Touche la cible mais pas touche au lapin!

Cela ne faisait pas longtemps que j’étais rentré de mon escapade presque mortelle du sud de l’archipel. J’étais toujours en convalescence à vrai dire, j’avais déjà récupéré une certaine partie de mon poids et de mes muscles mais j’avais encore un peu de chemin à faire avant de pouvoir reprendre les missions. Du moins comme je l'entendais moi, c’est à dire : pouvoir traquer et suivre des créatures dans les bois dans le but de les envoyer dans un autre monde. Tout cela bien sûr seulement si ces derniers menaçaient l’équilibre de la faune et de la flore ou si les bestioles en question étaient des nuisibles. Dans le cas contraire, je m’arrêterais probablement pour les observer et en apprendre le plus possible voir essayer de l’apprivoiser pour m’en faire un allié de poids.

Malheureusement ce n’était pas le cas, j’étais toujours là. J’avais établi un petit campement dans les bois à moins d’une heure de marche de la capitale. Pourquoi là ? Tout simplement parce que je n’avais pas envie de me retrouver toute la journée dans une fourmilière géante. J’aime beaucoup les gens, du moins quand ils ne sont pas aussi nombreux. Je préfère largement la compagnie d’une troupe animalière que d’avoir un attroupement d’hommes et de femmes qui s’agitent dans tous les sens en criant “Il est frais mon poisson...”. Après, les individus ne me gênent pas du tout. Il faut juste qu’il ne soit pas aussi nombreux qu’un essaim de frelons sur une ruche d’abeilles.

Bien parlons maintenant de ce que je venais faire là. Et bien c’est tout simple, l’on m’avait demandé de prendre sous mon aile une aventurière certes expérimentée mais qui comme moi n’était pas retourné pour l’instant sur le terrain. Alors comme nous étions tous les deux un peu out du système et bien nous avions organisés un peu entrainement histoire de nous refaire une santé ou plutôt quelques bleus. J’avais d’ailleurs empreinte un peu de matériel à la guilde...mannequin de paille, une tour de musculation, cibles...bref le parfait attirail pour quelques jours de manœuvres et d’exercices.

Pour ce qui est de celle qui est sensé venir me retrouver...comment dire cela...et bien je ne sais absolument pas qui sait. Les seuls échos que j’ai eus et bien c'est que c’était une personne qui n’avait plus mis les pieds sur le terrain depuis plusieurs mois. Pour le reste, cela serait une surprise...Je lui avais donné rendez-vous dans la journée avec une petite carte pour qu’elle me retrouve...c’était comme pour ainsi dire sa première épreuve...Le camp était là, grâce à mon empor’tout personnalisé et bien il avait été vite monté. Un feu avait été installé et j’étais entrains de remuer les buches dans le feu avec une petite tige de fer.

Dans le camp du mouvement, un loup allait à droite et à gauche sous mon regard...Morro, m’accompagne depuis un long moment déjà...c’est un vieux loup et pourtant il semblait toujours aussi en forme...mais pour combien de temps ? Un an, un an et demie peut-être...Je devrais lui dire aurevoir un jour mais j’espérais que cela se fasse dans un avenir lointain. Pour l’instant, ce dernier était en train de tout renifler. Mes armes étaient là à quelques mètres de moi, ma lance et mon arc toujours à portée.

“Et bien mon vieil ami...tu t’amuses bien ?”

Codage par Libella sur Graphiorum

Cela avait pris deux ans à Nevaeh avant de se pardonner de sa dernière mission. Elle n’avait pas réfléchi. Elle n’avait pas assez planifié la mission. Ce n’était pourtant pas quelque chose de nouveau. Elle était du genre à laisser les autres prendre le devant et suivre, laissant les autres réfléchir. Elle préférait improviser, penser pendant l’action. Après tout, la vie avait cette malicieuse tendance à foirer les plans.  Fidèle à soi-même, la vie détruit leur plan. Depuis ce temps, elle laissait son arc bien rangé. Elle ne gardait que sur elle ses dagues pour les utiliser en cas de défense. Mais enfin, elle s’était libérée de sa culpabilité. Ce ne fut pas facile. Elle avait retourné la situation dans tous les sens, se disant qu’elle aurait pu faire ceci ou cela. Malheureusement, des ceci et des cela n'effacent pas le passé. Elle devait accepter que son ami fût blessé. Après deux ans à essayer de convaincre Nevaeh de retourner en mission, elle finit par accepter son idée de se réhabituer à son arc. Son ami sautait presque de joie lorsqu’elle accepta de s’entraîner. Il avait trouvé quelqu’un de soi-disant parfait pour elle et avait même eu l’audace de prendre rendez-vous le même jour. Qu’aurait-il donc fait si elle avait refusé ! Son ami lui laissa alors la carte avec les coordonnées avant de s’enfuir pour éviter qu’elle revienne sur sa parole. Nevaeh soupira et porta attention sur la carte. Le lieu de rendez-vous était à une bonne distance et… il était dans deux heures !

En moins d’une heure, elle se prépara, remplissant son petit sac sans fond de tout ce qui pouvait être utile. Ou presque. Elle jeta un coup d’œil à son arc qui avait pris poussière dans un coin de son appartement. Il était en sa possession depuis longtemps et l’avait accompagné dans plus d’aventures qu’elle ne pouvait compter. Malheureusement, son compagnon se faisait vieux et usé. Elle allait en avoir besoin d’un nouveau. Mais elle n’avait pas le temps. Elle le prit avec elle avec son carquois avant de rejoindre son partenaire d’entraînement.

Tout au long de sa marche, elle réfléchissait aux différentes façons qu’elle allait engueuler son ami pour ce plan plutôt foireux. Elle n’avait que la petite carte et son nom, Red. Elle ne savait même pas à quoi il ressemblait. Elle était enfin sortie de la capitale et était maintenant rendue en bordure de la capitale près des bois adjacents. S’attendant de voir quelqu’un qui l’attendait, elle fut un peu perplexe. Elle avait pourtant bien suivi ce qui était écrit. Visiblement, il voulait qu’elle le retrouve dans les bois.

« Il aurait fallu l’écrire si je devais rejoindre la personne DANS les bois. »

Elle regarda autour d’elle cherchant un signe. Il aurait bien pu laisser une pancarte disant de suivre les flèches, mais non. Nevaeh grommela en levant les yeux vers le ciel. Bon, il n’avait pas laissé de pancarte avec des flèches à suivre, mais de la fumée. On ne fait pas de feu sans fumée. Elle se dirigea ainsi vers la fumée espérant que ce soit la personne dont son ami lui avait parlé. Après quelques minutes de marche, elle commençait à voir un campement. Plus elle s’en rapprochait, plus elle voyait de l’équipement. Mais qu’est-ce que son ami lui a donc raconté pour faire un campement si grand.

« Eum… Bonjour, vous êtes bien Red ? Je suis Nevaeh et je viens rencontrer quelqu’un pour m’entraîner. »

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Touche la cible mais pas touche au lapin!

Le temps défile, la jeune femme devaient avoir reçu le mot de son ami et devait être aux portes de la forêt voir déjà en train de me chercher. Il est vrai que je ne lui avais pas facilité la tâche : pas de carte, pas de piste à suivre dans les bois et pas d’indication visible comme des pancartes ou un sentier. Non, la demoiselle devait se débrouiller tout seul pour me trouver. Après tout, c’était une aventurière, si elle avait été une simple citoyenne, je l’aurais probablement aidé d’une façon ou d’une autre mais là non. Pouvoir se débrouiller tout seul était l’un des principaux atouts de quelqu’un qui voulait partir en voyage et qui serait appeler à vivre dans un environnement hostile durant plusieurs jours.

Il ne fallut pas longtemps pour que mon loup alors toujours en quête d’odeur se fige vers une direction. Ce dernier, bien plus à même à entendre et à identifier tous les bruits du sous-bois. Le canidé avait identifié la venue d’un humain...Je relève lentement la tête dans la direction que me donne mon compagnon. Si c’était la personne que j’attendais et bien elle se débrouillait assez bien. Le loup est tout de même sur ses gardes, nous avons bien trop vu de voleur ou de brigand débarquer d’on ne sait où pour me détrousser. Bon la plupart était maintenant soit au cachot soit avait pris la vite devant ma petite armée personnelle. Le Lycaon repousse ses babines alors que l’ombre devient chaire...il montre les dents courbant son dos pour se faire plus imposant. Il s’est placé naturellement entre l’individu et moi. De façon à protégé son maître contre le possible envahisseur. Les bruits et la pénombre on fait place à une jeune femme aux longs cheveux. Cette dernière se présente et je reconnais alors le prénom de la personne dont j’ai la charge. Sans peur je viens mettre ma main sur la gueule de ma bête.

“Bonjour...en effet, C’est bien moi...Ne fait pas attention à mon vieil ami ici présent, il a tendance à croire qu’il est encore un jeune et vigoureux louveteau.”

