Ce dernier était habitué à devoir traquer des créatures, même si ces dernières n'avaient parfois rien demandées. Mais cette fois, il avait vraiment un arrière gout désagréable en bouche, et pas uniquement à cause du sang qu'il n'a encore su retirer proprement de sa peau et de sa chevelure. Se retrouvant ainsi avec la forgeronne aux portes de la Capitale, il lâche un long soupir, à la fois soulagé alors que ce poids quitte ses épaules, mais aussi las. Détaillant longuement sa collègue qui ne semble être en meilleur état, il prend sur lui pour offrir un sourire léger, mais sincère.
-"Si tu veux, je connais une auberge agréable pas trop loin d'ici. On pourra au moins louer des chambres pour se prendre un bon bain, et avoir un lit confortable pour la nuit. Leurs repas sont loin d'être mauvais en plus, ils sont habitués à servir des marchands, donc même si ils sont pas donnés, la qualité est au rendez-vous."
Une fois l'assentiment de sa collègue obtenu, il commencera à la guider à travers les rues de la ville. Le jour est déjà en train de sombrer, la faute à la saison froide qui ne laisse guère le temps aux rayons de l'astre solaire pour illuminer le monde de leur présence. Et encore, si Sileas connait les effets du manque de soleil pour son corps, il ignore encore à quel point ce dernier est vital pour la jeune femme à ses cotés et son don. Se concentrant justement sur cette dernière, l’œil unique de l'aventurier glisse sur sa silhouette fatiguée avant de demander d'une voix légèrement inquiète.
-"Tout va bien ? Tu as l'air d'avoir énormément puisée dans tes ressources pour me soigner, en plus de tes blessures... Je peux faire quelque chose pour t'aider à récupérer un peu plus vite ?"
La route continue, et la liste de toutes les tâches qui les attendent affluent dans les pensées de l'aventurier fatigué. Entretenir toutes leurs armes qui sont couvertes de sang et en attente d'un traitement particulier pour préserver leur tranchant. Réparer les armures et vêtements qui peuvent l'être, changer le reste. Nettoyer l'intégralité de leurs fourrures et de tout ce qui a été entaché, et démêler leurs paquetages pour retrouver qui appartient à qui. Juste la pensée de la quantité de tâches en attente vient épuiser de nouveau le borgne, qui préfère laisser son regard se poser sur la devanture apparaissant au point. Le nom est simple : tout simplement le "Point Relais", principalement à cause de sa présence proche de l'un de ces fameux relais d'écurie parsemant le royaume. Comme Sileas l'a précédemment cité, cela offre à l'établissement une clientèle assez aisée, et le standing nécéssaire pour la retenir. Soigneusement entretenu, il émane de l'établissement une douce et agréable odeur de viande grillée ainsi que de légumes revenus. L'endroit parfait pour oublier ses tracas et attaquer la soirée sur une meilleure note.
-"C'est ici. Tu veux directement commander à boire et à manger et t'installer, ou avant on passe par les chambres pour se laver définitivement un bon coup ?"
Laissant le choix à l'aventurière de l'ordre des joyeusetés, le combattant fouille déjà dans son paquetage pour récupérer sa bourse. Et mine de rien, même si il ne s'en rend pas compte, en se retrouvant ainsi a avoir marché un moment sans son armure, il peut sentir un certain soulagement à l'absence de ce poids dans ses muscles qui sont toujours tendus et douloureux, mais qui ne supplient pas -encore- pour une petite pause. Demain et les cristaux pourront attendre pour une fois, et Sileas n'a clairement pas l'énergie d'effectuer ses rapports ce soir, surtout au vu du taux d'acidité qu'ils risquent de contenir... La seule chose qui compte en ce moment précis est de passer un bon moment avec cette jeune femme aussi épuisée et lasse que lui, et essayer de laisser derrière eux tout cela, si nécéssaire dans un torrent de boisson et une montagne de nourriture.
La fatigue me pèse terriblement et cela doit se voir. Outre l’épuisement après le combat, la marche, le soulagement d’être arrivés, avoir usé de ma fleur au point de la faire tomber ne m’est pas arrivé depuis longtemps. Moi qui ai constamment de l’énergie à revendre, je n’ai plus ce surplus d’énergie qu’elle me donne. Mon état doit être terrible, inquiétant même Sileas. Je le regarde en essayant d’afficher un petit sourire rassurant.
« Non, il me faut juste du repos, de la nourriture et surtout de la chaleur. Merci de proposer... »
Son attention me touche réellement. Je sais qu’il doit se sentir redevable ou quelque chose dans cette idée, mais j’apprécie son geste et son inquiétude.
Nous continuons et nous arrivons rapidement au Point Relais. Un nom qui ne m’est pas inconnu, je suis passée devant à de nombreuses reprises plus jeune, mais je n’ai jamais pu y séjourner. L’endroit a toujours été bien trop cher pour mon budget, même pour un simple repas. Je suis l’aventurier qui semble confiant et connaître l’établissement. La chaleur intérieure nous accueille et me fait un bien fou, presque réconfortant.
Le blond propose alors l’idée d’un repas ou d’un bon bain. Le fumet de la nourriture circulant pourrait presque me mettre l’eau à la bouche. Presque. Je suis épuisée, surtout psychologiquement. J’ai envie de dormir et m’oublier dans la chaleur d’un bon lit, pouvoir me plonger dans un bain et me débarrasser définitivement du sang qui colore encore légèrement ma peau et mes cheveux blancs, mais aussi cette impression que l’odeur de la bête me poursuit. En somme, je n’ai pas d’appétit. Et c’est très rare.
« Une chambre et un bain... Je n’ai pas d’appétit. »
Ma voix est légèrement tremblante. Je me sais à bout alors que beaucoup de choses m’attendent encore. Il faudrait que l’on s’occupe de nettoyer nos affaires pour les faire sécher pour la nuit. Le reste pourra attendre le lendemain. Je me tourne ensuite vers le comptoir et laisse mon partenaire s’occuper de nous prendre des chambres. J’y reste accoudée pendant que l’aubergiste vérifie ses registres, nous inspectant par moment de petits coups d’œil passant de l’un à l’autre. Il finit par se relever et prend un air faussement désolé tout en ayant un petit sourire sournois.
« Mes excuses monsieur, madame. Nous n’avons malheureusement plus de chambres individuelles... Beaucoup de marchands sont arrivés ce soir. En revanche ! Il nous reste des chambres pour les couples. Il faudra juste me dire si vous souhaitez une version plus discrète ou non... »
Je soupire, lasse, haussant juste des épaules. Nous avons passé deux nuits à dormir sous une tente. Ce n’est pas une nuit en auberge qui va me tuer. Je laisse le choix à mon compagnon, me penchant juste pour demander un dernier détail.
« Et un bain chaud. Le plus vite possible.
- Oui oui, je note donc, un bain pour deux... Tout de suite ! »
Je n’ai pas l’énergie de relever et me dirige déjà vers la chambre. Cet aubergiste aura son compte plus tard.
-"Une chambre pour deux, classique. Je risque plus de dévorer un cochon de lait que les formes de la demoiselle, même si ces dernières sont encore plus agréables à la vue qu'un bon plat."
Ne faisant même pas attention au petit sourire goguenard de l'homme en charge de l'établissement ni même réellement à ce qu'il vient de dire, Sileas fauche les clés et accompagne sa comparse à l'étage. Heureusement que les numéros sont indiqués, et bien rapidement ils tombent dans une grande chambre faite pour un couple. Sans même faire attention aux décorations et aux petites attentions normalement prévues pour de tels duos, l'aventurier retire son paquetage et grogne en se posant contre le mur, évitant de se laisser tomber sur le lit tant qu'il est encore marqué de cette odeur ne semblant jamais vouloir s'échapper.
