Arthorias rattrapa la jeune femme, la prenant par son bras valide avant de plonger son regard dans le sien, quelque peu énervé par la réaction soudaine de la demoiselle;

-Tu peux le faire, mieux encore, tu vas le faire.
Nous n'avons pas fait la moitié du pays pour se dérober maintenant.
Crois moi, ils ont entendus bien pire que ça, mon divorce, mes aventures ratées, et au vu de la situation du village, ce sera le dernier de leur soucis.

L'officier la ramena à lui, la faisant s'engager dans une des ruelles déserte pour le moment, passant entre de grandes maisons en pierre massives, qui faisaient d'avantage penser à des fortifications qu'à des habitations.
Une architecture étrange pour la région mais qui cette fois n'avait rien d'anormal.

-Au contraire, leur expliquer la situation sera d'autant plus facile, crois moi, au delà d'être mes parents ce sont des gens de bon conseil.
Cela dit... Si tu pense que ton seul rôle est de me pourrir la vie...

Relâchant la pression sur le bras de la jeune femme, l'officier laissa son bras retomber mollement, une certaine déception visible dans son regard

-Cela veut dire que tu ne nous donne pas vraiment de chances...

Et c'était sans doute ça la chose la plus triste dans toute cette histoire. La confiance qu'avait placée la jeune femme dans l'officier était si fragile qu'elle volait en éclat à la moindre contrariété

Prise au dépourvue, je me laisse entrainer dans ces ruelles, à la fois surprise et coupable, en venant même à me demander pourquoi ? Pourquoi j'agis comme ça une nouvelle fois ? Pourquoi fuir et ne pas simplement me laisser porter comme depuis le début de ce voyage ? C'est tellement... Tellement perturbant ! Moi qui pensais juste pouvoir être heureuse avec Arthorias, mais quelle sotte ! Ce n'est pas comme si nous pouvions vivre en autarcie du reste du monde jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que quoi ?! Je ne sais même pas ce que j'attends ! Si nous ne faisons rien, jamais je ne serais libérée. Si je ne suis pas libérée alors je serais contrainte de l'épouser et si au fond cette idée me séduit de plus en plus je ne peux m'empêcher de me dire que ce n'est surement pas ce qu'il veut. Même s'il m'a dit m'aimer, même s'il m'a dit qu'il serait plus qu'heureux de vivre avec moi...

- Ça n'a rien à voir avec la chance...

Non, c'est beaucoup plus profond que ça. Au fond, je sais que tous ces petits bonheurs que je viens de vivre auprès de lui était forcément voués à disparaitre. Pourquoi ? Parce que je suis comme ça. Parce que le bonheur est quelque chose qui ne fait que me narguer inlassablement, passant de temps en temps en coup de vent avant de disparaitre aussi rapidement qu'il est venu. Et au fond, pour moi, devoir être confrontée à ses parents ce serait comme être mise face à ma culpabilité.

- Mes parents, Elion, Kahlua... Je les ais tous détruits. C'est ce qui arrivent à ceux que j'aime, c'est comme ça. Et je ne veux juste pas que ça t'arrive à toi aussi. Je... Je ne supporte plus de voir les gens que j'aime souffrir à cause de moi. Je fais trop de mal, même si je ne le veux pas. Alors je cherche juste... A impliquer le moins de monde possible à ma vie. Si je t'ai parlé dan ton bureau la première fois, c'était dans un moment de faiblesse. Au fond, une part de moi le regrette de t'avoir fait prendre ces risques pour moi. J'aurai du... J'aurai du être assez forte, me débrouiller seule avec mes problèmes sans impliquer personne.
Mais je ne le suis pas. Je me sens terriblement faible et sans défense, me faisant bouffer par ma culpabilité et ma peur. Et même si je suis heureuse avec toi, je... Je suis totalement effrayée par ce qui pourrait t'arriver par ma faute. Et ça, ces peurs, je suis presque sûre que je vais les retrouver dans les yeux de tes parents. Alors comment veux tu que j'y fasse face ?

Rien à voir avec la chance ? Pourtant on ne pouvait pas vraiment dire que la confiance semblait régner, ce qui ne pouvait que blesser Arthorias dans son amour propre.
A force de retenir la jeune femme pour ne pas la laisser retourner à son état précédent, il était douloureux de voir qu'elle ne lui faisait toujours pas confiance.

-De toute façon il est bien trop tard pour faire machine arrière, trop de promesses ont été faites à tes parents.
Laisse moi au moins aller de l'avant avec toi. Tes problèmes sont désormais nos problèmes.
Si tu repars, la seule chose que tu arrivera à faire c'est t'attirer d'avantage de problème

Et si ses yeux brillaient d'émotions, on pouvait voir clairement son poing se serrer.

-Si je t'ai amené ici c'est parce que c'est le seul endroit ou personne ne viendra te juger ou te faire du mal.

A force de la voir renoncer à chaque nouveau pas, même la patience d'Arthorias était éprouvé et malgré les sentiments qu'il avait pour elle, tout cela le dépassait.

-Je te tend la main pour pouvoir te sortir de ta situation? Mais si tu refuse à chaque fois, si tu tiens à chaque fois à rester seule pour faire face à tes problèmes...
Que puis je faire au juste ?

Peut être aurait-il dut être plus autoritaire, mais l'envie n'y était pas.
Tout ce que l'officier désirait c'était de l'aider, mais à force d'être repoussé...

-Fais moi confiance, une fois pour toute, c'est tout. A vouloir reculer pour mieux sauter, on ne fera que stagner.
Je t'offre du temps et le moyen de te reconstruire, tout ce que tu as à faire c'est de venir avec moi, que puis je te dire de plus pour te convaincre ?

Dit il avec une peine sincère dans la voix

Lui faire confiance ? Partager mes problèmes ? Mais n'est ce pas exactement ce que je fais depuis le début de cette histoire ?! Je n'ai jamais dis que je comptais repartir à la capitale ! Juste que je ne voulais pas aller voir ses parents !

Ou ai-je oublié de le dire ?