En réalité, Morro est tout simplement en forme pour un loup de 20ans, je suppose que comme la magie coule en lui et bien le temps n’a que peu d’effet sur lui depuis son passage à l’âge adulte. Physiquement d’ailleurs ce dernier n’a pas véritablement changé depuis son absorption. Il est resté presque tel quel. Et si c’était moi qui avais le plus vieillit ? C’est fort possible...

“Bien, tu as donc réussi à me trouver sinon tu ne serais pas ici...”

Je me lève me dirigeant lentement vers la nouvelle venue. L’autre est resté sur place, il ne dit plus rien, le seul son c’est un gémissement devant mon geste. Ce qui me fait lâcher un sourire. Bon c’était bien mais nous n’étions pas ici pour rester debout à rien faire.

“Bien ton ami ne m’a pas trop expliqué ta situation, tout ce que je sais c’est que tu n’es pas aller sur le terrain depuis un moment. Et qu’il m’a demandé de te “remettre en forme...”. Selon moi, pour être opérationnelle ça demande autant d’être bien là-dedans que physiquement. Pour l’instant, je vais m’occuper essentiellement du côté physique de la chose. Pose tes affaires dans un coin, nous allons attaquer tout de suite...on va commencer par un échauffement…”

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Elle avait enfin retrouvé Red. Elle était bien heureuse de ne pas s’être trompé, sinon elle ne savait pas comment elle allait essayer de le retrouver. Bien qu’il eût l’air amical, le loup l’était moins. Elle garda alors ses distances, ne voulant pas avoir l’air menaçante.

« C’est un compagnon bien loyal que tu as. »

Elle aimait bien les animaux et en général ceux-ci n’étaient pas violents avec elle. Un jour elle adopterait un animal. Peut-être dans la famille des canidés. Les chiens semblaient souvent attirés vers elle pour de l’attention. Du moins, le chien de son cousin aimait bien lui sauter dessus dès qu’il la voyait. Tranquillement, elle s’approcha du compagnon de Red. Les animaux fonctionnaient avec leur instinct et pouvaient parfois ressentir les émotions des autres. Ne voulant pas avoir l’air de l’intimider en étant plus haute que lui, elle s’accroupit devant lui. Puis, elle lui tendit sa main pour qu’il puisse sentir sa main. L’animal sembla satisfait et Nevaeh se releva souriante. Elle pourrait adopter un loup comme celui-ci.

« Ah, oui c’est exact, je n’ai pas été en mission depuis… deux ans. »

La jeune femme alla donc déposer ses choses dans un coin comme indiquer puis tressa ses cheveux rapidement. Elle n’allait pas s’entraîner avec des cheveux qui allaient se retrouver dans tous les sens. Non seulement ils allaient être dans le chemin et elle serait obligée d’enlever les nœuds ensuite. Une tâche qui pouvait prendre des heures quand il y en avait trop. Elle hésita à retirer son bandeau. Elle voyait bien au travers et cela l'aidait à mieux se concentrer sur ce qui était devant elle. Elle décida de la garder, se disant qu’elle pourra le retirer au besoin. Sachant qu’elle allait s'entraîner, elle n’avait que garder ses boucles d’oreilles et son collier voulant éviter de briser ses bijoux. Une fois tout déposer dans un coin, Nevaeh alla rejoindre Red.

« Mon ami ne m’a pas non plus dit grand-chose, seulement qu’il avait trouvé la personne parfaite pour moi. Nous allons donc pouvoir nous connaître un peu plus durant l’entraînement. »

Après avoir vu tout l’équipement, elle se dit qu’il y en avait pour pouvoir s’entraîner durant plusieurs jours. Il n’allait pas tout utiliser, n’est-ce pas ? Si c’était le cas, ils allaient avoir le temps de bien se connaître. Il allait apprendre qu’elle n’avait pas une très grande force physique. Sa force était la vitesse et son agilité. À quoi bon frapper fort si elle réussissait à éviter les coups. Elle avait un bon cardio pour une aventurière, mais ça c’était il y a deux ans. Le seul exercice qu’elle pratiquait ces derniers temps était la marche. Ou une marche rapide lorsqu’elle était en retard pour le travail.

« Alors, quel genre d'entraînement avais-tu en tête? »

Elle avait un peu peur de sa réponse. Elle se rappelait les entraînements de son père et à quel point elle était épuisée ensuite. Tout comme Red, son père aimait l’emmener elle et son frère dans la forêt pour ensuite en ressortir recouvert de bleue.

« Si je ressors de cet entraînement morte, mon fantôme va te hanter. »

Son ton était léger et taquin. Elle n’allait pas mourir, il ne fallait pas exagérer.

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Touche la cible mais pas touche au lapin

La jeune femme avait eu la bonne réaction face au canidé protecteur, elle s’était approchée doucement et l’avait laissé la sentir, il serait dès lors à même de la reconnaitre et accepter sa présence dans ce camp dont il avait la garde en charge. Maintenant, il reniflait l’air puis le sol à tour de rôle s’éloignant un peu vers la gauche puis vers la droite. Il n’y avait plus de menace, il pouvait donc reprendre ses activités de détectives. Je pense que ce dernier a hâte de partir en balade...malheureusement pour lui, nous n’irons pas dans les bois tout de suite. Nous avions d’abord des muscles sur la planche !

Mais avant cela nous devions parler un peu pour définir un peu notre programme. Déjà première chose...L’aventurière parlait de deux ans sans mission...deux ans ?! Mais qu’avait-elle fait pendant tout ce temps ? Je n’avais été sur le carreau que quelques semaines et cela m’avait déjà semblé une éternité. Il devait y avoir anguille sous roche mais je n’allais quand même pas mettre directement les pieds dans le plat, quoique...deuxième chose, notre ex-retraitée portait un bandeau depuis le début voir même avant de rentrer dans le sous-bois. Ce qui était assez étrange en soi...cela obstruait la vue et la déesse sait que c’était important pour relever le moindre détail et surtout pour viser...surtout à l’arc.

“En effet, on risque d’avoir pas mal de temps pour faire connaissance...”

Je dis cela en souriant, en réalité, nous risquons réellement de passer énormément de temps ensemble. Plusieurs heures assurément, une journée certainement, quelques jours...immanquablement. Oui, j’avais prévu de camper ici pendant un moment. Il faut dire que ma tente était en réalité un empor’tout personnalisé autant dire que j’avais un confort plus qu’indéniable. Mais bon de l’extérieur, elle ressemblait à n’importe quelle petite tente de survie. Quant à la demoiselle, je n’avais pas spécialement prévu de l’héberger mais vu toute la place à l’intérieur de ma demeure portable cela ne me poserait pas de problème de la partager en cas de besoin.

“Pour aujourd’hui, je pensais surtout tester tes aptitudes...”

J’avais disposé quelques instruments dans un petit parcours. Un tronc d’arbre abattu pour l’équilibre, des cordes pour faire grimpette des petites séries de musculation : squattes, pompes, abdominaux...de quoi faire plaisir à n’importe quel gymnaste du royaume. Deux cibles étaient également disposées sur le cheminement...un pour l’archerie et l’autre pour un jet de couteau...ne sachant pas très bien ce que la fille d’Eve préférait j’avais pris l’ensemble. Merci à la guilde pour m’avoir fourni le matériel. Bon certes, je devrais le rendre à un moment mais c’était déjà superbe de pouvoir leur emprunter le tout.

“Avec ça, je vais pouvoir me faire une idée globale de tes capacités. De là, nous partirons sur un entrainement plus physique ou plus technique pour les prochains jours. Nous allons bien sûr faire plusieurs fois l'itinéraire pour voir si tu tiens le coup.”

Je souris à sa blague...

“Si jamais tu meurs dans ce bois, je te promets de te faire une jolie tombe près d’un bosquet.”

Je levais légèrement la main en direction de la ligne de départ.

“Dès que tu te sens prête…”

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Pour aujourd’hui. Cela voulait donc dire que Nevaeh allait rester quelques jours dans les bois. Étrangement, elle aimait bien cette idée. Bien qu’elle aime être dans la capitale, la forêt restait tout de même l’environnement où elle se sentait le plus confortable. Il y avait quelque chose de libérateur à être seul dans les bois. Ou presque seul. Cela faisait un bon moment qu’elle n’avait pas été dans la forêt. Elle était d’ailleurs impressionnée par le parcours devant elle. Il avait mis beaucoup de temps à monter le camp et les obstacles. Cela avait dû prendre beaucoup de temps. Et traîner toutes les choses n’avait pas dû être facile, à moins que Red ait un objet spécial pour tout déplacer.

« Si tu me fais une tombe ici, alors je m’attends à recevoir des fleurs chaque fois que tu es dans la capitale. Des oiseaux du paradis pour être plus précis. »

Elle aimait ces fleurs, non seulement pour leur forme distincte, mais aussi pour leur signification. Elle en croisait rarement, mais elle ne pouvait s’empêcher d’en acheter une lorsqu’elle en voyait au marché. Quoique… Une fleur représentant la liberté pouvait être ironique si elle devait mourir de cet entraînement. Elle se dirigea vers où semblait être le début du parcours et s’étira un peu, faisant craquer son cou en même temps. Ça ne pouvait pas être bien compliqué. Elle n’avait pas été en mission, certes mais elle n’avait pas tout perdu. Enfin, elle l’espérait bien.

