Au milieu des montagnes, en plein tempête de neige, dans une grotte lugubre et heureusement vide, tu ruminais doucement ton passé, encore étonner que tu as décidé d’avoir pris la décision de faire ce voyage à l’aveugle presque. Alors que la neige tombait devant l’entrée de la grotte, dans un souffle et un mouvement si puissant que les doux flocons créaient un véritable voile de blanc bloquant la vue. Le ciel était noir de nuage, la tempête hurlait à l’extérieur. Tu avais encore du mal à y croire, mais c’était bien le milieu de la journée.
Le deuxième jour de ton voyage et voilà que tu t’étais retrouvé bloquer ici. C’était une aventure pas vraie ? Tu sais pas pourquoi, mais même si tu étais bloqué ici, seul… Tu pensais à la petite Chloé avec qui tu avais voyagé dans le désert. La petite héroïne en manque d’aventure. Elle était bien plus jeune que toi, mais tellement plus courageuse. Plus tu y pensais, plus tu te disais que ses mots aussi t’avait donné le courage de te lancer dans ce voyage. Elle voulait découvrir des choses incroyables, du jamais vu… Devenir une grande exploratrice… Toi, tu réalisais que tu ne connaissais rien du monde. Tu ne pouvais pas devenir une grande exploratrice comme elle, mais tu souhaitais découvrir des choses. Tes connaissances étaient grandes… Mais ça se limitait à ta forge et aux montagnes… Tu ne savais rien en dehors de cela. Donc, comme une grande… Une grande petite exploratrice. Tu t’étais décidé de partir voyager à travers le monde à la recherche de nouvelle chose. Nouvelle expérience… Tu voulais découvrir quel était le soleil vers lequel la fleur que tu avais vu grandir se tournait…
- « Mmh, voilà une bonne phrase pour le journal. »
Tu avais pris beaucoup d’affaires avec toi. Premièrement, tu n’avais pas pris le moindre cristal. Mais tu avais pris assez pour vivre. Tu avais une gourde, des rations, un sac de couchage, tes outils de forgerons, une boussole, de quoi allumer un feu, de la corde des torches, et même de quoi cuisiner. Un joli petit sac de voyage. Mais avec tout cela, tu avais aussi pris un journal. Ton journal de voyage, tu avais même trouvé un joli titre. A tale around Aryon… Un peu exagérer oui, mais tu voulais vraiment faire le tour de ce monde que tu pensais connaître si bien depuis ton petit trou. Tu avais très peur que ça finisse mal, mais… Tu allais essayer. Rencontrer des gens, visiter le monde, découvrir ce que de nombreuses personnes ont déjà découvert par le passé. Tu sortis donc ce journal avec un petit crayon et écrivit comme première phrase ce à quoi tu pensais plutôt.
Ce journal n’était pas qu’un simple recueil de poésie. Nan, loin de là, dedans, tu comptais écrire sur tes journées, ton itinéraire, mais aussi tes rencontres. Qui tu allais croiser, quel était leur histoire, leur aventure. Il y allait aussi avoir une partie parlant des divers endroits que tu allais visiter. Tu t’étais même mis en tête de faire un croquis de chaque endroit important visité, tu n’étais pas un dieu du dessin, mais tu te débrouillais encore assez correctement pour rendre chaque croquis assez fidèle à l’endroit pour que ça soit reconnaissable… En tout cas, tu te donnais déjà un gros défi directement. Visiter la frontière. Cet endroit n’est pas libre d’accès au civil… Donc réussir à aller là-bas allait devenir très difficile. Mais tu voulais essayer. Tu allais juste devoir essayer de discuter et de négocier avec des gardes. Ça ne semblait pas trop dur… Pas vrai ?
Obsid
Si présentement peu de gens avait besoin de l’assistance d’une herboriste, ce que Nevaeh arrivait à trouver dans les grottes intéressait plus de personnes. Entre la vente de baume, de plante médicale et les quelques ressources précieuses dans la grotte, la jeune femme avait enfin réussi à remplir sa bourse. Malheureusement, elle l’avait vidé plus rapidement qu’elle l’avait rempli. Ayant, pour une deuxième fois, dévaliser la boutique d’Almassar, l’état de la bourse était plutôt triste. Au moins, la visite en valait la peine. Replaçant une mèche dorée derrière son oreille, elle passa un doigt sur la boucle qui entourait son oreille. Elle savait que l’enchanteur effectuait un travail remarquable, la preuve étant le tatouage qu’il lui avait fait, et elle avait bien hâte de tester son nouvel objet magique. Non seulement, elle pouvait détecter tous les mouvements dans son champ de vision, mais il avait même réussi à faire en sorte de pouvoir voir au travers des murs. Alors quoi de mieux que tester l’invention dans les grottes où il y a des murs partout.
Seule, elle s’aventura dans les grottes qu’elle commençait à être de plus en plus habituer de naviguer. Elle commençait à connaître le chemin par cœur pour se rendre de l’extérieur de la montagne jusqu’à une caverne où se trouvaient les plantes dont elle avait besoin pour faire des encens de relaxation. Elle était bien heureuse de retrouver la recette gribouillée sur un petit papier dans le fond de son sac. Depuis quelques jours, elle arrivait à dormir plus que trois heures d’affilée grâce à cet encens.
Une fois dans une caverne, elle prit une grande inspiration et activa la boucle d’oreille. Une légère lumière bleutée éclaira l’endroit dépourvu de toute clarté. Les premières secondes étaient étranges et un peu agressives. Son cerveau était assiégé d’information, il était difficile de faire le tri entre ce qui était pratique et ce qui ne l’était pas. Même si elle n’avait pas remarqué qu’une araignée se promenait sur le mur, ses yeux détectèrent cette dernière. Elle ferma les yeux un instant pour éviter de surcharger son esprit. La bonne nouvelle était que l’enchantement fonctionnait sans problème. La mauvaise nouvelle était que maintenant, elle allait devoir s’habituer à l’utiliser. Elle ouvrit les yeux, cette fois mieux préparer à l’assaut d’information. Cela prenait assez de concentration pour trier les informations. Se sentant brave, elle décida de marcher un peu et de longer les parois pour essayer de détecter de plus grands mouvements. Elle pouvait sentir qu’un léger mal de tête commençait à s’installer, mais elle n’avait pas encore envie d’arrêter d’essayer son nouvel achat. Elle se dit qu’elle allait désactiver l’objet au bout d’une quinzaine de minutes.
Durant ses tests, Nevaeh ressentit un mouvement derrière un mur. Cette fois, ce n’était pas la même sensation qu’elle avait eue en remarquant un petit lézard courir après son repas. Quelque chose de plus grand se trouvait derrière le mur. Elle fixa la paroi et au bout d’une dizaine de secondes, elle pouvait mieux voir les formes qui se trouvaient dans la caverne. Elle pouvait voir des flammes danser et quelqu’un écrire. Après avoir observé la scène pendant une ou deux minutes, elle décida de désactiver le bijou et d'observer l’homme de plus près.
Sur ses gardes, l’ex-aventurière s’arma de son arc par mesure préventive. Il pouvait être une simple personne ayant décidé de prendre refuge dans les grottes pour se protéger de la tempête, mais il y avait aussi des chances qu’il soit un autre éclaireur ayant retrouvé sa trace. Doucement, sans faire de bruit et en se camouflant dans les ombres, elle se faufila dans la caverne. Cachée derrière un rocher, elle se demanda bien quoi faire. Son premier réflexe avait été de sortir des ombres en pointant son arme sur lui tout en demandant ce qu’il faisait là. Mais, ne remarquant aucune arme à première vue, elle se sentait mal de s’en prendre à quelqu’un qui pouvait être complètement innocent. Soupirant, elle rangea son arc et la flèche qu’elle avait sortie dans sa bague et sortie de l’ombre.
« C’est une tempête particulièrement violente aujourd’hui n’est-ce pas ? Désoler, si je vous ai fait peur. »
La jeune femme observa la réaction du roux, tentant de voir si l’homme devant elle était une menace ou non.
Tu écris donc un petit paragraphe sur ce que ça voudrait dire de vivre. Quel était le vrai sens derrière, l’origine du mot, la signification qu’il pouvait avoir… Mais surtout, qu'était la définition qui te manquait pour ce simple mot. Tapotant un peu ta jambe, tu réfléchirais alors si tu devais passer un paragraphe à expliquer qui était la fleur, et donc expliqué de la toute première phrase… Non, tu devais parler du monde, pas de toi… Tu commenças donc à décrire à quoi pouvait ressembler une simple grotte. Une grotte dans laquelle tu te tenais attendant que la tempête passe… Oui, tu pouvais aussi décrire à quoi ressemblait une tempête au milieu de la journée.
Mais tu étais si occupé par le voile de neige tenant devant l’entrée de la grotte que tu n’entendais pas ou ne voyais pas la personne s’approchant doucement de toi. Si tu étais dans ta forge, concentré sur ton environnement, tu aurais entendu cette personne venir sans trop de problèmes. N’étant pas dans ton milieu et encore moins concentrer sur ton environnement, tu te fis totalement prendre par surprise. Tu portais ton attention sur l’entrée, sans même pensée que le mal pouvait venir de l’intérieur.
