s’était rendu compte que d’autres individus se trouvaient avec lui. La première, aisément reconnaissable, était Luz Weiss. Lunar avait immédiatement reconnu la noble, fondatrice de l’Astre de l’Aube et figure éminente du monde de la médecine. L’académicien n’eut pas de mal à deviner pourquoi on aurait voulu l’enlever en même temps que lui. Il n’eut cependant aucune idée de qui étaient les deux autres femmes présentes avec eux. La première était une demoiselle aux cheveux de jais. Elle n’était pas richement vêtue. Une midinette de cet âge devait plus avoir l’habitude de traîner dans les salons littéraires, à écouter son camarade aux plus longs cheveux bouclés déclamer une prose incertaine sur un ton pédant et le trouver intelligent.

    - Debout ! Répéta-t-il, plus bruyamment. Ne me forcez pas à vous jeter de la poussière au visage

    La troisième était une femme blonde aux traits fins mais moins jeunes que la petite brune. Ses mains semblaient avoir été usées par de longues heures de travail manuel. De même, ses yeux cernés sous-entendaient beaucoup de nuits blanches. Lunar n’avait aucune idée de qui elle était. Mais à moins que ces deux femmes soient également versées dans une science quelconque, sa théorie de l’enlèvement tombait à l’eau. Excédé, Le Fiel sortit de sa cape un un calepin à la couverture de cuir. Au centre de la couverture luisaient quatre gemmes à l’éclat aussi beau que des étoiles, une blanche, une jaune, une bleue et, enfin, une rose. Entre ses doigts se trouvait également une longue plume de faisan d’un vert électrique. Ouvrant le carnet, Lunar porta la plume à sa bouche comme s’il la trempait dans un encrier. Ceci fait, il posa l’outil sur le papier, la laissant suspendu dans les airs par magie avant de dicter :

    « 31è jour de la Saison fraîche, première lune. Entrée personnelle n°1.

    La dimension de poche dans laquelle j’ai été plongée est, pour l’instant, parfaitement désertique. Je ne vois que quelques arbres morts, au loin, sous un ciel écarlate. L’architecte spatial de cette zone n’a pas dû prendre le temps de réfléchir et de disposer quoi que ce soit au sein de sa création. Néanmoins, il reste tout à fait possible que je ne sois pas dans une dimension de poche. Les autres possibilités que j’ai pu théoriser jusqu’à présent sont les suivantes :

    * Projection spirituelle sur un plan d’existence mineur.

    * Piège au sein d’une illusion incomplète ou volontairement dans un état d’abandon.

    * Transport sur un territoire inconnu d’Aryon.

    Dans ma misère, je me retrouve manifestement affublé de trois acolytes, deux dont l'identité m’est parfaitement inconnue. J’espère que leurs pouvoirs seront utiles pour sortir de cet endroit. Reste également à voir si elles seront débrouillardes. La présence de la fondatrice de l’Astre de l’Aube est appréciée, elle saura soigner d’éventuelles blessures et me permettra d’économiser mon énergie et de ne pas utiliser mon pouvoir. Je déteste soigner les autres
    … »

    - Hm, non, tu peux rayer ça, ordonna Lunar à sa plume qui s’empressa d’exécuter son ordre.

    Butant sur quelque chose sous son pied, le jeune homme remarqua qu’il s’agissait de sa canne-épée. Satisfait de constater que son arme de prédilection était avec lui, il attrapa le pommeau d’argent de la canne avant de s’appuyer dessus. Lunar appréciait particulièrement cette arme dans le sens où, même quand la lame était dégainée, il pouvait toujours se servir du fourreau en guise de seconde main pour parer ou effectuer une frappe contondante. Sa canne-épée était à son image, on la sous-estimait et en payait le prix fort. Se tournant vers les trois femmes, le scientifique voyait bien qu’elles émergeaient de leur torpeur, toutes aussi confuses qu’il ne l’avait été en découvrant leur situation.

    - Bien. Lunar Le Fay, votre chef, enchanté. Fit-il nonchalamment en guise de présentation. Vous pouvez m’appeler « chef », « monsieur Le Fay », « Le Fiel » et j’accepte aussi « boss ».

    Tapotant le sol de sa canne comme pour ordonner leur attention, il continuant en les dévisageant.

    - Je suis insupportable je sais, mais nous n’aurons d’autre choix que de collaborer pour sortir d’où que soit l’endroit où nous sommes piégés. En tant que chef, j’ai de facto droit de coordination sur notre groupe. Commençons par ce qui me semble le plus pertinent : vos surnoms.

    Il commença par pointer Luz de sa canne.

    - Weiss, votre air incrédule et à demi-endormi m’indique que vous avez du flair, vous serez « Le Nez ».

    Lunar se tourna ensuite vers la plus proche, la demoiselle à la sombre chevelure.

    - Inconnue, la fougue de votre jeunesse vous donne le droit d’être « Les Gros Bras ».

    Puis, enfin, vint le tour de la dernière, celle aux cheveux d’or.

    - Étrangère, ne me demandez pas pourquoi. Au fond de vous, vous savez. Vous serez « Mrs Hudson ».

    Soupirant et satisfait de lui, Lunar se mit à tapoter du talon, attendant que les trois femmes se remettent sur pied. Son carnet et sa plume toujours en suspension, il était encore une fois dans l’expectative.

    - Nez, Bras, Hudson. Veuillez énoncer vos pouvoirs, leur étendue et vos activités respectives. Nous pourrons aviser d’un plan ensuite et de la meilleure marche à suivre. Sachez avant toute chose que vos avis comptent, même s’ils ne seront pas forcément suivis. Vous pouvez parler.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Dim 7 Nov 2021 - 18:14 #


    Un goût terreux sur sa langue acheva de la sortir de sa bienveillante torpeur. Elle voulut ramener à elle la douceur de ses draps, mais ses ongles ne raclèrent qu’une surface malléable et poudreuse. Elle rouvrit brusquement les paupières, papillonna dans l’air mat du jour, agressée par la soudaine luminosité ambiante. Luz se releva d’un même bond souple, presque animal, les sens en alerte et tout à fait incrédule à présent.

    « Qu’est-ce que… »

    Des silhouettes. Trois. L’horizon à perte de vue, recouvert d’un voile opaque et transfiguré d’un filtre rougeâtre. De l’ocre sur ses mains, du sable poreux qui avait grimé ses vêtements d’une fine surcouche : elle passa instinctivement le dos de sa dextre contre sa joue pour en chasser les traces cendreuses, probablement gagnées lorsqu’elle reprenait conscience au sol un peu plus tôt. Elle dut faire volte-face pour s’assurer qu’aucune ville ou repère familier n’apparaissait dans les environs, avant d’apprivoiser le nouveau cadre dans lequel on l’avait projetée.

    Un désert. Encore.

    « Bordel ! »

    Le juron fort peu féminin qui franchit ses lèvres claqua dans l’air sec sans faire réagir ses coéquipiers du jour. Comment était-elle arrivée ici ? Qui l’avait arrachée à son lit ? Avait-elle été droguée ? Kidnappée ? Réfléchis, par Lucy, calme-toi… Le hasard de la magie l’avait également piégée plus d’une fois qu’à son tour. Ces phénomènes n’apparaissaient toutefois qu’au cœur de la saison chaude et elle n’avait pas connaissance de semblables drames au sortir de cette période de l’année. Quoi, alors ? Elle porta vivement la main à sa gorge, explora son corps de ses prunelles attentives. Pas de traces de souffrance. Pas de sang, pas de gêne. Pas d’impression de vacuité, ni de difficulté à réfléchir, hormis l’adrénaline évidente de ce réveil. Pas de trace sur ses bras non plus, ni de marques de coups… En revanche, elle se trouvait dans une tenue diamétralement inconnue. Elle arracha le large chapeau qui trônait sur sa chevelure carmin comme l’on se saisirait d’un témoin prêt à livrer ses secrets. Les pans du couvre-chef froissé entre ses doigts ne lui rendirent cependant qu’un silence circonspect. Elle était costumée en sorcière, de toute évidence. Très bien. Parfait. Encore un kidnapping de très bon goût.

    Alors, son regard s’intéressa enfin aux personnes qui l’accompagnaient et qui arboraient pour la plupart un identique scepticisme. Lunar Le Fay, tout d’abord, un homme tout droit sorti de ses lointains souvenirs et des couloirs de l’Académie des Sciences. Ils avaient échangé quelques mots par le passé, rien d’assez remarquables pour être rappelés, Luz n’étant pas restée suffisamment longtemps académicienne pour creuser plus avant. Elle se souvenait pour autant des rumeurs qui couraient sur son sujet et de l’antipathie naturelle qu’il éveillait chez ses collègues. Et puis… Ivara. La sculptrice qui avait partagé plusieurs après-midis de son temps et qui était à l’origine de nombre de merveilles au sein de l’Astre de l’Aube. Sans doute pas dans sa meilleure forme, mais heh, Luz était prête à parier que son propre visage éberlué ne retournait pas à l’instant ses plus belles moues ! Une inconnue, enfin, une jolie brune fluette, seule donnée purement anonyme de cet étrange groupuscule. Il faudrait bien s’y faire.

    Reprenant pieds, habitudes forgées par ses précédentes excursions en terrain hostile, Luz se tourna naturellement vers Lunar, les sourcils plissés par une profonde introspection intérieure. Elle se fichait comme d’une guigne de ses attitudes brusques, consciente qu’ils se trouvaient tous les quatre dans une situation difficile. Elle avait qui plus est l’habitude de nager en eaux troubles et de louvoyer entre certains requins au tempérament explosif…

    … Warren !

    Cette pensée arrachée subitement à son subconscient la heurta avec la violence d’un choc accidentel. Des bribes hardiment arrachées à ses souvenirs malmenés, un brouillard parfaitement inhabituel pour sa mémoire d’ordinaire acérée. Elle devait voir Warren. Oui, c’était cela, son squale l’attendait quelque part avant que tout ceci ne survienne… Où était-ce… ? Elle ne sut plus, tout à coup, si son dernier souvenir portait sur sa nuit ou sur son départ de la Volière le matin même. Quand leurs agresseurs avaient-ils mis la main sur elle ? Sa vigilance s’était-elle à ce point émoussée qu’elle n’avait pas vu venir le piège… ? Elle sentit les prémices d’une froide colère gronder dans sa poitrine, un orage dont les ombres s’étiraient progressivement d’éclairs. Suivi d’une pointe d’angoisse, celle que l’attaque soit potentiellement reliée au requin et qu’elle ne puisse le prévenir du danger. Penserait-il qu’elle l’avait abandonné, lorsqu’après plusieurs longues minutes d’attente rien ne viendrait… ? L’attendrait-il longtemps, esseulé et convaincu de sa défection, peut-être la cible d’invisibles ennemis sur lesquels elle n’avait aucune prise… ?

    « Je suis d’accord, on doit sortir d’ici le plus rapidement possible, approuva-t-elle la démarche de Lunar d’une voix plus dure qu’elle ne l’avait escomptée. »

    Allons, respire ma fille, tu as une marge d’actions à saisir et tu n’es pas impuissante. Warren ne l’était pas non plus. Quelques ombres fugaces ne parviendraient jamais à l’abattre et Luz devait se concentrer présentement sur leur future porte de sortie. Parce qu’il n’y avait pas d’autre alternative pour le retrouver, et revenir à lui…

    « Bonjour, du coup, reprit-elle avec pour la première fois l’once d’un sourire sur les lèvres, calmée provisoirement dans ses élucubrations. Je m’appelle Lu… Le Nez. « Nez », pour les amis et la famille, ou « Le Nez qui a du flair » pour le milieu professionnel. »

    Elle regarda tour à tour Mrs Hudson, Les Gros Bras et Le Fiel, échangeant une courte œillade complice avec la sculptrice. Il était rassurant d’avoir avec elle une figure familière et réconfortante, et dans l’instant Luz se jura de la protéger coûte que coûte de cet enfer.

    « Je suis médecin, et je maîtrise la foudre. A haut niveau. J’ai eu l’occasion de revenir vivante de la Citée Enfouie et du Désert Volant, et… »

    Elle se tut, sortit ses mains de ses poches, son poing s’ouvrant sur une ribambelle de bonbons. Consternée par cette découverte qui ne l’enchantait guère, elle corrigea sa précédente déclaration dans un raclement de gorge d’une palpable amertume :

    « … Et je n’ai plus aucun de mes objets magiques. Même mon grand sac sans fond a disparu. Ah, sauf… ! »

    Elle découvrit avec un immense plaisir les bracelets d’or à ses poignets, fort heureusement encore dotée d’une arme dont elle s’empressa de faire la démonstration. Les lames de ses katars dégainées, elle grimaça en revanche devant l’absence de la boucle de Vol vie à son oreille. Et découvrit dans une arrière-poche de sa robe son petit Manta Pist’ qui ne produisit qu’un jet d’eau faiblard sur quelques centimètres, un « pschiit » mourant de quinquagénaire en maison de retraite.

    « L’un de vous se souvient-il de quelque chose… ? prit-elle derechef le parti d’ignorer cet épisode gênant, portant l’un des bonbons à sa bouche. Sur ce que nous foutons dans un maudit désert au milieu de nulle part… ? »

    … Encore voulut-elle ajouter. Mais elle garda cette fois-ci cette pensée pour elle-même. Et se contenta de mâchonner la sucrerie avec irritation.

    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
    Informations
    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Lun 8 Nov 2021 - 17:46 #
    Un fin filet de sable coulait lentement entre les doigts de l’aventurière. Le sable était fin, et pas si désagréable que ça, elle avait connu bien pire après tout. Bien plus agréable que toutes les inepties qu’elle pouvait entendre en ce moment. A vrai dire, elle serait bien restée allongée ici quelque temps, mais visiblement au milieu de toutes ces déblatérations, ça avait l’air un minimum important. Ouvrant les yeux, elle constata un paysage loin d’être aussi accueillant que le sable chaud dans lequel elle était allongée. Tout baignait dans une lueur rouge, même trop rouge pour être réellement crépusculaire, et des arbres morts perçaient la monotonie du décor comme autant de doigts décharnés.

