Puis après la Forteresse elle même, il y'a les fameuses montagnes. Pleines de ressources, de créatures, de secrets. Mais aussi de tempêtes, de blizzards, de chutes de rochers et de neiges intempestives. La bas, le vent a pour seul objectif de vous arracher le moindre souffle de vie et de chaleur puis de rire à vos oreilles en un carillon désagréable tentant d'emporter au loin votre manteau et votre capuche. Le lecteur attentif pourrait alors se demander "mais pourquoi s'emmerder dans un tel enfer glacé, alors que je peux ainsi boire un verre tranquillement sur une terrasse de la Capitale ou du Grand Port ?" et la réponse est simple : C'est pas en se tournant les pouces et l'égo avec une bière au prix totalement exagéré que vous récoltez clients et richesses. C'est bien pour cette unique raison qu'Almassar a décidé de braver les éléments du jour pour partir en expédition, solidement équipé. Après tout, il a déjà eut son lot de mauvaises expériences et est bien décidé à rentrer entier -et sans compter sur l'aide d'une personne un peu trop sympathique pour son bien-, si possible avec de nouveaux matériaux.
Et il y'a bien une chose que l'enchanteur n'a pas encore eut l'occasion d'explorer, ce sont les grottes de la région ! Nombreuses, parsemant les roches tel un fromage bien affiné, elles sont pleines de richesses et de dangers. Ouvrant l'imaginaire collectif sur des caves remplies d'or comme de créatures buveuses de sang. Bien sur, des deux options, c'est la première qui intéresse le plus l'homme, qui, avec une petite carte de la région, explore gaiement en compagnie de ses vêtements rembourrés et de son sac sans fond toutes les cavités à sa disposition, après s'être assuré qu'une bestiole ne lui sautera pas au visage, énervée d'être arrachée à sa bienheureuse et béate hibernation.
Et c'en est déjà un certain nombre qu'il a ainsi visité sans heurts ni fracas, récoltant quelques champignons, petites plantes et autres composantes toutes plus banales mais utiles les unes que les autres. Rengaillardi par cette série de réussites bienheureuses, continue sa route. Malgré les vêtements, un certain froid s'empare peu à peu de ses membres et tentent de les engourdir, le faisant claquer des dents sous le linceul du givre. Comprenant qu'il est temps de faire une petite pause, Almassar décide de s'arrêter à la prochaine grotte semblant amicale pour s'y reposer et faire un petit feu dans le but de reprendre des forces, ou au moins profiter de la réduction drastique du nombre de bourrasques qu'une protection de pierre offre pour réchauffer ses muscles.
Cette dernière s'annonce enfin, et c'est après un bref et rapide coup d’œil à l'intérieur que l'enchanteur s'y engouffre. Quelques pas suffisent à l'homme pour sentir le vent s'apaiser, laissant l'opportunité à ce dernier de saisir sa lampe magique et l'allumer. L'entrée de la grotte ouvre vers plus profond, et sans rien pour le dissuader, il s'y plonge. Les premiers mètres sont tous plus inintéressants les uns que les autres -de son point de vue, fatigué comme il est sa vision peut aisément lui jouer des tours-, mais bien rapidement il devient impossible de nier que la grotte est occupée : des signes d'activité humaine récente sont visibles, et jurant entre ses dents Almassar laisse souffler, mi fatigué, mi blasé, mais appréciant la chaleur apportée par les entrailles de la terre couplé à la fin de ces sifflements venteux aigus.
-"Dans quoi j'ai encore foutu les pieds moi..."
Effectivement une belle question, surtout qu'il semble bien loin de la fin de ses surprises en cet instant précis...
Bien-sûr, il faut être capable de supporter le froid - un problème bien secondaire lorsque l'on est mort - mais cela lui donne une raison de plus de vivre dans ces montagnes! Personne ne risque de la déranger en réalité, pour toutes les raisons déjà énoncées d'ailleurs! Le froid, ce n'est pas pour tout le monde, les vivants ont généralement en tête de le maudire, le bannir de leur vie, préférant la douce chaleur du jour au froid mordant de la nuit. La neige n'a rien de véritablement praticable, perdre son chemin en pleine tempête c'est prendre le risque de ne jamais le retrouver, voir même de perdre sa vie en route! N'oublions pas non plus que la Forteresse est la ville du royaume la plus proche de la frontière, ses gardes sont supposés la surveiller et empêcher quiconque de la dépasser, dans un sens comme dans l'autre, cela signifie qu'on peut y rencontrer des créatures cauchemardesques ou se trouver au plus près des pires criminels lorsqu'ils subissent la punition de l'exile... C'est bien pour cela que depuis plus de deux cents années, Lacey a élue domicile dans cette grotte, tracé directement par les années et la volonté de la nature dans le flanc de la montagne!
Ici, elle peut "vivre" tranquillement! Personne ne la trouve, personne ne se risque à avancer si loin dans les terres avec tout ce que cela comprend comme risque... Personne? La revenante est installée directement assise sur le sol, le froid du sol n'ayant pas réellement d'impact sur son être. D'un mouvement habile, elle entoure le manche de sa lance d'un bandage qu'elle sert autant que possible, il faut absolument que le manche tienne! Il s'est brisé la dernière fois et elle n'a pas réellement l'occasion de se rendre chez un forgeron, pas présentement en tout cas! Le vent est fort dehors, si elle sort maintenant nul doute qu'elle sera prise dans une tempête plus tard et hors de question de devoir rester plusieurs heures en ville, pas avec les risques que cela comprend... Soudain, un bruit? Régulier, reconnaissable entre mille, des pas qui frappe sur le sol de pierre de sa tanière. Elle se redresse, fronçant les sourcils alors qu'elle observe la seule entrée de son repère : ce n'est pas que ce ne soit jamais arrivé, parfois un animal sauvage cherche refuge pour se protéger du temps, un colocataire temporaire qu'elle peut accepter mais, aucun animal ne parle! La voix lui arrive aux oreilles et elle grogne légèrement, un homme!
Elle le sait, elle l'entend! Le timbre de voix, le son grave qui résonne à ses oreilles, elle sait qu'il s'agit de ce que l'humanité fait de pire : un homme, ce genre de créatures lâches, trompeuses, qui vous content fleurette avant de vous briser le coeur et de vous tuer! Elle a déjà donné, plus jamais! Se relevant, elle prend sa lance, s'écarte du centre de la grotte, se rapprochent d'une paroi cachée dans la pénombre et lorsque le pied se l'inconnu se voit, elle frappe! La pointe de son arme vient se planter dans le sol, juste devant ce visiteur indésiré, le bâton tremble légèrement mais tient le coup, au moins la réparation a été efficace. Cet étranger est alors accueilli par une voix rauque, gutturale, caverneuse alors que le ton est froid et inamical.
"Que voulez-vous?" Pas de présentation, avec un peu de chance il prendra ses jambes à son cou? Quoi que, peut-elle vraiment le laisser partir maintenant qu'il sait qu'elle est là?
Mais sa progression est soudainement stoppée a l'éclair de la pointe de lance venant heurter le sol devant son pied, suivi immédiatement du son sourd de l'acier frappant la roche. Sursautant en arrière, l'enchanteur laisse échapper un petit cri de stupeur et de stupéfaction, avant de se ressaisir. Il ne s'attendait clairement pas à un tel accueil, et son premier réflexe est de reculer en direction de la sortie, sans pour autant tourner le dos à cet assaillant qu'il tente d'illuminer de sa lampe. Le peu que capte pour le moment les bordures du faisceau révèlent une forme humaine -sans surprise- mais avec des caractéristiques des plus uniques, cette peau bleutée, semblant en harmonie avec le regard. Et si elle avait voulu le tuer, elle l'aurait déjà fait de toute façon. A sa question, l'enchanteur stoppe son pas, restant toujours sur ses gardes et prêt à s'élancer vers la sortie au moindre signe de menace. Intrigué mais pas fou, téméraire mais pas suicidaire.
-"J'explore juste les grottes à la recherches de plantes et de champignons intéressants. Et avec le vent qui ne fait que gagner en intensité, je voulais passer un peu de temps ici le temps de faire un feu et me réchauffer."