"Non mais d'un côté, je te comprends, et d'un autre, je le comprends. Mais je pense quand même que c'est de ta faute, tu n'es pas clair avec lui. Tu devrais arrêter de tourner autour du pot et."
- Je suis là non ? Je t'ai suivie, non ? Comment peux-tu me dire que je ne te fais pas confiance ?!
"Ah bah y'a même plus de respect pour les mists, je vois le genre..."
- Je... Je t'ai tout dis de moi ! Je t'ai tout révélé, je t'ai confié ma vie entière, celle de ma fille, de son père et... Et je... Je t'ai même ouvert mon cœur !

En fait, ça m'énerve. Ça m'énerve parce qu'au fond j'ai l'impression que c'est de ma faute et d'un autre côté je veux pas que ce soit de ma faute.

- Est-ce que j'ai dis que je voulais être seule ? Non ! Est ce que j'ai dis que j'allais repartir ?! Non ! C'est même tout le contraire ! Je te l'ai dis, je veux être avec toi ! Je veux être heureuse avec toi Arthorias mais...

Je me bloque, l'information restant un instant coincée dans ma gorge alors que je le dévisage à la fois angoissée, en colère, dépassée...

- Mais c'est tes parents Artho ! Tu m'aurais amené chez n'importe qui d'autre je t'aurai suivit sans rien dire ! Où tu m'y aurais emmener alors que nous n'étions qu'un capitaine et sa subordonnée, ça m'aurait paru bizarre mais je n'aurai rien dit non plus ! Mais là ! Là...

Je me referme soudainement, me retrouvant face à ma réel angoisse qui m'a prise au moment où il m'a annoncé la chose.

- Là, c'est trop important... Je... Je m'en voudrais tellement s'ils me détestaient alors que je veux être avec toi... Et j'ai peur que cette rencontre puisse soudainement détruire nos chances d'être ensemble... Parce que si comme je le crains ils me demandent de te laisser tranquille... pour ton bien, je m'en voudrais vraiment de ne pas le faire.

Si tout était aussi simple, le capitaine ne voyait pas pourquoi elle se faisait autant de soucis. Secouant la tête, il répliqua avec un peu plus d'espoir, prenant la main de son amante, il déclara

-Je ne vois pas pourquoi ils te détesteraient, au contraire.
Il faut simplement expliquer à ma mère que....

-M'expliquer quoi ?

Une voix indéniablement féminine résonna dans la ruelle, couvrant sans peine les voix des deux soldats qui se retournèrent en sursautant, découvrant une magnifique jeune femme qui se tenait bien droite devant eux.
Vêtu d'un tabard usé, et les mains sur les hanches, elle se tenait là, sortie visiblement de nulle part.

-Oh, Maman...

Dit Arthorias en se retournant, le rouge lui montant aux joue alors que l'ancienne soldate s'avançait, prenant son fils dans les bras, ls deux affichant une ressemblance impossible à nier.
Et si Alicia affichait une jeunesse qui trompait largement son âge, la flamme de l'expérience animait ses pupilles bien qu'un sourire sincère était gravé sur ses traits.

-Si mon fils viens ici sans s'annoncer au préalable, j'imagine que l'affaire doit être plutôt grave.
Bien le bonjour mademoiselle, je me nomme Alicia Hekmatyar, comme vous avez du le deviner, je suis la mère de.... ça

Dit elle en mettant une bourrade dans le dos de l'officier qui semblait soudainement bien moins impressionnant.
De la même taille que son enfant, la dame se fendit d'un sourire avant de reprendre.

-Mais inutile de converser dans les rues, mieux vaut faire ça à la maison.
Tu te rappel de la route ? Depuis le temps...
Ton père est en train de former une petite promotion, il ne rentrera pas tout de suite.

-Pour sur... Tu es là depuis longtemps ?

-Suffisamment pour savoir que l'histoire sera longue et qu'il faudra éviter d'oublier des détails.
Après tout, tu ne ramènerais pas quelqu'un si l'histoire était sans importance.
Allez sur ce, en avant !

Fit elle d'une voix autoritaire qui enjoignit les deux à se mettre en route.
Alicia marchait d'un bon pas, coulant un regard émeraude sur son homologue

-Si Arthorias à été assez imprudent pour que quelque chose ne vous blesse, je vous présente mes excuses mademoiselles

"Bon bah au moins, ça c'est fait..."

Je... Je crois que je me sens pas bien là. Je peux me cacher quelque part ? Non ? Disparaître alors ? Non plus ?
Mais pourquoi destin ! Pourquoi ne m'aimes-tu pas ?!

J'ai honte. J'ai tellement honte ! S'il vous plait, je veux un dragon, maintenant ! Un méchant dragon ravageur de ville venu tous nous anéantir ! Pitié ?

Mais évidemment, le ciel est tout à fait calme et les dragons ne répondent pas à ce genre d'invocation alors... Me voilà condamnée, la honte au ventre, le rouge au joue avec pour seul satisfaction d'avoir quand même réussi à calmer la colère du Prétorien contre moi avant l'arrivée inopinée de sa mère.

Et quelle mère ! Non mais elle vraiment mère d'un homme de plus de trente ans ?! Son allure altière, sa peau lisse, son visage ne lui donnant pas plus de la trentaine... Franchement, il ne l'aurait pas appelé maman l'instant d'avant j'aurai plutôt parié sur une sœur car pour le coup, le lien familial entre les deux personnes est clairement marquant.

Mais malgré mes constatations, pendant leurs retrouvailles je ne peux m'empêcher de me retirer d'un pas en arrière, ne me sentant clairement pas légitime dans ce tableau, et rompant par la même le contact avec la main d'Arthorias pour plutôt aller la poser sur la tête de Yuna qui nous suit avec sa sœur Yio.

Mais l'embrassade terminée, malgré toute ma manœuvre pour me faire oublié, le regard d'émeraude de la mère vient me chercher tandis qu'elle se présente.

- Et je... Je suis Lunarya.

Un instant, j'hésite, cherchant clairement comment me définir pour une première prise de contact.

- Lunarya Lys, cuirassière de la garde royale.