-"J'avais pas souvenir que l'aubergiste était aussi chiant. Enfin, tant que le bain arrive vite, je vais rien dire. Je veux juste me plonger dans l'eau et oublier cette foutue journée."
Car si il n'a pas l'appétit coupé, on ne peut pas dire qu'il soit dans sa plus grande faim. La fatigue l'emporte, et il sait très bien qu'après avoir ingéré la moindre source de nourriture, il tombera de fatigue avec la digestion. Heureusement, un grand bac pour deux est rapidement apporté, et empli d'eau bouillante, fumante même. L'avantage des gourdes fontaines et des cuicui-vapeur est qu'ils permettent de toujours garder la température idéale souhaitée. Un judicieux mélange des deux laissant le choix de la température. Fermant les yeux pour résister à cette tentation, le blond agite légèrement la main en commençant à retirer ce qui est superflu, n'hésitant plus à se mettre torse nu face à elle. Après tout, elle a vu bien pire il y'a peu.
-"Vas-y la première, je m'occupe des vêtements le temps que tu te détendes. Tu en as définitivement besoin."
Lui aussi, mais il se concentre sur les besoins de la jeune femme en premier. C'est limite si il ne la déshabille pas pour la plonger dans l'eau fumante et la laisser ainsi se détendre. Évitant de trop regarder ce qu'il se passe du coté du bac par pudeur envers Sia, l'homme commence néanmoins à fouiller dans aucune vergogne dans son sac, commençant à sortir tous leurs vêtements et leurs fourrures usées, entamant un tri rapide de ce qui peut être sauvé et ce qui est bon à jeter. Une fois le bain terminé, le bac fera un excellent lavoir improvisé dans lequel jeter la Net'Noix de la forgeronne qu'il vient déposer sur le coté. Et malgré toute sa concentration, il ne peut s'empêcher de parfois laisser son regard glisser sur le coté. Tant attiré par le bain fumant que chaque muscle de son être appelle que par la charmante compagnie qui s'y trouve, finissant néanmoins par s'arracher à cette contemplation pour retourner à son travail. Il s'est déjà permis une phrase peut être un peu trop directe, autant éviter d'en rajouter les regards...
Avec de nouveaux grognements, je retire mes vêtements avant d’entrer dans l’eau chaude. Cette fois, je soupire de satisfaction, le contact avec l’eau fumante étant particulièrement agréable. Je me laisse ainsi lentement glisser jusqu’au cou. Avant de plonger la tête, je pense à venir retirer le bandeau de mon œil et m’immerge complètement. Je reste ainsi un long moment, en apnée et me laissant juste bercée par l’eau et la façon dont elle étouffe tous les sons. Je me sens si bien, cette presque absence de sensation ayant un côté reposant.
Quand mon souffle arrive à ses limites, je remonte doucement à la surface et me laisse immergée un moment dans l’eau chaude. J’observe l’aventurier qui démêle nos affaires et semble les trier. Je capte à un moment son regard en direction du bain. Il est aussi épuisé que moi, ayant tout autant souffert, si ce n’est plus au combat. Je soupire et attrape du savon, commençant à me frotter la peau et la chevelure. Je fais ainsi tout le haut de mon corps, me rinçant dès que j’estime avoir assez décrassé la peau pour vérifier le résultat.
Viens alors le dos. Habituellement je n’ai aucun mal à la faire, je suis du genre souple et je n’ai pas eu besoin d’aide pour le faire depuis des années, mais aujourd’hui mes muscles sont trop douloureux. Je grimace tout en forçant, mais rien n’y fait. Je grogne de mécontentement avant que mon regard ne glisse sur Sileas. Le blond parait concentré et je ne souhaite pas le déranger. Je pousse un soupir en me redressant légèrement.
« Sileas ? Tu veux bien me frotter le dos ? Je n’y arrive pas seule... »
Je me sens légèrement honteuse de devoir demander une telle chose, me frottant doucement la joue du bout de l’index. Je regarde ensuite l’eau qui me semble bien moins chaude que quand j’y suis entrée.
« Et tu devrais profiter du bain pendant qu’il est encore chaud. Ça ne me dérange pas. Je peux me tourner si tu préfères. »
Je bouge alors pour lui faire dos, repliant mes jambes contre ma poitrine, posant mon menton dessus de façon à ce que le bas de mon visage soit sous l’eau, soufflant lentement par le nez en attendant la décision de l’aventurier.
Il essayait désespérément de se concentrer sur cette tâche pour ne pas penser à cette eau fumante et accueillante se trouvant à trois pas. Il a surtout pas envie de déranger la pudeur de Sia qui a tout autant besoin que lui de récupérer, si ce n'est plus. Outre le combat, elle semble avoir souffert de cette régénération surprise qu'elle lui a offerte pour lui sauver la vie. A ce souvenir si frais, l'homme laisse glisser les doigts sous sa tenue, effleurant la peau encore si fine de la plaie et la marque qui en restera à vie. Et encore, sans l'intervention de la forgeronne, même si il avait été sauvé, le résultat aurait été bien pire encore.
Clignant des yeux, Sileas est soudainement arraché à sa contemplation par la demande de la jeune femme. Par réflexe, il tourne la tête vers elle et voit que sa fatigue se ressent même dans son agilité. Il ne va rien dire, il ne pense absolument pas être en état de le faire non plus. Vient ensuite sa proposition de la rejoindre, bien trop séduisante pour ne pas y céder. Tournant autour du bac pour profiter qu'elle lui fasse dos, il souffle d'une voix grognée et fatiguée.
-"Je veux bien, mais je risque de te demander la même chose. La moitié de mes muscles ne répondent pratiquement plus. Et je crois que j'arriverais à ne rien ingérer après non plus... Ça faisait longtemps que je n'avais pas fini dans un tel état."
Retirant les quelques vêtements qu'il porte, le blond se glisse rapidement dans l'eau avec un grognement de satisfaction. L'eau chaude lèche sa peau et ses muscles, et un frisson de bien être vient le parcourir. Il est d'une tension extrême, et un passage au médecin ne sera surement pas trop. Une nouvelle fois, il pousse tout cela sur le coté de son esprit pour attraper un linge servant de gant de toilette et le savon, se rapprochant de la forgeronne pour commencer à s'occuper de son dos et le laver. Il prends le temps de faire ça bien, fermant presque les yeux sous la répétitivité du mouvement qui commence à le bercer.
-"Tu as raison, ça fait du bien de profiter de l'eau chaude. Qui va devoir rouler l'autre hors du bac jusqu'au lit ?"
La question lui arrache un petit sourire alors qu'il termine de s'occuper de laver le dos de la forgeronne épuisé, s'occupant de la peau dont elle lui laissera accès avant de reculer lui même, commençant à se frotter vigoureusement, tant pour essayer de s'échauffer les muscles et passer la douleur que retirer les dernières plaques de sang, majoritairement présentes dans ses cheveux qui finissent rapidement ruisselant d'eau. Bien sur, il essaye aussi d'accéder à son dos, mais n'a pas plus de succès que sa partenaire. Et c'est avec un grognement dépité qu'il lui tend le tout en se tournant à son tour, fermant les yeux en posant les bras sur le rebord de leur bain, menton installé sur l'un de ses avants bras en fermant les yeux. Il aurait bien envie de discuter, mais il a du mal de réfléchir à un sujet qu'il pourrait aborder en cet instant précis vu son état...