    Violette se redressa lentement, passant rapidement sa main dans sa chevelure pour se débarrasser des grains de sable qui s’y étaient nichés. Un petit coup d'œil autour d’elle. Un brun à l’air pédant qui ne pouvait pas s’empêcher de gaspiller toute sa salive dans un environnement aride. Avec son petit air qui se croyait supérieur et ses expressions, Violette le détesta presque immédiatement. Un exploit, assurément, même si il n’y avait pas vraiment de quoi en être fier.

    Il y avait aussi une rousse accoutrée en sorcière - elle ne savait pas vraiment pourquoi d’ailleurs. Elle avait l’air d’être déjà moins chiante que l’autre, mais marchait peut-être un peu trop dans le jeu du brun aussi. A priori, pas d’opinions négatives dans un premier temps. Tout le contraire de la troisième personne qui se trouvait ici. Enfin, dans le cas où il s’agissait bien d’Ivara, et pas d’Inaros. Elle s’en rendrait compte assez rapidement dès qu’elle ouvrira sa bouche. Ils avaient une façon assez distincte de s’exprimer, après tout. En attendant, elle se contenta d’un petit regard interrogateur vers elle. Bonne nouvelle ou pas, elle le découvrirait bien assez tôt.

    Violette bailla sans gêne, s’étira calmement. Pas de dangers à l’horizon, elle avait le temps, pas d’urgence. Ce qui était plus inquiétant, c’était que Lumi n’était pas là. Pas de traces de la laïum ni aux alentours, ni dans le ciel. Sa tentative de la contacter télépathiquement s’était comme heurtée à un mur - pas comme si elle n’avait aucune réponse, mais bien plus comme si quelque chose empêchait la communication, ou qu’elle était beaucoup trop loin pour la contacter. Cela l’inquiétait un peu.

    Un petit coup d'œil à ses pieds et elle retrouva un objet assez étonnant, son vieux sac à dos, celui qu’elle avait utilisé au début de ses aventures. Il avait déjà bien vécu, et menaçait même de tomber en pièces d’une seconde à l’autre. Mais il jouait encore son rôle, et, après une petite inspection, contenait bien quelques objets. Quelques biscuits, quelques sucreries, du matériel de camping sommaire même si elle n’avait ni sac de couchage ni tente sur elle. Sa gourde, vide, évidemment, en plein désert, sinon ce ne serait pas amusant. Son arbalète de poing avec quelques carreaux aussi, heureusement d’ailleurs, ainsi qu’une dague, deux objets qu’elle avait d’ailleurs toujours sur elle. C’était comme si elle venait de retrouver ses affaires de lorsqu’elle avait débuté en tant qu’aventurière, ce qui la rendait un peu nostalgique et la faisait voir ce réveil troublant comme quelque chose de bien plus positif. Après tout, c’était avant tout une nouvelle aventure.

    Un petit coup d'œil à sa tenue, et elle remarqua qu’elle était vêtue de vêtements très raffinés, mais aussi très abimés. Une robe très noble mais tombant presque à moitié en lambeaux - heureusement pas assez pour que ce soit gênant. Un petit chapeau qui semblait avoir bien vécu lui aussi, et une cape qui aurait pu être une cape d’aventure si ce n’était pour son col et son attache clairement de bonne facture. D’ailleurs, ses canines étaient elles aussi particulièrement longues, même si elles avaient le chic de rester sagement cachées tant qu’elle n’ouvrait pas la bouche.

    La brune se tourna alors vers la rousse, qui témoignait de la disparition de la plupart de ses affaires.

    « Heya! Moi c’est Violette, je suis aventurière. »

    Autant commencer par se présenter, et n’en avoir copieusement rien à faire de l’autre chieur. Elle ne comptait pas spécialement l’écouter - personne ne lui disait quoi faire. De même pour son pouvoir, ils pouvaient bien attendre avant de le connaître, surtout qu’elle n’avait pas spécialement envie qu’Ivara en ai connaissance.

    « J’ai l’impression de n’avoir plus que mon équipement de mes débuts, et pas vraiment une tenue adaptée non plus. »

    La moindre des choses de le dire, au moins ses chaussures n’étaient pas à talon. Dans un désert, elle n’aurait pas marché deux mètres avant de se casser la gueule sinon.

    « Je sais pas trop ce que c’est que cet endroit par contre… Sûrement une partie du désert volant? Une sorte de maléfice qui nous y aurait ramené? Vous y aviez été, vous? Il ressemblait pas trop à ça mais c’est peut-être une partie perdue du désert extérieur? »

    En tout cas, si une chose était certaine c’était que dans Aryon, elle n’avait jamais vu ou même entendu parler d’un tel endroit. Pourtant elle avait énormément voyagé. Le désert volant collait certainement le mieux - après tout c’était un désert aussi. Et l’endroit était gorgé d’encore énormément de mystères, ce n’était pas impossible qu’une magie les y ai ramenés. Elle y avait vu assez de choses troublantes pour ne pas être trop surprise si c’était le cas. Par contre, ça n’expliquait pas ses affaires ni sa tenue.

    « Dans tous les cas, je pense qu’on échappera pas à une petite randonnée. Dis, Weiss Lulenez, ta maîtrise de la foudre à haut niveau, elle amènerai pas l’orage avec? Parce-que va falloir trouver de l’eau. »

    En même temps, dans un désert, avant même d’envisager d’en sortir, la priorité était de trouver de quoi boire.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Jeu 11 Nov 2021 - 16:07 #

    Ivara, assise sur le sol, regardait avec une certaine appréhension le paysage qu’elle avait sous les yeux. Terrifiant, morbide et qui lui donnait une folle envie de courrir pour trouver une sortie. Était-elle dans le Désert Volant, téléportée ici par une quelconque magie ? La blonde se releva, tâtant son corps à plusieurs reprises et comprenant qu’elle était bien faite de corps et de chair. Elle n’était pas morte, ni un fantôme. L’examen lui révéla autre chose de très troublant : elle était affublée d’une longue robe rouge à bretelles, déchirée par endroit et pourvue d’une longue fente qui dévoilait sa cuisse gauche. Sur sa tête, un serre-tête de cornes rouges et, dans sa main gauche, une espèce de fourche de paysan à trois dents. C’est alors qu’elle s’aperçut que ses bras, dénudés, étaient teints en rouge et que ses cheveux, d’ordinaire blonds, étaient aussi parsemés de rouge à certains endroits.

    Elle n’eut pas le loisir de contempler plus longtemps son accoutrement, interpellée par un homme qui était déjà en train de lui taper sur le ciboulot. Pour qui se prenait-il à leur parler comme ça ? Et pourquoi l’appelait-il Mrs Hudson ? L’incompréhension se lisait dans son regard et elle fut encore plus surprise de découvrir Luz Weiss, praticienne avec qui elle avait déjà fait affaire et Violette Lehnsherr, la fouineuse et demi-sœur du mercenaire Inaros. Au premier, elle adressa un regard noir. À la seconde, un hochement de tête pour la saluer. À la troisième...Elle tourna la tête et l’ignora. Elle avait eu vent de la conversation qu’elle avait eu, lors de cette fameuse journée, avec Inaros. Mais elle ne pouvait lui pardonner de l’avoir fait sortir de ses gonds et, surtout, d’avoir fait irruption dans sa boutique et perturbée sa vie, rendue déjà bien compliquée. Elle se portait mieux lorsqu’elle ne fréquentait pas cette famille et, tout compte fait, celui qui s’était revendiqué comme étant leur chef était soudain bien plus sympathique aux yeux de la demoiselle. Autant ne pas se le mettre aussi à dos et aller dans son sens.

    - Mrs Hudson ou Ivara, appelez-moi comme vous voulez. Je transforme le sable en verre et j’ignore encore si je peux le faire sur celui-ci. Enfin, si c’est le Désert Volant, j’peux pas dans les ruines mais j’peux en extérieur. Elle ponctua sa phrase d’un soupir, ressentant les émotions vécues par Inaros des lunes auparavant lorsqu’il s’en était rendu compte. J’ai… Aucune affaire sur moi je crois. Hé, ce sac il est à qui ? Mais c’est ma sculpture, ma Naissance de Lucy !

    Surprise, elle s’avança vers l’une des sculptures de verre, posée négligemment sur le sable et la toucha du bout des doigts. Elle se demandait ce qu’elle faisait ici, mais elle attrapa surtout le sac pour savoir ce qu’il contenait. C’était un sac, tout ce qu’il y a de plus normal, et il était rempli de victuailles et, surtout, de sa précieuse gourde fontaine. Elle la reconnaissait bien, avec les motifs qu’elle avait inscrits dessus pour la différencier de celle d’Inaros.

    - Aucun objet magique à part ma gourde.

    Elle n’allait pas leur révéler qu’elle possédait un tatouage de rangement dans lequel était entreposé un globe de vérité et une clé dimensionnelle qui menait vers son atelier. Pour l’instant, elle ne faisait confiance qu’à Luz, le Nez. Elle verrait par la suite si les Gros Bras et le Fiel seraient dignes de la sienne. Elle en profita pour ouvrir sa gourde, se rendant compte qu’elle avait soif et… Surprise. Tout comme Violette, elle était vide. Elle attrapa alors l’un des biscuits et celui-ci s’effrita entre ses mains, ne lui laissant que la désagréable impression qu’il avait été en réalité du sable.

    - Euh. J’ai pas de gourde non plus. Haha. Luz, tu sais faire des éclairs ? Mais attends, qu’est-ce qui me fait dire que tu es vraiment Luz ? Et que toi, tu es vraiment Violette ? Toi, Le Fiel, je ne te connais pas… Mais qui me dit que tu n’es pas l’instigateur de tout ça ? L’un de vous le connaît ?

    Elle se saisit du trident et le pointa vers les pieds de Lunar, comme s’il s’était agi d’une véritable arme. Et si… ? Elle le ramena près d’elle et posa la pulpe de son index sur l’une des pointes de la fourche. Sa chair s’y enfonça et elle se mit à saigner. Elle saignait. Fronçant ses sourcils, elle fit disparaître la traînée rougeâtre d’un coup de langue discret.
    Mais elle n’avait pas oublié ses accusations, et les regarda tour à tour. Deux des personnes ici présentes étaient au courant de son plus grand secret. Elle ne savait pas non plus comment elle pourrait bien les convaincre qu’elle était elle-même, c’est-à-dire Ivara.

    - Pour autant que je sache, Luz et moi résidons à la Capitale et Violette a l’habitude d’être sur les routes. Étais-tu aux abords de la Ville avant d’arriver ici ? Et toi, Le Fiel ? Qui aurait pu jeter un sort aussi puissant pour nous téléporter dans cette horrible fournaise ?

    Car, à ses yeux, il était évident que c’était la réalité. Il ne pouvait pas en être autrement. Tout ce dont elle se souvenait, c’est qu’elle s’était couchée sereinement dans son lit, seule.

    - Et puis… Ces trucs-là ne m’inspirent pas confiance. ajouta-t-elle en désignant les arbres morts.

    Ni elle ni Inaros n’étaient retournés dans le Désert Volant depuis que le mercenaire y avait mis les pieds. Mais les dires de Violette indiquaient qu’ils étaient peut-être dans un autre endroit sableux.

    - Une randonnée, génial… soupira-t-elle en traçant des formes aux contours incertains sur le sable.

    Elle n’avait pourtant rien de mieux à proposer. Il leur fallait mieux marcher pour en savoir davantage. Elle commença donc à marcher vers une direction au hasard pour y voir un peu plus clair, ne s’éloignant pas trop du groupe. Il lui semblait que le ciel dansait au-dessus de sa tête et que le sol tanguait sous ses pieds. Elle s’arrêta, les bras en parallèle au sol.

    - Je… On a été drogués ?? Je n’arrive pas à marcher très droit…
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Ven 12 Nov 2021 - 0:42 #
    - Une aventurière, grinça Lunar en dévisageant Violette d’une mine dégoûtée. Je comprends mieux votre impolitesse, Gros Bras. Encore une midinette qui s’ennuyait et a trouvé amusant de mettre sa vie et celle d’autrui en danger pour sa propre excitation. J’ai été de la Guilde, et des parvenues comme vous je… AhAaahAtchoum !

    Lunar venait subitement d’éternuer alors qu’il était en pleine complainte, un peu de poussière étant venue se loger entre ses narines. Soudain, alors qu’il s’arrêtait d’expirer, le jeune homme se rendit compte qu’il était désormais affublé d’une longue cape à col protubérant. Sur sa tête trônaient deux petites oreilles de félin montées en serre-tête. Et, bien qu’il avait conservé son costume habituel, le fin ruban noir qu’il avait noué autour de son cou était devenu une lavallière de soie blanche. De même, plusieurs confiseries étaient tombées de sous sa cape pour finir leur chute sur le sol sablonneux. La crème orange d’un petit gâteau en forme de citrouille s’étala misérablement sur le sable, des crânes en chocolat dégringolèrent aux côtés de sucettes bien trop rouges pour ne pas être au sang. Entre les pâtes de potiron et les grenouilles de gélatine, on distinguait aussi quelques sablés moulés comme une volée de chauve-souris.

    Spoiler:

    - Hm… Voilà qui est fort intriguant

    Lunar avait presque totalement occulté la présence des trois individus et s’était entièrement focalisé sur ce qu’il venait de se produire. Tournant une page de son calepin, il replaça savamment sa plume à papotes sur le papier pour se remettre à dicter :

    « 31è jour de la Saison fraîche, première lune. Entrée personnelle n°2

    Un phénomène inattendu s’est produit alors que je fus en proie à une crise soudaine d’éternuement. Ma tenue s’est instantanément transformée pour devenir ce qui semble être un costume. Le mien est objectivement moins grotesque et plus sophistiqué que ceux de mes trois compagnes d’infortune, ces dernières affublées de fanfreluches de seconde main, l’aventurière malpolie étant sans aucun doute la plus vulgaire.

    Ce phénomène étrange me permet de rayer de ma liste plusieurs de mes théories. Je peux affirmer avec certitude que nous ne nous trouvons ni sur un territoire inconnu du monde, ni dans une illusion tissée par un quelconque enchanteur. Ma théorie sur un plan mineur d’existence demeure, il est possible que nous soyons été emportés dans un plan régi par des lois chaotiques. Si cela est le cas, alors en sortir s’avèrera particulièrement complexe. Cependant je n’effectuerai pas d’affirmation définitive pour l’instant, d’autres réactions doivent être observées pour établir une conclusion satisfaisante
    . »

    - Je pense avoir une idée. Mrs Hudson, poussez-vous.

