Au milieu de tout ce petit monde, une bien étrange figure se fondait dans la masse. Glissant au milieu de la foule, Klarion était drapé dans sa grande cape noire, son capuchon rabattu sur sa tête. Il dépassa un hybride-macareux en train de vendre des pinces de crabes si imposantes qu’elles faisaient chacune la taille et le poids d’une enclume. Remontant la jetée, le phytomancien n’avait aucun intérêt pour les denrées et victuailles que l’on pouvait acheter sur le grand ponton, et détestait par dessus tout les vapeurs nauséabondes des fruits de mer autour de lui. De toute façon, le jeune homme n’avait pas fait la route depuis la Capitale pour faire des emplettes. Non, l’éco-terroriste avait prévu une charmante surprise pour la cité côtière, pour chacun de ses habitants, pour toute la Garde locale, et pour une noble toute particulière…
- GRANDS ESPADONS ! Hurlait un gros bonhomme à grosse bedaine à sa droite.
- CORNES DE NARVAL ! Enchaînait un moustachu, juste à côté. VENEZ ACHETER MES CORNES DE NARVAL !
- ONGUENT DE SIRÈNE ! Caquetait une vieillarde avec un immense turban à breloques sur son crâne. VENEZ RETROUVER VOTRE JEUNESSE !
Klarion en avait assez, leurs braillements de primates raisonnaient dans sa tête et il n’avait qu’une envie : les donner en pâture à ses plantes carnivores pour qu’ils cessent enfin d’émettre le moindre son. Le Souverain de la Flore était arrivé au Grand Port depuis quelques minutes en débarquant en haut du ponton, naviguant le long de la côte sur une péniche prise près d’un village à l’orée de la Grande Forêt. Grâce à ses parfums entêtants et son rouge à lèvres hallucinogène, le criminel avait contraint le capitaine de la péniche à l’emmener à destination sans grand souci. À présent en haut de la jetée, il touchait enfin le pavé de la rue, plus grande et à la circulation plus facile. Malgré les marchés improvisés ça et là, plusieurs chevaux trottaient et remontaient l’avenue, leurs selles croulaient sous des marchandises diverses et variées.
Klarion consulta un cadran solaire disposé au-dessus de l’enseigne d’un ébéniste local pour remarquer, avec grande satisfaction, qu’il était à l’heure. La personne qu’il voulait croiser n’était pas encore passée, il n’aurait pas beaucoup de temps à attendre. S’adossant contre un lampadaire à cristaux éteint, Klarion zyeutait à droite puis à gauche pour analyser un peu l’état de la rue. Plusieurs balourds entraient et sortaient dans une taverne à la devanture sinistre en empruntant des portes battantes. Certains d’entre eux échouaient à l’extérieur pour chiquer un peu de tabac ou fumer d’immenses cigares, disparaissant derrière un véritable écran de fumée. Bien bâtis, ils avaient l’air de marins prenant une pause bien mérité lors d’une escale passagère, le regard exténué, d’immenses poches sous les yeux. Quelques vieilles dames peinaient à franchir les pavés, les bras chargés de courses provenant de la jetée, et des enfants batifolaient ça et là en jouant avec des épées en bois. Tout avait l’air normal pour le moment, l’atmosphère rappelait à Klarion les rues ouvrières de la Capitale, l’air marin en plus.
- Hm, je pense que c’est mon rendez-vous… se susurra Klarion.
Un bruit venait effectivement d’attirer son attention. Un grand fiacre descendait la rue, tiré par quatre chevaux, tous palomino. Le cocher, un petit homme avec une barbe en tortillons, tenait un grand fouet dont il ne se servait même pas, mais tenait en joue pour impressionner le tout venant. Le bougre avait l’air fier de transporter la personne assise dans sa cabine, comme si ce transport était le plus grand honneur qui lui avait été accordé de toute son existence. Esquissant un rictus, Klarion s’avança sur le pavé pour faire face à la diligence. Le cocher remarqua qu’on lui bloquait la route et fit ardemment claquer son fouet sur le sol avant de se mettre à crier :
- Arrière, manant ! Faites place à la Trésorière royale !
Restant immobile, Klarion se baissa et posa la main au sol. Un bosquet de ronces se mit à pousser sur les pavés, jaillissant de la terre comme une myriade de serpents noirs hérissés de grandes épines. Le cocher ne put réprimer un cri strident et deux des quatres chevaux cabrèrent, faisant s’arrêter net la diligence alors que le conducteur bascula de son perchoir pour heurter le sol. Le phytomancien s’avançait vers le véhicule d’un pas calme alors qu’autour de lui, plusieurs éclats de voix concernées commençaient à se faire entendre. Une des ronces se dirigea vers le cocher avant de l’empoigner fermement et le catapulter vers la mer, le faisant hurler à la mort une seconde fois. Arrivant au niveau de la cabine, Klarion se découvrit le visage avant d’ouvrir la porte. À l’intérieur, il fit enfin face à celle qu’il était venu voir, une femme blonde, la Trésorière, Queen Milan.