Après un moment, il me souffle une nouvelle remarque qui m’arrache un léger rire. Quand il se tourne, nous échangeons de rôle. Je le laisse finir de se savonner avant m’occuper de son dos. Je passe le linge humide sur sa peau, la frottant vigoureusement avant de ralentir le rythme. Je remarque alors les nombreuses cicatrices qui sont dessinées sur sa peau, marquant chacun des combats qu’il a dû mener depuis qu’il est devenu aventurier. Quand j’ai terminé je me rince les mains dans l’eau et en sors, récupérant un linge plus grand pour m’enrouler dedans.
« Un jour où nous ne serons pas épuisés et où on aura suffisamment d’alcool, j’aimerais bien que tu me racontes d’où te viennent toutes ces cicatrices. »
Je me dirige vers le tas de vêtements que l’aventurier triait plus tôt. Ma tenue est plutôt abimée, mais sauvable, mon armure aussi. Un petit passage chez les Zmeï risque d’être nécessaire. J’imagine déjà les visages inquiets de mes parents. Peut-être pas la meilleure des idées finalement. Et il vaut mieux que je ne rentre pas à la forge Obsid sans ma fleur, risquant aussi d’inquiéter mon maître. Je jette ces vêtements dans le tas à laver, continuant de vider mon sac de son contenu. Suivent les nombreuses armes où le travail va être important. Autant les miennes que celles de Sileas.
Avec un soupir, je finis de sortir tout ce qui doit l’être selon moi. Quand l’aventurier sort à son tour du bain, je jette le tout dans le bac, tout y passant. Vêtements, morceaux d’armure, petites armes et quelques fourrures. Déjà là, la bassine est relativement pleine, ayant juste de quoi placer le net’noix dedans.
« Quinze minutes, pas plus. Au-delà, ça abime l’équipement. Et dans quatre heures, on pourra mettre la suite. »
Je m’assieds au bord du lit, retirant le linge qui m’entoure avant de me laisser m’écrouler dessus. Je fixe le plafond, s’entant la fatigue m’envahir. Je ne dois pas dormir, pas tout de suite, nous devons attendre que la lessive soit terminée. Avec un grognement, je me redresse et regarde dans la direction du blond.
« Essayons de trouver un sujet de discussion pour nous tenir éveillés quinze minutes. »
Je baille en plaçant la main devant ma bouche, ayant déjà du mal de lutter. Je regarde un instant son corps, mon œil se posant sur la cicatrise encore rose qui zèbre son épaule. Je prends une grande inspiration avant de fixer un point au loin, le regard dans le vide.
« Tu dois avoir des questions, je pense. Et si ta première question est de savoir si j’ai des vêtements de rechange ou pour dormir, la réponse est non. Tout ce que j’ai est là et là. »
Avec un petit sourire, je viens désigner mes vêtements du jour posés sur une chaise puis le bac d’eau où mon objet de nettoyage fait effet.
-"Je n'ai pas besoin d'alcool pour raconter ces histoires, j'ai appris à vivre avec et elles font partie de moi donc je ne m'en sens pas honteux. Mais c'est sur que c'est toujours une meilleure idée pour ne pas avoir la gorge sèche."
Profitant d'avoir l'espace pour lui, il s'installe avec un peu plus d'aise, profitant encore un peu de l'eau. Cette dernière finit hélas par refroidir, et surtout, elle n'est peut être pas dans le meilleur des états. Soupirant, il revient se savonner une dernière fois avant de sortir à son tour, récupérant une serviette dans laquelle s'enrouler et se sécher. Une seconde pour les cheveux et il est tout bon, commençant déjà à frotter les pointes blondes en s'installant sur le lit pour observer la bassine soudainement devenir une laverie géante. Puis il souffle un léger rire, presque hilare à cause de la fatigue.
-"Je sais pas pour toi, mais dans quatre heures je dors. Donc la suite ça sera demain, surement après un second bon bain car j'en aurais clairement besoin pour me réveiller, surtout bien froid la."
Sia partage le même état que lui, vu qu'elle tombe déjà sur le lit, pour ainsi dire très peu habillée. L'attentat à la pudeur est déclaré, heureusement que le terrain a déjà été démoli chez Sileas. Ce dernier glisse le regard sur les formes, avant de se ressaisir. Il n'est pas la pour reluquer sa partenaire de mission, un peu de décence tout de même. Nouveau sourire en coin, secouant la tête de dépit en se passant une main sur le visage, avant de cligner de l’œil.
-"Alors ce n'est pas la première question qui me venait en tête, mais tu viens de me faire penser que je dois commencer à arriver à court de rechanges aussi... J'avais même pas pensé à ce problème. Bon pas grave, ça sera une affaire pour demain, quand les premiers vêtements auront séchés."
C'est fou, la fatigue l'aide presque à se concentrer avec plus de force sur des questions comme étendre le linge que le corps charmant aux formes tant féminines que nées du travail de la forge sous ses yeux. L'homme réfléchit un long moment à ce qu'ils peuvent discuter, du moins autant que sa concentration le lui permet, soit environ dix secondes. A la fin de ce délai, il se laisse tomber à son tour sur le dos, soufflant d'aise. Que c'est agréable un bon lit après de telles péripéties. Finalement, il arrive à tourner l’œil vers le visage de Sia.
-"Alors des questions, pas tant que cela. Pourquoi ta fleur est tombée, et comment tu as pu régénérer si vite principalement. Même si je présume que ton pouvoir doit aussi avoir un effet positif sur toi, ou qu'il fonctionne sur nous deux en même temps et qu'il t'a soigné quand tu m'as sauvé la vie. Mais toi aussi tu dois avoir des questions, je me trompe ? Et pas que sur mes cicatrices."
Définitivement, ce combat contre les quinze minutes ainsi enserrés dans la chaleur de la chambre et la douceur du lit s'annoncent encore plus compliquées que la rencontre avec le Chouettours.
Il arrive alors les sujets difficiles et je serre un peu la mâchoire. Je regarde le plafond en fixant l’un des nœuds du bois tout en l’écoutant, hochant de la tête quand il me demande si j’ai des questions. Mais avant cela je dois lui répondre. Est-ce que je peux faire confiance au blond ? Je ne pense pas qu’il soit du genre à être mal intentionné, il doit m’être redevable d’une certaine façon et il a sauvé la mienne. Je me mords légèrement la lèvre en grognant. Finalement, je ne connais l’aventurier que depuis peu et j’ai appris que je ne dois pas accorder ma confiance trop facilement quand il s’agit de mon pouvoir.
« Je... J’ai envie de te faire confiance. Tu m’as protégé autant que tu as pris soin de moi quand je suis tombée inconsciente, je ne pense pas que tu me veuilles de mal... »
Je soupire et me redresse, m’asseyant sur le rebord du lit en faisant dos à l’aventurier, ma voix devenant bien plus tremblante.
« J’ai envie de te le dire, mais je ne te connais pas assez pour cela. Et la vie m’a appris que je ne dois pas confier cela au premier venu. Je ne dis pas que ce que tu as fait pour moi ne compte pas... Juste... J’ai besoin de découvrir plus de toi et un jour je pourrais peut-être que je pourrais te le confier. »
Je sens une petite boule se former dans mon ventre, une certaine forme d’angoisse s’emparant de moi, jouant avec mes doigts pour la faire passer. Je prends une grande inspiration, essayant de me détendre et me tourner vers le blond avec un air plus assuré même si fatigué.
« Alors les questions ! J’en ai beaucoup, mais je vais commencer par les choses plus triviales... Enfin, rien de précis, mais j’aimerais que tu me parles un peu de toi. Ce que tu aimes faire en dehors des quêtes, comment tu occupes ton temps libre, tes loisirs... Ce genre de choses ? »
Je souffle un petit rire nerveux. Je ne suis pas à l’aise avec ce genre de conversation et je dois avouer que j’essaye de faire oublier les questions plus tôt. J’ai aussi évité les questions sur ses capacités et son pouvoir pour le détourner de ses propres interrogations à propos du mien.
