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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Mar 1 Fév 2022 - 20:25 #

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    [PV : Lovis Farley] - Adoption de familier



    A la croisée des chemins, Luz trépignait. Malgré l’urgence et l’aspect dramatique de la situation, il s’agissait probablement de la mission la plus enthousiasmante qu’elle réalisait ces derniers mois au nom de l’Astre de l’Aube. Non pas pour le sujet même de la tâche à accomplir, mais bien pour l’identité de celui qui avait accepté de l’accompagner ! Car si Luz croisait régulièrement Lovis au détour des couloirs, il était fort rare qu’ils aient tous deux le loisir d’échanger plus d’une poignée de mots de politesse, les récentes festivités n’ayant en rien arrangé ce phénomène. Elle soupira. Si s’épuiser au travail faisait partie intégrante de sa personnalité, elle regrettait régulièrement de ne pas avoir davantage de temps à accorder aux personnes qui comptaient réellement. Par bien des aspects, Lovis en faisait partie. Oh, elle le connaissait très peu encore, il était évident toutefois que sa douce personnalité, ses airs d’oiseau gracieux et sa volonté de performer dans son milieu professionnel lui prêtaient toutes les qualités pour être grandement apprécié de la praticienne !

    Ainsi, voilà qu’elle en était à guetter sa chevelure blonde par-dessus les buissons qui environnaient le chemin de terre, protégeant ses prunelles du soleil froid dont la lumière tombait crument sur le sol. Il était un peu plus tard que midi, et un coursier était venu les trouver vingt minutes auparavant, déboulant en sueur dans l’aile principale de l’hôpital. Des quelques détails que Luz avait pu saisir, cinq agriculteurs avaient mis la main sur un étrange sceral dont les sabots ruinaient leurs cultures. La créature étant passablement sauvage, quoique fort bizarre et inhabituelle dans les environs directs de la civilisation, s’était révélée être une véritable teigne : elle avait eu tôt fait de blesser plus ou moins gravement deux de ses adversaires lorsque ceux-ci s’étaient risqués à la capturer. Peut-être convaincus qu’ils pourraient plus tard en tirer une certaine somme de cristaux – espoir qui n’était pas utopique au regard d’une bestiole que personne n’avait jamais vue trainer autour de la ferme. Oh, des troupeaux de sceral parcouraient souvent les plus lointaines extrémités des plaines, mais ceux-ci évitaient généralement l’être humain. De toute évidence, l’animal en colère ne faisait pas preuve d’une semblable timidité !

    Tout ceci s’était produit hier, et le groupe avait patienté 24h avant d’enfin daigner prévenir les secours, vraisemblablement persuadés qu’un rafistolage rapide des deux blessés suffiraient. Ah, Luz les connaissait, ces habitants éloignés qui par flemmardise continuaient à travailler avec deux doigts coupés, un air patibulaire sur le visage et une importante inclinaison à l’entêtement ! Elle comptait néanmoins sur la présence de son partenaire du jour pour apaiser les éventuelles tensions et gagner la confiance de leurs patients. Lovis avait ceci de fantastique que sa singulière prestance et son calme de lac tranquille apaisaient aisément les foules. Qui plus est, il y avait bien une multitude de questions qu’elle devait impérativement lui poser avant le terme de leurs missions… Etait-elle inquiète pour lui ? Pour cette sœur disparue dont il avait éludé la présence la dernière fois, lors de la fête du 1er de l’an 1002 ? Assurément.

    « Lovis ! Par ici ! le héla-t-elle en percevant sa silhouette. Si les instructions du coursier sont justes, il ne nous reste que dix petites minutes à pied à faire dans cette direction, en suivant le chemin. Tu as fait bonne route ? Tu n’as pas eu de mal à trouver ? s’enquit-elle derechef avec la pointe d’un sourire maternel. »

    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Mar 1 Fév 2022 - 23:16 #

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    Il était extrêmement rare pour toi de quitter la capitale. Tu pouvais même compter le nombre de fois que tu avais tristement dû laisser ta maison derrière sur une seule main. Deux fois. Ni plus ni moins. La dernière fois que tu avais pris des vacances étaient l’année passée pour passer du temps avec la famille. Depuis ce temps, tes déplacements se résumaient au trajet reliant ta maison à l’hôpital et ton cabinet. Mais aujourd’hui ton horaire avait été vidé afin d’accompagné Luz dans les plaines où quelques agriculteurs avaient eu une rencontre très peu agréable avec un sceral. Lorsque tes collègues ont eu vent de cette nouvelle, il va sans dire qu’ils étaient tous très surpris. Même que tu en avais entendu un faire une petite blague.

    « Lovis quitte la capitale pour se rendre aux plaines ? Il faut noter ça dans le calendrier. »

    Ce n’était rien de bien méchant, mais tu n’arrivas pas à forcer plus qu’un sourire à tes lèvres. Tu arrivais encore à offrir aux gens un sourire professionnel, mais aucune joie n’était reflétée dans tes yeux. Physiquement, tu étais présent, mais mentalement, tu étais souvent absent. Ton esprit était préoccupé par tant de choses, que tu te dis que suivre Luz à l’extérieur de la ville allait peut-être être une bonne idée. Les rumeurs qui couraient dans les rues commençaient à être étouffantes. La seule consolation que tu avais était que peu de gens était au courant de ta relation avec l’hôtesse qui était au cœur des rumeurs. Cela t’évitait de devoir répondre à des questions dont tu n’avais aucune réponse.

    Toutefois, même si sortir de la capitale te permettait de prendre de l’air frais, tu détestais encore la marche. Alors que tu manquas de perdre l’équilibre sur une roche, tu regardas le sol avec un certain dédain. Lorsque tu retrouvas l’équilibre, tu soupiras. Les belles rues égales de la capitale ne se rendaient malheureusement pas jusqu’aux terres agricoles, a ton plus grand désarroi. Scrutant l’horizon, ton regard tomba sur une chevelure écarlate, facilement reconnaissable qui n’était plus bien loin. Contournant le buisson, tu arrivas près de Luz.

    « Me voici enfin. Les instructions étaient assez précises pour que je trouve le chemin sans me perdre. »

    Ton pupitre te suivait loyalement et tu y avais déposé le chemin à suivre. Il aurait été gênant de se perdre la seconde où tu mettais le pied dehors. Au moins, tu savais lire une carte et tu étais capable de suivre des instructions. N’importe quelle brute était capable de faire cela.

    « Nous n’avons pas la même perception du temps. Dix minutes, je dois dire que c’est plutôt long et mes pieds sont en accord. »

    Tu n’étais pas du tout fait pour une vie de nomade comme certains aventuriers. Tu ne voyais pas non plus ce qui était bien attrayant à se martyriser les pieds pour se rendre à l’autre bout du royaume.

    « Avec une calèche, nous nous serions rendus bien plus rapidement. »

    Ceci dit, tu ne réalisas pas que pendant que tu râlais, vous aviez entamé un bon petit bout de chemin et que la ferme commençait à être visible à l’horizon.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Heures supplémentaires
    Mer 2 Fév 2022 - 18:26 #


    Tant bien que mal, Luz étouffa un rire au prétexte de jeter un coup d’œil sur la suite du chemin. Elle reconnaissait au moins cela à Lovis, il avait raison de se plaindre : il paraissait si peu adapté à cette route de poussière battue, ses beaux yeux verts louvoyant entre les pierres traitresses, froncés par une évidente irritation ! Avait-elle bien fait de jeter son dévolu sur lui entre tous, persuadée que l’extraire de son carcan familier lui permettrait de se changer les idées… ? Elle n’en était plus certaine à présent et craignait de devenir sa nouvelle tortionnaire. Il n’avait clairement pas besoin d’écoper d’une douzième problématique au regard de ce qu’il devait déjà vivre au quotidien… Restait que l’air frais leur chatouillait agréablement le visage, leurs cheveux battus par le lointain souffle chaud du soleil, une journée somme toute parfaite pour crapahuter dans les champs. Pas d’insecte à l’horizon – et c’était tant mieux, elle aurait eu de la peine à courir derrière un Lovis poursuivi par une nuée de guêpes amoureuses -, rien d’autre que les relents de la campagne pour les accompagner sur le chemin, une pointe aigre et salée de purin.

    « Merci d’être venu, lui répondit-elle en redoublant d’efforts pour masquer son semi sourire taquin. »

    Elle était franche néanmoins, et désireuse de comprendre ce que ce long trajet à pied signifiait pour lui.

    « Je te promets qu’aucun cadre magique ne sera dégainé aujourd’hui et que nous pourrons rapidement laisser tout ceci derrière nous pour retourner profiter d’un bon bain chaud ! »

    Une promesse peut-être plus ardue qu’il n’y paraissait à tenir, se fit-elle la réflexion en découvrant à plusieurs mètres d’eux les toits colorés des premiers bâtiments. La ferme était plutôt grande, constituée de plusieurs ailes principalement dédiées à l’agriculture. Ses propriétaires possédaient également une poignée de poules et de moutons, mais rien de comparable à un sceral. Ils devaient avoir eu toutes les peines du monde à l’attacher ! Constatant qu’ils étaient proches de débouler dans la cour, Luz s’immobilisa promptement, pivotant derechef vers son collègue pour le gratifier d’un bref contact de ses doigts sur son épaule.

    « Lovis, attends… J’ai quelque chose pour toi. »

    Ce faisant, elle avait extrait un charmant chapeau masculin de son grand sac sans fond. Elle dut se hausser sur la pointe des pieds pour déposer son trophée sur la chevelure d’or de son partenaire, un sourire satisfait sur les lèvres. Que serait Luz si elle n’avait pas ce côté malaisant, immédiatement proche et tactile, envahissante comme du foutu lierre collant ?

    « Pour te protéger du soleil. Est-ce que… Tu es sûr que tout va bien pour toi ? Tu peux encore faire demi-tour, je peux prendre en charge l’intervention si tu préfères rentrer te reposer… ? »

    Ô Luz et ses manies d’évoluer dans un magasin de porcelaine avec la sagace discrétion d’un grognours ivre mort… !

    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
    Informations
    Re: Heures supplémentaires
    Jeu 3 Fév 2022 - 4:30 #

    Heures supplémentaires


    Tu aurais bien voulu lui dire que c’était un plaisir de t’être déplacé, seulement, tu n’étais pas un menteur. Tu avais complètement horreur de voyager et tu n’étais pas à ton aise dans la campagne. Cependant, tu ne pouvais pas nier que l’air était différent de celui de la ville. Ce n’était pas une bonne chose, mais ce n’était pas une mauvaise chose non plus. C’était simplement différent et un peu de changement pourrait te faire du bien. Si Lucy avait bien voulu te donner un pouvoir te permettant de te déplacer de façon plus simple, alors peut-être que voyager aurait été plus agréable. Cela dit, la circonstance ne t’empêchait pas d’être courtois et de retourner un sourire à Luz, bien que celui-ci n’était pas aussi amusé que le sien.