- Bonjour, inutile de faire les présentations, je sais qui vous êtes et je suis persuadé que vous avez déjà entendu parler de moi, fit-il en lui souriant narquoisement. J’ai discuté avec votre boss il y a quelque temps. Je suis curieux de voir si vous serez plus intelligente qu’elle.
Puis, ceci dit, Klarion grimpa dans la cabine avant de refermer la porte derrière lui.
Oui, le Grand Port venait de recevoir une belle surprise. Klarion Brando venait d’enlever la Trésorière royale…
C’est à ce moment-là que rien ne se passa comme prévu. Le fiacre aurait dû ralentir en présence de tant de gens, mais il pila, arrachant presque la trésorière à son siège. D’un geste rageur Queen cogna deux coups bien sentis sur les parois de l’habitacle.
- Par la sainte ! Je ne vous paie pas pour me briser la nuque !
Etrangement aucune réponse ne lui parvint. Pire encore un silence de mort tomba avant d’être brisé par les claquements affolés de sabots sur le sol, le cris des passants et les soubresauts sec qui se répercutèrent sur la calèche. Interdite la jeune femme se redressa sur son siège, aux aguets. “Quelque chose ne tourne pas rond…” Songea-t-elle en fronçant les sourcils. Et elle ne croyait pas si bien dire. A peine sa main s’avança en direction de la porte que cette dernière s’ouvrit dans un grincement vif pour laisser apparaître un grand homme brun. Prise de cours, la trésorière ne fut pas capable de réprimer un hoquet de stupeur puis de reculer le plus loin possible. Pas déranger le moins du monde, l’intrus entra, se présenta rapidement et prit place en face d’elle. L'ébahissement passé, son visage se renfrogna, un masque de colère décorant ses traits délicats. Elle ne l’avait pas reconnu de prime abord, elle ne l’avait jamais rencontré à vrai dire. Cependant quelques mots avaient suffi pour que son esprit fasse le lien ; sa colère ne s’en trouva que plus grande.
- Vous. Cracha-t-elle comme une insulte. Sa main droite s’agita et en quelques secondes une langue de sève s’éleva, se scinda en dizaine de petits traits gros comme des clous. Elle ferma le poing et tous durcirent avant d’aller se ficher dans les vêtements de Klarion, l’épinglant au montant du fiacre. De sa senestre elle façonna une boule de sève qui n’attendait qu’un mouvement de sa part pour prendre une forme différente et protéger son utilisatrice. - Qu’est-ce que vous voulez ? Poursuivit-elle sur le même ton, son regard dur comme de l’acier dardant sur l’homme.
Épinglé contre la porte de la diligence, le phytomancien, se détacha de lui-même en forçant un peu, déchirant cape comme chemise pour ne garder sur lui que des vêtements en lambeaux, révélant sa peau blanche juste en dessous. Voyant bien que la trésorière restait sur la défensive, le jeune homme ne s’avança pas à l’intérieur de la cabine. Il se contenta de s’asseoir sur la banquette juste en face d’elle, croisant les jambes tout en continuant de la darder de son regard perçant. L’éco-terroriste ne connaissait pas bien la trésorière royale. Queen Milan avait beau être une personnalité importante au sein de la noblesse aryonienne ainsi qu’une membre du gouvernement, Klarion ne s’intéressait pas assez à la presse à scandale pour rester au courant de tous les ragots la concernant. De même, l’aristocrate faisait fréquemment des transits entre le Grand Port et la Capitale, si bien que le criminel ne s’était jamais vraiment attardé sur ses agissements.
- Comme je vous l’ai déjà dit, mon entrevue avec la Reine n’a pas été spécialement… fructueuse, pour vous le dire en termes qui vous sont familiers.
Il était vrai que la reine Allys ne fut que très peu réceptive au discours du souverain floral, restant tétanisée sur sa chaise, prétextant que l’inauguration d’une serre sur l’Archipel était une contribution suffisante pour sa cause. Klarion pensait le contraire. La Couronne et le gouvernement d’Aryon avait largement assez de pouvoir pour transfigurer le royaume entier. Ils avaient l’argent, la connaissance des archives, des légions de scientifiques et d’ingénieurs à l’Académie des Sciences, le monopole des denrées, absolument tout pour changer la face du pays à leur guise. Mais ils se complaisaient dans une certaine forme d’apathie, selon Klarion, qui ne faisait qu’augmenter d’année en année.
- Je ne sais pas si vous vous êtes entretenu avec sa Majesté depuis cet… incident fâcheux qui m’a valu toute la haine de la Garde, mais il m’a semblé judicieux que ma version des faits soit entendue, continuait le criminel.