Une voix douce résonnait alors à travers la caverne, cachant un moment le bruit de la tempête et te ramenant sur terre. Tu sursautas sur le côté, dirigeant directement une main vers ton sac pour protéger tes affaires. Heureusement, la personne qui sortit des ombres n’était pas visiblement armée ou agressive. Elle s’excusa même directement de t’avoir fait peur. Tu restas, un petit moment, silencieux, sans bouger, fixant la demoiselle de bas en haut pour être certain qu’elle n’était pas là pour ta vie. Nan, si elle était là pour cela, elle ne se serait pas présentée. Une demoiselle blonde qui semblait fortement… Pas à sa place.
Tu soupiras, lâchant ta pathétique position défensive pour te rasseoir correctement.« D’habitude, les gens rentrent dans les grottes, ils n’en sortent pas. Désolé aussi d’avoir sursauté comme cela. Vous m’avez fait une peur bleue. » Tu pris le temps de te rasseoir correctement. Tu étais vraiment bête, tu avais presque sauté sur ton sac pour sortir ton couteau de survie et ton arme… Tu étais confiant dans ton art de la forge, et ce dont tu étais capable de faire. Mais même si tu avais sorti ton arme, tu te doutais bien que tu ne ferais pas long feu… Peut-être que ce voyage était l’occasion d’apprendre à te servir d’une arme correctement. Par sécurité, tu avais pris une de tes meilleures lames avec toi, mais aussi pour protéger cette lame, tu la gardais à l’intérieur de ton grand sac… Oui, ce n'était vraiment pas très malin. Si on en voulait à ta vie, tu ne ferais pas long feu. Oh lieu de découvrir ce que ça voulait dire de vivre, fallait que tu apprennes à survivre.
Tu fis signe à la demoiselle que la place devant le feu était libre. « Venez. Réchauffez-vous, cette tempête pourrait même refroidir sur place un grognours. »Tu pris une branche que tu utilisas pour retourner un peu le bois dans le feu pour raviver les flammes un coup. « Oh, désolé, je me suis pas présenté. Lyle, Lyle Obsid. Un plaisir… Mademoiselle ? » Tu lui tendis la main par politesse, ayant encore tes habitudes de vendeur pour te présenter.
Obsid
Voyant la réaction de Lyle, la main de Nevaeh glissa sur sa dague qui était cachée par sa cape. Ses doigts frôlèrent la poignée et toute son attention était sur le sac de l’homme. Allait-il sortir une arme ? Attendant de voir ce qu’il allait sortir, elle resta sur place sans faire le moindre mouvement. Au bout d’un moment, elle réalisa que ce mouvement n’était que purement défensif et qu’il n’allait rien sortir. Il faut dire que laisser ses armes dans son sac n’était pas très malin. Il était bien mieux d’avoir ses armes à porter de main pour se défendre dès les premières secondes d’une agression.
« Ne vous excuser pas, j’étais moi-même surprise de voir que quelqu’un d’autre se trouvait dans les grottes. »
Quelle était donc cette idée de voyager en plein milieu d’une tempête d’ailleurs ? Avec la neige tombant ainsi, la visibilité était gravement réduite et il était que trop facile à se perdre et à mourir de froid. Même elle savait que traverser les montagnes durant une tempête était dangereux et elle n’était même pas du coin. Cela dit, il y a quand même quelques jours, elle avait décidé de se rendre en hauteur dans une nuit de tempête, et cela, de façon complètement volontaire. Elle ne pouvait donc pas reprocher le jeune homme de voyager dans de telles températures.
Elle fixa la main tendue devant elle une seconde, hésitant à la prendre. Était-il vraiment un simple civil ou un ennemi visant à faire baisser sa garde ? Elle ne savait pas, mais plus elle attendait, plus la situation devenait embarrassante. Elle cacha son hésitation avec un sourire et prit enfin la main de Lyle.
« Enchanté Lyle, je suis Raelyn, herboriste ambulante. »
La jeune femme avait l’habitude de ne pas avoir l’air à sa place. Depuis qu’elle avait maquillé son apparence, elle n’avait pas non plus l’impression d’être à sa place. Peu importe où elle allait, elle n’était pas à sa place. C’était triste, mais elle s’y était habituée. Elle s’était habituée à sa nouvelle apparence et à son nouveau nom.
« Alors, que faites-vous ici, si ce n’est pas trop indiscret ? Vous vous êtes perdu et la tempête vous a coincé ici ? »
Si elle était habituée à ne pas être à sa place, elle trouvait tout de même curieux de rencontrer des gens dans les grottes. Cet endroit n’était pas fait pour tout le monde. Il était facile de s’y perdre et une multitude de créature variant en dangerosité vivait dans les profondeurs des montagnes. Il n’y avait que les âmes braves et téméraires qui s’aventuraient dans les ténèbres des souterrains. Observant le jeune homme, elle se demandait en quoi les montagnes pouvaient bien l’intéresser. Le carnet dans ses mains, était-il la raison de sa visite dans les cavernes ?
« Avez-vous trouvé des choses assez intéressantes à noter dans votre journal ? »
Elle pouvait comprendre qu’il soit à la recherche d’aventure à noter, mais à son avis, il aurait dû commencer sa recherche dans des endroits moins dangereux et plus calme. Ou du moins, ne pas faire le voyagement seul.
Suivant ton code de politesse, tu te présentas et tendis ta main vers la demoiselle pour te présenter… Mais elle te laissa un petit moment comme cela, sans rien faire, ni agir… Ta main était sale ? Ou elle avait un problème particulier contre toi ? Tu connaissais une femme qui avait peur des hommes donc rien ne t’étonnerait si elle te disait qu’elle refusait de te serrer la main pour une raison ou une autre. Elle finit par te serrer la main.
Raelyn, une herboriste ambulante. Voilà une chose assez rare… Nan pas vraiment en fait, les métiers ambulants paraissaient de plus en plus célèbre de nos jours. Forgeron ambulant, cuisinier ambulant, herboriste ambulant… Les gens devaient vraiment aimer visiter le monde et explorer… Enfin, tu ne pouvais rien dire sur cela, tu étais toi aussi tombé dans ce piège. Tu te permis donc de sortir ton journal pour réfléchir quoi écrire ensuite… Tu avais fait la rencontre d’une personne… Donc tu devrais en parler non ? Tu l’écris alors doucement, décrivant physiquement la demoiselle dedans tandis qu'elle te posait une question que tu répondis sans réellement réfléchir. « Je traversais les montagnes et la tempête m’a eu par surprise. »
Elle te posa ensuite une question, te demandant si tu avais trouvé un truc à écrire intéressant dans ton journal… Tu t’arrêtas, sachant que c’était une mauvaise idée de lui dire que c’était elle qu’il trouvait intéressant surtout sans le contexte de ton voyage et pourquoi tu faisais cela. Tu lâchas un léger sourire en fermant ton journal.
- « Et ben. Vous en posez de nombreuses questions. Mais vous en faites pas, avec cette tempête, j’ai tout le temps à répondre à vos interrogations. Comme je l’ai dit, je ne suis pas perdu, loin de là, mais la tempête m’a pris par surprise. J’ai préféré donc prendre abri ici. Et ce journal… Disons… J’ai vécu différentes choses récemment. Des choses qui m’ont fait réfléchir. Je ne pense pas que vous voulez que je vous raconte l’histoire de ma vie. Mais je compte maintenant faire un tour du monde. Enfin, un tour d’Aryon. Et découvrir de mes propres yeux chaque chose de ce royaume peut offrir. Je compte donc remettre chaque moment de ce périple que j’aurais vécu et endroit important que j’aurais traversé dans ce journal. Je me suis aussi rajouté des règles supplémentaires pour ce voyage. »
Tu ouvris à nouveau le journal écrivant dedans à nouveau et hésitant même à faire un croquis de la demoiselle. « D’ailleurs, ça ne vous dérange pas que j’écris notre rencontre ? Même si ça peut vous paraître banale, vous êtes techniquement la première personne que je rencontre dans mon voyage. C’est pas grand-chose, mais c’est un événement à marquer non ? Si vous… Le voulez bien. »
Obsid
Il arrivait parfois à Nevaeh que la subtilité ne soit pas sa force. Il était important pour elle de s’assurer, dans les plus brefs délais, qu’elle ne faisait pas face à une personne dangereuse. Et pour elle, la seule façon d’en être sûre était de le questionner. Elle pouvait croire que la tempête l’avait pris par surprise, mais elle ne pouvait pas prendre aucune chance. Rien ne pouvait être laissé dans les mains du hasard et elle devait faire très attention aux rencontres qu’elle faisait. Elle ne pouvait pas dire qu’elle faisait confiance à cet homme, mais il ne semblait pas contre répondre à ses questions, ce qui était rassurant.