Une explication simple, mais sincère. Bien sur, il fallait qu'Almassar décide de s'installer dans la seule grotte habitée par une mort vivante hostile. Encore que, il ne sait pas qu'elle est mort vivante. Bien des choses peuvent ainsi provoquer une décoloration pareille de la peau, et sans avoir encore réellement aperçu les lances traversant son être, il n'a nulle connaissance de la nature réelle de cette habitante isolée.
-"Et vous, vous vivez ici ... ? Pourquoi choisir un lieu si isolé et inhospitalier pour séjourner ? A moins que ce soit un refuge pour chasseurs dont je n'ai pas conscience de l'existence ?"
Si l'homme savait à quoi il avait affaire, il parlerait peut être moins. mais il ne le sait pas. Et cet étrange mélange de curiosité et de peur l'incitent à essayer de faire la conversation, comprendre ce qui se tient en face de lui de manière si menaçante, alors qu'il n'a aucune arme en main, juste sa lampe et son sac sans fond. Et si il n'a pas réellement l'envie de se jeter de nouveau dans le froid jusqu’à une autre grotte, il a encore moins envie de finir empalé sur une lance, selon les réponses fournies à ses interrogations...
"S'enfoncer si loin dans la montagne n'est guère prudent! N'avez-vous donc pas vu les premiers signes de la tempête?" Répond-t-elle sèchement. Pour elle, cela est évident, elle est habitué au vent, à la fraicheur de l'air, elle sait quand le blizzard se lève, quand le soleil sera au rendez-vous, elle peut lire le climat des montagne comme d'autres lisent des livres. Une nécessité pour elle, sortir par temps de tempête est toujours plus intelligent que de sortir lorsque le ciel est clair et la température clémente lorsqu'on cherche à ne pas être vue. Pour elle, s'aventurer à une telle altitude sans même être capable d'apercevoir ces signes relève de la folie ou d'une envie de mort... Est-il sincère cependant? Il semble sincère mais les hommes sont d'excellents menteurs! Après tout, Blaze le lui a prouvé, ne jurait il pas de l'aimer, n'avait pas affirmé s'inquiéter pour elle, cela avant de lui transpercer la poitrine et de lui arracher son dernier souffle de vie? Les yeux spectraux de la spectre observe son interlocuteur, transperçant probablement son être plus sévèrement que ne pourrait le faire toutes les lames qu'elle peut posséder.
Un léger rire, sans joie, gutturale, alors qu'il reprend la parole... Le pauvre ne sait donc réellement pas face à qui il se trouve? Au moins, on peut espérer qu'il ne soit pas au courant de son "statut", de cette étiquette de criminelle qu'on lui colle au corps alors qu'elle ne fait que défendre ceux qui ne peuvent le faire! Secouant la tête, elle affiche un fin sourire sur son visage. "La curiosité est un vilain défaut jeune homme!" Affirme-t-elle, insistant sur le terme jeune car après tout, peu importe son âge, il l'est forcément par rapport à elle. Il lui faut prendre une décision à présent, la sureté voudrait qu'elle l'élimine, se débarrasser de lui est sans aucun doute la chose la plus sûre à faire... Cependant, elle ne le peut! Qu'on bafoue son honneur si on le désire, tout ceux qu'elle a tué étaient des pourritures, des criminels, des personnes méritant ce sort! Elle veut protéger les citoyens du royaume et ne peut faire de mal à un innocent, même si cela signifie prendre un énorme risque pour elle-même... "Restes! Le temps que la tempête se calme du moins..." Conclue-t-elle, ce n'est pas une invitation, plus un ordre ou un conseil amical peut-être? Elle ne va pas le jeter dehors, pas par ce temps, mais elle ne peut pas non plus le laisser partir, pas sans savoir s'il risque d'être dangereux pour elle ou non... Disons-le, il gagne un sursit, au moins le temps qu'elle décide s'il est innocent ou non! De quel crime? N'importe lequel qui lui donnerait une raison de ne pas courir de risque...
-"A vrai dire, je ne suis arrivé à la Forteresse qu'une poignée de semaines plus tôt. Je pensais avoir acquis assez d'expérience et de matériel pour commencer à entamer des petites missions de récolte sans devoir engager toujours un aventurier ou un guide. Mais je n'ai su repérer ces signes, hélas."
Mais malgré ses paroles, il est loin d'être aussi assuré et confiant. Venant s'emmitoufler avec un peu plus de foi dans son manteau, il ne peut s'empêcher d'échanger une petite prière muette à Lucy pour ressortir vivant et en bonne santé de cet endroit. Le froid qui ronge ses os n'est pas physique, il est mental. Converser avec une mort vivante qui a tenté de vous empaler le pied pour vous mettre en garde quelques secondes auparavant n'est pas la meilleure solution pour ouvrir le dialogue. Et pourtant, c'est ce qu'ils semblent en train de faire en ce moment. Encore une fois, Almassar suit. Il vaut mieux tenter de créer un dialogue avec son possible ravisseur pour l'attendrir un peu, si jamais ils doivent en arriver la. Et il ne peut s'empêcher de légèrement sourire malgré lui en répondant.
-"Un vilain défaut mais une qualité nécéssaire dans mon métier. Je suis enchanteur, je me dois d'être curieux et de toujours repousser les limites de mon savoir si je veux arriver à découvrir de nouvelles méthodes et applications possibles."
Puis tombe ce qui sonnerait presque comme une demande. Presque. Car il ne faut pas s'y tromper, c'est clairement donné de façon impérative. Mais de toute façon, que pourrait faire l'homme ? Tenter de braver la revenante, la tempête et survivre dans ce froid qu'il vient tout juste de quitter ? Définitivement pas. Donc perdu pour perdu, il se retrouve à hocher du chef une nouvelle fois, cherchant autour de lui un endroit ou décrocher son sac et son matériel qu'il trainait durant son voyage, ouvrant ensuite le sac pour retirer une petite couverture et s'installer dessus, évitant de geler à cause de l'immobilité. Une légère odeur de pain d'épice se répand dans la pièce, alors qu'il semblerait que l'enchanteur avait préparé des rations... Et de quoi se faire de petits plaisirs au milieu des montagnes. Relevant les pupilles vers sa geôlière improvisée, le regard toujours brillant d'un mélange de crainte et de curiosité, il ne peut s'empêcher de demander.
-"Mais vous, qu'êtes vous donc ? J'ai toujours cru que la capacité de déjouer la mort n'était que des mythes et des fables, et pourtant, excusez moi, mais vous ne semblez plus très vivante sous mes yeux."
Un jour Almassar apprendra à mettre les formes dans ses propos, un jour. Hélas, ce n'est pas aujourd'hui que cela risque d'arriver.
"Présumer de ses forces est le meilleur moyen de perdre la vie!"
Tranche-t-elle dans une expression sévère mais qui n'est pas spécialement agressive, juste une constatation, une affirmation venant d'une personne qui sait de quoi elle parle. Combien d'homme a-t-elle tué? D'imbécile pensant pouvoir lui échapper? N'était-elle pas également une imbécile lorsqu'elle a tenté de se battre seule contre ceux qui ont décimés son unité il y a de cela plusieurs siècles? L'homme ne la lâche pas du regard, une sensation désagréable la prend forcément, elle n'a plus l'habitude qu'on la fixe ainsi, généralement elle n'est pas dans son abri, elle sillonne les rues, les chemins escarpé, profitant de son don et de la nuit pour agir. Combien de temps cela fait-il qu'elle n'a plus été si exposée, si vulnérable? Pourtant, elle ne craint pas son interlocuteur, si oui elle ne le montre pas. Peut-être est-ce sa formation martiale ou une certaine confiance dans cette grotte, dans ces montagnes mais elle est assez confiante pour dire que, si les choses tournent mal, elle devrait pouvoir s'en sortir. Il est évident qu'elle est celle dominant l'échange pour l'instant.
"Je vois..." Se contente-t-elle de dire, visiblement bien peu intéressée par la profession de cet inconnu. Après tout, elle se moque des enchantements, selon elle une arme bien maîtrisée vaudra toujours mieux qu'un quelconque enchantement, l'acier permet de tout transpercer et cela suffit généralement à tuer! Quel intérêt d'ajouter une variable, un pouvoir parfois difficile à exploiter ou contrôler lorsqu'on peut simplement se servir d'un objet solide ayant déjà fait ses preuves? Non, les enchanteurs sont une sorte de groupe qu'elle juge distraitement, se tenant au courant de certaines avancées mais en restant aussi loin que possible, qui sait si l'un d'entre eux ne se mettrait pas en tête de tenter de la capturer pour l'analyser? Après tout, il vient bien de dire qu'il doit repousser les limite et, quelle plus grande limite que la mort elle-même?