    Refermant son calepin, Lunar rangea le journal et la plume dans sa nouvelle cape, l’académicien passa, flegmatique au possible, à côté de la blonde qui s’agitait avec sa fourche piquante. S’approchant de la statue de femme dénudée, il inspectait l’œuvre sous toutes les coutures. La Naissance de Lucy, c’était le nom qu’Ivara avait mentionné en reconnaissant sa propre sculpture cristalline. La déesse était posée sur un immense coquillage en dessous duquel le scientifique remarquait, étrangement, qu’il n’arrivait pas à discerner le sable du sol de poussière.

    - Hm… Fit-il, ne portant pas attention aux échanges de son groupe, plissant des yeux intrigués sur le coquillage.

    Il fallait qu’il essaye, il n’avait rien à perdre. Et si l’apparition soudaine de son déguisement lui enseignait quelque chose, c’était que dans leur situation, ils ne pouvaient s’en sortir s’ils n’effectuaient pas leurs propres expériences.

    - Navré, Mrs Hudson.

    D’un prompt coup de botte, Lunar fit basculer en arrière la statue de Lucy. Se détachant de son socle, la femme de verre se brisa sur le sable en plusieurs blocs plus ou moins massifs. Baissant les yeux vers le coquillage, Lunar remarqua alors quelque chose de bien plus surprenant. Dans le coquillage se trouvait une sorte de passage se dessinant autour de ses contours. À l’intérieur, l’académicien voyait un salon luxueusement décoré. Derrière une méridienne, il devinait une grande baie vitrée qui donnait sur un jardin de noble. Dans ce jardin, les arbres étaient aussi morts que ceux du désert, leur ressemblant bien trop pour être une simple coïncidence…

    - Je crois que j’ai trouvé quelque chose
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Jeu 18 Nov 2021 - 12:02 #


    La troisième membre de leur groupe se prénommait donc Violette. De surcroit, Ivara paraissait la connaitre, traçant entre eux un invisible schéma aux articulations tortueuses. Se réveiller en présence d’illustres inconnus aurait probablement été moins angoissant, dans la mesure où le facteur du hasard aurait pu jouer. En l’occurrence, il était impossible de nier le fin réseau qui les reliait, jetant à leurs yeux l’existence d’un facteur tiers qu’ils étaient pour l’heure incapables d’interpréter. Les avait-on kidnappés parce qu’ils se connaissaient… ? Difficile de croire en une parfaite coïncidence. Le monde d’Aryon n’était pas aussi vaste, et ils n’avaient pas l’air de fréquenter les mêmes milieux ni de vivre dans la même ville comme l’avait si justement souligné la sculptrice. La chose qui les avait réunis ici avaient pris le soin de les choisir pour une raison précise. Très bien, mais laquelle ?

    « Pas d’orage malheureusement, répondit-elle à la précédente question de l’Aventurière. C’est étrange, je n’ai pas l’impression qu’il y avait autant d’arbres dans le désert… »

    Ses souvenirs lui échappaient par moment comme une nuée d’hirondelles, taches de couleurs et vagues ressemblances qui se devinaient mieux lorsqu’elle n’y prêtait pas attention. Le Désert ressemblait-il à cela… ? Ces branches désarticulées, presque osseuses, à l’écorce torturée d’à-coups et de ressacs peu naturels… Ce sol aride, également, songea-t-elle dans un froncement de sourcil en ramassant l’une des confiseries laissées tomber par Lunar. D’anciennes rigoles en creusaient la terre et cela formait un imposant labyrinthe de poudre rougeâtre, fendu de craquelures asséchées. La remarque soulevée par Ivara n’était pas non plus hors de propos. Comment pourraient-ils garantir qu’ils étaient réellement ce qu'ils prétendaient être ? Détentrice d’un miroir de glace, Luz était bien la première à savoir combien les apparences étaient trompeuses. En revanche, il était plus ardu d’imaginer un motif légitime à ce petit théâtre, et les raisons susceptibles de pousser leur kidnappeur à se jouer d’eux au point d’usurper une identité… Ou de déployer de tels moyens magiques pour un simple enlèvement. Manipulant la citrouille miniature entre ses doigts habiles pour en creuser négligemment la face d’un charmant sourire – s’occuper les mains avait quelque chose d’apaisant -, Luz haussa silencieusement les épaules. Au fond, elle se foutait totalement de l’existence d’un traitre parmi eux. Elle était de nature trop confiante, trop aimante pour ne pas suivre gaiement les autres dans cet enfer désertique, et voyait avec un absolu fatalisme la possibilité d’une trahison. Heh, si cela devait arriver, elle se battrait comme elle l’avait toujours fait et ce serait bien tout ! Attirée par le raffut provoqué par Le Fiel, elle rangea prestement son œuvre ciselée dans sa poche et vint couler un regard curieux par l’ouverture créée dans le sol meuble.

    « … Il semblerait que nous ayons désormais une meilleure direction à suivre qu’errer dans les parages. »

    Elle avait haussé un fin sourcil incrédule, passant la paume de sa main sur la surface froide du verre. Le coquillage ne broncha pas. Elle rajusta son chapeau sur sa chevelure rebelle, un « Quand faut y aller… » lâché dans un souffle, et s’engouffra dans l’ouverture sans plus d’hésitation. Le choix était de toute façon rapidement fait, l’extérieur ne proposant aucun repère vers lequel s’orienter. Au moins cette étrange lumière rouge diminuait-elle à l’intérieur, réduite à un halo de silence passablement inquiétant.

    « L’endroit a l’air habité, poursuivit-elle ses réflexions à haute voix. C’est… Entretenu. »

    Elle réprima un frisson drôlement glacé pour la température locale. La sensation était presque impossible à exprimer, mais elle ancrait fermement ses anneaux dans sa chair : quelque chose ici n’était pas à sa place. Ou plutôt, l’endroit n’était pas normal. Une subtilité invisible qui faisait écho à l’absence de vie dans la pièce, et cette absence hurlait à son sixième sens de ne pas rester dans les environs. Pas de bruit, pas d’ombres, pas d’insectes, pas d’odeur. Seulement l’impeccable couleur de coussins soyeux, une cheminée sur la gauche, aux flammes ternes dont le bois ne crépitaient pas d’un chouïa. Les flammes ne dégageaient aucune chaleur, constata-t-elle en tendant les doigts vers la bouche de marbre. Les meubles étaient parfaitement dénués de la moindre trace de poussière.

    « Des bonbons ou un sort, rit-elle faiblement pour masquer son malaise. C’est d’ordinaire ainsi qu’on accueille les invités qui apportent des confiseries. Visiblement, nous avons hérité directement du sort… »

    Elle s’était tournée vers la baie vitrée, ce faisant, et ses prunelles se plissèrent d’une sensible concentration. Il y avait… Un pressentiment… Le reflet de la méridienne, de la table en beau bois sculpté, l’angle de la cheminée et…

    « Nous n’avons pas de reflet ! s’exclama-t-elle soudainement, mettant enfin le doigt sur ce qui gênait tant son regard. »

    Elle pivota, en proie à une incrédulité croissante, commençant à envisager l’hypothèse de leur mort commune, transformés malgré eux en spectres incertains.

    « Cet endroit a-t-il d’autres maudites pièces plus utiles, comme un bureau avec des documents ? »


    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Mer 24 Nov 2021 - 14:00 #
    La congrégation de tous ces énergumènes ne partaient pas vraiment du bon pied. Entre l’autre qui avait l’air de péter plus haut que son cul, Ivara qui avait aussi ses principes stupides - mais qu’elle pouvait quand même comprendre un minimum, et la rousse qui était peut-être la seule à peu près fiable… Enfin, Violette doutait que vu le rassemblement, la rousse cachait peut-être quelque chose de négatif ou d’étrange, histoire de s’aligner un peu plus avec les autres. Ivara, d’ailleurs, cherchait même à savoir s’ils étaient bien réels, Violette haussa légèrement un sourcil.

    « J’ai bien un moyen de te le prouver, mais certaines choses feraient mieux de ne pas être dites, hm? »

    Non pas qu’elle comptait particulièrement l’exposer à ce niveau là avec son secret, peut-être pas de la manière la plus subtile de lui signifier la chose. Ses paroles auraient très bien pu être un bluff aussi, assez vagues pour être prises pour n’importe quoi d’autre. Mais bon, elle ne voyait pas spécialement d’autres moyens de lui prouver la chose - et sûrement ne voulait-elle pas mettre leurs compères au courant.

    D’ailleurs, le brun continuait d’être assez détestable, non pas que ce soit très étonnant. Surtout qu’il n’avait pas l’air de bien comprendre le principe d’un aventurier - qui risquait justement sa vie à la place des autres plutôt que de risquer celle de tout le monde. Et puis, de sa vie, elle en faisait bien ce qu’elle voulait. Clairement, c’était le genre de type stupide qu’il valait mieux éviter pour passer un bon moment. Même s’il éternua au milieu de sa propre phrase.

    « Ma foi, bien la première fois que je vois quelqu’un d’allergique aux conneries qui sortent de sa propre bouche. »

    Au moins, il avait au minimum le mérite de tenter des choses intéressantes, et d’avoir trouvé un bien drôle de passage vers une pièce encore plus étrange. Même si elle devait avouer que son pouvoir de changement de tenue quand il éternuait, c’était un peu un pouvoir de merde. D’un côté, cette pièce était toujours mieux que le désert qui avait l’air infini. Maintenant, est-ce-qu’il y avait vraiment quelque chose à y trouver? Certainement, c’était un peu comme un repère secret d’un noble mafieux, et Violette ne tarda pas à y entrer à la suite de la rousse.

    Plutôt propre comme endroit, Luzlenez semblait un peu nerveuse, alors que Violette parcourait la zone de façon un peu plus tranquille alors qu’effectivement les miroirs semblaient bien étranges. Profitant de sa démarche assez subtile, l’aventurière profita d’ailleurs d’un moment d'inattention de la dame pour se faufiler discrètement derrière elle et placer d’un coup ses mains sur ses épaules pour l’effrayer.

    « Bouh! »

    Une blague de mauvais goût qui lui apporterait certainement encore moins les faveurs de l’autre crétin, mais bon, au point où elle en était de tout de façon. Elle n’avait pas fait cela pour lui faire du mal de tout de façon, mais plutôt pour un peu rajouter de gaieté dans cette ambiance de merde. Pour le moment, aucun danger n’avait l’air d’être présent, et tant que ce n’était que des choses étranges, il n’y avait pas de quoi trembler plus que cela.

    « Oh, ne t’inquiètes pas, l’endroit est inquiétant mais je ne pense pas qu’on soit vraiment en danger là. Enfin, on est peut-être entré chez quelqu’un par effraction en cassant une statue, certes. Mais y a clairement de la magie là dessous. »

    Violette restait tout de même plutôt de bonne humeur, comme toujours, même si elle préférait ne pas trop approcher des deux autres. Elle s’éloigna néanmoins de la rousse pour aller jeter un petit œil à une petite bibliothèque de salon qui comprenait quelques ouvrages. Elle les parcourit rapidement du regard, alors que ses yeux passaient sur les multiples couvertures et autres reliures de toutes les couleurs. Les livres semblaient de bonne factures, même si un peu poussiéreux alors que la bibliothèque possédait quelques toiles d’araignées ici ou là. Les titres étaient également pour le moins particuliers.

    « On dirait que le propriétaire est un grand amateur d’histoires d’horeur et d’autres contes du genre... »

    Violette s’empara d’un ouvrage qui avait un titre assez particulier. “Le Désert des Lamentations”. Quelque chose qui lui semblait parfaitement adapté à la situation. Alors qu’elle s’empara de l’ouvrage assez massif, un bruit de pierre frottant contre une autre pierre se fit entendre, de façon assez sourde, comme si elle venait d’ouvrir quelque chose. Peut-être un fameux passage secret près de la cheminée? Peut-être pas. Ou peut-être dans le jardin un peu plus loin. Alors qu’elle ouvrit le livre pour en examiner rapidement le contenu, une tête déformée imprimée dans la page laissa échapper un cri strident et inhumain. Cri qui fut accompagné de celui d’une aventurière surprise qui referma le livre d’un coup sec, ce qui le fit taire immédiatement, mais qui eu aussi l’effet de faire s’élever un petit nuage de poussière qui la fit tousser bruyamment.

    « O..Okay, je m’y attendais pas. »
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Lun 29 Nov 2021 - 19:54 #
    Ivara esquissa un rictus en entendant la réplique cinglante de Violette envers celui qui s’était auto-proclamé comme étant leur chef. Elle trouva l’aventurière un peu plus sympathique pendant un court, très court, instant. La surprise prit rapidement le dessus en constatant qu’une mystérieuse magie semblait être à l'œuvre et avait aussi décidé d’attifer Lunar d’un costume des plus étranges. Et puis, quelle était cette manie de noter tout ce qu’il faisait dans un journal ? Elle-même avait du mal à se concentrer sur ce qu’elle avait sous les yeux. Par moment, il lui semblait qu’elle planait au-dessus de son propre corps et qu’elle observait la scène d’un point de vue extérieur. C’était une sensation étrange, qui retourna son estomac et lui donna envie de rendre son repas de la veille.

    De la veille…

    Là-haut, le soleil brillait de mille feux. Combien de temps s’était-il écoulé depuis la dernière fois où elle avait été consciente ? Et qui étaient leurs ravisseurs ? Ces questions trottaient dans la tête de la sculptrice tandis qu’elle se décidait à suivre le reste du groupe pour ne pas se retrouver toute seule. Le sol tanguait moins sous ses pieds, mais se déplacer n’en restait pas moins désagréable. C’était comme si son corps lui disait qu’elle ferait mieux de rester ici et de ne pas chercher à s’aventurer plus loin. Les arbres morts et le paysage cauchemardesque sous ses yeux ne lui faisaient pourtant pas peur.

    - Hé ! Ma Lucy ! S’écria-t-elle lorsque sa statue de verre se brisa.