Elle commença donc sa course dans un rythme qu’elle se sentait confortable à garder sur toute la durée de l’épreuve. Une fois rendu à l’arbre, elle le traversa avec aisance. C’était parfait ! Elle n’avait donc pas tout perdu. Elle continua sans trop de problèmes le restant du circuit. Ce n’était pas parfait et elle commençait déjà à avoir chaud, mais elle était bien fière. Elle avait perdu beaucoup de flexibilité. C’était bien le problème avec ça, si on arrête de s’étirer quotidiennement, les muscles perdent leur élasticité.

Une fois devant les cibles, elle lança le couteau. Ouf, elle avait réussi à toucher la cible, mais le couteau s'était planté loin du centre. Cependant, là n’était pas le problème. Le problème fut lorsqu’elle prit l’arc dans ses mains et tira. Sans avertissement, son esprit se remémora l’incident et d’un geste brusque, leva son arc manquant la cible. Malgré toute l’expérience qu’elle avait, elle n’arrivait pas à se résoudre à tirer. Elle commençait à regretter d’être venue. Elle n’était pas capable de continuer. Elle déposa l’arc et se dirigea vers Red.

« Et si… Et si on laissait tomber l’arc pour aujourd’hui ? »

Elle lui tendit l’arc et s’empressa de continuer pour qu’il ne puisse pas lui poser de questions.

« Je me sens prête à refaire le parcours. C’était pas trop mal ? »

Ce n’était pas parfait, mais c’était un début.

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Touche la cible mais pas touche au lapin

La demoiselle était vraiment quelqu’un de difficile. Si je l’enterrais ici alors il faudrait que je repasse par sa tombe à chaque fois que je remettais les pieds près de la capitale. Pire : elle osait me demander une fleur bien spécifique...Bon après tout, si elle disparaissait soudainement dans la nature et que j’étais le seul à connaître son emplacement six pieds sous terre alors je pouvais peut-être me le permettre. Ne dit-on pas d’ailleurs que “pour ne pas réveiller un mort, il suffit de lui souhaiter bonne nuit tous les soirs ? “ Bon !  En réalité, je n’avais de toute façon pas prévu de la tuer aujourd’hui, ni demain. Après, il y a trop de paperasse à remplir et mon mérite auprès de la guilde aurait fait une chute libre. Et ça je n’en avais pas envie.

“Rien que ça...je suppose que je pourrais faire un effort...”

La recrue se mit alors en position et s’élança dans un effort dosé. Très bien, j’en ai souvent vu dans ce genre d’exercice qui se donnait à cent pour cent dès le démarrage, la plupart d’entre eux avait alors fait un score horrible à l’arc et au lancer car bien trop fatigué pour viser juste ou pour bander l’arc. Ici, le timing était correct...pour un premier tour. Elle passait les obstacles assez sereinement. Son plus gros défaut étant tout simplement son manque d’entrainement ce qui l’handicapait un peu. A la voir, je suis sûr et certain qu’elle pouvait mieux faire sur la première partie du parcours. Enfin, ça pourra facilement se régler par une préparation physique journalière...

Le reste du circuit me laissait plus sur ma faim…d’abord parce que le couteau même s’il était planté était quand même loin du centre, ce qui indiquait la aussi un manque de précision dû à un arrêt de manœuvre. Encore une fois, si l’on ne travaillait pas ses aptitudes alors ceux-ci ne pouvaient que s’émousser au fil du temps. Et ensuite, car la jeune femme avait eu une drôle de réaction au moment de sa séance d’archerie. Il semble que son esprit s’était complétement égarer. Après, il y avait autre chose qui pouvait expliquer son impuissance à mettre une lame ou une pointe dans le mille. Après tout, elle avait toujours son bandeau devant les yeux et même si celui-ci était en tissus non opaque cela devait tout de même interférer avec sa vision. Elle se retourna finalement vers moi.

“Pas trop mauvais...essaie de marquer plus tes appuis et lorsque tu montes les cordes, remonte bien les genoux jusqu’au bas-ventre. Tu n’as pas encore récupéré ta condition...mais ça reste passable par contre, je ne me risquerais pas à commenter sa visée...par pure hasard...tu n’enlèverais pas ton...bandeau.”

Disais-je en pointant circulairement mes yeux.  

“Pour l’arc, je veux bien ne pas insister pour aujourd’hui…”

Oui, nous y reviendrons mais je ne vais pas plus la brusqué que cela pour l’instant, nous venons de nous rencontre et je n’ai aucune animosité envers cette dernière. De plus, nous avons chacun nos jardins secrets. Le problème en mission, c’est qu’on ne peut pas se permettre de travailler avec une personne qui n’est pas au maximum de ses capacités. Enfin, je dis cela mais j’avais pourtant fait l’inverse en répondant favorablement à une demande de noble pour un noble de l’archipel.  

“On va refaire le parcours deux fois…une fois toute seule...pour la seconde tu te transformeras en lapin, le but étant que tu m’échappes et que tu arrives au lancé avant que je ne t’attrape.”

En clair, nous allions pour le second tour jouer au feupagnol et au Maneskinn

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Même si elle ne s’était pas entraînée pendant deux ans, elle n’avait pas tout perdu. La forme laissait à désirer, mais elle avait réussi. C’était encourageant. Au moins son entraîneur n’avait pas trop de mauvais commentaires. Si elle faisait attention à ce qu’il lui avait dit, le deuxième tour devrait aller un peu mieux. Nevaeh fut heureuse que Red n’insiste pas plus au sujet de l’arc. Elle pensait qu’elle avait enfoui l’incident loin dans ses pensées, mais visiblement elle n’arrivait pas à tirer de flèche sans que son esprit revienne sur son meilleur ami. Il était inévitable pour elle de devoir se réhabituer à son arc, après tout c’était l’arme dont elle avait le plus de facilité à utiliser. Elle pouvait se battre avec une épée et même à mains nues, mais ce n’était pas aussi naturel que lorsqu’elle utilisait un arc. Elle fut aussi soulagée lorsqu’il ne posa pas de question. Mais, elle ne pouvait pas éviter la curiosité envers le bandeau. Elle était habituée et elle s'y attendait.

« Ah. Oui. Le bandeau. C’est pour m’aider à mieux me concentrer. Sinon, j’ai de la difficulté à savoir où poser mes yeux. Ça ne parait pas, mais je vois assez bien au travers. Je suis même capable de voir que ton vieil ami semble intéresser par quelque chose caché dans un buisson. »

Pour prouver son point, elle mentionna le loup de Red derrière elle. Même si elle faisait face à l’aventurier, elle pouvait apercevoir l’animal qui était dans son champ de vision. Elle n’arrivait pas à voir ce qui l’avait intéressé. Peut-être un écureuil ou un autre petit mammifère. Il n’avait pas l’air en danger, il ne faisait que s’amuser.

« En quoi ? Un lapin… J’espère que tu ne parles pas de façon littérale. »

Elle avait bien compris la première partie. Elle n’avait qu’à refaire le parcours tout en suivant les recommandations données. Simple. Elle pouvait faire ça. Mais, elle fut un peu bouche bée lorsqu’il lui expliqua qu’ils allaient jouer au chat et à la souris. Il s’attendait à ce qu’elle réussisse à faire des pompes pendant qu’il lui courait après ?

« Très bien. J’avais peur que tu t’ennuies juste à regarder. »

Nevaeh retourna à la ligne de départ et recommença l’épreuve. C’était une bonne chose qu’elle n’avait pas dépensé toute son énergie dès le premier tour. Elle se concentra alors sur les obstacles tout en prenant compte les commentaires de Red. Elle traversa le tronc d’arbre sans problème et essaya de monter les genoux le plus haut possible. La série de squattes, pompes et d’abdominaux n’a pas été un problème, mais elle sentait ses muscles commencer à avoir pas mal chaud. Elle se demandait vraiment comment elle était censée faire cette partie avec lui qui la chasse. Puis, une fois terminé, elle se rendit jusqu’au dernier obstacle. Elle prit le couteau de lancer et cette fois elle se concentra un peu plus. Elle ajusta son bras et lança le couteau. Ce n’était pas pire, mais ce n’était pas tant mieux. Elle s’était rapprochée du centre, mais c’était à peine perceptible.

« C’est quand même mieux je suppose… »

Avant de retourner vers la ligne de départ pour recommencer, Nevaeh se déplaça vers les cibles pour retirer les projectiles. Elle n’avait pas envie de devoir faire cela pendant qu’on lui courrait après. Une fois récupérée, elle retourna vers la ligne de départ tranquillement reprenant son souffle en même temps. Mais, elle avait visiblement pris trop son temps et la chasse semblait avoir commencé. Elle évita de justesse Red et elle lui lança un regard irrité.

« Il fallait le dire que c’était commencer, non mais ! »

Il n’y avait pas de temps à perdre, le troisième tour était commencé.

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Touche la cible mais pas touche au lapin !

