Coup de foudre au sel marin

- Aïe ! Kir arrête ça de suite !

Une décharge supplémentaire et le Teisheba repartit en trombe comme il adorait faire. Je pouvais presque entendre le ricanement mué qui exalté de sa farce favorite.

Nous étions au Grand port, j'avais déjà eu l'occasion de traverser la ville portuaire mais pas de m'y arrêter hors quête.
Aujourd'hui je devais retrouver Calixte, je suis certain qu'il me fera visiter l'endroit.
Comme de coutume à cette saison, le froid glaçait mon souffle. Et malgré toutes les couches que je portais je pouvais sentir les décharges que s'amusait à me donner mon nouveau familier. Quel ingrat celui là ! Je l'ai sauvé et voilà comment il me remerciait !
J'avais bien compris qu'il préférait la présence de Luz, entre électrochoc ils se comprenaient mieux.
Mais voilà, c'est moi qui l'ai adopté, la fauve ayant déjà sa petite troupe à gérer. Ou peut être avait elle pressentie le caractère acariâtre de l'animal...

L'agitation des lieux réchauffait l'atmosphère, il y avait du beau monde paraît de mille couleurs. Il y en avait de tous les horizons, les origines se mélangeaient dans un pèle-mêle sans fin, les marchands élan à qui veut l'entendre la qualité de leurs produits. Eux même venus de tous les coins d'Aryon.
Je m'attendais sur une "corne de Licorne" vendue pour ses effets porte bonheur et cupidonique.
Je pouvais affirmer sans m'y méprendre qu'il s'agissait en réalité d'une corne de narval. Non seulement menteur le commerçant n'était autre qu'un vil trafiquant tueur d'animaux. Ce n'était malheureusement pas illégal, pas encore pour cet animal. Voyant l'intérêt de certains clients je me permis d'intervenir :

- Vous croyez qu'un animal tué pour son unique défense portera bonheur ? Je crois plutôt l'inverse. Massacré une bête innocente ne peut que porter malheur à ceux qui le permettent ... Les acheteurs faisant partie du lot.

Et une vente loupée, j'eus droit à des yeux me lançant des éclairs et j'eus l'impression d'être touché lorsque je sentis une décharge remontée le long de mon mollet.

- Kir !

Il fallait vraiment  que Calixte m'aide. Il avait lui même un familier de la même espèce. Peut être que voir un autre Teisheba calmerait le mien ?

Et je ne venais pas les mains vides. Cela faisait un petit moment que je n'avais pas revu Calixte, depuis mon hospitalisation à vrai dire. Et je n'avais jamais eu l'occasion de répondre à sa demande. Avais-je pris la bonne décision ?

Je marchais un long moment dans les rues pavées du port, admirant les mascarons marins qui m'observaient depuis les façades des bâtisses.

- C'est là !

Calixte m'avait donné rendez-vous dans une petite étable pour le déjeuner. Je le cherchais du regard avant de vite le repérer, en train de converser avec une trousse noire à l'humeur toujours excentrique.

- Puis-je m'installer ? demandé-je rétoriquement.

[[J'étais heureux de revoir le blond, et à la fois presque intimidé. Je n'en laissais rien paraître et lui tendit le paquet rectangulaire.

- C'est pour toi, j'espère que tu aimes toujours ça.

C'était un ukiyo, je savais Calixte mordu de cet art depuis une certaine escapade au Village perché où il m'avait avoué ses sentiments. Un présent pour lui rappeler notre passé, notre lien, et le plaisir que j'ai de le retrouver. ]]

code ─ croquelune

Coup de foudre au sel marin

─ avec Cal

Apolline m’accueillit comme elle savait si bien le faire, des affabulations malaisantes qui me faisaient toujours sourire. Sauf lorsque celles-ci impliquaient Luz. Bien qu’innocente – si l’on compte que perversion est innocence – la remarque de la trousse rouvrit une blessure que je peinais à guérir. Mon dernier échange avec la flamme, bien qu’il remonta à quelques temps maintenant, ne s’était pas terminé dans la meilleure des fins heureuses. Le drame sentimental de mon cœur restait caché sous les traits lisses d’un masque imperturbable qui se concentra sur le jeune homme aux côtés de mon ami. Je n’étais pas mécontent que ce dernier envoya l’âme valser bien que son rire ne nous permit pas de l’oublier.