    Elle fut cependant stupéfaite de constater qu’une ouverture s’y était créée. Ivara se demanda s’ils allaient, par extension, tomber dans son atelier. Quelques minutes plus tard, elle constata que ce n’était pas le cas. Le lieu dans lequel ils venaient d’atterrir lui était inconnu. Entretenu, oui, comme l’avait judicieusement remarqué la médecin. Elle s’approcha de quelques bouquins, posés sur une simple table en bois, mais, lorsqu’elle voulut lire l’inscription sur la couverture, elle en fut incapable. Son esprit n’arrivait pas à mettre les lettres dans le bon ordre et elles se mélangeaient tellement qu’essayer de déchiffrer les mots faisait naître une pointe d’agacement en elle en plus de la fatiguer. Elle abandonna l’idée, son regard se portant plutôt sur un bocal de confiseries qui était juste à côté. Elle ne l’avait pourtant pas vu, quelques secondes auparavant. Mais chacun faisait des découvertes surprenantes, en témoignait Luz et les reflets.

    - Des bonbons ou un sort… Répéta-t-elle, un sourire naissant sur le coin de ses lèvres. Je crois que j’ai trouvé les bonbons !

    Et, dans un élan de témérité - ou de bêtise - elle attrapa l’une des sucreries et la fourra dans sa bouche pour la manger. Elle regretta instantanément son acte. Tout d’abord, le goût du bonbon était affreux ; comme si elle mangeait du savon. Ensuite, le bonbon se transforma en sable sous ses dents et le crissement de la matière sous ses dents la dégoûta au plus haut point. Elle cracha sur le sol et essuya frénétiquement sa langue avec ses doigts.

    - Eurk ! Pas de chance avec ceux-là. Se contenta-t-elle de commenter, avant de hoqueter de peur lorsqu’elle entendit un cri inhumain et celui de la brune. Mais qu’est-ce que…?!

    Elle tourna la tête, juste à temps pour apercevoir un livre, tout ce qu’il y a de plus normal, dans les mains de Violette. Ivara haussa un sourcil, demandant silencieusement des explications à la concernée.

    Des histoires d’horreur qui hurlent. Ça ne me dit rien qui vaille… dit-elle, sentant l’angoisse monter petit à petit.

    Elle qui ne s’était pas senti intimidée avant de rentrer, elle commençait à se dire qu’elle aurait mieux fait de s’écouter et de ne pas bouger. Instinctivement, elle serra ses bras contre sa poitrine - sans lâcher son arme du jour - et jeta un regard circulaire autour d’elle. Du coin de l'œil, elle remarqua une chevelure brune qui se déplaçait à l’extérieur, dans ce qui ressemblait à un jardin. Elle resserra sa prise sur le trident et se glissa près de Luz. - Juste là… murmura-t-elle en désignant l’extérieur. Elle fut incapable d’articuler autre chose car elle ne savait pas mettre de mots sur ce qu’elle avait vu.

    - Un… Un fantôme ! réussit-elle finalement à dire. Quelque chose a bougé là-bas ! Nous ne sommes pas tout seuls.

    Peut-être était-elle en train de divaguer, car personne d’autre ne semblait l’avoir vu. Elle se racla la gorge, lissant ses cheveux rouge et or en essayant de reprendre contenance.

    - Enfin, non. Les fantômes n’existent pas. Tout le monde le sait. Eumh.
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Lun 29 Nov 2021 - 23:32 #
    - Les esprits et les spectres SONT réels, Mrs Hudson, lâcha Lunar sur un ton à la fois agacé et paternaliste. Vous n’avez jamais entendu parler des mânes ? Je n’ai pas le temps de vous faire un cours de zoologie et spiritualisme, je crois avoir compris une partie de notre problème…

    Faisant les cent pas dans la pièce, l’académicien faisait d’amples mouvements de cape à chaque fois qu’il tournait, sans porter grande attention à ses coéquipières qui ne semblaient pas le porter dans leur cœur. Lunar n’en avait cure, il ne cherchait pas leur affection. Il trouvait d’ailleurs l’aventurière d’une stupidité confondante, faisant volontairement preuve de désinvolture comme une adolescente voulant prouver quelque chose à ses parents. La blondinette, Ivara, ne savait pas vraiment sur quel pied danser, Luz Weiss non plus d’ailleurs. Les deux femmes plaisantaient tant bien que mal pour détendre l’atmosphère, mais ne faisaient que la rendre plus incommode et embarrassante. Au point que la brune sans-gêne finissait par donner mieux le compte, même si elle avait autant de manières qu’un rebut de taverne ivre et plein d’hydromel bon marché.

    Malgré la compagnie laissant à désirer, Lunar demeurait perdu dans ses pensées pour démêler le nœud dans lequel ils étaient tous empêtrés. Dans le mur, au-dessus d’une commode de bois laqué, l’ouverture donnant sur le terrain vague était toujours là, un peu de poussière tombait parfois pour disparaître derrière le meuble. Le jeune homme devait à nouveau s’assurer d’autre chose, passant près de l’aventurière balourde, il décrocha du mur une vanité dépeignant un crâne en train de fondre, un bouquet d’œillets blancs devant un miroir et une boule de cristal. Le jeune homme dû forcer un peu pour retirer le tableau de son mur si bien qu’il constata, en le retirant, qu’il n’était pas accroché par une chaîne mais tenu par un scolopendre. L’immonde insecte gigota ses pattes jaunâtres avant de rentrer disparaître dans une fissure.

    Ceci fait, il repartit poser le tableau face à l’ouverture sur le désert. Attendant quelques secondes en tenant la toile, Lunar sentit quelque chose à l’arrière de la nature morte, une espèce de succion qui vient momentanément attirer le tableau vers le trou. Cela ne dura que quelques instants. Lunar lâcha son emprise sur le tableau qui resta collé sur le mur une fraction de secondes avant de retomber en avant sur la commode. À la place du trou dans le mur, il n’y avait plus rien, juste une continuité du papier peint. Même la forme de l’ouverture avait complètement disparu. Satisfait, Lunar se remit à sourire narquoisement avant de se tourner vers les trois femmes. Il fit quelques moulinets nonchalants avec sa canne, brisant un vase de porcelaine et une assiette ouvragée exposée sur un comptoir.

    - J’ai une bonne, et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est que je sais avec certitude que nous sommes dans une dimension chaotique, probablement un plan mineur, et qu’il est possible d’en sortir. La mauvaise, c’est que j’en ignore encore la nature exacte. Si je le savais, je pourrais nous sortir de là en claquant des doigts. Il va donc falloir que l’on joue un peu avec les règles de cette dimension pour que je puisse analyser d’autres données.

    Il ignorait si elles l’avaient écouté. Au fond, il s’en fichait. Les trois femmes n’avaient pas spécialement été très chaleureuse envers lui et, malgré tous ses efforts pour le sortir de là, ne semblaient pas vouloir changer leur attitude. Il se dirigea vers une vitrine dans laquelle plusieurs bibelots étaient exposés. À sa droite, il y avait la fenêtre qui donnait sur l’immense jardin morne et défraîchi. Les arbres morts, exactement les mêmes que ceux du désert, étaient figés là au milieu d’un gazon brun envahi par les ronces et les mauvaises herbes. Lunar s’en retourna vers la vitrine pour regarder les curiosités à l’intérieur. Il y avait un doigt à la peau séchée, embaumé dans un linceul. À côté, plusieurs œufs ouvragés incrustés de pierres puis, sur l’étagère en dessous, des oiseaux empaillés. Un étrange craquement attira alors son attention en provenance du jardin. Tournant brusquement la tête, le scientifique ne constata aucun changement à l’extérieur, tout semblait exactement comme auparavant. Il s’apprêtait à s’approcher de la fenêtre lorsqu’une petite voix se mit à couiner. Reportant son attention vers la vitrine, il constata que trois œufs étaient descendus de leur socle, plusieurs paires d’yeux de toutes sortes s’étaient ouverts sur leur coquille.

    - Je suis Justine ! Fit un premier œuf, couvert d’améthystes et de quartz rose.

    - Je suis Bière ! Enchaîna un deuxième, d’argent et d’or.

    - Je suis Chaussure ! S’exclama le dernier, tournant sur lui même.

    Incrédule, Lunar plissa les yeux et approcha sa tête de la paroi de verre, à la fois surpris et fasciné. Ces êtres n’existaient pas sur Aryon, il le savait. Ces créatures ne pouvaient pas être l’objet d’une création illusoire, et il se doutait qu’ils ne devaient pas avoir quitté Aryon. Autrement, la magie les aurait abandonné. Où étaient-ils ? Quel genre de plan d’existence pouvait permettre à des êtres aussi singuliers de venir voir le jour ? Ils ne pouvaient pas être des esprits, ils auraient fini sur le plan astral ou seraient toujours sur le plan matériel. Ils ne pouvaient pas non plus être morts, on ne les aurait jamais groupés ensemble, ils n’avaient rien à voir les uns avec les autres. Et si… Et si ils étaient dans un…

    Lunar ne put achever sa pensée. La vitre à côté de lui se brisa et une immense branche vint entra dans la pièce pour venir détruire une méridienne au centre de la pièce. Un des arbres morts venait de prendre vie. Non, ce n’était pas un arbre mort… L’être ressemblait trait pour trait aux autres arbres à l’extérieur, et ressemblait à un horrible croisement entre un phasme et un macchabé. Ses longs membres arachnéens frappaient le reste de la fenêtre pour en briser le verre. Le monstre était bien décidé à entrer dans le salon, et il n’avait pas l’air d’avoir de bonnes intentions… Reculant vers ses compagnes d’infortune, Lunar cherchait la meilleure approche face à cette chose.

    - On ne sait pas ce dont ce monstre est capable, fuyons ! On atterrira ailleurs, n’importe où ! Mais ça serait suicide de se jeter face à une horreur dont on ignore tout !

    Le jeune homme attendait qu’une des femmes choisisse un couloir vers lequel courir, ou une porte dans laquelle s’engouffrer. Dans la vitrine, les trois œufs répétaient inlassablement leurs noms : Justine, Bière, Chaussure.

    Justine, Bière, Chaussure…

    Lunar pensait.

    Qu’est-ce que cela voulait bien dire ?
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Ven 3 Déc 2021 - 14:29 #


    Son palpitant tourbillonnant à trente à l’heure du fait de la précédente farce de Violette, Luz avait pivoté vers Ivara la mort dans l’âme. L’impression d’être observée s’était faite beaucoup plus prégnante en une poignée de secondes et la praticienne rechignait à quitter des yeux l’espace du salon. Les différents replis des meubles offraient après tout une multitude de cachettes suspicieuses, les aléas des couloirs environnant étant susceptibles de recracher à tout instant une nuée de féroces ennemis… Sans doute Luz conservait-elle en outre ses réflexes issus de la Cité enfouie et du Désert volant. Restait qu’elle ne pouvait écarter la possibilité d’une attaque imminente et que cet instinct l’avait rarement trahie ! Une main sur sa poitrine pour calmer la frousse de tous les diables que lui avaient refilée l’Aventurière, elle prêta donc un regard circonspect aux silhouettes filiformes du jardin.

    Et, toutefois… Ce fut à l’extrême périphérie de son champ de vision qu’elle perçut un infime mouvement. Aussitôt, la conviction profonde, totale et absolue qu’une présence hostile se trouvait juste à la lisière de son épaule resserra ses serres sur ses tripes, un feu d’urgence brûlant dans ses veines. Alors pourquoi ? Pourquoi ne parvenait-elle plus à bouger, condamnée à observer Lunar se faufiler dans la pièce pour manipuler un tableau et la seule embouchure de leur prison ? Murée dans son corps de chair, Luz s’aperçut qu’elle ne pouvait plus même bouger la nuque. Enferrée au sol, ses membres lourds, si lourds, ardus à déplacer tant il lui paraissait devoir lutter pour avancer à contre-courant d’un air tangible… Une mélasse épaisse, abominable, qui fit croitre dans sa gorge la terrible envie d’hurler.

    Pas un son, pourtant, ne filtra de ses lèvres serrées comme un pli. Quelle malédiction venait de l’atteindre ?! Comment prévenir ses coéquipiers, hormis en roulant des prunelles, forcer le mouvement, presque à en saigner ? Derrière elle, l’étrange présence gondola, fantomatique sourire qui lui voulait du mal, elle en était certaine désormais. La sensation de malaise augmenta, pourtant un instant soufflée par une drôle de prise de conscience. L’étrangeté de la scène lui parut alors familière, d’ores et déjà vécue de multiples fois. Etait-ce… Etait-ce une sorte de paralysie du somm…

    Deux choses se produisirent, pulvérisant le dédale de ses pensées. Dans la vitrine, les œufs prirent vie sous le regard émerveillé du Fiel. En proie à sa brusque prise de conscience, les membres de Luz se délièrent du même temps, une respiration galvanisante regagnant ses poumons avec l’intense réconfort d’une reprise de contrôle. Elle avait par extension orchestré trois violents pas en avant, la tension de son corps s’effilochant enfin, bousculant Ivara sans l’avoir souhaité dans sa délivrance : la jeune femme dut probablement rencontrer l’incarnation de ses peurs puisqu’elle retourna vivement son trident sous le nez de la maladroite.

    Et puis… Et puis un arbre vivant traversa le mur. Une explosion de plâtre, de copeaux et de bris que la praticienne préférait ne pas identifier s’effondrèrent partout dans la pièce, dégageant un nuage dense de toxicité. Ce ne fut que lorsqu’une branche acérée trancha en deux cette épaisse brume en volutes impuissantes, à quelques trois centimètres du visage de Luz, qu’elle se décida à réagir. Elle pivota sur ses talons, attrapant spontanément dans le même temps le poignet de la sculptrice, cherchant à se projeter le plus rapidement possible hors du périmètre d’action du truc qui les attaquait. Malheureusement, le parquet sous leurs semelles grinça à en fendre l’âme, fourmillant d’une présence nouvelle – d’innombrables bouts noueux gangrenaient la matière, pointant ici et là le rebord d’épines et de racines traitresses. Avec horreur, Luz dut accepter de lâcher Ivara dans la précipitation du moment pour mieux parvenir à esquiver l’avancée inquisitrice d’une branche.