L'homme s'installe, visiblement il a prévu toute une panoplie pour cette expédition et pourtant s'est laissé surprendre? Elle ne sait dire s'il est bougrement intelligent ou s'il est affreusement stupide pour se retrouver ainsi dans cette grotte bien particulière. En tout cas, aucune nécessité de rester contre la paroi de la grotte, pas alors qu'il a eu tout le loisir de l'observer avec cette maudite source de lumière! Elle se déplace donc, ses mouvements sont lents, chacun de ses pas semble assuré mais ralenti, comme un prédateur qui se déplace dans les fourrés pour surprendre sa proie, preuve qu'elle a l'habitude de la chasse mais également qu'elle est capable d'une certaine discrétion. Un léger ricanement alors qu'elle approche de l'homme, se plantant à deux mètres grand maximum de lui.
"Magnifique capacités d'observation! Bien plus développées que votre délicatesse!" Ironise-t-elle en plantant son regard spectrale sur cet intru. "Est-ce que la galanterie s'est perdue en deux cent ans? C'est bien malvenue de me signaler qu'on remarque rapidement mon état..." Affirme-t-elle avant d'avancer d'un nouveau pas, puis un autre, passant à côté de l'homme pour se saisir de sa lance qu'elle range dans un étui dans son dos. "J'étais une garde... Aujourd'hui? Une héroïne pour certains, une meurtrière pour d'autres... Quelle importance? N'ai-je pas déjà prévenu que la qualité est un vilain défaut? N'est-ce pas inconscient que de demander à une morte ce qu'elle est?"
-"Je découvre encore la montagne et ses dangers. Je sais que je prends des risques, mais ils commencent à être payants. Je ne fais plus mes anciennes erreurs, mais de nouvelles !"
Sa survie tient pour beaucoup de la chance, Almassar doit l'admettre. Il a le don de se mettre dans des situations périlleuses, et sa témérité lui joue souvent des tours. Et hélas, ses capacités évoluent moins vite que son don à le fourrer dans le pétrin. Il est bien plus débrouillard qu'avant, mais c'est loin de suffire. Rien que de l'entrainement et plus de matériel ne saurait corriger, mais encore faut-il avoir des deux. En attendant cet instant, il est obligé de compter sur sa bonne étoile pour le protéger. Mais cela ne fait-il pas aussi partie du charme de ces voyages et expéditions ? Il surveille toujours du coin de l’œil quand la revenante vient arracher la lance à coté de lui, surveillant qu'elle ne tente pas de le planter avec. Une fois le danger passé, il répond à l'étrange femme avec un sourire.
-"Je dois m'excuser mais je crains de ne pas être le plus doué en galanterie ni même en politesses sociales, surtout quand l'on pique ma curiosité. Mais vu l'état des tavernes de la Forteresse une fois la nuit tombée, on peut effectivement se demander si la galanterie existe encore."
La réponse suivante le rassure déjà un peu moins. Une garde devenue meurtrière ? Effectivement, dans ce genre de moments, la curiosité peut s'avérer un vilain défaut. Tout en poussant un long soupir, l'enchanteur glisse une main dans sa nuque pour la frotter et la réchauffer un peu. La grotte n'est pas des plus confortable, mais juste la possibilité d'éviter les rafales de vent et la neige réchauffe rapidement Almassar, qui se prépare doucement à repartir quand cette tempête en aura terminé.
-"Cela n'a pas d'importance, vous avez raison. C'était simplement pour ma curiosité personnelle. Après si cela vous dérange, je peux cesser de poser de telles questions. Et vous savez, morte, vivante, je commence à avoir vu assez de choses étranges et indescriptibles pour ne plus me laisser abattre ou intimider par cela. Même si il est vrai que je suis tout de même curieux de comment l'on peut arriver à un tel résultat."
Oh oui, des questions il n'en manque pas. Mais sentant l'agacement de Lacey, il préfère éviter de plonger trop profondément dans ce domaine. Il se doute que cette rencontre fait partie de celles qu'il vaut mieux "oublier" une fois terminées. Un souffle du temps qui s'évanouit et se dissipe, tel un jour de neige face au soleil du printemps. Puis, clignant des yeux, il se rappelle qu'il a oublié la politesse élémentaire.
-"J'ai oublié de me présenter au fait, je m'appelle Almassar. Et ne vous en faites pas, dès que le vent s'est calmé et que je gèle un peu moins sur pied, je vous laisse tranquille. Je n'ai aucune raison de vous chercher des ennuis."
Après tout, tout ce qu'il souhaite est rentrer chez lui -ou finir sa récolte-. Définitivement, ce n'est pas le bon moment pour mettre en rogne une non mort qui ne semble pas réellement contre l'idée de tuer quelqu'un. Rapidement il sort de quoi faire un petit feu, juste assez pour se réchauffer les mains et faire fondre cette couche recouvrant sa tenue, récupérant ensuite de quoi grignoter et regagner des forces. Il en proposerais bien à la femme, mais il doute qu'elle ne ressente le moindre besoin de se réchauffer ni même de se sustenter... Ce qui est utile, vu le lieu qu'elle a choisi pour s'installer. Définitivement, l'enchanteur aurait bien des questions pour elle, quel dommage qu'elles ne soient pas adaptées. Car même la vigilante pourra voir qu'elles lui brulent les lèvres.
On peut se demander si la galanterie existe encore... A-t-elle seulement réellement exister un jour ou les hommes sont-ils depuis toujours de vulgaires serpents? Se montrant gentils, bons, agréables même uniquement dans le but d'obtenir ce qu'ils veulent avant de vous trahir? Elle ne saurait le dire! Elle n'a jamais été très proche des autres, solitaire elle a fait l'erreur de faire confiance à un homme, de le laisser approcher et surtout de s'en approcher elle même... Cela ne lui a pas réussi! Cette perfide créature n'a pas manqué son occasion de trahir et décevoir. Certes, il l'a chèrement payé mais, un prix qu'elle a elle-même dû débourser juste avant : sa vie! La seule différence c'est que lui n'a pas eu la chance de revenir de ce voyage normalement à sens unique...
Un léger rire, étrangement rauque, s'échappe de la gorge de la jeune femme, quel âge peut-il bien avoir? Moins de quarante années cela ne fait aucun doute! Que peut bien avoir vu un homme si jeune exactement d'assez surprenant pour qu'une morte capable de se mouvoir et de parler ne puisse l'étonner? Par ailleurs, il est évident que sa curiosité personnelle - comme il la nomme - n'est pas réellement d'accord avec ses paroles! À moins qu'il ne prétende cela que dans le but de ne pas finir empalé par la lance de la "jeune" femme? Une inquiétude compréhensible mais qui n'a pas réellement lieu d'être! Pour ce qu'elle en sait, cet individu n'a rien à se reprocher, rien qui fasse de lui un criminel, rien qui ne le mette sur la liste de cible de la justicière. Bien-sûr cela il l'ignore mais, la crainte qu'il démontre en prenant le temps de se dédouaner de toute mauvaise intention est suffisante pour savoir qu'il craint potentiellement pour sa vie s'il met la non-vivante en colère... Elle soupire fortement, las, fatiguée peut-être aussi? Elle revoit dans ses paroles, ses gestes, sa prudence la même chose que dans les histoires qu'on raconte sur elle pour faire peur aux enfants, c'est donc cela qu'elle est devenue? Une créature utilisée pour que les enfants restent sages? Un croque-mitaine malgré elle alors qu'elle n'a jamais agit que dans l'intérêt du royaume?
"Lacey..." Dit-elle simplement avant de s'asseoir sur le sol, à une distance tout de même raisonnable de l'enchanteur. "Cessez donc de trembler! Je ne vais pas vous tuer..." Lâche-t-elle finalement, plus comme une moquerie au vu de son comportement qu'autre chose. Bien-sûr nul ne l'oblige à la croire mais après tout, si elle le voulait mort, elle n'aurait pas raté son premier lancé de lance.