Sous les ordres de "ça". Non, vraiment, ça je ne peux pas le dire, ça ne se fait pas et à la place, je préfère baisser la tête tout en écoutant la soldate qui nous fait face. Jusqu'à sentir mon cœur louper un battement quand elle rétorque avoir évidemment entendu trop de choses... Beaucoup trop de choses. Tellement que ne tenant plus, je relève ma capuche sur ma tête, dernier moyen que j'ai trouver pour me cacher tout en suivant docilement le duo en compagnie des familiers.

Et sans doute à cause de mon attitude plus qu'étrange, sa mère se sent alors obligée de s'excuser pour lui. Et cette fois, loin d'hésiter, je réponds du tact au tact en toute sincérité.

- Non ! Non, vraiment ! Il... Il a été... Il est toujours merveilleux avec moi. C'est juste que... Je... Je ne me sens pas vraiment digne de sa bonté et... J'ai peur de tout gâcher.

Bien à l'abri sous ma cape, mes mains s'agitent nerveusement, n'osant clairement pas soutenir les regards tourner vers moi, préférant fixer la louve blanche qui elle, n'en a clairement rien a faire de ce qu'il se passe.

La mère de famille posa une main compréhensive sur l'épaule de la jeune femme, se fendant d'un sourire en appliquant une légère pression sur l'épaule de Lunarya

-Tu peux le dire si mon fils se comporte comme un idiot, ça ne serait pas la première fois, ni la dernière. S'il est doué pour être un soldat, je confesse avoir raté une bonne partie du reste

Alicia se mit à rire, l'officier se retourna en rougissant

-Vraiment, si on pouvait éviter ce genre de discussions tout de suite...

Dit il en continuant sa route, cette dernière les menant progressivement jusqu'au sommet de la colline ou demeurait une ancienne caserne.
Bien qu'aménagée elle affichait toujours de grands murs épais, avec une enceinte fermée par une lourde porte en bois pour le moment ouverte.

De l'intérieur provenait des bruits divers, et en passant le massif encadrement, ils purent voir un groupe de jeunes gens qui maniaient des bâtons sous l'œil attentif d'un instructeur ressemblant également à l'officier.
Mais ils ne s'attardèrent pas bifurquant dans une petite entrée qui révéla un intérieur bien différent du froid d'une caserne.

Un feu crépitait dans l'âtre et de nombreux meubles en bois étaient parsemés de souvenirs diverse. Quelques fois, des cadres magiques étaient fièrement affichés aux murs, représentant des photos de familles, notamment un petit Arthorias tenant fièrement une lettre d'admission à l'académie

-Au moins certaines choses ne changent pas

Dit il joyeusement en observant la maison, une douce chaleur inondant la pièce alors que le parfum familier de sa demeure inondait ses sens.
Yuna et Yio se désintéressèrent d'ailleurs de leur maitre, s'asseyant bien sagement devant Alicia.

-Bon, enlevez donc vos habits de voyage, je vais préparer du thé

-S'il était possible de recoudre Lunarya avant... On a fait une mauvaise rencontre sur le chemin, des trappeurs, trop nombreux et trop téméraire par rapport à l'habitude

-Je vais regarder sa blessure.
Pourriez vous vous asseoir mademoiselle ?

Dit elle en tirant deux chaises alors que son fils lui apportait une trousse de soin bien plus conséquente accrochée au mur, de laquelle Alicia tira de fines aiguilles et du fil de suture.

-Au moins la plaie est nettoyée correctement, ça sera peut être un peu douloureux, mais je vous promet qu'une fois terminé cela ne se verra plus, je n'en suis pas à ma première suture

Souriant avec bienveillance, elle se mit au travail avec expertise, usant d'années à rafistoler les gens du village pour soigner l'amante d'Arthorias.

-Peut être pourriez vous commencer par m'expliquer ce qu'il se passe en attendant ?

Sous la remarque taquine de sa mère, je remue simplement la tête par la négative, faisant par ailleurs retomber ma capuche et dévoilant ainsi mon visage.

Et le reste du chemin, je me contente de suivre en observant, trop intimidée pour oser dire ou faire quoi que ce soit d'autres. Cela dit, lorsque nous passons devant le petit camps d'entrainement, je ne peux m'empêcher de les regarder, étudiant quelques secondes leur technique puis fixant leur professeur tout en en devinant facilement l'identité : le père du capitaine.

Puis nous entrons enfin dans la maison de famille et, toujours plutôt timide, je me laisse guider tout en regardant autour de moi, passant d'une image à l'autre, ne pouvant pas vraiment m'empêcher de sourire alors que je peux y voir l'évolution de celui avec qui j'ai fais tout ce chemin au fils des âges. Je me demande... Que se serait-il passé si nous avions été ensemble à l'académie... Aurait-il été celui qui m'aurait soutenue quand je me sentais au bout de mes peines ? Aurait-il été aussi digne de confiance qu'aujourd'hui ?
Serais-je alors tomber sous son charme à ce moment là ?

Est ce bien important de le savoir ?

Je tourne soudain vivement la tête lorsque j'entends mon nom de sa voix, suivit ensuite d'un "mademoiselle" qui m'invite à m'asseoir.

- Je vous en prie, juste Lunarya suffira.

Docile, ayant toujours plutôt peur de faire le moindre faux pas, je m'installe et me laisse faire sans broncher. Et même si la piqûre de l'aiguille est assez peu douloureuse comparé à ce que j'ai pu vivre, je n'ai jamais aimé regarder ce genre de chose, préférant continuer de décortiquer l'endroit de mes yeux, mais aussi surveillant le fils de cette petite famille du coin de l’œil... Me demandant ce qu'il doit penser en cet instant.

Du moins, jusqu'à ce que la question qui tue me sorte de ma rêverie. Me faisant me retourner d'un coup vers la mère tandis qu'elle me pique avec l'aiguille et que cette fois, j'en sens bien la douleur et en sursaute presque de surprise à cause de l'aiguille ? Ou de la question...

- Ah !

Puis, reprenant mon souffle, je baisse la tête, la mine sombre, réfléchissant longuement à mes mots.

- Je... Disons que c'est... vraiment... compliqué.