« Oh ! Aussi, les noms de ceux qui t’ont fait ton armure et tes armes. Curiosité de forgeronne. J’ai du mal à ne pas penser à mon métier même quand je ne travaille pas... »
Nouveau petit rire nerveux alors que je m’installe assise sur le lit tout en continuant de jouer avec mes doigts, empoignant cette fois ma serviette de bain humide pour en triturer les coutures.
-"Je comprends, ne t'en fais pas. C'est important de se préserver, surtout si tu as déjà eut des problèmes à cause de tes talents, ce que j'imagine aisément. Tout ce qui touche aux soins et à la régénération attise les convoitises."
Son œil unique suit la demoiselle qui se tourne vers lui. A force de la voir dans le plus simple appareil, il s'y habituerait presque. Et a vrai dire, si ce n'est la serviette autour de sa taille et celle dans sa chevelure, il est tout aussi peu vêtu. Ses questions sont étranges, et il s'attendait à quelque chose de plus axé sur sa vie d'aventurier. Ainsi est-il obligé de réellement réfléchir en arquant un sourcil, réfléchissant à quoi répondre. Frottant sa joue d'une main, l'homme finit par déclarer avec un léger rire.
-"Ces derniers mois je n'ai pas réellement pensé à ce que je pouvais aimer faire, je suis coupable de trop travailler et d'avoir envie de remplir ma bourse de manière conséquente. Autrement, j'aime voyager, pas uniquement pour les quêtes. Découvrir des lieux que je pourrais apprécier seul ou en bonne compagnie, mais souvent que peu connus si ce n'est des locaux. La nature est pleine de merveilles qui ne demandent qu'a être explorées. Des lacs, des cascades, des pics montagneux... C'est agréable de s'y perdre et de les noter pour pouvoir y revenir quand l'envie te prend."
S'étant clairement perdu dans ses pensées, il secoue un peu la tête en luttant contre cette envie de somnoler qui devient de plus en plus forte. Ne pas s'endormir, ne pas trop dévorer du regard la forgeronne. A ce stade, compter le nombre de pierres ayant servi à faire ce magnifique mur porteur est sa seule porte de repli pour ne pas soit paraître distant aux tâches ménagères et au linge à étendre qui arrive ou un pervers au regard lubrique.
-"Autrement j'aime bien la chasse, des restes de ce que j'ai appris avant de devenir aventurier. Surtout les porc-becue ! C'est agréable d'arriver à en éliminer un de façon à ce qu'il soit comestible immédiatement sans gâcher la chair. Sinon je pense être assez classique. J'apprécie la charmante compagnie, les bons repas et l'alcool comme a peu près n'importe qui. Oh, et les mystères. J'ai du mal de résister à l'envie d'accepter toutes les quêtes évoquant des phénomènes inconnus pour découvrir de quoi il s'agit."
Et voici en quelques mots, ou plutôt phrases, un bon résumé de ses passions lui venant en tête. Oh, il y'en a bien d'autres, mais nulle raison de venir accabler d'informations cette pauvre demoiselle épuisée. Cessant de compter les briques, Sileas revient se concentrer sur l'aventurière qui semble soit timide soit gênée, essayant de lui sourire pour l'inciter à se détendre.
-"Et toi alors, qu'aimes-tu faire ? Tu es forgeronne en plus d'être aventurière, je suis sur que c'est une histoire fort intéressante à raconter que voici. Enfin, si tu souhaites me la conter bien sur. Autrement, juste ce que tu apprécies dans la vie en dehors de tes deux métiers sera déjà très bien !"
Le temps parait à la fois si lent et si rapide. Le quart d'heure approche tranquillement, l'envie de dormir alourdit les paupières. Mais paradoxalement, aussi gênante ou incongrue que la situation puisse paraître, le blond apprécie ce moment arraché au temps et à Morphée, ces petits instants si uniques qui ne peuvent naître que des évènements difficiles et des moments forts vécus entre aventuriers.
Un acharné du travail qui aime voyager et manger, la bonne nourriture, la chasse et avoir une bonne compagnie avec qui passer du temps. Je souffle de manière amusée sur ce dernier élément. En somme, un homme plutôt simple. Je souffle à nouveau du nez avec un sourire quand il me demande à mon tour ce que j’aime ou de me parler de mes métiers. Je vais même jusqu’à avoir un petit rire.
Je vois que le linge autour de sa tête se défait légèrement et je viens m’approcher à quatre pattes de lui avant de ne répondre, venant me mettre à genoux à côté de lui tout en restant sur le lit. Je le regarde en souriant, pointant sa chevelure humide en demandant.
« Ça ne te dérange pas si je t’aide à te sécher les cheveux pendant que je parle ? Ça va m’aider à rester éveillée. »
Quand il semble d’accord, je viens m’installer dans son dos, me redressant pour défaire le linge et doucement masser son cuir chevelu et frotter ses épis blonds.
« Je suis moi-même une acharnée du travail... Et en tant qu’apprentie, je n’ai que peu de temps libre. Donc je l’utilise pour faire des missions qui me permettent de voyager un peu tout en me rapportant des cristaux. »
Je souffle à nouveau tout en venant lui masser l’arrière du crâne, commençant à attaquer la partie plus longue de sa chevelure.
« Sinon... J’aime bien manger. Boire avec des personnes que j’apprécie ou faire des rencontres dans une taverne. Mais je ne tiens que peu l’alcool... Je me promène beaucoup dans les montagnes quand je suis chez mon maître. J’explore l’endroit qui recèle pleins de secrets et une beauté que j’admire. Et en dehors de ça... J’écris à ma famille, essaye de venir la voir à la Capitale, passer du temps avec ma petite sœur ou des proches, ce genre de choses assez banales. Je lis aussi, dessine un peu même si c’est surtout pour le travail finalement. Et de l’entrainement, beaucoup d’entrainement. »
Je soupire un peu. Je pense que Sileas n’est pas arrivé avec cette musculature sans travail, alors il doit savoir ce que c’est. Je termine de lui essuyer les cheveux, insistant sur les pointes pour qu’il puisse se coucher sans avoir les cheveux trop humides. Je reviens à côté de lui, lui tendant son linge avant de jeter un regard vers le bac où le net’noix continue de faire effet.
« Je crois que la lessive a fini. J’ai une corde enchantée qui peut être pratique pour pendre le linge je pense... Je te laisse récupérer le net’noix ? »
Je me relève, me dirigeant vers mon sac pour commencer à chercher l’objet convoité dans son espace magique.
Puis il écoute la forgeronne parler sans l'interrompre. A vrai dire, sur pas mal de points ils se ressemblent. Chacun acharnés de travail, mais dans leurs domaines. Profiter du temps libre pour explorer ou accomplir des missions. Quelques petits hobbys sur le coté, mais rien qui n'arrive à tenir la montagne de travail généralement abattue que ce soit à la forge ou au combat. L'évocation des secrets et de la beauté de la demeure de son maître lui arrache néanmoins un haussement de sourcil que la jeune femme n'apercevra jamais. Finalement, le temps d'échanger un peu et déjà la noix doit être retirée du bac. Hochant de la tête, l'homme se redresse en grognant pour se rapprocher de l'eau et en attraper la noix qu'il dépose sur le coté, profitant de ce moment pour répondre.
-"On est deux acharnés de travail en sommes. Et avec trop peu de temps pour nos passions. Enfin je dis ça, je ne sais même pas si on saurait quoi faire de trop de temps libre. J'ai l'impression que tu es comme moi, tu aimes avoir toujours quelque chose à faire, même si un peu de repos entre deux ne fait pas de mal."