Je ne suis d’abord pas convaincu par le discours de la jeune femme, elle m’assure voir correctement avec son bandeau sur les yeux. Je dois bien avouer que j’ai vraiment du mal avec cette explication et cela même si elle m’indique ce que fait mon canidé qui est pourtant dans hors vision Oui, il est bel et bien normalement dans un angle aveugle, l’aventurière ne devrait normalement pas pouvoir le remarquer. Enfin peut-être me ment-elle...et si le bandeau était enchanté ? Peut-être qu’elle était une hybride chouette ? Ou encore avait-elle tout simplement jouer au hasard ayant entendu du bruit, nommant mon loup comme seul possible responsable de sa provenance. Bref, beaucoups de possibilité mais peu de certitude. Quoi qu’il en soi : je ne pouvais l’obliger à ce dévoiler complétement.

“Oui, un lapin...”

Visiblement cela perturbait ma compagne d’entrainement...il faut dire que je me suis peut-être mal expliqué. Elle ne se transformerait pas en lapinette proprement dit. Je la vois bien à la limite avec des petites oreilles de l’animal pour servir dans un bar mais bon le contexte était complétement différente. Non, ici je parlais bien dans un but purement ludique. C’était pour moi la meilleure façon de faire, il s’agissait simplement d’un jeu entre adulte mais qui n’avait aucune connotation perverse. Après tout, j’ai déjà une bien-aimée et je lui suis fidèle surtout après la nuit que nous avions passé dans les montagnes. Je n’ai donc nullement envie de me mettre dans de beaux draps.

Le second tour fut meilleur en tout point, si ce n’est en lancer. Mais bon, on ne pouvait revenir à son meilleur niveau du jour au lendemain. Je fis donc les pour et les contres essayant de visualiser ce que je pourrais faire pour améliorer ou corriger les imperfections de la noirette. A vrai dire, je ne sais pas trop si l’on à bien fait de me confier ce petit boulot...je ne suis pas forcément le plus didactique pour ce genre de chose...mais j’étais celui qui avait accepté donc bon...autant maintenant être le meilleur possible dans mon rôle de mentor.

“En effet, tu assimiles facilement les remarques...”

Bon là-dessus, je ne suis pas très loquace...car je suis déjà dans la peau du traqueur. D’ailleurs, la jeune femme prend particulièrement son temps pour rejoindre le départ. Je décide alors de lui faire comprendre que le jeu à démarrer. Je passais donc en vitesse faisant semblant de vouloir déjà la happer au passage. Heureusement, elle avait de bons réflexes et s’était finalement élancé sur le parcours. Je me remue alors les fesses, la poursuite était maintenant un fait.

“Je te rassure, j’ai moi aussi tous les exercices à faire...”

Il ne manquerait plus que cela : que la presque ancienne novice doive faire des exercices et que moi, je ne doive pas les faire. Non, ce n’est pas comme cela que je voyais le jeu. Je devais moi aussi me plier aux règles. Je ferais donc mes abdos, pompes et lancer. Je suis plus ou moins prêt de la jeune femme, je suis à un mètre à peine de cette dernière et pourtant je n’arrive pas à l’attraper. Et me glisse littéralement des mains...je passe à deux doigts de sa chevelure plus d’une fois et cela me frustre. Mais je suis bien obligé de m’incliner face à sa performance. A la limite, le seul point dont je peux vraiment être fière était mon lancé qui à fait mouche dans l’un des cercles intérieurs. Certes, le centre est proche mais il n’est pas dedans....décidément, ce n’était pas ma journée.

“Je m’incline...lapin...Nous en avons fini pour aujourd'hui...tu as bien travaillé, nous poursuivrons demain...pour l’heure je te propose de manger...et pour cela nous avons le meilleur garde-manger...la forêt...”

Et oui, nous allions donc devoir chasser ou cueillir pour nous nourrir, cela fait bien sûr partie du béaba de la survie. Bon, je ne lui dirais pas que j’ai dans ma tente magique de quoi nous nourrir pendant un long moment. Car c’est encore un petit test...

“Je te laisse une dizaine de minutes pour te préparer, nous partirons ensuite à la recherche de notre plateau repas.”

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Le troisième tour fut bien plus difficile que les deux premiers. Elle l’évita comme elle le pouvait, feignant d’aller dans une direction, puis changeant brusquement de sens. Malgré ses feintes, il était toujours à ses trousses, toujours à deux doigts de l’attraper. Nevaeh était assez fière d’elle lorsqu’elle arriva au jet de couteau et il ne l’avait pas attrapé. Elle n’avait peut-être pas tout perdu. Elle avait déjà l’impression d’avoir un meilleur contrôle sur son corps. Si Red avait l’intention de la surnommer ‘lapin’, elle allait devoir lui trouver un surnom. Et puisqu’ils venaient de jouer au chat et à la souris, ‘chat’ semblait approprié.

« C’est parce que j’ai eu de bonnes indications que j’ai aussi bien travaillée, chat. »

Lorsqu’il indiqua la forêt comme garde-manger, un sourire se dessina sur son visage. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas passé du temps en forêt pour cueillir quoique ce soit. Elle retourna au campement pour prendre une petite pause. Elle retrouva son sac et fouilla pour trouver sa gourde. Après un bon entraînement, de l’eau est toujours le bienvenu. Elle fixa son arc pendant un moment, se demandant si elle devrait le prendre. Si elle devait chasser, le mieux serait de l’emmener. Mais au vu de sa réaction plus tôt, elle doutait qu’elle puisse réussir à attraper quelque chose. De plus, elle avait pu constater qu’elle avait du mal à viser. À chaque fois, elle manquait le centre de la cible. Au moins, elle ne la manquait pas complètement. Elle décida alors de prendre ses dagues qu’elle accrocha sur chacune de ses cuisses. Puis, elle enleva son bandeau. Elle préférait ne pas être distraite pendant le parcours, mais cette fois c’était différent. Cette fois, elle voulait pouvoir voir partout pour être capable d’apercevoir ses proies. Elle choisit de laisser l’arc derrière et rejoint Red.

« C’est pas juste si ton loup chasse avec toi. »

N’étant plus occupé par l’entraînement, le compagnon de l’aventurier avait retourné à ses côtés. Elle fit une petite moue boudeuse. Nevaeh n’avait pas de familier, elle ne pouvait compter que sur ses propres compétences. Mais, elle ne bouda pas longtemps. Elle était habituée à compter sur elle-même. Comme sa mère le lui disait souvent, nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-mêmes. La vie offrait rarement des cadeaux et si elle voulait quelque chose, elle ne pouvait compter que sur elle-même.

« Après toi. »

Visiblement, il n’y avait aucun animal aux alentours. Avec tout le bruit qu’ils avaient fait, ils s’étaient tous enfuis plus loin. Cependant, il ne manquait pas de baies. La jeune femme s’accroupit devant un buisson pour observer les petits fruits rouges, il s’agissait de framboise. Parfait. Elle ne risquait pas de s’empoisonner. Elle fouilla dans son sac pour y sortir un sachet pour pouvoir placer les fruits à l’intérieur. Une fois les framboises rangées, elle aperçut des plantes non loin pouvant être utilisées dans des infusions. Un bon thé après la chasse pourrait être une bonne idée. Sur cette pensée, elle étira son bras pour cueillir assez de feuille pour faire une théière pleine… Avait-elle une théière ? Avait-elle des tasses ? Elle haussa les épaules et se dit qu’elle allait vérifier plus tard. Une fois sa cueillette terminée, elle se releva. Elle constata seulement à ce moment qu’elle avait perdu Red. Tiens donc, elle aurait pu jurer qu’il était derrière elle. Peut-être qu’il avait trouvé une proie. Elle devrait s’y mettre aussi.

Elle s’aventura plus loin dans les bois cherchant le moindre mouvement, mais elle ne trouva rien. Elle n’entendait rien non plus. Même pas le bruit du vent dans les feuilles ou le chant des oiseaux. Elle ne pouvait pas croire que ce bois était vide de petit animal. Après plusieurs minutes de marche, elle finit par voir un buisson bouger. Rapidement, elle se tourna dans la direction du mouvement et vit un lapin. Enfin ! Son repas était arrivé. Elle s’accroupit pour se cacher de l’animal pour ne pas l’effrayer. Alors qu’elle réfléchissait à comment elle allait l’attirer plus près, sa proie ne fut volée par nul autre que Red.

« Hey ! Il était à moi ! »

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Touche la cible mais pas touche au lapin

 La jeune femme se prend à mon jeu, voilà qu’elle me donne un surnom à son tour...”Chat” Pourquoi pas, j’étais celui qui l’avait poursuivi juste avant et puis je restais un chasseur alors qu’elle restait une proie...pour l’instant. Il était maintenant l’heure de partir à la chasse. J’observe la demoiselle du coin de l’œil, elle se prépare, hésite sur ce qu’elle va devoir prendre avec elle pour la route. Elle ne prend finalement pas l’arc, cela ne m’étonne qu’à moitié, je dois dire que pour l’instant, si elle comptait sur l’arc pour se nourrir et bien elle allait être fortement dessus. Non, le laisser était probablement la meilleure chose à faire...elle était beaucoup plus adroite avec ces dagues. Le lapin n’est visiblement pas d’avis que mon canidé soit de la partie...il faut dire que c’est un carnassier et que la forêt et la chasse sont ses domaines...si seulement elle savait tout l’attirail qui était encré sur ma peau.  