    « Lorsque les faveurs sont si gentiment demander, elles sont rarement refusées. Je crois que si je devais voir un cadre magique de son sac, je ne survivrais pas assez longtemps pour profiter de ce bain chaud. »

    À ces paroles, un souvenir refait surface. Oui. Lorsque les demandes sont gentiment demandées, il est plus agréable de les accepter. Tu n’avais pas oublié que tu devais une faveur à quelqu’un qui n’était clairement pas aussi gentil que Luz. Il s’avère difficile de refuser des demandes lorsque des êtres chers risque d’en payer le prix. Cette singulière faveur était à la fois simple et difficile. D’un côté, tu étais très heureux de savoir que la demande n’exigeait pas de briser la loi. Mais elle allait briser quelque chose d’encore plus précieux. Regardant l’horizon, ton regard se voilait d’une émotion sans nom.

    Ton attention fut ramenée au moment présent lorsque tu entendis la charmante docteure interpeller ton nom. Tu te tournas vers elle, effaçant l’étrange émotion de ton visage en abordant un sourire. Que pouvait-elle bien avoir pour toi ? D’un regard curieux, tu l’observas sortir quelque chose de son sac. Elle était sincèrement une dame pleine de surprise. Pour faciliter la tâche à la demoiselle, tu te penchas pour la laisser poser le chapeau sur ta tête. C’était dommage que tu n’aies pas de miroir pour voir le joli chapeau logeant maintenant sur ta chevelure. Très légèrement, tu le replaças pour être sûre que le vent ne décide pas de voler ton cadeau.

    Tu allais la remercier pour le chapeau lorsqu’elle décida d’enchaîner avec des questions plus compliquées à répondre. Il n’y avait pas une multitude de gens connaissant ta relation avec l’hôtesse qui était aux nouvelles du jour. Mais Luz faisait partie des gens au courant, non seulement du lien de parenté, mais aussi des rumeurs de la ville. Il serait mentir que de dire que tu allais bien, en revanche, tu étais incertain si tu étais assez proche de la demoiselle pour te confier à elle. Ou peut-être avais-tu simplement peur de te confier à ce sujet sensible.

    « Je me sentirais certainement, mal de te laisser tout le travail. Et puis, je n’ai pas affronté les atroces chemins de terre pour faire demi-tour alors que nous sommes pratiquement arrivés. »

    Tu regardas la ferme qui n’était qu’à quelques mètres de vous. Il faut dire que tu l’avais senti avant de l’avoir vu. C’était dans ces moments-là que tu étais bien heureux de ne pas avoir un odorat surdéveloppé… En même temps, si tu avais ce don, peut-être que tu aurais été capable de retrouver ta sœur.

    Lorsque votre présence fut remarquée, un couple vous approcha, sûrement les propriétaires des lieux, tu te dis. Ils devaient attendre impatiemment votre présence pour soigner les agriculteurs. L’homme, supporter par ce que tu déduis être sa femme - car au nombre de ride au visage et ses quelques cheveux blancs, il était impossible qu’elle soit sa fille – prit la parole pour vous accueillir.

    « Bonjour à vous deux. Je vous remercie infiniment d’être venu dans un délai aussi court. »

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Heures supplémentaires
    Lun 7 Fév 2022 - 20:02 #


    Devant la réponse laconique de Lovis, Luz n’ajouta rien. Il faisait des efforts évidents pour conserver une once d’intonation convaincue, louvoyant pour esquiver l’information qui l’intéressait vraiment. Comment le pousser à se confier, eux qui n’étaient que d’ordinaires collègues, peu au fait de leur vie privée ? Certes, il y avait eu le festival du solstice, et puis la fête du nouvel an… Mais rien susceptible de lui offrir les clés de sa confiance, elle qui disposait d’un instinct maternel par trop déplacé. Et pourtant… Elle voyait dans l’infime affaissement de ses épaules l’ampleur d’un monde, dans la grisaille momentanée de son regard l’abîme de fantômes effacés, ce sourire qui n’étirait pas tout à fait ses lèvres jusqu’à leur plénitude car appesanti d’invisibles soucis… Elle se mordit la lèvre inférieure et se contraignit à ravaler ses mots, sentant peser dans sa gorge une curiosité trop malhabile pour l’état psychologique présent de son compagnon d’aventure. Les propriétaires venaient de toute façon déjà à leur rencontre avec la démarche claudicante d’un homme d’âge mûr largement appuyé sur l’épaule de son épouse.

    « Bonjour à vous deux. Je vous remercie infiniment d’être venu dans un délai aussi court. »

    « Caly et Mio Hewlay
    , les présenta sa femme. »

    « Avec plaisir, il en va de notre devoir. Luz Weiss pour vous servir
    , annonça-t-elle, laissant Lovis libre de faire de même. Où est le second blessé ? »

    Le statut du premier était évident, en cela qu’il se tenait présentement devant eux. L’agriculteur soutenu par sa femme disposait d’une jambe qu’il était difficile de rater : un bandage immonde avait été enroulé autour de son membre à la va-vite, exhibant un blanc crasseux mêlé d’hémoglobine. Luz grimaça intérieurement. Si la plaie n’était pas infectée, c’était un véritable miracle… Quel foutu travail de boucher !

    « Mio est têtu comme pas deux, intervint Caly -elle avait de toute évidence surpris le regard de la praticienne-, on a bien essayé d’lui dire de vous appeler plus tôt, impossible ! »

    L’homme eut un claquement de langue vindicatif, apparemment peu désireux d’étaler leurs désaccords sur la place publique.

    « Marko a plus besoin de vous que moi, trancha-t-il. La foutue bestiole l'a fait tomber sur le crâne. On va vous guider jusqu’à lui. »

    On ? Il avait effectivement désigné l’un de ses employés qui s’étaient tenus jusqu’alors sagement adossé à un mur du bâtiment. Contrairement à ses patrons, il arborait le regard méfiant d’un trentenaire persuadé d’avoir vu l’entièreté de la fourberie humaine en ses nombreuses années d’existence.

    « C’est son jumeau qui a été blessé, expliqua le propriétaire. Lui c’est Jayce, il n’est pas facile d’approche mais je vous prie de croire qu’il est fou d’inquiétude pour son frère… La famille vous comprenez, ce n’est jamais facile. »

    « On a pas eu la chance d’avoir des enfants, surenchérit sa femme. Alors pour nous ces deux-là c’est un peu nos gamins. On a un troisième ouvrier qui était là quand on a capturé le sceral, mais il était pas blessé et est rentré chez lui. »

    Elle marqua une courte pause, l’ampleur de ses prunelles posée sur Lovis et sur Luz, l’air de leur dire Sauvez Marko je vous en prie.

    « Au prix qu’on risque de vous payer, j’imagine que vous avez des pouvoirs efficaces pour soigner mon frère en un tour de main ? les héla Jayce de but en blanc, optant pour la provocation bravache. »

    Ah chouette. Le type de tempérament à retranscrire son inquiétude par de l’agressivité et à ne pas vraiment croire en la gentillesse du personnel médical…

    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Mar 8 Fév 2022 - 6:01 #

    Heures supplémentaires


    Une fois le couple arrivé à vous et les présentations faites, tu te présentas à ton tour.

    « Lovis Farley, c'est un plaisir d’être d’assistance. »

    Les gens têtus étaient les pires. C’étaient souvent eux qui se retrouvaient avec les pires blessures, mais qui refusaient d’aller voir un médecin. Ils pouvaient avoir le bras ouvert avec leur os visible et pourtant, ils préféraient rester à la maison et guérir leur blessure du repos. Si le repos était un remède miracle pour toutes les maladies et les blessures, personne n’aurait besoin d’un docteur ! Ton regard tomba sur la jambe de l’homme dénommé Mio. Visiblement, il avait fait partie de ces gens ayant décidé d’essayer de capturer la bête. Estimant rapidement l’âge de l’homme, tu te dis qu’il aurait mieux fait d’avoir fait appel à des gardes ou des aventuriers pour arrêter la créature. Et plus sérieusement, il aurait dû faire appel à un docteur la seconde où il avait brisé sa jambe. Regarder les soins médiocres administrer faisait presque plus mal que la blessure en question.

    « C’est une excellente chose que vous n’ayez pas attendue plus longtemps. »

    Le plus longtemps les gens attendaient, le pire étaient les blessures. Tu écoutas Mio expliquer la situation et te tourna pour voir Jayce. Tu ignoras son humeur des moins joyeuses pour analyser son corps et sa posture. Tant qu’à être dans le village, tu n’allais pas repartir sans t’assurer que tout le monde soit en santé. Mis à part être épris d’une mauvaise humeur, il semblait être en forme. Avec le regard dans ses yeux, tu te doutas qu’il s’ouvre à toi s’il avait des blessures. Si tu voulais avoir des réponses, tu allais avoir besoin de parler avec la charmante et très inquiète Caly.

    « Oui… La famille. Ce qu’on ne ferait pas pour eux. »

    Tu retenais un soupir lorsque le sujet de la famille fut emmené. Tu pouvais très bien croire que derrière une apparence froide se cachait un homme fou d’inquiétude pour son frère. Après tout, tu arrivais à être ce lac calme et imperturbable malgré ta tempête intérieur. Il n’y avait que très peu de chose que tu ne ferais pas pour ta famille. Même à l’extérieur de la capitale, tu devais tomber sur le sujet de la famille. Était-ce donc un signe ? Ne pouvais-tu réellement pas passer une seule journée sans avoir l’ombre de la menace te suivre ? Ne pouvant pas laisser tes problèmes personnels interférer, tu adressas quelques mots à la personne se tenant à l’écart tout en décidant de ne pas commenter sur sa réplique concernant vos pouvoirs.

    « Je compatis avec vous, Jayce. Si mon frère était blessé, je serais très inquiet pour lui. Cependant, tout comme vos plants prennent du temps à se cultiver, le corps prend du temps à se rétablir. »

    Ne voulant pas laisser le jeune homme le temps de répliquer, tu tournas ton attention vers les propriétaires de la ferme et offris ton meilleur sourire professionnel.

    « Montrer nous le chemin et nous nous assurerons de sauver votre précieuse famille. »

    Aussi rapidement qu’ils le pouvaient, les agriculteurs vous menèrent jusqu’à l’intérieur de leur demeure. Bien que cette dernière fût chaleureuse et accueillante, ton regard se posa directement sur le jumeau étendu sur le canaper. S’il n’y avait que deux blessés, alors Luz et toi pourrais facilement s’occuper d’un patient chacun.