Klarion faisait évidemment référence à l’article écrit par la journaliste d’investigations Pariza Samnang dans le Chantelune Voyageur, papier qui avait défrayé toutes les chroniques et complètement chamboulé le paysage médiatique. L’éco-terroriste, dans son interview avec la journaliste fouineuse, y avait été interrogé sur ses motivations et avait pu expliquer en détails pourquoi il agissait contre la loi et les forces de l’ordre. Son témoignage avait pu toucher une certaine partie de la population, et plusieurs citoyens commençaient déjà à questionner le bien fondé de l'acharnement de la Garde à son encontre. Klarion voulait que sa parole soit entendu, et diffusée le plus possible. Mais peut-être que l’héritière Milan n’avait pas lu cet article… ?
- J’ai rendu une petite visite au Village Perché, il y a peu, vous avez dû en entendre parler n’est-ce pas ? J’ai détruit un des télescopes de la Tour d’Astronomie. Et plutôt que de rentrer tout de suite à la Capitale, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de faire escale au Grand Port pour, en plus de voir un peu de pays, joindre l’utile à l’agréable en venant à votre rencontre.
Esquissant un sourire carnassier, Klarion ne quittait pas la trésorière des yeux. Elle n’avait toujours pas baissé sa garde, ce qui était compréhensible. Mais, au moins, elle ne lui avait toujours pas renvoyé des aiguillons de sève pour le moment. Il posa sa main sur la banquette, le coussin en dessous caressait sa paume, bien doux et moelleux, tout le confort nécessaire pour une grande dame. Le criminel nota la présence d’un petit cabinet sculpté dans la cloison, à leur gauche. Le compartiment était fermé, mais la forme suggérait qu’il servait à contenir quelques bouteilles de spiritueux et des verres de dégustation, tout pour passer un voyage dans le luxe. Le fiacre devait sans doute avoir d’autres compartiments dissimulés, sans doute un pour y ranger des livres ou babioles. Il s’en retourna vers Queen :
- Vous n’êtes pas Ministre de l’Économie mais ça ne veut pas dire que vous ne disposez pas de leviers d’influences. En tant que Trésorière royale, vous avez constamment le nez dans les comptes des institutions qui font tourner les engrenages de notre royaume. Vous êtes au courant de toutes les transactions, tous les échanges, des créances et des débits, des devis, et même des dettes. Et peut-être que vous commencez à voir où je veux en venir ?
Klarion creusa légèrement ses pommettes, adoptant un sourire moins agressif, plus énigmatique, en demi-lune sur son visage de porcelaine. Ses cheveux de jais, en bataille sur sa tête, lui retombaient parfois devant les yeux au moindre mouvement de tête.
- Ce que je veux, c’est vous, juste vous. Je sais à quel point la noblesse peut être versatile quand il s’agit de jeux de pouvoirs. Je peux vous donner le moyen d’évincer un adversaire politique qui vous gêne. Regardez…
Klarion passa doucement une main dans une poche intérieure de sa cape pour en ressortir un petit flacon dans lequel baignait un liquide noir aux reflets rouges.
- Une concoction de mon cru, savant mélange de rubia, pestilant et belladone. La personne qui l’ingère est anesthésié puis plongé dans le coma, puis rongé de l’intérieur à cause des extraits de rubia, la belladone entravant peu à peu son système respiratoire. L’autopsie ne révèlera rien de bien concluant vu le désordre que les toxines feront à l’intérieur, je vous épargne les détails.
Le jeune homme gardait le flacon en main.
- En échange du poison, vous me confiez plusieurs malversations et échanges frauduleux que les instances dirigeantes souhaitent passer sous silence. Je vous garantie une victoire sur l’échiquier politique, et vous et moi pourrons reprendre notre petit bonhomme de chemin. Personne ne vous embêtera, qui pourrait vous blâmer de m’avoir révélé de telles informations sous le coup de la peur et des menaces de l’ennemi public numéro un, hm ? Et si ce n’est pas assez crédible, vous pourrez toujours prétexté que j’ai utilisé mon rouge à lèvres hallucinogène pour vous forcer à coopérer.
Klarion fixait Queen, attendant une réaction de sa part.
- Alors, intéressée ?
Baissant les yeux sur le flacon remplit de liquide noir elle se tut un moment après qu’il eut finit de parler. La proposition aurait pu être tentante, n’importe qui avec une ambition aussi gigantesque que celle de Queen aurait réfléchi, hésité. Supprimer Haru lui aurait certainement facilité la vie, même si ça ne lui garantissait aucunement d’obtenir son poste par la suite. “Tu es la mieux placée pour l’obtenir” lui souffla son esprit. Et c’était vrai. Trésorière depuis plus de cinq ans, assistante de la ministre depuis bientôt deux, elle était assurément la personne la plus qualifiée pour gravir les échelons. Toutefois elle ne le pouvait pas et la mort d’Haru n’y changerait rien. Il y avait ensuite la reine. Une fois supprimée, les héritiers se succéderaient les uns après les autres. D’abord Grimvor, qui abdiquerait sans doute. Puis Aeron qui, s’il ne devenait pas un suzerain dur et tyrannique, pourrait devenir un bon roi. Dans l’éventualité où il viendrait à décéder -si tant est que quelqu’un réussisse à trouver la faille que son intelligence aurait laissé-, il y aurait encore Atheas pour prendre sa suite. Et ce ne serait pas un simple flacon qui pourrait y changer quoi que ce soit.