    « Tous aux couloirs ! hurla-t-elle, une évidence que devaient déjà avoir saisie ses coéquipiers. »

    Immobilisée aux carrefours de ces possibilités – pourquoi y avait-il autant de couloirs dans une telle baraque ?! -, la praticienne eut un dernier regard pour ses trois comparses avant d’opter au hasard pour une allée :

    « Je vous jure que si on s’en sort je vous invite tous au Festival du Solstice, laissa-t-elle filer d’un seul souffle. »

    Pourvu qu’il y ait de l’alcool. Beaucoup d’alcool ! Le cœur au bord des lèvres parce qu’elle ne parvenait pas à éloigner cette parfaite sensation d’impuissance, elle bondit pratiquement dans le couloir choisi. Les dalles s’étirèrent, et s’étirèèèrent.. Les murs se firent lointains, griffés, heurtés par les attaques diluviennes du monstre-branches, suintant d’un liquide sanguinolant sous l’éclairage carmin. Un liquide qui se fit progressivement omniprésent, déboulant, dégringolant des ouvertures créées en cascades sirupeuses. Cela s’empêtrait dans leurs chevilles, happait leurs mouvements, retardait leur course effrénée en imbibant leurs vêtements… Ils allaient se noyer.

    Oh merde, ils allaient vraiment se noyer !

    Derrière eux, la chose siffla de rage et une nuée de graines atrophiées dégringolèrent dans la matière affamée. Cela avait des dents, et terriblement aiguisées, put constater Luz lorsque l’une de ces bestioles atterrit par hasard sur son épaule. Elle parvint de justesse à s’en dégager d’un brusque balayage de ses katars, ne trouvant pas d’autres alternatives que de jeter son large chapeau au visage du monstre dans l’espoir de le retarder un instant.

    « L… Là-bas ! Une ouverture ! »

    Effectivement. En termes d’ouverture, on avait rarement produit mieux. L’interminable couloir s’achevait sur l’immensité d’une salle aux confins difficilement visualisables, un précipice obscur s’ouvrant sous leurs pieds. Seule une passerelle à l’apparence fragile leur proposait un passage, ses premières lattes rendues glissantes par le liquide rouge qui s’échappait toujours du couloir. Mais Luz n’avait d’yeux que pour les griffes de ses katars qui s’étiolaient en longues trainées de sable jusqu’à entièrement disparaitre. Plus d’arme. Que ses mains nues.

    Et dans son esprit, une interrogation obsédante.

    Depuis quand fuyait-elle devant un danger… ?

    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Lun 6 Déc 2021 - 23:34 #
    L’endroit était certainement le repaire d’un grand original, ou bien d’un noble excentrique qui avait transformé son salon en un cabinet de curiosité? Un peu comme si chaque objet ou chaque détail était le reflet d’un esprit - de quelque chose qu’elle avait peut-être déjà vu une fois. Et Lucy savait qu’elle avait déjà vu de nombreuses choses étranges. Rien que la bibliothèque, déjà était originale, sans parler de la cheminée et de ses gravures difficiles à discerner. Il lui semblait même qu’elles venaient de changer depuis la dernière fois qu’elle les avait observées…

    Un peu plus loin, voilà qu’un déblatérait des hypothèses tout en essayant de jouer avec les règles du monde autour d’eux. L’autre parlait de fantômes. C’était certain que quelque chose ne tournait pas rond, mais même sans s’entendre, le groupe avait l’air de rapidement fouiller chaque recoin de la pièce. C’était peut-être bien parce-qu’ils ne s’entendaient pas qu’ils prenaient le plus de distance l’un avec l’autre, justement. Ivara semblait passer un mauvais moment avec des bonbons, ce qui indiquait de se tenir loin des sucreries et autres petits gâteaux de l’endroit.

    Violette, de son côté, restait majoritairement calme devant toutes ces manifestations paranormales - ou peut-être simplement magiques. A se demander si elle n’était pas juste en train de faire une attraction qui lui avait volontairement fait oublier des choses. Une sorte de maison fantôme peut-être? Et on l’avait pas laissé prendre toutes ses affaires, d’où son équipement réduit. Ou peut-être que pas du tout. Ou bien peut-être un plan mineur, comme celui de l’Emport’Tout de Jaina par exemple, ou d’un sac sans fond. Clairement pas son domaine de spécialité.

    Elle n’eut pas vraiment le temps de reparler de toutes les bizarreries de la zone avant qu’une vitre ne finisse par voler en éclat, et un arbre visiblement énervé de les voir ici de commencer à attaquer ceux qui étaient les plus proches de la fenêtre. Très vite, la situation tourna à la débandade. Violette se muni tout de même d’une buche en voyant la nature de l’ennemi. Une de ces bûches au feu étrange qui ne réchauffait pas. Mieux que rien - elle n’avait pas son allume-feu avec elle et elle se voyait mal violer des silex pendant une heure avec une sorte d’arbre-insecte géant visiblement affamé. Elle trimbala alors sa bûche à la suite des autres dans le couloir, un peu en retard, mais pas vraiment dérangée par ce fait. Cela lui permettait de couvrir le reste du groupe.

    « Le Solstice? C’est pas vraiment le moment de penser aux guirlandes et aux bonhommes de neige! J’essaye de distraire la saleté qui nous poursuit, là! »

    Violette invectiva la rousse en esquivant une branche particulièrement agressive d’instinct. Elle avait bien envie de tenter des choses, mais avec une dague face à un tronc, elle pouvait se lever tôt avant d’espérer le trancher en deux. Elle n’était pas bûcheronne, après tout. Mais distribuer des bûches, elle pouvait. Une branche, ou un bras, elle ne savait pas trop, lui bloqua le passage, l’aventurière se retourna, prenant un peu d’élan, avant de fracasser la bûche en faux feu sur la tête de la bestiole. Ce qui n’eut… Pas énormément d’effet.

    « Je me disais bien que ce feu il était tout naze. Eh, ça ne coûtait rien d’essayer. »

    L’aventurière, immobile devant le monstre avançant, restait encore assez calme - l’habitude, ou son côté très peu peureuse qui n’était pas très bon pour elle. Elle haussa les épaules, avant de disparaître dans un voile d’ombre pour réapparaître au pas de course juste derrière ses compagnons d’infortune. La créature semblait même leur lancer des graines, qui, heureusement, ne menacèrent pas vraiment l’aventurière grâce à un coup de chance. Le temps pour la pièce de se faire plus sale, de les empêcher de progresser efficacement, jusqu’à arriver sur ce qui était certainement une mauvaise nouvelle. Une passerelle au-dessus d’un vide infini. L’aventurière soupira, non pas que la passerelle lui faisait vraiment plus peur que ça. Mais qu’à ce rythme, la poursuite serait ou bien interminable, ou bien se terminerait par la chute de tout le groupe quand le gros arbre posera ses grosses branches dégueulasses sur le pont. Après, Violette l’attirerait bien sur ce piège pour le faire chuter dans le vide. Mais ils n’auraient pas forcément le temps de passer.

    « Doit bien y avoir un autre passage… »

    L’idée pouvait semblait complètement conne, mais elle avait aussi appris que rien n’avait l’air d’être ce qu’il était réellement ici. Alors, avec un peu d’élan, elle se jeta droit contre un mur, fermant les yeux en étant prête à se fracasser contre. Mais elle n’entendit qu’un bruit humide et eut immédiatement cette sensation d’être immergée dans un liquide visqueux. Ouvrant les yeux, tout semblait carmin. Elle sursauta même d’un coup en voyant un squelette flotter paisiblement dans l’étendue rougeâtre semblant sans fin. La respiration coupée, elle nagea un peu, à la recherche de quelque chose, une lumière, un indice, dans cet environnement qui lui piquait les yeux…

    Elle commença d’ailleurs à manquer d’air lorsqu’elle se sentit aspirée par le bas - une sensation étrange puisque ainsi immergé, le haut et le bas ne faisaient plus vraiment de sens pour elle. Et, d’un coup, elle se retrouva à chuter dans le vide… Au-dessus de la passerelle. Arrivant du plafond, elle tomba directement sur une latte qui craqua, et, d’un réflexe, arriva à s’accrocher à une corde en battant des pieds dans le vide. Elle ne savait plus trop où était le reste du groupe, ou le monstre, elle était trempée de ce liquide rouge dégueulasse, ses oreilles étaient bouchées et tous les sons étouffés, et elle était complètement désorientée. Une bonne bouffée d’air, tout de même, commença à la remettre sur pieds. Mais elle venait de parcourir une distance… Assez importante pour le peu qu’elle avait nagé. Peut-être un bon moyen de sortir d’ici si elle nageait dans la bonne direction, pensait-elle… Enfin, elle pensera peut-être plus lorsqu’elle n’aura plus les pieds dans le vide…
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Sam 11 Déc 2021 - 21:38 #
    Ivara avait eu peur en rentrant dans cette pièce et elle eut encore plus peur lorsque la suite du programme arriva. Après avoir manqué de s’empaler sur son trident, elle se releva précipitamment, son palpitant battant à tout rompre dans sa poitrine. Elle avait manqué de mourir et elle se cramponnait à son arme - qu’elle ne voyait plus du même oeil - tout en sentant ses jambes se dérober sous elle. Elle s’était mise à trembler de peur en voyant débouler un énorme arbre mort. Un arbre mort-vivant. Haha ! Elle était bien bonne, celle-là. Ivara réussit, elle ne sait trop comment peut-être grâce aux éclats de voix de ses compagnons à reprendre contenance et à reculer pour éviter une des attaques végétales. Du coin de l'œil, il lui sembla apercevoir que Violette essayait, très courageusement, d’abattre les dites branches de l’arbre qui voulaient les attraper, voire pire. Elle n’avait pu s’empêcher de hurler de terreur. Et, en reculant, son épaule frôla celle de Luz et elle sentit le corps du médecin se tendre de surprise et de peur. Ivara eut même l’impression qu’elle allait prendre une mandale - probablement l’avait-elle prise pour une branche - mais il n’en fut rien. Comment allaient-ils faire pour s’en sortir ? Il s’était passé des choses si étranges en si peu de temps qu’elle n’avait même pas remarqué les petits œufs qui s’étaient animés devant Le Fay.

    C’était un véritable cauchemar.

    Puis, Ivara ferma les yeux et prit de profondes inspirations. Elle devait se détendre et se calmer. L’une des graines atterrit sur son front, lui arrachant une grimace de douleur et elle la ramassa à son tour pour la lancer sur l’arbre. Grave erreur car, alors qu’elle reculait aussi avec le reste du groupe vers ce qui semblait être une passerelle au-dessus du vide, l’arbre se rapprocha d’eux pour leur montrer tout son désaccord avec les pratiques dont les humains usaient contre lui.

    - Tu… N’importe quoi ! On est pas dans Harry Pot de Beurre au château des fenrir, on ne passe pas à travers les murs si on a pas de… S’était-elle exclamée en voyant Violette qui commençait à tâtonner sur la pierre lisse.

    Et soudain, elle disparut. Et l’arbre se rapprochait.

    - Que… Violette !

    Ivara ne l’aimait pas beaucoup, cette aventurière qu’elle trouvait bien trop fouine et hautaine, mais elle ne tenait pas spécialement à la voir disparaître on ne sait où dans cet environnement lugubre. Elle était aussi tiraillée par les sentiments qu’Inaros ressentait pour sa sœur et… Et elle se retrouva à plonger dans le mur, juste derrière la brunette, pour espérer la rattraper. Elle se retrouva dans un liquide visqueux et, dégoûtée, elle essaya de progresser dans celui-ci. Ça collait. Elle avait envie de vomir. Ses pieds ne touchaient même pas le sol. Elle se mit à paniquer, essayant de nager vers ce qui lui semblait être Violette. Elle sentit soudain quelque chose lui attraper le pied et elle s’enfonça dans le liquide en hurlant de terreur - encore. Elle se débattit autant que possible, se retrouvant dans l’incapacité de respirer et de fournir le moindre effort. Elle allait mourir. Elle allait mourir dans cet endroit glauque et toute seule. Elle essaya de lever les bras vers le haut, dans l’espoir que quelqu’un vienne la sauver. Peut-être que Luz et Lunar avaient aussi sauté derrière elles ?

    ***

    Inaros tapota les joues de la blonde, essayant de la réveiller. Si elle mourait dans cette dimension, qu’allait-il advenir de leur corps ? Il n’était pas certain qu’il pourrait le retrouver et avoir le droit d’y accéder le lendemain. Il préférait donc ne prendre aucun risque et essayer de ranimer la sculptrice, couverte d’un liquide visqueux rouge. Son regard dévia sur sa sœur, qui était allongée juste à côté. Il ne savait pas si elle le reconnaîtrait. Quoique. Il y aurait peut-être des chances. Il avait, grosso modo, l’apparence adulte de son lui enfant. Son vrai lui.

    - Allez, on s’réveille !
    - Inar… Inaros ? marmonna Ivara en ouvrant les yeux, se redressant en se demandant où elle était.
    - Hé ben, enfin ! Qu’est-ce que tu fous ici ? Pourquoi ma soeur est dans notre putain de dimension des rêves ? Et pourquoi ça r’ssemble PAS DU TOUT à c’qu’on a l’habitude de voir ?

    Ivara, incertaine de comprendre ce qu’Inaros lui disait, essaya de se remémorer ce qu’il s’était passé et le raconta en quelques mots au mercenaire. Elle parla des sucreries qu’elle avait essayé de manger à plusieurs reprises et qui s’était transformé en sable dans sa bouche, de la fournaise à laquelle ils avaient échappé dans le désert - et qu’elle aurait sûrement préféré que ce soit de la  neige ! et de l’horrible arbre tueur qui avait essayé de les exterminer. Ils avaient beau se haïr, la sculptrice avait conscience qu’il venait probablement de leur sauver la vie. Intérieurement, elle était aussi soulagée de voir Violette, saine et sauve, sur le côté. Elle observa un peu plus le paysage autour d’eux. Ils étaient sur les rives d’un lac rouge. Autour d’eux, toute la végétation était morte mais, au moins, il n’y avait plus ce sable infernal. Juste de la terre.

    - Et… Et Luz ? Et Lunar ? Tu ne les as pas vus ? Et depuis quand tu portes des  pulls moches comme ça ?

    Inaros secoua la tête, ignorant la pique gratuite d’Ivara à son encontre, puis, remarquant un mouvement chez sa sœur, il délaissa Ivara pour s’approcher d’elle et l’aider à se relever.

    - Vio… marmonna-t-il, montrant par là qu’il était peut-être plus préoccupé par l’état de santé de sa soeur que celui d’Ivara. C’pas ton monde, faut qu’on t’fasse sortir d’ici.

    Parce que, tant qu’il ne verrait pas la dénommée Luz et Lunar de ses propres yeux, il ne se préoccuperait pas de leur sort. Et encore moins de l’arbre tueur qui avait cherché à les exterminer.