    « Seriez-vous en mesure de nous expliquer comment l’animal vous a attaqué ? »

    Tu t’approchas de l’homme inconscient inspectant rapidement du regard les dégâts.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Lun 14 Fév 2022 - 18:00 #


    Ah c’est qu’on était tout déconfit en découvrant que la charmante tête blonde avait du répondant ! Perturbé de n’avoir pas eu le temps de répliquer, pris de court aussi sans doute face à la verve assurée de ce soigneur si propre sur lui qu’il aurait juré pouvoir aisément le malmener, Jayce dut s’enferrer dans des marmonnements irrités et conduire le duo à son frère. Ce n’était pas un mauvais bougre. Luz pouvait le voir dans l’empressement qu’il mettait à satisfaire les consignes de ses patrons, notamment les directives de Caly. Avec son tablier taché de farine et ses airs de matrone inquiète, elle avait tout de la figure maternelle qu’il était ardu de contredire ou de fâcher. Nul doute qu’elle devait avoir extirpé Jayce de nombreuses situations problématiques dues à son foutu caractère ! Elle avait d’ailleurs presque immédiatement rapporté un épais plateau de thé et de confiseries terribles pour le régime de tout humain en bonne santé – le genre à vous donner du diabète et la sensation de mourir heureux-, à tel point que Luz en sursauta presque. Etait-ce une sorte de capacité magique que l’on obtenait à partir de quarante ans ? Pouvoir nourrir n’importe quel invité instantanément avec de complètes victuailles comme au saint jour de l’an 0… ?

    Mio s’était pour sa part avachi dans un fauteuil qui avait vu plus que son content d’années. Les coutures en étaient certes élimées, le tissu épousait ses formes à la manière d’une armure reconnaissant les pourtours de son maitre. Luz s’était arrêtée à l’entrée du salon pour observer Lovis se diriger spontanément vers Marko, leur actuelle Belle au bois dormant. Il y avait quelque chose d’attendrissant à le voir se saisir derechef de l’urgence, et ce, malgré l’accueil glacial du frère intact. Cela n’entaillait pas d’un chouïa sa détermination et son professionnalisme, main de fer dans un gant de velours. Absolument convaincue que Marko bénéficiait désormais d’une parfaite prise en charge, Luz put diriger son attention vers le récalcitrant Mio.

    « Allez, vous allez m’étendre cette jambe sur la table basse et nous allons regarder ça de plus près. »

    « Mais Mark… »

    « … Est entre les meilleures mains qui soit. Vous pouvez très bien surveiller tout ça de votre fauteuil sans bouger votre jambe. »

    Il s’apprêtait vraisemblablement à refuser une nouvelle fois, mais un « Oh par tous les astres ! » offusqué de sa femme l’arrêta net dans ses velléités. A sa place, Luz n’aurait pas mené beaucoup plus large : une main sur la hanche, l’autre brandissant le plateau à présent vide, les billes rondes de ses prunelles paraissaient vouloir s’extraire de leurs orbites pour déchainer l’apocalypse sur la calvitie croissante de son mari. L’homme se racla exagérément la gorge, et tout en abdiquant, débuta sa réponse à la question précédemment posée par Lovis :

    « Ça faisait depuis plusieurs jours qu’on découvrait certaines récoltes abimées le matin. On a bien des ruminants qui envahissent les champs de temps en temps ou d’autres animaux plus petits comme du gibier qui saccagent les bordures… Mais là, vous auriez vu les dégâts… Nous nous sommes sincèrement demandés si un sanglier des montagnes ou un grognours ne s’était pas égaré ! »

    Il dut retenir son souffle lorsque Luz entreprit d’ôter l’affreux bandage en partie collé aux chairs boursouflées de sa jambe. Jayce profita de cette accalmie pour s’extraire de son silence boudeur et reprendre la suite de l’histoire :

    « J’vous l’avais dit que c’était un truc beaucoup plus gros ! Les traces de sabots étaient énormes, vous l’avez pas vu comme on l’a vu Marko et moi ! »

    « Nous avons effectivement essayé de le coincer hier matin grâce à des appâts. Vous comprenez, la saison n’a déjà pas été très généreuse avec les plantations sans qu’un animal sauvage ne vienne ruiner nos efforts… La bête est sortie de la brume comme un beau diable. »

    « Ils l’ont calmée avec des pommes
    , surenchérit Caly. »

    « Le temps d’aller chercher des cordes. Sauf qu’elle est devenue totalement incontrôlable quand les cordes se sont enroulées autour de son garrot… »

    « Mon frère a fait un vol plané en arrière. »

    « … Et je me suis pris une ruade droit dans la jambe. »

    « Comment l’histoire s’est finie ?
    s’enquit Luz qui s’était laissée prendre au suspens de cette narration à trois voix. »

    « C’est ma douce Caly qui a tranquillisé le sceral et elle est parvenue on-ne-sait trop comment à l’amener jusqu’à la grange pour l’y enfermer. »

    Oui, confirma Luz intérieurement. Mieux valait ne jamais vexer Caly.

    « Mon frère va s’en sortir… ? »

    La question avait fusé dans le léger silence, d’une voix méconnaissable pour le Jayce aperçu jusqu’alors. Revivre ce tragique accident au travers de ce récit avait ravivé ses angoisses et ses intonations s’étaient courbées d’une profonde inquiétude. Il fixait Lovis tel un enfant désireux d’être pris en charge par un adulte réconfortant, abandonnant provisoirement à ses pieds son masque de nigaud provocateur.

    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Mer 16 Fév 2022 - 6:05 #

    Heures supplémentaires


    D’une oreille distraite, tu écoutas le récit raconter par trois personnes différentes. Tu n’avais aucune idée comment la charmante femme de Mio avait réussi à calmer la bête ayant causé autant de dommage, mais ils étaient chanceux d’avoir une femme comme elle. Sans elle, ces hommes auraient facilement pu avoir plus de blessures. Ouvrant ton sac, tu sortis un coffre contenant les outils nécessaires pour remettre n’importe qui sur pied. Tout en écoutant ce qui se disait derrière toi, tu examinas la tête du jeune homme inconscient. Doucement, tu repoussas sa chevelure pour avoir une meilleure vue sur son crâne. Tu ne voyais aucune plaie ouverte, ce qui était bon signe. Tu continuas ton analyse au niveau des oreilles cherchant une fuite de fluide ou une quelconque décoloration de la peau. Jusqu’à présent, tous les signes indiquaient que la blessure n’était pas aussi grave qu’elle ne le paraissait. Ouvrant les paupières de ton patient, tu comparas ses pupilles et hochas la tête satisfait de voir qu’elles étaient égales.

    « Oui. Vous n’avez rien à craindre, votre frère se réveillera. La chute semble l’avoir bien assommé, mais je serais en mesure de le soigner. »

    Bien que le coup à la tête fût moins grave que ce que le trio croyait, il restait tout de même quelques ecchymoses et blessures qui semblaient inquiétantes. Sortant de ton coffre des ciseaux, tu commenças à couper le chandail du patient pour dévoiler le reste des blessures. Tu ne savais pas s’il était attaché à ce chandail, mais le retirer aurait été trop compliqué et tu préférais le bouger le moins possible. Tu pouvais entendre le frère commencer à te demander ce que tu faisais, mais tu levas la tête vers lui pour lui expliquer que tu ne faisais que ce qui était nécessaire pour aider Marko.

    « Je vous donnerais une compensation pour le chandail. »

    Une fois le reste du torse visible, tu pouvais voir que son épaule n’était pas à sa place. Tu allais devoir la replacer. C’était peut-être mieux qu’il soit inconscient après tout. Dans son vol planer, il avait dû glisser sur la terre sur quelques mètres. Il avait des éraflures et la peau sur ses cotes avait commencé à perdre sa teinte de rouge pour devenir d’un mauve bleuté. Tu commenças alors à sortir ce dont tu avais besoin pour nettoyer et désinfecter les plaies. Une égratignure à la fois, tu passais un linge imbiber d’alcool pour enlever toute impureté. Heureusement qu'aucune plaie avait besoin de se faire coudre. Tu ne voulais pas t’imaginer ce qu’ils auraient fait après avoir vu le bandage médiocre de Mio. Une fois le tout désinfecté, tu sortis un pot contenant un baume mélangeant à la fois l’herboristerie et l’alchimie permettant de guérir plus rapidement les blessures mineures.

    « Souhaiteriez-vous m’aider ? »

    Tu demandais rarement de l’aide, mais puisque Jayce fixait son frère si intensément, tu te dis que l’occuper ferait du bien à son mental.

    « C’est pas vous l’expert ? »

    « Ce n’est pas une obligation. Mais, lorsqu’il se réveillera, je crois qu’il sera content de savoir que vous avez aidé. »

    Ne pouvant pas répliquer à cela, le jumeau s’approcha, incertain de savoir comment aider. Tu lui expliquas que tu voulais placer ton patient dans une position assise pour continuer les traitements dans son dos et appliquer un bandage ensuite. Tu montras à Jayce ce qu’il avait besoin de faire et rapidement, Marko se trouva dans la position idéale pour le reste des soins. Au bout de plusieurs longues minutes, la seule chose qui restait était cette fâcheuse épaule disloquée. Tu n’avais pas oublié la présence de Luz, mais tu ne pouvais pas lui accorder ton attention avant d’avoir terminé avec ton patient.

    « Pardonnez-moi, Caly, mais serait-il possible d’avoir un verre d’eau ? »

    « Absolument, donnez-moi une seconde. »

    Contrairement à ce qu’elle pouvait penser, ce verre n’était pas pour toi. Il était pour le jeune homme inconscient. Tu allais t’apprêter à replacer le membre à la bonne place et tu te doutais que cela allât le réveiller. Après tout, la douleur n’était pas plaisante. Posant ta main sur l’épaule et l’autre dans le dos fraîchement pansé, tu remis le tout en place dans un bruit sourd. Un grognement mécontent s’échappa du jeune homme t’indiquant qu’il s’était maintenant réveillé. Tu aurais bien aimé le réveiller en douceur, mais la douleur n’aurait pas été moins présente.

    « Bonjour Marko. Re-bienvenu parmi nous. »

    Tu le laissas se placer plus confortablement avant de laisser la place à Caly qui s’était presque jeté sur celui qu’elle considérait comme un fils. S’ils étaient heureux, alors tu l’étais aussi. Tu t’étiras un peu avant de lancer un sourire satisfait vers Luz. Voilà une histoire de famille qui avait une fin plus heureuse que la tienne.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Ven 18 Fév 2022 - 11:01 #


    « Par les royales couilles des Renmyrth ! geignit immédiatement Marko avec la voix pâteuse d’un cadavre revenu d’entre les morts. »

    Probablement voulut-il porter la main à son front, mais celle-ci s’immobilisa à mi-course, déchirée par la direction à prendre tant l’ensemble de son corps lui paraissait être passé sous le rouleau compresseur d’une poutre entière. En l’occurrence, il s’agissait plutôt d’un sceral déchainé ! Les métaphores n’avaient toutefois jamais été son fort. Et puisque ses gémissements se transformaient en plaintes articulées d’insultes au destin tandis qu’il reprenait possession de ses membres endoloris, Luz glissa un clin d’œil à Lovis, admirative de l’efficacité de son travail. Jayce en avait même oublié de râler pour se précipiter au chevet de son frère, cachant à grand peine plusieurs larmes de soulagement.