Puis précautionneusement il vient plonger les mains dans leur lessive pour en sortir toutes leurs possessions. Il est obligé de faire attention pour ne pas se trancher les mains sur les armes diverses et variées présentes dedans ,et bien rapidement il vient faire un tas. Retirant la serviette de sa chevelure, toutes les lames sont posées dessus pêle-mêle pour un tri plus tard, et surtout rapidement les sécher. Les vêtements sont ensuite rudimentairement essorés et placés en bordure du bac, laissant la jeune femme sortir sa propre corde et préparer un étendoir rudimentaire.
-"Je m'occupe de sécher les armes et tu t'occupes des vêtements avec ta corde ? Promis je sais entretenir une épée, tu ne crains pas de hurler demain matin au réveil."
La petite taquinerie le fait sourire. Vu leur état d'épuisement, il a bien besoin de cela pour arriver à tenir alors qu'il fouille dans ses affaires à la recherche de son kit d'entretien. C'est sur que le travail ne sera pas de la qualité de celui de Sia, mais il doute que celle-ci aie vraiment envie de faire un passage entier ce soir. Et alors qu'il vient essuyer et nettoyer rapidement chaque lame et chaque arme avant de la déposer sur le coté, en un tas un peu mieux trié par longueur, il reprend leur petite conversation.
-"Alors je sais que c'est encore du travail, mais à l'occasion si nous avons l'occasion d'effectuer d'autres missions, je ne serais pas contre un petit cours de rappel sur l'entretien de son matériel, juste pour être sur de pas avoir oublié une base inutilement. Et pour être tout a fait sincère, je ne serais pas contre te revoir juste pour le plaisir de profiter de ta présence aussi."
Bon, au moins c'est dit. Il est obligé d'assumer qu'il aime bien cette jeune femme pleine d'énergie et de passion à revendre, et ce serait dommage de ne pas le dire. Après tout, recroiser par pur hasard une aventurière n'est pas chose si aisée, sans moyen d'échanger pour se retrouver.
Le blond reprend la parole tout en m’aidant, l’écoutant en essayant de me concentrer sur ses mots. Je souffle un petit rire sur sa remarque sur le fait que nous sommes des acharnés et il semble avoir raison. J’ai du mal à ne pas rester en place et de réellement me reposer. Je hoche de la tête et souffle de manière amusée au fait que le repos ne fait pas de mal.
« J’aime dormir ou profiter d’un bon feu de cheminée. »
Il commence à sortir le contenu du bac et je récupère les vêtements essorés et posés en bordure de bac. Je hoche de la tête tout en secouant un vêtement pour le défroisser avant de souffler un rire à la mention de l’entretien des armes.
« Ne t’inquiète pas, je ne vais pas t’en tenir rigueur. Après avoir passée toute une nuit dans le sang et la neige, elles ne sont plus à ça prêt je pense... Elles vont mériter bien du travail. »
J’exécute ainsi un travail assez répétitif qui me berce presque avant que le blond ne parle à nouveau. Je souris à la mention de lui donner un petit cours, me préparant à répondre sans me douter de la suite. Je m’arrête dans mon mouvement, clignant plusieurs fois de l’œil en me refaisant la réponse dans la tête. Je mets ainsi plusieurs à comprendre ses mots, visiblement trop fatiguée pour rougir, mais pas pour être gênée. Je reprends mon mouvement comme si de rien était, déposant le vêtement sur la corde avant de me retourner pour récupérer une fourrure.
« Je... Merci. C’est gentil. Je ne serais pas contre te revoir non plus. »
Je me retourne rapidement pour installer la fourrure. Je profite d’être ainsi dos à lui pour continuer en lui cachant ma gêne.
« J’ai un cristal de communication... Je pourrais te donner mon numéro cristallique si tu viens à avoir un de ces précieux objets en main. Et ça ne me dérange pas de t’aider à revoir des bases. Je suis d’avis que bien entretenir son arme ou son armure, ça peut nous sauver la vie. »
Ayant repris un peu de contenance, je souris à l’aventurier. Je dois bien reconnaître que sa compagnie est agréable et que j’ai réellement envie d’apprendre à le connaître et le croiser à nouveau. On pourrait presque prévoir de faire d’autres missions ensemble à l’avenir.
De mon côté, je termine de pendre les dernières peaux avant de me jeter sur le lit. Je m’installe sur le côté pour regarder le blond finir de s’occuper des armes. J’en profite pour détacher mes cheveux et les laisser sécher à l’air libre.
« Je pense qu’on a bien mérité notre repos. Et demain après avoir récupéré notre prime, ça te va si on se paye un festin et de bonnes boissons ? »
-"Je dois avouer que je n'utilisais jusque la pas de matériel magique par pur envie personnelle. Je pense que j'ai obtenu ce que je désirais de cette forme d'entrainement et que je vais cesser de me retenir ainsi. Donc si j'arrive à acheter l'un de ces artefacts, ce serait avec plaisir. On a toujours besoin d'avoir une forgeronne à portée d'appel après tout."
Une petite taquinerie suivit d'un sourire alors que peu à peu ils terminent tous deux leurs tâches, elle la première. Une fois les armes enfin rangées et nettoyées de manière satisfaisante, les vêtements en train de tranquillement égoutter sur leur corde improvisée, Sileas vient rejoindre sa partenaire sur le lit. Tournant la tête vers elle, il hoche du chef.
-"J'approuve entièrement ce plan. Si ce soir on est trop épuisés pour cela, je pense que demain le contrecoup va être violent. Et détend-toi, je vais m'occuper de te sécher un peu les cheveux que tu ne dormes pas sur un oreiller trempé."
Ce "détend-toi" était plus une demande qu'un ordre, soufflée à voix basse. Attendant d'avoir son accord, il récupère ensuite une serviette pour venir la glisser dans sa chevelure et commencer à la masser pour la sécher. Prenant des mèches entre les plis du tissu, il les frotte de toute leur longueur jusqu'aux pointes sur lesquelles il insiste bien pour les sécher au mieux, recommençant ensuite juste à coté. C'est lent, c'est long, et il ne voit pas le temps passer. Mais Sileas apprécie ainsi s'occuper de celle à qui il doit la vie. Et celle qui la lui doit. Vivre de tels évènements tisse rapidement des liens, et tandis qu'il prends le temps de lui offrir un peu de douceur pour essayer de sortir ces évènements de son esprit et l'aider à trouver le sommeil, il reprend d'une voix plus basse, plus calme.
-"Tu prévois de prendre d'autres missions ou tu veux quelques jours de repos ? Je risque d'avoir besoin de faire les boutiques pour réparer ou changer mon armure et commencer à acheter le matériel dont j'aurais besoin avant de reprendre le travail. Si il te faut quelque chose on pourrait faire un prix de groupe et le faire ensembles, si tu en as envie. Et ton œil affuté serait un atout non négligeable à mes recherches. Tout comme ta présence en serait un à ma journée."
Tout en parlant il continue ainsi de s'occuper de ses cheveux jusqu’à ce qu'elle l'arrête ou qu'ils soient assez secs pour se coucher sans que cela ne soit désagréable, faisant attention à ne pas laisser ses mains trop glisser sur ses épaules, ne sachant que trop bien qu'elle supporte le contact physique qu'a un certain point, et précautionneux de ne pas dépasser cette limite implicite entre eux.
Il me rejoint ensuite et me propose de sécher les cheveux à son tour, ayant l’impression de percevoir une certaine forme de tendresse de ses mots. Je me sens à nouveau légèrement gênée, mais m’exécute sans un mot. Je remonte mes jambes contre mon buste, mon menton se posant sur mes genoux. Je suis encore plus gênée de le sentir me sécher les cheveux avec une telle attention. Il prend son temps et il fait cela avec beaucoup de patience, voire une certaine douceur. Je ferme l’œil et me détends progressivement, respirant doucement en profitant de ce contact.