Nou nous mettons en route, le lupus trainant le long de ma jambe gauche. Il est juste là pour faire bonne figure et comme compagnon. Il n’est pour l’instant pas question de le faire partir dans une autre direction. Je laisse Nevaeh prendre la direction de notre destination après tout c’est elle qui doit être juger et non moi. Je décide de ralentir doucement mes pas, la laissant prendre de l’avance et pour finir de presque la perdre alors qu’elle s’arrête pour cueillir des baies...Je ne suis pas bien loin mais je ne suis plus sur le sentier. Je me pose contre un arbre et j’observe...des feuilles, des fruits...ce n’est pas un repas digne de ce nom mais c’est toujours ça de pris. Dans la nature, il faut pouvoir se satisfaire du nécessaire...enfin ça c’est ce que l’on dit. La réalité est tout autre, il faut savoir faire des réserves quand on le peu car on ne sait jamais de quoi demain sera fait.  

Un buisson bouge pas loin de nous et un lièvre surgit doucement. La femme est bien cachée mais semble bien trop réfléchir à mon goût t’en pis pour cette dernière, un repas et un repas et prendre son temps et le laisser partir était hors de question ! D’un coup, je prends mon arc et décoche ma flèche, elle fend l’air et transperce la bête de part en part le couchant instantanément sur le côté. Quant à moi, je cours et ramasse la bête morte d’un geste souple...Elle rouspète et je me retourne vers cette dernière avec un petit sourire.  

“C’était, maintenant c’est le mien...tu as mis trop de temps à réagir...tu dois agir par instinct...dans le feu de l’action, tu n’auras pas le luxe de réfléchir à ce que tu vas faire. Tu dois te faire confiance, il était à porter de lame et tu n’as rien fait, du coup tu l’as perdu. Retournons au camp, et chacun mangera ce qu’il aura rapporté.”

Je me mets en route, je suppose que ma lapine est derrière moi...je n’ai bien sûr pas l’intention de la laisser mourir de faim mais ça je ne comptais pas le lui dire avant d’être au feu. Une fois, à notre campement, je me dirige vers ma tente magique...

“Viens...il y a de la place...”

Le loup, lui ne se fait pas prier, il s’engouffre et disparait à l’intérieur. Normalement, vu la mesure de la toile, un humain aurait pu si ajouter mais un deuxième ? Et Surtout pourquoi allais-je sous la tente pour cuir ? Peut-être pour le manger cru ? Non du tout, mon antre était magique et à l’intérieur s’étendait un espace bien plus important avec tout le confort...deux chambres, une salle de bain avec baignoire et surtout un bon feu magique au milieu. Morro, lui s'était déjà installé à côté de l'entrée attendant patiemment comme l'aurait fait le meilleur ami de l'homme.

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Quelque chose frustrait Nevaeh dans les mots de Red. Elle comprenait ce qu’il lui disait, elle savait que durant le feu de l’action elle ne peut pas se permettre de trop réfléchir. Elle avait besoin de laisser ses instincts la guider. Elle le savait, c’était ce qu’elle faisait auparavant. En fait, elle réfléchissait rarement. Elle sautait dans l’action sans crier gare et s’arrangeait avec les conséquences ensuite. Mais, comment faire confiance à ses instincts lorsque ceux-ci lui avaient déjà failli. Dans le cœur de l’action, une petite erreur peut être fatale. Elle ne pouvait pas se tromper, elle ne pouvait pas faire d’erreur. Aucune.

Elle fixa le lapin au sol avec un air étrange. La flèche transperçait l’animal d’un bord à l’autre et une flaque de sang s’étendait tranquillement. Ce n’était pas une jolie vision, mais elle n’arrivait pas à détacher son regard de la flèche. Elle avait cette émotion étrange qu’elle n’arrivait pas à décrire qui lui pesait lourd sur l’estomac. Ou sur le cœur ? Elle n’était pas certaine. Elle savait toutefois que quelque chose la dérangeait. Mais elle chassa rapidement cette émotion et sa frustration avec un rire un peu forcé.

« Je ferais mieux la prochaine fois. »

La prochaine fois… Elle n’aimait pas ces mots. Ils avaient un goût amer. Elle avait l’impression que cette erreur lui montrait qu’elle n’était pas prête à recommencer à partir en quête Aujourd’hui n’était qu’un simple entraînement la vie de personne n’était en jeu… Enfin, sauf la vie du lapin. Lorsqu’elle l’entendit dire qu’ils mangeront ce qu’ils avaient réussi à attraper, elle se dit soudainement que c’était peut-être une bonne chose que Red ait attraper le lapin. Avec ses talents culinaires, absolument légendaires, elle brûlerait la forêt. Au moins, les baies n’avaient pas besoin de cuisson, mais elle doutait qu’elles allaient remplir son estomac. Elle allait passer une longue nuit si son ventre hurlait famine.

« Ne me dis pas que tu vas dépecer la pauvre bête dans ta tente. »

Elle haussa un sourcil en le voyant se diriger vers la tente. L’animal dans ses mains laissait des traces de sang un peu partout et elle se demandait s’il allait vraiment l’emmener à l’intérieur. La réponse fut oui, mais l’intérieur de la tente la surprit. Il ne fallait pas se fier aux apparences. Bien que l’extérieur semblât à une tente tout à fait ordinaire, elle avait l’impression d’être entré à l’intérieur d’une maison en voyant tout l’espace. En se disant cela, elle se dit que l’aventurier avait peut-être une théière… Il serait dommage de gaspiller les feuilles cueillies. En même temps, il aurait été préférable de cueillir autre chose en y pensant bien.

« J’ai des plantes que l’on peut utiliser pour faire des infusions si tu as une théière. »

La jeune femme fouilla dans son sac et commença à sortir ce qu’elle avait récolté. Elle allait officiellement passer la nuit affamer.

« Bon, je suppose que la bonne nouvelle est que je ne suis pas sortie de cette première journée d’entraînement morte. »

Elle lui dit en riant. Il n’allait pas avoir besoin de lui creuser une tombe dans les bois ni lui emmener des fleurs.

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Touche la cible mais pas touche au lapin!

 J’aurais pu lui faire remarquer que de nombreux aventuriers partis en quête avait probablement fait la même remarque quelques temps avant durant leur propre entrainement...Cependant, j’étais surtout là pour la remettre en forme et non lui faire quitter la guilde. Il devenait de plus en plus évident que notre plus gros problème ne serait pas de lui retrouver une certaine forme physique mais plutôt qu’elle reprenne confiance en elle. Je ne sais pas ce qui lui était arrivé...mais cela l’avait à n’en pas douter perturber d’une manière importante. Comme un serpent s’enroulant progressivement autour d’une jambe puis des bras vous empêchant alors d’agir pour en finalité vous faire suffoquer. Autant dire que si elle ne se remettait pas en selle rapidement, il y avait de forte chance qu’elle y passe ou que dans une mission ces compagnons finissent par mourir.  

Je rentre avec le lapin sous la tente et j’entends sa remarque qui me fait sourire. Oui, je comptais bien emmener le repas sous la tente et surtout le faire cuir dedans. Je plaçais le repas dans une bassine, je n’avais pas fait attention jusque-là mais il avait perdu du sang tout le long du chemin et maintenant cela laissait des traces sur le parquet de la tente. Je pris un torchon essuyant le chemin laisser par les gouttelettes. Une fois cela fait, je regardais mon invitée...Je dois bien avouer que mon campement était plutôt complet...mon bâtiment portable de plus ou moins 300 mètres carrés avec tous les commodités basiques. 1 grand lit et deux autres superposés...une petite cuisine très sommaire : Pas de four, ni d’âtre, à vrai dire rien dans le lot n’aurait pu servir à faire cuire une viande...Une salle de bain voilé à l’arrière du grand lit par un simple rideau. Voilà ce qu’était ma maison durant les missions, du moins celle qui n’impliquait pas à devoir rester à tout moment sur ces gardes.  

Je souris à ça remarque et appréciai la récolte de plante qu’elle avait récupérer. Certaines pouvaient se manger sans se cuire mais la plupart été réellement des plantes à thé et non à déguster. Si elle avait eu le lapin, elle aurait pu se caler l’estomac sans le moindre doute bien que celui-ci ne soit pas si charnu en réalité.  

“Tu trouveras une théière dans le meuble sur ta gauche.”

Evidement que j’ai une théière...c’est comme me demander “ Anème-tu toujours ton arc pour la chasse ?” Je pense pour moi qu’il est logique d’avoir un minimum d’équipement. La tente est un extra, en réalité, un simple voile et mon loup pour oreiller m’aurait suffi. Mais il est vrai que l’on apprécie vite d’avoir son petit confort tant que ce dernier est justifié. Le lapin est rapidement dépecé et évidé. L’animal fut réduit à l’état complet de quartier de viande. J’allais remplir un chaudron à demi d’eau rajoutant avant la viande les abats dans le fond avant de placer une petite grille pour les séparer de la viande saine. Je rajoutais épices et pomme de terre pour faire bonne figure.  