    « Et voilà pour vous. Interdiction de trottiner partout dans les prochaines semaines, nous vous ferons livrer des béquilles demain. Et avec ceci… »

    Elle se redressa, posant un œil satisfait sur l’attelle et le bandage propre qui maintenait désormais en place la fêlure de sa jambe. Armée de sa scribouilleuse, elle n’eut qu’une liste de consignes à dicter, alternant conseils et remèdes à prendre face à un Mio qu’elle savait récalcitrant.

    « … Et je donne ceci à votre femme, lui précisa-t-elle avec la malicieuse conviction que Caly saurait lui rappeler ses devoirs. Je compte sur vous pour ne faire aucune folie ! »

    Si la magie de Vol vie aurait permis au vieil homme de retrouver rapidement un semblant d’ardeur, les traumatismes pouvaient parfois perdurer et causer de plus importants dégâts psychologiques : mieux valait le laisser récupérer naturellement au regard d’une fêlure qui n’était en réalité pas trop dramatique. Qui plus est, Luz avait dans l’idée qu’enseigner une once de leçon à ces deux idiots persuadés d’être immortels au point d’aller confronter sans aide un sceral puis de refuser d’appeler les secours, ne serait pas inutile. Elle achevait donc de s’essuyer les mains lorsque Caly attrapa les gâteaux déposés sur la table pour les brandir sous le nez de Lovis.

    « Oh je vous en prie, servez-vous ! Merci, infiniment merci pour votre travail ! Vous prendrez bien un peu de thé avant de repartir… ? »

    Elle avait, ce faisant, enroulé ses doigts autour de son poignet, l’infinité d’un espoir au fond des prunelles, plus collante et maternelle qu’une moule à son rochet. Riant à demi, Luz ne résista guère à l’opportunité de taquiner son confrère :

    « Allons, oui, Lovis, qui résisterait face à pareilles sucreries ? »

    « Combien vous doit-on ?
    les interrompit Mio. »

    Ah, il n’était pas propriétaire et commerçant pour rien ! Il songeait derechef à la facture, et non à l’entier soulagement. Luz avait cependant de la suite dans les idées, et une étincelle fugace longea le vert de ses iris.

    « Nous vous ferons parvenir la facture, mais selon vos revenus vous bénéficierez sans doute d’une conséquente diminution des coûts grâce aux aides proposées par l’Astre. Dans certains cas les patients n’ont même rien à débourser. Laissez-moi en outre ajouter une autre question : que comptez-vous faire de ce sceral ? »

    « Franchement, je ne sais pas quoi vous dire. La bête est blessée, elle s’est éraflée contre la clôture dans son chahut, et on ne pourra sans doute pas la déplacer… »

    « Blessée ?
    répéta Luz, un vif coup d’œil coulé à Lovis. »

    « Sur le jarret ouais
    , intervint Jayce. »

    « La grange est juste là si vous voulez jeter un coup d’œil. »

    Il désigna une porte à l’extrémité du salon donnant vraisemblablement sur l’aile de la bâtisse accueillant les stocks. Cette fois, ce fut à Lovis que Luz s’adressa. Elle s’était approchée d’un pas souple, baissant doucement le ton de sa voix, consciente qu’il n’était pas particulièrement friand de ce type de danger.

    « Est-ce que… Est-ce que tu accepterais de m’assister pour soigner cet animal ? Je peux garantir notre sécurité si tu acceptes de me faire confiance. La deuxième branche m’en voudrait si je fermais les yeux sur de la souffrance animale. »

    « Il est plutôt calme
    , songea Caly à haute voix. Je l’ai attaché avec une corde à côté de notre jument, Trognon. C’est une belle bête placide, elle, et je crois que ça apaise le sceral. »

    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Ven 18 Fév 2022 - 16:04 #

    Heures supplémentaires


    Y avait-il une quantité infinie de sucrerie dans la cuisine ? Il était incroyable de voir Caly entrer dans la cuisine les mains vides, puis ressortir avec une pâtisserie à chaque fois ! Avait-elle une armoire enchantée qui cuisinait ces desserts au besoin ? Tu ne le savais pas, mais une chose est sûre, il était difficile de refuser la dame. Surtout lorsque le gâteau est sous ton nez et que Luz encourageait Caly. Avant que des miettes ne tombent sur tes vêtements que tu avais réussi à garder propre, tu pris le gâteau avec un sourire.

    « Comment pourrais-je vous refuser ? »

    À peine avais-tu terminé ta phrase que la gentille dame retourna à la cuisine pour chercher la théière qu’elle avait déjà préparée et des tasses. Tout en dégustant le gâteau, tu écoutas l’échange entre ta collègue et Mio. Remarquant le coup d’œil rapide de la docteure en ta direction, tu masquas un soupir en prenant une gorgée du thé que Caly avait terminé de préparer. Tu comprenais où allait cette conversation et tu n’aimais pas cela. Guérir un animal et soigner un humain n’étaient pas la même chose. Tes études avaient été axées sur la médecine humaine et non animal.

    « Je te fais toujours confiance, ma chère. »

    Terminant la collation, tu déposas la tasse sur la table.

    « Au moins, s’il est déjà calme alors ce sera plus facile de l’aider. »

    L’idée de te retrouver dans le même état que Marko ou Mio n’était pas agréable, mais tu avais confiance en Luz et ses capacités à assurer votre sécurité en cas de besoin. Aurais-tu dû amener ton arme avec toi ? Non. Quel genre de docteur se ramenait chez un patient avec une arme ? N’était-ce pas un peu… Barbare de se pointer chez quelqu’un armé ? Et pointer son arme sur l’hôte de la maison était encore plus sauvage ! Enfin. Cela n’était arrivé qu’une seule fois. C’était une fois de trop et tu espérais que cela ne se reproduirait plus jamais. Secouant la tête légèrement pour chasser ces idées, tu remballas ton équipement et t’adressa aux blessés.

    « Puisqu’il est très peu recommandable que vous chassez cette bête de vos terres par vous-même, nous nous occuperons de soigner l’animal et de la ramener au bon endroit. »

    Tu n’avais pas non plus envie que Jayce décide de s’occuper de cette situation. Cela vous obligerait presque à revenir. Même si le thé et le gâteau avaient été excellents, la route ne l’était pas.

    « Les dames d’abord. »

    Tu suivais Luz de près, ne laissant à peine qu’un bras de distance vous séparer. Une fois dans la grande pièce, tu frissonnas. C’était beaucoup plus frais ici que dans le salon. Un bruit attira ton attention et tu remarquas la bête couchée au sol. Même coucher, cette créature était énorme. Elle était calme et majestueuse, mais elle restait un animal très grand.

    « C’est une chance que personne ne s’est fait empaler par ces cornes. Je me demande bien comment Caly a réussi à le calmer. »

    Peut-être pouvait-elle parler avec eux ? Ou son charme naturel affectait aussi les animaux. Avec réticence, tu t’avanças vers le scéral cherchant des yeux l’éraflure.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Jeu 24 Fév 2022 - 11:42 #


    L’odeur du foin se mêlait subtilement aux fragrances plus acidulées d’autres végétaux stockés. Le bois soigneusement entretenu de la grange accueillait leurs semelles avec un parterre moelleux de paille dans lequel étaient également vautrés les deux animaux. Si Trognon était en soi impressionnante par sa stature et la largesse de son poitrail, utilisée par ses maitres pour tirer les charrettes et outils nécessaires à l’agriculture, elle faisait malgré tout pâle figure en comparaison du sceral. Celui-ci était immense, même ainsi allongé sur le sol ! Son pelage cuivré était broussailleux de boue et d’intempéries, mais cela ne suffisait pas à masquer l’étonnant réseau de zébrures sombres qui décoraient sa robe à l’aune de ses pattes. Bien entendu, il était en contrepartie difficile de décrocher le regard des cornes magistrales qui lui ceignaient le front à la manière d’un cervidé, tortueuses branches aux nœuds amples et lourds, dont les pointes s’apparentaient aisément à de parfaites lances aériennes. Aussitôt qu’il les vit s’approcher, l’œil torve se mua en une lueur inquiète, et l’animal bondit pesamment sur ses jambes, renâclant bruyamment dans l’espace clos. Son sabot vint gratter violemment le plancher dans un avertissement compréhensible par-delà le langage…

    Pourtant sa croupe tremblait. Impossible de ne pas voir le mauvais état dans lequel ce sceral se trouvait, de toute évidence peu habitué à l’existence sauvage. Ses libres cousins qui arpentaient les plaines plus au sud ne paraissaient pas rencontrer ce type de problématiques… Mal nourris, maigre au point qu’il était facile de déceler l’arrête des côtes sous le poil, les crins plus emmêlés qu’une pelote de laine après le passage d’un coeurl, il faisait peine à voir sous les couches de crasse. Une longue coupure marquait en outre son jarret droit et sa patte demeurait suspendue dans les airs, refusant pour l’heure d’en poser le sabot sur le sol.

    « Il y a quelque chose d’étrange… formula Luz à haute voix, les sourcils froncés sur ce mystérieux instinct qui agaçait sa concentration. »

    Elle s’était avancée, soudainement oublieuse de la présence de Caly et de Lovis, ignorante de la distance qui la séparait encore du farouche animal. Quel était ce… Tiraillement ? Ce magnétisme ambivalent qu’elle saisissait dans les iris affolées du sceral, cette perception diligente de sa souffrance ?

    « Mais tu… ! commença Luz, une vive surprise perceptible dans sa voix. »

    Elle n’eut guère le temps d’achever sa phrase, que la mâchoire de la bête se refermait brusquement sur son épaule dans un « chomp » audible et guttural. Luz ne reprit son souffle que trois impossibles secondes plus tard, découvrant qu’aucune douleur ne fusait de l’endroit touché : les dents plates de l’animal avaient certes rencontré la solidité de son armure de la Malepeste sous ses vêtements, il n’avait mis pour autant aucune force hostile dans cette drôle de salutation. Absolument peu désireux de la lâcher, le sceral avait entrepris de mâchouiller tranquillement son armure, un long filet baveux marquant progressivement ses vêtements et collant ses cheveux flammes à son visage.

    « Euuuurk, eut-elle pour première réaction frappante de sagacité et d’indignation. »

    Sans doute Lovis et Caly comprendraient-ils par cette onomatopée appétissante qu’elle allait bien ! Hésitante, elle avait cependant relevé les bras autour du cou de l’animal, gratouillant prudemment la peau chaude et le crin dru.

    « Je… Crois qu’il est calmé. Je ne saurais le dire avec certitude, mais il m’a tout l’air d’un familier perdu sans son propriétaire… J’ai senti quelque chose. »

    C’est qu’une ménagerie l’attendait déjà à la Volière aux dragons ! Il lui était devenu plutôt aisé de sentir cette électricité latente susceptible de s’épanouir entre deux êtres, même au cours d’une journée aussi imprévisible que celle-ci.