"Je vous l'ai dis, j'étais garde. J'ai fais le serment de protéger le royaume et ses habitants. Morte ou non, mon serment reste le même... Certes, je ne peux plus réellement me montrer et je ne converse plus souvent mais, ce n'est pas pour cela que je vais me mettre à tuer n'importe qui sans aucune raison! Je ne suis pas un monstre tout de même..." Affirme-t-elle tout en sachant que, le simple fait qu'elle soit encore capable de parler pourrait donner des raisons de douter de cette-dernière affirmation. "Vous ne me voulez pas d'ennuie mais visiblement, vous êtes curieux... Peut-être pouvons-nous trouver un accord : ne parlez jamais de moi, de mon abri et en échange, je comble votre curiosité?" Propose-t-elle en regardant de ses yeux spectraux le jeune homme, après tout si elle a sa parole de pouvoir rester ici sans se soucier de devoir trouver une autre cachette, pourquoi pas? Mais soudain pourtant, ses sourcils se froncent. "Cependant je vous préviens, si vous prenez cet engagement, il vaudrait mieux le tenir! Si vous me trahissez, je ne serais plus aussi courtoise!" Une menace qui n'a rien de dissimulée. Elle n'accord pas sa confiance, il faut la gagner et malheureusement, trahir une nouvelle fois une parole donnée - comme a pu le faire Blaze par le passé - serait le meilleur moyen de devenir sa cible principale. Mais peut-être ce jour de neige a-t-il apporté un homme de parole pour une fois? En tout cas, ce-dernier peut remercier sa bonne étoile d'avoir une chance de convaincre la morte-vivante que tous les hommes ne sont pas indignes de confiance.
Mais si les dangers du monde extérieur s'infiltrent peu à peu dans l'esprit d'Almassar, il en reste pas moins d'un optimisme sans failles. Après tout, avec assez de préparation, rien ne peut mal se passer, n'est-ce pas ? Si il a été pris dans cette tempête, c'est uniquement qu'il n'avait su la prévoir, rien de plus. Non, définitivement, l'homme est a moitié dans sa bulle et son monde, a moitié dans celui des autres. Passant son temps à alterner entre l'un et l'autre, sans réelle consistance.
Finalement, la morte reprend la parole, et l'homme arque un sourcil, inclinant la tête sans réellement savoir de quoi elle parle. Puis il se rend compte que oui, il tremble légèrement. De froid, mais pas totalement que. Peu à peu, le feu prend et laisse ses lueurs lécher les murs, le plafond. Répandre sa chaleur, permettant à l'enchanteur de reprendre le contrôle de son corps et de ses émotions. En quelques minutes, sa situation s'est très clairement améliorée après tout. Et la mort semble s'éloigner, du moins de son entourage immédiat. Bien des choses restent à voir, à discuter, mais sa sécurité immédiate semble assurée. Ce qui ne l'empêche pas de reprendre.
-"Comprenez tout de même que discuter avec quelqu'un possédant un tel arsenal à portée de main, surtout après être entré par accident chez cette personne, n'incite pas réellement à la confiance, même si je n'ai pas réellement le choix."
Puis elle tente de le ... Rassurer ? Une ancienne garde revenue d'entre les morts et qui suit désormais un objectif que nul ne connait. Car l'homme se doute bien qu'elle ne vit pas recluse ainsi sans raisons. Qui pourrait vouloir passer sa non-mort dans l'isolation la plus complète ? En soi, cela ne fait aucun sens aux yeux d'Almassar, sauf si derrière il y'a un but. Des recherches à faire tranquillement, un ennemi à traquer en marge de la société. Peut être juste quelqu'un sur qui veiller. Bref, pour lui, il faut une raison valide pour se reclure dans un tel lieu, même dans la situation de Lacey.
-"Et pourquoi ne pourriez-vous pas vous montrer ? Si c'est votre apparence le problème, et je comprends qu'elle puisse effectivement inquiéter certaines personnes et surtout la garde dont vous avez fait partie, il est possible de créer des objets vous permettant d'avoir l'apparence de n'importe qui et pouvoir interagir avec la société sans craindre les regards. Si vous en avez envie, du moins."
Puis vient ensuite une proposition à laquelle il ne s'attendait pas du tout, lui faisant arquer un sourcil. Des réponses à ses questions contre une simple promesse de son silence ? L'offre semble presque trop belle pour être vraie, étant donné qu'il en voit lui même rien à gagner à divulguer la position de cette étrange femme. Prenant quelques instants pour y réfléchir et ne pas avoir l'air trop pressé à rendre son jugement, il finit par hocher la tête.
-"Je ne vois pas pourquoi je dirais à quiconque pourquoi vous vivez ici ni même dévoilerais l'existence de cette grotte. Donc vous pouvez considérer votre secret comme protégé. Il fera partie de ces lieux dont mes notes d'expédition ne feront jamais mention."
Vient ensuite la menace et l'intimidation, sans surprise. Soupirant doucement, Almassar prends confiance, peu à peu. A près tout, elle a déjà failli le planter avec une lance pour le saluer, ce ne sont pas quelques mots qui vont l'atteindre, maintenant qu'il arrive à retourner dans sa zone de confort, sa bulle mentale et un lieu qu'il connait. Un sourire étire ses lèvres alors qu'il vient répondre.
-"Ne vous en faites donc pas, je ne vais pas vendre la mèche, j'ai aucune raison de me mettre une mort à dos. Après tout, vous avez bien plus de temps que moi pour pouvoir me traquer si jamais je viens à rompre ma parole. Je veux bien être téméraire, mais je ne suis pas fou ou stupide pour autant !"
Maintenant qu'il termine de grignoter et de se réchauffer, l'homme est définitivement en une posture bien plus stable pour pouvoir échanger. Et avec l'ouverture offerte par Lacey, il sent que sa situation s'améliore sensiblement. Son regard devient moins craintif, se portant peu à peu aux alentours, sur la femme, sa grotte. Songeur, il finit par lentement se frotter la joue.
-"Et pour les questions... J'en ai de nombreuses. Je vous conseille de vous installer confortablement avant de commencer. Au fait je ne sais pas si vous le pouvez, mais vous voulez une boisson chaude ou encore quelque chose à manger ?"
La question est un peu bête, mais un peu de sympathie, ça ne fait jamais de mal.
"Un arsenal? Ce n'est qu'une lance voyons! Par contre, comprenez bien que je n'ai pas le choix d'être armée, que si votre vie était en danger ma lance n'aurait pas raté sa cible en premier lieu et finalement que l'on a toujours le choix! Si ma compagnie vous met si mal à l'aise, je ne vous empêche pas d'affronter la tempête! Je suis peut-être morte mais cela ne vous permet pas de déprécier mon hospitalité en parlant comme si j'étais votre geôlière!"
C'est lui qui s'est introduit dans son repère après tout, il peut toujours partir mais qu'il ne joue pas les effarouchés parce qu'elle ne lui a pas déployé le tapis rouge! Qu'importe? Il parle avec ses airs d'enchanteur mais au fond, il est exactement comme tous les autres! Il voit juste une revenante, un monstre, la traitant comme si elle était une bête assoiffée de sang dont il faut se méfier. Et le pire, c'est qu'il continue avec ses remarques suivantes... Observant en silence le feu qui danse devant elle, Lacey l'écoute simplement, décidemment il lui parait de moins en moins sympathique cet individu. Elle ne doute pas qu'il ne voit pas le mal qu'il fait, qu'il ne comprend pas la portée de ses paroles mais de toute évidence, il est incapable de se mettre à la place de l'éternelle jeune femme... Instinctivement, elle ramène ses jambes vers elle, les entourant de ses bras alors qu'elle hausse les épaules. Pourquoi ne pas utiliser un objet pour changer d'apparence? Quelle question idiote!