    Il n’était pas ici, hein ? L’arbre.

    Comme si le destin voulait lui donner tort, un énorme fracas abattit plusieurs arbres aux alentours et Ivara se releva d’un bond, prête à se défendre. Inaros, lui, s’était instinctivement placé devant Violette et avait dégainé sa lame secrète sous la forme d’une épée. C’est alors que, un peu ébahis, Ivara distingua les contours d’une cape, puis d’une chevelure rousse.

    - Oh Luz ! Tu es vivante ! Tu es là ! Mais comment ? S’exclama-t-elle en courant à leur rencontre et en faisant fi du potentiel danger qu’ils auraient pu ramener avec eux.

    Inaros, lui, avait rengainé son arme en voyant que les nouveaux arrivants étaient des alliés. Il ne pouvait toutefois pas s'empêcher de se demander ce qu'ils faisaient ici. Qui les avait piégés dans le monde des rêves ?
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Dim 12 Déc 2021 - 11:20 #
    - C’est pas vrai… pestait Lunar alors qu’il émergeait de l’eau rougeoyante. Suffisait d’ouvrir une porte. JUSTE ouvrir une porte, mais non madame Les Gros Bras préfère foncer dans un mur. Madame les Gros Bras préfère nous faire nager dans un lac de sang. Mais c’est pas croyable

    S’extirpant tant bien que mal hors du lac carmin, de l’eau goûtait des vêtements de Lunar alors que ce dernier ne paraissait même pas mouillé. Ses cheveux étaient toujours coiffés comme auparavant, sa chemise n’était pas humide ni plaquée contre sa peau, sa cape n’était pas alourdie et ne lui pendouillait pas dans le dos. Les gouttes tombaient à répétition de son col, du bas de son pantalon, mais l’eau ne touchait jamais le sol. En plein vol, le rouge devenait bleu. Le bleu se changeait en nacre pour devenir une perle. Puis, heurtant le sol, la perle se métamorphosait brutalement en rocaille pour éclater en plusieurs morceaux, ridicules graviers se mélangeant aux autres sur la berge. Le groupe se trouvait à présent sur les rives de ce grand lac macabre, perdu au milieu d’une ceinture de reliefs, au bas d’un sentier de terre qui menait vers ce qui ressemblait à une pagode.

    Dernier arrivé de leur groupe, il se posta au milieu de tous une fois sorti de l’onde. Tout le monde était présent, plus ou moins choqué, plus ou moins mouillé. Un homme étrange les avait rejoint, ses cheveux bruns mi-longs lui tombant sur les épaules. Le regard perçant, il avait l’air de connaître l’aventurière brune et la blonde, Mrs. Hudson. Lunar n’en avait cure, une personne de plus ou de moins, tout ceci n’avait plus aucune importance. Cette petite plongée avait eu le mérite de lui avoir redonné les idées claires, limpides même, contrairement à ce lac infernal. Sa petite troupe avait l’air passablement déboussolée, sur les nerfs et ni l’intervention du monstre phasme ni l’arrivée du gaillard musculeux coiffé comme une libraire n’arrangeait quoi que ce soit. Lunar ne dérogeait pas à l’esprit général et se sentait passablement courroucé de ces infortunes à répétition. D’un mouvement de bras, il renvoya sa cape en arrière, causa une importante expulsion de perles.

    - Bien, j’ai découvert où nous sommes, fit-il sans même porter attention à l’inconnu qui les avait rejoint. Et sachez, Gros Bras, que malgré le fait que votre présence soit objectivement exaspérante, c’est vous qui m’avez donné la clé pour percer tout ce micmac.

    S’éclaircissant la gorge, Lunar replaça une mèche d’un mouvement de doigts alors qu’elle retombait devant l’un de ses yeux.

    - Un rêve. Nous sommes dans un rêve. Enfin, un cauchemar pour être technique. Mais nous sommes présentement plongés ensemble dans un rêve lucide. Le chaos constant, les êtres impossibles, passer d’un biome à un autre, traverser un mur pour finir dans un lac de sang… Tout ceci est propre d’une dimension onirique. C’est bien elle, l’aventurière, qui m’a fait deviner tout cela. Et si vous voulez une preuve

    Lunar frappa le sol à l’aide de sa canne. L’impact au sol fit voleter quelques cailloux qui restèrent un moment en lévitation avant de retomber mollement sur la terre. Les graviers s’ouvrirent comme des paupières pour montrer des iris pourpres et des pupilles révulsées. Là où l’académicien avait frappé sa canne, des petits rameaux de ronces commençaient à pousser avant de se mettre à gigoter et à feuler comme des serpents.

    - Vous voyez ? Reprit le jeune homme d’un ton impérieux. Tout ici réagit à la moindre de nos actions, du grain de poussière jusqu’au mur d’un salon. Tout ce que l’on a pu observer depuis notre arrivée ici n’a eu d’autre but que de nous mettre mal à l’aise ou nous terrifier. Rien n'a de logique, pas plus que les réactions obtenues.

    D’un geste prompt, Lunar écrasa les ronces qui, non content de lutter pour rester animées, ne partirent pas sans un petit cadeau d’adieu. Les épines et tiges devinrent chair pour se tasser en une charogne nauséabonde et purulente, sous le regard courroucé du scientifique dont les narines commençaient à piquer. Il ignorait si les autres l’avaient réellement écouté, ou juste entendu. Mais cela n’allait pas l’empêcher de continuer son exposé :

    - Dernier élément : le monstre qui nous a sauté dessus. Il ressemblait trait pour trait aux arbres du désert dans lequel on a atterri. Et je suis persuadé qu’il s’en cache encore dans la végétation morte plus loin sur le sentier. C’est la quintessence du cauchemar, la menace qui poursuit sans arrêt la personne endormie, donc je doute qu’on en soit débarrassé même après notre petite barbotte.

    Lunar leva les yeux vers le chemin qui menait à la pagode. Tout une série de buissons et d’arbres calcinés jonchaient la route, toisant le groupe d’un air menaçant. D’autres monstres étaient là, c’était certain. Mais le jeune homme n’était pas tant inquiet par les potentiels monstres tapis dans l’ombre, mais par la manière dont ils parviendraient à sortir d’ici. Là encore, des théories filaient à toute allure dans son esprit mais sans réelle certitude qu’elles pouvaient être mises en application.

    - La question est… Comment sort-on d’un rêve ? Bûchait Lunar en fronçant les sourcils. La réponse la plus simple est, évidemment, de se réveiller. Mais comment se réveiller alors que l’on est déjà lucides ? Suffit-il d’attendre ? De continuer à progresser comme des âmes en peine dans ce dédale ? Ou mourir dans notre rêve pour forcer le réveil ? Ce dernier point est sans doute le moins capillotracté à vrai dire

    Soudain, comme un coup de tonnerre, Lunar se tourna brusquement vers l’inconnu aux cheveux longs pour pointer sa canne vers lui.

    - Vous ! Déclinez votre nom, prénom, activité professionnelle et signe astrologique. Immédiatement. Nous procéderons ensuite à votre inclusion dans le groupe, avec possible remplacement des Gros Bras ici présente.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Jeu 16 Déc 2021 - 11:20 #


    Courroucée d’avoir perdu Violette et Ivara dans ce tortueux scénario, Luz s’était extraite à la suite du Fiel de la poisseuse matière rouge. Les gouttelettes qui s’étaient empêtrées sur son corps eurent une réaction contraire à celles de Lunar : les petites perles carmin paraissaient furieusement glisser à rebours de sa silhouette, une fraction de seconde rattachées aux bouts de ses doigts pour mieux se précipiter dans les airs. Le nez tourné vers le ciel à s’en dévisser la nuque, Luz cessa de contempler ce singulier phénomène lorsque les dernières notes cristallines disparurent loin en altitude. Ce n’était certainement pas le spectacle le plus bizarre des parages, comme elle ne tarda guère à le constater quand ils s’engagèrent entre les fourrées. Des arbres et des arbustes distordus étiraient leurs griffes squelettiques jusqu’ici et si la praticienne se serait volontiers passée de les approcher, l’étroit chemin qu’ils suivaient ne leur laissait guère l’opportunité de savourer cette distance. Et, chaque fois que ses pas s’abandonnaient trop près d’un végétal, celui-ci était comme pris d’un sursaut. La branche se rétractait avec un bruit de succion désagréable à l’oreille, l’écorce d’ordinaire noire se racornissant avec la promptitude d’une fleur décomposée. Le tout s’achevait en un fin filament torturé sur le sol, presque cendreux, enroulé sur lui-même dans un maigre nuage de poussière terreuse.

    Leur rôle dans ce paysage avait-il sensiblement changé ? Leurs actes avaient-ils amorcé une modification, les annonçant non plus en tant qu’impuissantes victimes, mais bien comme en partie prédateurs ? L’initiative de Violette qui les avait conduits à bondir dans le mur rouge n’était peut-être pas prévue dans ce monde cauchemardesque et les éléments de ce dernier peinaient à présent à conserver leur superbe face à des individus plus affirmés. A l’exception près de l’arbre tueur qui était toujours à leur poursuite, créature omnipotente qu’un groupe de malappris rebelles n’inquiétait guère. Comme il était curieux d’évoluer dans sa directe proximité ! Luz se rappelait encore du désespoir écrasant qui avait étreint sa poitrine, de l’impression fugace mais intense de ne pouvoir fuir à temps et de la difficulté de mouvoir ses jambes…

    Elle chassa ses pensées lorsqu’ils parvinrent à s’extraire de ce champ forestier en ruines, découvrant non plus deux alliés mais trois sur le sol abîmé. Il était plus qu’évident que Violette et Ivara connaissaient toutes deux le dernier venu au regard de leur comportement respectif. Passer autant d’années à étudier les gens, à poser sur eux un regard curieux et soucieux d’apprendre, avait au moins eu le mérite d’aider Luz à percevoir relativement bien les liens susceptibles de relier les personnes qui l’entouraient. En l’occurrence, la nature de cette relation lui demeurait un mystère, mais elle était capable d’affirmer que les deux jeunes femmes se mouvaient en totale conscience de la présence de ce troisième luron. Leurs émotions, toutefois, semblaient aux antipodes…

    Luz s’était cependant d’ores et déjà focalisée sur les explications de Lunar, acceptant une réalité que son esprit avait progressivement perçue ces dernières minutes. Elle songea avec une pointe d’ironie que son expérience en matière de pastilles de rêve portait enfin ses fruits. Avoir été piégée d’aussi nombreuses fois dans des rêves divers et variés, notamment au cours des saisons chaudes des deux années précédentes, lui procurait une forme d’acceptation assez véloce. Quelle incroyable coïncidence avait encore poussé un potentiel agresseur à se servir d’une telle pastille contre elle ?! A moins qu’il ne s’agisse d’un pouvoir ? Magie personnelle ou non, Luz décida dans la seconde qu’elle n’en pouvait plus de ces foutus mondes oniriques qui persistaient à s’inviter dans sa vie contre son gré. Les sourcils froncés sur un pli pensif, elle avait coulé un regard en coin à Lunar pour mieux donner voix à ses soupçons :

    « Je ne parviens pas à me réveiller par moi-même. La mort me parait être une excellente option, mais je suis d’avis de ne pas laisser faire la bestiole qui nous poursuit… Nous ne savons pas quelle est l’origine de ce rêve ni si les actions que nous produisons ici ont un impact sur notre corps réel. Et, j’ai tendance à ne pas vouloir laisser faire le scénario de ce cauchemar ! »

    Après tout, dans le cas où le monstre d’épines et de racines serait l’incarnation absolue du pouvoir d’un agresseur, mieux valait le décevoir et ne pas tomber dans son piège. Luz s’était de toute façon avancée d’une foulée jusqu’à Ivara, portant derechef la paume de sa main aux pointes de son trident. Elle n’avait aucune seconde à perdre ici. Le souvenir d’un certain squale peut-être en danger ne cessait d’aiguiller sa gorge serrée. Malheureusement, les pics s’aplatirent sous sa main comme quelques tiges molles, reprenant promptement leur forme aussitôt qu’elle les laissait libres.

    « … Est-ce qu’il vous reste la moindre arme tranchante ? s’enquit-elle en pivotant sur ses jambes, jetant un long regard circulaire et lourd de sens à ses coéquipiers. »

    Ce faisant, elle s’était judicieusement positionnée au plus proche d’Ivara, pratiquement entre la sculptrice et l’autre nouveau venu. Elle ignorait son identité mais ne pouvait passer sous silence la certaine tension qui avait pris corps chez sa blonde amie. Et voilà que Luz regardait à présent presque avec défiance cet étranger, le menton un tantinet plus relevé qu’il ne le fallait, aux abois à la façon d’un chien de meute prêt à mordre au moindre mouvement suspect. Elle avait ainsi deux problèmes principaux : sortir d’ici, et déterminer si ce type était un ennemi d’Ivara. Pour le premier cas, le rêve ne paraissait pas vouloir leur rendre la tâche aisée et ses katars étaient depuis belle lurette partis en bulles de savon… Pour le second, elle n’attendait qu’un seul mot de la citoyenne.

    « Bizarre que tu n’arrives que maintenant, lança-t-elle au jeune homme d’une voix tranchante. Qu’est-ce qui nous dit que tu ne fais pas partie de ce piège onirique ? »

    La fin de sa phrase fut pratiquement coupée par les stridulations torturées d’un hurlement loin derrière la ramure des arbres. Un cri traduisant la promesse de douloureuses blessures, au fur et à mesure que la créature se rapprochait d’eux…

    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Dim 19 Déc 2021 - 20:15 #
    De l’air, enfin.

    Violette s’était étalée sur la grève d’un lac rouge comme ce qu’elle venait de traverser. Trempée de ce liquide rouge sirupeux, elle était pour le moment restée couchée sans vraiment la force de rassembler ses pensées pour réfléchir à ce qui venait de se passer. Si ce n’était au fait que quelque chose n’allait pas dans cet endroit, bien trop chaotique, bien trop aléatoire, pour être complètement réel. Ce n’était certainement pas quelque chose de réel, elle en avait bien conscience. Un peu comme une illusion, ou un cauchemar dont elle ne pouvait pas vraiment se réveiller, étrangement.

