"Attok!" Dis-je d'une voix forte. Le page du capitaine entre dans mon bureau sans réellement se faire prier, me regardant avec attention et, peut-être une légère surprise? Je n'ai pas réellement demandé son aide depuis ma prise de position, trop occupé à faire à ma façon en réalité. "J'aimerai m'entretenir avec Solveig... Pourrais-tu aller me chercher le soldat Prêth je te prie?" Un salut et voici que l'homme se met en route... Et maintenant? Que vais-je bien pouvoir faire? Comment aborder le sujet? Dois-je agir comme un supérieur, comme un ami, ou comme les deux? La conversation n'a pas encore commencé et déjà, je dépose mes mains sur mes tempes, tentant de préparer l'imprévisible. Il faut dire que la demoiselle n'est pas le genre de personne avec laquelle il est simple de prévoir les choses, elle est toujours pleine d'entrain, d'énergie, une fougue qui est parfois affreusement épuisante mais qui a le mérite d'enchanter les moments les plus sombres. Cette étincelle, elle l'a perdu d'une certaine manière et il est évident qu'il est impossible de lui confier un rang si elle ne se ressaisit pas... En un sens, j'ai une impression de déjà vu, lorsque Riley est morte, lorsque le précédent lieutenant, la soeur de Sol', a sombré sans parvenir à se relever... Je ne veux pas revivre cette situation, pas avec mon amie! Peut-être qu'au fond, c'est cela mon meilleur point d'approche? Je prends une cigarette, l'allume avec ma pierre de feu, la sensation de soulagement est presqu'immédiate alors que soudain, on frappe à la porte... Je rejette la fumée, soupire un instant et il est temps d'affronter cette rencontre que je redoute tant...
"Entrez!"
- Pour une fois je suis d’accord avec le trouillard.
- Qui tu traites de trouillard ?
- Qui d’autre mon bon Louis ?
- Vous êtes épuisant, Solveig s’enfonça encore plus profondément sous sa couette, cachant même ses oreilles sous celle-ci.
- Soldat Prêth, vous devez vous rendre dans le bureau du lieutenant et sur le champ.
- Et bien tu diras au lieutenant que je n’ai pas envie.
- Soldat Pr-... Le bruit d’une bouteille teinta puis une seconde et ce fut un concerto de verre qui s’entrechoque qui explosa dans la pièce. En réponse Solveig se redressa brusquement en grondant. Ses traits étaient tirés, des cernes auréolaient le contour de ses yeux et lui donnait l’air encore plus maussade. Si elle mangeait un peu moins dernièrement, elle n’avait pas perdu beaucoup de poids mais sa masse musculaire était doucement en train de fondre. Son bras gauche en était un exemple parfait. Autrefois finalement dessiné, il laissait voir une musculature fuselé propre à la technique de combat de la chiraki. Mais depuis qu’une partie lui avait été ôtée, il dépérissait, maigrissait à vue d'œil et Solveig ne faisait absolument rien pour l’en empêcher. Pis encore, depuis son retour du désert elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.
D’abord Solveig avait vécu dans le dénis. D’une manière ou d’une autre son esprit avait réussi à occulter la majorité de ce qui s’était produit sur l’île, du guide à sa “mort”, en passant par les combats aux côtés de ses frères et sœurs d'armes. Rien n’avait persisté. L’absence de sa main avait été la seule preuve des événements qui s’étaient produits. Au début en tout cas. Jours après jours, lunes après lunes, la réalité avait rattrapé la valkyrie. Elle s’était d’abord présentée sous formes de songes incompréhensible mais la laissait les yeux grands ouverts dans la nuit, ensuite elle s'était transformé en abominable mal de tête et enfin les flashs ; semblables à une réalité tordu. Peu à peu elle s’était souvenu et chaque image était plus dure que la précédente, chaque sensation transitait par chacun de ces membres pour lui rappeler qu’à un moment elle avait franchi la barrière d’entre les mondes. Plus encore, elle s’était souvenu du guide.
- Dégage de ma piaule. Je vais aller voir Val moi-même, j’ai pas besoin d’une nounou. A contre cœur elle s’arracha des draps dans son plus simple appareil. Le page pâlis, verdit, rougit et tourna les talons non sans s’embroncher dans le monticule de linge qui trônait fièrement du côté de Sammael.
- Ce n’est pas politiquement correct… Songea Louis à voix haute.
- Je ne suis pas politiquement correcte. Surenchérit-elle en enfilant un pantalon en cuir qui traînait. Une chemise en lin et une épaisse cape sur les épaules et elle quitta sa chambre à contre cœur, abandonnant ses âmes artificielles qui lui scandaient leurs dernières recommandations. Le pas traînant, elle arriva enfin devant la porte du bureau. D’ailleurs il n’était pas nécessaire d’avoir le nez fin pour sentir l’odeur de cigarette qui émanait de l’endroit. Le poing de Solveig se leva et elle toqua fermement.