"Vous le voudriez-vous? Changer d'apparence, renier qui vous êtes, vous cacher en permanence sous un masque par honte de ce que vous êtes ou par peur de ce que les autres pourraient dire?" Demande-t-elle légèrement amère. "Je suis entrée à l'académie militaire à douze ans, j'ai servie le royaume et ses habitants avec honneur, sans faillir, pendant dix-sept ans! Je n'ai pas demandé à être assassinée! Pas plus que je n'ai demandé à être ramenée d'entre les morts, pointée du doigts comme une meurtrière parce que mon corps est le seul que l'on n'a pas retrouvé... Et pourtant, c'est moi qu'on traite de monstre, c'est moi que l'on pourchasse, c'est moi qui devrait me cacher derrière une fausse identité pour être acceptée? Pourquoi devrais-je renier celle que je suis pour des gens qui, de toute évidence, ne me méritent pas?"
Elle n'a jamais rien fait de mal après tout... Bon, c'est vrai elle a tué des gens mais, des criminels! Des ordures qui échappaient continuellement à la justice, qui profitaient de manque de preuves ou de vice de procédure pour échapper aux lois! Peut-être que lorsqu'elle périra définitivement, elle sera jugée comme les ordures qu'elle a éliminé à cause de cela mais pour l'heure, elle a toujours agit dans l'intérêt de ce royaume qu'elle chéri malgré tout! Pourquoi alors devrait-elle se dissimuler derrière une potion ou un objet quelconque capable de changer qui elle est? Elle est fière de ce qu'elle est et elle refuse de se renier elle-même!
C'est avec une certaine incrédulité qu'elle arque un sourcil devant les réponses du jeune homme : pourquoi la dénoncerait-il? Il ne doit réellement pas la connaître pour demander cela, elle imagine assez facilement le nombre d'homme qui voudrait sa peau, plus encore comme la garde voudrait s'enlever cette épine du pied! Aucun doute qu'il serait bien vu par la couronne ou payé gracieusement par certains criminels s'il dévoilait sa position... Peut-être y pensera-t-il plus sérieusement après qu'elle ai répondu à ses questions? Pour l'heure en tout cas, elle secoue simplement la tête. "Je suis morte... La nourriture devient cendre dans ma bouche, les boissons n'ont aucun goût et ce sont des besoin vitaux donc, par définition, je n'en ai pas besoin... Posez donc vos questions! Plus vite nous en aurons terminés, plus vite ma présence ne sera plus un supplice pour vous..."
-"Mes excuses, vous avez raison. Si votre première invitation sonnait comme un ordre, je ne peux nier que vous faites tout pour être la plus amicale possible, malgré la situation. Je me suis introduit chez vous, après tout. Et il est vrai qu'en un tel endroit, les armes doivent être vitales. On ne sait jamais quelle créature ou personne pourrait entrer après tout. Par exemple une personne un peu trop téméraire pour son bien en pleine tempête."
Petit rire sarcastique alors qu'il fait de l'humour sur sa propre situation actuelle. Continuant de récupérer du matériel de son sac, il commence à préparer une petite infusion, le temps que l'ancienne garde continue de s'expliquer. Et plus elle parle, plus il se sent idiot. Il n'avait pas du tout vu les chose sous cet angle, il ne les avait jamais envisagées. Et si lui, l'idée de cacher son visage ne le dérange pas, c'est car il s'agit d'une période de temps donnée, et qu'il sait que sa vraie face n'est pas menacée. Qu'il n'est pas obligé de faire cela dès qu'il veut sortir dans les rues. Méditant sur ces propos, sa main continue de lentement s'occuper des préparatifs, tel un mécanisme l'aidant à se stabiliser dans le moment.
-"Vous avez un parcours impressionnant, je suis obligé de le reconnaître. Et après avoir tant servi, je ne peux que comprendre que vous ne souhaitiez pas vous cacher derrière une fausse identité pour pouvoir vous déplacer librement comme vous mériteriez de pouvoir le faire. Je ne pensais nullement à malice. Il est vrai que si personnellement l'idée d'user d'un masque ne me dérange pas, je serais surement révolté de ne plus pouvoir être qui je suis réellement simplement à cause de préjugés ou de choses fausses que l'on pense à mon égard."
L'infusion est prête, et il peut enfin venir la récupérer entre ses mains, finissant de se réchauffer au travers de ses gants en soufflant sur la fumée qui s'en échappe pour aider la boisson à refroidir. Redressant le regard, il vient chercher celui de Lacey. Maintenant qu'ils commencent à discuter, il est bien moins intimidé par elle. Malgré son apparence, elle est... Cruellement et tristement humaine. Une femme qui s'est retrouvée isolée depuis deux siècles, à en croire ses dires, alors que toute sa formation et son existence semblaient dévoués à porter secours aux autres. Triste récompense pour une garde, d'être ainsi bannie et menacée par les siens et ceux qu'elle a défendu avec tant d'ardeur.
Imprégnant un peu plus cela, une première gorgée de sa boisson lui réchauffe le palais et la gorge. La seconde s'occupe de ses poumons et de son être. Fermant les yeux, c'est à son tour de lentement soupirer, clairement perdu dans ses pensées.
-"Votre présence n'est pas un supplice. Il est vrai que nous ne sommes pas partis du meilleur pied, et que je n'ai pas mis du miens au début de cet échange. Mais votre présence ne me dérange pas. Et je sais, vous allez rire, après tout, encore heureux que votre présence ne dérange pas dans votre propre demeure." Lui même sourit légèrement au ridicule de cette phrase, se raclant la gorge pour enchainer. "Mais il n'y a rien de problématique avec vous. Vous êtes une ancienne garde, malmenée par son don ou une ancienne magie qui lui a permis de revenir d'entre les morts. Soit, en tant que sujet d'étude, c'est passionnant et j'adorerais pouvoir passer des semaines voir des mois à me pencher sur le sujet et essayer de comprendre comment tout cela est possible . Mais ça ne retire pas que vous êtes toujours une personne, et que vous méritez une certaine décence et respect dont j'ai manqué jusqu'il y'a peu."
Voila, c'est sorti. Des excuses en bonne et due forme, et sincères qui plus est. A considérer la femme comme un sujet d'étude potentiel, une créature des tréfonds de la terre, il en a oublié que c'était simplement quelqu'un, comme lui. Et que, si elle l'a menacé, c'est surement plus pour se défendre qu'autre chose. Après tout, il est toujours la et vivant, il n'est donc pas trop à plaindre, pour le moment.
Dépliant ses jambes pour les tendres, elle regarde du coin de l'oeil son interlocuteur, arquant un sourcil alors qu'il s'exprime... Un léger rictus alors qu'elle écoute ses propos qui se contredisent d'une certaine manière. Il parle d'abord d'un sujet d'étude, donnant l'impression encore une fois qu'il voit une sorte de chose, une espèce fascinante plus qu'une humaine. Propos désamorcés presque aussi vite alors qu'il affirme qu'elle est une personne méritant un certain respect? Comment peut-on être aussi paradoxal dans des propos en une si petite intervalle de temps? Lacey ne sait plus réellement comment réagir face à cet homme, son comportement, ses propos, sa manière d'agir est illogique! Tantôt respectueuse, tantôt insultante, elle n'est même pas certaine de réellement comprendre ses motivations, ses intentions ou même ce qu'il pense normal ou vrai dans ses propos en réalité! Est-ce que tous les enchanteurs sont ainsi? Elle plaint sincèrement ceux qui doivent faire affaire avec eux! Au moins, les forgerons sont des gens bien plus simples!
"Je ne sais dire si je vous trouve insultant ou non..." Avoue-t-elle en tournant vers lui son regard. "Un sujet d'étude réellement? Vous êtes un réel charmeur Almassar..." Affirme-t-elle ironiquement avant de rire doucement de ce rire rauque et guttural que la mort lui a offert. "Navré de vous décevoir mais l'étude serait cependant rapide : c'est le pouvoir d'un homme mort depuis longtemps qui m'a ramenée parmi les vivants! Pas d'enchantement, de procéder magique ou d'expérience scientifique de grande avancée... Juste le pouvoir d'un passant qui m'a ramené pour une raison qui m'échappe! Et, puisque cela est arrivé il y a deux cents ans environs, je suis dans le regret de vous dire que vous ne pourrez jamais interrogé ce sauveur miraculeux! Je crains que votre sujet d'étude s'arrête donc avant même de commencer!" Affirme-t-elle avant de poser sur lui son regard spectrale et de sourire en coin. "Et par ailleurs, avant d'affirmer vouloir passer des mois à vous "pencher" sur moi, ayez au moins la décence de m'inviter à boire un verre! Un peu de galanterie!" Finit-elle en riant moqueuse... Peu de chance que cela arrive - aucune chance qu'elle accepte de toute manière - mais c'est un moyen de lui rappeler que ce "sujet d'étude" dont il parle reste elle, une femme morte mais vivante tout de même.