Mes pensées défilent lentement et je me rends compte que l’on a déjà développé une certaine proximité et intimité. Chacun doit sa vie à l’autre, nous avons traversé des moments plutôt difficiles et cela nous a fait tisser un lien. Nous sommes nus, dans une chambre prévue pour un couple, nous allons passer la nuit ensemble dans le même lit et nous avons maintenant des petites intentions pour l’autre. Je me rends compte que je n’ai jamais vécu quelque chose de similaire avec une personne, me sentant bien plus gênée. La seule relation semblable est celle avec ma sœur, mais elle n’a rien à voir. Sileas est un homme que je connais à peine, mais à qui je parais plaire. Instinctivement, je reste bien plus sur mes gardes même si son contact a quelque chose de reposant et agréable.
Il interrompt le fil de mes pensées et me fait ouvrir l’œil en me posant une nouvelle question, me proposant même de passer plus de temps en sa compagnie. J’hésite un moment, me mordant la lippe en réfléchissant. Que faire ? Être honnête ou mentir ? Il semble que l’aventurier ne veuille pas se séparer de moi tout de suite et je dois bien avouer que c’est réciproque. Je ne sais pas encore quand nous aurons l’occasion de nous retrouver et ainsi pouvoir passer du temps à se connaître en dehors d’une mission. Je suis aussi épuisée et je ne me sens pas regagner la forge rapidement. Je peux bien m’absenter quelques jours, Lyle me laissant vivre ma vie comme je l’entends tant que je suis mon entrainement et n’évite pas le travail. Mon regard se glisse sur le côté, se posant sur son armure en morceaux et dans un sale état. Avec un soupir, je me décide.
« Je vais prendre du repos. Je peux me permettre quelques jours avant de retourner à la forge dans le nord. Et je pense que je peux sûrement t’aider et te conseiller. Ma famille a une forge en fonction ici. J’essaye de ne pas trop me reposer dessus pour voler de mes propres ailes, mais si tu as besoin de réparations rapides avant de pouvoir trouver un bon armurier, je peux t’aider. Je te dois bien cela... »
En parlant, je pense soudainement à Adam, enchainant sans plus attendre.
« Et si tu viens à retourner à la Forteresse, j’ai un bon armurier à te conseiller. C’est un ami et il est aussi talentueux que prometteur. Il pourra t’aider à avoir mieux que ce que tu as là... »
Je désigne d’un geste de la main le cadavre de métal qui lui sert de protections, soufflant un petit rire avant de poser à nouveau mon menton sur mes genoux. Le blond semble avoir terminé de me sécher les cheveux. Je sens ma timidité revenir, mais j’ai besoin de sortir ses mots.
« Et ça me ferait aussi plaisir de passer du temps en ta compagnie... »
Les mots sont prononcés avec une gêne peu dissimulée, d’une voix basse à peine audible avant de me diriger vers ma place dans les draps tout en gardant le dos tourné pour masquer mon état.
« Merci pour mes cheveux. »
Je me glisse sous le drap et pose ma tête sur l’oreiller. Malgré ces quelques moments gênants et l’émotion, je sens la fatigue bien présente. Je garde le dos tourné, respectant ainsi la pudeur et intimité de l’homme qui va devoir partager ce lit avec moi, attendant de le sentir s’installer à côté de moi.
Finalement elle reprend la parole et lui confirme qu'elle va rester un peu à la Capitale pour récupérer, tout comme lui. La fatigue physique et mentale s'est très rapidement accumulée, et ils ont tous deux besoin de recharger les batteries, de laisser retomber la pression. La nuit s'annonce certes reposante mais pas particulièrement facile non plus, les images de l'animal étant non loin. Essayant de les chasser de son esprit, le combattant étire un fin sourire en entendant qu'elle est d'accord pour suivre sa proposition. La chevelure d'argent de Sia est enfin sèche, du moins assez pour pouvoir passer une nuit agréable et c'est d'un ton presque songeur que l'homme reprend.
-"Je ne pensais pas exploiter tes talents de forgeronne pour réparer mon armure initialement, mais je serais idiot de refuser. Et tu m'as déjà évoqué ce fameux armurier, tu devras m'en dire plus demain. Je vais surement profiter pour refaire une armure entière, celle la vient surement de vivre son dernier combat. Elle m'a fidèlement protégé, mais elle a fait son temps. Il est temps de laisser place à une nouvelle génération mieux adaptée. Et même les réparations ont leurs limites, comme tu le disais. Surtout pour des dégâts de cette ampleur."
Sia remonte pour s'installer sous les draps, dans le lit. Il est presque stupéfait qu'elle ne s'endorme pas sur le coup vu la quantité de fatigue accumulée. Profitant que la jeune femme se tourne, il vient retirer sa propre serviette avant de jeter le tout en boule plus loin, proche des armes préparées pour le lendemain. Pas question de dormir ainsi, et quitte à avoir un bon lit, autant en profiter. Finalement, il remonte à son tour et se laisse engloutir par cette douce chaleur qui émane tant des couvertures que de ce corps si proche du sien. Avec un long soupir épuisé mais comblé d'enfin sentir un vrai oreiller sous sa nuque, un matelas contre son corps, Sileas penche la tête pour observer la demoiselle.
-"Tu n'as pas à me remercier, tu as fais la même chose pour moi. Après cette journée, c'est important qu'on prenne soin l'un de l'autre tout de même. Et ce n'est pas comme si c'était un désagréable moment. Un peu de douceur pour faire retomber la pression et surtout avant de dormir, c'est toujours une bonne chose..."
Puis il pivote pleinement à son tour, levant un bras qui reste ainsi en suspens. Il faut dire qu'il s'est rapidement habitué à sentir la chaleur de la jeune femme contre lui, quand ils partageaient la tente. Mais les choses sont différentes la, ils sont bien moins habillés, et le climat ne l'impose plus. Ses joues se teintent légèrement et son regard pulse quelques instants d'un certain éclat quand il se rend compte de comment ils vont dormir, laissant ensuite retomber sa main sur les draps. La seconde glisse sous son oreiller pour l'attirer et confortablement le caler, grognant entre ses dents d'une voix des plus fatiguée, sombrant rapidement sous tant de chaleur et de moelleux.
-"Bonne nuit à toi Sia, repose toi bien..."
Et finalement, après tant d'émotions, tout ce qu'il ressent. Cette sorte d'étrange gêne rapidement évanouie de dormir ainsi nus dans le même lit avec une demoiselle qu'il connait à peine et qui pourtant lui plait, toutes les sensations fortes vécues ces derniers jours, l'adrénaline comme la douleur, la colère comme la tristesse, ses muscles endoloris qu'il ignore volontairement en leur imposant un mouvement quasi permanent pour les garder chauds. Tout cela sombre d'un coup, tout comme la paupière du blond qui se laisse emporter par le sommeil. Il est de plomb, sa respiration ne prenant qu'une poignée de secondes à ralentir pour prendre son rythme nocturne. Les cauchemars et les remords de n'avoir su faire les choses autrement viendront plus tard. Mais pas cette nuit, celle-ci est clairement régénératrice, tant pour son corps que son esprit.
« Merci, bonne nuit à toi aussi Sileas... »
La respiration du blond devient rapidement lourde et bien plus lente, signe qu'il s'endort. Je reste éveillée pour l'écouter avant de me laisser bercer à mon tour et de rapidement sombrer.