Son explication remonta des souvenirs d’un temps où la vie était belle et simple. Que donnerait-elle pour pouvoir recommencer à faire le tour du royaume sans devoir cacher son identité ? Elle avait vécu ses plus belles années lorsqu’elle était en compagnie de son meilleur ami. Puis, elle avait fait des rencontres extraordinaires lorsqu’elle partageait son temps entre le travail d’hôtesse et l’aventure. Voir le monde en toute liberté était une expérience magnifique. Malgré ses troubles intérieurs, elle ne pouvait que souhaiter que Lyle trouve le monde aussi magnifique qu’elle l’avait trouvé.
Elle mordit ses lèvres à la question du jeune homme. Elle ne pouvait pas laisser de trace de son existence. Ce serait de le mettre tout aussi en danger qu’elle. Si des éclaireurs venaient à avoir vent de cette rencontre, il deviendrait un témoin important. Ou alors, il en était un et voulait noter le dernier endroit où elle avait été vue… Mais il ne lui aurait pas demandé son accord si c’était le cas. Elle considéra ses options, puis contre toute logique, elle décida que laisser des traces ne serait pas une mauvaise chose. Elle ne risquait pas de rester encore longtemps dans les montagnes, bientôt, elle allait devoir retourner à la capitale pour traquer sa proie. De plus, de cette façon, elle avait l’impression que si elle était immortalisée dans son carnet, elle existerait un peu quelque part.
« Si vous le voulez bien, je peux aussi vous partager quelques voyages que j’ai faits. J’ai beaucoup voyagé et je peux vous conter des histoires sur mes séjours dans la grande forêt ou même dans la capitale. J’ai même quelques anecdotes sur les grottes. »
À quand remontait la dernière fois qu’elle s’était ouverte à quelqu’un au sujet de son passé ? Peut-être était-ce parce qu’elle arrivait à se cacher derrière une fausse identité qu’elle n’avait pas peur de parler d’elle-même ? Après avoir tué qui elle était, parler de son histoire était comme parler d’une vieille amie. Une amie qui lui manquait terriblement.
« J’ai appris à un très jeune âge comment les plantes pouvaient être utilisées à des fins médicales. Je m’étais tordu la cheville et ma mère avait appliqué une pâte faite de feuille et de fleur écraser pour réduire l'enflure. »
Ce n’était pas que son ancienne vie qui lui manquait. En mentionnant sa mère, elle tourna la tête vers l’extérieur, observant d’un air triste la tempête qui continuait de faire rage.
« Quand j’ai vu le lendemain que ma cheville était presque revenue à la normale, j’ai cru que c’était de la magie. Je suivais ma mère partout dans la forêt en pointant toutes les plantes que je voyais en lui demandant comment on pouvait les utiliser. »
Elle se souvenait vivement de la voix douce de sa mère, elle pouvait sentir la chaleur de sa main sur son épaule lorsqu’elle s’était mise à genoux à côté d’elle pour lui expliquer les bienfaits ainsi que la signification de certaines fleurs.
« Saviez-vous, il y a une sorte de trèfle poussant dans la forêt près des cours d’eau. C’est une plante invasive très collante. Lorsque les animaux passent trop près, ils restent coller et finissent par mourir. C’est de cette façon que le trèfle collant se nourrit. Mais comme beaucoup d’autre plante, il est facile de s’en débarrasser en les brûlants. »
À la guilde, il y avait une mission récurrente qui demandait de disposer de cette plante. Chaque fois que la demande parvenait à la guilde, Nevaeh essayait de la prendre pour être capable de voir sa famille durant ses missions.
Tu commenças donc à écrire et à décrire ta rencontre dans cette grotte et la femme face à toi. Lui répliquant en souriant un peu. « Je ne suis pas trop contre vos histoires. » Tu évitas de lui préciser que tu allais grincer des dents en entendant parler de la capitale, mais une chose à la fois. Ton problème avec la noblesse et la capitale était ton problème. Pas le sien. C’était une pure inconnue, tu n’allais pas te défouler sur elle sans la moindre raison ou logique.
Elle te parla alors de son passé, comment sa mère l’avait soignée avec un mélange médicinal à base de plante. Tu la regardas ainsi assez surprit, étonner de cette histoire. Tu n’étais pas fan de la magie, loin de là même, mais une plante ayant de telles capacités médicinale ? C’était fascinant, très fascinant. Encore plus lorsqu’elle t’expliqua qu’elle s'était soignée en une journée avec cela…
Tu fronças un peu les sourcils. Si cette blessure était plus grave, tu ne pensais pas que ce mélange aurait pu soigner aussi vite… Est-ce que la blessure était vraiment grave et la recette de plante un miracle, ou l’inverse ? Tu ne préféras pas douter de ses paroles, mais tu évitas de croire simplement ce qu’elle te racontait à l’aveugle. Tu ne voulais pas commencer à manger tous les mensonges qu’on te donnait au cours de ton aventure, surtout au début de celle-ci.
Elle continua, t’expliquant qu’elle avait décidé de suivre sa mère partout, lui demandant des informations sur les plantes. Une passion née d’une surprise… Tu souris encore une fois, te rappelant de ton passé cette fois. « Fascinant. Très fascinant. J’avoue que je me retrouve dans votre histoire… Mais à la place des plantes et de la nature, c’était plus le feu et le métal. Ce qui rend le vôtre bien plus poétique et beau. La forge n’est pas un lieu simple, respirable, sympathique et ouvert comme une forêt… Mais on peut aussi y découvrir des merveilleuses choses… Pardon, je parle peut-être un peu trop. » Tu te grattas la nuque un peu gêner, écoutant ce qu’elle avait d’autres à te dire.
Elle te parla alors d’une sorte de trèfle vivant dans la forêt. On pouvait les trouver près des cours d’eau, et… était carnivore ? Tu regardas alors la demoiselle assez surprise… Carnivore ? Des trèfles ? Comment une plante prenant l’apparence d’innocent trèfle pouvait être carnivore ? Et vu comment elle décrivait la plante, celle-ci devrait dévorer les êtres vivant d’une manière peut sympathique et belle… Le monde était plein de mystère et beauté, mais aussi de danger et risque… Tu levas le menton, réfléchissant doucement.
« Mais… Comment cette plante arrive à attirer ses proies ? La nature a un équilibre, chaque chose à sa place et lorsqu’un truc disparaît, un autre prend sa place. Une plante pareille doit donc avoir un moyen de se faire passer pour autre chose, j’imagine, c’est comme ça qu’elle attrape ses proies… Et les animaux alors ? Au bout d’un moment, ils devraient finir par comprendre que ce genre de plante est dangereux…Pas aussi facilement que nous, mais les animaux ne sont pas stupides… Désolé, je pose vraiment trop de questions et je me perds dans mes pensées. À part la montagne et la nature vivant ici, je ne connais pas réellement le reste du monde. Donc ce genre de plante carnivore est assez étonnant… Et effrayante. »
Tu continuas de prendre des notes dans ton livre avant de juste rajouter. « Oh et hésite pas à me dire si je parle trop. Je sais que je suis un assez grand moulin à vent quand je m’emporte sur un sujet. »
Obsid
Il s’agissait là d’une histoire si pure et innocente. Une histoire provenant d’un passé si doux lorsqu’elle était encore enfant. Peut-être était-ce cela dont elle avait besoin pour être capable de complètement se débarrasser de son cœur d’enfant. Par besoin, elle avait abandonné son nom et son apparence. Par nécessité, elle s’était créé un personnage qu’elle devait jouer comme si sa vie en dépendait. Et parce qu’elle était déterminée à protéger ceux qui lui étaient proches, elle décida de sacrifier son cœur. Ce n’était pas une chose facile, c’était horriblement difficile et douloureux. Pourtant, avoir la chance d’avoir quelqu’un voulant écouter son histoire lui permettait étrangement d’apaiser un peu son mal. C’était comme si on lui permettait de faire son deuil. Elle regarda de temps en temps la plume danser sur le papier avec un sourire. Elle avait l’impression que parler de son passé allait lui permettre d’enfin clore un chapitre dans sa vie. Pour le meilleur ou pour le pire.
« Je me doute qu’une forge ne soit pas aussi vaste qu’une forêt, mais je suis sûre qu’il y a énormément de chose à découvrir. Les meilleures armes sont forgées par les forgerons les plus passionnés. »
Tout comme les remèdes fonctionnent mieux lorsqu’ils sont faits avec soin. Et tout comme son thé était toujours meilleur lorsqu’il était fait avec amour. Cela faisait chaud au cœur de Nevaeh de voir quelqu’un écouter attentivement son histoire. Elle n’était pas certaine de quel sentiment il s’agissait, mais elle regretta une seconde de ne jamais s’être ouverte à certaines personnes. Avoir su que partager de telles histoires pouvait être libérateur, elle les aurait partagés. Mais il était trop tard pour retrouver ses collègues à qui elle tenait à cœur. S’en était presqu’une malédiction que d’aimer si fort et ne réaliser que trop tard ce qui aurait pu être.