“Tu peux rajouter les baies que tu as ramassé dans la marmite.”

Cette dernière, je la plaçais sur le feu au milieu de la pièce qui s’alluma une fois que j’eu passé ma main sur le glyphe présent devant le foyer. J’avais appuyé sur le 2eme des trois glyphes maintenant donc la magie de chaleur et de cuisson sur moyen.  

“En effet, tu as survécu et pour cela tu auras le droit à ta part.…”

Je m’installais alors devant cet âtre sur un des cousins l’entourant.

“Tu es plutôt en forme physiquement lapin mais il semble que quelque chose t’empêche de d’avancer et cette chose semble venir de là ou-et de là.”

Dis-je en pointant du doigts son cœur et sa tête. Je n'allais pas la forcer à parler car nous ne nous connaissions très peu voir pas du tout. Néanmoins, elle devait bien comprendre que cela allait l'handicaper fameusement dans sa progression si elle n'arrivait pas à passer au-dessus de ces problèmes quelques qu'ils soient.

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Comme Red lui avait indiquer, elle sortit une théière du meuble à côté d’elle. Il y avait tout ce dont une personne avait besoin à l’intérieur de la tente. Avoir un tel objet aurait été tant utile lorsqu’elle était encore très active et qu’elle n’avait pas d’endroit pour se loger. C’était une chance que la guilde avait des chambres pouvant être utilisé entre deux missions. Elle avait parfois dû dormir au sol et ce n’était jamais plaisant pour le dos. Cette tente était d’un luxe que Nevaeh profitait rarement. Il y avait quelque chose de très chaleureux et accueillant. Même son logement n’était pas aussi accueillant. Elle ne pouvait pas dire qu’elle se sentait vraiment chez soi, même si cela faisait deux ans qu’elle habitait au même endroit, mais elle avait tout ce dont elle avait besoin et elle se sentait relativement bien. Et se sentir bien était un bon début.

Plaçant quelques feuilles dans la théière, elle la donna à Red pour ensuite mettre les baies dans la marmite. Elle sourit en entendant qu’il allait partager sa récolte, mais ce sourire s’effaça rapidement lorsqu’il vint prendre place près d’elle. Elle avait un problème et elle le savait. Tirant ses jambes plus près, elle entoura celles-ci de ses bras et posa son menton sur ses genoux. Réfléchissant à la réponse qu’elle allait lui donner, elle posa son regard sur la viande en train de cuire tranquillement.

« Je sais… J’ai essayé, mais je ne sais pas comment surmonter ça. »

Sa mère lui avait appris qu’elle devait être indépendante et tout faire seule. Demander de l’aide était un concept étrange, mais elle savait aussi qu’elle en avait besoin. Seulement, elle n’était pas sûre si elle savait comment demander.

« Celui qui est venu te voir pour m’aider était mon meilleur ami. Mais, à cause de moi, il a passé près de quatre mois dans un coma. Il y avait tellement de sang, je ne pensais pas qu’il allait survivre. »

Malgré le fait qu’elle avait enfin réussi à se pardonner après deux ans, il était difficile de dire que ce n’était pas sa faute. Elle avait progressé considérablement, mais il lui arrivait encore de penser à la situation et de se blâmer. Cette fichue quête avait presque coûté leur vie. Entre les blessures de la créature et la blessure qu’elle avait infligée à Ahren, c’était un miracle qu’il soit en vie. De son côté, il était simplement content d’être vivant et il était très reconnaissant envers elle de l’avoir trainer des montagnes jusqu’à un docteur. Mais, pour Nevaeh, elle n’avait pas l’impression d’être celle qu’il lui avait sauvée la vie. Elle était celle qui l’avait presque achevé. Baissant son regard vers ses mains, elle se souvenait encore de la sensation du sang de son ami sur sa peau. Il y en avait tellement… Pendant un moment, elle avait encore l’impression d’être dans les montagnes face à la bête.

Il était un peu plus rare maintenant qu’elle se replonge dans ce souvenir douloureux. Autrefois, elle y pensait en tout temps, mais maintenant lorsqu’il faisait surface, elle poussait ce souvenir loin dans ses pensées, en essayant de se garder occuper. Lorsqu’elle n’y arrivait pas, l’alcool était toujours un moyen acceptable pour éponger le mal et la drogue permettait d’oublier temporairement. Elle savait que cela ne plaisait pas du tout à Ahren, mais elle ne savait pas comment apaiser le mal autrement. Personne ne lui avait appris comment gérer ou comprendre ce qu’elle ressentait. Alors elle avait appris à gérer cela de sa manière. Dans l’excès et dans le lit d’un autre.

« Je ne sais pas ce que j’aurais fait s’il ne s’était jamais réveillé. »

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Touche la cible mais pas touche au lapin !

Voilà que la jeune femme se mit en position de sécurité : collant ses genoux et ses bras contre le bas de son visage. Cette façon de se mettre aurait pu paraitre anodine mais elle reflétait en réalité le mal-être de mon interlocutrice. J’avais donc plus ou bien cerner le problème...et visiblement je n’étais pas le seul à m’en rendre compte : Nevaeh, elle-même avait tenté de s’y soustraire, malheureusement sans grande réussite car après-tout si on m’avait demandé de venir ici c’était justement parce qu’elle avait probablement échouer dans sa quête intérieure. Je dois avouer que pour l’aider...il me faudrait des détails...

Ce qui me fut fournis quelques instants plus tard par l’intéressé sans qu’un son n’ai besoin de sortir de lèvres. Je ne sais pas trop ce qui avait décidé la demoiselle à me raconter ce qu’elle avait vécu. Je suppose qu’il est parfois plus facile de dialoguer avec une personne avec qui vous n’aviez pas réellement d’attache. Peut-être parce que vous ne cherchiez normalement pas à lui plaire ou à lui faire croire que vous étiez une personne différente. Si j’avais bien tout suivi : le gars qui m’avait engagé, un autre aventurier c’était retrouvé au bord de la mort et mon acolyte ici présent pensait qu’elle en était la responsable. Par étonnant qu’elle ne veuille plus partir en mission après cela. Cela pourrait même secouer le cœur le plus accrocher. Pourtant, l’ex-comateux semblait de l’avis contraire sinon pourquoi me demander de la remettre en forme ?

“Il est effectivement difficile de se dire que tu n’as pas ta pars de responsabilité. Je ne sais pas exactement ce qui sait passer et quel genre de monstre vous avez dû affronter. Mais ce qui est visiblement certain c’est que la personne qui se sent coupable et qui te désigne comme tel et bien c’est uniquement toi...Lui semble t’avoir pardonné ou même n’avoir jamais cru que tu en étais la cause.”

Je ne sais pas moi-même comment j’aurais réagi à la perte de mon meilleur ami...Je regarde mon loup d’un air pensif...oui mon plus proche compagnon, excepté Lulla c’est lui. Il est avec moi depuis si longtemps qu’il fait même partie de ma famille, d’ailleurs chaque animal qui est d’une façon liée à moi appartient à ma bande, ma famille, mon clan. Non, il est clair que je n’aimerais pas perdre l’une de ces créatures qui sont liés à moi. Le canidé me voyant ainsi le regarder viens poser sa tête sur mes genoux avec des yeux de chiens battus. Je le rassure mentalement et physiquement. De même, quelle serait ma réaction si je perdais ma compagne...je me noierai probablement dans l’alcool un long moment avant de peut-être me rendre compte que je dois continuer d’avancer si ce n’était pas pour moi alors je l’aurais fait pour elle.

“Je pense qu’on à chacun notre manière de vivre les choses...il n’y a pas un chemin prédéterminé vers la rédemption et le pardon. Le tout c’est de savoir si on est prêt à franchir la première phase à savoir se pardonner soi-même. Si jamais tu as des doutes alors dis-toi que ta vie ne t’appartient plus...si tu te sens coupable de son état...alors fait lui honneur et surmonte tes appréhensions...Il a été à deux doigts d’y laisser sa peau...la moindre des choses c’est de respecter sa volonté. Remonte en selle...boit, fait la fête, couche si tu en as besoin...mais vie...non pas pour toi...mais pour ce gars qui n’en aurait plus eu la chance de le faire.”

Je ne sais pas réellement si cela allait vraiment l’aider...mais c’était ma vision des choses. A quoi bon se lamenter sur le passer. Il n’avait clamsé après tout alors à quoi bon s’en faire ?

“C’est prêt...”

Je servis enfin notre repas.