Par où devrais-je commencer ? "Alors j'étais bourré, Arthorias m'a convoqué, je me suis énervée parce que je suis désespérée et je lui ai dit que s'il voulait m'aider il avait qu'à m'épouser, et il a dit oui ? Ah mais ne vous en faites pas surtout, maintenant on s'aime et depuis hier on a décidé d'être ensemble." Non... Non clairement, je peux pas dire ça comme ça... Et pourtant, je trouve que ça résume pas mal la situation...
Cela dit, je suppose qu'il y a un résumé encore plus condensé qui fonctionne aussi.

- Mais pour faire simple, le preux chevalier qui vous sert de fils est entrain de secourir la pitoyable demoiselle en détresse que je suis...

Je n'ai pas particulièrement envie de raconter ma vie là tout de suite dans les moindres détails, alors sauf si elle insiste, je ne chercherai pas à donner plus de détails pour le moment. De toute façon, si j'ai bien compris, nous sommes censé séjourner ici quelques temps non ? Alors on aura tout le temps d'entrer dans les détails plus tard...

Et de préférence, sans moi.

La suture se terminait lentement. Douloureusement, mais le travail était remarquable, le fil fermant proprement la blessure de Lunarya avant qu'Alicia ne réapplique un pansement propre dessus.
Satisfaite d'elle même, elle prit le temps de réfléchir à l'histoire qui lui avait été donnée son air se faisant indéchiffrable avant qu'elle ne hoche la tête.

-Je vois. Si tel est son choix, je ne peux que tu souhaiter la bienvenue à la maison !

Un large sourire apparut sur ses traits. Visiblement, la mère de l'officier en avait assez entendu. Se levant, elle prit le temps de caresser les deux wargs qui l'attendaient sagement.

-Bon, j'ai quelques affaires à finir, je t'emprunte tes deux furies.
D'ici là, je vous laisse déposer vos affaires. Tu connais toujours le chemin ?

Arthorias répondit par un hochement de tête, avant de s'asseoir à côté de son amante alors que sa mère repartait.
Ce ne fut qu'une fois la porte claquée qu'il put souffler.

-Tu vois ? Aucune raisons de te faire du soucis.
Mais bon faisons comme elle à dit.

Prenant la main de la jeune femme et son sac, il commença à la faire s'enfoncer dans l'imposante batisse.
De grandes suites de couloirs étaient visibles, certaines menant à des escaliers montant et descendant, d'autres montrant des rangées de chambres aux portes ouvertes.
Une certaine séparation semblait se faire jour au fil de l'exploration, certains quartiers semblant plutôt réservé aux passages, alors que d'autres étaient bien plus chaleureux.

Connaissant parfaitement l'endroit, Arthorias fit grimper à la jeune femme plusieurs volée de marche jusqu'à tomber sur une porte qu'il ouvrit sans hésitation.
L'endroit était une des tours de guet de l'ancienne caserne, réaménagé pour être une grande chambre circulaire sur plusieurs niveaux.

La décoration se voulait bien différente de ce qu'avait pu voir Lunarya dans la caserne. Il y avait là des armes de toutes tailles et de toutes formes, toutes soigneusement rangées dans des râteliers.
Certaines étaient en bois d'autres en acier, et même parmi ces dernières, les lames n'étaient pas toutes émoussées

-Bienvenue dans mon véritable chez moi, du moins là ou j'ai grandit jusqu'à rejoindre l'académie
Les présentations étaient un peu rapide, mais tu as pu voir ma mère.

Prenant le sac de son amie, il le déposa dans un coin avant de s'asseoir sur l'un des fauteuils. Regardant aux alentours avec un sourire.

- Tu dois avoir raison...

Même si en soit, je n'y crois qu'à moitié, toujours intimidée par l'endroit. Pour autant, je me force à lui faire un petit sourire malgré le malaise que je ressens à être là, à profiter de lui et de sa famille... Tout ça ne va-t-il pas trop loin ? Je ne sais pas. Mais j'ai promis de me laisser guider alors, sans un mot de plus, je le suis à travers l'ancienne caserne, me laissant une nouvelle fois émerveiller par l'endroit, posant mon regard dans tous les coins. Et comprenant clairement mieux le sens des paroles d'Arthorias lorsqu'il me disait avoir grandit pour devenir garde. Au final, c'est un peu comme s'il était né pour l'être, au sein même de cette ancienne caserne.

Et quand enfin j'arrive dans ce qui semble être sa chambre, je suis encore plus surprise. Dans une salle ronde d'une dizaine de mètre carré, quelques fauteuils sont installé autour d'une cheminé, et sur tous les murs, collections d'armes en tout genre.

Et s'il n'y a pas de lit, au fond de la pièce un escalier longeant le grand mur de pierre semble suggérer qu'il y a bien plus a découvrir à l'étage.

Mais malgré une certaine curiosité, je me ravise, préférant plutôt me tourner vers mon sauveur qui semble plutôt soulager d'être enfin ici. En même temps, je suppose que ces douleurs ne l'ont pas quitté depuis hier soir alors pouvoir enfin se poser, dans son nid d'enfance qui plus est, doit être plutôt salvateur.

- Artho ? Tu... Tu pourrais me dire où je peux me laver ?

Il faut dire que notre nuit n'a pas été de tout repos et que le sang de trappeurs coagulé sur les vêtements, ce n'est pas ce qu'il y a de plus glamour. Alors oui, lui forcément il avait une armure, mais moi si j'enlève ma cape que j'ai gardé jusque là, je suis clairement dans un piteux état. Chose que je fais enfin d'ailleurs, et la réponse ne se fait pas attendre : la salle d'eau étant à l'étage. Bon, récupérant mon sac qu'il a posé en entrant, je me dirige alors vers l'escalier.

- Je fais vite.

Mais à peine ai-je gravi les deux premières marches que je m'arrête, posant alors mon sac au sol et revenant vers le Prétorien, l'enlaçant par dessus le dossier de son fauteuil, cachant mon visage dans son cou.

- Pardon pour tout à l'heure. Je... Je ne voulais pas t'énerver.