    Elle se roula parmi le sable et les graviers, et en ressorti tout à fait sèche, une impression en deux dimensions d’elle imprimée en gelée rouge sur le sol. Elle remarqua à peine qu’Ivara venait d’arriver avec quelqu’un d’autre alors qu’elle récupérait encore de cette brasse improvisée. Visiblement en train de réveiller la sculptrice, d’ailleurs. Elle n’avait aucune idée de quand, ou de comment il était arrivé là, mais semblait un minimum bienveillant. Enfin. Pas en train d’essayer de la tuer, de la dévorer, ou quoi que ce soit du genre. Ce qui était déjà un plus, par rapport à ce qu’ils venaient de fuir.

    L’aventurière mit bien quelques temps à percuter sur l’identité de cette nouvelle personne. Mais tout cela commençait à faire sens, petit à petit. Sortir de leur dimension des rêves? Comme si c’était là un rêve ou un cauchemar partagé? L’aventurière ne connaissait qu’un seul moyen d’arriver à ce résultat sans pouvoir particulier, mais ne pouvait décidément pas se rappeler si elle avait mangé une pastille de rêve ou non. Dans tous les cas, voir Inaros expliquait en partie pourquoi ce monde était aussi plein de surprises.

    « Nikolaos? Qu’est-ce-que ça veut dire que tout ça? On est, genre, dans votre rêve? »

    Il fallait dire qu’elle n’avait aucune idée de comment leur cohabitation se passait, ni comment ils parlaient ou bien comment leur sommeil fonctionnait. Mais si il était là, était-ce parce-qu’ils se retrouvaient dans la tête d’Ivara, ou bien parce-qu’il était au final lié à la marchande qu’il avait été amené avec? Mais pourquoi arrivait-il alors si tard?

    Ils furent bientôt rejoints par les deux autres personnes, un peu en retard, Violette réfléchissait un peu, et commençait à voir comment les choses fonctionnaient dans cet endroit. Mais, elle pouvait déjà affirmer que cet endroit semblait… différent. Du moins de son point de vue. Un lac d’un rouge peut-être inquiétant, mais au final plutôt calme. Toujours des arbres morts, autour d’eux, mais la scène était presque iréelle, tandis que les gouttes de cette substance rouge dansaient étrangement selon les personnes. Parfois, ils allaient rejoindre les étoiles, ou ils changeaient de couleur avant de changer de couleur en touchant le sol. Il y avait quelque chose de plus serein à cet endroit, comme s’ils avaient réussi par ce raccourci improbable à quitter un court instant le cauchemar. Même si quelques manifestations un peu effrayantes arrivaient encore, elle était bien plus apaisée qu’avant. Un peu comme lors d’un premier jour de neige de l’année.

    Leurs explications avaient du sens, même si le brun semblait reparti dans ses déblatérations théorico-impratiques. Faire des expériences, constater des phénomènes, même si parfois il fallait prendre des risques pour ça, donnait bien plus de données à partir desquelles travailler que de tirer des plans sur la comète.

    L’aventurière s’étira doucement, se redirigeant vers les rives du lac une fois ces échanges terminés. Si le monstre ici présent était en effet la clé de ce mystère, elle avait peut-être une idée.

    « C’est sûrement pas du sang, mais une substance liée à ce rêve. Comme si, autour de celle-ci, le cauchemar a l’air d’avoir plus de difficulté à garder son emprise. Les gouttes étaient plutôt agréables à l'œil, et les phénomènes nocifs ont l’air moins présents. »

    Elle ne saurait pas dire si c’était comme l’oeil d’un cyclone, ou alors s’ils s’en étaient éloignés et étaient proches d’une frontière qui leur permettrait peut-être d’en sortir. Mais là encore, sans expérience, ils n’avanceraient pas. Prenant de ce liquide étrange avec les mains, elle le porta jusqu’à son visage, renifla quelques instants la substance…

    « Ca sent la framboise, maintenant. Ça ne sentait pas comme ça avant. »

    Et puis, hein, puisque ça sentait la framboise, autant aller un cran plus loin. Il fallait bien essayer. Elle porta ses mains en coupe jusqu’à ses lèvres, avant de boire une petite gorgée. Le goût était… plus étrange que de la framboise. Indescriptible, à vrai dire. Acide, sucré, cachant une pointe d’amertume qui n’avait rien à faire dans ce mélange étrange. Elle se mit légèrement à tousser, jusqu’à ce que le dernier ne finisse par colorer ses cheveux en violet, alors que ses yeux se faisaient plus sombres. Comme si leur couleur avait été inversée. Enfin, l’aventurière, elle, ne remarqua que sa chevelure. Elle n’eut pas vraiment le temps de s’en préoccuper, que la rousse de son côté émettait quelques doutes sur ce cinquième participant.

    « Ça m'étonnerait qu’il fasse partie du piège, il est sûrement avec nous. Enfin, je peux comprendre pourquoi il le serait. »

    Elle ne pouvait pas vraiment dire pourquoi, par contre. Donc elle laisserait le reste des explications à Ivara et Nikolaos. D’ailleurs, peut-être devrait-elle plutôt l’appeler Inaros maintenant que les deux autres les avaient rejoints. Là encore, avaient-ils vraiment le temps de se chamailler alors qu’au loin, la créature semblait revenir?

    « Cet endroit à l’air moins cauchemardesque que le reste. Peut-être que si on plonge ce machin dans le lac ça le fera disparaître? Je ne vois pas trop comment on pourrait le vaincre de manière normale en étant désarmés. Ni vraiment de quoi faire un piège mortel. Même si le bois à priori flotte, le lac n’a pas l’air normal. Peut-être qu’il se noiera. »

    Là encore, on essaye des choses, et on regarde si ça fonctionne ou non.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Ven 7 Jan 2022 - 19:57 #

    - Inaros f’ra largement l’affaire. Oubliez ces conneries d’astrologie. Même si on est dans l’monde des rêves, j’vois pas c’que ça pourrait apporter.

    L’homme ferma les yeux, déjà las de l’attitude de la rouquine. Il avait sauvé Ivara et Violette, n’étaient-ce pas une preuve suffisante de sa coopération ? S’il l’avait voulu, il aurait tout aussi bien pu les laisser couler dans cet étrange liquide visqueux, que sa sœur était déjà en train de goûter. Il avait d’ailleurs gratifié d’un hochement de tête approbateur son intervention pour évincer les doutes qu’il suscitait chez les deux autres. Il ne manqua pas de le rappeler, répétant qu’il était de leurs côtés. Ivara, elle, avait froncé ses sourcils et croisé ses bras contre sa poitrine. Elle l’observait et mettait clairement sa parole en doute. Juste comme ça. Parce qu’elle en avait furieusement envie et qu’il lui pourrissait la vie depuis toujours. Elle avait envie d’aller le démolir et, lorsque Luz constata que son trident était devenu un vulgaire jouet de pacotille, elle serra ses poings en les dissimulant sous ses vêtements.

    - C’est pas l’monde des rêves où j’ai l’habitude d’aller, confiait Inaros aux autres membres de l’équipe. Parce que j’suppose que t’es la rouquine qui sait d’jà pour elle et moi ? Mais il se retint bien de mentionner qu’il savait qu’elle était célonaute et que, quelques lunes auparavant, ils avaient affronté une entité divine sur le Désert Volant. Donc, c’monde n’est pas c’lui qu’on a l’habitude d’voir tous les deux. S’tuer restera sans doute la meilleure des solutions pour r’partir mais c’truc… Comme pour lui donner raison, les cris de la créature qui poursuivait cet étrange quatuor depuis le début de l’aventure se fit entendre une nouvelle fois. ... C’truc vous laissera probablement pas faire. J’pense que lui tendre un piège pour l’faire s’noyer dans c’lac est une bonne idée. Ça peut être très profond si on l’veut vraiment, d’quoi la laisser… Naviguer pour l’éternité ?

    Ivara, qui retenait son souffle depuis tout ce temps, laissa échapper un petit sifflement admiratif et s’approcha de quelques pas pour faire face à Inaros.

    - Je ne te savais pas capable de prononcer autant de mots à la suite. Et sur une diction bien plus agréable que ce que tu fais d’habit… Hé ! Arrête de me lancer des cailloux dessus !

    Le duo faisait probablement beaucoup de peine à voir, mais essayez donc de cohabiter avec quelqu’un pendant aussi longtemps, sans en avoir la moindre envie. Une partie de leur esprit était déjà probablement bien abîmé, trop abîmé, pour qu’ils soient récupérables. Inaros avait, habilement il faut le dire, récupéré du sable sur les berges du sol et en avait fait plusieurs petites billes de verre, qu’il avait transformé en boule de verre pour les jeter sur la sculptrice. Cette dernière, agacée, avait alors plongé sa main dans le sol pour en extirper du sable et avait commencé à créer du verre en fusion, qui tournait lentement autour de ses dix doigts et qu’elle s’apprêtait à jeter sur le mercenaire.

    Il fallut une bonne intervention pour leur faire remarquer qu’ils avaient ramassé du sable là où il n’y avait eut que de la terre quelques secondes auparavant. Interloqués, la blonde et le brun s’arrêtèrent aussitôt et se penchèrent tous les deux pour tâter davantage le terrain.

    - Comment le sable a-t-il pu apparaître…
    - Est-ce que… Est-ce que tu l’as souhaité très fort ?
    - J’ai surtout souhaité que tu disparaisses dans d’atroces souffrances mais c’était visiblement trop demandé…
    - Ivara. J’suis sérieux.
    - Bon, oui, ok, j’ai souhaité avoir du sable et…
    - Alors peut-être que…
    - Et si… ?

    Les deux se regardèrent en même temps, comme si le reste du groupe n’existait plus. Ils étaient dans le monde des rêves, ce qui était déjà suffisamment loufoque, alors pourquoi ne pas tenter l’impossible ? Ce n’était pas encore le moment de faire ses voeux pour le Solstice, mais, hé, peut-être que Lucy était là, cachée quelque part, à veiller sur eux et à les regarder évoluer pour son bon plaisir pendant qu’elle sirotait une coupe de vin en mangeant des raisins.

    Inaros fut le premier à se relever et à bondir vers les autres.

    - Essayez d’penser à c’que vous voudriez. Là maintenant. L’truc dont vous auriez vraiment besoin et qui vous manque. Si ça a marché pour nous, ça devrait marcher pour vous. Non ?
    - Et on pourrait probablement réussir à… Souhaiter pouvoir mourir !

    Un peu glauque, dit comme ça. De fait, ça ne manqua pas de lui arracher une grimace. L’idée de porter atteinte à sa propre vie était peu reluisante, mais puisque rien n’avait de sens par ici, autant aller jusqu’au bout. La sculptrice ferma donc les yeux et s’imagina avec une montagne de sable, juste derrière elle. Quoi de mieux que du sable pour qu’elle puisse faire à peu près tout ce qu’elle voulait ? C’est alors qu’émergea derrière elle son souhait le plus cher… Sous la forme d’une petite pyramide de sable de dix centimètres de haut. Ok. Peut-être que la personne qui écoutait ses souhaits aimait beaucoup rire.

    Un peu plus loin, Inaros soupira. Mais il n’eut pas le temps d’ajouter quoique ce soit que l’arbre tueur arriva en courant devant eux et fonça tête baissée sur sa première proie : Inaros. Le mercenaire se jeta sur le côté, lançant un peu de verre liquide bouillant sur l’arbre pour le déstabiliser à son tour. Il eut l’impression qu’il était très lent et pesta contre cette lenteur. C’était comme s’il n’était soudain plus capable de faire quoique ce soit. Il était lent et empoté. Et, tandis qu’il allait se prendre une branche de l’arbre sur la tête, il vit soudain Ivara qui se plaçait à côté de lui pour l’aider à atteindre les racines apparentes, qui semblaient être son moyen de locomotion. À deux, ils réussirent à en faire fondre quelques-unes, et ils étaient bien obligés de se protéger l’un l’autre des attaques sournoises des branches lorsqu’elles étaient dirigées contre eux.

    - On va essayer de le retenir, mais trouvez un moyen de vous tuer ! Cria-t-il en direction des autres.
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Sam 8 Jan 2022 - 16:14 #
    - Nous tuer, nous tuer… Comment procéder… Hm

    Debout, Lunar cogitait alors que le reste de son petit groupe vivotait autour de lui. Même prisonnier d’une réalité onirique dans laquelle rien n'avait de sens ni d’impact, la question méritait d’être posée et réfléchie. Ce n’était pas tous les jours que l’on se donnait la mort, du moins quand on n'avait pas de pouvoir de résurrection. Ce genre d’enchantement contre nature était devenu fort demandé depuis la popularisation des techniques d’imprégnation runiques et la recrudescence incroyable de recrues au sein de la Guilde comme de la Garde. Chaque tête blonde était prête à dépenser des monceaux de cristaux, des fortunes colossales pour espérer revenir dans le monde des vivants. Lunar n’était pas dupe. On pouvait délayer son destin, mais personne n'échappait à la Mort. Le cycle naturel des choses était fait ainsi, et dans l’esprit scientifique de Lunar, il valait mieux dépenser sa fortune dans de meilleures améliorations, surtout si c’était pour tout faire pour ne jamais s’en servir. Ces aventuriers et militaires pouvant revenir à la vie mais passant leur temps en arrière file à penser au brillant de leur armure plus qu’à la défense de leurs camarades valaient autant que des bouses de porc-becue.

    - Poussez-vous, Mrs. Hudson, je réfléchis, lança l’académicien à la sculptrice blonde alors qu’il passait près d’elle, bougeant légèrement sa canne face à la jeune femme.

    Encore une fois, ses partenaires l'ignoraient, ou en tous cas faisait bien mine qu’il n’était pas là. Il n’en avait cure, il ne les tenait pas en haute estime de toute façon. Sauf peut-être Luz Weiss en qui il voyait une consœur émérite. Après tout, en tant que grand nom de la médecine, elle était une femme de science dont la réputation n’était plus à faire. Un domaine bien différent de celui de Lunar, mais la demoiselle opérait avec ferveur et conscience. Puis, elle avait fait ses armes en tant que membre de l’Académie des Sciences, il savait donc qu’elle était quelqu’un d’intérêt. Il ne pouvait pas en dire autant de l’aventurière brune qui n’avait fait que l’injurier depuis le début de leur périple. Lunar avait beau détester la Guilde, le comportement acariâtre et irrespectueux de Violette n’aidait pas à redorer son blason dans le cœur du jeune homme. Ne restaient que la sculptrice blonde à qui il n’avait pas grand chose à dire, et qui ne lui avait pas dit grand chose non plus et l’inconnu à cheveux mi-longs qui l’avait également royalement ignoré. Outre la créature à leur poursuite dans le cauchemar, Le Fay en avait passablement assez. Cessant de faire les cents pas, il dégaina une grande lame de sa canne, plantant le fourreau dans le sol qui se transforma en petit arbuste fait de tentacules et de viscères.

