Alors que Nevaeh voyait son collègue en double, celui-ci voyait deux copies d’elle-même. Quoi qu’intéressant, cela ne l’aidait pas. Était-ce une ruse ? Qui était la sirène ? La personne ayant pris la parole ou la personne qui ne faisait qu’observer en silence ? Si seulement ses yeux pouvaient voir au travers des illusions, ils ne seraient pas dans cette situation. Peut-être en revenant à la capitale elle effectuerait quelques recherches sur ces améliorations de pouvoir. Enfin, si elle s’en souvenait une fois rendue chez elle. D’une voix rauque, elle répondit à celui ayant parlé avec un sourire en coin.

« C’est drôle, j’allais dire la même chose. »

Cependant, la sirène n’allait pas rester silencieuse durant cet échange et répliqua.

« C’est des mots assez audacieux pour une illusion. »

Il n’y avait pas que l’apparence qui était bien faite, mais la voix aussi ressemblait à celle de Sileas. S’il voyait une copie de l’archère, il devait aussi entendre sa voix. Il faut dire qu’il avait été un compagnon agréable durant les derniers jours et elle aimait bien faire des missions avec lui. Il serait plus que regrettable de tirer sur la mauvaise personne. De plus, cela causerait indéniablement un choc pour elle. Ayant presque perdu son meilleur ami à cause de l’une de ses propres flèches, il serait inconcevable pour elle de tirer sur son camarade avec l’intention de le tuer. Elle ne maniait pas ses armes pour blesser des collègues.

« Nous tirer dessus ? Qu’est-ce qui nous dit que ce n’est pas toi la sirène ? »

L’air était tendu alors qu’elle n’arrivait pas à trouver une faille dans l’illusion. Voyant que le poing du Sileas à sa gauche se resserrait autour de son arme, elle devait trouver une solution avant qu’un combat compliqué ne commence. Elle trouva enfin une idée et sourit en trouvant un plan. La sirène avait peut-être leur apparence et leur voix, mais elle n’avait pas leur souvenir.

« Il serait triste de viser la mauvaise personne et tuer sa majesté. »

Son rire fut entrecoupé par quelques toussotements et elle observa la réaction des deux personnes près d’elle. Il serait impossible pour la sirène de comprendre cette référence à ce surnom donné lorsqu’ils étaient encore à la capitale. Elle chercha dans l’œil azuré de son collègue une étincelle de recognition. Elle observa quelques secondes la personne à sa gauche, mais ce double n’eut aucune réaction à ce surnom. Sur sa droite, elle n’était pas certaine si elle arrivait à déceler quoi que ce soit. Elle osait espérer que c’était ce qu’elle cherchait. Elle encocha une flèche et tira rapidement sur la personne à sa gauche. Par précaution, juste au cas où elle avait mal interprété le regard de Sileas, elle tira dans la jambe protéger par l’armure. Si c’était une illusion, alors la flèche percerait la chair, sinon l’armure arrêtera le coup. Dès que la flèche quitta ses doigts, elle en encocha une seconde, prête à tirer une seconde fois au besoin.

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Bon. Apparemment, elle n’avait pas visé la bonne personne. À sa défense, elle avait sous les yeux deux Sileas et il n’avait pas réagi au surnom. Comment pouvait-elle savoir qu’il était son vrai collègue ? C’était d’ailleurs une bonne chose qu’elle décide de ne pas viser la tête… Avant de pouvoir se poser plus de question, la sirène sauta sur l’opportunité que lui avait donner Nevaeh pour attaquer l’aventurier. De son point de vue, c’était étrange de voir, ce qui semblait être des jumeaux, se battre à mort. Ne voulant pas interférer et blesser accidentellement son collègue, elle resta immobile, mais prête à l’aider en cas de besoin. Lorsque le corps de la sirène tomba au sol, elle s’approcha de son camarade et grimaça en voyant les organes éparpiller au sol.

« Si toi, tu me voyais en double, moi, je te voyais en double aussi. Enfin, j’ai pas l’intention de te tirer dessus à nouveau. »

Fouillant dans son sac, elle trouva sa trousse de premier soin et sortie des bandages. À la quantité de sang qu’elle avait sur elle, il était tentant d’aller se nettoyer dans l’eau, mais elle n’avait pas envie de s’approcher de l’océan. Elle n’avait pas non plus envie de se mettre de l’eau salée sur ses plaies, celles-ci faisaient déjà assez mal. Après désinfecter et nettoyer ce qu’elle pouvait, elle entoura ses blessures d’un bandage. À quelques fois, elle tourna la tête vers la congrégation pour s’assurer que le rituel se passe bien. Elle sortit sa gourde et prit une gorgée. Elle le regretta légèrement en sentant une sensation désagréable dans sa gorge au passage de l’eau. Ce n’était pas très douloureux, mais désagréable.

Après une dizaine de minutes, le silence revint dans la clairière indiquant que le rituel était enfin terminé. Une fois de retour au port, la mission serait terminée. D’un pas un peu plus lent que son habitude, la jeune femme s’approcha de la clairière tandis que les prêtres rangeaient leur matériel. Voyant Nevaeh, Talieth s’approcha des aventuriers.

« La menace a été éradiquée ? »

Évidemment qu’elle était plus inquiète de la menace que de leur état. Devant cette question, la jeune femme roula des yeux.

« Oui. Nous pouvons maintenant se rendre jusqu’au bateau sans danger. »

Avec un hochement de tête satisfait, la prêtresse retourna vers son groupe. Une fois que tout le monde fut prêt à reprendre la route, il était temps de retourner à leur embarcation pour revenir aux côtes. C’était une bonne chose que les sirènes n’avaient pas pensé à attaquer le pauvre capitaine sans défense oublié sur le navire. En embarquant sur son bateau, son visage changea de couleur en voyant l’état des aventuriers. Au moins, il y en avait un qui avait l’air de s’inquiéter de leur santé. Une fois que tout le monde fut sur le navire, le chemin du retour pouvait commencer. Alors que les heures passèrent, le ciel commençait à changer de couleur. Elle observa le soleil se noyer dans l’océan en essayant d’ignorer les priants discutant entre eux. Un peu avant que le bateau n’atteigne le port, elle se dirigea vers Talieth pour lui poser une dernière question.

« Est-ce que vous avez besoin que l’on vous escorte pour le retour vers la capitale ? »

« Nous avons d’autres rituels et obligation qui nous force à rester aux côtes pour plusieurs jours. Nous ne vous forcerons pas à rester avec nous. La ville est assez sécuritaire pour ne pas avoir besoin de protection. »

C’était la meilleure nouvelle qu’elle avait pu entendre ces derniers jours. Avec un sourire, elle retourna à sa place observant le soleil laisser sa place à la lune. Dès que ce bateau allait arriver au quai, elle savait ce qu’elle voulait faire. Célébrer la fin de cette foutue mission dans une taverne.

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