Je pourrai me justifier, expliquer que j'étais simplement guider par la peur ou autre mais... Cela aurait-il vraiment un quelconque intérêt ?
Je reste ainsi quelques secondes avant de soupirer longuement. Puis déposant un baiser sur sa joue, je me détache de lui et repart immédiatement vers l'étage, y découvrant alors la fameuse salle de bain tandis que l'escalier semble monter encore dans cette tour de guet aménager en quartier pour officier ? Je souris à cette pensée, avant d'aller me laver de toute cette journée sous l'eau chaude, me laissant quelque peu emporter par mes souvenirs et tentant de laver mes peurs à la pureté de l'eau et la mousse du savon.

Assis sur son fauteuil, désormais sans armure, Arthorias pouvait contempler sa chambre, et pour une fois se laisser aller à ressentir la douleur qu'il bloquait depuis la chute du toit.
La douleur revint comme un pic intense et l'officier échapper un soupire de douleur en découvrant une suite bleu qui couturaient son torse.
L'écho de la voix de son amante lui fit baisser son haut précipitamment.
Lunarya plongea son visage dans sa nuque, déclenchant un léger frisson. Et alors que sa main se posait sur les cheveux flamboyant de son amante, il se permit un sourire.

-Ce n'est rien, c'était la fatigue qui parlait d'avantage qu'autre chose

La rassura t'il, enfouissant au plus profond de lui la moindre parcelle de ressentiment qu'il aurait pu avoir. Et si cet éclat n'avait été que l'écho d'une lassitude, la raison était surement bien plus profonde que cela.

-Je suppose que cela doit arriver de temps, mais n'y pense plus, va prendre un peu de temps pour toi, je vais installer nos affaires tout en haut.
L'avantage, c'est que ce soir nous aurons tout le confort que peut apporter une maison, et pas de trappeur pour nous réveiller en pleine nuit

Laissant son amante rejoindre la salle d'eau, il monta lui aussi deux étages plus haut, trouvant une petite chambre circulaire au bout de laquelle se tenait un grand lit des plus réglementaire.
Des draps propres avaient été tendus dessus, comme si ses parents l'avaient attendu.
Là, il déposa leurs affaires, passant un doigts nostalgique sur l'un des râtelier. A une époque toutes les armes soigneusement entretenues étaient ses trésors, bien que plus qu'imparfaites dans leurs réalisations, elles étaient un écho de ce qu'il avait été.

Se sentant d'une humeur plus légère, le blond se jeta sur son lit, observant le plafond qu'il avait contemplé toute son enfance, y retrouvant des entailles familières et la segmentation du plafond

-Quatre vingt sept planches, trois cent quarante huis clous

Dit il avec une voix amusée, se rappelant de ses vieilles habitudes

La fatigue hein ? Était-ce vraiment cela ? Sans doute un peu. Et tandis qu'Arthorias file à l'étage au dessus du miens, je me dévêtis et profite d'une eau chaude bien méritée, y restant bien plus longtemps que lors de notre première nuit de voyage.

Mais j'ai aussi beaucoup plus de chose à penser qu'à ce moment là. Entre la nuit de la veille et la journée passée... Et cette rencontre avec sa mère, et bientôt avec son père ! Cette entrée soudaine dans l'environnement de son enfance ! Et... Et sa déception... Sa déception que j'ai pu lire dans ses yeux alors que nous étions dans la rue. Je reste un instant là, immobile tandis que l'eau tombe sur ma tête, cascadant devant mes yeux sous le regard de mon mist qui a été particulièrement sage.

"Luna... Tu veux parler ?"

Je souffle, levant la tête pour me prendre le jet sur le visage et tenter de me changer les idées, une tentative bien vaine.

- Artho doit avoir raison, je suis juste fatiguée...
"Plutôt dépassée non ?"

Je le dévisage, l'invitant à poursuivre le fond de sa pensée.

"Tu es entrain de te rendre compte que tu n'es pas prête à faire des concessions qui entraîneraient sa perte. Et rencontrer ses parents maintenant, alors que tu ne te sens pas prête à admettre que c'est lui que tu veux et pas Elion, ça t'embête. Parce qu'au fond, tu as toujours voulu retrouver une véritable famille alors tu ne voudrais pas perdre cette chance."
- Tu divagues...

Pour autant, je n'arrive déjà plus à soutenir son regard.

"Je te connais Luna, tu as toujours été une rêveuse. C'est d'ailleurs ça qui nous a maintenue en vie tout ce temps, tes rêves d'une vie meilleure. Mais tu as tellement rêvé le bonheur que maintenant qu'il est là, tu vois dans chaque coin de porte des ombres pour te l'enlever. Et ça te terrorise. Mais Luna... Arthorias a raison, tu dois lui faire confiance."
- Arrête ! Je lui fais conf.
"Tu dois lui faire confiance quand il te dit qu'il veut être avec toi. Et qu'il t'aime."

Je baisse une nouvelle fois la tête, arrêtant finalement l'eau sans véritablement oser sortir de la douche.

"Luna... Tu ne peux pas tout le temps porter tous les malheurs de tous les gens que tu croises. Tu es quelqu'un de bien, vraiment et si Arthorias mérite d'être heureux, toi aussi tu le mérites, vraiment. Alors, juste... Laisse toi aller et arrête de te tourmenter, hein ?"

Sans un regard, je traverse le mist et me sèche et tandis que je récupère mes vêtements propres, je dévisage un instant mon reflet, maudissant intérieurement toutes ces cicatrices... J'aurai vraiment du faire plus attention... Maintenant en plus de me sentir minable moralement, même mon physique m'attriste.
Et je devrais le croire sur parole quand il dit qu'il m'aime hein ?

Je détourne finalement les yeux, m'habillant et le rejoignant alors qu'il est allongé sur son grand lit, se reposant tranquillement. Et rien que de le voir, je sens déjà mon visage sourire, émue que je suis de pouvoir profiter de ce moment particulier avec cet homme qui fait battre mon cœur.

Alors lentement, je m'approche de lui, m'asseyant prêt de sa tête et caressant son visage avec amour.

- Comment tu te sens ? Tu survies à tes blessures ?

L'officier releva la tête en entendant la voie de la jeune femme, découvrant qu'il c'était brièvement endormis sur son lit.
Mais il n'était pas à douter que voir la jeune femme lui donnait le sourire. La douce caresse de son amante lui tira un soupir de contentement, se laissant toucher comme jamais il n'avait laissé quelqu'un le faire.