    « Lovis ? reprit-elle d’une toute petite voix ourlée d’espoir. Je ne peux pas bouger pour le moment… Il me semble qu’il se laissera faire si tu peux jeter un œil à cette affreuse coupure ? Je ne vois rien d’ici… »

    Quel fiasco ! Impossible d’aider son collègue dans ces conditions, condamnée à le regarder agir, les épaules affaissées par l’impuissance de sa prison dégoulinante. Elle ne voulait pas non plus prendre le risque de contrarier la bête qui s’était visiblement attachée à elle par une attaque ou un objet supposé le repousser.

    « Si tu bouges, je te transforme en croquettes, avertit-elle l’imposante bestiole avec toute l’autorité dont elle était capable. Ou en tapis de bain. C’est pire le tapis de bain. »

    « Si vous conservez le sceral, nous pouvons peut-être vous garder en échange, Docteur Farley… ?
    intervint Caly, une nuance de taquinerie maternelle dans la voix, un air à moitié sérieux en parallèle. Nous aurions grand besoin d’un soigneur à plein temps dans notre métier... Et manger mes bons petits plats vous remplumerait un peu, ajouta-t-elle d'un œil critique. »

    Elle s’était dirigée sans attendre vers le sceral, posant la paume de sa main sur sa croupe, assurément dotée de l’aplomb d’une matrone qui ne se laissait pas dicter sa conduite par les êtres sous sa responsabilité.

    « Il vous faut une assistante ? J’ai raccommodé une ou deux fois mon bougre de mari et les garçons par le passé. »


    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Ven 25 Fév 2022 - 21:16 #

    Heures supplémentaires


    Dès que l’animal bondit sur ses pattes, tu arrêtas tout mouvement et observas la bête sur tes gardes. Après un tel mouvement, tu n’étais pas certain si approcher l’animal était une bonne idée. Caly avait dit que le scéral était calme, mais avec votre apparition dans la grange, ce calme avait été perturber. Il ne semblait pas aimer votre présence, mais il resta dans son coin. Peut-être était-ce à cause de la blessure ? Ou parce qu’il ne vous voyait pas exactement comme une menace. Tandis que tu préférais observer l’état de la créature, Luz s’approcha de l’animal.

    « Oui ? »

    Peut-être dans son angle, elle pouvait voir quelque chose que tu ne voyais pas. Avec précaution, tu t’approchas de quelques pas pour tenter de comprendre ce qui était étrange. Était-ce le visage de la créature ? Y avait-il quelque chose d’anormal ? Tu ne t’y connaissais que très peu au sujet des animaux, alors tes yeux n’arrivaient pas à déceler l’anomalie. Prenant un autre pas vers l’animal gigantesque, tu sentis la main de Caly se poser sur ton coude. Haussant un sourcil, tu tournas ta tête vers la dame te demandant ce qu’elle pouvait bien vouloir. Cependant, avant qu’elle ne puisse te dire ce qui la tracassait, la bête décida de refermer sa mâchoire sur l’épaule de ta collègue.

    « Luz ! »

    C’était horrible ! De tous les scénarios possibles, tu ne t’attendais pas à devoir regarder la directrice de l’Astre se faire manger par le scéral. Tu t’approchas de la rouquine, prêt à lui venir en aide, mais ce que tu entendis n’était pas des cris de douleur. Un son de dégoût s’échappa des lèvres de la dame et tu devins confus un instant. Eurk ? Pas ouche ? Voyant le bras de Luz se lever pour grattouiller le pelage de l’animal, tu en déduis qu’elle allait bien. Du moins, son épaule ne semblait pas lui faire mal si elle pouvait bouger son bras ainsi.

    « Par Lucy ! Tu m’as fait une de ces peurs. Tu dois faire plus attention. Sinon, mon cœur ne tiendra pas longtemps. »

    Ce qui serait bien dommage. Avec ton jeune âge, tu avais une longue vie devant toi… Enfin. C’était relatif. Entre Luz qui semblait être devenu la collation du scéral et la situation avec ta sœur, tu avais l’impression que ton cœur allait sauter hors de ta poitrine. Après un long soupire, tu retrouvas ton calme exemplaire.

    « Très bien, je vais m’occuper du scéral. Mais par précaution, j’examinerais ton épaule ensuite. »

    L’idée de rester sur la ferme avec Caly te faisait sourire. Elle était une femme gentille avec un cœur en or. L’idée d’avoir quelqu’un lui cuisinant des plats n’était pas déplaisante, mais l’idée d’être sur une ferme… Tu préférais l’air de la capitale et ses routes en pierre égale. Cependant, elle marquait un point. S’ils avaient dû se rendre jusqu’à la capitale pour un docteur, il ne devait pas en avoir un dans le village. Ce n’était pas idéal. Tu n’avais pas le temps de te pencher sur ce problème à l’instant, mais tu gardas l’information en tête.

    « Puisque ma collègue est un peu occupée, alors je vais accepter votre aide. »

    Avec l’aide de Caly, tu examinas la blessure. Celle-ci n’était pas très profonde, mais il était difficile d’en être sûr avec le poil encombrant ta vision. Avec la fourrure cachant l’éraflure, le mieux serait de raser autour, puis de nettoyer le sang séché avant de bien analyser le tout.

    « Vous n’auriez pas, par hasard, quelque chose pour raser un peu l’animal ? Et une bassine d’eau serait utile. »

    « Oui bien sûr. »

    Elle retourna vers la porte que vous aviez traversée un peu plutôt et quelques minutes, plus tard, elle revint avec les bras pleins. Jayce n’était pas bien loin derrière, aidant Caly à tout transporter. C’était… Plus que ce que tu avais demandé.

    « Je crois qu’avec tout cela, nous pourrons soigner le scéral sans problème. »

    Retroussant tes manches, tu commenças à te mettre au boulot dictant à Caly ce dont tu avais besoin. Entre temps, tu jetas un coup d’œil à Luz pour s’assurer que tout allait toujours bien de son côté.

    « Il ne t’a pas encore mangé la tête ? »

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Mer 2 Mar 2022 - 18:21 #


    « Hmfffmonoffoo, répondit Luz fort aimablement à la question de Lovis. »

    Les lèvres méticuleusement verrouillées pour échapper aux filets de salive conquérants, Luz voyait disparaitre une partie de son visage entre la mâchoire inquisitrice de l’animal.

    « Mais tu me… Broutes les cheveux ?! s’insurgea-t-elle en découvrant le pot aux roses. »

    Avec un grommèlement de tous les diables et une insulte digne des plus grands truands des Archipels, Luz entreprit de se tortiller à la manière d’une anguille royale pour échapper à la dévotion croissante de l’animal. Royal ? Le qualificatif paraissait périmé tant elle n’avait plus rien d’une dame, et tout de la serpillère après l’ouvrage… Assurément, ni son collègue ni la joyeuse famille qu’ils venaient d’aider ne s’étaient attendus à entendre voler de tels noms d’oiseaux dans la pièce, voix gutturale issue d’une si jolie bouche. Caly lui retourna même un prompt regard, ouvrant de gros yeux incrédules. Qui partirent finalement en éclat de rire.

    « Sa tête est toujours là, traduisit-elle pour Lovis. »

    Restait que les soins progressaient vite et que le sceral ne prêtait aucune attention aux tiraillements sur son jarret. Luz trouva du réconfort dans cette pensée, étant pratiquement parvenue à dégager son épaule de l’imposante dentition.

    « T’nez, marmonna Jayce en lui tendant une flopée de carottes et de pommes. »

    S’il avait conservé son air renfrogné, l’once de moquerie qui rôdait à la lisière de son regard était plus qu’explicite. La praticienne n’avait cependant pas le loisir de se montrer tatillon sur l’aide apportée, aussi le remercia-t-elle du bout des lèvres pour mieux troquer sa silhouette contre les nouvelles friandises. Le subterfuge fonctionna : à l’image d’un jeune poulain épuisé et égaré, l’animal fut en joie de recevoir cette démonstration d’affection.

    « C’est une femelle, précisa Jayce, jugeant probablement utile d’inciter Luz à troquer ses « Espèce de vieux tapis de bain ! » par quelque chose de plus seyant. »

    « … Plus bornée qu’un champignon toxique ma parole !
    poursuivit cette dernière. Espèce de morille ! »

    Heh, au moins avait-elle écouté son conseil ! Enfin libre, elle put reculer d’un pas précautionneux et constater l’état déplorable de ses vêtements. Fantastique. La salive n’allait pas tarder à sécher pour la laisser fossilisée dans du tissu rêche et pratiquement solidifié. Morille – puisque c’était ainsi que Luz avait décidé de la nommer pour le restant de ses jours – avait pour sa part pivoté vers son médecin soignant du jour à présent que les soins étaient achevés, mastiquant une pomme avec un air absent. Elle ne tenta heureusement pas de le gober, mais tendit son museau dans la direction de Lovis, flairant l’homme et ses outils.

    « Vous devriez pas trop trainer, le soleil se couche tôt en cette saison. »

    Jayce se prit immédiatement un regard noir de la part de Caly. Quelque part, Luz pouvait le comprendre, en cela que leur présence dans la ferme lui rappelait qu’un incident grave s’était produit. Il était qui plus est assuré de voir disparaitre le sceral responsable avec leur départ, de même que passer du temps seul à seul avec son frère lui procurerait le plus grand bien. Ledit sceral était désormais presque docile, se contentant de chercher à mâchonner tout ce qui trainait trop près de son museau, suivant Luz dès lors qu’elle tirait sa longe…

    « Vous ne partirez pas sans un panier repas de ma confection, foi de Caly ! Bougez pas d’ici ! »

    Et soudain, ils furent seuls dans la grange, plongés dans un drôle de silence après toute cette animation désastreuse. La rouge se tourna donc naturellement vers Lovis, profondément embêtée par la tournure des évènements :

    « Merci beaucoup pour ton soutien avec Morille… Je suis désolée de nous avoir entrainés dans un pareil bourbier, si j’avais su que cette mission comprendrait également du gobage de sceral, j’aurais tâché de t’en tenir éloigné ! »

    Elle voulut lever une main, effleurer son épaule d’une embrassade tactile traduisant sa reconnaissance. Mais se souvint juste à temps que Lovis n’avait vraisemblablement pas très envie d’être touché par un glooby gélatineux mâché par une sceral paresseuse.

    « Je… Crois que j’ai tout gâché, avoua-t-elle. Je voulais te changer les idées et voilà que je t’ai ajouté pas mal de soucis… »

    Elle releva succinctement les yeux dans ses prunelles d’un beau vert bleu attentif.