- Non. Commença la blonde. - Non je ne vois pas où vous voulez en venir. Je sais à peine qui vous êtes à vrai dire. La reine ne s’est pas tellement épanchée sur vos échanges, tout du moins ils m’importaient peu. Vous vous battez pour… Les plantes ? Ou quelque chose comme ça si je ne m'abuse… Un rire jaune lui échappa, plus las qu’amusé. - Allez donc séjourner dans la grande forêt, je gage que vous trouverez là-bas des compagnons de route fort sympathiques. Avec un peu de chance vos nerfs ne seront plus mis à rudes épreuves lorsque vous verrez quelqu’un couper la tête d’un pissenlit. Peut-être même que vous trouverez une nouvelle philosophie qui consiste à ne pas tuer ses pairs afin d’essayer d’en sauver d’autres. Elle se pinça l’arête du nez. - Dire que je suis obligée de dire ça. Sainte Lucy pourquoi rien n’est jamais simple ?
Elle laissa son dos retomber contre le dossier du fiacre sans cesser de manipuler sa sève pour autant.
- Pensez-vous réellement que je puisse être un atout dans votre manche, Klarion ? Croyez-vous que le droit des plantes m’importe un tant soit peu ? Même dans les bas fonds de la capitale vous devez bien connaître la réputation de ma famille. Les Milan n’ont d’intérêt que les leurs et finir à la frontière pour une place que je ne peux occuper, ce n’est pas dans mes intérêts. Ses yeux se détournèrent pour la première fois de ceux de son ravisseur et la trésorière regarda en direction du rideau qui cachait la fenêtre à sa vue. S’obligeant à garder contenance, elle inspira longuement avant de demander. - Je peux faire autre chose pour vous ?
Si Queen ne le laissa pas paraître, elle ne pouvait nier que l’angoisse lui sciait l’estomac.
Klarion conservait son air impassible alors que la trésorière blonde déversait son flot de pics méprisants, exprimant tout son dégoût pour le phytomancien et la cause qu’il défendait. L’éco-terroriste ne s’attendait pas à ce qu’elle obtempère facilement ni à ce qu’elle soit en parfait accord avec ce qui le motivait. Il s’était douté que Queen Milan ne serait que peu réceptive à la cause florale. Néanmoins, au lieu de lui formuler un refus clair et limpide quant à la transaction qu’il venait de lui proposer, la jeune femme n’avait fait qu’insulter son combat et affirmer son dédain envers les plantes. Sans doute qu’une noble comme elle trouvait plus son compte dans les vins d'épices, les draps de soie et les étalons suaves. Elle dénotait énormément de la reine. Cette dernière possédait une aura majestueuse et, Klarion ne pouvait le nier, dégageait une certaine élégance indiscutable, même dans la détresse. Il trouvait la demoiselle face à lui, bien que très belle, bien irrévérencieuse, bien que ne tirant pas encore sur la vulgarité.
- La vérité c’est que vous avez envie d’avoir ce flacon, reprit-il sans changer son ton, toujours aussi velouté et impérieux. Vous ne comptez tout de même pas rester simple trésorière toute votre vie, non ? Comme vous l’avez bien exprimé, seul votre bénéfice personnel compte. Une place de conseillère est bien plus reluisante et prestigieuse qu’une banale fonctionnaire de bureau, contrainte à vivre dans l’ombre d’un ministre. Votre intérêt réside dans ce flacon, pas dans votre fausse fierté et loyauté à peine déguisée.
Klarion soupira, remarquant un léger brouhaha provenant de l’extérieur. Des éclats de voix,, tantôt concernées, tantôt scandalisées. Le souverain floral devinait que plusieurs personnes dehors s’attardaient sur le grand bosquet de ronces qui était apparu au milieu de la route, quelques mètres plus loin devant sur les pavés. Une diligence garée en plein milieu de la rue devant un massif buisson de racines épineuses devait causer, dans une ville aussi effervescente que le Grand Port, un sacré remue-ménage, tant sur le trafic que sur l’humeur de la population. Il ne fallait pas qu’il s’attarde trop sur ce carrefour, la Garde pouvait débarquer à tout instant, si elle n’était pas déjà en route, alertée par des citoyens inquiets.
- Je sais parfaitement que votre famille n’a d’yeux que pour leur propre intérêt. Votre nom revient suffisamment souvent quand un scandale de la noblesse fait du bruit. Je ne cherche pas à vous convaincre de me rejoindre, je savais que c’était peine perdue avant même d’entrer dans votre calèche. Je veux juste les informations demandées, rien de plus, vos avis sur les plantes vous pouvez vous les fourrer où je pense.