Je vis Kir prêt à suivre son congénère à la poursuite d’Apolline, à la fois curieux et intrigué par la présence d’un autre teisheba dans cette taverne. Les présences humaines eurent cependant raison de son entrain et l’animal frôlait le sol de gauche à droite et de droite à gauche de la table tout en suivant du regard la course effrénée entre les deux compagnons de Calixte.
Je tendis la main pour saluer le jeune homme blond à la peau mordorée, contrastant avec la pâleur de notre ami commun. Je vis dans le regard de l’inconnu un moment d’hésitation avant qu’il ne pose sa frêle dextre dans la paume de la mienne, ne comprenant pas totalement l’enjeu de ce geste. Et pour cause, Calixte me présenta Ayren, le drabuste qu’il avait récupéré sur l’île perdue où nous avions échoué, séjournant dans un temple avant de repartir par un autre navire.

- Oh oui je me souviens. Mais dis-moi, combien as-tu de colliers ? Kaname semble apprécier de le porter autant que K’awill. Que deviennent les K’aKa ? Je suis ravi de te revoir Ayren. finis-je poliment bien que dérouté par l’apparence humaine du drabuste.

J’essayais de m’imaginer mes familiers dans un corps humain. Simple curiosité de ma part, je savais pertinament qu’ils ne seraient pas à l’aise. Asti aimait bien trop sa liberté, courir dans la forêt à toute vitesse. Loupiac lui était bien trop peureux – bien que courageux je tiens à le souligner – pour apprécier une telle apparence. Comment pourrait-il s’échapper s’il restait cloué au sol sans ses ailes pour l’éloigner du moindre danger ? Quant à Tarapaca … Il resterait toujours aussi paresseux, aucun intérêt à le faire marcher sur deux jambes. Non, mes familiers ne s’adapteraient pas à la vie humaine aussi facilement qu’Ayren. Il était bluffant de voir l’animal parler et agir, à s’y méprendre.

Je profitais que le serveur soit là pour commander de quoi grignoter en plus d’un thé chaud.

- On partage? proposé-je aux deux compagnons.

- Je vais bien, répondis-je simplement à Calixte. Et toi ? demandé-je en faisant signe du menton son ventre plat sous sa forme originelle.

L’espion voulait connaître ma rencontre avec le teisheba qui s’agitait sous nos pieds.

- Tu connais mon amour pour les animaux? commencé-je. Et bien j’étais parti à la clinique vétérinaire amener trois chatons en piteuse état retrouvé sur le palier de ma porte. Il faudra que tu viennes les voir, je les ai gardé. Et Lucy a décidé qu’il fallait aidé un autre animal encore, ce teisheba pris dans une tempête qui s’est soudainement abattue sur le Village Perché. Je dois t’avouer que la déesse n’a pas été des plus tendre sur ce coup là car c’est par Luz que la demande d’aide est arrivée... Je pris le temps de souffler sur ma boisson avant d’en boire quelques gorgées, le souvenir de la teigneuse louve défilant sous mes rétines.

- Elle me manque autant qu’elle me fait souffrir … annoncé-je sans préavis. Je ne sais pas si je souhaite l’oublier ou la reconquérir. C’est … pénible. Je sentais l’air me manquer à cet aveu.