    « … As-tu eu des nouvelles de ta sœur… ? »


    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Mer 2 Mar 2022 - 23:28 #

    Heures supplémentaires


    En général, tu n’aimais pas être dérangé lorsque tu administrais des soins à des patients. Tu n’étais pas encore certain si le sceral pouvait compter pour un patient, mais celui-ci, ou plutôt celle-ci, était blessée et avait besoin de soin. Avec l’aide de Caly, les traitements furent rapides, mais en entendant le vocabulaire coloré et varié de ta collègue, tu t’arrêtas un instant pour l’observer. Si elle était encore capable de parler avec autant de… Splendeur, elle avait encore une tête. Même si celle-ci n’était pas très chic. En terminant les soins, tu te dis que le sceral avait sûrement faim. C’était peut-être pour cette raison que l’animal avait été attiré par les terres agricoles. Se faire interrompre durant sa collation n’avait pas dû être agréable, causant des blessures à plusieurs. Tu n’étais pas sûre comment Caly l’avait calmé, mais quelque chose te dis qu’elle avait dû l’attirer dans la grange avec quelque chose de plus appétissant qu’une pomme.

    Tu pouvais dire qu’aujourd’hui avait été une journée différente que les autres. Soigner des gens était dans ton habitude, mais soigner un animal était hors du commun. Et après avoir vu Luz se faire manger, l’idée de devenir vétérinaire était loin de t’intéresser, même s’il faut dire que l’idée ne t’avait jamais traversé l’esprit. Tu observas Caly retourner à sa cuisine d’un pas presser et Jayce retourner auprès de son frère. Après une journée comme celle-ci, un peu de silence était apprécié.

    « Alors tu as décidé de nommer le ‘tapis de bain plus bornée qu’un champignon toxique’ Morille ? »

    Remarquant qu’elle avait donné un nom à la créature, un sourire s’afficha sur tes lèvres.

    « Tu n’as rien gâché. Cette petite excursion a pu effectivement changer mes habitudes. »

    Personne ne pouvait prévoir le futur. Personne ne pouvait savoir que tu aurais eu à panser les blessures d’un sceral. Et puis… Si soigner des gens était un souci, alors tu serais un très mauvais docteur. Il était gentil de sa part de vouloir te changer les idées et remonter ton moral. Alors que vos regards se croisent, elle te pose une question qui te laisse silencieux un moment. Ironique. Elle veut te changer les idées, mais elle emmène le sujet qui te préoccupe le plus ces temps-ci. Ton sourire s’efface et tu ne sais pas quoi lui répondre. Enfin, tu ne sais pas quoi affirmer. La réponse la plus simple serait non. Tu n’avais pas de nouvelle. Tu n’avais absolument rien. Même si tu lisais le journal, tu ne trouvais rien. Pas une rumeur pouvant indiquer la présence d’une jeune femme ressemblant à ta sœur à un endroit quelconque du royaume. Elle s’était complètement volatilisée du jour au lendemain.

    « C’est une question difficile. Avec une réponse tout aussi difficile. »

    Après la visite surprise de celui qui s’appelait le Non-Mort, tu pouvais comprendre un peu la raison de sa disparition. Tu pouvais comprendre aussi la raison pour laquelle elle ne t’avait pas laissé, ne serait-ce qu’un mot. Cependant, même si tu comprenais, c’était blessant.

    « Essayer d’avoir de ses nouvelles risque d’être difficile. Encore plus difficile que trouver une aiguille dans une botte de foin. »

    Si elle fuyait quelque chose, ou quelqu’un, elle n’allait sûrement pas prendre le temps de t’écrire une lettre. Même lorsqu’elle ne fuyait rien, elle n’avait pas l’habitude de garder contact.

    « Nous n’avons pas toujours été proches… Entre ses mille et une aventure autour du royaume, et mes journées occupées, nous nous voyions que lorsqu’elle avait besoin de se faire soigner. »

    Peut-être avais-tu été un mauvais frère ? Si tu avais été plus près d’elle, est-ce que les choses seraient différentes ? Tu n’as pas le temps de réfléchir bien longtemps que Caly est de retour avec deux paniers.

    « J’espère que je n’ai rien interrompu. Voilà pour vous deux, si ce n’était pas de vous, je ne sais pas ce que j’aurais fait. »

    Elle tendit un panier vers Luz, puis un deuxième vers toi.

    « Ce fut un plaisir de vous venir en aide. Merci infiniment pour ce cadeau. »

    Il était presque dommage de devoir partir. S’ils vivaient dans la ville, il serait plus facile de surveiller leur état. Contrairement à une certaine aventurière aux cheveux bleus, tu ne pouvais pas venir faire une visite en soirée après une journée de travail.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Jeu 3 Mar 2022 - 12:06 #


    Aah… Que signifiait être proche de sa famille ? Nevaeh avait-elle été une illustre inconnue pour Lovis durant toutes ces années ? N’avaient-ils conservé leurs liens que par la force imposée du sang ? Comme toutes les interrogations posées ce jour, la question était complexe. Parfois, grandir avec la personne ne suffisait pas à la connaitre et l’on pouvait fréquenter quelqu’un toute sa vie durant sans même effleurer sa véritable nature. Luz se remémorait toutes ces histoires de maris ou d’épouses trompés, découvrant après quarante ans la double vie de leur compagnon. Ce n’était qu’un exemple stéréotypé de ce phénomène, mais il était le parfait témoignage de la dualité profonde de l’être humain. Qui était réellement Nevaeh ? Quel drame avait bien pu se produire ce jour lointain, conduisant à sa fuite éperdue ? La rouge n’était pas certaine de connaitre complètement ce bon vieux Jack. Certes, l’homme était incroyablement sympathique et elle le jurerait incapable de faire du mal à un glooby, mais la réalité était parfois beaucoup plus nuancée. Et si… La faute incombait à la jeune femme ? Si une dispute avait éclaté entre eux, un conflit croissant qui avait pris une drôle de tournure au fil des racontars ? Après tout, le Conseiller réalisait jusqu’à présent une brillante carrière et venait de surcroit d’obtenir un titre dans la noblesse. Son âge et sa réussite devaient suffire à lui attirer les foudres de nombre d’intrigants hostiles.

    Luz ne dit rien cependant, se contentant de garder pour elle toutes ces hypothèses, chacune malheureusement plus fausses que la précédente. Elle ne pouvait toutefois pas deviner que le filet dans lequel s’était entortillée Nevaeh portait davantage sur les morts-vivants que sur les Conseillers un peu trop avenants ! En outre, Caly était revenue avant qu’elle ne puisse réagir à ces quelques aveux égrenés par Lovis. Tant mieux, en un sens, si l’on s’appuyait sur ses précédentes remarques maladroites… Sans coup férir, elle n’aurait pas manqué de mettre le doigt sur une énième souffrance de son collègue, incapable de manipuler un pot fissuré sans aggraver son état par ses mains inquisitrices. Elle gardait en revanche en tête l'idée fixe que tout ceci n'était pas terminé. L'ensemble de ces éléments mystérieux posaient sur sa langue le goût insatiable de la découverte et sa curiosité restait insatisfaite et affamée.

    « Surtout, que Mio n’aille pas courir dans les champs demain, que votre famille se repose ! confia-t-elle à Caly en guise de recommandation de dernière minute. »

    Derrière elle, Morille suivait d’un pas lourd mais paisible. Elle avait enroulé sa longe autour de ses doigts, conservant une certaine méfiance à l’égard de cet animal d’une taille colossale : une seule ruade de sa part pourrait se révéler dramatique pour Lovis et elle. La bête paraissait pour autant exténuée et son pas trainant ne présentait aucune velléité de désobéir aux deux humains qui la trimballaient à travers la cambrousse. Luz soupçonnait également que le panier de nourriture fraiche qu’elle portait à l’autre bras était un appât suffisant. Rentrerait-elle seulement dans l’écurie de la Volière aux dragons ou faudrait-il faire agrandir le box dans l’urgence… ?

    « Au moins il ne fait pas encore trop froid à cette heure, constata-t-elle lorsqu’une légère brise vint lui arracher un frisson passager. »

    Elle pouvait apercevoir les longues tiges de blé se courber sous la caresse du vent, et cela formait comme un doux chant dans la rumeur de cette fin d’après-midi. Bientôt les températures se réchaufferaient suffisamment pour laisser paraitre le vrombissement des grillons. Un dernier bras levé à l’intention de la joyeuse famille derrière eux, et Luz reporta son regard sur la route de terre battue. Elle farfouilla d’une main distraite le contenu de son panier, y découvrant une jolie bouteille à l’aspect artisanal.

    « De la liqueur de prunes. Elle nous a gâté ! Cela accompagnera nos dures fins de journée à l’occasion. Que comptes-tu faire de ta soirée ? reprit-elle d’un ton chaleureux. Tu retournes au bureau ou tu rentres chez toi ? »

    Pour sa part, elle n’avait malheureusement plus le luxe de ce choix à cause de Morille.

    « J’avais des dossiers à finir avant de rentrer, mais je vais finalement devoir laisser ça à demain et prendre le chemin de la maison… »

    Au moins, c’était une aventure qui se finissait bien. Enfin, ce serait plutôt le cas lorsqu’elle aurait le temps de prendre un bain et d'enlever toute cette salive !

    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Jeu 3 Mar 2022 - 18:45 #

    Heures supplémentaires


    C’était presque difficile de croire que la journée se terminait. Le temps s’était écoulé plus rapidement que tu ne l’avais remarqué. Cela devait être, car tu avais été en bonne compagnie. Même si Jayce n’avait pas été des plus amicales, Caly a su compenser avec générosité. Son hospitalité avait été des plus agréables. Ses petits gâteaux étaient succulents et le thé qu’elle avait servi complémentait parfaitement la sucrerie. Et puis, devant l’insistance des deux femmes et de ta dent sucrée, refuser était difficile. N’ayant pas encore regardé le contenu du panier, tu ne pouvais que te demander si elle avait glissé un ou deux gâteaux aux fruits et épices. Tu suivis Luz et son nouveau compagnon vers le chemin du retour tout sans oublier de dire au revoir à tout le monde. Il était dommage qu’ils vivent si loin. Enfin… Loin pour tes pauvres jambes. Comment pouvais-tu surveiller leur état sans leur rendre visite ?

    Regardant le familier de ta collègue, une idée traversa ton esprit. Tu ne voulais pas une créature pouvant t’emmener jusqu’à l’autre bout du royaume. Que ce soit à pied, à dos de cheval ou à dos de quoi que ce soit, tu n’étais jamais à ton aise. Cependant, peut-être qu’un familier pouvant voyager pour toi serait à considérer… Peut-être si tu avais la capacité de te dupliquer, tu pourrais avoir un double pouvant se déplacer jusqu’aux plaines pour vérifier que la famille se porte mieux serait bien pratique… Mais, si ce double devait avait la même personnalité que la tienne, il ne serait pas plus heureux de se déplacer. Dans ce même ordre d’idée, un double prenant soin de tes patients réguliers te permettrait de pouvoir passer plus de temps à étudier et avancer tes recherches. Enfin, pourquoi s’imaginer un scénario des moins probables ? Retournant ton attention vers le moment présent, tu souris à Luz.

    « En effet. C’est toujours agréable de se reposer d’une longue journée près d’un foyer avec un livre et un verre de liqueur. »

    Cela dit, ce soir, ce luxe devra être remplacé pour quelques heures supplémentaires de travail. Certaines choses requéraient ton attention et tu préférais ne pas remettre cela à demain. La soirée étant encore jeune, tu avais amplement le temps de travailler sur certains dossiers.