-Je survis, c'est douloureux, mais il n'y a pas grand chose à faire. Au touché, il n'y a rien de cassé... mais c'est assez moche à voir mais rien de trop grave.

Son haut cachait assez bien les bleus, et pour le moment il ne demandais qu'un peu de repos. Au vu de l'heure, ils avaient encore un peu de temps avant de retrouver ses parents.
Connaissant le programme qu'imposaient les Hekmatyar aux futurs aspirants de l'académie...

-Mais je m'inquiète d'avantage pour toi Luna... J'imagine que ça ne doit pas être facile... Arriver si soudainement...
J'aurai aimé t'en parler avant, mais j'avais un peu peur que le mot parents ne te fasse fuir

Même s'ils étaient un peu spéciaux à leurs manières, pour des personnes c'étant déclarés leurs sentiments si récemment, avoir un aperçu si tôt de la vie intime de l'autre était plutôt risqué.
Mais le destin leur avait malheureusement forcé la main...

-Disons que maintenant chacun à rencontré les parents de l'autre, on peut dire qu'on est quitte ?

Dit il en offrant un sourire épuisé à son amante

Tandis qu'il me parle de ses blessures, je m'installe un peu mieux prêt de lui. Au vu de ce qu'il me dit, il n'est pas vraiment question que je le colle comme la veille... Pour autant, je n'ai pas l'intention de briser notre proximité. Alors je m'allonge perpendiculairement à lui, m'allongeant sur le dos et positionnant sa tête sur mon ventre tout en allant cueillir une de ses mains pendant que mon autre se perd à caresser sa chevelure.

Comme il le dit lui même, il n'y a pas grand chose que nous puissions faire pour ces douleurs à part attendre. Mais lorsqu'il me parle de ses inquiétudes, je fronce un peu les sourcils... Avant de laisser un petit rire m'échapper quand il parle de sa peur de me faire fuir.

- Là dessus, tu ne t'es pas trompé... Mais je ne voulais fuir que cette rencontre, c'est tout. Pas toi, pas cette petite ville... Juste... Juste cette rencontre...

Une rencontre qui n'aurait clairement pas eu le même impact sur mon esprit si elle avait eu lieu deux nuits plus tôt... Alors pourquoi ?

- Pourquoi... Pourquoi tu ne m'as rien dit au moment où nous sommes parties de la capitale ?

Se pourrait-il que déjà à ce moment là il... Plus je réfléchis et plus je me dis que ce serait à la fois logique et en même temps totalement impossible. Même si... Il a lui même dit qu'il était rarement gentil avec les autres Gardes Royaux, au mieux compréhensif alors...

Le rythme de mes doigts tournant dans ses cheveux devient légèrement hétérogène à mesure de mes réflexions... Jusqu'à ce que finalement une question se forme dans mon esprit. Devrai-je la lui poser ? En soit, si on doit être ensemble, j'aurai toutes les raisons du monde de le faire... Après tout, si je choisis de m'ouvrir à lui je refuse catégoriquement qu'il ose ne serait-ce que poser les yeux sur une autre femme... Non, j'ai vraiment trop souffert de ça avec Elion et je sais que je ne supporterai pas de devoir le partager... Alors...

Mais avant que j'ose dire quoi que ce soit, le voilà qui enchaîne sur nos parents...

- Malheureusement tu te trompes... Ygrid et James Kayne, ce sont eux mes parents. Ma mère... Elle avait de long cheveux bruns qu'elle portait tressés... C'est en son souvenir que je me coiffe ainsi. Elle était pas très grande, mais pas petite non plus. Elle a toujours été très douce avec moi, je ne crois d'ailleurs ne jamais l'avoir entendu crier, ou je ne m'en souviens pas... Je me souviens qu'elle cuisinait très bien. Elle voulait m'apprendre mais je ne voulais pas, jugeant que ça n'aurait pas la même saveur si c'était moi qui le faisait... Mon père quand a lui était très grand, les cheveux rouges et les yeux verts. Il avait une grosse barbe que je détestais parce que ça piquait. Il s'occupait souvent de notre petit potager et s'absentait régulièrement. Plusieurs fois, mes parents me laissaient seule la nuit. Au début ils me retrouvaient terrorisée dans un coin, puis très vite, j'ai cessé d'avoir peur.
Et ce n'est qu'après leur mort que j'ai appris qu'ils étaient des criminels. Volant et tuant pour des cristaux.

Voilà, maintenant nous sommes quittes.

Je me demande ce qu'ils auraient dit s'ils m'avaient vu m'accoquiner du fier capitaine de la garde royale... Mais en vérité, s'il avait toujours été de ce monde, je suppose qu'ils n'auraient accepté aucun de mes choix de vie... Enfin, je ne sais même pas en vrai. J'ignore tellement de choses sur eux.

Réflechissant un moment, bien que la proximité avec son amante soit assez envoutante pour brouiller ses pensées, Arthorias ouvrit les yeux avant de fixer la demoiselle.

-Si je te l'avais dit, serait tu venue ?
Je ne comptais pas te tromper la dessus. Mais la situation était bien plus simple au moment du départ... Maintenant... C'est un peu plus délicat.

Délicat mais bien loin de la catastrophe à laquelle s'attendait Lunarya. Les parents de l'officier étant bien plus ouvert. Même si tout cela, elle l'ignorait encore.
Et à entendre la déclaration de cette dernière ses vrais parents n'avaient pas été des gens très honnêtes.
Sa main partit caresser la joue diaphane de son amante, souriant alors qu'il dessinait les contours de son visage

-Les péchés du père ne ressortent pas sur ses enfants. C'est un adage populaire, mais j'y crois fermement. Et s'ils n'étaient pas forcément ceux que tu as cru...
Le souvenir que tu garde d'eux ne doit pas en être entaché. Tu es toi, et cela me convient très bien. Je ne demande pas mieux, quand bien même tes parents auraient été ceux que j'ai rencontrés.

Entre des criminels déclarés et faux serpents comme les Lys... Difficile de choisir ce que l'officier aurait préféré s'il avait eut le choix.
Mais de toute façon... Ses sentiments pour Luna n'étaient pas dut à sa famille mais bien à elle.