L’invitation fut aussi rapide que son geste ; elle entra. L’odeur du tabac était encore plus prenante qu’il ne l’était à l’extérieur et pour cause, Valentino venait de s’allumer une cigarette. La jeune femme ne s’en offusqua pas, elle l’avait fréquentée depuis suffisamment longtemps pour s’être habituée.
- Salut. Lança-t-elle avant de s’approcher du bureau. Se plantant devant son supérieur, elle lui piqua la cigarette des doigts et s’en retourna s’asseoir sur l’un des fauteuils, non sans avoir quitté sa cape. - Comment tu vas ? Ça fait un moment. Puis déposant ses lèvres sur la feuille, avala une longue lampée de fumée qu’elle recracha dans un nuage blanc et odorant. - Qu’est-ce qui me vaut une convocation ? Demanda-t-elle en penchant la tête, ses yeux vairons détaillant Valentino de pied en cape alors que ses oreilles, molles, dont le poil avait visiblement du mal à repousser, se tenait seulement à demi levé. - Si c’est pour ça, elle lui montra ce qui avait, par le passé, été sa main gauche. - J’finirais par m’y faire.
J'reste interdit un moment, un léger blocage mental qui s'effectue j'dois l'avouer avant de froncer les sourcils, au fond, c'est peut-être cela le déclic qu'il me fallait pour commencer à gérer cette situation? Allez savoir! Quoi qu'il en soit, j'me lève d'un coup, fait le tour du bureau et vient lui reprendre la cigarette que j'écrase immédiatement afin de l'éteindre en m'exprimant peut-être un peu plus fort que prévu. "Tain mais tu te fous de ma gueule Sol? Fumer dans ces conditions et puis..." J'la regarde de haut en bas, pousse un profond soupire en secouant la tête, sérieusement c'est n'importe quoi! Je sais qu'elle va pas bien en ce moment mais se laisser dépérir ainsi? Ça lui ressemble pas réellement et puis, depuis quand elle est inconsciente au point de fumer alors qu'elle attend un gamin? Putain! Est-ce que l'histoire se répète, comme pour Thépa? Nouveau soupire alors que j'regarde le bras de mon amie, finir par s'y faire? J'ricane un peu, pas grand chose, juste un léger son, peut-être aussi une sorte de provocation.
"Oh vraiment? T'y faire? T'as prévu de t'y faire avant ou après avoir prit une douche? Avant ou après que tu sorte du dépotoir qui te sert actuellement de chambre? Putain Solveig, bien-sûr que non ça va pas! Comment tu veux que ça aille quand je te vois dans cet état bordel de merde?" Dis-je en me grattant l'arrière de la tête. Mouai, niveau discours de motivation on repassera mais en même temps, faut aussi que ça sorte. Pas simple de pas mélanger le professionnel et le personnel quand un subalterne est aussi importante pour soi. J'm'pose mon cul sur le coin du bureau, besoin de m'asseoir mais pas envie de rendre ça trop formel non plus, autant être sincère c'est ainsi qu'elle me connaît après tout. "Cette convocation c'est pour discuter de plusieurs points... Déjà parce qu'on a pas prit le temps de discuter depuis ton retour, j'sais pas trop ce que t'as vécue sur cette putain d'île volante, par contre je sais que depuis ton retour t'es une épave ma belle! J'me suis dis c'est correct, lui faut juste un peu de temps, j'vais pas la faire chier et la laisser tranquille, elle parlera quand elle le sentira... Résultat? Ça!" Dis-je en la désignant de la main. "J'ai pas l'intention de te laisser t'enfoncer encore plus alors on va discuter toi et moi, de ce qui s'est passé mais aussi d'avenir c'est clair?"
- Ouais j’vais m’y faire. grogna-t-elle. - Seulement j’ai des choses autrement complexes à gérer mais ça t’en sais foutrement rien. Elle allongea ses jambes sur le fauteuil où elle était installée et toisa Valentino avec autant d’aigreur que de colère. - Comment tu veux savoir alors qu’t’étais tranquillement ici en train de tirer tes p’tits papiers avec ta famille parfaite hein ? Électrique, elle se redressa brusquement. Si son esprit avait été entaché, son agilité n’avait pas diminué et elle se retrouva rapidement sur ses pieds. - C’pas maintenant que ton petit élément à l’air de battre d’l’aile qu’il faut commencer à t’inquiéter. D’une enjambée, elle réduisit la distance qui les séparait et pointa son ongle pointu sur sa poitrine et planta son regard dans le sien. - Tu sais pas ce que j’ai perdu là-bas et c’est bien pire qu’une main. Puis elle tourna les talons en direction de la porte. - Maintenant si tu veux discuter on le fera dehors, j’étouffe là dedans.