    « Je vais rentrer chez moi. Sinon, j’ai bien peur que Trixie mange mes rideaux. Ensuite, je vais retourner au bureau quelques heures pour préparer ma journée de demain. »

    Un léger rire s’échappa d’entre tes lèvres en imaginant ta chatte manger les rideaux du salon. Heureusement qu’elle était sage même si tu n’étais pas souvent à la maison. Peut-être si tu lui trouvais un compagnon, elle s’ennuierait moins… Même si elle était plutôt indépendante. Avec un sourire sournois, tu te permis de taquiner la demoiselle.

    « Ah bon ? Tu ne veux pas que Morille broute tes cheveux pendant que tu essaies de travailler ? Je suppose aussi qu’un bon bain chaud serait bien mérité. »


    Finalement, c’était plutôt Luz qui avait besoin de ce bain promis en début de journée. Évidemment, tu avais besoin de te laver toi aussi. L’odeur de la ferme ne faisait pas partie de tes parfums préférés. Tu continuas de suivre le chemin menant à la capitale, tout en évitant de perdre l’équilibre sur des roches un peu trop rondes. Tandis qu’un silence confortable s’incruste, tu observes l’horizon, ta tête se remplissant peu à peu de questions et de doutes.

    « J'ai souvent entendu dire que la nuit porte conseil. Cependant, dernièrement, je dois avouer que celle-ci ne m’a apporté que des tracas. »

    C’était bien peu dire. La nuit ne t’avait apporté qu’un invité désagréable.

    « Je dois dire que je ne suis pas particulièrement religieux, peut-être est-ce pour cette raison que les astres sont sourds à mes questions. Alors, peut-être que je devrais les poser à quelqu’un qui serait plus enclin à m’écouter ? »

    Si la nuit n’allait que t’emporter des problèmes, peut-être Luz saurait emporter des solutions.

    « Tu as sûrement dû entendre cette question quelque part, peu importe sa variation. En substance, elle se présente comme suit : deux personnes, à importance égale, sont en danger de mort, mais tu ne peux en sauver qu’une seule. Il peut s’agir de deux enfants, deux parents ou même… Un duo autre. »

    Comme une sœur et une mère.

    « Dans un monde parfait et idéal, je sauverais les deux. Mais cette situation ne se déroule jamais dans un monde parfait. Il faut donc faire un choix. Je suppose qu’il doit s’agir d’une question des plus complexes si le ciel refuse de me répondre. Qu’en penses-tu ? »

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Dim 6 Mar 2022 - 20:05 #


    Luz n’eut pas réellement le temps de s’interroger sur l’identité de la dénommée Trixie, bien que ses soupçons portent tous sur la féline amie qu’évoquait régulièrement son collègue. Car soudain, les prunelles de Lovis ne la virent plus et son regard se déplaça sur l’infini horizon des plaines, à des milles de leur réalité présente et de leurs soucis ordinaires. Elle ne percevait plus que le chant discret de la nature apprivoisée, vastes champs sépulcraux mais d’une incroyable beauté dans la froideur du soir. Ici et là les cultures s’agitaient d’infimes éclats d’argent, car il avait bruiné dans l’après-midi et de rares gouttelettes retardataires glissaient par instant le long des tiges… Sitôt que la lune se lèverait de toute son envergure, le lieu se métamorphoserait en une surface chatoyante, gracieusement ondulée par la brise. Et pourtant malgré toute la splendeur de ce spectacle, elle ne pouvait pour sa part détacher ses iris des fines épaules de Lovis, un souffle de temps stoppée dans sa marche, le museau de Morille effleurant son dos d’une bousculade interrogative. Coite et muette, elle reprit alors son pas souple et silencieux, regagnant progressivement la proximité douce du doré.

    « L’éthique morale et les siècles précédents de philosophie te répondraient qu’il n’y a qu’une réponse à cette question, murmura-t-elle enfin. Qu’il te faut privilégier la personne la plus jeune, celle susceptible de se reproduire et de garantir la survie du genre humain à terme. La philosophie ajouterait que la priorité doit aller à celle qui dispose de la plus grande longévité et du meilleur avenir. »

    Elle se tut, un moment de silence qui flotta entre eux. Alors, elle tourna le visage vers lui, un quelque chose de chatoyant dans le vert de ses prunelles, une attention plus consciente, plus électrique. De plutôt docte et distant, son ton s’ourla d’une intonation poignante, vibrante d’une volonté et d’une bienveillance acharnée.

    « Mais tout ceci ne vient que de bouquins poussiéreux, rédigés par des abrutis qui veulent nous faire croire que le choix est évident, que le doute n’est pas permis et que la vie n’est pas douloureuse. »

    Elle pivota vers lui, un pas léger de côté jusqu’à se positionner face à lui, seules âmes solitaires dans cette cambrousse à des milles à la ronde.

    « Ce que j’en pense ? Je crois qu’il n’y a pas qu’un seul choix, Lovis, mais une multitude. Je crois que ces personnes ont résolument leur mot à dire dans cette affaire, et qu’on devrait pouvoir confier d’aussi terribles décisions aux proches qui nous sont chers. Parfois une aide extérieure peut survenir, parfois ces personnes peuvent se révéler les seules capables de se protéger. Ma vérité, c’est qu’on voudrait trop souvent les materner en leur masquant ce difficile dilemme, lorsqu’il n’a jamais été écrit que nous devions seul en porter la responsabilité. L’ignorance, voilà ce qui les empêchera ensuite de se protéger quand le véritable danger se présentera. »

    Les mots s’égrenaient contre son palais comme mû par une volonté propre, elle sentait son souffle se bousculer dans sa gorge. Un feu impérieux, ce feu qu’elle ravivait encore et toujours pour protéger ceux qu’elle aimait, ressentait le besoin de s’exprimer face à cette souffrance inconnue qu’elle percevait chez Lovis… Que vivait-il que ses pas aient l’air d’errer ? Que ce choix moral cornélien lui soit imposé ? Ne s’agissait-il que d’une simple interrogation philosophique ou d'un hurlement dans la nuit… ? Elle posa la paume de sa main sur son torse, doigts écartés à l’emplacement de son cœur, la peau chaude de sa senestre rencontrant le tissu soyeux de ses vêtements. Elle ressentait ses battements désœuvrés dans les fibres de sa chair, une nuée d’épines contre lesquelles il s’échinait nuit et jour désormais.

    « L’erreur c’est de croire que tu es esseulé et que tu ne peux compter sur personne. Mais le bourreau de ton histoire, celui qui t’oblige à choisir entre deux êtres aimés, prend soin de te cacher les autres éléments d’ensemble auxquels tu pourrais avoir recours. Il veut que tu te sentes impuissant. Ne lui donne pas ce plaisir, ne t’épuise pas à lutter contre un mur et contre ta propre culpabilité. Il me semble que tu pourrais être agréablement surpris de la volonté et de la force que pourraient déployer les deux personnes que tu protèges si tu les en informais... Tout comme il pourrait être pertinent de s’interroger sur les motivations dudit bourreau ou de faire appel à une puissante force de frappe extérieure. »

    Son regard s’adoucit, et ses lèvres s’incurvèrent d’un encouragement muet, l’aube d’une lumière radieuse.

    « Si j’étais toi, je changerais le postulat de départ. Tu ne peux pas sauver les deux. Vous pouvez sauver les deux. »


    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Lun 7 Mar 2022 - 17:43 #

    Heures supplémentaires



    Ton regard plonge dans celui de Luz. Alors que tu écoutes son discours, tu te dis que tu aurais dû lui poser ces questions qui te troublaient plus tôt. Contrairement aux étoiles, elle a beaucoup de choses à dire. Alors tu écoutes attentivement les sages paroles qu’elle t’offre. Tu n’oses pas l’interrompre. Tu n’oses pas bouger non plus. Lorsque sa main se pose sur ton torse, tu retiens même ton souffle une seconde. Ses paroles te forcent à réfléchir. L’ignorance est ton ennemie et celui de tous dans cette situation. Pour combattre cet ennemi, il faut s’armer de connaissance et de sagesse. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut les bonnes connaissances. Il faut des informations véridiques.

    Tu comprends la logique qu’elle t’explique. Il faut confier ton dilemme et ton problème à ces personnes chère que tu essaies de protéger. Si tu expliquais la situation à ta mère, il était plus que sûre qu’elle aurait quelque chose à dire. Elle te dirait sûrement que tu aurais dû lui parler de ce problème plus tôt. Elle aurait sûrement des solutions à proposer. Laisser ta mère dans l’ignorance n’est pas une bonne idée, car sans information, elle ne peut pas se préparer à ce qui pourrait arriver. Tu comprends ce raisonnement. Tu le comprends très bien. Le problème réside chez le mort-vivant. Le problème n’est pas que tu ne peux compter sur personne. Le problème est qu’être nourris avec des os de gloot est un futur horrible.

    « Très bien. Changeons le postulat. Nous pouvons sauver les deux êtres chers. Dans ce cas, changeons un peu la situation. Rajoutons une complication. Le bourreau ne voulait qu’une seule personne arrive à être sauvée et nous dit que sauver les deux personnes mènerait à des conséquences. Malgré cela, nous sauvons les deux. Évidemment, le bourreau n’est pas heureux de cette situation. Il faut faire face aux conséquences. La question est maintenant : comment se sauver des conséquences ? »

    Pour t’assurer qu’aucun mal n’arrive à ta mère, il est impératif que tu retrouves ta sœur. Si tu ne la retrouve pas, alors la dette que celle-ci doit payer sera payer par quelqu’un d’autre. Évidemment, tu refuses que ta mère soit celle devant payer cette dette. Mais tu ne veux pas non plus qu’il arrive du mal à ta sœur. Si tu commences à mettre des bâtons dans les roues du cadavre ambulant, tu allais te retrouver dans une situation difficile. Posant une main sur la main de Luz, tu souris faiblement.