-Et de toute façon... L'important c'est que nous soyons tout les deux ensemble, tu ne penses pas ?

Je ferme les yeux et souris sous sa tendresse, profitant de la douceur de sa main sur mon visage en soufflant de contentement avant de tourner mon visage sur le côté pour le regarder et lui répondre.

- Si, et je ne voudrais être avec personne d'autre que toi.

Pas même Elion. A la rigueur Kahlua, mais pas sans Arthorias. En pensant à elle, une ombre passe un instant dans mes yeux. Je me demande... Je me demande ce qu'elle dira. Est ce qu'elle sera heureuse pour moi ? Non, probablement pas. Je sais très bien que son rêve est de me voir réuni avec son père... Un rêve que j'ai longtemps partagé mais... Mais plus je me perds dans ces yeux vairons et plus il me semble s'effacer, se transformer.

- Et je le sais... pour mes parents. C'est juste qu'étant garde, je sais aussi pourquoi ils sont morts. Au fond, si je dois leur en vouloir, c'est uniquement d'avoir pris ces risques inutiles et de m'avoir condamnée avec eux, même sans le vouloir... Même si je me doute qu'ils n'auraient jamais imaginé à quel point leur mort me serait... "néfaste".

Bien des choses auraient été différentes s'ils avaient simplement survécu... Enfin, j'aime à me l'imaginer. Et ce drame, une part de moi craint réellement qu'il se reproduise pour ma fille... Si Elion meurt, elle n'aura alors plus personne...
Cela dit, peut être n'est ce pas tout à fait vrai ? Artho étant présent avec moi, peut être que finalement... Je pourrais la revoir ?

Mais de la même manière qu'il a choisi de me taire l'information pour ses parents, je préfère ne pas tout de suite lui parler de mon enfant, préférant plutôt revenir sur sa première question.

- Et tu m'offrais une occasion de fuir la capitale, de fuir cette famille que je hais plus que tout... Alors parents ou pas, je t'aurai suivit au bout du monde, même dans l'antre d'un dragon si tu me l'avais demandé. Bon, j'aurai surement trouvé ça bizarre que mon capitaine choisisse de m'emmener chez ses parents mais, qui suis-je pour juger ?

Mon ton est un petit peu moqueur. Mais repensant à nos conversations dans son bureau, je ne peux m'empêcher de repenser à la fameuse question qui me taraude...

- Cela dit... Je me demande quand même...

Ma main se referme alors sur la sienne tandis que mes doigts de l'autre main s'enfoncent longuement dans sa chevelure.

- Aurais-tu vraiment accepté de secourir n'importe lequel de tes subordonnés en jouant un jeu si dangereux ? Et surtout... si... personnel ?

La question était cruciale, et la réponse n'était pas aisée. Avouer qu'il avait accepté de l'aider simplement car c'était son devoir aurait été déformer une vérité plus complexe.
Et si jusqu'aux présentations avec ses parents avait été guidé par le spectre de sa fonction, force était de constater que les choses n'étaient pas aussi simple.

Le spectre n'en était qu'un, et au fond de lui l'officier savait très bien que quelque chose de bien plus profond avait été la cause de tout cela.

-J'aurai aidé mes subordonnés, sans l'ombre d'une hésitation

Dit il avec détermination, ses yeux semblant briller de l'intérieur avant de se radoucir, sa main attirant doucement la jeune femme à lui.
Laissant les mots lui échapper comme autant de secrets qu'il n'osait vraiment s'avouer.

-Mais surement pas en jouant un jeu si dangereux. Je crois... je crois que tu ne m'a jamais vraiment laissé indifférent...

Le baiser qui s'en suivit fut long et langoureux, Arthorias ne laissant son amante s'échapper qu'après de longues secondes, les joues rendues rouges et le souffle court.

-Et voilà maintenant que j'ai l'impression d'abuser de ma fonction...
Je suis le pire des capitaines...

Il aurait aimé pouvoir lui dire à quel point voir son amie avec une expression de neutralité figée lui avait fait du mal pendant des années.
Et si son mariage avait apaisé pendant un moment ses craintes, puis les avait recouverte d'un voile l'empêchant de voir tout le malheur de son amante.
Force était de constater que désormais sans filtre aucuns, le blond avait fondu pour la rousse, avec bien peu de retenue.

-Des années à te voir murée dans une solitude cruelle. Je n'ai jamais vraiment pu détourner les yeux... Mon seul regret, c'est de ne pas avoir su plus tôt...

Hinhinhinhin...

Je me laisse aller à son baiser, profitant de sa présence qui m'enivre tout en me disant que ce n'est vraiment qu'un beau parleur... Non mais vraiment Arthorias, qui essayes-tu de convaincre là ? Tu as été marié, tu as été vu avec de nombreuses conquêtes... Et quoi, je ne t'ai jamais laissé indifférent ? En fait, tu es un cœur tendre et tu te laisses facilement...

Sauf qu'en voyant son visage totalement rouge, je ne trouve plus ça drôle du tout. Et les mots qui s'en suivent augmentent encore plus ce doute naissant en moi. Non, vraiment... Arthorias est on ne peut plus fier de son rôle de capitaine alors pourquoi dirait-il cela ?

Perturbée, je me redresse alors que les derniers mots tombent. Il me... Il me regardait tout ce temps ? Non... Mensonge. Je l'aurai su ? Il l'aurait dit !

Et... Et son mariage ? Et ses conquêtes ? Ça n'a pas de sens et... Et pourtant, le fait qu'il ait choisis de répondre à mon appel à l'aide en à encore moins, de sens. Le fait qu'il vienne me cacher chez ses parents aussi : ça n'en a pas, de sens.

Et pourtant on est là, tous les deux. Et depuis le début, depuis le premier jour de cette mascarade, il n'a fait que me couver de son regard, s'assurant que tout aille bien, que je me sente bien. Mais ce n'est que trop récemment que je ne l'ai remarqué.

Que je l'ai remarqué... Pas qu'il a changé.