Le bruit à l’extérieur se faisait de plus en plus fort. Des insultes fusaient, sans doute de personnes bloquées à l’arrière du fiacre et désireux de passer. Ces quolibets sonnaient pour Klarion le glas, il devait vite se bouger avant que les autorités ne débarquent. Il jeta un coup d’œil rapide à Queen et reprit, avant même qu’elle n’ait eu le temps de répondre à sa dernière injonction :
- Vous savez, j’ai envie de rester beau joueur, je vous laisse quelques minutes de réflexion. N’hésitez pas à nous servir à boire. Hm, ma chemise tombe en lambeaux…
Le jeune homme attrapa un bout de tissu avant de le jeter nonchalamment sur le sol de la cabine, révélant un morceau de poitrine nue. Klarion fit ensuite un petit mouvement de poignet. Au dehors, des ronces fouettèrent les chevaux à l’avant de la diligence qui se mirent à hennir bruyamment et, quelques secondes, les canassons entamèrent un trot rapide, prenant la rue d’à côté vers laquelle ils pouvaient circuler.
- Ne m’en voulez pas, c’est la première fois que je visite votre cité, j’ai bien envie de faire un peu de tourisme. Votre intérieur manque cruellement de plantes… Que diriez vous d’un rameau de lurgubus hurlant ? Ou peut-être des miapulis ?
Il continuait de sourire, jetant un autre bout de lin aux pieds de la trésorière.
- Alors ? Votre dernier mot ?
- Emue par l’honneur et le devoir… Commença-t-elle, songeuse. - Si vous étiez un tant soit peu renseigné vous sauriez que l’honneur ne me sied guère, le devoir quant à lui j’en ai toujours fait mon affaire. Les ascensions dans l’univers politique ne s’effectuent pas à l’aide de fainéantise, ni d’enlèvement d’ailleurs. Je me fiche éperdument de l’avis du peuple, de leurs déboires et de la haine qu’ils peuvent bien me porter. Croyez-vous un seul instant que je suis sotte au point d’espérer leur amour alors même que je les exècre ? Ne me faites pas cet affront. Je me ris de vous et vos… Bassesses. Aryon est ce qu’il est, aussi lamentable puisse être son gouvernement, il est un royaume où chacun peut tirer son épingle du jeu. Or vous avez choisi l’illogisme et la bêtise, là où j’ai fait le choix du labeur. Peut-être, me direz vous, ai-je commencé avec l’avantage d’un nom noble, une maisonnée qui évolue depuis des dizaines de générations dans la noblesse. Et je ne peux vous le retirer, mais je ne m’en excuserais pas. Apprenez donc à utiliser vos méninges plutôt que votre magie, peut-être arriverez-vous à vous rendre utile.
Comme pour le défier une fois de plus, elle détourna les yeux pour les poser sur la cache à bouteille qu’elle finit par ouvrir. Elle sortit un unique verre qu’elle remplit à l’attention de son ravisseur.
- Quand on naît Milan, on naît seul. Croyez-moi, ça vous apprend à ne pas craindre la solitude. Pas même celle de notre cadavre. Elle lui tendit le verre avant de s'asseoir confortablement, lorgnant les morceaux de lin sur le plancher. - Dites moi, Klarion, si je ne suis qu’une petite secrétaire de bureau… Qu’êtes vous, vous ? En dehors d’un petit bonhomme, de basse naissance qui, en dehors de pleurer à chaude larme sur le cadavre de ses amis les plantes, n’a rien fait d'autre que d’attenter à la vie d’autres humains ? Vous auriez porté le nom des Milan à merveille. Elle marqua un temps d’arrêt avant de sourire. - Et croyez-moi, ça n’a rien d’un compliment. Que vous me croyez où non, et je ne vois même pas pourquoi je me justifie mais il est indéniable qu’il semble nécessaire d’instruire les imbéciles -notez donc cette preuve d’altruisme s’il vous plait, ça n’arrive pas toutes les lunes. La place de trésorière royale, souligna-t-elle fermement, m’ouvre un champ d’action d’une largesse incroyable. Sinon… Pourquoi seriez vous venu chercher l’humble secrétaire que je suis ? Elle éclata d’un rire sonore. - Les conseillers ne sont-ils pas suffisamment nombreux pour enlever l’un d’eux ? Où sont-ils tous si droit et honorable que ma cousine ? Peut-être vous aurez-t-elle satisfait, elle, après tout elle est aussi de mon sang.
Ragaillardie par la colère et la moquerie, baignant dans un élément qui lui allait à merveille, elle se pencha légèrement vers l’avant en direction de Klarion.