    « Évidemment, ce ne sont que des hypothèses, des questions philosophiques pour se creuser les méninges. Dans ces questions d’éthique morales, il n’y a pas de bonne réponse, mais je dois dire que j’aime la tienne. »

    Il serait imprudent de la laisser penser que ces questions reflètent ton présent. Plus tu modifies la situation, plus elle ressemble à la réalité. Plus ces simples questionnements ressemblent à la réalité de ta situation, plus cela peut devenir dangereux et compliquer. Au moins, tu as réussi à trouver quelques indices sur la bonne voie à prendre.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Heures supplémentaires
    Ven 11 Mar 2022 - 12:23 #


    « Oui, de simples questions philosophiques, évidemment, confirma-t-elle laconiquement. »

    Rien n’était moins sûr, pourtant. Mais si c’était là la nature que Lovis désirait donner à leur conversation, alors elle s’alignerait sur sa volonté. Elle conservait sans aucun doute ses suspicions en son for intérieur, tâchant de masquer le froncement anxieux et concerné de ses sourcils sous ses airs songeurs. Si quelqu’un en voulait véritablement à la vie de Lovis de même qu’à la sécurité de ses proches, le blond devait être dans une situation gravissime. Quel ennui avait-il bien pu s’attirer ? Lui qui paraissait d’une extrême politesse, discret, peu bavard au demeurant, peu dérangeant ? Elle le connaissait aussi bien que l’on pouvait connaître un collègue. Sa crinière était toujours délicatement coiffée, ses habits toujours choisis avec goût et elle ne se souvenait pas l’avoir déjà vu en pleine déconfiture ou avec la moindre tache. Comment imaginer qu’une personnalité douce et rigoureuse comme la sienne fasse désormais l’objet d’une plainte ? Pire encore, il s’était attiré les foudres d’une personne capable d’en éliminer une autre sans sourciller… Ou du moins d’en formuler la menace. Avait-il mis un pied dans une criminalité obscure, une autre façade de sa personnalité que personne ne lui connaissait ? Quel était le lien avec sa sœur, sa disparition ne pouvant constituer une coïncidence ? Tout ceci, si ses hypothèses conservaient un fond de vérité. Il pouvait s’agir d’une métaphore complètement extrapolée d’une situation Ô combien basique. Luz ne pouvait s’empêcher cependant de frémir sous l’étau d’un pressentiment nauséeux…

    Elle ôta sa main de son torse pour mieux courber son bras sous sa poitrine, son autre main tapotant pensivement son menton. Elle ne pouvait certes pas le protéger avec cette quantité d’informations troubles, d’autant plus s’il ne souhaitait pas la voir intervenir dans ses difficultés. Par crainte de l’effrayer ou de le voir se rétracter, lui qui se livrait enfin à elle, elle opta pour la poursuite de ce petit jeu de dupe entre eux, acceptant de très bon cœur de considérer tout ceci à la manière d’une simple conversation théorique. Pour l’instant, du moins.

    « Effectivement, ces éléments apportent un éclairage nouveau sur notre problématique. Heureusement, un bourreau est différent d’une maladie : il ne frappe pas aveuglement ses victimes. Car une donnée nous échappe dans ce postulat. Que veut en réalité ce bourreau ? Est-il possible de l’apprendre dans ton hypothèse ? L’auteur de ce choix drastique a-t-il les ressources pour deviner l’objectif caché de ce bourreau ? Personne n’agit sans motivation. J’ose également penser que ce motif doit être impérieux si ce n’est vital pour ce bourreau, sans quoi il ne prendrait pas le risque de menacer un autre individu, au risque qu’il le dénonce à la Garde. »

    A moins que ce bourreau ne soit assuré de ne pouvoir jamais être arrêté. Agissait-il sous couvert de corruption, persuadé que la Garde détournerait les yeux ? Ou sa puissance magique, physique ou intellectuelle, lui permettait de se conduire avec un semblable aplomb ? Pour autant, bon nombre de malfrats agissaient tout simplement sous le joug de la stupidité. Impressionner le premier citoyen venu n’était pas ardu, et c’était précisément à ce moment que la confiance en soi devenait traitresse et mensongère…

    « Une fois encore, j’aurais tendance à vouloir retourner le problème. Réfléchir aux moyens d’inverser la situation, et de donner à réfléchir à ce bourreau : lui présenter des conséquences encore plus drastiques pour lui s’il daigne attenter à la vie de ces deux personnes. Comme… Menacer de divulguer une information capitale sur lui ou sur son véritable objectif, et lui présenter le problème de manière à ce qu’il ne puisse l’empêcher en m’éliminant. Le personnage de ton histoire n’a-t-il aucun moyen de prévenir discrètement la Garde ou une autorité compétente en la matière ? »

    Probablement que non. Autrement, Lovis ne nommerait pas cela une problématique morale. Elle gratouilla distraitement le museau soyeux de Morille, hésitant sur la réponse à fournir. Qu’il était frustrant de ne pouvoir lui dire ouvertement qu’elle pouvait constituer une alliée de choix ! Que sa demeure accueillait présentement une nuée d’espions susceptibles de remonter ces informations cruciales ! Ou, mieux encore, elle se savait en mesure de réaliser une succincte élimination… Elle ne reculait jamais devant aucun scrupule pour protéger sa meute. Il était néanmoins résolument impossible d’évoquer ces noirs secrets devant Lovis, part muette d’elle-même qu’elle avait pris grand soin de cacher jusqu’à présent sur la scène publique. Elle avait peut-être en revanche une certaine marge de manœuvre à jouer, quitte à paraitre un tantinet plus radicale que prévu. Mais allons, pour un médecin supposé lutter contre l’injustice de l’existence, voilà qui ne ferait pas tache non ?

    « Si tout cela ne suffit pas, si ledit bourreau constitue une épine trop épaisse pour notre personnage principal… Alors peut-être est-il temps de verser du côté d’une philosophie plus réactive. Celle des armes. Si j’ose partir de l’hypothèse selon laquelle cette histoire se déroulerait dans une civilisation similaire à la nôtre, dotée des mêmes codes, il doit donc exister des mercenaires ou des… Assassins capables de mettre définitivement un terme à ce problème. Deux voies, deux possibilités. Celle d’une garde à la bonne moralité, ou celle d’un chemin plus trouble. Prêter confiance en une justice humaine extérieure à soi-même, parfois lente à réagir ou déconnectée de nos besoins, ou vaincre le feu par le feu au risque d’en perdre sa moralité. La question finale devient celle-ci : jusqu’à quel sacrifice notre héros est prêt à aller ? »


    Lovis FarleyCitoyen
    Lovis Farley
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    Re: Heures supplémentaires
    Mar 15 Mar 2022 - 3:36 #

    Heures supplémentaires


    Tu dois admettre que tenter de rassurer Luz en lui disant qu’il ne s’agissait que de questions philosophiques était tout, sauf rassurant. Tu n’aimais pas les problèmes et tu préférais généralement te tenir loin des ennuis. Tu pouvais donc comprendre d’où venait l’air inquiet passager dans les yeux de la rousse. Tu lui souris chaleureusement, masquant toute angoisse ou anxiété. Tu ne voulais pas qu’elle s’inquiète trop. Après tout, pourquoi s’inquiéter au sujet de simple question d’éthique ? Tu la laissas réfléchir en silence, observant Morille du coin de l’œil. À cause de l’éraflure, elle boitait un peu, mais elle ne semblait pas se plaindre.

    Au bout d’un moment de réflexion, ta collègue ne répondit pas à la question, préférant répondre en questionnant l’hypothèse donnée. Ce n’était pas tout à fait irritant. Tu pouvais apprécier le fait qu’elle questionne la situation, prouvant ainsi qu’elle réfléchissait réellement à ce qu’elle disait. Cependant, le problème était que ces questions ne t’éclairaient pas assez. En effet, le bourreau ne frappait pas au hasard. Il n’était pas venu te rendre visite par simple caprice. Il n’avait pas fait ce choix sur un coup de tête. Il était venu pour des informations que tu ne détenais point. Puisqu’il était déterminé à avoir ces informations, il avait donc décidé de menacer le bien-être de ta mère. Il avait trouvé le moyen de pression de plus efficace pour te forcer à agir. Bien sûr, l’idée de te tourner vers la garde t’avait passé à l’esprit. Cependant, ton bourreau avait été plutôt clair. Si tu venais à lui tourner le dos, tu subirais les conséquences. Contrairement à Nevaeh, tu ne pouvais pas simplement disparaître d’un jour à l’autre pour le fuir.

    « Ce que veut le bourreau… Il s’agit d’une personne comme les autres, un être complexe avec des besoins et des demandes particulières. C’est pour résoudre sa propre problématique qu’il doit imposer un choix difficile à la victime. Pour ce qui est d’apprendre sa problématique… Dans cette situation fictive, disons que nous la connaissons. Cela peut être une problématique de ton choix. »

    Jouant sur les mots, tu laissas Luz inventer la demande et les besoins du bourreau. De cette façon, cela t’évitait de trop l’aiguiller dans une direction en particulier. Cela la fait réfléchir et te donne un moment de silence. Il allait bientôt être temps de terminer cette discussion si tu ne voulais pas lui donner trop d’information. Un léger rire discret s’échappe alors que tu l’entends dire qu’elle veut retourner la situation. Peut-être serait-ce une option ? Mais celle-ci est compliquée. Comment pourrais-tu menacer le Non-Mort ? Que pourrais-tu dire à la garde ? Tu vas leur donner une image de son visage ? Tu vas leur donner son nom ? Il n’allait pas te laisser faire une telle chose.

    « Je suppose que si le personnage est assez discret, il pourrait contacter la garde. Mais que dire ? Et surtout, est-ce que la garde sera assez discrète ? Le bourreau ne menace pas sans avoir un moyen de rester à l’affût des faits et gestes du personnage. »

    Ces mots s’étaient échappés avant que tu ne réalises ce que tu avais dit. C’était tout à fait logique, mais maintenant, tu réalisas que tu étais sûrement surveillé d’une quelconque façon. Il était impossible de savoir si quelqu’un vous observait à l’instant, mais si c’était le cas, alors tu devais être prudent.

    « Assassins !? »

    Tu t’exclamas tout bas, choqué d’entendre une telle chose. Tu n’allais pas engager de telles personnes pour résoudre ton problème ! Engager un criminel pour se débarrasser d’un autre. Quelle idée. Quelle idée ! Tu ne l’aimais pas du tout, cette idée, mais tu pouvais comprendre dans quelle direction cette conversation se dirigeait. Qu’étais-tu prêt à sacrifier ? Dans un monde parfait et idéal, tu ne sacrifierais rien. Tu garderais ta famille en sécurité et tu garderais ton code moral. Malheureusement, ce monde était tout, sauf parfait.

    « Je dois admettre que tu as beaucoup plus de choses à dire que les astres. Discuter avec toi me permet d’avoir davantage de réflexion. Je suppose que seul le temps pourra nous dévoiler à quel point le héros est prêt à aller. Se confier à des gardes discrets serait peut-être le mieux… »

    Mais si c’était le cas, pourquoi Nevaeh n’avait-elle pas cherché refuge chez la garde ? Plutôt de fuir, pourquoi ne pas avoir cherché la protection de cette organisation ? Tu te perdis dans tes pensées, te demandant si c’était le choix le plus judicieux. Tu savais que ta sœur agissait souvent de façon impulsive, mais il y avait bien une limite à l’impulsivité !

    « Peut-être… Mmmmm. »

    Tu ne comprenais pas encore toute la situation, alors il était difficile de faire un choix éclairé. Luz t’avait permis de réfléchir à l’extérieur de la problématique, mais tu ne savais pas exactement comment exécuter ses suggestions.

    « À bien y réfléchir, je n’ai pas de solution à donner pour le moment. Et si nous continuons de marcher ? Je suis sûre que Morille à hâte d’arriver à la capitale. Peut-être aurais-je une meilleure réponse à offrir plus tard. »

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