Dehors, l'air brûlant de la saison chaude caressa sa peau. Il aurait dû lui sembler ardent à elle aussi mais après le désert volant il lui fait presque l’effet d’un vent froid. Elle passa la première passerelle sans se soucier, de si oui ou non, son supérieur l’avait suivi. Intérieurement, elle se félicita de le compter parmi ses proches, tout le monde n’aurait pas toléré un tel comportement - a vrai dire elle n’était pas sûre que ce soit le cas. Mais ses émotions étaient un tel capharnaüm, ses souvenirs tout autant. Elle était fatiguée. Tellement fatiguée. Après sa mission, elle avait dormi des jours durant, ne remarquant même pas le membre qui lui manquait. Elle s’était réveillée sereine, bien que perturbée par l’absence de sa main. Puis peu à peu la brume de son esprit s’était levée, emportant avec lui une part d'elle-même.
- Ici on peut discuter. Du moins l’espérait-elle, en prenant place sur l’un des remparts qui lui offrait une vue parfaite sur le reste de la ville. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pris le soleil ? Longtemps. Trop longtemps. Parfois elle se faufilait la nuit sur les hauteurs pour gagner la tranquillité et le silence mais cela ne faisait que remuer le tumulte qui battait dans sa tête.
Elle tourne les talons, prenant la décision pour moi de continuer cette conversation dehors? Encore une fois, ce genre d'action ne devrait pas rester impunies techniquement! Qui quitte le bureau d'un supérieur sans autorisation après avoir été convoqué? Personne en réalité! Excepté Solveig bien-sûr mais si c'est que cela prend pour pouvoir enfin parler, alors soit! Il sera toujours temps de lui faire la remarque plus tard si je juge cela nécessaire. C'est donc en silence que je me lève pour lui emboiter le pas. Dehors, le soleil nous acceuille avec toute sa splendeur, toute sa chaleur... Une chaleur que j'imagine bien ridicule comparé à celle qu'ils devaient supporter sur cette foutue île volante. Sainte Lucy, que je maudis cette foutu expédition et tout ce qu'elle a fait à mes proches! Je viens pourtant m'installer aux côté de Solveig toujours sans un mot... Un instant durant, je reste silencieux, observant l'horizon, lui laissant le temps de se calmer, de faire le vide peut-être? Pourtant, je ne peux pas rester là, bras ballant à accepter de me prendre toutes ses reproches sans un mots sur ce sujet. C'est donc après un soupire que je me décide à m'exprimer sur la question.
"T'as raison... J'étais pas là, je sais pas ce que toi et les autres avez vécu sur cette île." Un aveu, j'peux pas connaître ce que j'ai pas vécu c'est un fait. "Mais tu crois franchement que c'est maintenant que je m'inquiètes? Putain Solveig! Tu me connais pourtant! Rester ici à m'occuper de paperasse? C'était le petit plaisir d'Emeor ça, pas le miens et tu le sais parfaitement!" J'me tourne vers elle en secouant la tête et en fronçant légèrement les sourcils. "Le capitaine était sur l'île pour gérer le bordel, Alathea était une bleue au post de lieutenant et la preuve, elle a pas supporté la pression. J'avais pas le choix que de rester ici, fallait un officier pour gérer le grand port! Mais tu me connais pourtant, tu crois que j'avais envie de rester ici? Tu crois franchement que je préférai m'occuper des plaintes de connards de touristes qui pleuraient que l'île volante leur faisait de l'ombre plutôt que de me battre à vos côtés? Toi, Calixte, ma soeur... Vous étiez tous les trois sur l'île et tu crois que j'étais pas mort d'inquiétude déjà avant que tu reviennes dans cet état? Avant que Lisa ne réapparaisse sur les côtes dans un état lamentable, incapable d'utiliser son pouvoir parce qu'elle hurle que des corbeaux viennent la chercher chaque fois qu'elle le fait?" Dis-je en plongeant de nouveau mon regard dans le sien. "J'en ai rien à foutre que mon petit élément batte de l'aile comme tu le dis, j'pensais clair le fait que j't'avais jamais vu uniquement comme ça! Par contre ouai, ça m'emmerde de voir mon amie être un putain de cadavre! Alors t'as d'autre plaintes à formuler concernant mon implication dans l'affaire ou on peut discuter sincèrement de toi, de ce qui t'es arrivé et de comment j'peux t'aider?"
- Tu peux rien faire. Finit par admettre Solveig. - Tu peux pas me rendre ma main, elle désigna cette dernière en la levant. Le moignon était une coupure parfaitement nette, la plaie semblait cicatrisée depuis plusieurs années alors que l’exploration ne remontait qu’à quelques semaines, tu ne peux pas effacer ma mémoire, tu ne peux pas remonter le temps. La valkyrie savait mieux que n’importe qui que ce combat était de ceux qu’elle devait mener seule. Cependant elle n’en avait pas envie, plus envie. Elle était éreinté par les épreuves qu’elle rencontrait. Elle avait tout perdu, tout reconstruit à la seule force de son caractère et quand tout lui avait enfin paru parfait, il s’était effondré comme un château de cartes. Pleine d’entrain, elle n’avait jamais perdu espoir. Jusqu'à aujourd'hui. Si on lui avait offert l’opportunité de quitter le royaume, de franchir le gouffre du nord, elle l’aurait fait sans regarder en arrière.