Le timing du serveur fut de bon ton pour me sortir des confidences sentimentales qui débordaient de moi non sans consentement. Tout garder pour moi ne m’avait pas vraiment réussi jusque là. Et depuis mon retour à la réalité quelque chose avait changé en moi, mes affections prenaient le pas sur la raison. Au-delà du lien parental qui nous unissait Calixte et moi, il y avait toujours eu ce petit quelque chose en plus entre nous que je laissais à présent s’exprimer.
Un petit plateau fut déposer au centre de notre table avec des tapas marines à se partager. Ayren semblait soudainement plus intéressé par les odeurs du met que par les jacassements de la trousse.

- Pour reprendre avec Kir, il était blessé, esseulé sur une roche au beau milieu d’une cascade en furie. Je m’appliquais à raconter l’histoire comme l’aventure d’un conte pour prendre exemple sur la trépidante Carciphona. Et pour donner vie à celle-ci je sortis des bouts de papiers que je m’amusais à plier rapidement entre mes doigts experts avant de leur insuffler la magie de mon papyrus Vitae. Les origamis se murent sous les mots de mon récit, accaparant l’attention du jeune drabuste et de quelques curieux avoisinants.

- Nous n’avions que peu de temps avant que le teisheba ne fusse emporté par les flots enragés, à bout de force de s’agripper à cette seule lueur de survie. Non sans mal nous échafaudâmes un plan, pour récupérer l’animal. Luz me soutenait de ses plaques métriques devenues glissantes par la pluie incessante tandis que je m’accrochais à la corde tendue entre les deux rives pour ne pas finir emporté à mon tour. Je progressais doucement, mon pied peu sûr ripant manquant de me faire perdre l’équilibre plus d’une fois.

Je continuais ainsi ma narration, animée par les origamis qui puisaient bientôt dans mon énergie pour vivre. Je ne me rendis pas tout de suite compte de l’attention captivante dont j’étais le fruit, et lorsque les pliages s’immobilisèrent, la vie repris autour de nous.

- Nous l’avons amené ensuite à la clinique où le Docteur K a fait des miracles. Après convalescence il était temps de relâcher l’animal, mais je crois qu’il n’avait plus envie de rester seul dans cette forêt. Reconnaissance ou peur d’être à nouveau si proche de la mort ? Je ne sais pourquoi mais il est resté avec nous, à me donner des coups de jus qui m’ont poussé à l’adopter. Je crois que j’aime subir en fait.

- … et le brun ténébreux avoua son amour pour la soumission. Électrise-moi, électrise-moi vite ! Supplia-t-il ... la Scribouilleuse d’Apolline notait les dires de sa propriétaires tandis que Kir – qui s’était retenu jusque là – ne put s’empêcher de foncer sur la trousse revenue à notre table.

- Tu peux y aller l’asticot lumineux, je ne crains pas l’électrocution moi.

Qu’est-ce qu’elle n’avait pas dit, mon teisheba enroula le cuir d’Apolline dans son corps et se donna à son pouvoir. Une légère fumée accompagnée d’une odeur de cochon grillé s’échappa de la trousse en détresse.

- Kir stop !

Le teisheba s’échappa aussitôt lâchant l’âme qui rebondit sur le bois, noircie par les méfaits de mon familier.

- Apolline ça va?

- Ici c’est pas une ménagerie ! Les contes c’étaient sympa mais les bêtes non dressées n’ont rien à faire là! nous chassa le propriétaire des lieux.

Dehors je m’excusais auprès de Calixte pour tout cela et lui demandait son aide.

- Voilà pourquoi j’ai demandé à te voir, je ne sais pas comment canaliser Kir, comment as-tu fait avec Vrénéli?

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Coup de foudre au sel marin

─ avec Cal

J’étais admiratif du comportement d’Ayren dans son corps humain. J’aurais été le premier à me méprendre sur sa réelle nature tant le drabuste avait réussi à s’adapte à ce corps et à notre langage. Nos coutumes lui échappaient encore, et je souris amusé lorsque je compris – face aux explications de Calixte pour son familier – pourquoi celui-ci posa sa main sur les nôtres.