Contrairement à celui de mon partenaire, mon sommeil n'est pas reposant. Même si je suis épuisée, je ne le suis pas suffisamment pour passer outre le contrecoup psychologique de ma magie. Mon esprit n'est plus serein depuis un moment et épuiser mon énergie solaire ne fait que renforcer mes cauchemars.
Les scènes se suivent sans se ressembler. Je me vois sur une table telle un cobaye que l'on vient charcuter sans aucun remord. Mes cris de douleur restants muets alors que mon corps entier s'enflamme de douleur. J'ai pris soin de ton corps. Encore une fois. Je n'entends cette voix que lorsque je vis ces terreurs nocturnes, celles influencées par l'excès de ma magie. À vrai dire, c'est plutôt mon esprit qui pâtit. Même si tout a été bien fait pour que mon corps ne soit que peu impacté par les contrecoups en modifiant ma magie, il n'en est pas de même pour mon esprit.
Je pensais avoir déjà suffisamment souffert, avoir déjà connu pire douleur. Mais je me trompe lourdement. Je ressens à nouveau toutes mes blessures et celles du blond. Toutes, en même temps. Mon corps est guéri, mais mon âme ne supporte plus cette douleur, essayant de la digérer encore et encore. Je pleure de douleur alors que je passe à de nouvelles scènes. Se succèdent des images de notre combat, revivant chacune de mes blessures. Je revis aussi le fait d'avoir soigné mon compagnon et cette fois, je ne peux retenir mes larmes. Je suis celle qui a pu le sauver. Pas toi. Je ne devais m'occuper que de toi.
De nouvelles larmes perlent et je commence à m'excuser sans vraiment savoir pourquoi. Je veux juste que cela cesse, je désire tout arrêter et ne plus rien sentir. La voix ricane avant de reprendre de manière bien plus cruelle. Jamais cela ne cessera. Tu m'obliges à faire cela. Je crie à nouveau, autant de douleur que de frustration. En cet instant, je souhaite même la mort. Je ne te laisserais pas faire. Et lui non plus. Je ne suis pas sûre de comprendre ces derniers mots alors que les images s'estompent progressivement. J'entends une voix lointaine et étouffée, le fait que l'on m'appelle et essaye de me sortir de ce cocon de douleur infinie. Nous nous reverrons bientôt.
J'ouvre l'œil, ma vision est trouble tandis que je sens des larmes perler sur ma joue. Lentement la douleur disparaît pendant que j'émerge. Je suis en sueur, j'ai terriblement chaud, haletante et pleurant sans comprendre ce qui m'arrive. Déjà les images de mes rêves disparaissent de ma mémoire à mesure que je reprends conscience. Je tourne légèrement la tête et aperçoit le visage inquiet de celui qui partage mon lit. J'essaye de prononcer son nom, mais ma voix se brise alors qu'un nouveau sanglot incontrôlable me prend.
« ... désolée... ‘suis désolée... désolée... »
Je répète cela sans trop savoir ce dont je suis désolée. Je sais que j'ai besoin de la faire, mais j'en ignore complètement la logique. Les larmes viennent tremper autant mon visage que l'oreiller, ma détresse éclatant d'un coup sans réussir à la contrôler.
Et finalement, Sileas finit par ouvrir l’œil avec un léger grognement. Regardant à droite et à gauche ce qu'il se passe et se souvenant d'où il se trouve, il soupire doucement, sans encore savoir ce qui l'a ainsi réveillé. Puis la forme de Sia s'agite de nouveau dans les draps, laissant échapper un gémissement qui semble particulièrement peiné, peut être même douloureux entre ses lèvres. Cela suffit à inquiéter l'homme qui se rend soudainement compte que c'est elle qui l'a ainsi arraché à sa nuit. Hésitant un instant sur la suite des évènements, il finit par poser sa main sur l'épaule de la jeune femme et légèrement appuyer dessus pour essayer de l'apaiser dans ses rêves. Rien n'y fait, et elle semble prise de plus en plus profondément dans la toile de ses remords. Sincèrement inquiet, le blond se penche un peu plus au dessus de son visage pour souffler à voix basse.
-"Sia ? Sia, reprend toi, je suis la. Tout va bien se passer, tu es en lieu sur."
Aucune réaction. Et l'état de la jeune femme semble empirer de plus en plus. Un grognement plus profond traverse les poumons du borgne qui se redresse un peu plus, a genoux dans le lit. La lumière de la lune berce leur couche et ne fait que ressortir les traits tirés par la détresse de la forgeronne. Il aurait préféré éviter de la réveiller, mais vu son état, il n'a pas le choix. Posant ses deux mains sur les épaules de la demoiselle, il commence à venir l'agiter, délicatement, puis avec de plus en plus de force, n'hésitant pas à essayer de l'arracher de force à ce sommeil qui l'épuise plus qu'il ne la repose.
-"Sia, réveille toi. Réveille. Toi. C'est un cauchemar, tu dois me rejoindre. Allez, sors de ton sommeil."
Le plus ravi de l'histoire sera l'aubergiste qui prévoyait clairement aux deux aventuriers un lit qui remue. Hélas pour lui, il ne bouge certainement pas pour la raison qu'il espérait. La manœuvre semble toutefois marcher vu que peu à peu, l’œil de la jeune femme s'ouvre et elle récupère emprise sur le monde réel. Pas réellement comme Sileas l'aurait espéré, vu qu'elle est trempée de sueur, la respiration courte et surtout a deux doigts de craquer, ce qui ne tarde pas. Les larmes coulent telle une rivière sur sa joue, et le combattant est un instant déstabilisé, avant de se reprendre. Se laissant retomber dans sur le matelas et l'oreiller, il vient agir sans réellement y réfléchir. Sa prise se raffermit sur les épaules de la demoiselle et il vient l'attirer tout contre lui, déposant son visage et son nez contre son cou et son épaule pour la serrer contre sa musculature, enserrant les bras dans son dos pour qu'elle puisse sentir sa chaleur, sentir qu'elle n'est pas seule alors qu'il lui souffle d'une voix qu'il essaye de rendre douce malgré le fait qu'elle reste grondante.
-"Ca va aller Sia, ça va aller. Je ne sais pas de quoi tu as rêvée, mais c'est terminé. Tu es en sécurité, tu es avec moi, il ne va rien t'arriver. Tu n'as besoin de t'excuser pour rien. Détends toi, ferme les yeux, laisse toi bercer par ma voix. Je reste avec toi, tu ne crains rien..."
Il continue ainsi de lui parler en espérant que ses mots, ou a défaut, son intonation arrivera à sortir un peu de cette étrange torpeur terrorisée frappant Sia. L'une de ses mains blottie dans son dos, la seconde remonte lentement à sa nuque, sa chevelure, commençant à délicatement caresser cette dernière. Et il reste ainsi, à la laisser se rassurer et se reprendre contre lui, autant que nécessaire, sans la retenir si elle souhaite partir. Sa prise est ferme autour d'elle, mais pas restrictive, et il la relâchera si jamais elle fait signe qu'elle ne supporte pas ce contact... Mais sans savoir pourquoi, Sileas a l'impression qu'en cet instant elle en a besoin, même si habituellement elle préfère garder une certaine distance.
Cette fois, je me repose réellement et je ne me réveille que tard le lendemain. Tout autour des bruits se font entendre, de douces odeurs me parvenant même aux narines. Un petit regard en direction de la fenêtre de la chambre m’indique qu’il est déjà presque l’heure du déjeuner. Mon corps est encore engourdis, mes muscles me tirent, mais je me sens bien mieux. Je pourrais encore dormir je pense, mais je sens le vide dans mon estomac si distinctif. Au moins, mon appétit est revenu.