Le vent souffla une bourrasque en réponse à ses pensées et elle frissonna. Son regard se perdit sur la cour intérieure du bastion où quelques soldats effectuaient des passes pour s'entraîner.
- J’suis fatiguée Val. Dit-elle en fixant un point connu d’elle seule. Prenant une grande inspiration elle se retourna vers la ville et laissa ses jambes pendre dans la vide avant de poser ses coudes sur ses genoux puis son menton dans la paume de sa main. -Peut-être qu’il est temps… Que j’prenne ma retraite… Le simple fait de prononcer ces mots lui tordit l’estomac mais elle poursuivit. - Avec les petits qui vont arriver en plus, il nous faudra plus d’temps. Ses doigts se glissèrent autour de sa tempe et elle entremêla ses doigts à ses mèches pâles avant de tirer dessus doucement. - L’guide, ma main, c’est peut-être un avertissement. Lorsqu’elle se redressa, une peine infinie brillait dans ses yeux vairons. - Qu’est-ce que j’dois faire, Val ?
Et finalement une question : que doit-elle faire? C'est vraiment à moi qu'elle demande ça? J'en sais pas grand chose malheureusement, j'ai jamais imaginé me retrouver dans cette situation, la voir ainsi, je savais qu'il allait falloir que j'agisse, que je me bouge, que je tente de trouver comment l'aider mais, est-ce que je peux réellement faire quelque chose pour elle? Doucement, j'viens passer mon bras autour de ses épaules pour l'attirer vers moi et je fais mon second aveux de cette journée. "Je ne sais pas Sol'..." Dis-je avant de soupirer doucement. "J'peux pas te dire ce que tu dois faire, j'peux pas prendre une décision pour toi malheureusement... J'peux rester ici, te soutenir, agir en ami aussi longtemps qu'il le faudra mais, j'peux pas te dire quoi faire..." Une faiblesse que je dois supporter, j'suis bien inutile au final, elle a pas totalement tord sur ce point. Et pourtant... "Ce que je peux te dire par contre, c'est que je te connais! Tu es forte Solveig! Bien plus que quiconque que je connaisse, t'as toujours eu un mental d'acier malgré toutes les merdes que t'as pu connaître! La retraite? Tu vas vite te faire chier tu le sais aussi bien que moi non?" Dis-je avant de ricaner doucement, non définitivement j'la vois pas vivre une vie paisible loin du terrain d'entraînement. "Écoutes... Vue la situation, ta grossesse en plus, j'comprends que t'ai besoin de temps. Mais du temps pour te ressourcer! Pas pour te morfondre et te laisser dépérir! Prends ce temps nécessaire si tu veux, viens me voir si t'as besoin de discuter, compte sur moi pour te secouer et quand t'auras pris une décision... Disons que j'ai aussi envie que tu te reprennes parce que j'ai une offre pour toi!" J'tourne le regard vers elle avec un léger sourire en coin. "Le capitaine m'a laissé carte blanche durant son départ, j'ai lu les rapports de mission et, disons que si tu décides de rester dans les rangs, y a de la place pour un nouveau lieutenant Prêth... Donnes pas de réponses tout de suite! Mais, ça pourrait peut-être te motiver à remonter la pente? Je crois en toi Solveig et j'suis pas le seul! Est-ce que toi tu crois en toi?"
Il ne savait pas. Cette réalité lui fit l’effet d’un poids en plus sur les épaules. Personne ne savait jamais et Solveig désespérait elle-même de trouver un jour la réponse à ses questions. L’idée d’abandonner lui paraissait douce et tellement plus facile. Mais quelque chose dans le tréfond de ses entrailles refusait cette fatalité, était rebuté à la simple idée qu’elle put penser cela. La valkyrie aurait continué à se morfondre volontiers, buvant les paroles de son interlocuteur mais deux mots interrompirent le cours de ses pensées. Ses oreilles se redressèrent, de même que sa tête et elle observa le lieutenant avec un air tout à fait interloqué alors qu’il poursuivait inlassablement son monologue. Et plus il continuait, plus ses yeux s’agrandissaient de stupeur. Elle était subitement partagée entre l’envie de danser et celle de sauter dans le vide mais sa seule réaction fut d’exploser d’un rire sonore comme elle ne l’avait pas fait depuis longtemps. Elle rit, si fort et si longtemps qu’elle manqua par deux fois de chuter du parvis, bientôt ses yeux se bordèrent de larmes, son ventre lui fit mal et ses joues devinrent rouge écrevisse.