« Ah, voyez-vous, il s’agit d’une plante invasive très difficile à se débarrasser et qui pousse excessivement vite. Elle forme comme un tapis au sol et peut facilement se dissimuler avec d’autres plantes vertes. Il suffit qu’un petit animal veuille s’abreuvoir près de la source d’eau et marche par inadvertance sur les trèfles et il est maintenant pris au piège. »
Ses yeux, d’un vert comme la forêt, croisèrent rarement le regard de Lyle. Ils se déplacèrent entre son carnet, le feu et la tempête. Il était encore difficile de maintenir des contacts visuels très longtemps et elle blâmait Gus pour cela.
« Pour être honnête, je suis heureuse d’avoir quelqu’un voulant bien m’écouter et le fait que vous posez des questions m’indique de vous porter attention. »
Ayant presque toujours été celle qui écoutait les récits des autres, elle n’était pas certaine si le nombre de questions était trop grand ou trop petit. Mais elle était sincère dans ses paroles.
« Aimeriez-vous que je dessine le trèfle en question dans votre journal ? Je ne voudrais pas violer votre intimité toutefois. »
Elle avait son propre carnet et ses plumes, mais il n’avait pas besoin de le savoir. De plus, s’il avait noté l’information sur les trèfles, il serait plus pertinent d’ajouter le dessin à côté de ses notes.
« Je ne pourrais vous dire que j’en sais plus que vous au sujet de la faune et la flore des montagnes, mais il y a des plantes médicinales dans les alentours. Il y a la Rurd. Elle sent particulièrement mauvaise, mais son bulbe est utilisé pour faire des potions de soin. Bien que je n’aie pas les connaissances pour faire des potions, c’est toujours quelque chose de bon à savoir. »
Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, il devait sûrement y en avoir près des grottes ou dans des petits recoins où le soleil ne se rendait pas.
Tu n’en avais aucune idée en écrivant dans ce journal, mais la personne face à toi que tu essayais de décrire le mieux possible voulait juste clore enfin un chapitre de sa vie, pendant que toi, tu essayais d’en ouvrir un nouveau. Elle expliqua alors que les plantes invasives de ce genre se camouflaient à même le sol… Mais soudainement, ton point de vue changea, elle expliqua que les petits animaux se faisaient attraper et dévorer… Tu frappas ton poing dans le creux de ta main réalisant cela. « D’accord ! Bon sang ! J’imagine que la plante dévorait des animaux bien plus large, du genre un warg ou un truc de la même taille, mais c’est certain que ce genre de truc sera plus dangereux pour des petits rongeurs ou bêtes du genre…C’est ça hein ? » Tu te tournas un peu inquiet vers elle, imaginant maintenant cette plante dévorer un humain entier… Mon dieu, ça serait horrible.
Tu croisas alors légèrement le regard vert de la demoiselle… Réalisant une chose… Si tu avais comparé la chevelure de la fleur plus d’une fois à la neige… Les yeux de Raelyn ne t’évoquaient qu’une seule chose, la verdure et la vie d’une forêt. Mais le regard de la demoiselle parti bien vite… Tu la fixas encore un petit moment, retournant ensuite dans ton journal, réalisant que… Certaines choses n’étaient pas si facilement descriptibles. Que ça soit ce que tu ressentais en forgeant une lame, les émotions qui t’ont poussé à voyager ou le regard si particulier de cette herboriste. Son regard semblait vert et épais comme le feuillage d’une forêt, elle partageait sa vie, sa couleur, mais comme la forêt, cette verdure semblait cacher une chose bien plus particulière… C’était le regarde d’un arbre qui avait vu le monde tourner autour de lui, vivant et ressentant de nombreuses choses… C’était impressionnant.
- « Ahah, c’est sûr qu’au milieu des montagnes, vous aurez du mal à trouver quelqu’un avec qui discuter… Et je ne vois pas pourquoi vous n’auriez pas mon attention. Vos histoires, aussi simples soient-elles, montrent que vous avez suivi un chemin guider par votre coeur. Et c’est magnifique de voir ça. »Des paroles parfaitement honnêtes venant de toi. Elle avait vécu en suivant son cœur. Tu ne pouvais que respecter cela… Même si pour toi, ça veut surtout dire que tu as passé une partie de ta vie enfermer chez toi à ne faire qu’une seule chose… Mais tu te demandas alors... Quel genre de regard tu avais ?
Tu sortis de tes pensées en l’entendant soudainement proposer de dessiner ce fameux trèfle dans ton journal. « Oh, vous voulez bien ?! Avec plaisir ! » Tu lui tendis le journal avec de quoi dessiner en souriant. « Je n’ai rien à cacher au monde, donc je vois pas en quoi ça violerait mon intimité. » Tu relanças ta concentration sur le feu, remettant un peu de bois pour le rallumer un peu plus. Elle rajouta alors qu’elle ne connaissait peut-être pas autant que toi de la faune et la flore des montagnes, mais qu’elle savait qu’il y avait une place sentant mauvais, mais pouvant faire des potions de soin. Tu hochas la tête. « La Rurd… Je ne connaissais pas le nom, mais je connais la plante… Je ne pense pas connaître mieux la montagne que vous en tant qu’herboriste. Vous connaissez certainement mieux les noms, les particularités et ce genre de chose, mais… Je pense surtout connaître l’ordre naturel des choses ici. Pour vivre ici, il faut savoir sa place et la place de chaque chose. Savoir quoi craindre, quoi respecter, comment se faire craindre et respecter… On peut dire que je connais la nature ici d’un point de vue plus personnelle que scientifique. »
Tu commenças à sourire doucement, un peu amusé par tes souvenirs. « Par exemple, j’évite de chasser en même temps que les wargs, mais plus d’une fois, il m’est arrivé de les croisés en revenant de chasse. Heureusement, je connais leur territoire et coutume. Ce genre d’animal est agressif, mais n’attaquera que quand le besoin se fait sentir ou, car ils seront sûr de pouvoir tuer la bête sans eux-mêmes mourir… Tout ce qu’il faut, c’est ne pas avoir peur d’eux… S'ils sont affamés, ça ne marchera pas, parce qu'ils feront tout pour avoir à manger, mais sachant qu’ils arrivent à bien se nourrir là où je vivais, je n’avais qu’à passer à travers leur meute sans lâcher le regard de l’alpha et ils n’oseraient rien faire… Peut-être aussi, car j’ai la même odeur que mon vieux père et lui… Ben disons que ce vieillard avait la force et le courage d’aller affronter le chef des wargs à main nue juste pour qu'ils ne viennent pas l’ennuyer. Un vrai fou. » Tu rigolas doucement de ta propre histoire, te rappelant encore des nombreuses cicatrices que ton vieux père avait.
Obsid
Peut-être qu’elle aurait dû expliquer dès le départ que la plante était un petit trèfle et non une plante géante mangeur d’humain. L’idée de se faire dévorer par une plante était assez horrible. Contre des créatures plus agressives, certaines pouvaient au moins tuer d’un coup. Une morsure bien placée et voilà, c’est terminer. Si le trèfle n’était qu’un danger pour les petits animaux, il existait certainement des fleurs pouvant être un danger pour les humains, que ce soit, car elles sont toxiques ou carnivores… Voyant le visage de Lyle, elle préféra ne pas mentionner ces plantes. Après tout, pourquoi l’inquiéter davantage si croiser ce genre de plante était assez rare.
« Exactement. Un humain, ou un warg, n’a pas besoin de s’inquiéter pour ce genre de plante. Cependant, si vous vous coller à leur sève, elle est assez difficile à décoller de la peau. »
Il existait une plante pouvait dissoudre et décoller le trèfle, mais elle ne se souvenait malheureusement plus du nom de la plante. Nevaeh tenta de s’en souvenir, mais rien ne lui revenait en tête. La seule chose qui lui revint à l’esprit était de vieux souvenir et un pincement au cœur en entendant les paroles de Lyle. Vivre et être libre comme l’air étaient, en effet, magnifique et ce n’était pas tout le monde qui avait cette chance. Elle était chanceuse d’avoir pu suivre son cœur et vivre à sa manière pendant aussi longtemps. Jusqu’à depuis peu, elle ne regrettait pas beaucoup de chose. Était-ce parce qu’elle avait vécu librement trop longtemps qu’elle devait maintenant vivre ainsi ?
« J’espère que vous arriverez à vivre encore plus librement. »
Que moi. Elle garda ces derniers mots pour elle-même. Elle attrapa le carnet ainsi que la plume pour commencer à faire un croquis. D’un coup d’œil rapide, ses yeux balayèrent l’information inscrite. En voyant les notes, elle put soupirer de soulagement. Il ne semblait réellement être qu’un simple citoyen ordinaire. Il n’y avait aucune trace compromettante pouvant indiquer qu’il était un éclaireur à sa recherche. Trouvant un coin vide de texte, elle commença à dessiner le trèfle tout en l’écoutant parlé. C’était un peu drôle de voir que les rôles avaient changé. C’était à son tour d’écouter avec une plume dans les mains tandis qu’il partageait ses histoires.