Oui, Calixte ferait un excellent père, il n’y avait aucun doute sur le sujet. Il était tendre, attentionné, patient. Bien sûr je l’avais déjà vu sous un tout autre visage que je savais loin de l’éducation de n... ses enfants. Peut-être même se ferait-il tourner en bourrique si les deux petits monstres savaient si prendre. Seul l’avenir savait. Mais Calixte était assez malicieux pour obtenir ce qu’il souhaitait, je ne doutais pas qu’il saurait se faire écouter des jumeaux. Et mon rôle dans tout ça ? Ma décision était prise oui, mais l’occasion ne se prêtait pas à la lui avouer.

Nous fîmes plusieurs haltes pour accéder aux requêtes culinaires d’Ayren. Il avait grand appétit pour un corps frêle comme le sien ! Il est vrai que la gastronomie humaine devait bien lui changer de se que lui offrait la nature dans toute sa simplicité.

- Lui qui semble aimer les goûts savoureux, tu devrais lui faire déguster à l’occasion quelques mets concoctés par Faolan. Tu sais, le cuisinier de l’Astre. Rappelle-toi ses délicieux gâteaux. proposai-je doucement à mon ami sans que l’intéressé ne m’entende. Il aurait été fâcheux que le drabuste harcèle son maître pour rechercher Faolan et ses œuvres culinaires. Je ne connaissais pas assez bien le caractère de l’animal pour mettre Calixte dans l’embarras. Pour le moment le jeune homme halé se délectait de ce qu’il tenait entre les mains.

Une éducation d’électrocutions et de pots cassés … une once de désespoir traversa mon regard. Déjà qu’Asti m’en avait fait voir de toutes les couleurs, j’osais à peine imaginer ce que ça allait donner avec le teisheba. J’écoutais sagement mon ami tandis qu’il me racontait la rencontre entre son teisheba et celui de sa compagne.

- Penses-tu que de rester avec ses congénères aiderait Kir à se canaliser?

Vu comment les deux teishebas semblaient s’échauffer l’un et l’autre, je doutais que ce fusse une bonne décision. Et comme pour m’en assurer, Kir vint me piquer la cuisse d’une pichenette électrique avant d’enrouler son corps immatériel entre mes jambes. Il remonta jusque mon cou pour se placer devant mon visage et fila ensuite à vive allure rejoindre son compagnon orageux. Comment interpréter ce comportement ? Bien que démuni d’une quelconque magie, je comprenais en partie l’agissement de l’animal. Depuis que Luz avait transféré mon énergie dans le corps alors presque sans vie du teisheba pour le sauver, un lien particulier nous relié lui et moi. J’aurais préféré qu’il manifeste son affection comme Loupiac et la douceur de son plumage. Quoi qu’il en coûtait, ils me rendaient tous leur gratitude à leur manière et je ne regrettais en rien l’adoption de chacun d’eux, au contraire.

Calixte me demanda soudainement ce que je comptais faire de mon avenir.

- Je me convertirai bien en éducateur de familier mais je ferai un bien piètre guide dans ce domaine. taquinais-je. Je compte reprendre les quêtes, ne t’inquiète pas, elles ne sont pas toutes dangereuses et mon état actuel me permet d’effectuer quelques petites missions. Je te remercie Cal, je n'hésiterai plus à te demander ton aide au besoin. Répondis-je en posant ma main libre de nourriture sur son épaule.

Il le fallait bien, ma bourse ne se remplissait pas toute seule malheureusement. Dommage qu’elle ne soit pas dotée de la même magie que la gourde fontaine pour les cristaux. Tôt ou tard il me faudrait me remettre sur les routes de quêtes plus dangereuses au nom de la sécurité d’Aryon. J’étais un aventurier aguerri à force de missions, il était de mon devoir de mettre mon expérience à profit. Mais pour le moment l’heure était à l’éducation de Kir.

- Donc si j’ai bien compris il faut trouver un défouloir pour que les teishebas se sentent plus apaisés et enclin à nous écouter?

Encore un stand où Ayren s’arrêta, la gourmandise débordant de son regard.