- M-m-moi ? En… Elle explosa de plus belle, incapable de retenir son hilarité. - Enceinte ? Des larmes perlaient maintenant aux coins de ses yeux alors qu’elle basculait en arrière, ses membres la réceptionnant de justesse avant que son crâne ne rencontre le sol. Le poids qui s’était ajouté un peu plus tôt sur ses épaules s’envola et elle réussit à recouvrer un peu son calme. Du bout du doigt, elle chassa une perle de sel puis massa son ventre. - Je ne suis pas enceinte. Elle pouffa tout en prononçant ces mots et dû faire preuve de beaucoup de sang froid pour ne pas hurler de rire une fois de plus. - C’est Calixte. Elle ne savait pas si, dans cette affaire, c’était ça le plus hilarant. Ne laissant pas à Valentino le temps de rétorquer -de toute façon il lui faudrait sans doute une paire de seconde pour intégrer cette information - elle poursuivi : - On sait tout les deux qu’y a qu’un lieutenant Prêth qui faisait l’taff. Elle leva le nez pour regarder le brun bien en face. - Tu veux vraiment foutre le bastion à feu et à sang en me nommant lieutenant ? Elle eut un vague sourire et se détourna. Elle ? Lieutenante ? Elle n’en avait jamais eu l'étoffe ; trop impulsive, suicidaire même pour certains. Valentino prenait de gros risque en lui proposant un tel poste et puis il y avait sa main. - Je ne sais pas si c’est bien judicieux. Ni si Yuduar serait vraiment… Laisse-moi un peu de temps. Finit-elle par trancher avant même que son cerveau ne s'aperçoive du choix qu’elle avait déjà fait. - Je trouverais un moyen. Un moyen de remplacer sa main, un moyen d’échapper à la morosité quotidienne que lui offrait son état.
Sauf que j'ai pas le temps de tenter de comprendre que la belle hybride rebondie immédiatement sur le reste de mes paroles et notamment ma proposition : foutre le bastion à feu et à sang? J'peux pas m'empêcher de rire doucement alors qu'elle m'affirme cela, J'pense sincèrement qu'elle se rend juste pas totalement compte de son potentiel, pas encore du moins! Mais en fixant ses yeux, je sais que l'idée germe doucement dans son esprit! Ouai, la retraite... Mon cul ouai! Elle est comme moi, on n'est pas fait pour rester inactif, on est des soldats de terrains et en ce sens, je sais qu'elle prendra la bonne décision. Pour l'heure, j'hausse simplement les épaules en la regardant.
"Mouai! Comme je t'ai dis, pas besoin de prendre ta décision immédiatement! Pour ce qui est du capitaine, j'pense pas réellement qu'il serait contre! Lui aussi sait que t'es un très bon élément et je te rappel que c'est lui qui m'a nommé à ce post donc, les prises de risques
ça le connait! Par ailleurs, j'te rappel que c'est toi qui m'a calmé quand j'ai failli envoyer chier le prince héritier donc bon, tu pourras jamais faire pire que ça!" Dis-je en éclatant de rire, faut avouer que si Solveig avait pas été avec moi lors de notre passage dans les archives du palais, j'aurais probablement terminé en cour martiale donc bon. "Ta soeur était un lieutenant remarquable! Nul doute que j'lui arrive pas encore à la cheville... Mais te dénigres pas! J'suis persuadé que tu seras un excellent lieutenant!" Et ouai, j'parle au futur, comme si la décision était déjà prise malgré que j'lui dise de prendre son temps.
"Mais bon... Plus important... Comment ça Calixte est enceinte? C'est quoi ce bordel? Les chirakis c'est comme les hippocampes ou un truc du genre?"
- Ou peut-être que tu seras la première tête que Yuduar plantera sur une pique à son retour. Elle n’en pensait pas un traître mot, son ami ne serait pas capable de telles abominations avec l’un de ses subordonnés. Toutefois elle n’était pas certaine que le capitaine n’aurait pas une furieuse envie de se taper la tête contre un mur. Son sourire se fit plus grand quand elle songea qu’elle rendrait cette nouvelle plus douce en l’invitant à faire un tour à la taverne. D’aussi loin qu’elle se souvenait Yuduar n’était pas friand de paperasse et son petit doigt lui soufflait qu’il avait plus que soupé ces derniers mois.