« Il semble être une personne courageuse, votre père. Était-il un aventurier ? »
Pour être capable d’affronter un warg sans arme, il devait être fort. Ou peut-être avait-il un don spécial pour le combat, tout comme le sien. Cette fois, le pincement au cœur était plus douloureux et ses yeux étaient devenus légèrement humides. Sa famille lui manquait tant et elle ne pouvait pas commencer à s’imaginer la peine qu’elle devait ressentir. Comment pouvait-on imaginer la douleur d’une mère perdant son enfant ? Comment imaginer l’amertume d’un père qui a failli à protéger sa famille ? Et surtout, comment pouvait-on se pardonner de leur faire vivre un tel enfer ? On ne peut simplement pas.
« Mon père en était un… Il a protégé ma mère d’un loup d’ombre la première fois qu’ils se sont rencontrés. »
Ils étaient le plus beau couple et les meilleurs parents. Nevaeh ne comprenait peut-être pas très bien les émotions et ne savait pas comment s’en occuper. Mais elle savait que lorsque son père regardait sa mère, ses yeux étaient remplis d’amour. Et lorsque sa mère la regardait, elle et ses frères et sœur, elle était fière. À quoi son regard pouvait-il bien ressembler maintenant ?
« Peut-être trouverez-vous, à votre tour, l’amour de votre vie en la sauvant d’un warg. »
Tu continuas la discussion, finissant par parler de ton père et de ses étranges habitudes. Elle te posa alors une question qui te fit un peu rire.« Je me posais la même question étant petit… Mais non… Mon père était un homme mystérieux, un géant vivant dans les montagnes. En le voyant, on pourrait le comparer à un grognours ayant pris forme humaine. Une carrure monstrueuse, une taille de géant, un corps puissant recouvert de cicatrice et d'ancien tatouage… On aurait dit qu’il venait d’un autre monde, un homme ne venant pas d’Aryon… Il était unique, mais ce n’était qu’un simple forgeron avec des doigts de fées. Vous auriez du le voir lorsqu’il travaillait sur des bijoux. Ses immenses paluches de mains étaient capables de faire les mouvements les plus légers et précis possibles, sans jamais trembler ou faire d’erreur. J’aimerais bien arriver un jour à son niveau un jour honnêtement. »
Raelyn parla alors de son père et de sa mère. Elle expliqua très vite que leur rencontre se fit lors d’une action périlleuse et incroyable… Sauver la demoiselle d’un loup d’ombre… Voilà qui est très impressionnant. « Votre père était sûrement une bonne personne pour venir sauvez une inconnue d’un loup d’ombre. » Un compliment parfaitement honnête, venant droit du cœur. Son père était capable de se mettre face à un adversaire si dangereux pour sauver une inconnue… Leur romance était sûrement aussi une magnifique histoire à raconter et découvrir… Mais l’herboriste dit alors quelque chose qui t’arrêta un peu subitement… Tu ravalas ta salive, te penchant en avant en regardant droit le feu.
- « Nan… Je ne pense pas… Pas que je sauverais ou non quelqu’un d’un warg, mais l’amour n’est fait pour moi. J’ai mis du temps à le réaliser, mais je suis bien trop têtu, égoïste et je ne pense qu’à moi sans arrêt. L’amour demande de donner de sa personne à l’autre, le gardé proche de lui, mais aussi savoir s’en écarter… » Un souvenir alors te revint d’un ancien couple que tu avais croisé il y a fort longtemps dans ta forge… Un sourire radieux apparu sur ton visage alors que tu te rappelais des deux clients. « J’ai cependant vu une fois un couple à ma forge. Ils étaient venus ensemble pour demander à mon père de leur forger des bagues pour leur mariage… Et mon père a eu la belle idée de me donner la tâche de m’occuper de leur commande. Je me souviens aussi parfaitement de leur bague que de leur apparence. L’homme était plus grand que moi, mais avait de très longs cheveux noir, des yeux rouge sang avec d’étranges marques rouge décorant le contour de ses yeux, certainement dû à de la magie. »
Tu croisas les bras, fermant les yeux et réfléchissant à ce qui te passait par l’esprit.« Sa femme était un peu plus petite, avec des cheveux blancs comme la neige au sommet des montagnes et tressé descendant sur son épaule, elle avait une peau digne d’une grande noblesse ou même d’une princesse de conte de fée et des yeux bleus comme des pierres précieuses… Enfin ! Tout ça pour dire que malgré leur radicale opposition physique, ils semblaient parfaitement aller ensemble. On voyait à leur regard l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre et… Ben, je ne suis pas le protagoniste d’une histoire, je ne suis qu’un simple forgeron des montagnes, alors je m’imagine mal trouver un jour un amour aussi pur et beau que le leur. Mais ça été mon plus grand plaisir de forger pour eux. »
Obsid
Ne pas avoir quelqu’un de proche était une bénédiction et une malédiction. Lorsqu’elle avait décidé de commencer à voir le monde, elle l’avait fait sans aucune peur. Avec ou sans aide, elle voulait voir chaque coin perdu du royaume. C’était une chance énorme qu’elle a pu avoir un maître pour lui empêcher de faire des bêtises à chaque trente secondes. Si son père lui avait appris à survivre, son mentor lui avait appris à mettre ses connaissances à bon escient. Et grâce à leurs conseils et encadrement, elle était capable de faire ce que sa mère lui avait toujours enseigné. Être indépendante, mais tendre la main à ceux dans le besoin.
« Vrai, mais voir le monde avec quelqu’un de proche est… Encore plus précieux. »
Si ça n’avait pas été de son meilleur ami, elle n’aurait jamais autant aimé la vie. Sans lui, la nourriture n’aurait jamais été aussi délicieuse. Les aventures auraient été moins animées. Sa vie aurait simplement été un peu plus ennuyante. Une idée traversa ses pensées. Est-ce que son père aurait aimé emmener sa mère à l’aventure ? Elle pouvait comprendre ce que Lyle lui disait, mais elle ne pouvait pas être complètement en accord. Peut-être si elle était coupée du monde sans avoir personne de proche, elle n’aurait pas besoin d’être cachée dans cette grotte. Toutefois, si elle n’avait pas été dans cette grotte à ce moment, elle n’aurait jamais rencontré le forgeron.
Elle sourit légèrement lorsqu’il avoua qu’il n’était pas fait pour être en amour. Ils étaient deux dans cette situation, mais pas pour les mêmes raisons. Au moins, lui semblait savoir ce qu’était l’amour. C’étaient simplement quelques traits de sa personnalité qui semblait avoir été le problème dans une relation qui aurait pu fleurir en quelque chose de magnifique. De son côté, pour Nevaeh, l’amour était un concept étrange, difficile à saisir. Elle comprenait ce qu’était l’amour fraternel. Elle adorait ses frères et sa sœur et aurait fait n’importe quoi pour eux. Elle comprenait aussi l’amour entre deux amis, deux collègues. Elle respectait et appréciait la présence de ses confrères aventuriers. Et elle savait aussi ce qu’était faire l’amour. Quoi que dernièrement elle n’avait pas invité personne dans ses draps. Et depuis son agression, aucun homme et aucune femme allait partager son lit avant un bon moment.
Mais l’amour avec le grand A ? L’amour qui donne la force de bouger des montagnes et soulever les océans ? La pousser dans quelque chose qu’elle ne comprenait pas était comme la pousser dans une danse où elle ne connaissait pas les mouvements. Où devait-elle mettre ses pieds ? Comment devait-elle agir et que devait-elle dire ? Être en amour voulait, pour elle, dire qu’elle perdait sa liberté. Être en couple était de s’empêcher de faire bien des choses, non ? Comment être indépendante si elle devait rester accrocher à quelqu’un comme un nouveau-né ? Et puis, que voulait-il dire par garder la personne proche et s’en écarter ? Ça n’avait aucun sens pour elle.
Malgré toute la confusion, elle avait envie d’apprendre ce qu’était l’amour. Elle ne pouvait pas dire qu’elle avait pleinement vécu sa vie si elle n’était jamais tombée en amour. Cela dit, comme une idiote, elle avait passé à côté de tout cela. Finalement, elle n’avait jamais trouvé le courage de demander à Arhen qu’elle était sa raison de vivre et le temps les avait séparés. Et dans le présent, elle avait assez de problème, elle n’avait pas besoin d’ajouter l’amour dans cette équation déjà compliqué.
« Et leurs noms ? Est-ce que vous vous souvenez de leurs noms ? »
Peut-être elle se faisait de faux espoirs, mais elle avait besoin de savoir. Après tout, quelle était la possibilité qu'il soit celui qui avait fait les alliances de ses parents.
Tu continuas donc de parler encore et encore, ne t’arrêtant juste pas. Tu parlais de ton vieux père, d’un boulot unique qu’il t’a donné et du couple que tu avais rencontré… Plein d’histoire te concernant, des choses que tu avais vécues dans ses montagnes… Montagnes avec lesquelles tu allais prendre de la distance bien vite pour partir plus loin de tout pour découvrir une chose que tu ne savais pas si elle allait exister… Ou si elle allait te donner une réponse ! C’était une longue balade à l’aveugle.