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Vivre pour un autre… C’est une idée tellement inconcevable et contradictoire aux convictions de Nevaeh. Elle qui ne vivait que pour être libre comme l’air, pour aller et faire ce que bon lui semble, vivre pour un autre serait de lui couper sa liberté. Cela dit, depuis l’incident, pouvait-on réellement dire qu’elle vivait comme bon lui semblait ? La culpabilité avait un poids plus lourd qu’elle ne pouvait porter, qui l’enchaînait dans un présent où elle se sentait prisonnière. À ce moment, peut-être que vivre pour un autre n’était pas un concept si abject. En fait, n’avait-elle pas déjà commencé à vivre un peu pour lui ? Avant qu’il n’arrive dans sa vie, celle-ci n’était pas aussi intéressante. C’était sa présence qui rendait chaque voyage un peu plus mémorable. Sans lui, elle n’était pas certaine de qui elle était réellement.

La voilà donc devant un dilemme et des questions perturbantes. Quand avait-elle arrêté de vivre que pour elle-même ? Était-ce une bonne chose ? Si tout ce temps, une partie d’elle avait vécu pour Arhen, quelle partie ne vivait que pour elle ? Dans ce même ordre d’idée, qui était-elle ? Nevaeh. Oui, mais encore ? Face à toutes ces questions, le cerveau de la jeune femme commençait à surchauffer et à bouillir tout comme le lapin devant elle.

« Merci. Bon appétit. »

Prenant le plat, elle remercia Red et commença à manger. L’atmosphère plus légère de tout à l’heure lui manquait. L’air était devenu lourd et elle n’avait guère envie de continuer cette discussion, cependant, il y avait tellement de questions qui mijotait dans sa tête, elle craignait que son cerveau explose. Puisqu’il était la cause de ces questions, il allait devoir prendre une part de responsabilité et répondre.

« Et comment on vit pour un autre ? Je dois m’arrêter à chaque fois pour me dire : qu’aurait-il fait ? Comment est-ce que je sépare ma vie de celle de l’autre ? »

Si elle devait faire ça à chaque fois qu’elle voulait entreprendre une action, cela allait rapidement être énervant. Et que ferait-elle si la réponse à cette question était le contraire de ce qu’elle voulait ? Si elle devait vivre pour un autre, il serait logique de dire qu’elle devrait faire ce que l’autre aurait fait. Mais, si à la fin elle n’était pas heureuse, n’était-ce pas mieux de continuer à vivre que pour elle-même ? Si elle n’était pas heureuse, Arhen ne le serait pas plus. Quel choix devrait-elle faire ? Y avait-il un bon choix ? Tout cela commençait à ressembler à un dilemme moral ou aucune réponse n'était bonne.

« À quel moment est-ce que je peux vivre pour moi ? »

Lorsqu’elle aura l’impression d’avoir été capable de se pardonner ? N’est-ce pas un cercle vicieux ? Est-ce qu'elle réfléchissait trop ? Peut-être un peu trop. Elle sentait déjà un mal de tête se former. Pourquoi la vie ne pouvait pas être plus simple ? Peut-être si elle n’avait pas failli tuer son ami, la vie serait moins compliquée. Mais, sans cet événement, elle ne se serait jamais questionnée autant sur la vie en général et la sienne. Il n’y avait peut-être pas que du mauvais dans cette histoire.

« Je suis… Confuse. »

Et pas juste un peu.

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Touche la cible mais pas touche au lapin !

La jeune femme semblait réellement réfléchir à mes paroles mais l’on voyait bien que cela la perturbait énormément. Il faut dire qu’il n’était pas facile de comprendre une personne et ses dire. Parfois les mots ou le sens de ceux-ci était d’une limpidité à tout épreuve et parfois ils étaient aussi épais et opaque qu’un brouillard. Il était facile de se perdre dans une explication ou bien de ne rien comprendre à ceux-ci. La demoiselle semblait surchauffée comme une marmite en plein milieu d’un foyer bien trop chaud. La théière qu’était ça tête allait vite être saturé et je voyais déjà la fumée sortir de ses oreilles...la soupape de sécurité allait bientôt être réduit en miette.

Nous commençons à manger mais je sais que la discutions n’est pas close. L’air est lourd car la pression est pesante sur nos épaules. Peut-être aurais-je dû attendre avant de mettre les pieds dans le saladier. Car d’un coup, ma cuisse de lapin me semble un peu plus fade qu’à l’accoutumé. Ou serait-ce de la faute des ingrédients rajouter par Nevaeh ? Non, il est plus probable que cela soit du fait de notre conversation sur le fait de vivre pour un autre. Chose qui dirait-on la dépasse totalement. D’ailleurs il ne fut pas nécessaire d’attendre pour que les questions fusent. Mais elle n’était pas dirigée vers elle-même mais vers moi. Celui par qui toutes ces questions intérieures étaient venus. Je l’écoutais attentivement pour pouvoir répondre à ces questions mais quelque chose me frappa en plein visage. Perdre sa liberté ? Il n’en avait jamais été question...il semblerait que la demoiselle c’était fourvoyé sur ma réponse et comment l’interpréter.

“Je pense que tu fais fausse route...Vivre pour une personne ne veut pas dire vivre par cette personne. Elle te donne juste une raison de vivre...Il n’est pas question de perdre sa liberté de se questionner sur la façon dont l’autre aurait réagis. Elle est juste là, pour te donner une raison de te battre jusqu’à la fin...par exemple : ton ami, celui qui m’a engagé...il aurait pu se laisser mourir pourtant il a choisi de se battre pour sortir du coma...lui as-tu seulement demandé à quoi il avait pensé à ce moment-là ou à qui ? Ce qui l’avait fait tenir ?”

Je dois avouer que la réponse pour moi était presque évidente, un si grand attachement à une personne ne pouvait signifier qu’une chose. Une amitié voir même complétement l’amour, le problème étant de savoir si la femme aux yeux émeraudes pensaient à lui comme lui à elle. Pour éviter toute confusion, un deuxième exemple plus personnel serait peut-être plus parlant.

“Je vais te donner un autre exemple, Il y pas longtemps. Je suis allé faire un tour sur l’archipel et mon bateau a été pris dans une tempête et le navire a tout simplement coulé. Quant à moi, je me suis retrouvé seul au bord de la mort, un morceau de bois coincé entre deux côtes. J’aurais pu me dire que cela ne servait à rien de lutter car je me voyais déjà périr...Mais une image me revenait s’en cesse en tête : Celle de ma compagne actuelle. J’ai donc décidé de tout faire pour la rejoindre et lui dire que je l’aimais. Oh je ne dis pas que d’un coup, tout ira bien ou que cela vous rend invulnérable. Mais cela m’a donné juste assez de force pour m’en sortir et maintenant, je suis là devant toi...je l’ai retrouvé, nous avons fait l’amour, je lui ai dit que je l’aimais et elle aussi. Depuis elle est venue vivre chez moi...Je suis pourtant toujours aussi libre...je peux aller où je veux et faire ce que je veux. Elle ne m’interdira pas de me rendre en mission et elle-même part en faire sans que je n’ai quoique ce soit à lui dire.”

Il est encore difficile d’énoncé ce qui s'est passé sur l’île. Je passe machinalement ma main là où quelques semaines plus tôt, un bout de bois me traversait la peau.

“En clair, il te faut quelque chose qui te motive, qui te permettre de survivre...ça peut être quelqu’un comme cela peut-être un objectif...mais trouves quelque chose qui a de la valeur à tes yeux pour laquelle tu serais prêt à vivre. C’est tout ce que je puis te dire, je ne peux pas t’aider plus que cela...c’est à toi de faire le reste.”

Le repas fini je me lève pour mettre le tout en ordre. Faisant de nouveau appel à ma magie...je fais apparaitre une panthère étoilée d’un bon mètre vingt et une chouette effraie que je viens déposer sur un petit perchoir.

“Extinction des feux dans une heure. Bagherra et Aeris, se chargeront du tour de garde. Si tu veux te laver, il y a une baignoire derrière le rideau et pour le lit choisis celui que tu veux pour ma part, j’ai l’habitude de dormir prêt du feu.”

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Durant le court instant de silence, elle réalise qu’elle n’avait jamais pensé à la raison de vivre de son ami. Elle avait été égoïste ces derniers temps et il était temps qu’elle le réalise. Elle s’empêchait d’avancer à cause de son mal, mais en refusant de vouloir faire le premier pas, elle ne faisait que blesser son ami davantage. En restant coincé dans le passé, elle le retenait lui aussi. Il était temps de laisser le passé derrière. Elle avait perdu deux années à rester prisonnière d’une prison sans barreau. Il était peut-être temps d’arrêter de faire l’idiote et de commencer à regarder vers l’avant.

La jeune femme écouta attentivement les mots de l’aventurier tout en vidant tranquillement son plat. Son récit répondit à plusieurs de ses questions et en créa quelques-unes. Toutefois, il se faisait tard et elle devait réfléchir par elle-même pour trouver les réponses. Personne d’autre que Ahren pouvait savoir sa raison de vivre et seule Nevaeh pouvait trouver la sienne. La nuit était censée porter conseil et elle allait utiliser le reste de la soirée pour remettre sa vie et ses choix en perspective. Et l’idée de réfléchir à tout cela dans un bain était plaisante.