- Vous savez Klarion, il y a quelque chose que j'abhorre bien plus que la gueusaille et le gouvernement en place. Savez-vous de quoi il s’agit ? Son visage se sabra d’un sourire tandis que ses yeux se firent aussi glacial qu'un étang gelé. - Nienor. Souffla-t-elle alors que ses orbes bleus s’embrasaient d’une colère froide à la simple évocation de son nom. - Ma mère. Nul n’est sans savoir que ses méthodes étaient… Expéditives. Nul n’a pu le prouver non plus. Plutôt pactiser avec la plèbe que d’emprunter le même chemin. Vous arrivez un an trop tard. A l’époque, peut-être aurais-je accédé à votre requête. Aujourd’hui la seule chose que vous obtiendrez sera une occasion de quitter cette voiture sans que je ne vous transperce la poitrine. Je suis encline aux exception dans votre genre.
Queen n’avait jamais été une personne vertueuse et elle ne tendait pas à le devenir. Néanmoins elle avait vu ce que sa mère était devenu, la façon dont elle avait affaibli leur maisonnée. Tous les Milan possédaient des tares, élevés dans l’âpreté de leurs rapports, dans l’affrontement quasi constant et dans les ténèbres qui avaient toujours entourés les mystères familiaux. La jeune femme n’entendait pas changer ça, elle n’en était pas capable, conditionné avant tout par ce qu’elle avait toujours été et ce qu’elle connaissait mieux que n’importe quoi. Cependant, elle se savait capable de ne pas suivre la voie que lui avait tracée sa mère, pas de cette façon en tout cas. Elle réservait sa damnation à un autre homme et il ne s’agissait ni d’un membre du gouvernement, ni celui qui se trouvait en face d’elle. Ce dernier, tout au plus, lui lancerait-elle un jet de sève au visage avant de s’enfuir. Et si il la tué avant, Lucy le garde de louper son coup et de son frère car si les Milan naissaient seuls, certains d’entre eux réussissaient étrangement à éprouver de l’affection. Comme Fauve.
- Allez-vous en. Ordonna-t-elle. - Et ne vous attendez pas à recevoir autre chose que des insultes de la part d’une victime de vos manigances vaseuses.
Klarion soupira, trifouillant le flacon de poison. La trésorière royale paraissait parfaitement hermétique à tout ce qu’il lui proposait malgré sa flagrante soif de puissance. Elle se targuait de lui être supérieure par le sang et le statut. Peut-être faisait-elle semblant de ne pas voir qu’il évoluait hors du spectre social conventionnel ? Après tout, Queen Milan était une femme lettrée, elle était intelligente, et devait se douter que, l’éco-terroriste ne considérait pas la société et sa ligne de conduite comme des mœurs ou normes à suivre. Son refus obstiné résidait dans un égocentrisme qui, selon Klarion, n’avait pas lieu d’être. Pour lui, la belle blonde était fermée à toute transaction juste parce qu’il était criminel, et non car il était sans rang social de prestige. Il n’en avait cependant pas encore terminé avec Queen, qu’elle l’insulte ou non :
- Vous avez grandi avec un dragon pour mère, j’ai grandi avec moi-même. J’étais un enfant des rues, forcé de voler à l’étalage, dormir dehors, la vermine que tout le monde néglige. J’ai dû me forger une place au milieu de la pègre pour ne pas finir mort de froid ni de faim. J’ai suivi des gangs, des parrains, des familles de mafieux. La corruption, le couperet de la mort, je les voyais tous les jours. J’ai vu des « méthodes » qui auraient sans doute fait pâlir votre terrible mère si elle avait eu l’occasion de poser les yeux dessus. Même moi, je dois l’admettre, j’ai pu ne pas être tendre, à jeter des sacs de chair en pâture à mes chères et belles plantes…
Klarion disait vrai, il avait vu des mafieux commettre des horreurs qui hanteraient les cauchemars du tout venant pour des années entières. Les cadavres repêchés dans la Luisante ne s’étaient pas faits tout seuls, surtout ceux qui n’étaient pas en un seul morceau, encore moins ceux qui se trouvaient encore bien cachés tout au fond… Le jeune homme l’avait vu, il l’avait vécu, aujourd’hui ces atrocités ne lui faisaient plus rien. Cela n’avait que servi à alimenter plus encore sa haine des humains.
- Mais si vous voulez, on peut suivre votre logique. Je ne suis qu’un bouseux sans méninges qui réussi à devenir ennemi public numéro un. J’ai enlevé la reine, assassiné et attenté à nobles comme dignitaire, détruit l’empire d’un grand parrain de la Capitale et pris d’assaut le Village Perché. Si j’en suis vos raisonnements, cela signifierait que la Couronne et la Garde ne sont qu’un ramassis d’idiots. Ce qui signifient deux choses, la première : c’est que par conséquent, en votre infinie supériorité sur ce peuple si bas et stupide, vous êtes seule. Et, la seconde, que personne ne volera à votre secours…
La calèche filait dans la rue, on pouvait distinguer des cris en dehors de gens affolés, des bruits de stands sur lesquels on roulait, des hennissements de chevaux de plus en plus forts. Il devenait clair que la diligence, sans cocher, n’allait pas se stopper toute seule. Klarion rangea le flacon de poison dans une poche avant d’esquisser un nouveau sourire alors qu’il plongeait à nouveau son regard dans le sien.