-"Je n'ai pas pour but de me montrer insultant, mes excuses si c'est ainsi que vous le percevez."
La suite le laisse un peu plus perplexe, et il vient arquer le sourcil. Bien sur qu'elle ferait un spécimen d'étude des plus intéressant, mais cela ne veut pas dire qu'il nie son humanité. Il a du mal à comprendre la distinction, peut être un peu trop habitué aux êtres comme Frey et Sia qui ont rapidement compris qu'ils pouvaient être les deux, et même des amis. Il lui faut quelques secondes, dont se saisit Lacey pour continuer sa diatribe sarcastique et acide. Il reste interdit un petit moment, venant se gratter la joue sans réellement comprendre avant de finir par rajouter, d'une voix un peu perdue mais qui reprend peu à peu en assurance.
-"Cela n'empêcherait rien je pense. Une grande partie de mon travail est justement d'essayer de comprendre les pouvoirs des gens pour les aider avec. Je pars avec rarement plus qu'une vague description de ce qu'ils sont capables de faire, et à moi ensuite de savoir comment tisser des tatouages pour améliorer leurs talents. Donc partir d'un sort séculaire qui est encore en effet sur vous serait certes, bien plus difficile, mais loin d'être impossible."
Petit silence, ou l'homme vient méditer sur ce qu'il vient de dire. Il se rappelle que la demoiselle semble avoir plus de mal à faire la distinction que les gens qu'il côtoie habituellement, et Almassar secoue rapidement la tête pour enchainer d'une voix plus posée et calme.
-"Néanmoins, je pense qu'il est important de le préciser... Je ne ferais rien de tout cela sans votre accord et votre consentement, bien sur. Ce n'est pas car je peux vous considérer comme un spécimen d'étude passionnant d'un point de vue professionnel que j'en oublie que vous êtes humaine et que vous avez vos propres aspirations et envies."
L'enchanteur se sent vraiment idiot de devoir préciser cela. Ça lui saute aux yeux. Et pourtant, il est obligé de comprendre que ce n'est pas le cas pour tous, surtout pour quelqu'un surement traqué depuis longtemps et qui doit être habituée à voir les gens tenter de se servir sans lui demander -et en payer le prix fort-. Un moment passe, Almassar restant silencieux et récupérant peu à peu ses pensées. Finalement, son regard vient chercher celui de Lacey une nouvelle fois, la voix toujours calme. Sa passion de l'enchantement et des dons enflamme certes son regard, mais il la retient pour égard envers cette femme qu'il, en effet, ne connait pour ainsi dire pas.
-"Mais dans tous les cas, excusez moi. Il est vrai que nous ne nous connaissons pas, et ma passion de l'inédit et de l'inconnu a pris le pas sur tout le reste. Vous ne craignez rien de ma part, je n'agis jamais sans l'autorisation des personnes avec qui je travaille. Je n'aurais jamais tenté de vous imposer une telle chose."
La seconde tasse est prête, et son regard se pose en direction de l'entrée, un fin sourire se dessinant sur ses traits. Le blizzard et la tempête lui rappellent des souvenirs, qu'il finit par mettre en mots.
-"Vous n'êtes pas la première personne que je connais à vivre ainsi, en marge de la civilisation tout en interagissant avec. Et si vos raisons divergent, je ne peux m'empêcher de vous voir vous retrouver sur certains points. Mais je crois que je m'égare, encore une fois."
Oh des questions, il en aurait beaucoup à poser. Mais vu comme il a déjà forcé sur la corde, il préfère éviter de trop forcer, a moitié perdu dans ses pensées en cherchant comment il pourrait faire sens de toutes ses interrogations... Après tout en deux siècles, Lacey a du voir évoluer le monde et la société, et bien sur que la curiosité de l'enchanteur est titillée par ce fait.
"Je crains que malheureusement nous ne le saurons jamais! Je veux bien répondre à vos questions mais je refuse de devenir le cobaye de qui que ce soit..." Annonce-t-elle, peut-être un peu plus glaciale que dans l'échange précédent? Sa carapace revenant aussi vite qu'elle avait commencé à tomber, non, elle ne se laissera pas avoir une nouvelle fois! "Quoi qu'il en soit, je vous donne un conseil : ne traitez pas une dame de "spécimen d'étude"! Je comprends que l'inconnu semble vous passionner mais je ne connais aucune femme qui aimerait se faire traiter comme un vulgaire sujet d'étude! Peut-être ne voyez-vous pas le mal ou peut-être suis-je simplement trop âgée mais je ne vois absolument pas à quel moment cela pourrait passer pour un compliment ou autre chose qu'une insulte!" Est-elle vraiment en train d'essayer de faire comprendre à un enchanteur en quoi ce genre de propos peut parfaitement faire passer un très mauvais message? Elle le sait pourtant, ce genre de personnes, les chercheurs, sont bien-souvent bien trop prit par leur recherche pour penser au côté humain de leurs relation... Du moins, c'était ainsi par le passé? Peut-être au fond, fait-elle également une généralité dans ce sujet?
Un nouveau silence s'installe, Lacey observe les flammes dansant devant ses yeux. Le calme... C'est agréable en réalité! Cela fait bien longtemps qu'elle n'a pas ainsi conversé avec quelqu'un et, se rendant compte de toutes les incompréhensions qui peuvent se glisser dans un simple échange de parole, elle doit bien avouer que cela ne lui avait pas spécialement manqué! Au fond, le repos éternel aurait peut-être été plus enviable qu'une seconde vie? "En marge de la civilisation tout en interagissant avec?" Répète-t-elle, questionnant cette affirmation avant de ne pouvoir retenir un rire sincère, le premier depuis longtemps. "Vous êtes drôle Almassar... Que pensez-vous que mes interactions avec la civilisation soient exactement? Vous êtes le premier humain avec lequel j'échange plus de dix mots depuis deux siècles! Interagir avec la civilisation? Je suis une ancienne garde c'est vrai, il est également vrai que je suis une criminelle aujourd'hui ne vous y trompez pas! Mes échanges avec la civilisation ne sont rien d'autre que le meurtre d'homme ou de femme qui méritent la mort! Ne vous faites pas de fausses idées sur moi, vous seriez déçu..."
-"Je comprends que vous ne souhaitiez pas devenir un cobaye. Et j'éviterais de vous parler en ces termes. Et je ne vois pas cela comme une insulte car à mes yeux, tout le monde est un spécimen d'étude, moi même inclus. Après tout, on a tous des dons uniques, des talents particuliers. De fait, chaque personne est intrigante à sa façon."
Puis le rire le fait sursauter tant il ne s'y attendait pas. Non, voir Lacey rire n'était clairement pas quelque chose qu'il avait anticipé. Et cette question soulève le doute, une nouvelle fois. Perplexe, assez franchement pour que cela transparaisse sur ses traits, l'homme vient se frotter la joue et la ligne de la mâchoire, avant de hausser les épaules. Effectivement, il ne s'attendait pas du tout à cette réponse et essaye de composer malgré tout avec.
-"Je dois dire que je pensais que vous aviez beaucoup plus de contacts avec la Forteresse, ou au moins certains de ses habitants. Je n'imaginais pas être la seule personne avec qui vous avez pu communiquer depuis si longtemps. Clairement, je ne sais imaginer ce que cela doit être... Vous avez peut être des question sur certains évènements ou sur la vie actuelle ? Sauf si cela ne vous intéresse pas, bien sur."
Quand à se faire de fausses idées sur elle... Non, clairement pas. Almassar ne sait pas sur quel pied danser et garde une certaine prudence vis à vis de la femme. Une garde devenue criminelle et meurtrière ? C'est la porte ouverte à de nombreux ennuis avec lesquels l'homme ne veut pas prendre part. Donc non, il ne se fait aucune idée à son sujet. Il est prudent, et même si sa curiosité peut avoir le meilleur de lui même, il ne risque pas de trop baisser sa garde non plus. Pas qu'il n'ait grande chance de survie si jamais la femme décide de s'en prendre à lui, mais ce n'est pas une raison pour se laisser totalement abattre au nécéssaire.