- Tu vas être malade à force mon grand.

Et je parlais en connaissance de cause, cela me rappelait mes débuts d’éducation avec Asti que je gavais de gâteaux sucrés pour me faire obéir.

Une voix mécontente s’éleva du stand voisin, les orages vivants venaient de mettre le bazar sur les étales du vendeur pestant contre les nébuleuses qui poursuivaient Apolline.

- Rho Kir ... m’exaspérai-je.

Je ramassais le parchemin au sol pour le remettre à son propriétaire qui accusait nos familiers d’avoir endommagé son bien.

- Elle est déchirée maintenant, regardez ! Du gâchis ! Qui va me la prendre maintenant hein ?! Vous allez certainement me dédommager oui Monsieur!

Il déroula une vieille carte d’Aryon dont les traces accusatrices de maltraitance devaient daté bien avant l’intervention de nos invertébrés. Mais allez le prouver, et vu la verve du marchand je n’aurais pas gain de cause. Le voilà menaçant d’appeler la garde qui patrouillait non loin. L’agitation des nébuleuses ne seraient pas en notre faveur, et ma dernière expérience d’incarcération fortuite m’incita à marchander le papier obsolète.

- C’est bon combien vous la vendez ?

Je failli m’étrangler devant le prix exorbitant du parchemin. Finalement j’optais pour la garde !

- Et beau gosse! me susurra Apolline à l’oreille alors qu’elle venait de se percher sur mon épaule, J’crois bien que c’est une carte au trésor, crois-moi, prends là!

- C’est pas le moment Apolline… dégageai-je la trousse.

Elle rejoignit son propriétaire pour lui murmurer des paroles hirs de ma portée tandis que je m’agaçais contre le marchand, tous des escrocs ! Calixte intervint pour négocier le bout de papier, je le regardais interloqué. Il finit par avoir gain de cause et me remit la carte entre les mains.

- Ne me demande pas pourquoi, Apolline a insisté. Elle est obscène mais sagace. Je lui fais confiance.

Il est vrai que la trousse était une nounou d’enfer, particulière mais toujours bienveillante. Quant à la carte, allez savoir ce qu’elle recelait. Je la dépliais pour mieux l’observer mais rien ne me sauta aux yeux. L’enroulant je la rangeais dans mon sac.

- Direction les vieux docks je crois que les exercices que tu vas nous montrer feront le plus grand bien à tout le monde. Je tournais ma tête vers la trousse de cuir. Apolline tu m’expliqueras pour la carte?

Elle se contenta de ricaner en rebondissant sur les pavés, les teishebas à sa suite et Ayren, les mains chargées de gourmandises en tout genre, rouspétant pour que les voies lactées laissent l’âme artificielle en paix. Un beau ménage !

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Coup de foudre au sel marin

─ avec Cal

Ayren était précieux, un trait de caractère que je ne connaissais pas aux drabustes. Il était vrai que certaines espèces de dragon étaient raffinées, bien que plus éloignés de ses cousins le drabuste ne dérogeait visiblement pas à la règle. Je restais tout de même troublé par la capacité de l’animal à vivre et surtout à ce comporter comme un humain. Ses expressions mimaient les nôtres sans fausse note, à croire qu’Ayren était un hybride habitué à ses deux corps.

J’écoutais attentivement Calixte lorsqu’il m’expliqua les exercices à prévoir avec Kir. Ce dernier vrombissait d’excitation, écho du même enthousiasme qu’exprimait Vreneli. Des jeux simples et faciles à mettre en place, je visualisais très bien les parcours que je pourrais organiser pour la petite marmaille dans la forêt du Village Perché, un véritable terrain d’entraînement grandeur nature. Il me sera facile de mettre en place les conseils de l’ancien espion. Alors que ce dernier partit au top départ à la suite de son familier, une voix étrangère m’inquiéta dans mon dos. Je me retournais pour repérer de qui venait cet accent que je n’avais guère rencontré jusqu’alors.