- Mais, puisque vous ne voulez pas vous montrer coopérative, je suppose que je n’ai plus grand chose à vous dire. Voilà la suite du plan, je saute, j’arrive à retomber sur mes pattes sur le pavé, et quant à vous… je vous laisse là, vous vous écrasez contre un bâtiment et dans l’idéal, vous mourrez. Et, si jamais vous êtes toujours debout… on verra. Bye-bye !
Sur ces entrefaites, Klarion se leva d’un bond et envoya un énorme coup de pied dans la porte de la calèche. Sans regarder ce qui se trouvait dehors, le criminel sauta pour se retrouver dans la rue, une voie poisseuse qui empestait le poisson. Les pavés étaient humides et il tomba sans trébucher, se stabilisant tant bien que mal et posa les mains sur le pavé. Les mains posées au sol, le phytomancien en profita pour faire pousser une nouvelle gerbe de ronces, au cas où. Se relevant, il attrapa sa gourde fontaine, sous ce qu’il restait de sa cape, et but une bonne rasade d’eau. De sa poche, il sortit son petit tube émaillé de rouge à lèvres hallucinogène avant de s’en appliquer soigneusement sur la bouche. Fut un temps, le jeune homme aurait dû prendre immédiatement un antidote pour ne plus subir les effets du poison. Mais, ce temps était révolu. Aujourd’hui, il ne craignait plus aucune toxine…
Il tourna la tête pour regarder la diligence, avec la trésorière à l’intérieur, continuer sa course un peu plus loin. Le mur d’une taverne menaçait dangereusement de forcer son arrêt, les montures ne s’arrêtaient toujours pas, frappant le trottoir et faisant quelque peu tanguer la cabine. Klarion restait là, curieux de voir comment cette folle course allait se terminer. Autour de lui, marchands et passants avaient comme le souffle coupé, eux aussi les yeux rivés sur le véhicule, témoins d’un horrible spectacle duquel ils n’auraient jamais voulu faire partie…
- Une journée normale est-ce trop demandé ? Gemit-elle en quittant pour la première fois la banquette du fiacre. Elle alla jusqu’à la petite porte et avisa du mur qui se ne se trouvait plus qu’à quelques mètres. Ses yeux s’agrandirent d’effrois et elle retourna à l’intérieur. - Il est clair que servir le bon côté de la justice n’a absolument rien d’avantageux ! Et tout en persiflant elle mobilisa une grande quantité de sève, elle l’étira avec vitesse et agilité, la façonna et en quelques secondes se tint devant elle un homme de sève. Trop grand pour la cabine, il se tenait le dos voûté. Ses yeux vides prirent vie lorsqu’elle activa le tatouage qui courait maintenant le long de ses cuisses et il attendit sagement de recevoir les ordres. - Fais nous sortir de là en vie. Aboya-t-elle. Les chevaux dérapèrent sur les pavés, tentant vainement de bifurqué sur une ruelle sur leur gauche. Si eux réussirent, il en fut tout autre du fiacre qui, emporté par son poids alla tout droit s’écraser contre les briques. C’est le moment que choisit l’homme de sève pour lier ses bras autour d’elle et d’une flexion de jambe les arracher à ce mouroir. Il retomba sur le dos, sciant ses trapèzes sur le bitume sans éprouver une once de douleur. Queen, prisonnière de ses bras ne récolta qu’une brève écorchure au front. Elle resta un moment interdite et sonné par le choc de leur chute. Sa création quant à elle resta en position fœtal, protégeant toujours de son corps sa propriétaire.
- Lâche moi. L’étau de bras se desserra et elle roula malgré elle sur les pavés. - Aide-moi. Le géant obtempéra, il se releva puis en fit de même avec Queen dont il épousseta la tenue sur un dernier ordre de sa part.
Les yeux de la trésorière ne mirent pas longtemps à trouver la silhouette de Klarion dans la foule. Elle le fusilla du regard tout en articulant afin qu’il puisse lire sur ses lèvres. « - Nous nous retrouverons. » L’instant suivant son serviteur boucha la vue, imposant sa carrure dans la dualité de leur regard. - Emmène moi au portail de téléportation. Et il ne se fit pas prier un seul instant.
Queen fut emportée par l’être qu’elle avait créé de toutes pièces grâce à sa magie dans une rue adjacente, laissant le terroriste là au milieu de la rue bondée, face à des passants tant sidérés qu’affolés. Klarion devait le reconnaître, la trésorière avait une certaine ressource et savait user de sa magie. Peu de manipulateurs élémentaires étaient capables de générer et contrôler une invocation de ce calibre avec autant d’aisance. L’aristocrate avait dû bien pratiquer pour arriver à un niveau de maîtrise pareil, mais il était attendu d’une noble comme elle de pouvoir se trouver un serviteur sur commande. La noble disparaissait dans le virage, courant pour rejoindre les portails de téléportation. Lui aussi devait s’y rendre, mais peut-être serait-il plus sage d’attendre quelques heures avant de s’y rendre. La fuite de la trésorière royale allait causer un sérieux remue-ménage et les patrouilles de Garde allaient être sans doute renforcées pour traquer le jeune homme. Il fallait qu’il se fasse discret jusqu’à la nuit tombée, la Milan serait partie depuis longtemps et la milice lâcherait sans doute un peu de lest, il pourrait s’éclipser sans trop de difficultés.