-"Après il est vrai que j'ai peut être une vision biaisée des évènements. Je suis habitué à voir ou entendre des choses surprenantes, des phénomènes qui peuvent sortir de l'ordinaire. Et j'ai fini par l'accepter comme part prenante de mon quotidien. Donc je ne suis plus vraiment choqué de cela. Mais il est vrai que certains sont peut être plus à même de réagir de manière plus violente..."
Eh oui, si l'enchanteur peut parfois voir loin, très loin pour son travail et ses idées, il a des fois bien plus de mal d'être terre à terre sur les éléments les plus simples et pourtant les plus logiques de la vie en société. Une revenante pourrait être mal perçue, malgré le fait qu'elle reste une femme sous cette apparence d'outre-tombe.
"J'ignore si vous êtes bon enchanteur Almassar, mais vous parvenez à être bon orateur! Je vous l'accorde, chacun peut devenir intriguant, vous commencez d'ailleurs à l'être..."
Léger sourire, vient-elle de lui faire un compliment? Peut-être, elle agite de toute manière la main comme si elle signalé que cette phrase n'aura pas de suite avant même que l'homme ne puisse répondre. Intriguée peut-être mais elle ne va pas commencer à parler plus que nécessaire, son esprit étant déjà partie vers d'autres pensées, toujours concernant son interlocuteur - ou plutôt sur le fait de savoir si cette rencontre pourrait lui servir dans la mission qu'elle s'est elle-même confiée - et elle y reviendra selon son bon vouloir plus qu'autre chose c'est un fait! Son regard spectrale détaille son interlocuteur, se propose-t-il vraiment de devenir son informateur concernant les évolutions dans le royaume? Après l'affirmation d'être une meurtrière, elle se serait attendu à le voir reculer, peut-être prendre la fuite? Pas cela en tout cas...
"Tous ne réagissent pas aussi bien que vous à l'apparence d'une revenante très cher... Je me tient cependant au courant des informations que je juge importantes : un assassin qui court au village perché, un terroriste qui kidnappe la reine, un gouverneur qui piège la ville avant de déserter.... Tant de criminels qui échappe à la justice du royaume mais qui finiront par rencontrer la mienne... Quant à la "vie actuelle" comme vous dites... Je crains qu'elle n'ait que peu changer : les cristaux gouvernent toujours plus que n'importe quel dirigeant et aucune porte ne reste fermée si on a les moyens de l'ouvrir n'est-ce pas?" Un nouveau rire, amer cette fois cependant, n'est-ce pas pour une question de cristaux qu'elle et les siens sont morts par une froide journée de blizzard?
Elle en dit beaucoup, trop peut-être? Ne vient-elle pas d'énoncer clairement les trois êtres qui sont le plus dans sa ligne de mire présentement? Si l'enchanteur décide de la trahir, de tout révéler, alors elle risque de rencontrer plus de difficultés. L'avantage présentement c'est qu'aucune de ses cibles ne se sait visée, les murmures que le vent porte sont parfois le pire des ennemis, une attaque surprise attendue a moins de change de réussir par définition... Étrangement pourtant, elle ne se sent pas menacée, c'est peut-être aussi un test, voir si cet homme qui sort de l'ordinaire mérite le peu de confiance que la revenante est encore capable d'accorder?
"Habitué à voir ou entendre des choses surprenantes? Je ne doute pas que dans votre métier cela soit effectivement monnaie courante! Après tout, les enchantements sont vu par certains comme de véritables miracles! N'existe-t-il pas une potion permettant de "guérir" la mort si elle est ingérée assez vite après le décès? Les personne profitant des potions miracles ne sont-elles pas elles-mêmes des revenants d'une certaine manière? On ne les traite pourtant pas comme l'on me traite! N'est-ce pas un peu ironique?"
-"Habituellement pourtant on me dit l'inverse ! Je sais bien que ma passion pour la magie et ses phénomènes peut parfois me rendre peu délicat ou retirer ma capacité à prendre des gants pour dire les choses."
Profitant de sa seconde tasse chaude, l'homme termine de se réchauffer et de se remettre d'aplomb. En effet, cette pause était tout ce dont il avait réellement besoin. Les doigts gantés serrés sur la chaleur du récipient s'occupent de ces extrémités maltraitées par les éléments, et chaque gorgée le réchauffe de l'intérieur. Combiné aux rations qu'il grignote, Almassar sent son corps se préparer à ressortir affronter le froid. Bon, il ne refuse clairement pas un peu plus de repos, mais difficile de nier que les derniers mois l'ont endurcis et qu'il est bien plus coriace qu'avant. Il ne lui manque plus que les bases d'un entrainement militaire pour se défendre et tout serait parfait... Mais ses pensées divaguent, et il est obligé de rattraper le wagon de la conversation en clignant des yeux. Lacey évoque ses cibles, les êtres qu'elle aimerait voir portés à sa "justice". L'enchanteur penche la tête, portant deux doigts à son menton pour le frotter, le regard se perdant dans le crépitement des flammes avant de répondre d'une voix plus ténue, distante.
-"J'ai entendu parler des affaires que vous évoquez, mais je ne crains de n'être d'une grande utilité dans ce cas. Je n'en sais surement pas plus que vous et le commun des mortels. A vrai dire, jusqu’à peu de temps, je ne m'intéressais pas réellement à ces histoires, trop occupé à finir de m'établir et à commencer à me faire un nom et trouver des clients. Mais oui, vous avez raison sur ce point, rien n'a changé et les cristaux achètent toujours presque tout."
L'information est rangée dans un coin de son esprit, de se renseigner un peu plus sur ces éléments précis. Si le chercheur est en effet plus au courant des affaires de ces derniers mois, il est toutefois toujours bien loin d'être réellement un citoyen éclairé sur la situation des terres sur lesquelles il vit. La plupart de ses connaissances sont parcellaires, provenant de ses différents contacts et amis rencontrés au cours de ces derniers mois et voyages. Pas de quoi devenir un spécialiste en géopolitique, alors que pourtant un peu plus de contextualisation ne lui ferait parfois de mal. Puis ses pensées dérivent sur le paradoxe présenté par Lacey. De nouveau, ses doigts frottent son menton, ses sourcils se fronçant sous la réflexion qu'il fait suite à cet échange. Elle n'a pas totalement tort, du point de vue d'Almassar. Mais comme souvent, il aime se faire l'avocat du diable.
-"Alors je suis d'accord avec vous. L'effet de certains dons ou de certains pouvoirs offre un résultat similaire au vôtre. Mais je pense que la où ça bloque pour beaucoup de monde hélas, c'est pour l'apparence. Personnellement elle ne me dérange absolument pas, car je ne juge pas sur ce critère et je trouve dommage que certains le fassent. Mais je pense que la grande différence est que ce genre de potions ne laissent aucune séquelle visibles. Si l'utilisateur d'une potion miracle gardait des traces, je ne suis pas sur que cela serait aussi bien vu par le tout venant."
L'échange a de quoi faire réfléchir sur le sens des dons, de la vie et de ce que considèrent les gens comme tolérable ou acceptable. Si l'homme ne s'est jamais vraiment posé la question, ayant un point de vue assez large sur la question, il est vrai qu'elle existe et qu'elle est problématique, finissant même par lui arracher un soupir.
-"Je crains hélas que ce soit le genre de problématique sur laquelle je n'ai aucune emprise direct. Je n'ai pas le pouvoir de changer ce que pensent les gens, et je comprends que vous n'ayez pas envie de devoir cacher votre vraie apparence pour vous déplacer, car vous ne devriez pas avoir honte de qui vous êtes, surtout après avoir servie comme garde. Vous n'êtes pas la seule personne que je connais dans une situation similaire, et ce n'est pas toujours facile à vivre, même si cela vous aiderait surement dans vos recherches."
Oh oui, difficile de nier que l'enchanteur a un don pour rencontrer des gens avec des problématiques uniques, ça c'est sur...