« D’accord, je vais aller profiter de l’eau… Et eum… Merci… Pour le repas… »

Derrière le rideau, Nevaeh se prépara à embarquer dans la baignoire, puis laissa ses muscles se détendre au contact de l’eau. Une raison de vivre… Évidemment, la première chose, ou plutôt la première personne, qui passa à son esprit fut son meilleur ami. Avec lui, la vie était beaucoup plus belle et dans son absence, elle trouvait les jours un peu plus gris. Elle s’imagina un instant dans la situation de Red, échoué au milieu de l'océan. Chose qu’elle ne s’imagina pas longtemps. Si elle avait été dans cette situation, peu importe quel était sa raison de vivre, elle serait morte. Après tout, une raison de vivre n’allait pas soudainement lui indiquer comment nager.

Étant plus reposé, la fatigue l’envahie. Elle n’était plus habituée à s’entraîner ainsi et tout ce questionnement l’avait épuisé mentalement. Elle se lava rapidement avant de retrouver le premier lit qu’elle vit. Le lendemain allait arriver bientôt et pour survivre à une deuxième journée d’exercice, il était important de se reposer. Elle se glissa sous les draps avant d’échanger un dernier regard avec Red. Elle voulait le remercier pour l’avoir aidé à mettre un peu d’ordre dans son esprit, mais les mots moururent sur sa langue.

« Bonne nuit, chat. »

Ce furent les seuls mots qu’elle trouva à lui dire à l’instant avant de se tourner de dos et de fermer les yeux. Le sommeil la rattrapa si rapidement, que si l’aventurier lui avait parlé, elle n’entendit rien. Étant généralement quelqu’un avec un sommeil léger, cette nuit, aucun bruit ne réussit à la réveiller et aucun rêve ne perturba son sommeil. Bien que ce dernier eût été calme et reposant, lorsque le soleil se leva annonçant le début d’une nouvelle journée, elle se réveilla avec des muscles endoloris.

Codage par Libella sur Graphiorum

Touche la cible mais pas touche au lapin !

Maintenant que le repas et mon histoire étaient fini, la jeune femme accepta l’idée du bain. Quoi de mieux que l’eau coulant sur votre peau pour vous changer ou bien pour justement pouvoir y réfléchir sans pression. J'avais toujours bien aimé cet élément qui vous purifiait physiquement mais aussi mentalement. Pour ma part, j’en prendrais un également mais demain...ce soir, je me laverais simplement à la bassine pour faire partir ces traces de transpiration. Alors que la jeune femme se délassait j’en profitais pour me rendre moins collant et puant. Une fois un peu plus propre, je me mis en tailleur sur un cousin : réfléchissant à la journée passée.

Une jeune femme pas trop mal physiquement et cela sur tous les plans mais dont le mental lui aurait probablement couter la vie si elle c’était non pas retrouvé face à un lapin mais à un prédateur. Une vision d’une incroyable amplitude et pourtant incapable de tirer à l’arc ? Je suppose a attrait au jeune homme dont nous avions parlé quelques instants plus tôt. Une flèche, un arc...deux scénarios...soit elle avait tiré mais avait mal visé soit la flèche n’avait même pas ralentit la créature. Dans les deux cas, elle tenait également sa technique à l’archerie pour responsable...à voir si j’allais pouvoir la guérir de cela.

L’heure de se reposer était venu...nous avions encore pas mal de chose à faire...si elle pensait que la journée avait été fatigante et bien celle de demain serait un supplice. Elle me dit bonne nuit dans un regard qui en disait long.

“Bonne nuit lapin...”

Il était temps pour moi de dormir également car il ne fallait pas croire que cela ne m’impactait pas également. Mais cela elle ne devait pas le savoir car le professeur doit toujours montrer l’exemple à suivre. Je me couchais à distance de la sécurité du feu, le loup coller à mes pieds et les deux sentinelles animales sur le garde bien que la panthère comme tout félin s’était allongé sur le flanc.

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Voici que pointe l’aube, les rayons se heurtant à la toile. Les premières lueurs du jour me sortent de mon sommeil sans pour autant me mettre debout. C’est ma chouette qui prend la responsabilité de réellement jouer au réveille. Elle se pose sur mon torse et me pince le nez de son bec. Ce qui a pour effet immédiat de me ne plus me laisser aller dans les bras de Morphée. Le rapace se repose sur son perchoir en émettant des bruits mécontents. Elle doit avoir faim et surtout elle veut retourner dans l’ombre...Je lui sers alors les restes du lapin...le foie tout particulièrement avant de la faire disparaitre dans les limbes de ma peau.

Le petit déjeuner fut prêt rapidement. Œuf de crocpoule et bacons fumés de porc-becue. Je dois avouer que c’était un déjeuner qui n’était pas là pour faire jolie mais bien pour prendre des calories que nous n’allions pas tarder à perdre. Nevaeh ne tarda pas à s’éveiller également...

“Viens donc t’asseoir et mange avec moi...la journée ne fait que commencer...nous avons beaucoup de chose à faire...d’abord j’aimerais que nous fassions un footing...être rapide c’est bien mais dans notre métier il faut de l’endurance...il y a un petit point d’eau pas loin, nous allons d’abord courir autour avant de le traverser à la nage...”

Comme dit, le but étant d’entrainer le corps à endurer des courses ou de la natation sur de longue distance. La conversation d’hier m’avait ouvert les yeux sur l’une des bases nécessaires à la survie : la capacité à tenir la distance et à porter vos camarades sur des distances parfois conséquentes. Il fallait donc avoir un cardio de haut niveau et ce matin c’est à cela que je voulais m’atteler.

“Morro et Bagheera resteront avec nous...ça leur fera également de l’exercice...”

La panthère renifla longuement, elle qui avait fait le guet devrait aussi courir ? Un gémissement plaintif me fit sourire.

“Très bien, je te dispense de course mais tu vas tout de même devoir nous accompagner jusque là-bas...”

La panthère frotta alors sa tête contre ma cuisse en guise d’acceptation.

“Nous partons dans une demi-heure...prépare ton maillot…”

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La nuit avait été paisible, mais cela n’empêchait pas Nevaeh de vouloir rester au lit quelques minutes de plus. Ses muscles étaient endoloris et avaient oublié la sensation de s’entraîner autant. Elle avait aussi oublié la présence de certains et ceux-ci lui rappelèrent leur existence en lui faisant mal. Ne pouvant pas rester coucher plus longtemps, elle se leva et rejoignit Red qui avait déjà fait leur déjeuner. Avant de s’entraîner, il n’y avait rien de mieux qu’un repas comme celui-ci. Elle écouta ce que l’aventurier avait prévu pour la journée tout en mangeant ses œufs, mais manqua de s’étouffer lorsqu’il mentionna de traverser un point d’eau à la nage. Il en était hors de question. Absolument pas. S’il voulait profiter de l’eau, il pouvait le faire seul ou en compagnie de sa panthère. Mais il allait devoir se passer de sa présence.

« Je veux bien travailler mon cardio, mais… eh… Je ne m’attendais pas d'avoir besoin d’un maillot… Alors… Et bien, je n’en ai pas. »

Peut-être en lui disant cela, il abandonnerait l’idée. Ce n’était d’ailleurs pas juste une excuse, elle n’avait réellement pas de maillot. Dans toute sa garde-robe, elle n’en possédait qu’un ou deux et elle les utilisait pour ses visites aux sources chaudes. Là-bas, elle n’avait pas besoin de savoir nager. Elle pouvait simplement se reposer sans avoir à bouger ses bras ou ses jambes.

Changeant de sujet, elle se souvint qu’elle avait une question au sujet des animaux qui était apparue de nulle part. Hier, il avait fait apparaître un oiseau et une panthère, mais ce matin le rapace avait disparu.

« J’ai pu d’ailleurs voir que tu semblais être capable d’invoquer des créatures. C’est assez cool comme pouvoir. »

Que sa tentative, de changer le sujet soit efficace ou non, elle pensait réellement que le pouvoir de Red était intéressant et pratique. Autant pour le combat, que d’autre tâche comme monter la garde. Si elle pouvait invoquer des créatures, elle invoquerait sûrement un petit Ribou. Elle adorait cet animal et elle aimait jouer avec eux lorsqu’elle en voyait un. Ou peut-être un Solnar lors des nuits un peu trop froides. Finalement, si elle avait un tel pouvoir, elle finirait avec un zoo.

Puisque le temps était compté, elle termina son repas rapidement en essayant de ne pas s’étouffer une seconde fois. Une fois l’assiette vidée, il était temps de se préparer à souffrir. Elle remplaça son pyjama pour une camisole et des shorts, puis retrouva son confrère aventurier pour se rendre à ce fameux point d’eau. Sous le soleil, l’étendu brillait comme dans les contes de fées. La lumière reflétait sur les arbres et les feuilles semblaient scintiller. C’était un endroit tout à fait sublime et à couper le souffle. C’était presque dommage qu’en deux ans à vivre à la capitale, elle n’avait jamais trouvé ce petit havre de paix plus tôt. Quoi que… Aujourd’hui, l’endroit serait très loin d’être un endroit paisible et calme.

« Je suis prête à souffrir. »

Elle s’étira légèrement avant d’écouter les prochaines directives.

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