    - Bien ! Fit-il solennellement. Weiss, prenez une pierre et jetez la sur Mrs Hudson, cela devrait suffire à lui briser le crâne. Ensuite, trouvez un silex et tranchez-vous la gorge. Gros Bras, essayez de réfléchir pendant environ cinq secondes, votre crâne non habitué devrait surchauffer et faire griller votre cervelle. Ne reste que vous, Inconnu qui ne m’a jamais répondu, débrouillez-vous, je suppose. Coupez-vous les cheveux et étouffez-vous avec, ça devrait marcher. En ce qui me concerne, j’ai mon épée. Weiss, je vous adresserai un courrier sous peu. Sur ce

    Lunar n’insista pas davantage et retourna sa propre lame contre lui pour l’enfoncer dans son torse, directement sur son cœur. L’académicien ne sentit rien du tout, aucune douleur, aucune sensation, aucune goutte de sang ne sortit de la blessure d’ailleurs. Il commença à s’évaporer en une traînée de poussière cristalline. Son épée disparut à son tour en une traînée diamantée qui partit vers le ciel. La poussière pailletée tourbillonna autour de lui avant de devenir fumée. Ses compagnons d'infortune ne devinrent que des formes sans couleurs ni contours, le décor autour d’eux se transforma en une masse informe impossible à discerner. La fumée devint de plus en plus opaque jusqu’à ce que tout devienne noir…

    Lunar ouvrit les yeux, éveillé par le hululement d’une chouette et le bruit de petits coups sur des carreaux. Le jeune homme se redressa. Il se trouvait dans ses appartements à l’Académie des Sciences, allongé dans son grand lit, la lumière de la lune passant au travers des rideaux. La lanterne à cristal au-dessus de sa table de chevet était éteinte et, tentant de l’allumer, le garçon fit tomber une pile de livres directement au sol. Soupirant, agacé, il attrapa une robe de chambre de soie avant de la passer pour se lever et se diriger vers la fenêtre depuis laquelle on l’appelait. Tirant le rideau, Lunar se retrouva face un oiseau de proie aussi grand qu’un avant-bras, le plumage blanc comme de l’ivoire. La chouette effraie l’observait avec les billes noires qui lui servaient d’yeux, ses serres raclant contre la pierre du parapet comme si elle était dans l’expectative. Lunar se fit pas prier et, ouvrant le tiroir d’une cabinet près de lui, sortit quelques morceaux de viande séchée. Le zoologue ouvrit la fenêtre, l’animal parfaitement calme face à l’humain qui lui apportait à manger. Et, quand ce dernier avança sa main, elle se mit à picorer les lambeaux de viande à l’aide de son puissant bec.

    - J’ai été piégé dans un cauchemar, ma chère.

    La chouette, comme si elle l’avait compris, releva la tête et cessa de manger pendant quelques instants, considérant Lunar alors qu’il gardait sa main tendue. Son regard aussi perçant que celui de l’oiseau, Le Fiel soutint son regard, se remémorant ce qu’il lui était arrivé. Les autres devaient être eux aussi en train de se réveiller, ou peut-être toujours piégés dans le monde du cauchemar.

    - Cette petite escapade m’a bien fait réfléchir. Il est grand temps de faire quelque chose quant à l’état de ce royaume. Bientôt je partirai pour la Forteresse. Il va être grand temps de réfléchir à réunir plusieurs profils et mettre en place cette… Cour.

    La chouette s’était redressée, l’écoutant avec attention.

    - Imagine donc un peu, un groupuscule secret réunissant les plus grandes têtes d’Aryon, agissant en éminences grises pour changer la face du royaume. Fortunes, génies, grandes familles et dignitaires… Et qui de mieux qu’un des cerveaux de l’Académie des Sciences, fleuron de la recherche du royaume, pour amorcer telle entreprise ?

    L’oiseau secoua la tête en hululant, s’abaissant pour prendre le dernier morceau de viande alors que Lunar se mit à passer ses doigts pour caresser les plumes d’une de ses ailes.

    - Tu en ferais d’ailleurs un merveilleux symbole… ça sonne bien, la Cour des Hiboux.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Mer 12 Jan 2022 - 22:50 #


    Dernièrement, Lucy devait avoir abordé la phase « cuite » de sa nuit d’ivresse. Comment expliquer autrement le chaos qui se déchainait sous ses yeux, les racines soulevant des gerbes de terre et de sable mêlés, si ce n’était même la disparition impromptue et tragique de Lunar ?! Abasourdie, pressentant à son réveil une migraine de tous les diables, Luz dut mettre un terme à ses projets de création de baignoire. Heh quoi, le Désert volant avait laissé ses traces indélébiles chez elle, notamment une inimitié féroce envers tout grain de sable : c’est donc naturellement qu’elle avait de prime abord fermé les yeux dans l’espoir de faire apparaitre une baignoire. Malheureusement, tout comme Ivara et son double maléfique avaient écopé d’un monticule miniature, la praticienne ne put que constater, dépitée, la présence d’une misérable flaque d’eau clapotante à ses pieds.

    « Ah, l’eau est chaude, constata-t-elle avec plaisir, son index planté dans la boue. »

    Parfois, l’urgence de la situation était ardue à saisir dans un monde onirique. Aussi sa nouvelle création aquatique lui rappela-t-elle subitement qu’elle possédait encore une arme de destruction massive, seul objet à avoir résisté à ce satané rêve.

    « On ne bouge plus ! hurla-t-elle en bondissant sur le chemin, les doigts fermement passés autour de son Manta Pist’, absolument déterminée à en découdre. »

    L’arbre-monstre marqua un formidable temps d’arrêt. Quelque chose à mi-chemin entre la bouche béate, un bruit de sève éclatée, fort proche de la succion stoppée nette. Etait-ce la vision du formidable engin magique qu’elle brandissait sous sa branche, ou celle d’une jeune échevelée en tenue de sorcière campant sur ses positions ? Elle ne le sut jamais. Car un bout de bois plus véloce que les autres vint la faucher d’un mouvement impatient, telle Martha au premier jour de la récolte. Luz partit ainsi s’écraser trois mètres plus loin dans un chuintement désagréable de poumons, incapable de sentir son Manta Pist’ lui échapper des mains. L’objet vola d’une improbable manière, fendu sur sa longueur, déversant partout alentour une onde claire et chaude, rendue moite par la terre cendreuse. Voilà que cela n’en finissait plus de s’écouler, le liquide comme tout droit sorti d’un impossible trou noir que Luz venait d’ouvrir par mégarde.

    « Aïe… geignit-elle en tâchant de se relever sur un coude, mue par la nécessité de suivre le reste du combat. »

    L’endroit était devenu une véritable patinoire artistique. Aiguillonné de toutes parts par les attaques adroitement placées de ses compagnons, l’arbre-monstre eut soudainement cette drôle de gestuelle des corps en chute libre – vous savez, les racines qui tressautent, le tronc qui se tend vers le ciel. Beaucoup de similitudes, en somme, avec la parade amoureuse d’un Birb, ces terribles oiseaux des légendes apocalyptiques.

    « O-Oui ! Il est en train de glisser vers le lac ! »

    Bien mal lui en pris de s’exclamer de telle manière. Le plan de violette serait peut-être une réussite, tout compte fait, mais elle n’eut pas l’heur de le découvrir par elle-même. C’est qu’en s’écriant, elle avait spontanément avancé d’un pas, engloutie dans l’instant dans un trou d’eau sombre et béant. Son cri mourut promptement, ne laissant derrière elle qu’un glougloutement étiolé et la lente valse de son chapeau de sorcière : au moment où celui-ci se déposa paisiblement sur la surface, ses contours commencèrent à s’effacer en poudre opaline jusqu’à totalement disparaitre à son tour.

    ►◄

    En proie à une terrible pointe d’adrénaline, Luz bondit presque dans son lit. Ses prunelles parcoururent en tous sens l’environnement familier de sa chambre, ne trouvant aucune trace de l’adversité attendue. Ce fut toutefois le couinement inquiet d’Alraqs qui lui fit réaliser la situation, percluse de frissons dans l’obscurité de la nuit. Elle engouffra son visage dans les paumes de ses mains, respirant par amples goulées tandis que son pouvoir cessait ses arcs électriques affolés pour mieux s’effacer en longues langues de suie sur sa peau. Personne. Il n’y avait personne dans sa chambre. Ni piège, ni anormalité, ni ennemi visible. La quiétude de ses familiers la rasséréna, leurs messages télépathiques et émotionnels envahissant sa poitrine comme autant de fanions de paix dans une tempête déclinante. Elle n’avait pas été kidnappée. Nul n’avait attenté à sa vie. Et elle n’avait pas non plus raté son prochain rendez-vous, le squale étant selon toute vraisemblance à cette heure chez lui, penché sur elle-ne-savait quel dossier… Elle se redressa, rabattant d’un même mouvement ses mèches de cheveux flammes en arrière, convaincue de l’impossibilité de se rendormir à présent.

    Avait-elle consommé sans le savoir l’une de ses pastilles de rêve ? Lui avait-on malgré tout joué un mauvais tour ? S’agissait-il d’une erreur, entre les nombreux produits de l’hôpital qu’elle fréquentait quotidiennement ?

    « Merci, Renkhi, remercia-t-elle son mist dont le large museau l’aidait à se relever de ses draps et à s’extraire de ce lit aux allures trop familières de tombeau. »

    Irokoy ne produisit aucun bruit lorsqu’il se posa sur son bras offert, ses petits yeux malins détaillant leur maitresse.

    « Il semblerait que nous ayons du courrier à envoyer dès cette nuit finalement… Quelle était l’adresse de Monsieur Le Fay, déjà… ? »

    Heh, la culpabilité et l’inquiétude la taraudaient. Comment savoir s’ils allaient bien ? Lunar avait certes eu l’incroyable courage de se donner la mort, rien ne garantissait sa bonne santé. Elle savait également pouvoir retrouver Ivara dès le petit jour et s’assurer d’un rapide coup d’œil au travers de son atelier que la patronne était bel et bien venue travailler. Quant à Violette… Qui était-elle seulement pour la sculptrice et l’homme qui la hantait… ?

    Violette LehnsherrAventurière
    Violette Lehnsherr
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
    Sam 22 Jan 2022 - 21:49 #
    Elle ne savait pas vraiment quoi penser de cette apparition de Nikolaos. Pur produit de son imagination et de son rêve, ou véritable présence de celui-ci? Après tout, il était techniquement encore en vie, même si sa vie était bien étrange. Violette savait qu’au final, il n’était pas différent de celui qu’elle avait rencontré par le passé, à l’arrière de cette taverne malfamée. Mais l’aventurière s’amusait de le voir interagir ainsi avec Ivara. A ses yeux, ils avaient presque l’air de se taquiner comme des bons amis plutôt que de se détester corps et âme. Enfin, uniquement âme, dans leur cas. Peut-être qu’à force de cohabitation et de nécessité de collaborer ensemble ils en étaient arrivés à ce genre de compromis inconfortable. Mais elle n’eut pas vraiment le temps de développer ce point là, que le monstre les avait retrouvés, alors que le brun s’était visiblement tué de son côté pour quitter le rêve.

    « Eh, mon souhait a marché, de mon côté, parfaitement bien. »

    Ok, certes, souhaiter que quelqu’un disparaisse alors qu’il cherchait, justement, déjà à disparaître, c’était peut-être un peu tricher. Mais ça avait bien marché. Et puis, elle n’avait pas grand chose à souhaiter de tout de façon. Sa magie avait l’air de toujours fonctionner, et aucune de ses armes ne saurait vraiment porter atteinte à un tel adversaire.

    Pas vraiment si effrayée, elle resta néanmoins un peu en retrait dans un premier temps, même si son ombre se mettait déjà au travail, cherchant rapidement dans ses affaires si quelque chose pouvait vraiment l’aider, et, pas vraiment. Tant pis! Heureusement, ses autres compagnons s’en sortaient bien dans la tornade et la confusion de la bataille, et, après une action de la rousse, qui s’était soldé dans une fin assez surprenante et sa disparition, l’arbre était sur le point de chuter dans le lac, visiblement peu motivé à cette idée. Violette disparu dans un petit écran de fumée, et son ombre tomba directement sur le dessus de l’arbre, appliquant la force de sa chute pour tenter de le faire basculer. Avant d’échanger de place une fois encore.

    « Je vais l’avoir, cette saleté! »

    Une charge d’épaule à l’arrière de l’arbre depuis son autre elle, et elle emporta le monstre avec elle dans le lac, et, emportée par son élan, y chuta avec lui. La scène fut très similaire à celle d’avant, alors que ses environs se brouillaient. Son ombre, ayant aussi chuté avec l’arbre, ne lui était d’aucune utilité pour se tirer de ce mauvais pas. Normalement, cela aurait été facile, juste remonter à la surface, mais il n’y avait pas l’air d’avoir de surface, ni de haut, ni de bas, et, avant qu’elle ne se mette réellement à suffoquer, alors que l’air commença à lui manquer, tout vira au noir.

    ❁❁❁

    Elle se réveilla d’un coup, dans sa chambre. Enfin, la chambre de l’auberge qu’elle avait payée pour la nuit. A ses côtés, Lumi se réveilla et releva une paire de yeux azurés interrogateurs vers sa maîtresse. Violette s’étira brièvement, avant d’aller rassurer Lumi de quelques petites gratouilles, et, la laïum, comprenant assez rapidement que rien de bien important ne se passait, profita de ses quelques gratouilles avant de se rendormir. C’était un rêve bien étrange, comme elle en avait rarement fait. Son souvenir restait gravé assez distinctement dans sa mémoire, mais bon, ce n’était qu’un rêve de tout de façon. Ouvrant un petit sachet, elle goba rapidement un petit chocolat aux baies de lucol, avant de se préparer à se rendormir.

    Après tout, une longue journée l’attendait encore demain.
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    Re: Les C.O.O.L (Chevaliers d'Or de l'Ordre Lunaire)
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