Un nouveau rire se fait entendre alors qu'elle vient de lui parler de ses cibles principales, décidemment elle n'a jamais autant rit qu'en ce jour, c'est dire comme la solitude est sa compagne depuis bien avant son décès en réalité. "Soyons honnête très cher, je ne m'attendais pas à ce que vous ayez des informations sur ces personnes... Si tous les citoyens avaient des informations sur ces criminels, alors il serait inconcevable que la garde ne les ai pas encore attrapé... Sauf en cas de corruption plus que flagrante et dans ce cas, mes cibles seraient toute autres..." Un léger sourire en coin qui en dit long sur sa vision des choses, un garde corrompu est un plus grand criminel que l'homme qui a enlevé la reine et pour cause, ce-dernier n'a pas prêté serment de protéger le royaume - et n'est pas responsable de sa mort à elle - après deux cent années, il est évident que Lacey est rancunière.
Bien-sûr l'apparence... Un léger soupire s'échappe des lèvres de la femme alors qu'Almassar lui annonce de bout en blanc la différence entre elle et ces autres ressuscités : elle n'a pas réellement continuer à dépérir, maintenu dans une sorte de phase par le pouvoir agissant sur les lances dans son corps elle a la chance de ne pas pourrir comme une vulgaire carcasse avec le temps, cependant sa peau bleutée, ses yeux spectraux, les cicatrices marquant sa chute et surtout les trois lances transperçant son corps et lui permettant de survivre sous cette apparence de défunte la rendent plus "effrayante"? Elle qui était pourtant une belle femme de son vivant n'est-elle donc plus qu'un monstre repoussant maintenant? Probablement pour le commun des mortels oui...
"Ce n'est pas particulièrement important en réalité! Je ne suis pas la seule maudite par un pouvoir même si, dans mon cas, ce n'est pas le mien. Il est évident que le paraître est et sera toujours plus important que l'être... Je ne vais pas mentir, même sans cette problématique, je n'ai aucune envie de me mélanger à la population du royaume... Ce n'est pas par crainte de leur réactions ou par peur de la garde, je fuis ces hommes sans me faire prendre depuis deux cent ans alors pourquoi craindrais-je de me faire attraper? Non, il y a bien pire que cela! Parfois, je maudis mon existence vous savez? Vous pouvez croire que la solitude est difficile mais il y a bien pire : j'ai vu mon père mourir en croyant que sa fille était une criminelle sans pouvoir démentir, des amis de l'académie disparaître, des animaux que j'avais apprivoisé être rattrapé par les affres du temps... Ma malédiction est double Almassar : mon apparence certes mais surtout, cela fait deux cents ans que je vois des gens mourir, certains étaient importants pour moi, d'autres moins mais, pourquoi voudrais-je me rapprocher des gens, me lier à certains alors que je sais que je vais leur survivre?"
Le rire de Lacey est repris par l'enchanteur, alors qu'il hoche doucement du chef.
-"Vous avez raison, je pense que les informations que vous cherchez ne sont pas connues publiquement. Ou alors elles sont si communes que tout le monde en a oublié de prévenir les autorités compétentes, mais cela me paraîtrait surprenant. Et si la corruption dans la garde existe surement, je n'en suis pas assez proche pour pouvoir réellement la préciser. Je me contente de parfois travailler avec eux pour quelques commissions."
Est-ce une bonne idée de dire qu'il travaille parfois avec la Garde, vu ce qu'elle vient de lui dire à ce propos ? Au moins il a su taire le fait qu'il avait pour projet d'entretenir des partenariats voir des contrats avec diverses unités pour avoir un apport régulier de cristaux. Autrement, la conversation pourrait prendre un tout autre tour. L'échange revient sur l'immortalité et le fléau que cela peut représenter. Et cette conversation est un choc pour l'homme. Si il avait rapidement compris qu'il ne pourrait vivre isolé ainsi, sans jamais mourir... Il n'avait pas envisagé cela sous cet angle ,le fait qu'elle s'isolait volontairement car tout ce qu'elle pouvait chérir ou aimer viendrait à mourir sous ses yeux. Et comprenant cela, le regard de l'enchanteur se teinte d'une certaine compassion. Pas de pitié, non, il respecte d'une certaine façon cette femme qui lutte malgré sa situation, et elle ne mérite pas sa pitié, uniquement son respect. Mais il ne peut s'empêcher d'être attristé pour elle en comprenant ce qu'elle doit vivre.
Il s'imagine vivre dans un monde où tout ce qu'il peut tenir cher disparait. Ou il ne resterait au fond plus que sa passion pour le pousser plus loin et lui tenir compagnie, car tout le reste deviendrait poussière avant soi. Comment arriver à aimer quand on va perdre celui qui nous est cher sans avoir le coté rassurant de l'accompagner et d'avancer avec. Cette réalisation provoque un petit froid et un petit silence dans la conversation, Almassar plongeant les yeux dans sa propre tasse, dans ce liquide qu'il agite légèrement. Après un long soupir, il redresse le regard pour attraper celui de Lacey.
-"Je n'avais jamais réellement compris cela. Je ne peux imaginer ce que cela doit être de savoir que tout ce qui est temporel sera laissé derrière nous sans que l'on puisse l'accompagner, et à quel point cela doit être une vie difficile. Et surtout la volonté que cela doit demander pour arriver à rester saine d'esprit dans un tel contexte, après tant de temps. Oui, vous avez raison, c'est bien plus une malédiction qu'une bénédiction. Car si elle vous permet de chercher la justice que vous souhaitez, cela semble fort à une quête sans fin et sans fond. On pourrait écrire de votre histoire des livres de justiciers sombres, violant les lois pour les faire respecter. Mais effectivement, la fin serait plutôt triste."
Terminant sa tasse, l'homme grogne doucement, essayant de reprendre sur une note un peu plus positive, un frisson traversant son corps entier sous la vague de chaleur de la boisson.
-"Bon, même si je comprends mieux la malédiction que cela doit représenter, et même si c'est surement qu'un maigre réconfort, cela vous permet au moins de poursuivre votre quête sans craindre justement le temps. Quoi qu'il se passe, à la fin vous obtiendrez ce que vous souhaitez. Cela ne vous procure pas au moins une certaine joie ?"
Un silence s'abat soudain sur la conversation : naturellement, personne ne s'imagine les mauvais côtés de "l'immortalité" - même si ce n'est pas vraiment cela ici - comment pourrait-il en être autrement? L'Homme possède un instinct de survie et la mort est une peur primaire dans l'existence! On veut tous retarder la mort, vivre le plus longtemps possible, avoir assez de temps pour faire tout ce dont on rêve. L'immortalité semble un présent inestimable... Cela jusqu'à ce qu'on la vive. La mort parvient toujours à rattraper les êtres, si ce n'est pas directement, c'est indirectement et cela, Lacey l'a bien comprit! Son unité d'abord, puis son père, ses amis, ceux qui - à un certain moment de sa non-mort - l'avaient acceptés malgré son apparence et sa nature... Tous sont maintenant passé de l'autre côté et Lacey n'a que peu d'espoir de les revoir un jour. Bien-sûr elle peut mourir! Elle ignore ce qu'une arme plantée dans la boite crânienne aurait comme effet, cela la tuerait-il ou non? Elle n'en a aucune idée en réalité mais elle se souvient parfaitement les paroles de cet homme, assit tranquillement sur le lieu du massacre : sa vie est liée aux lances dans son corps, si elles sont arrachées de sa poitrines, elles arrachent le dernier souffle de vie de la revenante...
Un léger soupire alors qu'elle secoue doucement la tête : une certaine joie? Comment cela pourrait-il être le cas exactement? Bien-sûr, les paroles du jeune homme sont encourageantes, un espoir que ses actions aient réellement un sens au final? Est-ce seulement le cas?
"Vous êtes un idéaliste Almassar... Cela fait deux cent ans que je suis morte, deux cent années que j'agis, deux siècles que j'affronte le crime pour défendre la justice et pour quel résultat? Les criminels sont toujours aussi nombreux, ils ont juste de nouvelles méthodes, de nouvelles ambitions, de nouvelles revendications... Je ne suis pas immortelle vous savez. Je suis revenu à la vie, cela ne veut pas dire qu'on ne peut plus me l'ôter et, durant un long moment je me suis dis que je voulais simplement partir une fois que j'en aurais assez fait... Plus les années passes, plus je me heurte à la réalité : les humains ne changent pas et même après mille ans de combat, cela n'aura servi à rien au final..." Conclue-t-elle tristement.