Et quand je pousse un peu dans ma mémoire, je me souviens l'avoir déjà croisé plusieurs fois au cours des années. Mais, fidèle à mon habitude, je l'ai toujours ignoré, ou rabroué, préférant rester seule, ne pas me lier avec qui que ce soit, rester froide et sévère de peur de m'effondrer ou de me faire de nouveau blesser par quelqu'un que je croyais de confiance.

Et si cette révélation est des plus sincères de la part du blond, cela me met soudainement tout à fait mal à l'aise. Tant et si bien que je me dégage un instant de l'étreinte, m'asseyant sur le bord du lit, regardant le sol.
Tout ce temps il était là et... Et je n'ai rien vu ? Et je n'ai rien voulu voir ? Mon regard cherche alors mon compagnon de toujours, recherchant une autre explication.

"Je te l'ai dis déjà. Tu es une belle personne, tout ce qui te manquait, c'est de t'ouvrir aux autres. Enfin, à lui en l'occurrence."

Je me retourne une nouvelle fois vers lui, n'hésitant qu'un instant avant de revenir à ses côtés pour l'embrasser avec passion tout en prenant soin de ne pas appuyer sur ses blessures.

- Si tu veux mon avis... Tu as des goûts bizarre en matière de femme mais... Artho, si ce que tu dis est vrai alors... Soit sur qu'aujourd'hui mes yeux sont enfin grand rivés sur toi et pour rien au monde je ne souhaite changer cela.

Des souvenirs jusque là scellés étaient remontés à la surface depuis quelques temps. Bien que contre sa volonté, l'officier se rappelait d'une autre époque. Une époque ou la demoiselle avait attirée plus que son attention.
Un temps ou personne ne le saluait encore. Et si sa rupture avec Rebecca avait fragilisé ses défenses, il avait fallu l'apparition soudaine de Lunarya dans sa vie pour terminer de briser un sortilège qu'il c'était lui même infligé.

Et c'était bien là un signe de ses propres déficiences. Cela dit, ce n'était que maintenant que l'effacement terminait de voler en morceaux.
Savourant la présence de son amante à ses côté, il répondit à voix basse.

-Je n'ai jamais dit avoir été très raisonnable. Simplement amoureux

Mais si par sa propre faute, il avait tenté d'oublier cette histoire datant de longues années en arrière. Les sentiments jusque là oubliés étaient revenus en force.
Malgré la douleur, Arthorias serra Luna contre lui, plongeant la tête dans son cou pour s'enivrer de son parfum.

-Je ne mens que rarement, et bien souvent, c'est à moi même.
Ignorer mes sentiments pour toi à surement été le plus long mensonge jamais réalisé...

Alors que dire de son mariage et de ses conquêtes ? N'avait il pas aimé Rebbeca ? Bien sur que si. Et si, malgré tout les rebondissement qu'avait connus leur histoire, il ne regrettait rien, ce n'était pas pour rien.
La belle argenté avait sut faire battre son cœur, des années durant. Et si ce temps désormais passé restait une part des plus importantes de sa vie...
Une nouvelle voie s'emblait s'ouvrir, balisée par les yeux émeraude de Lunarya

-Je t'aime

Dit il tout bas

Cette fois c'est sûr : c'est terminé.

Si j'avais encore des doutes sur le chemin à emprunter, ils viennent d'être balayé par ces derniers mots, ces dernières révélations.

Mes mains se resserrent autour de lui alors que tout mon corps est parcouru d'un frisson de délice. Puis je me décale de lui, cherchant ses yeux, son visage, ses lèvres... Comment y résister ? Je ne le peux pas. Muette, trop enivrée par tous les sentiments qui me traverse, je n'ai que les gestes pour m'exprimer, embrassant mon beau chevalier qui dit m'avoir désiré tout ce temps.

Dire que cela fait bientôt onze ans... Onze ans que nous parcourons l'un comme l'autre les couloirs de la caserne, nous croisant presque chaque jour, mangeant les mêmes plats, côtoyant les mêmes gens... Et pendant ces onze ans, j'ai tout fait pour rester seule, pour ignorer tous ces gens... Pour l'ignorer lui aussi. J'ai été trop longtemps la garde solitaire mais professionnelle, celle sur qui ont peut se reposer en mission, mais qui n'apporte aucun soutiens ni liens passés son rôle militaire.

Alors comment ? Comment un être comme lui a pu s'enamourer d'une fille comme moi ? Et surtout... Depuis quand ?

Et bien que cette annonce me touche au plus profond de mon être, une part de moi s'en désole. Comment ai-je pu laisser cela arriver ? Pour avoir moi même du observer de loin l'homme que je désirais, je sais pertinemment à quel point cela peut faire mal. D'autant plus lorsque le secret est préservé... Après tout, sans avouer, on ne sait jamais sur quel pied danser et l'espoir continue de nous consumer.

Me collant contre lui malgré ses blessures, je n'arrive pas à mettre fin à ce baiser, caressant machinalement ses cheveux tandis que ma seconde main le tiens fermement contre moi. Et ce n'est qu'à bout de souffle que je libère enfin ses lèvres, appuyant mon front contre le siens.

- Je t'aime Artho. Je t'aime, et je suis tellement désolée de t'avoir fait attendre. Mais maintenant je suis là. Et je ne repartirai pas.

Posant un dernier baiser sur ses lèvres, je plante mes yeux dans les siens et lui souris largement. Espérant qu'il comprenne le véritable sens de mes mots. Car ils valent une promesse, un choix.

Maintenant, je n'ai plus qu'à espérer que Kahlua l'appréciera, et qu'Elion me pardonnera... Ou a défaut, s'en remettra. Mais l'heure n'est clairement pas à penser à cela. Et toujours un grand sourire aux lèvres, me perdant dans les yeux vairons du capitaine, je ne peux m'empêcher de me questionner...

- Un jour, il faudra vraiment que tu me dises comment la garde triste et solitaire que j'étais a pu faire fondre le cœur d'un si bel homme.

J'aurai pu choisir quelques unes de ses qualités pour le décrire mais... il y en avait trop. Beau, attentionné, loyal, avenant, courageux, fort, chevaleresque... Non, vraiment... Y'a un truc que j'ai loupé hein ?