- Je suis peut-être douée pour te calmer lorsque tu as envie d’étriper les têtes couronnées mais si ça avait été un fenrir, je t’aurais devancé et plutôt deux fois qu’une. Et par là Solveig sous-entendait que si elle savait se montrer a peu près raisonnable avec les humains, il en était tout autre lorsqu’il s’agissait d’un affrontement, mieux que personne elle savait comment une escouade mal manœuvrée pouvait être mené à sa perte et elle n’était pas sûre de vouloir la mort de ses camarades attifée à son nom. Mais une bribe de fierté l'étreignait pourtant. Elle, en qui personne n’avait jamais eu confiance, voilà qu’enfin quelqu’un lui donnait sa chance. Peut-être, après tout, qu’elle pourrait s’y faire… Alors qu’elle s’apprêtait à plonger dans son propre esprit à grand renfort d’idéaux inatteignables, elle fut stoppé par la question de Valentino. Relevant la tête, elle le sonda un moment avant de répondre.
- J’ai l’air d’un hippocampe ? J’sais pas comment je dois le prendre. Le fin liseré carmin qu’étaient ses lèvres s’étira de plus belle avant qu’un voile de tristesse ne passe furtivement dans ses iris vairons. - Je ne suis ni le père ni la mère. Pas de façon charnelle en tout cas. Il arrive que Calixte prenne d’autres formes, féminine notamment et qu’il ait des… aventures… Elle pouffa tout en s’attendant à la réaction de Valentino. - La grossesse ne se poursuit que lorsqu’il adopte son corps de femme. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il nous faut de la patience, mais il arrive au but. Puis elle sourit nonchalamment à son ami, comme si elle lui racontait sa dernière balade en forêt.
Bien-sûr, le raisonnement concernant son intervention auprès du prince est là dans le but de le lui signaler, et bien-évidemment elle a tôt fait de me contredire... Cette manie de vouloir me donner tord alors que j'ai parfaitement raison pour une raison évidente : je suis moi! Mais non, la belle est plus le genre de personne à ne pas lâcher sa façon de voir les choses. Selon moi, c'est également une qualité, la détermination c'est important pour être un bon leader. Je soupire doucement en secouant légèrement la tête mais je ne m'y trompe pas : l'idée va faire son chemin, je n'ai rien de plus à faire que d'attendre qu'elle prenne sa décision et quoi qu'elle choisisse, je serai présent! Si elle veut rester simple soldat, enfin une Valkyrie tout de même bien-sûr, alors ce sera très bien, si elle accepte ma proposition et que l'on doit en parler au capitaine - sachant parfaitement qu'il acceptera également - alors ce sera absolument parfait! Dans tous les cas, je suis déjà rassuré sur un autre point : je sais qu'elle ne pense pas sincèrement à prendre sa retraite! Une inquiétude peu présente certes mais que je peux maintenant définitivement effacer.
"De mon point de vue, un Fenrir reste moins dangereux que le prince héritier, surtout s'il parle au vieux commandant!"
Dis-je en riant doucement, sachant qu'elle ne répètera pas ce genre de propos. Sauf que voilà : rire c'est bien, mais certains sujets sont bien plus importants que d'autres! La grossesse de Calixte en est un tout particulier. J'ignore comment cela est possible en réalité, l'idée même d'un tel événement m'échappe et naturellement, je me pose des questions qui doivent sans aucun doute sembler ridicule. J'aurais pourtant profité que cela soit exact plutôt que d'entendre la réponse de mon amie... Que Calixte puisse changer de sexe, c'est étonnant mais ce n'est pas la chose la plus étrange que j'ai vu en réalité dans ce royaume. Non, ce qui me perturbe plus, ce qui me fait froncer les sourcils, ce qui me donne réellement envie de hurler présentement, c'est cette tristesse qui se faufile dans le regard de Solveig alors qu'elle m'explique naturellement, comme si cela était parfaitement normal, qu'il avait des aventures avec d'autres personnes... Durant un moment, je me dis que je vais aller coller mon poing dans la gueule du coursier, rapidement je réalise qu'il est enceinte et que ce n'est donc sans doute pas une bonne idée... Finalement, je me contente de soupirer, las, en regardant plus sérieusement que jamais la belle hybride.
"Et... Cela te convient? Cette situation te satisfait?"
Solveig n’avait jamais réellement pris le temps de réfléchir à cela. Lorsque Calixte avait partagé avec elle le lourd secret -les secrets- qu’il portait, elle ne s’était pas demandée. Elle l’aimait et c’est tout ce qu’elle avait su à l’instant où elle avait décidé de l’aider à mettre ses enfants au monde et à les élever. Dès lors ils étaient devenu une part intégrante d’elle-même. Aussi précieux que si elle les avait portés. Pour ce qui était des aventures passées du coursier, elle n’aurait su les lui reprocher. Elle-même avait connu l’amour avant de connaître le sien, elle avait également eu des aventures avec des amants, des amis pour le plaisir ou pour combler un vide qui s’installait un peu trop profondément. Par chance elle n’avait jamais engendré aucun enfant - et Lucy l’en garde d’ailleurs.