L’herboriste ne posa alors qu’une seule question… Tu te penchas en arrière, fixant le plafond et réfléchit calmement quel était leurs noms. Elle semblait assez soudainement fixée sur leur nom, comme si elle voulait absolument en savoir la réponse. « Je ne me souviens plus vraiment de leur nom. J’ai fait leur bague, il y a environ 11 ans si ça peut vous aider… Mon père m’a dit que ce genre de commande était rare, mais pas inexistant. Il m’a dit qu’il avait fait de très nombreuses bagues au cours de sa vie. Et elle porte toute une discrète signature à l’intérieur de l’anneau. Il fait un mélange d’alliage spécial qu’il place avec son sceau. C’était sa façon de faire, ce qui permettait en faisant chauffer l’anneau que révéler son symbole qui brillait plus facilement à la façon d’un fer chaud. »
Tu fronças les yeux, faisant de ton mieux pour te souvenir de leur nom… Mais pas moyen de mettre le doigt dessus. « J’avoue que j’ai un beau trou de mémoire… Je pourrais reconnaître la bague que je leur ai faite entre mille… Mais leurs noms ne me reviennent juste pas. Il avait des noms assez particuliers, je pense, si particulier qu’ils me sortent totalement de l’esprit… Et ça fait aussi très longtemps honnêtement. » Tu ouvras les yeux ramenant ton regard vers Raelyn, perturber par sa soudaine réaction.
- « Donc… Tu… Tu penses les connaître ? Car déjà que leur apparence était vraiment unique, mais j’adorerais les revoir honnêtement… Après que j’ai fini leur bague, ils sont partis le sourire aux lèvres, mais ils n’ont rien dit d’où ils venaient et ce qu’ils allaient faire pour leur mariage… On aurait presque dit qu’ils vivaient dans leur propre monde, c’était ridicule, mais incroyable. J’imagine que c’est le pouvoir de l’amour… » Tu t’arrêtas alors de parler, fixant un peu le feu bizarrement avant de regarder Neva.
Tu n’étais pas perturbé par ce que tu disais… Ou ce que tu cherchais… Non, c’était différent… Tu fronças un peu les sourcils avant de juste lancer de nulle part : « Je parle pas un peu trop ? Le peu de personne que je connais m’ont souvent bien fait comprendre que je parlais beaucoup trop… Et surtout que je le remarquais pas, car j’étais trop occupé dans mes explications ou histoire… Désolé, si je monologue stupidement. C’est aussi un défaut que j’essaye de réparer tranquillement. » Tu baissas un peu la tête, fixant le côté un peu perturbé de tes propres bêtises.
Obsid
Est-ce que cela faisait onze ans qu’ils étaient mariés ? Elle n’était plus certaine, le temps passait tellement vite. Sa mère n’était pas quelqu’un de très romantique et n’aimait pas beaucoup l’idée de se marier. Elle avait vu plusieurs couples heureux et lorsqu’ils se sont mariés, leurs rêves s’étaient transformés en cauchemar. Elle disait qu’elle n’avait pas besoin d’être mariée pour être heureuse. C’était peut-être lorsque son père avait décidé de reprendre la vie d’aventurier que sa mère avait considéré l’idée de se marier. Dans le village, ils étaient toujours ensemble, mais lorsqu’il était à l’autre bout du royaume, elle voulait avoir quelque chose qui les reliait.
Oubliant que ce n’était pas son carnet, elle commença à dessiner les bagues sur la page. Elle se souvenait bien de la bague de sa mère. Elle était faite en or et il y avait une fleur sur le dessus avec un rubis dans son centre. Voulant quelque chose qui lui rappellerait l’amour de sa vie, elle avait choisi une pierre qui brillait comme les yeux de son mari. La bague de son père était un peu plus simple. C’était un jonc avec un motif de feuille et de fleur gravé sur le métal. Cependant, Nevaeh était certaine que leurs bagues étaient enchantées. Si sa mère était en danger, son père braverait n’importe quel obstacle pour la retrouver et la protéger.
« Je ne suis pas sûre. Mais je me souviens d’avoir déjà vu ces alliances quelque part…. Désoler d’ailleurs. J’avais oublié que ce journal vous appartenait. »
Elle lui redonna son journal avec un sourire un peu gêné. Elle pouvait croire qu’il avait forgé les bagues et qu’il voulait les retrouver. Lyle ne semblait pas être une mauvaise personne, si elle se fiait à son instinct. Cela dit, elle ne pouvait pas lui dire que c’étaient ses parents. Elle aurait bien voulu lui dire, mais si quelqu’un découvrait qu’elle avait confié de telles informations à Lyle, elle mettrait sa famille en danger. Elle ne pouvait pas se permettre de mener son ennemi jusqu’à ses parents, jusqu’à sa mère et sa sœur. Puisque son père était régulièrement en mission, il n’y avait personne pour les protéger dans la maison familiale. Nevaeh savait qu’elle ne pouvait pas envoyer personne retrouver sa famille. Mais elle savait aussi que sa mère serait heureuse de voir celui ayant forgé sa bague. Enfin, si c’était bien lui.
« Je me souviens d’un couple comme vous me l’avez décrit vivant dans le village perché. Lors de mon séjour là-bas, j’ai rencontré une herboriste avec cette bague. Je me souviens d’avoir pris le thé avec elle dans sa maison et je me souviens qu’elle m’avait dit qu’elle avait voyagé jusqu’aux montagnes pour trouver quelqu’un voulant faire leur alliance… Elle s’appelait… Ève si ma mémoire est encore bonne. »
Bien sûr qu’elle se souvenait du nom de sa mère. Mais elle devait faire semblant de ne pas le savoir. Elle devait jouer le rôle d’une herboriste ambulante qui avait simplement croisé ce couple. Mais à quel point ce mensonge pouvait-il durer ?
« Je suis quelqu’un qui préfère écouter que parler. Alors, pour moi, vous parlez juste assez. J’ai remarqué que les gens passionnés par ce qu’il faisait avaient tendance à être des moulins à paroles et se perdaient parfois dans leur histoire. »
Et les aventuriers aimaient parfois embellir leur histoire. Elle aimait écouter les aventuriers revenir à la guilde et raconter leur aventure. Même si elle savait qu’ils mentaient de temps en temps pour livrer un récit plus grandiose.
Elle te rendit alors ton journal, ayant dessiné la plante, mais aussi deux bagues particulières. L’herboriste s’excusa directement ce qui te fit un peu rire. « Pas graves, vos dessins sont très réussis… Et ça me fait moins à écrire en même temps. » Tu regardas alors avec attention le dessin des bagues. L’une avec une fleur et au centre une pierre précieuse et l’autre était un jonc avec un certain motif de plante gravé sur le métal. Non, ce n’était pas ceux que tu avais fait. Ils étaient trop différents. Mais pourtant… Ils étaient familiers… Tu ne sais pas dire d’où, mais tu avais l’impression de les avoir déjà vus.
Ensuite, elle insista alors d’un couple qu’elle avait rencontré dans le village perché. La demoiselle portant l’une des bagues dessinée dans ton journal était une herboriste qui avait aussi été dans les montagnes pour faire une alliance. Une certaine Eve… Tu relevas ainsi les yeux vers le plafond de la grotte, réfléchissant attentivement. Eve… Ce nom te disait effectivement quelque chose. Tu ne l’avais pas entendu, mais… Tu l’avais lu quelque part.
Finalement, elle rajouta qu’elle préférait écouter des histoires que les raconter, détail que tu ignoras alors que tu étais plongé dans tes pensées. Le merveilleux commentaire sur les gens passionnés rentrait dans une oreille pour sortir de l’autre tandis que tu te concentrais autant que possible sur tes souvenirs, cherchant où tu avais déjà lu ce nom…
Un silence s’installa à ce moment-là avant que tu frappes ton poing dans ta main très soudainement. « Oui ! Eve ! Avec ce motif de plante ça ne peut-être que ça… Et j’imagine que la pierre précieuse dans le centre de la fleur était un rubis ! Oui ! C’est bon, ça me revient. C’est pas moi qui ai fait les bagues que vous avez dessinées. C’est mon père ! Il m’avait justement appris à graver avec précision sur la bague avec les motifs de plantes qui sont difficiles à réaliser pour que ça soit réaliste ! » Tu frappas ton front en rigolant un peu. « Par Lucy, ça remonte à encore plus loin ça ! Je ne serais plus dire combien d’année, mais c’était il y a très longtemps oui. »
Tu soupiras, soulager de t’être souvenu du nom et des bagues. Tu reportas alors ton attention à la femme face à toi, lui expliquant pourquoi tu te souvenais du nom.« Dans notre forge, nous avons par habitude de tenir des comptes pour chaque commande unique et spécifique, et Eve est un des noms dans les registres de mon père. C’était pour une commande de deux bagues et la description de la commande, si j’ai bonne mémoire, était pour deux bagues. Et elles sont exactement comme celle que vous avez dessiné… Je pense avoir une bonne mémoire, mais si j’ai les bagues sous les yeux, je pourrais voir si elles ont le sceau de mon père. »
Tu croisas alors les bras, réfléchissant. « Mais ça veut dire que le couple que vous avez rencontré n’est pas celui dont je parlais… En même temps, leur bague était très particulière et compliquait à faire… Mais ils m’avaient fourni des matériaux très rares. Je me demande bien ce qu’ils sont devenus… » Tu relevas alors le regard vers Raelyn. « Et Eve dans tout ça ? Vous l’avez rencontré un certain moment, j’imagine, mais elle se porte bien ? Je sais qu’un forgeron ne devrait pas se mêler de la vie de ses clients, surtout qu’on est que des forgerons, mais si c’étaient des clients de mon père, je me demande s'ils vont encore bien. »
Obsid
Elle observa avec attention la réaction de Lyle face aux dessins. Elle ne savait pas d’où venait cette intense curiosité, mais elle avait besoin de savoir. Trouver ces informations était comme trouver un coffre au trésor. Chaque anecdote de son passé était une relique plus précieuse que n’importe quel diamant. Mais alors que le silence s’installait, ses épaules s’affaissèrent. Il ne pouvait pas être le forgeron dont sa mère parlait. Soupirant, elle appuya son dos de façon lasse sur le mur en regardant vers l’extérieur. C’était peut-être mieux s’il ne connaissait pas ses parents après tout. Cela ferait moins mal s’ils changeaient de sujet. Alors qu’elle allait lui dire d’oublier ce qu’elle lui avait demander, il lui partagea qu’il se souvenait d’avoir travaillé sur la bague de son père.