- Ye souis el meillor guide del païs, je f’rais un bon entraîneur dé teishba pardi!
- Je n’en doute pas el conquisador, tu saurais faire rentrer le loup à la bergerie aussi? demanda Apolline de sa lascive voix.
-  Oh ye vois qué la demoiselle perd pas l’nord répondis son interlocuteur en roulant les « r ».

Je me frottais les yeux, mon cerveau me jouait-il des tours ? Avais-je une hallucination où …
Je n’eus pas le temps d’approfondir ma réflexion qu’un cri de surprise suivi d’une chute me fit me retourner en alerte. Je vis Calixte les quatre fers en l’air, les deux teishebas lui tournant autour comme deux électrons autour de leur noyau. Je pouvais presque voir le ricanement silencieux de kir en m’approchant de l’espion tandis qu’une petite plaque de givre était formée sous ses fesses. Je compris assez rapidement comment l’incident était arrivé. Perturbé, je n’avais sûrement pas dû voir mon familier se précipiter à la suite de nos compagnons, et un peu trop zélé Kir avait utilisé son grissoufle sous les semelles du garde qui devait être loin de s’imaginer ce qui l’attendait.
Je tendis la main vers Calixte pour l’aider à se relever et j’époussetais la boue givrée qui lui collait sur le pantalon.

-  Je suis désolé je ne l’ai pas vu partir ...

Chose rare quand on connaît mon sens de l’observation. Voyant que le blond n’avait rien de cassé mon regard se reporta non loin d’Ayren qui avait rejoint Apolline et tenait la carte achetée plus tôt entre les mains.

-  Viens Calixte je crois que nous avons un nouveau venu dans l’équipe ...

Vreneli bourdonna d’impatience et de révolte devant le trouble qui l’empêcher de finir son parcours.

-  Nous reprendrons les exercices après les électrons, calmez-vous. assurai-je de ma voix grave.

Approchant du drabuste humain celui-ci tournait et retournait la carte dans tous les sens.

-  Il est chatouilleux, ce n’est pas très pratique pour observer ses dessins, ni pour écrire dessus. Je n’avais pas assez de place pour lister la nourriture que j’aime. Et je ne comprends pas tout ce qu’il dit non plus. dit placidement le familier bipède.
-  Ye né pas besoin que l’on me tripote, vouillez me lâcher yeune homme.

Ayren s’exécuta aussitôt, lâchant la carte avec dégoût avant de s’épousseter les mains.

-  En plus il est poussiéreux ... il retourna s’asseoir sur l’amas de caisse, reprenant son exercice initial.
-  Y’aimerais bien vous y voir vous, passer des lounes au fond d’oune vieille valise pleine dé cendres et dé miettes dé ye ne sais qué. Ye né peux pas m’épousseter aussi facilement qué vous moi, ye n’ai pas dé bras.
- Je peux t’aider à t’épousseter moi roucoula la trousse de cuir auquel la carte répondit par un rire suave avant d’onduler vers l’âme artificielle ronde.
- Quand tou veux yolie bourse.

Je regardais la visage mi-médusé, mi-amusé de Calixte avant que nous n’éclations d’un rire complice.

- Je crois que nous avons trouvé un ami à Apolline. Comment t’appelles-tu la carte?
- Ye souis Marco!
- Polo! cria Apolline avant de rouler en ricanant.
- Attends bellissima, né t’échappes pas comme ça!
- Bon, reprenons Cal, je ne pense pas qu’il détale bien loin d’Apolline.

La trousse roula suivit d’une carte ondulant pour s’emmêler un peu plus loin sous des rires graveleux.

Je pris exemple sur le jeu manipulateur de mon ami pour inciter mon familier à m’écouter.
- Reste là Kir et observe bien, nous allons leur montrer après qui est le meilleur. dis-je avec un clin d’œil pour le garde.
Vreneli gronda devant l’outrage que je venais de prononcer tandis que Kir vibra d’excitation par la concurrence engagée.

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