- Je pense que oui. A l’époque Calixte et moi n’étions qu’amis. Et c’était la vérité. Lorsque la conception de ces enfants était survenu, la nature de leur relation était somme toute platonique. Aujourd’hui, ils formaient un couple parfaitement unis d’une exclusivité quelques peu bancale mais qui se déliait dans le plus strict respect de l’autre et toujours dans le partage. “Si tu plonges, je plonge". Avait un jour dit Calixte et ils n’avaient jamais dérogé à cette règle, il ne suffisait que de l’acceptation de l’un pour que l’autre suive. Il en allait de même dans leur relation et dans ces “autres” qu’ils invitaient parfois à partager leur couche.
- Aujourd’hui je suis heureuse, c’est ce qui compte. Décréta-t-elle avec un fin sourire. Oui, elle ne comptait pas s’attarder sur un passé révolu même si elle savait qu’elle regretterait toujours de ne pouvoir occuper la place qu’avait Naëry. Qu’à cela ne tienne, elle comptait bien garder la sienne et s’en créer une plus importante encore. Se redressant de toute sa -petite- hauteur, elle s’étira longuement avant de coller un poing dans les côtes de Valentino. - Pour ce qui est de la place que tu me proposes et de ça… Elle leva son moignon en direction de Valentino. - J’ai besoin de temps. Je ne sais pas combien. Mais laisse en moi. Je finirais par y arriver. Puis elle lui offrir un sourire compatissant avant de poursuivre. - Et toi alors, quoi d’neuf ?
"Effectivement, si tu es heureuse, c'est le principal!" Dis-je simplement avec un léger sourire. Au moins, elle semble retrouver un peu de poil de la bête, en comparaison de son état lorsqu'elle est entrée dans mon bureau, elle semble plus "vivante", j'en veux pour preuve sa manière de venir me "frapper" les côtes. Faut croire que ce petit bol d'air et cette discussion lui ont fait du bien? Je prends chaque petite victoire comme elle vient et pour moi, cela en est une! Je me contente d'hocher la tête quand elle me réitère sa demande de temps, j'ai pas vraiment l'intention de lui mettre la pression même si, avec un sourire en coin, moqueur ou provocateur allez savoir, j'hausse les épaules. "T'as tout ton temps... Du moment que tu ne joues plus les larves dans ton lit bien-sûr! Dans le cas contraire, je t'assure que prochaine fois c'est pas un page que j'envois mais moi qui vient retourner ton lit avec toi dedans de mes propres mains!" Une menace que je m'assurerai de mettre en action bien-entendu, ce serait pas la première fois que je balance une de mes subordonnées en bas de son lit, avec le lit... Une certaine flemmarde en a déjà fais les frais après tout. Et moi alors... Léger soupire alors que j'lève les yeux au ciel.
"Moi... Disons qu'être dans les bottes du capitaine n'a rien de bien simple en ce moment? Le désert volant a marqué à peu prêt tout le monde, j'ai encore des plaintes de touristes qui râlent du fait que ça faisait de l'ombre sur les côtes que je laisse trainer depuis des lunes... J'ai aussi la commission qui m'a envoyé une inspectrice surprise dès qu'ils ont apprit que je remplaçais Yudu, ils ont pas perdu de temps pour tenter de me prendre à défaut je te le dis! Et puis, il y a la petite... J'aimerai bien passé du temps avec, plus de temps du moins, mais le devoir n'attend pas... Il semblerait que jongler entre la vie de père de famille et de seul officier du bastion pour l'instant n'est pas aussi simple que je ne l'aurais cru..."
- La vie de garde et de parents n’est pas simple. Répondit-elle simplement. Car officier ou pas, ils étaient quasiment tous logés à la même enseigne. - Mais vous finirez par trouver vos marques, paroles de maman. Elle lui sourit doucement avant d’enfoncer ses mains dans ses poches. - Par contre je ne peux rien te promettre me concernant. Mon état est fluctuant. Solveig n’aimait pas l’admettre mais Valentino comptait sur elle, il ne méritait pas qu’elle lui mente. - Parfois je me sens mieux, comme maintenant. A d’autres… Moins. Et je ne changerais pas ça du jour au lendemain. Mais ça finira par aller, ça finit toujours par aller. Et ces mots, elle y croyait dur comme fer. Les années avaient pu le lui démontrer, on se remettait de tout, pourvu que le temps passe. Les chagrins, les culpabilités s’amoindrissaient. Ils ne s'effaçaient jamais vraiment, vous prenez au dépourvu a des moments inopportun mais l’ont pouvait apprendre à vivre avec. C’est ce que la garde entendait faire. Elle apprendrait, comme elle avait appris à vivre sans Fauve, sans son fils, sans ses camarades tombés au combat et sans sa main. La douleur lancinante que ses souvenirs faisait naître lorsqu’elle pensait au guide, finirait elle aussi par se tarir et devenir plus respirable, comme maintenant. Mais d’abord, elle l’étoufferait jusqu’à lui en faire perdre pied. Solveig en était consciente.