Elle écouta les yeux fermés les explications tentant d’imaginer à quel point graver des plantes pouvaient être difficile. Se remémorant le motif, le travail n’avait pas dû être facile. Cela avait dû prendre beaucoup de temps. Elle se doutait aussi que cette commande avait dû coûter une petite fortune. Mais lorsque l’amour s’en mêle, aucun prix ne pouvait être trop élevé.
« Si vous voulez voir si ces alliances ont le sceau de votre père, il n’y a qu’une chose à faire. Vous allez devoir vous rendre au village perché. »
Même si elle avait dessiné les bijoux dans le livre, elle n’avait aucune idée si le sceau était gravé à l’intérieur des bagues. Pour le savoir, il allait avoir besoin de se rendre dans la forêt et de retrouver Ève.
« Cela va faire quelques mois déjà que j’ai rencontré cette femme. La dernière fois, elle se portait bien, mais je ne pourrais dire si elle va encore bien. »
Si le message de Jack concernant la mort de Nevaeh s’était rendu jusqu’à sa famille, alors elle se doutait que sa mère se portait horriblement. Elle ne pouvait donc pas avouer une telle chose à un pur étranger. Et puis, il serait bien plus content de savoir que la cliente de son père était heureuse et en santé.
« Si vous comptez faire le tour du monde, peut-être après avoir fait le tour des montagnes, vous pourriez prendre la route en direction du village perché. À pied, le voyage se fait en… Approximativement une semaine. »
Il y avait des façons de voyager plus rapide. Même si le village était plus reculé dans la forêt, il y avait tout de même un portail de téléportation. Si Lyle retournait à la forteresse, il pourrait facilement prendre un rendez-vous et s’éviter un long trajet. Se promener avec un familier aussi était agréable. Elle se souvenait encore de la fois où elle avait monté sur un Catosaurus. Au lieu de devoir marcher pendant cinq jours, le voyage n’avait pris que trois jours. Et le chat était plutôt confortable.
« Il y a beaucoup de belles choses à voir lorsqu’on prend le temps d’observer la route. J’aime regarder le ciel nocturne des montagnes, mais on dirait que les étoiles sont différentes dans la forêt. »
Le ciel du nord était décoré d’aurores boréales à couper le souffle, mais le ciel de la forêt était beaucoup plus nostalgique.
« J’ai grimpé un arbre une fois. J’ai trouvé une branche assez grosse et solide et j’ai regardé le soleil se coucher. Sur une branche, au-dessus, je me souviens d’avoir vu un couple d’oiseaux qui regardait le ciel aussi. »
Elle avait tellement de beau souvenir de la forêt.
Ensuite, ce fut au tour d’Eve, elle allait bien la dernière fois qu’elle la vue, mais pas d’autre commentaire… Tu ne l’avais pas croisé depuis une quinzaine d’années environ, donc pour toi, c’était déjà une grande nouvelle. Tu notas cependant qu’elle ne parlait pas du mari d’Eve, il lui était arrivé quelque chose ? En 15 ans, bien des choses peuvent arriver. Tu espérais que deux choses : qu’ils aillent bien et qu’un drame n’a pas séparé leur couple… Ils devraient avoir des enfants aussi depuis le temps ! En 15 ans, ils devraient avoir un enfant d’au moins 10 ans environ.
Tu secouas doucement ta tête avant de prendre d’une main une autre branche et de la jeter dans le feu. Tu devais arrêter de penser à cela, c’était leur vie et tu ne devais pas t’impliquer à cela. Ton père t’a toujours dit de suivre le courant et de laisser les choses exister avec ou sans toi. Même si tu adorais les rencontrer… Ce n’était que des clients de ton père et avec sa mort, tu n’avais plus aucun lien avec eux, aucun lien assez important pour aller leur déranger pour tes envies personnelles.
Raelyn t’expliqua alors que depuis les montagnes jusqu’au village perché, tu aurais pour une semaine de voyage approximativement. Tu hochas la tête et commenças à noter ce qu’elle te disait dans ton journal, une semaine à pied allait être longue, mais tu pourrais un peu voir la transition des montagnes à la forêt. La demoiselle semblait avoir littéralement la tête dans les étoiles et d’une certaine façon toi aussi. Elle aimait regarder la nature autour d’elle, découvrir le monde en prenant son temps et regarder le ciel nocturne. Tu souris doucement, n’ayant encore rien répondu, la laissant parler et profitant de ses sages paroles et conseils mêler à des histoires. Comme tu adorerais aller te mettre sur la branche d’un arbre pour observer le ciel, mais… Tu ne savais pas pourquoi tu ne te sentais pas trop à ta place t’imaginant là-dessus. Ce genre de chose allait pour une personne vivant proche de la nature, en commun avec… Toi tu étais plus du genre terre-à-terre, ne quittant pas le sol peu importe ce qu’il se passait.
- « Si vous voulez vraiment vivre un truc particulier dans les montagnes, je vous conseille de trouver un guide pour aller au sommet de la montagne la plus haute, ou juste après les nuages séparant le ciel et la terre. Une fois, là-haut, sans le moindre nuage pour vous, cachez la vue… De nuit comme de jour, vous aurez droit à la vue la plus magnifique du ciel. C’est… Très particulier. Vous pouvez tendre votre main vers le ciel, et même si vous avez toujours l’impression de pouvoir le toucher, il est hors d’atteinte. Vous vous sentirez assez minuscule et seul… Et de nuit, lorsque les étoiles éclaireront le ciel… Là, vous vous sentirez vraiment minuscule, mais vous n’aurez pas la moindre peur… Nan, faut le vivre pour croire ce que je vais dire, mais une fois que vous verrez cela, vous saurez que le monde est bien plus grand et chaleureux qu’on le pense… Je sais pas si c’est pareil en forêt, mais… C’est vraiment un truc à vivre au moins une fois. »
Tu fermas les yeux, imaginant encore une fois ce ciel recouvert d’étoiles. Tu avais encore du mal à croire ce que tu avais vu, mais tu l’avais vu et vécu. Le ciel était devenu une immense fresque d’un grand artiste, recouvert de pierre précieuse. Même décrit comme cela, c’était encore ridicule et minuscule par rapport à ce que c’était vraiment. « Et pour la bague que mon père a fait… Le village perché est sur ma route, oui, mais je ne vais pas aller rencontrer des purs inconnus leur disant que mon père adoptif mort depuis plusieurs années à forger leur bague et j’aimerais pouvoir les voir… On dirait la pire histoire possible qu’un voleur pourrait leur raconter. »
Obsid
L’idée de se rendre jusqu’au sommet d’une montagne et observer le ciel avait quelque chose d’agréable, mais frigorifiant. Même sous plusieurs couches de vêtement, elle avait froid. La température du nord était très différente de celle de la capitale. Même lorsqu’il faisait froid à la capitale, elle n’avait pas besoin de porter trois chandails différents pour se réchauffer. Au moins, le vent froid ne se rendait pas trop dans la caverne et le feu les gardait au chaud. Elle n’avait aucune difficulté à croire que la vue était à couper le souffle. Durant le festival, elle avait eu la chance de regarder le ciel et voir un spectacle de lumière. Les aurores boréales dansaient et changeaient de couleur. C’était magnifique. Mais, selon elle, le monde n’était ni assez grand ni chaleureux. Peu importe où elle se trouvait, elle n’était pas en a l’abri de son poursuivant. Une partie d’elle savait que jamais elle ne pourrait ressentir ce sentiment de sûreté et de paix.