Il se mit à courir à son tour dans une rue, en sens inverse de celui qu’avait pris Queen, pour s’enfoncer vers des quartiers non loin de la Ceinture Marchande. Avec ses vêtements déchirés, il récoltait parfois quelques coups d’œil méprisants, comme s’il était un sans-abri prêt à faire la manche. Il n’en était cependant rien. De temps à autre, il recevait un regard lubrique d’un soulard sortant de taverne et avide chair fraîche. Klarion ne les considérait même pas et continuait sa route, bifurquant à chaque fois dans une ruelle ou une nouvelle allée quand, au loin, il remarquait la présence de gardes, leur armure luisant au soleil. En descendant une brochette d’escaliers, le phytomancien tomba dans un marché couvert au sein duquel raisonnait une clameur presque assourdissante. La symphonie des marchands beuglant sur les passants pour les attirer vers leurs étals. Un traiteur trapu agitait sa louche derrière une énorme bassine de fonte dans laquelle des morceaux de viande inconnue baignaient dans une sauce rouge huileuse. En face de lui, une poissonnière hurlait à s’en briser les poumons tout en écaillant des daurades avec un petit coutelas.
Prenant une rue à côté d’un marchand à épices, Klarion arriva dans une rue résidentielle où peu de monde circulait. La plupart des gens devaient être descendus vers ses courses au marché d’en bas, pratique pour se dégouter de la nourriture fraîche tous les jours. Marchant le long de la rue pavée, Klarion remarqua plusieurs jardinières sous une fenêtre remplies de plantes à feuilles brunes, prêtes à s’effriter, des fleurs mortes depuis plusieurs jours, complètement desséchées et du terrain aussi dur que de la pierre. Le Souverain floral s’arrêta net. Il en oubliait Queen, la Garde, tout ce qu’il était venu faire ici et sentait la colère monter en lui. Il s’approcha des plantes à l’agonie, passa doucement ses doigts sur elles comme s’il prenait la main d’un proche sur son lit de mort.
- Qui a osé vous faire ça, mes amies… Laissa-t-il échapper, scandalisé.
Le jeune homme se releva, ivre de colère, avant de sortir son flacon de parfum entêtant et s’en appliquer sur le poignet. L’éco-terroriste partit tambouriner sur la porte de la maison, espérant qu’on vienne lui répondre. Après de longues secondes à frapper son poing sur le bois, un homme débraillé vint lui ouvrir, ses boucles blondes mal coiffées sur son front. Il avait l’air d’un étudiant, ou d’un barde, à peine sortit du lit suite à une nuit agitée et pleine d’alcool. L’homme n’était pas ravi d’avoir été réveillé de force et allait le lui faire savoir :
- Mais tu veux quoi, connard ?!
Klarion ne répondit pas, il ne fit qu’un pas vers le type pour lui coller son poignet sous le nez et lui faire inspirer son parfum. Il tituba en arrière, subjugué par le produit et regardait le criminel d’un air hagard alors que Klarion entrait chez lui en refermant brutalement la porte.
- Ouvrez la bouche.
Il s’exécuta, sous l’emprise du parfum, et Klarion ouvrit le flacon de poison qu’il voulait échanger avec Queen et le versa dans le gosier du vantard avant de le pousser sur un fauteuil derrière lui. Posant ses mains sur les accoudoirs, le terroriste fit pousser du sumac grimpant qui glissait le long de ses bras et son buste comme des vipères. Le sumac arrivait au niveau de son cou et entraient à l’intérieur de sa chemise pour caresser la peau de son torse. Le pauvre allait vivre une mort bien lente et douloureuse pour ce qu’il avait infligé à ces plantes.
- Vous auriez dû les arroser.
Klarion le délaissa pour commencer à fouiller chez lui, subtiliser les objets de valeur et changer de vêtements. Le jeune homme en profita aussi pour grignoter un morceau, trouvant les restes d’un poulet froid dans un four de cuisine.
La journée n’avait pas été aussi fructueuse qu’il ne l’avait espéré, mais il savait que la trésorière avait été suffisamment terrorisée pour que son court enlèvement ait son impact. Il fallait qu’il rentre à la Capitale et réfléchisse à son prochain coup. Le prince Aeron n’avait toujours pas cherché à le contacter suite à son message déposé à l’orphelinat de l’Arche de l’Espoir. Mais il ne faisait nulle doute que la main levée sur Queen Milan allait donner un bon coup dans leur fourmilière. La Couronne finirait par sortir de son terrier, et le moment venu, Klarion serait là pour frapper, toutes plantes dehors…