- Ahah la commission… C’pas nouveau qu’ils ont le Grand Port dans le viseur. Yuduar a toujours su les tenir à distance, ils ont dû penser qu’en son absence, ils pourraient faire comme bon leur semble. Sacrés vautours. Elle ne put s’empêcher de rire. - Au moins tu t’en es bien tiré. Supposa-t-elle. Sinon ils ne seraient pas là pour en discuter. Tranquillement, elle se dirigea vers les marches qui redescendaient dans le cœur du bastion. - Tu viens ?
Heureusement, et c'est étrange de dire ça, la discussion revient rapidement sur elle. Ouai, je m'attends pas réellement à ce qu'elle reprenne du poil de la bête immédiatement, pas après ses mésaventures mais qu'importe? Je sais que ça ira! Je souris, doucement, alors qu'elle me le confirme d'une certaine manière et je secoue doucement la tête. "Je sais... C'est bien parce que c'est toi que je suis confiant!" Dis-je comme une évidence. Pas besoin de faire semblant, pas besoin de se lancer dans des longs discours comme quoi tout finit par s'arranger, pas avec elle! Ce genre de connerie, j'y crois pas de toute manière, la plupart du temps, ça s'arrange que si on y met du sien, les miracles ça n'arrive jamais si on se bouge pas le fion pour les provoquer! C'est pour ça que je suis confiant! J'connais personne qui soit aussi battante que Solveig, c'est une guerrière, une amazone qui prend les problèmes et les affrontes à bras le corps! Ouai, parfois il y a un coup de mou, bien-sûr parfois on pourrait croire qu'elle va baisser les bras mais c'est jamais le cas! J'ai toute confiance en elle et j'ai pas forcément besoin de le répéter pour qu'elle le sache.
La commission, j'peux pas m'empêcher de rire en entendant ses paroles, nous sommes tous un peu pareil dans le Sud, j'me rappelle encore de Yuduar qui me demandait si la commission se fatiguait en restant le cul visé sur un fauteuil, je me souviens parfaitement de ma manière de répondre ce que j'pensais à l'inspectrice... Ouai, on est un peu les mauvais élèves de la garde selon certains, les cas marginaux qu'il faut tenir à l'oeil mais qu'importe? J'me met sur les talons de la demoiselle en secouant la tête. "On verra? Tu sais ce que c'est hein? Ils font leur inspection mais t'as aucune information temps qu'ils ont pas publié un rapport en cinquante pages et dix exemplaire pour dire qu'il y avait de la poussière sur un bureau et que c'est inacceptable..." Dis-je en haussant les épaules. "C'est pas comme si j'avais l'espoir qu'ils m'apprécient un jour de toute manière! Mais bon, temps qu'on leur donne pas des raisons de nous faire chier un peu plus, j'suppose que c'est une victoire." On redescend ensemble vers le bastion, faut avouer que c'est assez calme en ce moment, cette putain d'île volante a paralysé en partie toutes les activités en ville, à croire que même les criminels avaient peur des conséquences de ce caillou au-dessus de nos têtes. "Tu comptes faire quoi maintenant? Vu que la conversation barbante concernant ton état larvaire est terminée, j'suppose que ce serait bien que tu ranges un peu ton foutoir!" Léger moment de latence avant que je ne ricane doucement. "Sinon vu que c'est calme, qu'on a pas prit le temps de discuter depuis un long moment, que je dois m'assurer de faire le suivie de mes Hommes et que t'es pas enceinte... J'ai une bonne bouteille dans mon bureau..."
- Yuduar serait fier de toi. Railla-t-elle car comme tout le monde ici le savait, plus que Valentino, l’administration abhorrait le capitaine. Si ils avaient espéré tirer quoi que ce soir de son absence, Valentino leur avait barré le chemin d’une main de maître. A tel point que c’en était presque risible. Au moins autant que leur aversion pour la garde du sud. - Mais ils n’auront sûrement rien à redire, si ce n’est que Sammael brise trop souvent les lames. Au moins ça permet de renouveler le matériel régulièrement. Elle gloussa tout en poursuivant son ascension.
- Ce n’est pas un foutoir mais un bordel organisé ! Et Solveig s’y sentait bien. Certes Calixte avait l’air dépité à chaque fois qu’il venait lui rendre visite mais pour l’instant elle s’y sentait bien. - Je rangerais quand j’en aurais envie. Elle sourit simplement avant de glisser son bras sous celui de Valentino. - Je savais que tu aurais quelque chose de plus intéressant à proposer que du rangement. Aller montre moi donc cette bouteille ! Et sans l’ombre d’une pensée pour la quantité astronomique de cadavre de bouteille qui pourrissaient dans un coin de sa chambre, elle les entraina clopin clopant en direction du bureau du capitaine remplaçant. Cette journée allait peut-être s’annoncer plus amusante que prévue.