« Le monde… Est quelque chose qu’il faut découvrir par soi-même. Il est grand et vaste. Il y a beaucoup d’endroits inexplorés. Je crois qu’en le découvrant un peu plus, chaleureux ne serait pas un mot approprier pour décrire le monde. »
Il y avait un temps ou le monde était fabuleux. Elle adorait explorer de nouveaux endroits et apprendre de nouvelles choses. C’était ça qui était excitant de la vie d’un aventurier. Elle vivait une vie avec un minimum de regret et gardait un sourire aux lèvres en tout temps. Ou presque. Il y a un temps, elle aurait dit que ce monde était chaleureux. Il était beau et la vie magnifique. La forêt détenait la majorité de ces beaux moments. Dans ce temps, la vie valait la peine d’être vécu. Vivre et survivre étaient deux choses bien différentes. Et lorsque chaque jour, on doit se battre pour survivre, alors le monde devient rapidement froid.
« Je suis navrée d’entendre que votre père est mort. »
Elle n’avait pas réalisé qu’il parlait de lui dans le passé. Elle était sous l’impression qu’il était encore vivant.
« Si vous êtes sincère et que vous expliquer la situation, je suis sûre que mes, qu’ils comprendront. »
Pendant un instant, elle avait presque dévoilé qu’il s’agissait de ses parents. Dans un toussotement, elle se reprit, puis fouilla dans son sac pour sortir sa gourde. À parler autant, sa gorge s’asséchait.
« En même temps, il faudrait que vous la retrouviez. Le Village Perché est assez grand. Il peut aussi être difficile de s’y retrouver. On ne se promène pas là-bas de la même façon que l’on se promène dans la forteresse ou dans la capitale. Je vous laisserais découvrir cela par vous-même. »
Alors que dans les autres villes, les bâtiments étaient construits au sol, au Village Perché, les maisons étaient bâties à même les troncs d’arbres. Il était facile pour quelqu’un ne venant pas du coin de se perdre dans le réseau de ponts et de tyroliennes. Mais, plutôt que de lui expliquer comment le tout fonctionne, elle préféra le laisser découvrir le tout une fois arrivé sur place.
« D’ailleurs, si vous aimer regarder le ciel, la tour d’astronomie située au village pourrait peut-être vous intéresser ? Lorsque j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup regarder les étoiles là-bas avec un… Ami. »
À défaut de pouvoir lui dire qu’il s’agissait de ton frère, elle lui dit qu’il s’agissait d’un ami. À ce moment, sa famille lui manquait terriblement.
Malgré cela, tu fronças les sourcils en entendant que Raelyn qui pensait qu’en explorant un peu plus le monde, il n’était pas si chaleureux que ça… Oui, le monde était certainement rempli de malheur. Si tu galérais déjà de ton côté, ça devait être pareil pour plein d’autres personnes dans notre monde. Tu vivais, faisais des choix, et souffrais un moment ou un autre des décisions… Chose que tout le monde ressentait et vivait. Tu avoues être un peu jaloux des personnes capables de passer à autre chose en claquant des doigts.
Alors que tu parlais de ton père, et du fait que tu ne pouvais pas t’incruster chez eux pour leur demander leur bague, elle t’assura qu’ils comprendront, et aussi qu’elle était navrée pour ton père. Tu rigolas alors doucement en souriant. « Pas besoin d’être navré, je suis certain que s'il était encore là, il me frapperait encore et toujours comme si j’étais un simplet. Mais… Il a fait son temps dans notre monde et je ne compte pas l’oublier… Je sais que ça sera bizarre, mais si je devais mourir, maintenant ou dans mille an… Il est la dernière personne à qui je penserais et qui occupera mon esprit. »
Elle bu une gorgée de sa gourde avant de continuer, expliquant que tu aurais quand même du mal à retrouver cette fameuse Eve… Tu croisas les bras, fixant la tempête de neige. « Le monde est rempli de merveilleuses choses, j’en suis certain… Et les rencontres qu’on y fait… Ne sont pas du au hasard. Chacun a un impact à faire dans la vie d’un autre, mais ce n'est pas pour autant qu’il faut être dessus lorsqu’on ne croise jamais la fameuse bonne personne ou lorsque quelqu’un nous laisse un bien trop grand impact dans notre vie… Il faut savoir lâcher prise, et continuer vers notre objectif… C’est ma philosophie de forgeron. Si tu n’arrives pas à forger la première fois une épée idéal, recommence autant de fois qu’il faudra. »
Une tour d’astronomie ? Tu haussas les sourcils, étonner de cette annonce. Il y en avait un dans la forêt… C’est pas genre le pire endroit possible avec les arbres ? Tu penchas la tête sur le côté, essayant de piger. « Attendez, attendez… Une tour d’astronomie… Dans les arbres ? Ok il doit certainement être au sommet d’un arbre, mais c’est pas genre le pire endroit possible pour faire cela ? L’altitude aide certainement, mais je ne pense pas qu’ils sont au-dessus des nuages, et avec la température ambiante, plus l’humidité, c’est un endroit qui est tout sauf idéal… Sauf si c’est magique. Dans ce cas-là, ça sera décevant, mais bon… Il serait logique qu’ils utilisent de la magie pour compenser les problèmes auxquels ils n’auraient pas pensé de base. » Tu fermes les yeux, penchant la tête sur le côté, voyant que la tempête commence minutieusement à disparaitre. « Et c’est comment ? Je veux dire, voir les étoiles depuis le sommet des montagnes, c’est une chose… Mais depuis une tour d’astronomie ça doit être unique aussi non ? C’est comment de regarder le ciel depuis là ? »
Obsid
À qui ou à quoi penserait-elle si elle devait mourir dans l’instant même ? Il y avait beaucoup trop de personne à qui elle devait des excuses. Premièrement sa famille. Ensuite, il y avait Jack. Pauvre Jack. Il l’avait tant aidé. Elle regretterait énormément de ne pas avoir été capable de repayer sa dette. La dernière fois qu’elle l’avait vu, leurs adieux avait été des plus tristes. Elle aurait voulu lui promettre qu’elle reviendrait vivante de cette quête personnelle. Elle lui avait même laissé les boucles d’oreilles que son père lui avait donner lorsqu’elle avait 14 ans avant de reprendre la vie d’aventurier. Elle lui avait dit qu’elle reviendrait les chercher. En réalité, ce n’était qu’un souvenir qu’elle lui laissa. Au moins, si elle ne revenait jamais, il aurait quelque chose qu’il pouvait garder en souvenir de l’hôtesse et l’aventurière qu’elle était.
Cependant, une pensée qui l’effraie traverse son esprit. Si elle devait perdre la vie dans cette grotte, qui serait au courant ? Qui pleurerait la perte d’une herboriste qui n’existe nulle part ? Elle pouvait abandonner l’identité qu’elle s’était créée à tout moment. Si Raelyn venait à mourir, personne n'organiserait d'enterrement. Ni pour Raelyn ni pour Nevaeh. Elle serait simplement oubliée. Comme si elle n’avait jamais existé. Elle ne serait vivante que dans les souvenirs de Lacey. Et dans ce journal. Et encore. Des journaux, ça se perd et des textes peuvent s’effacer avec le temps.
« Savoir lâcher prise, huh. Je suppose que vous avez raison. »
Si elle lâchait prise de ses peurs et inquiétudes, peut-être elle arriverait à réussir son objectif. Cela dit, lâcher prise est quelque chose plus facile à dire qu’à faire. Avant que la jeune femme ne se perd trop dans ses pensées, elle sourit aux questions de Lyle.
« Les arbres du village sont beaucoup plus grand que l’on peut imaginer. Autant en hauteur qu’en largeur. Mais je ne dirais pas qu’ils sont plus grands qu’une montagne. La tour d’astronomie se trouve sur l’arbre le plus haut pour justement empêcher que quelque chose bloque la vue. »
Il était difficile de répondre avec précision à toutes les questions. Elle n’était pas une scientifique et elle ne savait pas comment la tour avait été construite, mais malgré tout, on pouvait y voir les étoiles et la lune comme nulle part ailleurs. Cela faisait partie de ces choses qu’il fallait voir pour le croire.
« Il y a des grandes fenêtres partout pour voir le ciel. Il y a même des gens dans la tour qui peuvent nous renseigner sur les étoiles, et même nous dire comment se guider grâce à elle. »
En général, elle ne portait pas attention à ces personnes. Elle savait déjà comment s’orienter avec les étoiles et lorsqu’elle visitait la tour d’astronomie, c’était pour admirer les étoiles. Pas pour se faire donner un cours improvisé.
« Je suppose… Comparer à ce que vous avez dit, on se sent un peu moins petit et un peu moins seul ? »
C’était un peu difficile de décrire l’expérience. Elle ferma les yeux, réfléchissant aux mots à choisir.
« La tour n’est pas isolée comme une montagne. Il y a toujours quelques personnes présentes aussi et on peut voir des animaux voler aux alentours. Ironiquement, ça donne une vision plus chaleureuse du monde. »