Je relève légèrement le regard et aperçoit le visage encore endormi du blond. Je me rends alors compte que je suis dans ses bras. Même si sa prise est bien plus légère avec le fait que son sommeil détend ses muscles, à aucun moment il ne l’a relâché. Un petit sourire étire mes traits même si je ferme l’œil pour essayer de profiter encore de ces derniers instants de paix. Sileas est endormi, son contact ne me dérange pas ainsi, il semble protecteur, sa chaleur est douce et possède quelque chose de réconfortant.
Je reste ainsi plusieurs minutes avant de sentir un léger mouvement contre moi. Les bras qui me tiennent se resserrent avant qu’un petit grognement endormi ne se fasse entendre. Je souffle de manière amusée, un large sourire se dessinant sur mes traits. Je viens coller mon visage à son torse musclé tout en savourant sa chaleur. Je respire son odeur, écoute sa respiration et les battements de son cœur, profite de la douceur de sa peau. Presque instinctivement je frotte doucement mon nez contre lui et une de mes mains vient se poser sur son torse. Je me sens bien, juste bien. Je suis au calme et c’est tout ce dont j’avais besoin.
Quand je sens que l’endormi parait bien plus éveillé, je redresse la tête pour croiser son regard. Je lui offre un large sourire avant de légèrement me décoller et le laisser bouger à son aise. Les quelques souvenirs que j’ai de la nuit me reviennent et je me sens réellement reconnaissante pour ce qu’il a fait.
« Bonjour Sileas... Merci et désolée pour cette nuit... J’espère tout de même que tu as pu te reposer. »
J’essaye d’avoir l’air rassurante, qu’il ne s’inquiète pas trop, mais je n’ai pas l’impression que mes mots suffisent pour cela.
Les heures défilent, la matinée se fait engloutir. Et quand enfin il ouvre naturellement les yeux, la première chose qu'il sent et cette chaleur toujours présente contre lui. La forgeronne semble toujours dans ses bras, et quand il la sent blottir son visage puis sa main contre son torse il comprends qu'elle s'est éveillée et qu'elle n'a pas fui ce contact. Et cette pensée à quelque chose d'étrangement agréable. Savourant simplement ce contact, l'homme prends le temps d'émerger un peu plus correctement, en une poignée de minutes, alors que ses sens lui reviennent les uns après les autres. Ses muscles sont encore endoloris et tirés, douloureux. Son esprit est groggy, même si il sent qu'il s'est assez reposé. La douleur musculaire passera d'elle même en un ou deux jours, et surtout un peu de mouvement. Il ouvre son œil d'acier pour le poser sur celui de la demoiselle en souriant, soufflant à voix basse quand elle a terminé de parler.
-"Bonjour Sia... Et ne t'excuses pas, je m'inquiétais pour toi, tu n'avais vraiment pas l'air d'aller bien... Tu es sure que cela va mieux maintenant ?"
Clignant de l’œil, son regard passe de bas en haut sur la demoiselle et s'assurer qu'elle va bien. Et elle semble bien plus fraiche que cette nuit et même la veille. Légèrement rassuré, il soupire doucement avant de l'attirer à lui pour déposer un baiser sur son front en la gardant encore un petit moment dans ses bras, savourant quelques minutes supplémentaires de calme avant de lentement la libérer à contrecœur. Il aimait bien cette sensation et cette chaleur, mais la période de grâce est terminé, et il devra trouver le moyen de donner envie à la demoiselle de revenir se blottir dans ses bras, et il l'espère pour de moins funestes raisons.
Et sans la moindre gêne pour sa tenue d'Adam il vient se redresser du lit pour récupérer leurs vêtements étendus. L'avantage d'avoir tant dormi est qu'ils sont pour ainsi dire secs. Tout le linge est retiré de la corde, trié rapidement en deux piles posées sur le lit. La tâche terminée, l'aventurier récupère enfin de quoi s'habiller, remettant sous vêtements, pantalon et chemise en place. Le tout est rapidement fermé, suivi de sa veste et de ses jambières en cuir. Jouant des épaules et s'étirant avec un long grognement, il finit enfin d'émerger pour de bon, clignant de l’œil pour le poser sur la jeune femme se trouvant non loin.
-"Alors, je te propose, dans l'ordre. Déjà un petit déjeuner pour se réveiller comme il se doit et ne pas trop se brusquer. Suivis d'un passage à la guilde pour faire notre rapport et récupérer notre prime. Et ensuite, on pourra cordialement aller la dépenser, tant en nourriture qu'alcools et achats divers, qu'en dis-tu ?"
Sileas offre un sourire à Sia en finissant de parler, cachant particulièrement bien la douleur provoquée par ses muscles, histoire d'éviter de trop l'inquiéter sur son état. Tout ira mieux quand ils commenceront à bouger un peu plus.
Quand il me relâche, je regrette presque de ne plus pouvoir profiter de son étreinte. Je l’observe se lever, mon regard glissant de haut en bas sur son corps dans le plus simple appareil. Je rougis à nouveau légèrement, surtout quand mon regard se pose un peu trop bas avant de rapidement le remonter. Je ferais mieux d’éliminer cette image de ma tête.
Je me redresse à mon tour et récupère mes vêtements. Ils sont encore légèrement humides, mais largement de quoi les porter. Sileas s’occupe de dépendre le tout pendant que j’enfile ma tenue. Je l’observe faire tout du long, souriant du sérieux avec lequel il s’exécute. Je prends ensuite un long moment pour démêler ma chevelure, récupérant dans mes affaires un petit peigne pour cela. J’hésite un instant sur la façon de les attacher et puis je me décide à faire deux petites tresses sur les côtés avant de les attacher en une queue de cheval haute que je noue avec un ruban.
Le temps que je termine de me préparer, le blond a fini le tri de nos affaires. Je récupère le bandeau pour mon œil et l’attache fermement. Je tourne la tête dans la direction de l’homme quand il me parle finissant d’ajuster ma tenue qui est légèrement froissée après ce séchage improvisé. Je me dirige vers les accroches pour défaire ma corde enchantée tout en hochant de la tête.
« C’est parfait. On finit de ranger et je te suis. On récupère toutes les armes, on ira faire un tour dans une forge pour l’entretien. J’aurais tout ce qu’il faut dans celle de mon père. »
Je récupère toutes mes affaires et les armes du blond pour les glisser dans mon sac sans fond. Quand tout est prêt et que j’ai vérifié que je n’ai rien oublié, je suis l’aventurier pour rejoindre la salle à manger. Nous prenons place à une table et nous sommes rapidement servis avec un généreux brunch. Au moins, il n’a pas menti sur la qualité des repas. Sans un mot, je commence à dévorer les plats présents, ne faisant pas de distinction et souhaitant avant tout remplir mon estomac qui réclame du carburant pour alimenter mon corps.
Nous restons ainsi un moment à simplement dévorer les plats que l’on nous apporte sans rien dire. Quand j’ai terminé, je pousse un petit soupir satisfait avant de siroter doucement un thé. Je regarde le goinfre à mes côtés qui continue de remplir ses réserves en souriant. Il semble encore plus affamé que moi et avale des quantités impressionnantes de nourritures. Je finis par poser ma tasse et m’accouder à la table pour le regarder en souriant, joue contre ma paume avec un air taquin sur les traits.
« Dis, tu ne serrais pas un hybride ours par hasard ? Avec autant de nourriture, tu pourrais entrer en hibernation, je pense. »
Je ris légèrement avant de récupérer ma tasse et de continuer sur un ton plus sérieux même si chaleureux.
« Mange autant que tu veux, on ira à la guilde dès que tu as fini. Il est important de refaire le plein après de telles aventures. »
Je porte à nouveau le liquide chaud à mes lèvres pour lentement le savourer avec un air satisfait. Je me suis presque trop bien habituée à la présence de cet homme et son agréable compagnie.